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Guidrion, atteint de démence, erre dans le canton de Genève jusqu'à ce qu'un moine le retrouve.

[RP]Un fou dans la nature

Guidrion
- Laissez-moi passer! Laissez-moi passer, foutus cadavres!

Les hommes de la Garde Genèvoise lui barrait la route et voulait l'arrêter selon la règle qu'il avait lui-même fait édicté. Cependant, Guidrion n'en avait même plus conscience. Son désespoir avait fini par le vaincre, prendre le dessus jusqu'au plus profond de son âme, emportant sa raison avec lui.
Après que Cael ait fini par lui briser l'illusion qui le maintenait à la surface, après qu'Auryn eut parachevé son œuvre en sortant son arme, Guidrion avait sombré et pris la fuite en quittant l'auberge républicaine par sa fenêtre. Il avait retrouvé son cheval à l'écurie et s'était mis en tête de fuir cette ville mourante, de quitter ses visions qui transformaient tous ceux qu'il voyait en cadavre. Il n'était plus qu'une bête terrifiée à la recherche d'un abri.

Il fit se cabrer son cheval qui fit valser un des gardes qui tenta de le calmer et en profiter pour charger et quitter la ville.

Il chevaucha un long moment sous la pluie mais finit par tomber de cheval lorsque celui-ci se cabra légèrement trop violemment. Il roula au sol en criant de douleur et de rage. Le cheval en profita pour s'enfuir.
Ainsi, il se retrouvait: seul et isolé dans ce coin perdu d'Helvétie. Lausanne était d'un côté, Sion d'un autre et Genève d'un troisième mais il n'en avait plus cure. Il ne cherchait qu'un abri, loin des cadavres, loin de tout. Il fuyait sa vie, sa réalité, ses amis et son Dieu.

Il se releva avec difficulté et commença à errer. Ses membres lui faisaient atrocement mal et il finit par s'écrouler.
Il se mit à pleurer, désormais incapable de comprendre quoi faire. Il rampa.

Survint une pente qu'il ne vit pas. Il continua de ramper et roula jusqu'en bas où il se retrouva au bord d'un petit ruisseau. Il cria de douleur. Un caillou effilé avait percé l'un de ses hématomes et le sang s'en écoulait.
Comme par réflexe, il pressa sur la blessure tout en pleurant les larmes de son corps. Il se recroquevilla sur lui-même en position fœtale, lamentable et seul sous la pluie.

Elle était loin, la chanson des chemins d'Helvétie...
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"Per canto pacem feremus"
premier barde de la guilde des arts et camelot juré.


Le Fléau d'Automne est très seyant, non?
.__auryn__.
Ils ne s'étaient guère croisés à de nombreuses reprises...Mais les rares fois où un semblant de débat avait germé entre eux, cela n'avait aboutit à rien d'autre que...rien!

En entrant donc ce soir-là dans la Taverne Republicaine de Genève, Auryn n'avait pas l'intention de discutailler avec ce cher Guildrion, mais bien de venir saluer sa belle soeur en devenir, enceinte jusqu'au cou. Comme bien souvent cependant, rien ne se déroula comme prévu! Caël s'en fut. L'irlandaise se retrouva en un battement de cils face à une espèce de zombie sur pattes, dont la peau ressemblait plus à un mélange entre celle d'une victime de la puberté et la surface d'un cratère qu'à autre chose. En plus, l'artiste ne faisait plus preuve d'un quelconque bon sens, chose qu'il ne possédait déjà qu'en de rares occasions avant d'être frappé par le fléaut (!). Bref, il avait tout pour plaire!

Dans sa folie, il avait même accusé la demoiselle d'être la cause de sa colère. Et quand elle avait sortit son épée, le menaçant pour tenter de le calmer, il avait hurlé tel un animal sauvage cherchant le reste de sa meute, allant jusqu'à ouvrir sa chemise et lui présenter son torse abimé par la maladie en criant: "Tuez-moi!"

Enfin, après s'être écroulé une ou deux fois sans laisser personne l'aider à se relever, après avoir traité les personnes présentes de "cadavres" et les avoir menacé de son arme avant de reculer devant celle d'Auryn à nouveau pointée vers lui, c'est par la fenête qu'il sortit, pour fuir à toute allure vers un lieu que lui-même ne semblait connaître. Nul ne se précipita pour le ratrapper, pensant probablement qu'il était certainement aussi dangereux pour les autres que pour sa propre personne.

