Ils sont arrivés... Sur un cheval volé!

La ville approchait a chaque pas, dans chaque flaque boueuse foulée par le cheval, a chaque battement de cil des deux compagnons. Enfin, Compagnons n'était peut être pas le mot idéal, chien et chat aurait été plus approprié. Des lors qu'ils s'étaient connus il y a de cela fort longtemps, ils ne s'étaient plus lâchés. Leur périple les avait menés de l'Anjou a la Touraine, du Berry à la Bourgogne... La bourgogne! Destination finale de ce voyage, ou Sadnezz devait rejoindre sa marraine et meilleure amie Nanane, qu'elle n'avait pas vue depuis une éternité. D'abord Cosne, puis Sémur et enfin Dijon. Apres leur passage chez les Stazzi, - ou ce cher Eroz avait volé deux magnifiques montures - Sadnezz s'attendait a avoir des ennuis, mais il n'en fut rien. Une chance, car après avoir vendu l'une des bêtes et s'être grassement remplie la bourse, ils avaient enfin pu dormir dans des auberges décentes, manger de la viande - Ho luxe suprême - et se laver un peu.

Sad s'était faite a l'idée que de toute manière, elle était fugitive, et ce bien avant s'être mise en cavale avec Eroz pour n'avoir pas respecté leur arrangement avec la famille Stazzi. Sadnezz voyageait encore sans carte, mais avait le sentiment d'être arrivée en la capitale Bourguignonne. Un gamin de Semur leur avait indiqué qu'elle était la prochaine ville a deux lieu vers l'est. Sadnezz, en selle au devant d'Eroz sur le même cheval, observa l'entrée de la ville. Le calme régnait à cette heure matinale, mais une pensée ne la quittait pas. C'était heure de marché.

Chassez les vieux démons, ils reviennent au galop n'est-ce pas? Aussi la brune n'avait pas passé son engouement pour les marché foisonnants, les vendeurs à la sauvette, le marchandage au dessus d'une belle étoffe... Il lui fallait une ceinture. Elle suivit les rumeurs des villageois, les gamins qui courraient, l'odeur du pain chaud... Et arriva sur la place du marché. Là, son sourire se fit grand même si les étals n'étaient pas bien conséquents.

- On est arrivé, on va se poser ici pour la nuit et trouver une auberge. Un travail aussi serait pas de refus.

Elle mit pied à terre et s'engouffra sans plus de cérémonie dans une allée du marché, se faufilant entre les gens, à la recherche de sa ceinture.
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" un couteau de bonne facture "....voilà à quoi songeait Occi en marchant d'un pas rapide dans le marché ;certes depuis que Bazin l'avait allègrement pillé ,les étals n'étaient pas aussi bien achalandés ,mais les Dijonnais parvenaient à se nourrir ,et aucune menace de famine ne pesait sur la ville .

Le nouveau maire ,Asclépiade ,à qui il avait bien fallu ouvrir les portes ,ne ménageait pas ses efforts pour renflouer les caisses de la mairie ....

Une charrette à bras lourdement chargée passa devant la jeune femme ,l'éclaboussant au passage ,et l'obligeant à ralentir quelque peu l'allure .
Occi baissa les yeux sur ses braies et grommela quelques paroles inaudibles.


Elle était à présent parvenue devant les étals des tisserands ,au bout de la rue se dressaient les étals des forgerons ;elle pressa à nouveau le pas ,la journée n'était pas bien avancée mais elle ne manquait pas d'ouvrage ;son œil fut soudain attiré par la silhouette d'une femme qui déambulait à quelques pas ;elle plissa les yeux ...cette allure ne lui était pas inconnue et lui rappelait une femme qu'elle avait connue autrefois, il y a bien longtemps déjà...une amie de Rani...Rani qui d'ailleurs avait hélas rendu l'âme .

