Tecuani
[Hommage à Tezcatlipoca de la part de Tecuani,pouvait donc inclure quelques pratiques peu orthodoxes...]
Il était déjà bien tard lorsque Tecuani arriva enfin au Grand Temple de Tlaxcalla. Le soleil ne rougeoyait presque plus à l'horizon et la Lune blafarde avait fait depuis longtemps son apparition dans le ciel sans nuages,suivie,par endroits,des plus téméraires des étoiles. Montant les marches de pierre glacées avec rapidité,le Tlaxcaltèque,une étrange forme agitée par instants de violents soubresauts sous le bras,arriva bientôt devant l'autel. Lâchant son mystérieux chargement sur le sol,il le frappa du tranchant de la main,le faisant s'effondrer par terre dans un bruit mat. Puis il se mit dans une posture éminemment pieuse,et entama sa psalmodie en l'honneur du Tezcatlipoca,le Miroir Fumant - le dieu qu'il vénérait par-dessus tous,au point de lui sacrifier,quand elles en valaient la peine,ses victimes humaines et animales. Sa voix à la fois juvénile et sépulcrale s'éleva dans l'air frais du soir :
Ô Tezcatlipoca,Ipalnemoani ! Titlacauan !
Je viens aujourd'hui honorer mon allégeance envers toi
Et vais,ô Dieu des Dieux,t'offrir en sacrifice
Une âme pure,son sang délicieux et le mien !
Ilhuicahua Tlalticpaque,puisses-tu gouverner ce monde
Pendant des millénaires et nous guider dans ton Eternel Chaos !
Je t'implore,ô Tezcatlipoca,d'accepter mes maigres offrandes
Et te promets,Dieu Tout-Puissant,de servir ta cause jusqu'au Mictlan !
Je suis entièrement dévoué à ta Gloire,ô Tloque Nahuaque !
Sa prière finie,Tecuani se saisit de la masse inerte qu'il avait amené avec lui,et qui à cet instant précis se remit en mouvement. Un rayon de lune vint illuminer la scène : la masse en question était un pécari de bonne taille,qui tentait avec une hargne étonnante d'échapper à celui qui comptait l'offrir en sacrifice à son dieu cruel. Trop tard cependant ; Tecuani avait déjà détaché son large couteau d'obsidienne de sa ceinture,et s'était saisi de sa proie en la serrant avec une force que ses bras osseux ne laissaient pas soupçonner. Il leva bien haut la lame d'un noir de jais,qui brilla d'un sinistre éclat à la lueur de la Lune,et l'abattit prestement sur la jugulaire de l'animal. Celui-ci poussa un atroce glapissement qui brisa pendant quelques secondes le silence de la nuit,tandis que de grandes gerbes de sang jaillissaient avec puissance de sa gorge béante. Puis le calme revint,et le cadavre s'affaissa sur les pierres humide de liquide pourpre,éclaboussant le pieux meurtrier qui,conformement à la promesse faite au dieu,s'ouvrit d'un grand coup de couteau la paume de la main gauche,mélangeant son sang à celui de sa victime animale,et entrant ainsi en communion avec l'ensemble de la Création Divine. Alors,sans se soucier le moins du monde de sa main dégoulinante,suçant même par instants la plaie ouverte avec une délectation sauvage,il entreprit d'ouvrir le ventre de la chétive créature,puis d'en retirer le coeur avec d'infinies précautions. Lorsqu'il en eut extrait le frêle palpitant,il alla chercher une des torches qui illuminaient l'autel de Quetzalcoatl,et entreprit de brûler le muscle béni. Tandis que le feu affamé commençait à mordre la chair tendre,Tecuani se saisit du coeur qui s'embrasait et le souleva bien haut de sa main valide,offrant aux possibles rêveurs qui admiraient le temple à cet instant la vision d'une longue flammèche sortie de nulle part,et comme désirant rejoindre les dieux dans leur demeure céleste. Enfin,avant que le coeur ardent ne s'éteigne tout à fait,il le replongea dans le cadavre,transformant celui-ci en un brasier fumant d'où s'exhalaient mille vapeurs délétères et volutes méphitiques. Tecuani se prosterna alors devant la carcasse brûlante,puis se leva promptement et descendit les marches du temple de Tlaxcalla sans un bruit,avant de disparaître sous les ténébreuses frondaisons de la jungle...