Pauvre bougre, elle n'était sans doute pas prête de le revoir car, vu son état, il n'irait à coup sûr pas bien loin avant de...

Quoique...Nul ne sait à l'avance de quoi demain sera fait!
Guidrion
Guidrion avait passé la journée à se cacher. La petite blessure avait cessé de saigner, à peu près aussi "inoffensive" qu'une des saignées de Dirk Mains Sanglantes. Il ne s'en était pas moins senti affaibli.
Tout le jour, il avait évolué dans les bosquets, les fourrés et les ruisseaux, cherchant à tout prix à se prémunir de la rencontre avec quiconque... Il devait rester seul. Il devait rester éloigner. Il ne voulait plus voir ces visages...
Villes mortes, êtres morts, âmes mortes et âmes en peine... Tous des cadavres en passé, en présent ou en devenir... Il ne devait pas les voir!

Aux alentours de midi, il avait commencé à avoir faim. Instinctivement, il avait commencé à chasser mais il n'avait rien réussi à attraper. Il avait passé plusieurs heures à tracer un lapin qui semblait lire dans ses pensées, lapin qui n'avait certainement pas de mal à entendre l'arrivée d'un dément.

La nuit était tombée. Le froid l'entourait. Il mourrait de faim. Revenir vers la ville pour chercher de quelconque victuailles était impossible: trop de cadavres et il ne voulait pas mourir...
Finalement, la faim le poussa à chercher des racines. Il commença par déterrer de maigres arbrisseaux et en mâchouilla les racines, sans succès. Au bout d'une demi douzaine d'essais infructueux, il tomba finalement sur deux pousses d'oignons sauvages qui le sustentèrent un peu.

Une fois qu'il eut mangé, il se remit à errer sans but. Il grelottait et manquait de s'écrouler un pas sur deux. Son corps le faisait atrocement souffrir. Il entendit un loup hurler. Il frissonna...

- Mort... Non... Trop tôt... Rien fait encore... Tout fait pour rien... Peux pas mourir... SILENCE! SILENCE! SILEEEEEEEEEEENCEUUUUH!

Il se mit à hurler à son tour tout en se bouchant les oreilles. Le loup hurla à nouveau. Il dégaina sa rapière en hurlant et se mit à fendre l'air et les buissons environnants.
Un bout de plusieurs minutes d'un combat avec des fantômes, il était en nage et à bout de souffle. Il tomba à genoux et lâcha son épée. Le loup hurla à nouveau. Il se boucha les oreilles et se mit à pleurer comme un enfant. Il se pelotonna sur lui-même et s'endormit, terrifié et toujours aussi fou...
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Le Fléau d'Automne est très seyant, non?
Guidrion
Où aller... Les cadavres... Les cadavres marchent le jour. Ils n'ont pas encore vu leur tombe mais ils s'y rendent sans le savoir... Non... je ne peux pas les voir... Je dois me cacher...

Le fou continuait d'avancer, à se cacher des routes et des chemins. Il avait perdu sa rapière la veille. Son mantel et sa chemise étaient déchirés et il les avait abandonné aux ronces. Il ne pouvait pas les laisser le ralentir. Il avait gardé sa cape par réflexe pour se maintenir au chaud bien qu'elle fut percée de trous à cause de ses passages dans les buissons de ronces.
Il se sentait traqué, comme par cette mort qui le pourchassait mais qui ne semblait pas vouloir trouver. Il sentait son souffle dans sa nuque. Il sentait sa présence dans chaque parcelle endolorie de son corps... Elle était proche mais ne le trouvait pas, sinon il serait aussi un cadavre... Il devait la semer. Il devait la semer ou elle continuerait à le pourchasser et de souffler sa peste sur son corps...

Il plongea. Un cadavre... Non deux... A cheval... Ils étaient tous prêts, sur le chemin... Pas les voir, non, il ne devait pas les voir... Il ne devait pas les rencontrer s'il ne voulait pas mourir. Il ne voulait pas mourir!

Ils étaient passés...

Déos soit loué... Non, pas Déos... Déos veut jouer avec moi. Il veut me voir entre vie et mort... Et bien, je ne joue pas à son jeu...

Il leva les yeux au ciel et se mit à hurler.

- Tu m'entends? Je ne jouerai pas à ton jeu! Tu ne me tueras pas! Tes cadavres ne m'auront pas! Je ne vais pas me mourir à petit feu!

Il se releva et s'enfuit à nouveau. Il tomba dans un petit bosquet. Les cadavres... