Caro68130
[A Pau au Castèth ]
Un peu de répit en cette journée où une fois de plus je navais pas arrêté de courir de partout. Un peu de répit pour aller voir ma fille et lembrasser avant quelle naille se coucher. Longeant le long couloir qui me menait à sa chambre un domestique arrivait en ma direction. Il me tendait une missive.
Etonnée quon puisse encore madresser message à cette heure-ci, je le remerciais et posais mon regard sur le sceau. Aurélien ? mais pourquoi une missive aussi tardive et apparemment urgente de la part de mon beau-fils ? Je décachetais le parchemin et tout en continuant ma marche je lisais les quelques lignes
Citation:Bonsoir Caro,
ce mot très rapide, juste pour vous prévenir que père est au plus mal. Il m'a fait venir pour me donner un testament, et j'ai du appeler le curé du village pour qu'il l'entende en confession et lui donne les derniers sacrements. Je crains qu'une issue fatale n'arrive très bientot. Je suis au domaine pour veiller sur lui. j'ai prévenu également clémence.
Aurélien
Guidonius mal en point ? prévenu Clémence ? Ces quelques mots
et me voilà à courir pour voir Clémence. Avait-elle déjà eu le message ? si non comment lui annoncer la nouvelle ?
Arrivée devant la porte je prenais une grande inspiration et entrais. Je la cherchais du regard tout en mavançant....rien
. Elle nétait pas là. Mais posée là juste devant moi une missive ouverte. Quelque pas et je me saisissais du parchemin. Un autre soupir semparait de moi. Elle savait
.. ressortant rapidement de la pièce, quittant à nouveau laile des appartements en courant je rejoignais un garde à lentrée du Castèth afin de savoir sil avait vu ma fille que je navais trouvé nulle part.
Ce dernier venant de prendre son tour de garde ne savait rien, mais il avait vu partir un carrosse en arrivant au castèth. Je le remerciais et filais aux écuries. Charmant était là. Commençant à minquiéter de plus en plus je ressortais manquant une collision avec un jeune palefrenier. Missive toujours à la main, relisant le contenu je stoppais ma marche et revenais vers le jeune homme pour lui demander sil avait vu partir ma fille. Il me confirmait que des chevaux et un carrosse avaient été mandés et quil partait pour Limoges.
Plus aucun doute, Clémence était parti au domaine familial, rejoindre son père. Remontant au Casteth je répondais à Aurélien
Citation:Aurélien,
Je viens de recevoir ta lettre et mempresse de te répondre afin de tinformer que Clémence est parti rejoindre son père sans men avertir. Jai trouvé ta missive dans sa chambre
Cette mauvaise nouvelle quoi que tu puisses en penser me touche profondément et te remercie de mavoir prévenu. Sache que malgré tout ce quil y a pu y avoir, le fait de le savoir au plus mal mattriste et jespère sincèrement que ce que tu crains être une issue fatale ne le soit pas.
Je ne pense pas que ma venue soit souhaitable, mais jose espérer que tu me donneras des nouvelles très rapidement. Je te confie ta sur, elle aura sans doute besoin de son frère à ses côtés
et si tu l'estimes nécessaire, nhésite surtout pas à me faire mander, je prendrais les dispositions pour vous rejoindre.
Caro
Je reposais la plume, séchais lencre, nul besoin de sceau, je refermais le parchemin pour aller le porter afin quun pigeon se mette en vol pour le domaine Maledent
[Quelques jours plus tard]
Le temps passait à vive allure et je navais eu aucune nouvelle de la part dAurélien, ce qui laissait à penser que létat de santé de Guidonius sétait peut-être amélioré. Nul doute quen cas contraire jaurai déjà été mise au courant.
Un jour de plus où je navais guère eu une minute pour moi, et ce soir alors que javais enfin un peu de temps je rejoignais Oli. Depuis que jétais comtesse nous navions eu que peu de temps à nous consacrer et malgré toutes ces personnes présentes autour de moi, ce soir je me sentais seule. Nous retrouver tous les deux, ne plus penser que jétais la Comtessa pendant quelques heures, était une bouffée doxygène qui me remplissais de joie. Mais, il me fallait lui apprendre la nouvelle pour Guidonius, nayant guère eu l'opportunité avant.
Tout allait bien quand
. contre toute attente une discussion qui avait si bien débutée pris une toute autre allure. Javais été maladroite, exprimant mal ce que je ressentais réellement au fond de mon cur, mots mal dits, mots blessants sans que je ne le veuille, mots qui à présent me faisait souffrir terriblement, mots que je ne me pardonnerai jamais, mots ces fichus mots qui nauraient jamais du être dit, mots que je maudis autant que je me méprisais.
Discussion close sans avoir pu aborder le décès probable de Guidonius, je sortais dans le parc en pleine nuit pour minstaller sur un banc de pierre, relevant la teste pour regarder la lune. Il faisait frais et cest les bras croisés mains posées sur mes épaules que je me laissais aller aux larmes. Cette discussion où le désappointement avait pris naissance sur son visage et dans sa voix
expression dans ses yeux que je ne voulais jamais voir, javais tout mis parterre. La joie qui mavait gagné il y a peu venait de céder sa place à la tristesse et la haine que je pouvais me vouer. Jamais je ne me pardonnerai ce que jai fait.
Décidément tout allait mal en ce moment, la nouvelle dAurélien, Clémence qui sen est allée voir son père mourant, fin probable de Guidonius avec qui javais malgré tout passé des années heureuses avant que tout ne change, jusquà ce que la séparation ne soit plus que lultime solution.
Lamour sen était allé, ma vie avait pris un autre chemin pour rejoindre celle du Loup solitaire et aujourdhui une fois de plus, la souffrance je venais de la causer à lhomme que jaime
.