Occi soupira ,voilà qu'elle était si fatiguée qu'elle se mettait à divaguer : on aurait dit une vieille villageoise qui ressassait ses souvenirs .
Il fallait se rendre à l'évidence ,il était presque impossible que Sadnezz ,puisque c'était à elle qu' Occi songeait ,soit en Bourgogne ....Occi voulut cependant en avoir le cœur net et s'approcha de la femme qui marchait devant elle . Sa robe rouge accentuait la ressemblance ...Occi la héla :

" oh là...le bonjour !"
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ex-bailli , ex Porte-parole du Duché d'Anjou , ambassadrice auprès du Languedoc pour la Bourgogne

Penchée sur une ceinture, la retournant et la regardant sous toutes les coutures, Sadnezz ne vit pas approcher la femme qui la héla.

" oh là...le bonjour !"

Sadnezz posa sa ceinture et eût quelque crainte a faire volte face... Apres tout ce pouvait être une personne envoyée par les Stazzi ou encore une connaissance de "là bas". La veille elle avait bien croisée la petite Ludi qui parlait régulièrement à Ricks... Ces rencontres étaient toujours aussi inattendues que troublantes. Elle se retourna donc, méfiante. Face à elle un visage connu... Occitane! Ses traits se décrispèrent et un sourire se dessina.

- Le bonjour délicieuse inconnue...!

Elle éclata de rire.

- ça alors, je ne dirais jamais assez que le monde est petit!

Occitane c'était le passé, l'Anjou, mais pas l'Anjou sous sa forme douleureuse, juste le bon vieux temps. Que faisait-elle ici?! en Bourgogne? Elle qui fut si impliquée en Anjou? Sadnezz déposa quelques écus sur l'étal du tisserand en déclarant " je la prend" , puis se mit bien face à Occitane pour mieux la voir.

- Occitane, quelle surprise, mais... que fais tu ici?!


Sad avait remit ses vêtement rouges, ne résistant pas longtemps à l'envie de se sentir a nouveau "elle" et pas cette fuyarde mal peignée qui courrait les campagnes depuis tant de temps... C'est peut être ce qui avait fait qu'Occitane l'avait reconnue, elle qui fut longtemps le chaperon rouge...
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Occi pouffa :

" délicieuse inconnue ! ben dis ,rien que ça ! me voilà bien contente de te voir Sadnezz ,ça faisait longtemps .....je sais même plus quand l'on s'est vues la dernière fois tiens !"

Occi regarda la ceinture que tenait la femme .

" tu peux l'acheter sans crainte ,les tisserands travaillent bien ...le marché n'est pas des mieux achalandés comme tu peux voir mais la qualité est là.... Vu ce qui s'est passé dernièrement...Bazin qui a fait des siennes ..."

Elle soupira :

" quant à te dire ce que je fais ici ,c'est une longue histoire ,ma belle ..."

Un nuage assombrit son regard noisette :


" j'ai quitté l'Anjou car on peut plus rien y faire ...tout est verrouillé ...concentré dans les mêmes familles qui se partagent le gâteau sans en laisser une miette...je voulais m'établir en Provence mais la vie en a décidé autrement ...et ma foi je ne regrette pas de m'être installée en Bourgogne ...la vie y est douce ...et le vin fort bon ma foi !"

Elle sourit ,puis ajouta :

" décidément ,la Bourgogne devient un refuge pour Angevins perdus ! mais ...et toi ,quel bon vent t'amène ?tu voyages seule ?"

La foule du marché bruissait de mille murmures ; un chien boiteux s'approcha et la jeune femme le renvoya au loin d'un geste de la main .
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- Bon vent, Bon vent... c'est vite dis. Le tourbillon de la vie Occi. l'Anjou est une terre de malheur, plus j'en suis loin, mieux je me porte... J'ai ouïe dire pour Bazin, coup dur pour la ville. Pour ma part je voyage avec un ami, d'ailleurs je ne sais pas ou il est allé se fourrer encore, j'espère qu'il a trouvé une auberge, nous passerons quelques jours à Dijon.

Elle sourit. La vie était des plus surprenante, chaque jour apportait son lot d'étonnement. Il lui sembla qu'Occi en avait aussi a raconter sur ce qui l'avait mené ici, et cela promettait des conversations féminines des plus riches... Pour la brune qui n'avait pa parlé a une femme depuis des jours, tout cela était bien plaisant. Sadnezz se rapprocha de la blonde et lui murmura à l'oreille:

- Si tu as encore des contacts en Anjou, fais moi plaisir... Ne dis pas que tu m'a vue.

