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[RP]Ultimatum pour "dicéphilie."

Niflheim
Niflheim avait recopié la lettre reçue sur une plus grande affiche afin qu'elle soit lisible de loin. Il avait hésité à le faire, mais ce ne fut pas à lui de décider. Conformément alors au souhait de l'auteur, les bourguignons devaient être en droit de savoir pourquoi celui qu'on s'évertue à haïr avait fait ça. Peut-être que ça éclairera la lanterne plutôt diaphane de personnes étriquées aux jugements bien trop hâtifs pour être considérés comme objectif.
Il prit donc soin de la coller contre un mur sur la place publique pour que tous puissent y aller de son petit avis critique et pas forcément très bien construit, et que les badauds fassent ce qu'ils savent faire le mieux: saturer l'endroit. Voici ce qu'on pouvait y lire:




Moi, Bazin de la Clapiotte, maire légitimement et légalement élu de Dijon, Berger du bon peuple Bourguignon, du lieu de mon exil politique, ait demandé à messire Niflheim de me représenter lors des pourparlers. Il sera le lien entre le pouvoir ducal et moi.

L'opération "Dodu Dindon" n'est pas une mascarade:

Comme signifié plus tôt à la Duchesse Ingeburge - que l'arrondi de ses molets soit à l'image des poires du paradis - je mets en demeure la Bourgogne de réformer son codex pour le mettre en conformité avec le Droit des peuples et les volontés royales. Egalement est exigé la condamnation de ceux qui ont abusés de leur pouvoir, couvert des crimes et piétinné le peuple.

Aussi sont exigé:
- le retrait immédiat de toutes les lois ségrégationnistes qui empêche tous habitants de Bourgogne de voter pour qui bon lui semble et de se faire élire si bon lui semble. Car telle est la volonté du Roy pour assurer un renouvellement des élites.
- la création d'une constitution avec l'inscription de ce droit inaliénable.
- de même le retrait de toutes lois instituant des bourguignons de seconde zone.
- la mise en poursuite et la condamnation du Baron Theognis pour avoir renversé une Duchesse légitimement et légalement élue. Pour avoir soutenu les crimes politiques de la Ruse.
- la mise en poursuite et la condamnation de la vicomtesse Saxaltesse pour ses crimes à la Bourgogne: faux et usage de faux, usurpation de la souveraineté de l'Anjou, orchestration de la justice, violation du codex, évincement d'adversaires politiques.

La liberté est notre trésor. Rendez-la nous !

L'opération "Dodu dindon" ne prendra fin qu'avec le respect intégrale de ces conditions. Le temps vous est compté si vous ne voulez pas voir d'autres villes mise en demeure.

Il va de soit que les inventaires de Dijon sont en lieu sûr et gardé secret. J'ai cependant pris soin de laisser une rame à Dijon: vous allez ramer.

Votre bon et dévoué serviteur,
Bazin


Puis Niflheim s'assit, sortit son carnet et son fusin, souriant ironiquement et s'adressant aux quelques passants errants:

-Venez donc vous défouler sur celui qu'on vous appris à haïr, les enfants...
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Mimmome
Amusant messire, amusant, vous n'etes pas le prémier conspirateur, vous en serez pas le dernier.
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Sic transit gloria Mundi
Niflheim
Citation:
Amusant messire, amusant, vous n'etes pas le prémier conspirateur, vous en serez pas le dernier.


Niflheim leva négligeamment un oeil vers ce sire qu'il n'avait jamais vu et qui lui importait peu au final. Puis c'est son sourcil qu'il leva en entendant ce qu'il lui dit, le plus surpris du monde, ne s'attendant pas à cette arrière-pensée, dût-il reconnaitre. Mais il nota quand même dans son carnet les réponses sans fondements qu'il écouterait et qui irait à son encontre.

-Parce que vous croyez que c'est moi qui l'ai écrit? Si c'est le cas, il est toujours caustique d'entendre des gens apporter son point de vue sur une autre personne, surtout quand ceux-ci ne savent pas ni de quoi ni à qui ils parlent. Je suis juste ici pour exécuter la requête d'un ami.

Puis il retourna dans son carnet, écrivant quelques lignes, quelques bribes plutôt, croquant une pomme...
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Olivier1er
Messire Rien ne sert de tenter de camouffler un acte punit par la loi :

- Un maire qui vole et pille sa mairie, qui fuit hors de la Bourgogne

C'est un acte de félonie, un pillage en regle, une haute trahison.

