Themisladouce
La duchesse était allongée sur le dos, regardant le voilage de son lit à baldaquin se balancer tout doucement par le petit courant d'air provoqué par la fenêtre de la grande chambre entreouverte.
Un homme dans sa couche, pour la nuit, il n'y en avait pas eu depuis Melkio. Etrange sensation que celle qui la pourcourue en ce matin naissant...
Des hommes, après le décès de son époux, elle en avait connus, malgré la jalousie de son dernier, son Semias.
Themis n'était pas née de la dernière pluie et savait très bien ce qu'elle faisait. Elle s'était promis une chose au décès de son époux : plus aucun attachement, ses enfants seuls seraient, pour le reste de sa vie, son seul amour.
Pincement au coeur...
Elle se positionne sur son flanc droit, le corps nu sous un fin drap de soie, une main sous la tête.
Il dort paisiblement.
Son torse poilu se redresse lentement, un léger souffle en accompagnement sonore, respiration paisible.
Son arrogance et sa décontraction l'avaient charmée d'entrée de jeu. Les bras forts de l'angevin...Longtemps qu'elle n'avait pas goûté à une tranquilité semblable.
Doucement il ouvrit les yeux et les pose sur elle. Sourire narquois du Vicomte...
-Je sais. Je suis blême, la pilosité en désordre complet, à mes yeux perlent deux petites choses abjectes, l'haleine fétide. Le mythe est tombé: même le Montmorency ne ressemble à rien au petit matin.
-Faire tomber un mythe, quelle chance ai-je...
-Une chance? dit-il, intrigué.
-Assurément...Sauf si ce privilège est donné à beaucoup de monde.
-Forniquer n'est pas un penchant auquel je m'adonne d'ordinaire, non.
La duchesse toussote, avale lentement sa salive et finit par sourire.
-Avez-vous seulement bien dormi?
-Comme un coq en pâte. Le vicomte ajuste sa position, à présent couché sur le côté, lui faisant face, le bras soutenant la tete.
-Fort bien...
Un peu gênée par la distance visiblement imposée par le vicomte, Themis détourne le regard et remonte un peu davantage le drap.
Finam l'observe posément.
-Themis?
-Oui ? Elle porte alors les yeux sur lui.
-Pourquoi?
Elle relève un sourcil intérrogateur.
-J'ai peur de ne pas vous suivre...
Il se rapproche pour lui souffler à l'oreille:
-Pourquoi moi?
Themis l'observe un instant avant de répondre lentement, posant chacun de ses mots.
-Pourquoi pas vous? Je suis une veuve riche solitaire, et vous êtes venu déranger ma quiétude...
-Je suis tout aussi solitaire, bourru, et instable. Je ne doute pas que vous ayez pu avoir, tantôt, un bon nombre de vautours à vos portes.
Sourire narquois de la duchesse :
-Etes vous un vautour...?
-Je suis une buse.
-Cela n'est pas incompatible avec une manigance de votre part pour vous retrouver céans...Au contraire...
-Je viens de Guyenne, dira-t-on. J'ai quelques hommes en noir s'adonnant à la pendaison au ras de mon postérieur, dira-t-on. La manigance serait splendide.
Le visage de la duchesse s'adoucit à peine, et sans répondre à la question du Vicomte, habituée qu'elle était à maîtriser les conversations :
-Alors pourquoi moi?
-Vous avez de belles mains.
-Certes...Je vous remercie de ce compliment...Elle lève les yeux aux ciel maudissant le vicomte et son air goguenard. La douce reprend finalement, sans le laisser parler :
-Dîtes moi...Toutes les femmes aux belles mains passent donc par votre entrejambe?
Il feint d'ignorer la question. -Vous avez la gorge belle également. Une finesse des traits, alliée une droiture implacable. Un beau sourire... Il fait mourir la dernière syllabe, prend son temps et rajoute : Et...
-Et? Plait-il...?
Il s'abstint de poursuivre et se remet dos au lit, les yeux fixés sur le plafond. La Duchesse fait une moue, piquée dans son orgueil.
Elle se redresse finalement quelque peu et pose une main sur son torse, allant embrasser la joue du vicomte.
A son oreille elle ajoute, en un murmure
-Je suis toute ouïe...
-Pensez vous que s'exprimer oralement, donne plus de poids?
Il lui rabat une mèche tombante et elle sourit.
-Vous apprendrez donc à me connaître cher Finam. Il n'y a guère que mes ennemis que j'ignore, aimant discuter de tout avec les personnes que j'affectionne. Et cette conversation prenant un tour qui me plait...m'intéresse !
Il lui enlève l'appui du bras avec tact, la Duchesse perd son équilibre, tombant sur lui, tête sur son sein, bras l'entourant.
-Vous dites?
Prenant ses aises sur ce torse angevin nu, elle entoure une mèche de cheveux entre ses doigts et sourit
-Messire vicomte est donc plus d'humeur à montrer qu'à parler?
-J'ai toujours eu tendance à aller au contact, plutot que bavasser. Une fâcheuse habitude.
-Donc il faudra faire des efforts pour parler...également...
Elle ne lui laisse pas le temps de répondre et, plus bas :
-Enfin...s'il y a une suite, évidemment... Elle se renfrogne
-A quand le fouet?
Il sourit et cette fois,l'empêchant de rétorquer, l'embrasse goulument.
Prise au dépourvu, elle se laisse entraîner dans ce baiser.
Plus tard dans la matinée, le soleil tapait à la fenêtre de la chambre, la maison se réveillait...les deux amants toujours enlassés...
