Nessty
[Poitiers, à la croisée des chemins]
Nessty était arrivée le matin même à Poitiers, ville qu'elle connaissait déjà. Ses souvenirs relatifs à l'accueil et à l'animation étaient mitigés, peut être dus au fait de son aversion pour les capitales trop souvent désertes ou peut être dus à ses passages plus que furtifs. Ce n'était pas aujourd'hui non plus qu'elle allait en parcourir les ruelles de long en large. La donzelle n'avait personne à voir en ces lieux et attendait encore moins que l'on vienne la voir. Elle s'installa donc comme à son habitude en taverne pour profiter de la douce chaleur de l'âtre. Décacheter les dernières missives en écartant spontanément les mauvaises nouvelles, commander un déjeuner à une la servante derrière son comptoir, déguster la seule et unique chopine de bière qu'elle s'accorderait de la journée... Une journée qui s'annonçait somme toute comme toutes celles des dernières semaines. Les jointures de ses doigts roidis pas la froidure et l'humidité d'une longue nuitée sur les routes se détendirent et reprirent couleur sous l'effet des flammes qui crépitaient gaiement dans la cheminé. Les paupières de la belle se fermaient doucement dans cet environnement serein et sans fréquentation à cette heure. La lassitude et le bien être l'entrainaient au loin, dans ce passé qui était le sien parmi les siens.
Elle sortit de sa torpeur à l'arrivée de quelques voyageurs dont deux jeunes femmes, une rouquine à la crinière de sauvageonne et l'autre... aucun terme ne vint instantanément à l'esprit pour décrire ce qu'elle voyait là. Nessty omit dans sa présentation de donner dans un premier temps son lieu de résidence, trop échaudée par ses dernières expériences de voyageuse hors de sa contrée.
Enchantée dame Extraelle et... dame Erzebet.
Extraelle... n'était ce point là le nom de la dame dont cet ami lui avait fait part dans une missive ? Il était vrai que Nessty avait eu durant son long périple peu le temps, malgré sa foison de scribouilles, de s'enquérir de la santé de ce niortais exilé dans un monastère à l'autre bout du Poitou. Elle sentit toute fois sa gorge se nouer à l'idée de demander des nouvelles de celui qu'elle avait laissé partir, blessé, de La Rochelle. Malgré le contrejour imposé par l'emplacement de son siège, la gueuse devina en la rouquine une fort belle femme au caractère indéniablement d'acier. Le coquin avait toujours aussi bon goût et ne se laisserait donc jamais effaroucher par quelconques difficultés ! Nessty sourit à cette pensée et engagea la conversation sans retrait ni grandes formalités avec celles qui semblaient être plus que complices, gardant toujours un oeil prudent sur l'autre donzelle, l'emplumée aux colliers douteux. Hum, avec un peu d'imagination devant les coups de crocs lancés par cette dernière, l'idée d'une poule avec des dents lui restera à jamais en mémoire. Des personnalités franches au vocabulaire acéré, voilà de quoi attiser la curiosité et l'entrain de l'impétueuse niortaise
Les chopines s'alignaient autant que les breuvages aqueux plus que douteux, les langues se déliaient et se familiarisaient sous l'effet de l'ivresse et de l'ambiance bonne enfant qui s'instauraient sans peine entre les pictaves et les voyageurs. Un ambassadeur angevin parvint tout de même à somnoler paisiblement au milieu de ce poulailler caquetant. Allez savoir par quelle magie ! Cette taverne regroupait pourtant là les plus impétueuses poitevines de tout le comté et dire que les murs en tremblait parait être inutile. Une Extraelle rousse, une Erzebet noire, une Néférouré blonde, une Nessty brune réunies en un lieu et l'on obtient non l'un de ces beaux arc-en-ciels qui font saliver tous les sieurs mais bel et bien de quoi effrayer les plus timorés !
Soudain, Nessty sursauta. Elle n'eut point le temps de réajuster quelques mèches folles échappées de son chignon ou de se pincer les joues afin qu'une couleur rosée masque sa fatigue que Mac faisait déjà son entrée, toujours aussi magistral tant dans les gestes que par la prestance que lui donnait ses vêtements rouges. Le bougre était sorti de sa retraite thouarsaise et se rendait en ses champs niortais alors qu'elle même venait de quitter Niort pour se rendre à Thouars... Le comble du hasard leur permit de se retrouver à mi-chemin.