Vous pouvez, vous ou Bazin tenter de maquiller cette histoire mais là, je crois que plus personne ne peut se laisser abuser. Vous avez fait la demonstration de trop : vous avez prouvé vous et Bazin que tout ce que vous avez dit, ce que vous dites n'est que sournoiseries, tromperies et arnaques.

La justice Bourguignonne va s'abattre de maniere totalement impitoyable car les faits sont là et avérés.

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Niflheim
Puis ce fut une ancienne connaissance qui jugea bon d'intervenir par des décibels nullement nécessaires. "M'enfin, ça passe le temps...":

-Mon cher Olivier, c'est toujours un plaisir que de vous entendre maugréer sur des faits avérés certes, mais que vous préférez, comme c'est la coutume dans cette basse-cour de sang bleuâtre, condamner avant de comprendre. Mais je suis bien conscient que cette réflexion soit hors de votre portée, tant parce que vous n'en avez pas les capacités - la preuve en est avec un vocabulaire diffamatoire inchangé à nore encontre depuis maintenant presque neuf mois, que parce que cela ne va pas dans votre intérêt. Effectivement, étant un anti-Bazin de la première heure, cet acte vous apporte (enfin!) un début de justification, que vous croyez confirmant vos propos quasiment séculaires.
Mais vous êtes-vous posés la question, au moins une fois, de savoir pourquoi il a fait ça et d'y répondre autrement que "parce que je suis persuadé que c'est un brigand"?

Dernière chose, je ne vois pas où les faits sont maquillés. Je vous conseille d'apprendre à lire, mon cher, ça peut toujours servir. L'ultimatum est suffisamment explicite sur ses raisons et ses objectifs.


Puis il renota sur son carnet ce qu'il vient d'entendre, ne souhaitant pas être le seul sur ce qui est dit ici...
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Olivier1er
Le "maquillage" est justement l'ultimatum, Messire Nifleim.

C'est un écran de fumée qui permet de fuir avec le butin, but ultime recherché.

La seule chose que vous ne pouvez maquiller sont les faits qui sont simple et compréhensible par tous, dont vous.

Bazin c'est fait élire Maire, il a pillé la mairie de ses valeurs, de sa richesse, s'est enfuit hors du duché avec son butin, il a laissé les Dijonnais ceux qui ont cru un temps en lui dans le plus total dénuement.
Voilà les faits sans fard et dans leur total réalité.

Le reste - le soit disant pretexte, le soit disant ultimatum n'est qu'une diversion dans l'espoir de lui laisser le champ libre pour une fuite vers des contrées ou il pourra vivre de sa richesse.

Pour vous prouver que cet ultimatum n'est qu'un paravent : depuis quand un maire peut il prétendre imposer sa vision au conseil Ducal ? vouloir faire agir le Conseil Ducal alors qu'il n'a pas été élu Duc ou même conseiller ducal est tout simplement une démonstration éclatante qu'il ne s'agit que d'un paravent pour couvrir sa fuite, car Bazin nous a trop souvent fatigué les oreilles avec sa volonté de respecter le Codex et de parfaitement bien connaitre les lois.

Alors Messire Nifflheim, cessez comme Bazin ou Mazarin, de prendre les Bourguignons pour des moutons à tondre.

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Niflheim
Niflheim réécouta encore les braiements de ce mouton conscient de son égarement mais qui ne cherche nullement à en sortir:

-Et quand bien même ce ne fut qu'un écran de fumée, que faites-vous ici, avec moi, à vous lancer dans une joute verbale que vous savez qui ne finira pas? Pourquoi ne partez-vous pas directement à sa recherche? Vous attendez des réponses de votre politique diplomatique afin de pouvoir circuler librement dans les régions concernées?
Quel perte de temps! Si vous vous teniez bien sagement en attendant de voir si ce que Bazin dit est vrai ou pas, vous iriez bien plus vite. Les pourparlers n'ont pas pour vocation de s'éterniser, sauf si la duchesse continue à faire preuve d'autant de mutisme. Mais puisque vous êtes tellement persuadés d'avoir la science infuse sur nous autres pauvres gueux - alors que ce sont ces mêmes gueux qui ont réussi à vous faire peur et à vous détrôner, dois-je vous le rappeler? - vous allez vous lancer dans une course poursuite que vous êtes assurés de perdre.
Vous pensez que les faits parlent d'eux-mêmes, mais vous confirmez alors votre statut de mouton à tondre: incapable de penser et de faire preuvre d'une quelconque rigueur quant aux pourquoi du comment.


