Elle avait bien mangé, la vie à Bayonne avait repris son court, mais toujours cette pensée, celle de ne pas avoir bien fait, celle de se demander si dans ses propres peurs, elle n'avait pas été trop loin. Son sale caractère lui avait joué plus d'une fois des mauvais tours. Mais c'est son sale caractère qui l'avait sauvé plus d'une fois aussi. Elle ne lâchait pas prise, elle était tout ou rien. Elle marchait dans la ville, de-ci de-là, sans savoir où elle allait. Son pied envoya en l'air un caillou qui trainait là. Elle le regarda se frapper contre le mur en face d'elle. Elle leva la tête, c'était le mur de l'église. Oups, ce dit-elle. Bien vite elle regarda si personne ne l'avait vu. Il y avait des gens attroupés un peu plus loin mais personne ne l'avait remarqué. Elle souffla, fallait pas qu'on pense qu'elle en voulait à l'église en plus. C'est pas qu'avec le Très-Haut ils étaient super copains, mais bon, elle avait pas besoin d'autre ennemis.
Elle marcha doucement vers la porte de l'église, peut être qu'elle devait demander pardon. On sait jamais, lui là-haut il avait peut-être vu.
Crotte c'est fermé. Comment je vais faire?
Ella avait toujours une idée de rechange, elle se dit que si on pouvait pas parler au Très-haut dedans, que surement quand on était sur l'église vers le clocher, le Très-haut devait mieux entendre. Elle partit en courant.
Elle revint avec ce dont elle avait besoin, une longue corde et un grappin. L'idée de monter tout en haut de l'église lui plaisait bien. C'est qu'il devait y avoir une jolie vue aussi.
Elle avait un peu oublié cette idée de pardon, mais l'idée de réussir à être tout en haut, elle adorait ça.
A l'abri des regards dans un bosquet de l'autre coté de la place, elle lança son grappin, loupa plusieurs fois. A chaque fois que le grappin était lancé et avant qu'il ne touche le toit elle se cachait pour que les regards qui se tournaient alertés par le bruit ne la voit pas.
C'était trop haut, très difficile, elle allait abandonner quand par miracle le grappin se crocheta.
Elle cracha dans ses mains, et la voilà grimpant. Elle arriva à monter à cette corde avec dextérité, son poids très léger et ses bras musclés par le travail en mine lui donnait un gros avantage. Au bout de quelques minutes, elle toucha la toiture. Elle eut du mal à grimper sur le toit, mais au bout de quelque efforts ce fut fait.
Partit comme toujours avec l' entrain qui la caractérisait, n'ayant pas plus réfléchit que cela à ce qu'elle faisait. Elle se retrouva là-haut, assise et regarda en bas. Ses muscles d'un coup se crispèrent. Elle était rudement haut. Elle monta à reculons sur le derrière pour s'assoir à califourchon sur le faîtage.
Elle reprit ses esprits. Ce demandant encore ce qui lui été passé par la tête pour monter ici. Elle se rappela du caillou.
Eh bien là tu devrais m'entendre mieux que dans l'église! Je suis désolée, des fois je fais des trucs, j'en ai pas conscience. Je voulais pas lancer ce caillou, j'avais juste pas regardé en face de moi. Des fois je suis dans mes pensées, et je pense pas.
Dis-tu m'en veux pas? Si tu veux demain je t'apporte des fleurs...les vieilles elles aiment bien t'apporter des fleurs. C'est quelles doivent savoir que t'aime bien ça. Elle se gratta la tête.
Bon tu réponds pas c'est que tu dois être d'accord...ou peut-être que tu n'es pas content? Elle fit la moue.
Faut peut-être que je fasses plus? Parce que pour ma maison, que le curé dit que s'était un peu la sienne et la tienne aussi, tu m'en veux peut être encore? Tu sais j'ai pas trop envie d'être grillé par tes disciples.
Elle soupira, elle savait plus trop quoi dire, elle attendit qu'il lui réponde. Elle se trouvait bien là-haut et surtout, appréhendait le moment de descendre, elle se glissa jusqu'au mur du clocher et se cala ainsi afin de reprendre des forces.