Puis se redressant avec un franc sourire elle ajouta a voix basse:

- Pour vivre heureux, vivons cachés...

Après un bref coup d'oeil aux alentour elle déclara bien haut cette fois:

- Le vin fort bon dis-tu? Je n'en demandais pas tant! La journée s'annonce belle et commence fort, je sens qu'elle finira en beauté, j'ai hâte de trinquer a ces retrouvailles dans une bonne taverne! Je te raconterais plus en détail ce qui m'a mené ici. En attendant, sais tu ou je pourrais travailler pour aujourd'hui?
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" pour sûr que je sais ! je te propose de travailler chez moi ,je partais justement accrocher une annonce à la mairie !"

Occi fit mine de regarder de plus près la ceinture et se pencha légèrement :


" des contacts en Anjou ...si tu savais ...j'en n'ai plus guère ,je crains bien qu'on ne m'y ait oublié ...un temps j'ai eu des nouvelles de Rani mais tu sais que....hum...elle n'est plus....quant aux autres....quelques Fléchois pensent encore à moi,c'est bien tout ! alors tu peux dormir tranquille ,je ne t'ai pas vue...et le seul Angevin qui s'est établi ici avec moi ,l'est devenu encore plus Bourguignon que moi !"

Elle avait noté les regards aux alentours de Sadnezz et se demanda pour quelle raison cette dernière semblait sur ses gardes ,mais n'en montra rien . Elle désigna du doigt un coupon de tissu et haussa la voix à nouveau :

" voilà un joli morceau de drap des Flandres ma foi il ferait une houppelande des plus convenables ....il faudra que je songe à en acquérir une d'ailleurs..."

Elle apprécia la douceur de l'étoffe du plat de la main :

"tu fais bien de ne pas voyager seule ,c'est plus prudent ,les voyageurs isolés et à pied sont une proie facile pour les malandrins qui rôdent ...car tu es à pieds je suppose ? les charrettes sont si peu pratiques ... et les chevaux si coûteux ...ton ami ne doit pas être loin , et il n' y a pas encore trop de monde sur le marché,donc vous devriez vous retrouver sans problème ... "

Elle enleva sa main :

"quant à l'auberge ,la seule que je connaisse ici ,c'est celle du Chat Borgne ,la cuisine y est goûteuse parait-il...la femme qui tient ça a débarqué ici un beau matin ,elle est un peu bizarre, et je suis pas sûre qu'elle soit des plus honnêtes,car c'est pas toujours bien famé , mais les voyageurs qui y dorment semblent satisfaits...en tous cas aucun ne s'est plaint à moi !"

Elle sourit à nouveau :

" cela dit ,si tu ne sais où dormir ,je peux te proposer un coin de mon échoppe ,c'est pas le grand luxe mais si ça te convient....si en plus tu acceptes de travailler chez moi...t'aurais pas loin à aller ...pour trinquer à nos retrouvailles !"

La foule était toujours assez clairsemée ,les quelques passants jetaient de brefs coups d'œil aux tissus mais peu semblaient décidés à acheter ce matin ; seul un homme s'approcha ,demandant d'une voix forte et autoritaire au tisserand derrière son étal s'il vendait une paire de chausses brodées .
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Sadnezz fut rassurée des paroles d'Occi concernant l'Anjou et sa dernière phrase la fit rire. La bourgogne semblait être une terre des plus accueillante, et bien que la Corleone avait apprit a ne pas se fier aux apparences, elle eût le sentiment qu'elle s'y établirait sans encombres.

- Merci pour ton accueil ce serait avec plaisir que je t'embêterai un peu chez toi, ce sera toujours plus chaleureux qu'être anonyme dans une auberge, si renommée soit-elle. Puis entre nous, en termes d'auberges et d'hôtes douteux , je crois que je suis rodée!