Niflheim se remit à écrire frénétiquement sur son vélin, tout en terminant:

-Veuillez donc m'excuser mon peudo-seigneur mais il se trouve que moi, je ne peux me permettre de perdre mon temps inutilement! J'ai une foule de lettres à écrire. Merci.

Il arracha ensuite une page, l'attacha à la patte de son corbeau et l'envoya à la recherche de son destinataire.
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Ingeburge
Entre une perte de temps et... une perte de temps, Ingeburge alla à la rencontre de Nifhleim.

Elle trouva l'homme attablé et en pleine rédaction de missives... la coïncidence était des plus heureuses et c'est pourquoi elle déclara :

— L'homme dont vous êtes le séide m'inonde lettres... je pensais qu'il dépenserait autrement qu'en parchemins les écus dérobés à Dijon.
Avisant un endroit lui paraissant convenable pour poser son divin séant, elle déclara :
— Le bonjour au fait.
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Niflheim
Son corbeau revint de sa pérégrination, en même temps que la duchesse trouva opportun de rejoindre l'imam, plus qu'un séide.

Citation:
— L'homme dont vous êtes le séide m'inonde lettres... je pensais qu'il dépenserait autrement qu'en parchemins les écus dérobés à Dijon.


-Séide? Une duchesse doit-elle se rabaisser au même niveau que ces aspics à la langue fourbe et insultante? Veuillez garder cela pour vous s'il vous plait. Un séide est un fanatique prêt à mourir pour son chef, et ce n'est pas mon cas. Je ne joue que l'intermédiaire, et si vous voulez tout savoir, même si je comprends Bazin, je ne soutiens pas la totalité de ses méthodes. Mais ça ne m'empêche pas de le soutenir, car nous partageons les mêmes idées politiques...

Et Niflheim lut la lettre qu'il venait de recevoir, dégageant un petit sourire car cette arrivée volatile tombait bien.

-... et cette lettre est pour vous. Une de plus, je sais. Mais si vous aviez jugé bon de paraitre immédiatement, plutôt que de jouer les optimates arrogantes, les pourparlers auraient déjà commencé, et votre bureau ne ressemblerait pas à une volière de messagers.

Le jeune homme lui tendit la lettre où l'on pouvait y lire ceci:



Ma douce et bonne Duchesse - que les glaces éternelles de la monotonie fondent au soleil de votre clairvoyance,

Je vous fais parvenir cette petite carte illustrée de la bonne ville de Chambery que j'ai passé la journée à visiter. Charmante. J'ai même repéré quelques hôtels particuliers d'un luxe discret et raffiné qui sont à vendre.

Voilà maintenant près de 5 jours que je vous ai adressé de justes et nobles revendications. Revendications que vous pouvez faire vôtres tant votre suzeraineté sur la Bourgogne est bafouée par vos vassaux qui décident non seulement pour vous mais sans vous, tant la Justice d'Aristote déposée entre vos mains est piétinée car les odieux criminels de janvier sont libres et caracolent même jusqu'au sein de votre Conseil.

J'ai fait le sacrifice de ma personne, prenant le chemin de l'exil politique. Dois-je faire d'autres sacrifices qui, cette fois, ne concerneront pas ma personne afin de pousser votre gouvernement à m'écouter ?

Mais avant de les laisser commettre l'irréparable, je consens à prendre un rameaux d'olivier dans une main et à vous tendre l'autre, faisant ainsi un pas vers le chemin de la Paix et de la concorde:

Je suis prêt à revenir en Bourgogne, avec tous les risques pour ma vie que cela comporte, et m'asseoir à la table des négociations. Pour cela il vous suffit de me donner une immunité diplomatique qui montrerait ainsi à tous notre bonne volonté à dialoguer.

Dans l'attente de votre réponse, veuillez recevoir ma douce Duchesse - que l'hirondelle annonce votre printemps éternel - les plus dévouées salutations de votre bon serviteur,

Bazin de la Clapiotte.

