[Apoptose
]
Furieuse, désespérée, enragée, malheureuse, Beths sétait hissée sur le dos de Canasson, des larmes de rage et de tristesse laveuglant. Perfidie de la traitrise
une fois en selle, essuyant méchamment son visage couvert de boue, de larmes, et faisant faire demi-tour à son équidé, elle croisa le regard de son époux. Ainsi il lavait suivi jusquici
et la réponse à sa colère arriva.
Un même sarcasme que sa jumelle de cur lavait habité lorsquelle sétait adressée à elle, et là, avec son époux, présentement une colère semblable à la sienne lui revenait en plein cur. Touché
et le navire coulait. Tout ce quelle avait été seffondrait, des murs jusquaux fondations au moindre des mots prononcé par son époux.
Il la détruisait, il était sa perte.
Et bien soit, fait donc. Tu peux quitter ce château et revenir quand bon te semblera
.
Pars ! Je ne suis que ton époux qui ne pense plus qu'à cette terrible nouvelle que tu m'as appris dans une lettre, et qui fait au mieux pour éviter toute cette misère
Quavait-elle espéré au fond ? Quil sexcuse ? Peut être sans doute
quil attende quelle se calma, elle serait revenue à lui malheureuse et pleine despoir? Mais Marty, lassé sans doute de ce quelle était, de son caractère impétueux, direct, franc, avait préféré faire souffler le vent, la tempête, désordonnant leau qui se trouvait sous elle, rendant impossible toute tranquillité à la surface et qui serait après responsable dun ras de marée, plus loin, plus tard
mais il nen avait nulle consciente.
Beths faisait face à son époux, impassible visiblement, son cur se tordant de douleur. Elle lui avait remis entre les mains, et il le broyait dun simple geste.
Evidemment, il ne plaira pas à Bettym. Qu'il fut Duc ou manant, cela aurait été la même chose... Mais il me plait à moi. Un point c'est tout. Elle apprendra à l'aimer. Je sais ce qui sera bien pour cet enfant, et pour elle ce qui sera le mieux.
Il connaissait si bien les femmes et leurs désirs en le lui prouvant comme il le faisait, furent les pensées fugaces qui traversèrent son esprit, mais contrairement à son habitude et à sa verve continuelle, Beths ne dit mot, ne cherchant rien, plus rien, ne lavait-il pas renvoyé ? Pars lui avait-il clamé
tout était dit. Inutile de perdre salive à se défendre, elle avait besoin de cette eau pour laisser libre cours à son chagrin, sa douleur, plus tard.
Tu peux partir si tu le désires. Mais si ce que tu désires vraiment c'est l'honneur de Bettym et de son enfant, alors tu resteras.
Sétait il seulement interrogé sur leur bonheur ? Lhonneur avant tout ? Oui, oui elle avait été ainsi, infroissable, intraitable, son honneur et celui de ses proches valant plus que tout le reste. Elle avait même été daccord avec lui, Bettym devait trouver époux, non point tant pour lhonneur, mais surtout afin de pouvoir élever et aimer son enfant sans les quolibets et les rires.
Aujourdhui elle ne savait plus, elle doutait, elle regrettait ce choix, cet honneur, le sien, pourquoi avait-elle parlé
tout aurait été plus simple si elle navait rien dit
Oui, mais Bettym naurait jamais pu aimer cet enfant. Cruel dilemme où la solution ne donnerait jamais satisfaction.
Mais à deux, elle avait naïvement pensé quils réussiraient, Marty et elle, trouver une personne exceptionnelle et rapidement. Un homme bon, gentil, agréable, tendre, quelle pourrait apprécier
Son époux la privait de tout cela.
Il avait fait demi-tour, fermant là toute possibilité, lui faisant comprendre que c'était la fin.Fusillant son dos du regard, le maudissant tout bas, Beths tourna casaque à son tour en talonnant Canasson. Marty lavait chassé.
[Quelques jours plus tard, sur les remparts de Thiers]
Son regard, rougi d'avoir trop pleuré toutes les nuits, tourné vers lhorizon, ladjointe au prévôt scrutait le moindre mouvement là-bas, au-delà des remparts, surveillant les faits et gestes, surveillant sa ville, celle qui pensait toujours ses blessures. Sauf quaujourdhui son cur saignait. Sauf quaujourdhui le BA était en alerte, la guerre contre le Berry avait été déclarée, et il fallait veiller. Le ban avait été levé, et elle savait quil était à Bourbon. Elle-même se devait de veiller, elle qui avait toujours tout sacrifié pour la prévôté. Elle aurait du être heureuse, elle avait toutes ses journées et toutes ses nuits de disponible pour son cher BA. Mais le cur ny était pas
pas depuis quelle avait quitté le domaine de Billy
combien de jours ? Et
rien
pas un mot
pas une lettre
En parlant de lettre
Doucement, la jeune femme tira de son pourpoint les deux dernières lettres de son petit frère
de nouveau à la lecture de ses mots, une larme lui échappa. Après son époux
son petit frère, le seul être dans lequel elle aurait pu avoir une confiance illimité sans se poser de question, de doute, depuis quils sétaient retrouvé, un lien fusionnel les liaient, mais ce lien navait du existé que dans sa tête
il lavait quitté pour une maraude.