En regardant l'étoffe qu'Occi tenait, elle ne put s'empêcher de se dire qu'elle avait bon gout. Peut-être aimait-elle autant que Sad les belles pièces de couture. Sadnezz reprit donc:

- Seule ou accompagnée je n'ai jamais eu de soucis, sauf peut être une petite altercation il y a fort longtemps vers Aurillac, mais il est vrai que j'aime bien avoir de la compagnie. Celle ci n'est pas de tout repos car nous avons tendance a nous crêper le chignon, mais rien de bien méchant; preuve en est: je ne l'ai pas laissé sur le bord d'une route! Et nous ne sommes pas à pied non, Mon ami a... emprunté une monture.

Elle éclata d'un rire sonore qui fit sursauter une petite vieille tout près.

- Le retrouver ne sera pas difficile, je suis persuadée qu'en entrant dans la première taverne que je verrais, je le l'apercevrai assis près d'une jolie damoiselle, à regarder d'un peu trop près son décolleté... Ha ces hommes...

Elle repensa à la mésaventure d'Eroz avec Pampinea, ce qui la fit sourire un peu jaune. Au fond, si ils en étaient là, c'était de la faute de cet espèce de... Bref.

- Bon allez j'ai trouvé ce que je voulais ici! Je commence quand?
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" tout de suite ! "

Occi sourit en voyant une villageoise sursauter lorsque Sadnezz rit joyeusement :

" viens je vais te montrer où j'habite ...tant pis pour le couteau que je comptais acheter......j'ai déjà ceux que j'ai achetés hier à la mairie ,ils feront l'affaire pour le moment ! il vaut mieux que tu commences tôt les jours ont déjà bien raccourci ...de plus j'ai un seau à finir ,j'ai promis à Lohan qu'il serait prêt demain "."

Elle indiqua la direction à prendre du bras :

" passons par là ,c'est plus court ....et qui sait nous croiserons peut-être ton ami en chemin ....quel est son nom au fait ? "
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- Je me nomme Eroz, gente dame...

Il était arrivé dans le dos D'occitane pour la surprendre. Une blonde, il avait toujours aimé les blondes, autant que les brunes, et les rousses aussi. Sadnezz semblait la connaitre. Etrange, il savait qu'elle n'avait jamais mis les pieds à Dijon auparavant. Un connaissance du passé peut-être? Il fit le tour et la salua bien bas avant de murmurer à Sad sans lâcher la dame des yeux:

- Tu fais les présentation belle brune?

Il avait prit son ton railleur et son petit regard audacieux, apres tout , peut-être était elle célibataire! Ces femmes... Toujours à papoter! Une bonne demi heure qu'il les observait au milieu des chiffon à parlementer... Il avait eut le temps de laisser le cheval qu'il avait baptisé Isayie à l'écurie de la seule auberge de la ville. Auberge dans laquelle il passerait la nuit. Il vit que Sad grimaça à sa vue et venue . Décidemment elle était folle de lui.

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Et voila la cerise sur le gateau qui se ramenait. Sad esquissa une grimace et leva les yeux au ciel...

- Ha! T'es là toi? .... Occitane-Eroz , Eroz-Occitane. Voila t'es présenté, mais maintenant tu nous excuse on a du pain sur la planche!

Sad lui fit un sourire narquois et prit Occitane par le bras en faisant l'air de rien, montrant de l'index le coin de la rue.

- Par là tu m'as dis? Ho mais c'est bien joli cette façade là, et l'auberge est pas trop loin?

Puis après quelques pas elle fit brièvement Volte face et avec un petit air hautain elle lança au brun:

- Ha au fait! Ce soir tu pieutes tout seul, j'ai trouvé refuge chez mon amie. Je suis sûre que tu apprécieras le moelleux d'une couche au "chat borgne".

-Puis entre ses dents-

N'oublies pas que je ne t'ai pas fait payer notre petite mésaventure du domaine des Stazzi...T'as pas fini d'en baver mon vieux!