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Lenada
Lena vit Niflheim de loin, elle ne s'avança même pas pour écouter ses paroles cela n'en valait pas la peine. Il était intelligent mais cette intelligence était dévoué à un homme imbu de sa personne, prenant les autres pour des moutons et se croyant leur berger.

Oui la Duchesse avait raison Niflheim en se mettant au sevice de Bazin était devenu un Séide.

Le lendemain de l'élection de Bazin elle se trouvait en taverne lorsque celui - ci était entré, elle l'avait écouté parler mais ses paroles sonnaient le creux, elle remarqua jusque que Bazin lui s'écoutait parler et qu'il aimait parler pour ne rien dire. Elle continua son chemin en saluant la Duchesse et Olivier, puis lança à Olivier


Olivier !!! cela ne sert à rien d'user ta salive et je dirais même que cela n'en vaut même pas la peine.
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Ingeburge
Ingeburge fit la moue, Niflheim semblait manquer d'humour ces jours-ci, ce qu'elle ne tarda pas à souligner :
— Nul insulte, messire, nul insulte.... Dieu que vous êtes sur la défensive! D'autant plus que le mot est aussi beau que son sens est lourd.
Simplement, je ne m'attendais pas à vous voir mêlé à cette bouffonnerie. Croyez bien que je le regrette car même si je suis heureuse de vous revoir, j'aurais préféré que cela le soit en de moins funestes circonstances.


Elle regarda ensuite le vélin tendu, souriant aux mots du brumeux Bourguignon et répondit du tac au tac :
— Je vous qu'en terme d'insultes, vous n'êtes pas en reste. Arrogante dites-vous? Et pourquoi donc? Votre... ce que vous voulez, tout mot sortant de ma bouche étant un sarcasme à vos oreilles, Bazin a fui à peine élu. Et pourquoi? Parce que le Collège de la Noblesse avait usé de l'une de ses prérogatives et a rendu un avis. Un avis, rien donc de coercitif. A croire que votre ce-que-vous-voulez avait tout prémédité.

Finalement, elle prit le parchemin, le déroula et en prit connaissance. A la fin de sa lecture, elle demeura un instant songeuse et demanda :
— Combien de temps ai-je pour répondre à ceci?

Avisant Lenada et Olivier1er, elle les salua avant de reposer ses yeux sur Niflheim.
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Niflheim
Niflheim souriait plus du regard que des lèvres, surtout quand il entendit une voix assez familière un peu plus loin. Lenada venait assister au spectacle, mais le jeune homme reporta son attention sur la duchesse, véritable centre d'attraction icelieu puisque ses réponses aux pourparlers devaient décider de la suite des événements et du comportement à adopter.
Mais ses réponses orales montraient une chose: Niflheim n'était pas le seul à aimer diatriber et à avoir certaines cordes sensibles.


-Que vous êtes sur la défensive! D'autant plus que le mot est aussi cynique que son sens est plaisant.
Comprenez bien que ce n'est pas seulement le Collège de la Noblesse qui l'a fait fuir. C'est un tout. Qu'auriez-vous fait, Madame, si toute la nobilitas de la région se liguait contre vous pour diffamer sur votre personne, sans preuves à l'appui - définition de la diffamation d'ailleurs - à chaque fois que vous aparaissez en public pour tenter votre chance à un poste quelconque important? Ajoutez à cela les véritables séides de ces soi-disants califes qui ne voient pas les fils qui les contrôlent, ainsi que la justice borgne de l'époque qui a pris l'affaire en main et vous aurez un certain avis de la frustration et de la colère que l'on est en droit d'éprouver.
En bref, ce ne sont pas les nobles en eux-mêmes qui l'ont fait fuir, car nous en avons l'habitude depuis janvier, mais la lassitude. Maintenant, par "dicéphilie", par "amour de la justice", il revendique ce qu'il n'a pû avoir auparavant car on a pas voulu lui donner.


Il croisa enfin les jambes, puis les bras, se mettant bien en face de son interlocutrice, avant de reprendre:

-Je ne vous impose aucune limite de temps. Mais je suppose que vous êtes assez perspicaces pour savoir que plus vite vous répondrez, plus vite cet épisode regrettable finira.
Post scriptum: bouffonerie et funestes circonstances pour désigner une même manoeuvre? Oxymore non? Lequel des deux est le plus vrai?


