Darkaprincesse
Pour le retour de ses amis Cyrius et Wyky, la Baronne de Tracy conta en taverne au Troyen.
Qu'il était plaisant de voir autant de monde de retour à Troyes.
*-._.-* *-._.-**-._.-* *-._.-**-._.-* -._.-*-._.-* *-._.-*-._.-*Il était une fois .... *-._.-* *-._.-**-._.-* *-._.-**-._.-* -._.-*-._.-* *-._.-*-._.-*
Dans lancien temps, il y avait une vieille qui demeurait à Reims, dans le Duché de Champagne. Elle navait ni maison, ni logement, mais un trou qui était au pied d'un grand rocher sur un côté de la vallée. Elle était dans cet endroit-là depuis le temps de lhomme le plus vieux du voisinage, et elle navait pas changé une miette tout le long de ce temps-là. Elle navait aucun moyen dexistence, et on ne la vit jamais à une perche douverture du trou et les gens ne lui virent jamais apporter à boire et à manger, mais tous les gens de lendroit avaient idée quelle était une vieille sorcière. Et personne au monde, vieux ou jeune, pour or ni pour argent, naurait traversé Reims à la nuit noire. Il ny avait point de nuit dans lannée où les gens nentendissent de grands aboiements dans la vallée, comme sil y avait eu là des centaines de chiens à se battre.
Un jour, avant le lever du soleil, un vieillard qui sappelait Murrchadh Ruadh 0 Conchubhair traversa Gleann-na-mBiorach avec une gerbe davoine pour la donner à un taureau noir quil avait à paître dans la vallée. Comme il regardait louverture du trou de la vieille, tout en traversant, il vit un héron et une grande et longue anguille dans son bec; il laissa tomber languille à louverture du trou et peu après sortit un chien blanc qui fit rentrer languille avec lui. Murrchadh Ruadh remarqua que le chien blanc avait huit pattes et il fut pris dun grand étonnement et dune grande crainte.
- Sur mon âme, dit-il, lidée des gens est juste, cest une vieille sorcière qui est dans ce trou là-bas.
Le taureau noir écoutait Murrchadh dire ces mots, il dressa les oreilles, fit entendre un petit beuglement, et dit:
- Murrchadh Ruadh, naie ni étonnement ni crainte, mais écoute mes paroles, car elles sont véridiques. La vieille aux cheveux gris est dans ce trou depuis le temps des Fir-bolg et cest elle qui a envoyé lextermination sur les vaches du pays; il est possible que tu naies pas entendu parler de lextermination qua faite la même peste. Cette peste-là na pas laissé un taureau, une vache ou une génisse dans le pays, sauf moi et la génisse qui était dans cette vallée et cest de nous que sont venues la plupart des vaches du pays. Il ny a quun seul moyen de détruire la vieille et son fils, le chien aux huit pattes.
Prends une quantité de ma fiente, tu feras un grand feu et, quand elle sera sèche fais-en un tas à lentrée du trou de la vieille et mets-y le feu. Cela la fera sortir et avec elle son fils, le chien aux huit pattes. Le héron est la mère de la vieille. Ecarte-le, ou il ne te laissera pas un oeil dans la tête. Prends un fléau avec toi, ne frappe pas la vieille, mais attaque le chien et le héron sils tapprochent, et moi je combattrai la vieille.
- Je te gage que je ferai comme tu mas dit, dit Murrchadh Ruadh, mais silence! Raconterai-je aux garçons que tu mas parlé ? dit celui-ci.
- En vérité, cela mest égal, dit le taureau noir ; car quand jaurai tué la vieille aux cheveux gris, son fils et sa mère, ma vie terrestre sera a son terme, mais il vaut mieux nen point parler.
Murrchadh Ruadh était bien mal à laise en sen allant chez lui. Au matin, le lendemain, il appela sa femme et lui dit daller emprunter un fléau pour lui.
- Quas-tu a faire dun fléau ? dit la femme, tu nas ni avoine ni froment a battre.
- Peu timporte ce que jen ferai, mais va me le chercher.
Murrchadh mangea alors un morceau, puis il partit en ville; il rassembla beaucoup de fiente du taureau noir, et la mit sur une grande pierre pour la faire sécher.
Puis il retourna chez lui et demanda à sa femme si elle avait trouvé le fléau.
- Je lai trouvé, dit-elle, il est dans le coin, mais je dois le rendre demain si je suis en vie.
- Entendu, dit celui-ci, a moins quil ne soit brisé.
Le lendemain, il alla à Reims et il fit un tas de fiente sèche à lentrée du trou de la vieille, et il y mit le feu; au bout de peu de temps, elle senflamma et la fumée allait dans le trou.
