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I - Patience


 

❝  La sicaire, bientôt quarantenaire connue d’instinct et de rumeurs, à qui l’on n’avait jamais pu imputer aucun crime, venait de commettre l’ultime outrage. Le pavé de Paris a pullulé de nouveaux noms, de nouveaux visages, quand elle, dans le secret de sa mare revenait à sa vie criminelle sous le couvert d’une discrétion nobiliaire. Ophide en ce jour sans doute ne pourra jamais mieux porter ce nom. ❞ . Anaon "Le Parfum" .

 

 

 



Table of contents


- 07 Octobre 1465 -

   Une clameur s'élève dans la nuit, faisant vrombir les murs du domaine, petit écrin de pierres perdues au milieu des bois. Alentour, ils se tiennent muets, les arbres spectateurs expectatifs de cette animation nouvelle, craintifs de ce qui effraie tant la faune en leur giron. L'agitation gagne jusqu'au chenil, où les chiens excités troublent la paix des mules et des chevaux parqués dans la cour. Ce soir, ils le savent, ils feront festin de roys !❞ . Anaon . 

 

- Décembre 1465 à 1466 -

   C’est comme ça les mamans, ça vous fout une écharpe autour du cou alors qu’il fait moins quinze, comme si on savait pas que c’était un peu indispensable, et ça vous dit « attention c’est chaud » alors que ça bouillonne encore dans la marmite… mais vous pouvez pas comprendre !❞ . Katina Choovansky . 

 

- Janvier 1466 -

   Avait-il déjà songé à l’embrasser ? Sans aucun doute. Observée à la dérobée d’un bal de Noël, Marionnette avait été le spectacle d’une gracieuse tristesse, exquise et amoureuse, quand elle s’étourdissait la plus part du temps derrière les braies et l’impavide voix ; loup ce soir-là, il l’avait trouvé belle, désirable, et ne l’avait plus considéré autrement que comme femme.

[...]

   L’avait-il déjà espéré ? Jamais. Il n’entretenait certes pas pour elle l’élan maternel du Goupil, mais à l’étude discrète de leurs soirées communes, n’avait néanmoins jamais cherché autre chose que l’affectueuse estime en guise de partage ; la chair, dont s'étaient repus sans distinction ses vingt ans, ne se comparait pas à un tel festin.❞ . Alphonse Tabouret .

 

- 14 Février 1466 -

   Dans la laiteuse clarté d’une lumière en pâmoison, au pied du lit couvert par le jeté d’une fourrure sombre, une rose étale son insouciante corolle aux pétales aussi blancs que la neige s'alanguissant au-dehors. Posée, là, dans le doux tableau d’une irréelle poésie, l’aura blanchâtre de son éclat se reflétant sur le luisant du pelage, elle patiente dans le petit matin d’hiver. Une longue houppelande au gris pâle couvrant ses épaules, elle reste longuement contemplative de ce délicat cadeau de l’aube. Assise, toute à côté, ses doigts albes se tendent pour saisir la tige de cette petite merveille au lilial incomparable. Le bleu de ses yeux se plonge dans le cœur floral à la teinte plus beige et un léger sourire vient redessiner l’ourlet de ses lippes. L’image est simplement belle, dans le clair-obscur, dépeint par le halo nivéen de la fenêtre en croisillon qui contraste le bois sombre du mobilier. Le tableau se suspend de longues minutes avant que l'Anaon ne se lève, le cœur plus léger et avec, dans la poitrine, l'envie de remercier ce geste❞ . Anaon . 

 

- Juin & 25 Juillet 1466 -

   La Reyne n'entends plus personne, pas plus Constance que Raeniel qui fait quérir Leffe, ou Arioce qu'elle ne distingue pas. les mots de Carmen restent la dernière vision muette qu'elle se fait du monde, son profil bienveillant, sa bonté, cette amie fidèle et touchante qu'elle se trouve être, son égale. Cette main rivée à la sienne, ses filles auprès d'elle et son frère qui la soutient alors qu'elle glisse dans l’obscurité d'un monde sans fin. Celui qu'elle ne connait pas, celui qu'il faudra dompter et conjuguer à une absence déchirante pour les mortels. Si jusque là son cœur tambourinait dans ses tempes au rythme effréné de ses souvenirs qui défilent, au rythme de sa vie trépidante, il se fait soudain plus discret, le palpitant se met en sourdine, il rate quelques battements, elle tousse, elle les entend à nouveau, sent qu'on la berce de caresses rassurantes.. Elle serre la main qu'on lui tient, ultime regain de force, de vie, elle entraperçoit les visages de tous ses enfants, le souffle se fait court, la poitrine se soulève une dernière fois. Une dernière salve tonitruante sera joué par le cœur avant qu'il ne s'arrête, le souffle est retenu, un espoir suspendu.. Le fil se rompt. La poitrine s'abaisse lentement, le corps tombe mollement dans les bras de David.❞ . Alvira de la Duranxie .

 



Footnote


Archivist: Ann Anaon
Add: 30/07/2018 - 17:54
Change: 13/10/2018 - 23:46

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