Citation: Ma chère soeur,
Je suis toujours à Guéret où tout se passe pour le mieux, même si les relations avec certains soldats sont parfois assez difficiles.
Des nouvelles plutôt bonnes arrivent du Berry, et je dois bien t'avouer que je compte m'y rendre moi aussi. Je sais que cela ne va pas te plaire du tout, j'en suis conscient, mais je suis là mon instinct et crois moi, il me pousse à suivre le groupe avec lequel je me trouve maintenant depuis de nombreux jours. Tu sais pourquoi.
Pour ce que je t'ai confié dans ma précédente lettre, il semble que cela soit réciproque, mais pourtant la situation est étrangement figée. Je ne saurai te dire mon sentiment là dessus, il est indéfinissable, mais ta présence me manque pour me conseiller et m'ouvrir les ye(mots raturés) apporter un soutien dans mes décisions et mes choix.
Ma chère soeur demain je serai sans doute parti, et je penserai à toi de là bas. Que Marty veille sur toi s'il m'arrive malheur(mots raturés), et que tu saches et n'oublies jamais que quoi qu'il arrive, je t'aime et t'aimerais toujours.
Je repense à ce fabuleux jours où nous nous sommes enfin retrouvés, mais je repense continuellement au jour où nous avons été séparés toi et moi, séparés à jamais de nos parents.. Nous n'avons pas encore pu parler de cela , pourtant j'aurai tant de choses à te dire, à te demander. Le désir de vengeance m'habite Beths.
Curtius, ton petit frère
Ce premier courrier, elle lui avait répondu, lui demandant de revenir, de faire attention, de ne pas participer à cette guerre qui nétait pas la sienne, il nétait pas prêt, il nétait pas formé, il était trop jeune, il y avait trop de mercenaires, elle allait le perdre
Mais il était trop têtu, trop
cette femme cétait cette femme quil suivait, quil accompagnait ! Cette Dénéré ! Comment lavait-il appelé déjà ? Aelyce, oui oui cétait ce nom quil lui avait dit lorsquil avait quitté la ville comme un voleur, le surprenant avec une femme au ventre proéminent
elle devait, elle devait se renseigner
non, non elle navait pas le droit
si, si elle devait cétait son unique frère et qui sait qui cette femme était.
Cruel dilemme, une nouvelle fois
la jeune femme se rappela son erreur avec Bettym et craignait la même chose avec son petit frère quelle adorait et quelle ne voulait perdre.
Et puis ce matin même nouvelle missive, plus enjouée, plus gaie, porteuse de nouvelles agréables
permettant à la jeune femme de reprendre un peu espoir.
Citation: Bonjour Soeurette,
Je suis à Bourges où je participe à l'attaque du chateau du Poilu.
J'ai eu le plaisir de rencontrer ton parrain hier au campement, Azdrine. Il m'a soutenu au cours de la nuit lorsque j'ai eu à faire à une trés forte déconvenue.
Je compte rentrer au Bourbonnais Auvergne au plus vite, il accepté de m'aider. Il me semble être un homme bon, et je sens qu'il m'aidera du mieux qu'il le peut.
A bientôt j'espère,
Curtius
Vérifiant que chacun était à son poste, vérifiant que la nuit était calme, la jeune femme sassit à même les pierres froides et rédigea à la hâte sa réponse
Citation: Mon petit frère,
Tes missives m'inquiètent au plus au point. Curtius, je t'en prie, je t'en conjure, prends soin de toi. Je n'ai pas assez de larmes pour te pleurer.
Puisque tu as rencontré mon parrain, ce dont je remercie Aristote, demande lui protection, il te l'accordera surtout si tu lui montres ta valeur, reste avec lui, suis-le. Ne reste pas en Berry, s'il te plait.
Mes fonctions royales m'empêchent de venir te chercher. Néanmoins, si je n'ai pas d'autres solutions, je viendrai te rejoindre et qu'importe les conséquences. Tu m'es trop précieux pour que je te perde à nouveau.
Et cette femme que tu suis, que tu as suivi, elle ne peut être qu'une Bête immonde du sans nom ! Elle met son ventre en avant tel un bouclier qu'il faudrait protéger. Quitte là Curtius, je te l'ordonne pour ton bien, pour ta vie. Elle ne t'apportera que du malheur. Je suis sure que tu pourras trouver femme aimante et exceptionnelle partout ailleurs dans notre beau royaume.
Curtius, reviens !
Je t'aime trop pour te perdre
Ta grande soeur.
Son désespoir transparaissait dans sa lettre sans quelle nen eut conscience, mais elle se mourrait, elle se perdait, elle était broyée, et pour une fois, pour une unique fois, elle tendait les bras pour qu'on l'aide, et inconsciemment, naturellement, elle s'était tournée vers son frère, elle avait besoin de lui, de sa force tranquille, de sa douceur, de sa compréhension, elle avait besoin de lui pour se reconstruire.
Le pigeon auquel elle accrocha sa lettre repartit aussitôt, alors que de nouveaux arrivaient. Porteurs dordre, de mission, la prévôté reprenait ses droits. Ladjointe au prévôt devait aider à veiller, à vérifier. Elle avait pris quelques rapports de garde avec elle, elle se plongea aussitôt dans son étude
des mouvements vers le nord
mauvais signe
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BANNIERE EN COURS DE MODIFICATION