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Point n'est besoin d'espérer pour entreprendre ni de réussir pour persévérer.
Un homme dans sa couche, pour la nuit, il n'y en avait pas eu depuis Melkio. Etrange sensation que celle qui la pourcourue en ce matin naissant...
Des hommes, après le décès de son époux, elle en avait connus, malgré la jalousie de son dernier, son Semias.
Themis n'était pas née de la dernière pluie et savait très bien ce qu'elle faisait. Elle s'était promis une chose au décès de son époux : plus aucun attachement, ses enfants seuls seraient, pour le reste de sa vie, son seul amour.
Pincement au coeur...
Elle se positionne sur son flanc droit, le corps nu sous un fin drap de soie, une main sous la tête.
Il dort paisiblement.
Son torse poilu se redresse lentement, un léger souffle en accompagnement sonore, respiration paisible.
Son arrogance et sa décontraction l'avaient charmée d'entrée de jeu. Les bras forts de l'angevin...Longtemps qu'elle n'avait pas goûté à une tranquilité semblable.
Doucement il ouvrit les yeux et les pose sur elle. Sourire narquois du Vicomte...
-Je sais. Je suis blême, la pilosité en désordre complet, à mes yeux perlent deux petites choses abjectes, l'haleine fétide. Le mythe est tombé: même le Montmorency ne ressemble à rien au petit matin.
-Faire tomber un mythe, quelle chance ai-je...
-Une chance? dit-il, intrigué.
-Assurément...Sauf si ce privilège est donné à beaucoup de monde.
-Forniquer n'est pas un penchant auquel je m'adonne d'ordinaire, non.
La duchesse toussote, avale lentement sa salive et finit par sourire.
-Avez-vous seulement bien dormi?
-Comme un coq en pâte. Le vicomte ajuste sa position, à présent couché sur le côté, lui faisant face, le bras soutenant la tete.
-Fort bien...
Un peu gênée par la distance visiblement imposée par le vicomte, Themis détourne le regard et remonte un peu davantage le drap.
Finam l'observe posément.
-Themis?
-Oui ? Elle porte alors les yeux sur lui.
-Pourquoi?
Elle relève un sourcil intérrogateur.
-J'ai peur de ne pas vous suivre...
Il se rapproche pour lui souffler à l'oreille:
-Pourquoi moi?
Themis l'observe un instant avant de répondre lentement, posant chacun de ses mots.
-Pourquoi pas vous? Je suis une veuve riche solitaire, et vous êtes venu déranger ma quiétude...
-Je suis tout aussi solitaire, bourru, et instable. Je ne doute pas que vous ayez pu avoir, tantôt, un bon nombre de vautours à vos portes.
Sourire narquois de la duchesse :
-Etes vous un vautour...?
-Je suis une buse.
-Cela n'est pas incompatible avec une manigance de votre part pour vous retrouver céans...Au contraire...
-Je viens de Guyenne, dira-t-on. J'ai quelques hommes en noir s'adonnant à la pendaison au ras de mon postérieur, dira-t-on. La manigance serait splendide.
Le visage de la duchesse s'adoucit à peine, et sans répondre à la question du Vicomte, habituée qu'elle était à maîtriser les conversations :
-Alors pourquoi moi?
-Vous avez de belles mains.
-Certes...Je vous remercie de ce compliment...Elle lève les yeux aux ciel maudissant le vicomte et son air goguenard. La douce reprend finalement, sans le laisser parler :
-Dîtes moi...Toutes les femmes aux belles mains passent donc par votre entrejambe?
Il feint d'ignorer la question. -Vous avez la gorge belle également. Une finesse des traits, alliée une droiture implacable. Un beau sourire... Il fait mourir la dernière syllabe, prend son temps et rajoute : Et...
-Et? Plait-il...?
Il s'abstint de poursuivre et se remet dos au lit, les yeux fixés sur le plafond. La Duchesse fait une moue, piquée dans son orgueil.
Elle se redresse finalement quelque peu et pose une main sur son torse, allant embrasser la joue du vicomte.
A son oreille elle ajoute, en un murmure
-Je suis toute ouïe...
-Pensez vous que s'exprimer oralement, donne plus de poids?
Il lui rabat une mèche tombante et elle sourit.
-Vous apprendrez donc à me connaître cher Finam. Il n'y a guère que mes ennemis que j'ignore, aimant discuter de tout avec les personnes que j'affectionne. Et cette conversation prenant un tour qui me plait...m'intéresse !
Il lui enlève l'appui du bras avec tact, la Duchesse perd son équilibre, tombant sur lui, tête sur son sein, bras l'entourant.
-Vous dites?
Prenant ses aises sur ce torse angevin nu, elle entoure une mèche de cheveux entre ses doigts et sourit
-Messire vicomte est donc plus d'humeur à montrer qu'à parler?
-J'ai toujours eu tendance à aller au contact, plutot que bavasser. Une fâcheuse habitude.
-Donc il faudra faire des efforts pour parler...également...
Elle ne lui laisse pas le temps de répondre et, plus bas :
-Enfin...s'il y a une suite, évidemment... Elle se renfrogne
-A quand le fouet?
Il sourit et cette fois,l'empêchant de rétorquer, l'embrasse goulument.
Prise au dépourvu, elle se laisse entraîner dans ce baiser.
Plus tard dans la matinée, le soleil tapait à la fenêtre de la chambre, la maison se réveillait...les deux amants toujours enlassés...
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Point n'est besoin d'espérer pour entreprendre ni de réussir pour persévérer.