[La Castanha crapahute]
Des Normands!! Le Languedoc estait rempli de Normands! P'tet bin qu'ouiiii Ptet bin qu'nooonn.
Hildegarde sauta prestement de sa Palomino afin de poser pied à terre. Un Coms en pleine tempeste à la Pairie... Elle avait failli esclater de rire en apprenant la nouvelle, n'ayant aucune idée de ce qu'estait la Pairie et prenant cela pour un jeu de mot sur Prairie. C'est ensuite qu'on lui avait fait lire les minutes de la destitution du Coms.
Un Comté en guerre, Lodève attaquée, et la Saintclair à Mende en plein campement à rechercher ses petits, attendant une réaction d'en face.
Ses gens devaient bien estre quelquepart! Elle louvoyait entre les tentes de la piétaille, jetant parfois un regard des plus affligé sur les conditions dans lesquelles ils estaient installés. La chance lui avait sourit à la naissance... Certes une déception pour ses parents qui attendaient la venue d'un héritier - et Hildegarde n'avait absolument rien de masculin - mais le bonheur de vivre dans une famille ou l'argent n'avait pas manqué. Une vie de luxe, de dépenses inutiles, de loisirs, de toilettes...
Comment allaient-ils faire pour se mouvoir sur le champ de bataille avec leurs sabots? Si la terre estait boueuse, ils finiraient pieds nus... D'un costé on ne leur demandait point d'estre élaboré. Ils estaient la pour servir de bouclier et égrainer les assaillants, qu'ils soient bien chaussés ou habillés importait bien peu. Mais quand mesme!! Elle espérait bien que ses gens auraient des bottes. Un contingent d'une vingtaine de personnes, peu mais la Seigneurie de Brison ne comptait point non plus moult habitants. Et la futile Hildegarde de repenser à ceste histoire de bottes... Au moins des chausses... Pourvu qu'ils aient des chausses.
Un sourire vint illuminer son visage lorsqu' elle aperçut l'oriflamme de Brison Saint Innocent. Son pas se fit pressant... Elle aurait aimé avoir Rémus à ses costés pour représenter la Baronnie d'Aix-Les-Bains... Bientost il pourrait jouir de ses terres... Du moins si cela bougeait un peu dans les environs.
C'est qu'elle ne comptait pas non plus passer la fin d'année icelieu. Il y avait les vendanges auxquelles elle voulait assister, tous ces moutons qu'elle voulait apprendre à tondre, et puis... filer la laine. Et aussi ne rien faire, si ce n'est oisivement lire quelques parchemins un verre de liqueur à la main, allongée langoureusement sur une couche à la romaine.
PAR GAIA!! En avaient-ils apporté? De la castanha oui, mais la fraise des bois... estait indispensable. Une fois par jour en cas de maladie, dix fois pour une personne en bonne santé. Au moins!
Ils estaient là, les tentes montées, feu et chaudron pour la potée, une ribaude couinant à costé... Hildegarde ferma les yeux et inspira longuement. Pourvu que ce ne soit pas une petite qu'elle ramènera engrossée. Ses gens s'inclinèrent à l'arrivée de leur suzeraine puis lui racontèrent les derniers potins de la Seigneurie, voire de la Savoie, pour le peu qui allaient dans la Capitale. Partout les mesmes difficultés, les mesmes querelles familiales, politiques... Voyager estait le remède, car l'on ne restait point longtemps dans le mesme endroit, du moins pas assez longtemps pour comprendre toutes les haines qui secouaient le pays.
Sans réellement en prendre conscience Hildegarde regarda les pieds de chacun de ses gueux. Des chausses... et des sabots. Elle ordonna qu'ils aient tous des chausses, indiquant au 'chef' du campement de venir un peu plus tard se faire octroyer quelques écus pour acheter ce qu'il fallait sur le marché. Epées, pics, glaives, dagues... On leur avait presté des armes qu'ils savaient à peine manier. Il lui faudrait quelqu'un pour les guider, non pas que la rouquine ne se sentit pas en mesure de le faire, mais il lui manquait l'expérience.
Elle leur demanda à chacun leur nom, tentant de tous les retenir, les remercia de leur présence, ce qui eut pour effet de grandement les estonner, puis fit volte face en un mouvement de cape pour aller à sa confortable tente. Du moins elle l'espérait, elle avait demandé des appartements digne de César.
Crapahutage certes, mais avec panache.