Il était déjà bien tard lorsque Tecuani arriva enfin au Grand Temple de Tlaxcalla. Le soleil ne rougeoyait presque plus à l'horizon et la Lune blafarde avait fait depuis longtemps son apparition dans le ciel sans nuages,suivie,par endroits,des plus téméraires des étoiles. Montant les marches de pierre glacées avec rapidité,le Tlaxcaltèque,une étrange forme agitée par instants de violents soubresauts sous le bras,arriva bientôt devant l'autel. Lâchant son mystérieux chargement sur le sol,il le frappa du tranchant de la main,le faisant s'effondrer par terre dans un bruit mat. Puis il se mit dans une posture éminemment pieuse,et entama sa psalmodie en l'honneur du Tezcatlipoca,le Miroir Fumant - le dieu qu'il vénérait par-dessus tous,au point de lui sacrifier,quand elles en valaient la peine,ses victimes humaines et animales. Sa voix à la fois juvénile et sépulcrale s'éleva dans l'air frais du soir :
Ô Tezcatlipoca,Ipalnemoani ! Titlacauan !
Je viens aujourd'hui honorer mon allégeance envers toi
Et vais,ô Dieu des Dieux,t'offrir en sacrifice
Une âme pure,son sang délicieux et le mien !
Ilhuicahua Tlalticpaque,puisses-tu gouverner ce monde
Pendant des millénaires et nous guider dans ton Eternel Chaos !
Je t'implore,ô Tezcatlipoca,d'accepter mes maigres offrandes
Et te promets,Dieu Tout-Puissant,de servir ta cause jusqu'au Mictlan !
Je suis entièrement dévoué à ta Gloire,ô Tloque Nahuaque !
Sa prière finie,Tecuani se saisit de la masse inerte qu'il avait amené avec lui,et qui à cet instant précis se remit en mouvement. Un rayon de lune vint illuminer la scène : la masse en question était un pécari de bonne taille,qui tentait avec une hargne étonnante d'échapper à celui qui comptait l'offrir en sacrifice à son dieu cruel. Trop tard cependant ; Tecuani avait déjà détaché son large couteau d'obsidienne de sa ceinture,et s'était saisi de sa proie en la serrant avec une force que ses bras osseux ne laissaient pas soupçonner. Il leva bien haut la lame d'un noir de jais,qui brilla d'un sinistre éclat à la lueur de la Lune,et l'abattit prestement sur la jugulaire de l'animal. Celui-ci poussa un atroce glapissement qui brisa pendant quelques secondes le silence de la nuit,tandis que de grandes gerbes de sang jaillissaient avec puissance de sa gorge béante. Puis le calme revint,et le cadavre s'affaissa sur les pierres humide de liquide pourpre,éclaboussant le pieux meurtrier qui,conformement à la promesse faite au dieu,s'ouvrit d'un grand coup de couteau la paume de la main gauche,mélangeant son sang à celui de sa victime animale,et entrant ainsi en communion avec l'ensemble de la Création Divine. Alors,sans se soucier le moins du monde de sa main dégoulinante,suçant même par instants la plaie ouverte avec une délectation sauvage,il entreprit d'ouvrir le ventre de la chétive créature,puis d'en retirer le coeur avec d'infinies précautions. Lorsqu'il en eut extrait le frêle palpitant,il alla chercher une des torches qui illuminaient l'autel de Quetzalcoatl,et entreprit de brûler le muscle béni. Tandis que le feu affamé commençait à mordre la chair tendre,Tecuani se saisit du coeur qui s'embrasait et le souleva bien haut de sa main valide,offrant aux possibles rêveurs qui admiraient le temple à cet instant la vision d'une longue flammèche sortie de nulle part,et comme désirant rejoindre les dieux dans leur demeure céleste. Enfin,avant que le coeur ardent ne s'éteigne tout à fait,il le replongea dans le cadavre,transformant celui-ci en un brasier fumant d'où s'exhalaient mille vapeurs délétères et volutes méphitiques. Tecuani se prosterna alors devant la carcasse brûlante,puis se leva promptement et descendit les marches du temple de Tlaxcalla sans un bruit,avant de disparaître sous les ténébreuses frondaisons de la jungle...