Ho non elle n'etait pas de nature pimbêche... Mais tres rancunière. Au fond elle l'aimait son Eroz, enfin comme on aime son chat ou sa cho... Rhoo... Bon d'accord elle l'aimait comme un cousin. D'ailleurs il se faisait souvent passer pour son cousin, allant même jusqu'à se prétendre Corleone, ce qui avait le don d'exaspérer Sad. Elle avait du mal à supporter ses frasques qui les menaient toujours dans des trous perdus, des histoires rocambolesques et autre... C'est qu'elle avait passé l'âge! Alors c'etait de bonne guerre...
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Occi n'avait pas entendu l'homme arriver tout occupée qu'elle était à discuter avec Sadnezz ;elle tressaillit lorsqu'elle sentit une présence dans son dos ,et elle n'avait pas eu le temps de se retourner que déjà il était devant elle , l'œil effronté et la parole railleuse ;elle se dit qu'entre ces deux -là ,il devait y avoir bien des choses qu'elle ignorait ,et sans doute quelques tensions au ton qu'employa Sadnezz pour le lui présenter .

" enchantée ,messire...c'est donc vous le compagnon de voyage de Sadnezz..."

L'homme avait le regard de ces hommes sûrs d'eux ,habitués à obtenir tout ce qu'il voulait ,à commencer par les conquêtes féminines qu'il devait sans nul doute collectionner ,à l'insu hélas certainement de Sadnezz;
Occi rosit puis grimaça un sourire pour tenter d'échapper à la revue en règle dont elle se sentait l'objet :elle se dit que ce n'était sans doute pas une bonne idée que de l'inviter chez elle vu l'homme qu'il semblait être: Sadnezz ne semblait pas en avoir envie ,et elle pas guère plus ,tenant à sa réputation qu'elle espérait bonne, et elle ajouta donc,mentant délibérément :

" cela me gêne terriblement de vous envoyer vers l'auberge ,vous allez penser que je ne veux point vous accueillir ,mais il n'en est rien ...je vous aurai volontiers accueilli ..."

Sa gêne entre temps avait disparu et elle parlait avec assurance ,de cette voix un peu plus haut perchée que d'habitude qu'elle adoptait toujours en pareil cas .Elle soutint le regard de l'homme ,un léger sourire à la commissure des lèvres.

"en voilà un qui va tomber de haut " pensa t'-elle " s'il croit que je vais tomber dans ses filets ..."

Elle lui fit un large sourire :

" c'est vrai que nous avons à faire...Sadnezz que je connais depuis longtemps travaille chez moi aujourd'hui ,j'allais lui indiquer le chemin ...nous passons d'ailleurs devant l'auberge du Chat Borgne ...si vous voulez je peux vous y conduire par la même occasion..."

Elle faillit se mordre la lèvre : c'était là sans doute la phrase de trop : il allait bien s'apercevoir qu'elle cherchait à l'éviter ,et par Aristote qu'allait-il en conclure ...et puis ,de quelle mésaventure venait de parler sa brune amie...après tout, ,"belle figure ne fait pas d'un maraud honnête homme " : cette phrase qu'elle avait souvent entendu lui revint en mémoire ,et elle reprit donc sur un ton léger pour donner le change :

" il faudra Sadnezz que tu me contes tout ce qui t'est arrivé depuis Angers...je suis partie d'Anjou depuis si longtemps !"
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Visiblement sa petite soirée tombait à l'eau... Mais il en fallait plus pour abattre Eroz, et il avait repéré un lot de consolation à l'auberge un peu plus tôt... Aussi il ne s'offusqua pas du refus d'Occitane et sourit à ses paroles. Elle était gênée, cela se voyait comme le nez au milieu de la figure.

" c'est vrai que nous avons à faire...Sadnezz que je connais depuis longtemps travaille chez moi aujourd'hui ,j'allais lui indiquer le chemin ...nous passons d'ailleurs devant l'auberge du Chat Borgne ...si vous voulez je peux vous y conduire par la même occasion..." Avait-elle dit.

Il se gratta un peu la tête puis rétorqua:

-Ho ça ira, j'ai deja bien assimilé le chemin ... -Petit regard à Sad- Je sens que ça me servira grandement pour les jours à venir.