Il se remit en face de la table, ne perdant pas cet air de bonhomie facial, reprenant son écriture, et quelques temps après, envoyant son corbeau avec le parchemin à sa patte.
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Ingeburge
Son regard ne cilla point tandis qu'il lui répondait, plus ou moins amusé. Plus ou moins car tous deux savaient combien ce badinage était en fait empreint de gravité.

Elle dit :

— Je m'étonne de ce que vous me demandez ce que je ferais si j'avais tant de monde ligué contre moi.. après tout, Bazin n'y est-il pas habitué, n'est-il pas rompu à l'exercice? Et il l'est d'autant plus qu'il met tout en œuvre pour provoquer cette répulsion qui d'un coup serait trop lourde à assumer. Allons donc, après avoir été évincé de Cosne, il ne me semble pas qu'il se soit enfui.
Le fait qu'aujourd'hui, alors qu'il avait été légalement élu et qu'il ne pouvait anticiper mes réactions, il a chois de prendre la poudre d'escampette non sans avoir dérobé un argent qui ne lui était nullement dû. Et pas quelques milliers d'écus, non, la totalité. Et pourquoi? Donner une leçon. Mais la leçon était déjà donné, la Bourgogne qui a toujours prétendu servir et guider a bien été attrapée puisqu'il a réussi à être élu.
Alors; le mot justice, je le prends pour une insulte car je ne vois là que de l'égoïsme et peu de respect pour les gens ayant cru en lui.


Se faisant remettre son écritoire de voyage, à son tour, elle rédigea une missive :
Citation:

    A Bazin de la Clapiote, fugitif,
    Salutations et bénédictions.



    Monsieur,


    Votre goût est déplorable. Quitte à dépenser un argent qui n'est pas le vôtre, pensez à acquérir un hôtel plus idéalement placé. Je puis comprendre que la proximité des Alpes puisse vous émouvoir mais enfin, Chambéry... c'est ennuyeux. Je n'y garde moi-même que des souvenirs mitigés, de la douane en particulier à qui je répondis que mon équipement se composait de savon d'Alep, de parfum au Lys de Florence, de dentelles vénitiennes, de gants en cuir de Cordoue, de soieries lombardes et de dragées provençales après en avoir reçu la demande par le biais de l'un de leurs fameux courriers pédagogiques. Je n'ai curieusement eu droit à aucun retour.
    Alors, non seulement la ville suinte l'ennui mais en plus, ses douaniers n'ont aucun sens des convenances.

    Sur vos exigences maintenant.
    Vous demandez une immunité diplomatique afin de négocier. Si jamais je répondais positivement à votre requête, vous comprendrez aisément que cette immunité ne pourrait prendre en compte vos actes passés, notamment le pillage des caisses de Dijon. Alors, si vous revenez, et je vous y invite, vous ne serez pas jeté en prison, cela va sans dire, les lettres de cachet n'emportant que peu mes suffrages.
    Oui pour le dialogue donc, communiquez donc moi le lieu de cette rencontre au sommet. Et non, pas Chambéry qui bien qu'alpine ne me paraît pas être une ville à l'élévation avérée.


    Que le Très-Haut vous garde.

    SA Ingeburge von Ahlefeldt-Oldenbourg,
    Duchesse de Bourgogne.





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Niflheim
Niflheim prit la lettre de la duchesse et se permit de la lire, s'esclaffant légèrement devant le ton bonhomique de son écrit. Quelle habileté rhétorique! Faire semblant de ne pas prendre Bazin au sérieux, en évitant la plupart du temps ses réclamations dans la réponse, pour affirmer avec dédain l'insignifiance de son adversaire et lui faire prendre conscience de la stupidité de ses actes. Quelle belle présence d'esprit! Malheureusement, ce que Niflheim s'abstint de lui dire, c'est qu'elle venait de se lancer sur la pente stylistique la plus pratiquée par son ami. Les pourparlers par intermédiaire demeuraient prometteurs... Mais le garçon attendait davantage.