Murrchadh empoigna son fléau et sécarta de louverture du trou, dans la vallée; il ne tarda pas à entendre aboyer et tousser dans le trou. Peu après sortit la vieille et le chien blanc. Le taureau noir savait quils venaient. Il vint à pleine course et attaqua le chien aux huit pattes. La vieille frappa dans ses mains et cria:
- Saisis-le, mon toutou, saisis-le ou tu seras supprimé et moi avec toi; ce taureau qui est devant toi est Domblas Môr, un ennemi fort que jai persécuté depuis le temps de la peste des vaches.
- Oui, vieille horrible, tu as tué des milliers de vaches et tu as laissé des centaines et des milliers de personnes dans le besoin, sans beurre ni viande, dit le taureau noir.
Le chien sauta alors et il pensait saisir les naseaux du taureau; mais le taureau baissa ses deux cornes, le lança en lair, comme tu lancerais un caillou, et, comme il descendait, Murrchadh tira son fléau et lui en donna un coup entre les deux yeux qui lui fendit le crâne. Mais le chien aux huit pattes nétait pas mort. Il attaqua le taureau pour la seconde fois, et il pensait le mener jusquau bord du trou, mais le taureau était trop rusé pour lui ; il le lança encore en lair, plus haut que la première fois, et comme il descendait, Murrchadh sapprêtait à lui donner un autre coup, mais comme il lançait le coup, le héron arriva et pensait lui donner du bec dans 1oei1, mais ce ne fut pas dans 1oei1 quil le frappa, ce fut au front, et il le renversa sens dessus dessous. La vieille accourut, le saisit, et le secoua et létouffa en sorte quelle crut quil rendrait lâme. Elle laurait tué si le taureau noir nétait venu, et navait donné à la vieille un coup de pied qui lenvoya à lautre bout de la vallée. Elle revint rapidement et elle dit au taureau noir :
- Laisse le combat entre moi et Murrchadh.
- Je suis satisfait, dit Murrchadh, mais tu as eu lavantage sur moi, lorsque jétais à terre par suite du coup de bec de ta sorcière de mère.
Là-dessus il tira son fléau et la frappa sur le front, en sorte quelle jeta un cri qui fut entendu à sept miles de la vallée. Le chien aux huit pattes était étendu comme sil était mort, mais quand il entendit le cri de la vieille, il se leva, fit un saut, saisit Murrchadh à la gorge et allait létouffer quand le taureau noir vint la bouche ouverte; il saisit le chien et fit une bouillie de tous les os de son corps.
- Je vous donne la victoire et mes sept mille malédictions avec, dit la vieille, et elle tomba morte par-dessus le chien aux huit pattes.
Le héron vint en poussant des cris perçants, et il cherchait à frapper Murrchadh, mais celui-ci était sur ses gardes, il lui brisa le cou dun coup du fléau, et le héron tomba mort sur le tas formé par les deux autres.
- Sur ma parole, tu es un bon champion, dit le taureau, suis moi et je te montrerai un trésor dor et dargent.
Murrchadh le suivit dans le trou de la vieille et des choses comme il en vit, aucun oeil nen avait vu jamais avant lui. Il y avait une grande table en or jaune au milieu de la chambre et, dessus, un tas de pièces dor et dargent.
- Maintenant, dit le taureau noir, emporte avec toi dor et dargent tout ce dont tu auras besoin pendant ta vie et si lon te fait des questions à ce sujet, dis que tu mas vendu cher, car personne ne me verra à partir daujourdhui.
- En vérité, cela me fait de la peine, tu étais un bon ami, mais puisque je ne puis rien à ce qui est arrivé, je te donne mille bénédictions, dit Murrchadh.
- Il y a une bourse de cuir sous la table, remplis-la vite et va ten, dit le taureau noir.
Murrchadh fit ainsi et quand il fut sorti, il tomba à louverture du trou une masse de terre qui le boucha entièrement.
Il était tard quand Murrchadh revint chez lui. La verge du fléau était brisée.
- Où as-tu été, ou comment as-tu brisé le fléau de Pâidin, le fils de Seumas ? dit la femme.
- Jai brisé la verge en frappant mon méchant taureau; un seigneur de Connaught est venu et je lui ai vendu mon taureau; je suis trop vieux et trop faible pour le corriger.
- Combien las-tu vendu ? dit-elle.
II tira la grande bourse et dit:
- Vois, cette bourse est pleine dor et dargent. Cest le prix le plus élevé quon ait jamais trouvé dun taureau.
- Tu es lamour de coeur, dit-elle, nous sommes riches pour toujours.
Murrchadh et sa femme menèrent une vie heureuse à la suite de cela, mais quand il sut que sa mort était proche, il envoya chercher un ami et lui raconta lhistoire depuis le commencement jusquà la fin; lhistoire alla de bouche en bouche en sorte que ma grand-mère en eut connaissance et cest delle que je lai eue.
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