Ils étaient au pas, l'homme semblait s'être calmé, quelle sensibilité pour un homme chevalier, malgré un entrainement ardu pour savoir tout affronter, il n'en restait pas moins des hommes sensibles, ou alors l'en étaient-ils d'autant plus ? L'homme s'était revigoré à vue de nez, et il lançait maintenant son cheval dans un trot rapide, Sinople suivit, accrochant fermement la vouge qu'il avait prit a un homme d'arme de la ville, ce qui lui semblait aujourd'hui il y avait des ages de cela. Puis ils passèrent au galop, son hongre tirait le mord, il lui semblait que la bête n'avait qu'une envie, rivaliser dans la course avec l'autre cheval, ou encore que son seul désir était de jeter a bas le cavalier inexpérimenté qui pesait sur son dos tel le fardeau d'un fuyard.. Sinople le retenait du mieux qu'il pouvait, l'autre levait bien trop la croupe dans son galop, il cherchait a le désarçonner, quelle sale bête il avait en fait trouvé ! Ha le bougre de canasson ! Alors qu'ils continuaient sous le couvert des arbres, les branches basses se mirent à menacer, les feuilles des chênes qui restaient encore lui griffait le visage, les ramifications infinies des arbres lui giflait les joues, lui écorchait le nez, lui pinçait les paupières. Alors Sinople sentit venir en lui une chose qu'il n'avait jamais ressenti, un élan du fond de son cur, son sang revenir a grand pas, l'esprit de son père, le rattraper et venir l'aider dans cette course pour la vie d'une femme, la vie d'un membre de la famille royale. Sous l'impulsion de ce sentiments, il serra un peu plus ses genoux contre les flancs de la bête, s'agrippa fortement aux crins de sa main gauche et y enfouit son visage, il sentit les poils de l'animal lui fouetter le visage, l'odeur de l'être équin lui emplir les narine, se mêlant a la légère odeur d'humus du bois, d'humidité de l'air. Il détendit tout son être, adaptant le placement de son corps a chaque seconde, pour moins gêner la bête dans sa course, et garder son torse le plus immobile possible, afin d'assurer sa propre stabilité. Il rattrapait l'homme qui le guidait dans les paysages sylvestres. Mais celui ci freina brusquement sa propre monture, et sauta a terre comme un être aussi agile que ceux qui peuplent les bois dans les légendes:
Sinople fut brisé dans sa concentration par ce changement de rythme inattendu et rectifia trop tard sa vitesse, il dépassa l'homme avant de revenir au trot sur ses pas, son cheval tournant sur lui même en piaffant son envie de continuer sa course malgré sa fatigue. Et Sinople, abandonné par son instinct, de redevenir maladroit et ayant du mal à tenir l'alezan:
" Son collier ! Son collier est là ! "
L'autre se redressa de la terre froide et dure, montrant dans son poing levé un collier d'une splendeur qui ne pouvait être que royale. Un collier qu'il n'avait vu qu'une seule autre fois, pendant entre les seins de la femme de la place, celle du 4 décembre, la princesse, paire de France puisque GMF, dame Armoria.
Sinople resta de marbre devant la découverte, glacé par l'effroi et le cur battant de l'excitation de se savoir sur la bonne route. l'autre lui fit signe de mettre pied a terre, puis ils accrochèrent les chevaux piaffant a une arbre, Sinople put alors voir, entre les arbres, une bâtisse abandonnée, plus loin sur une colline. Il serra sa vouge de ses deux mains, prêt a s'approcher du bâtiment, la découverte du collier et la vision d'un bâtiment ou la nature reprenait ses droits n'était pas un hasard, ne pouvait pas, ne devait pas être un hasard. L'autre lui murmura:
"Nous avons encore une chance de la trouver, ne faisons plus de bruit."
Il le suivit, il s'en allèrent lentement vers la chapelle, leur pas ou léger ou lourd, selon leur équilibre dans les brindilles et l'humus glissant, craquant de temps a autres, mettant le pied dans une zone de boue glissante. Puis ils s'approchèrent de l'entrée, traversant une petite zone découverte au pas de course, le bruit sourd de leurs pas se répercutant comme les trompes à Jéricho, véritable appelle aux armes pour tout opposant. Ils se mirent ensemble d'un côté de l'énorme portail de la chapelle, d'un bois qui était fait pour tenir les ages et les ages, comme la fois qu'il abritait. L'autre se pencha vers Sinople:
"Passez devant vous dis je ! Vous êtes un homme d'arme et moi un pauvre sot qui ne sait que pleurnicher."
Le doute envahit l'esprit de Sinople, cet homme se disait chevalier, et maintenant sot trouillard... Quelque chose ne collait pas... Un piège ? Il le garderait a l'il, une lame entre les épaules ne lui plaisait aucunement:
j'irais, mais restez ici et attendez que je vous appelle pour entrer.
Il poussa le lourd battant pendant ce qui lui sembla une nouvelle fois un age, il entra dans la pénombre du lieu. La lumière était filtrée et bouffée par la poussière et la crasse qui avaient obscurcit les vitraux brisés par endroits pendant de longues années. Une odeur anormale régnait dans le lieu. Sinople s'avança dans le bâtiment, longeant les murs pour aller vers le fond en faisant un détour. Régulièrement il se retournait pour voir si l'autre le suivait ou non. Et alors, au bout de quelques mètres, il la vue.
Recroquevillée comme chaton contre sa mère, le Grand Maitre de France n'avait plus rien de grand. Ses cheveux étaient collés par la sueur, de la paille y était entremêlée, de la paille qui devait venir de la couche sur laquelle elle était. Elle lui tournait le dos, ses vêtements déchirés laissaient voir une partie de son dos blanc comme la nacre, et de ses fesses rondes.
Regardant autour de lui pour voir si quelqu'un se cachait dans l'obscurité du lieux, il ne vit personne et se mit a écouter. A part la respiration du Pair, il n'entendait rien, rien que le temps qui passait. Alors, posant sa vouge, il s'accroupit auprès de la femme, lui saisit délicatement l'épaule et la secoua comme pour la réveiller, mollement mais avec une certaine vigueur. Il la mit sur le dos et put alors la voir entièrement. Tout ses attributs féminins étaient visibles par des déchirures, son visage bleu et tuméfié, la joue couverte par une croute fraiche qui cicatrisait une légère coupure infligée par une gifle forte, il vit aussi ses entraves, pieds et poings liés, si fort que les chaires en étaient attaqués ou irritées. Se saisissant d'un coutelas, il trancha les lien et allongea la femme, puis enleva son gilet en l'en couvrit, la couvrant de paille là où il ne pouvait lui offrir la protection du vêtements.
Si en d'autre temps, une femme ne l'aurait pas laissé indifférent, la scène le révoltait, l'indignait, la haine bouillait dans son sang, la rage écumait dans tout son être, et le tableau le révulsait. Il couru a la porte et fit a l'homme qui attendait toujours:
Elle est là, fouillez le bâtiment et allez chercher de l'aide, je reste ici avec elle et je vais tenter de faire ce que je peux, quitte à ce que l'un d'entre nous reste, autant que ce soit le grand guerrier. Magnez vous feignasse !