-Votre chère Eminence! Vous connaissez plus que moi l'hypocrisie, le ton mielleux et l'opportunisme de nos hobereaux. Croyez-vous sincèrement que malgré tout ce qu'ils pouvaient ou pourraient dire, ils allaient laisser leur pire ennemi au poste important de maire? Que nenni! Effectivement, et je le répète, nous avons tous l'habitude de leurs menaces qu'ils essayent constamment d'exécuter quand ils en ont une once de possibilité, puisqu'ils ne se sentent diriger que de cette façon: la violence, le langage de ceux qui n'ont rien à dire.
A Cosne, il n'a pas fui car alors il était inconnu dans la région, et par rapport à ce qu'on a enduré ensuite, toute accusation n'était que bagatelle. Mais maintenant que nos pseudos-hiérarques ont perpétuellement prôné la méfiance vis-à-vis de nous, Bazin est célèbre et n'a pas voulu voir l'événement de son éviction se répéter comme en janvier et février. Il n'a fait qu'anticiper leur réaction, non la vôtre. Car ce sont eux qui auraient prévu de reprendre la mairie. Vous, vous lui auriez laissé une chance, je pense. Et donc nos sang bleutés auraient agi sans votre consentement. Mais ça, ce n'est pas la première fois, je suppose.
Aussi, je ne vois que de l'altruisme de sa part d'avoir voulu épargner une éventuelle douleur dans les doigts de pied de nos opposants, étant donné qu'ils veulent les lui mettre dans le fondement...!


Et tout en parlant, il avait écrit quelques phrases sur une feuille pour accompagner l'Eminente lettre, pour enfin l'accrocher à la patte de son corbeau Munin qu'il envoya au loin. Il regarda la duchesse, non sans son air cynico-ironico-moqueur avant de se reporter sur un énième écrit.
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Niflheim
La réponse ne se fit pas attendre, et sitôt l'oiseau arrivé, sitôt la lettre donné. Bazin avait au moins la ponctualité et la rapidité pour lui. Bien sûr son corbeau y était pour quelque chose aussi. D'ailleurs, la légende voulait que son corbeau ait appartenu à Odin, le chef des dieux du panthéon scandinave, d'où son nom, Munin. Quoi de plus normal qu'avoir un piaf divin pour un homme dont le nom lui-même est issu de cette mythologie merveilleusement littéraire et évocatrice! Bref...!
Il se fit plaisir en lisant le parchemin, son air ne le quittant plus.




Ma chère et douce Duchesse - que le flamboiement de vos yeux illumine la flamme éternelle de l'Amour.

Concernant Chambéry, je suis bien d'accord. Mais n'a-t-on pas de tout temps écrit des fadaises sur les cartes illustrées ? Du genre "il fait beau, c'est super, je vais bien". J'ai d'ailleurs rapidement visité la ville avant que de reprendre la route. Cela dit, Chambery bénéficie d'une position centrale, à mi-chemin entre la France et l'Empire, entre le sud et le nord, entre mon arène et mon refuge. Idéal pour un petit pied-à-terre, et pour y laisser quelques babioles.

Je suis tout chagrin de constater que vous me prenez pour un pilleur et un fugitif. Voilà que vous pourchassez le plus fidèle pilier de votre trône, celui qui veut affermir le pouvoir et la suzeraineté du Duc - en l'occurrence vous, ma bonne et soyeuse Duchesse (que l'arc-en-ciel rougisse de vos milles et une couleur) - envers cette noblesse pervertie, qui non contente d'avoir renversée leur suzeraine - feue la Duchesse Esmeraaldaa - fabrique ses lois sur mesure et en usent contre le bon peuple, vos bons et loyaux sujets, ma gracieuse Duchesse.
Pire ! - et les larmes m'en coulent - certains de vos seigneurs bafouent la Justice chaque jour qu'Aristote fait. Les uns en permettant des assassinats politiques, comme ce traître de Théognis. Les autres en n'exécutant pas leur condamnation, comme ce repris de justice d'Olivier1er.

Concernant mon immunité, je vous proposais cette misérable mesure pour vous éviter les affres d'un voyage sur les chemins cahoteux et défoncés de la Franche Comté ; tout en mettant quelques sûretés sur ma vie, cela s'entend. J'en ai encore le fessier tout endolori. Mais soit ! Je vous communiquerais donc bientôt le lieu de notre rencontre. Peut-être bien la Franche Comté tant je répugne à vous demander un tel déplacement. A moins que vous me dépêchiez une délégation.

Je vous prie d'agréer, ma lumineuse et virevoltante Duchesse - que la houle d'un océan tropical façonne à jamais le ressac de votre souvenir à mon esprit - mes plus dévouées salutations.

Votre bon Bazin

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