Poussant un long soupir, séchant mes larmes, je fermais les yeux et repassais ma vie en revue
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Caro68130
Durant les deux jours qui suivirent alors que tout aurait pu aller bien mieux, lhumeur ny était pas. Vidée de tout, errant dans les longs couloirs qui me menaient dune salle à lautre. Un vide, un manque immense dont je narrivais pas à me défaire
et toujours aucune nouvelle de ma fille.
En fin de matinée alors que je sortais du conseil une missive arrivait
Citation: Caro,
Je n'ai aucun jugement à porter sur ce qui est et doit rester une affaire strictement entre mon père et son épouse. Père m'a laissé des consignes claires, et dans celles ci, il me demande de prévenir un certain nombre de personnes de son état de santé, nombre duquel vous faites partie, et qu'il a cité en premier, puis ses enfants et enfin le reste de la famille .
Je vais m'occuper de Clémence dès qu'elle arrive au Domaine, car je ne doute pas que cela la perturbe grandement.
Pour votre présence, je vous laisse juge de ce qu'il convient que vous fassiez, mais je ne vous cache pas que le temps nous est maintenant compté, car son état s'aggrave de jour en jour.
Je vous tiens au courant, bien évidement.
Aurélien
Long soupir qui semparait une fois de plus de ma personne. Décidément quand cela ne voulait pas, cela ne voulait pas. Je retournais vaquer à mes obligations de comtesse, et en fin daprès-midi me rendais dans mon bureau.
Je me dirigeais vers la fenêtre mais en passant devant ma table de travail, un parchemin enroulé y était posé. Prenant place dans mon fauteuil je prenais la missive et pouvais y reconnaître lécriture de ma fille. Un soulagement mêlé à une crainte de ce que je pourrais lire, prenait naissance
Citation: maman,
je suis désolé d'être partie sans te prévenir. Lorsque j'ai lu le courrier, je n'ai plus pensé à rien à part papa, et je suis parti pour le domaine. Maintenant je m'en veux parce que j'ai peur que tu le prenne mal, que tu pense que je suis en colère contre toi, alors que c'est faux, et puis en fait j'aurai aimé que tu sois avec moi...
J'ai encore tout mal fait maman..Je suis désolé, m'en veux pas et si tu es d'accord j'aimerai que tu vienne.
Même si tu n'as rien vu, j'étais en colère contre papa tout ce temps et maintenant il risque de mourrir et j'aurai tout gaché...je le verai plus jamais si ca arrive, il ne sera pas là à mon bapteme et je pourrai jamais vous avoir une dernière fois avec moi...je suis désolé maman...
Clémence
Madossant au fauteuil, missive dans ma main droite, je portais mon regard vers lau-dehors, dans le vide
. Que faire ? Aurélien qui mannonçait que les jours étaient comptés et que javais été la première dont Guidonius avait parlé, Clémence qui me demandait de venir la rejoindre
.
Pauvre enfant qui depuis de longs mois navait plus vu son père et qui là se retrouve à son chevet pour ses derniers instants. Encore une dure épreuve pour elle, une de plus, peut-être celle de trop pour une jeune fille. Que faire, dois-je my rendre ? Cela me semblait normal quune mère aille rejoindre sa fille, mais revoir Guidonius depuis tout ce temps
. Nos derniers échanges avaient été plus que houleux et sil en devait être de même avant quil ne rejoigne le Très Haut
je navais pas envie de cela, mais je me connaissais et je le connaissais par cur aussi
Que faire ? Cruel dilemme
Après un long moment à tourner et retourner la situation dans les tous les sens je me levais et quittais la pièce. Il me fallait avoir une discussion plus quimportante, une discussion pour me faire entendre et surtout faire comprendre que les mots de lavant veille, ne reflétaient en rien mon vouloir, mes pensées. Non bien au contraire
mais me laisserait-il mexpliquer ? Tout ne serait-il pas déjà trop tard et ce uniquement de part ma faute ? Cette distance je ne la supportais plus et mempêchait destre moi-mesme, sans compter ce manque
.. Invivable et insurmontable.
Provoquer la discussion, tout faire pour quil comprenne même si je savais la souffrance infligée et que je men voulais tellement de ce que javais fait. Après de longs échanges et mestre expliquée les deux âmes se sont retrouvés pour mon plus grand bonheur, mais à présent il me fallait songer à la suite.
[Le lendemain matin et le jour suivant
]
La sérénité de retour, me sentant bien mieux et revivre, je navais toujours pas pris de décision pour Guidonius et je savais là à cet instant quil fallait que je la prenne, pour ma fille avant tout.
Un domestique hélé, une demande formulée, les bagages à faire préparer
, prévenir de ma courte absence...Et me voilà à partir sur les chemins pour le domaine familial. Domaine où je navais plus mis les pieds depuis cette fin dhiver
..
Le chemin avait été long et plus je mapprochais, plus je me demandais la réaction que pouvait avoir toutes les personnes présentes de me voir arriver. Nuit agitée dans le carrosse. Ne pas faire darrêt pour arriver au plus vite, une simple halte dans une auberge pour se sustenter et demander à me changer. Comtesse oui mais au domaine la comtesse ny serait plus, je ne serai que Caro, simplement Caro.
Quel soulagement de revêtir enfin ma tenue préférée. Après avoir rapidement déjeuné nous avions repris les chemins pour arriver au domaine en fin de matinée. Une certaine crainte semparait de moi au moment où le carrosse passait les grilles et sarrêtait quelques instants plus tard devant le perron. Sans attendre quon ne vienne maider à descendre, je sortais du carrosse et me dirigeais vers lentrée, franchissant la porte sans frapper.
Qui verrais-je en premier ?_________________