Apres tout si elles ne voulaient pas de lui, il n'allait pas s'entêter, et puis avec Sadnezz il valait mieux être prudent. L'approcher de trop pres lui donnerait bonne occasion de se venger. Tant pis pour son amie, elle ne savait pas ce qu'elle ratait! Elle s'adressa à Sadnezz qui ne pipait plus mot:

" il faudra Sadnezz que tu me contes tout ce qui t'est arrivé depuis Angers...je suis partie d'Anjou depuis si longtemps !"


Eroz ne pût retenir un petit toussotement. Ha des choses à raconter..Il y en avait! Il tata le fond de sa poche où quelques s'entrechoquèrent dans un bruit mat. Il était temps de prendre une bonne cuite ... Il salua Occitane et lui fit un baise main . Avant de prendre congé, il dit:

- Que votre soirée soit douce dame, et si vous avez besoin de moi... Vous connaissez l'adresse.

Il fit un clin d'oeil à Sadnezz qui virait cramoisie comme sa houppe et fila.

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Occi manqua de s'étrangler en avalant sa salive :


" il est bien sympathique lui , mais il ne manque pas d'air dis donc ! sa confiance en lui est si haute que je gage que c'est un Angevin....il est comme certains ...euh...certaines ....qui ne doutent pas une seconde de leur omniscience....lui ne doute pas de son charme"

Elle secoua la tête et ajouta :

" enfin j'exagère ,tous les Angevins ne sont pas ainsi ,j'en connais de très bien...et puis laissons -les là où ils sont....suis moi ,du boulot nous attend ,et une bonne bouteille aussi...tu me diras tout ce qui t'est arrivé ...."

Elle sourit malicieusement :


" si toutefois tu trouves plus d'attrait à l'Auberge du Chat Borgne ...je comprendrai ,et j'en connais un qui s'en plaindra pas ...allons je te taquine ..." termina t'-elle en voyant le teint cramoisi de son amie .

Les deux femmes avançaient côte à côte dans la foule clairsemée .

" tournons là ,on est presque arrivées...."

Un étal de fruits leur dissimulait une petite rue qu'Occi désigna du doigt.

" c'est une toute petite ruelle ,on la voit pas toujours , à moins de connaître son existence ,mais elle a le mérite d'amener à quelques pas de mon échoppe...après ,elle est assez sombre même à c'tte heure..."
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Sadnezz suivait Occi en silence, réfléchissant a milles choses. Leurs pas les menèrent dans une petite rue sombre, qui n'était pas sans rappeler la rue de l'auberge miteuse ou elle avait passé la nuit à sa sortie des bois du Berry... La journée s'annonçait remplie, et Sad avait hâte de commencer à travailler chez son amie, histoire de la remercier de son hospitalité. S'installer en Bourgogne? pourquoi pas...
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La rue débouchait sur une petite place qu'on apercevait dans le rectangle de lumière quelques mètres plus loin ; Occi évita de justesse une flaque boueuse et fit un signe de tête à son amie pour lui désigner la pancarte qui oscillait au dessus d'elles :

" tiens ,tu vois elle est là l'auberge....pas loin de chez moi somme toute !"

Une femme se tenait sur le seuil ,appuyée contre le mur ;elle était petite et trapue et sans doute plus très jeune à en juger sa peau toute plissée .
Occi chuchota :

" c'est la patronne ,la Crapaud....me demande pas d'où lui vient ce nom ,j'en sais rien...."

Elles étaient à présent arrivées au bout de la rue et Occi traversa la place pour s'arrêter devant une porte en bois ornée d'un lourd marteau en bronze.

" bon ,bienvenue chez moi ! nous sommes arrivées...je vais te faire visiter mais tu verras ,ce sera rapide !"

Sadnezz ne parlait plus guère depuis que son compagnon s'était éclipsé ,et Occi n'insista pas plus .

La porte se referma sur elles ,et l'on n'entendit bientôt plus que les cris un peu éloignés des marchands .
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ex-bailli , ex Porte-parole du Duché d'Anjou , ambassadrice auprès du Languedoc pour la Bourgogne