"Nous devons nous y habituer: aux plus importantes croisées des chemins de notre vie, il n'y a pas de signalisation." (Ernest Hemingway)
Au moment de se séparer pour reprendre chacun son chemin dans des directions opposées, Extraelle confia sa jeune amie trémouillaise à Nessty. Celle qui avait le plumage et le ramage des plus chatoyants, sans oublier le toupet qui la coiffait, commençait bien à plaire à la gueuse voyageuse et elle accepta avec plaisir de partager la route avec cette emplumée d'Erzebet.
Après les courtoisies de rigueur et quelques bonnes recommandations afin que Nessty puisse se repérer dans une ville inconnue pour elle, voilà qu'arrivèrent des consignes précieuses qui l'aideraient à oeuvrer malicieusement avec ce frère des plus chiants. En guise de gratitude à cette complicité féminine naissante et fort plaisante, Nessty s'engagea sans contrainte à prendre soin de cet homme dont elle ne connaissait que le nom et le sceau de prévôt sur ses nombreuses demandes d'autorisation. C'est donc toujours avec le même entrain, cela va s'en dire, et riche de nouveaux arguments, qu'elle s'empressa de tailler sa plume pour la noyer jusqu'à son aube dans un encrier avide.
Nessty était arrivée le matin même à Poitiers, ville qu'elle connaissait déjà. Ses souvenirs relatifs à l'accueil et à l'animation étaient mitigés, peut être dus au fait de son aversion pour les capitales trop souvent désertes ou peut être dus à ses passages plus que furtifs. Ce n'était pas aujourd'hui non plus qu'elle allait en parcourir les ruelles de long en large. La donzelle n'avait personne à voir en ces lieux et attendait encore moins que l'on vienne la voir. Elle s'installa donc comme à son habitude en taverne pour profiter de la douce chaleur de l'âtre. Décacheter les dernières missives en écartant spontanément les mauvaises nouvelles, commander un déjeuner à une la servante derrière son comptoir, déguster la seule et unique chopine de bière qu'elle s'accorderait de la journée... Une journée qui s'annonçait somme toute comme toutes celles des dernières semaines. Les jointures de ses doigts roidis pas la froidure et l'humidité d'une longue nuitée sur les routes se détendirent et reprirent couleur sous l'effet des flammes qui crépitaient gaiement dans la cheminé. Les paupières de la belle se fermaient doucement dans cet environnement serein et sans fréquentation à cette heure. La lassitude et le bien être l'entrainaient au loin, dans ce passé qui était le sien parmi les siens.
Elle sortit de sa torpeur à l'arrivée de quelques voyageurs dont deux jeunes femmes, une rouquine à la crinière de sauvageonne et l'autre... aucun terme ne vint instantanément à l'esprit pour décrire ce qu'elle voyait là. Nessty omit dans sa présentation de donner dans un premier temps son lieu de résidence, trop échaudée par ses dernières expériences de voyageuse hors de sa contrée.
Enchantée dame Extraelle et... dame Erzebet.
Extraelle... n'était ce point là le nom de la dame dont cet ami lui avait fait part dans une missive ? Il était vrai que Nessty avait eu durant son long périple peu le temps, malgré sa foison de scribouilles, de s'enquérir de la santé de ce niortais exilé dans un monastère à l'autre bout du Poitou. Elle sentit toute fois sa gorge se nouer à l'idée de demander des nouvelles de celui qu'elle avait laissé partir, blessé, de La Rochelle. Malgré le contrejour imposé par l'emplacement de son siège, la gueuse devina en la rouquine une fort belle femme au caractère indéniablement d'acier. Le coquin avait toujours aussi bon goût et ne se laisserait donc jamais effaroucher par quelconques difficultés ! Nessty sourit à cette pensée et engagea la conversation sans retrait ni grandes formalités avec celles qui semblaient être plus que complices, gardant toujours un oeil prudent sur l'autre donzelle, l'emplumée aux colliers douteux. Hum, avec un peu d'imagination devant les coups de crocs lancés par cette dernière, l'idée d'une poule avec des dents lui restera à jamais en mémoire. Des personnalités franches au vocabulaire acéré, voilà de quoi attiser la curiosité et l'entrain de l'impétueuse niortaise
Les chopines s'alignaient autant que les breuvages aqueux plus que douteux, les langues se déliaient et se familiarisaient sous l'effet de l'ivresse et de l'ambiance bonne enfant qui s'instauraient sans peine entre les pictaves et les voyageurs. Un ambassadeur angevin parvint tout de même à somnoler paisiblement au milieu de ce poulailler caquetant. Allez savoir par quelle magie ! Cette taverne regroupait pourtant là les plus impétueuses poitevines de tout le comté et dire que les murs en tremblait parait être inutile. Une Extraelle rousse, une Erzebet noire, une Néférouré blonde, une Nessty brune réunies en un lieu et l'on obtient non l'un de ces beaux arc-en-ciels qui font saliver tous les sieurs mais bel et bien de quoi effrayer les plus timorés !
Soudain, Nessty sursauta. Elle n'eut point le temps de réajuster quelques mèches folles échappées de son chignon ou de se pincer les joues afin qu'une couleur rosée masque sa fatigue que Mac faisait déjà son entrée, toujours aussi magistral tant dans les gestes que par la prestance que lui donnait ses vêtements rouges. Le bougre était sorti de sa retraite thouarsaise et se rendait en ses champs niortais alors qu'elle même venait de quitter Niort pour se rendre à Thouars... Le comble du hasard leur permit de se retrouver à mi-chemin.
"Nous devons nous y habituer: aux plus importantes croisées des chemins de notre vie, il n'y a pas de signalisation." (Ernest Hemingway)
Au moment de se séparer pour reprendre chacun son chemin dans des directions opposées, Extraelle confia sa jeune amie trémouillaise à Nessty. Celle qui avait le plumage et le ramage des plus chatoyants, sans oublier le toupet qui la coiffait, commençait bien à plaire à la gueuse voyageuse et elle accepta avec plaisir de partager la route avec cette emplumée d'Erzebet.
Après les courtoisies de rigueur et quelques bonnes recommandations afin que Nessty puisse se repérer dans une ville inconnue pour elle, voilà qu'arrivèrent des consignes précieuses qui l'aideraient à oeuvrer malicieusement avec ce frère des plus chiants. En guise de gratitude à cette complicité féminine naissante et fort plaisante, Nessty s'engagea sans contrainte à prendre soin de cet homme dont elle ne connaissait que le nom et le sceau de prévôt sur ses nombreuses demandes d'autorisation. C'est donc toujours avec le même entrain, cela va s'en dire, et riche de nouveaux arguments, qu'elle s'empressa de tailler sa plume pour la noyer jusqu'à son aube dans un encrier avide.
Citation:
Sieur Chuichian,
Vous m'avez octroyé un seing que je porte à mon sein tant cela m'apporte émoi. Devant destrier déjà piaffant d'impatience en capitale, je vous annonce en toute indécence mon départ imminent et nocturne pour aventures à Thouars. J'userai ainsi jusqu'à épuisement de la lance que vous avez mis si généreusement entre mes mains innocentes.
Mon autorisation arrivant à échéance le 13ème jour de novembre 1456, c'est à dire demain, je pourrai délicieusement conclure mon voyage au pays de la décadence avec une régalade de calva et de chouchen que je vous offrirai afin de mieux vous mener à l'ivresse à mes côtés. Je saurai également user et abuser de mes atouts et atours dans une alcôve de la Tulipe Noire comme recommandé par votre chère soeur, mon regard dans le votre, afin de solliciter une prolongation de votre doux cachet.
Fait à Niort, dans la nuit du 12ème au 13ème jour de novembre 1456
Nessty
[HRP : ouais, j'ai pas résisté à l'éditer ici]
Sieur Chuichian,
Vous m'avez octroyé un seing que je porte à mon sein tant cela m'apporte émoi. Devant destrier déjà piaffant d'impatience en capitale, je vous annonce en toute indécence mon départ imminent et nocturne pour aventures à Thouars. J'userai ainsi jusqu'à épuisement de la lance que vous avez mis si généreusement entre mes mains innocentes.
Mon autorisation arrivant à échéance le 13ème jour de novembre 1456, c'est à dire demain, je pourrai délicieusement conclure mon voyage au pays de la décadence avec une régalade de calva et de chouchen que je vous offrirai afin de mieux vous mener à l'ivresse à mes côtés. Je saurai également user et abuser de mes atouts et atours dans une alcôve de la Tulipe Noire comme recommandé par votre chère soeur, mon regard dans le votre, afin de solliciter une prolongation de votre doux cachet.
Fait à Niort, dans la nuit du 12ème au 13ème jour de novembre 1456
Nessty
[HRP : ouais, j'ai pas résisté à l'éditer ici]
Nessty ne put contenir un sourire malicieux lors de l'envol de son piaf qui la précéderait de seulement quelques heures. Se grattant le chignon, en maudissant toujours autant les poux du Poitou, elle conclut pour elle même par ces mots :
Bah, il va faire comment quand je partirai d'ici celui là ? Va s'sentir en vacances... Tsssss puis m'donner le minimum quand j'demande le maximum, c'est bien un couillu ça... Mouais...
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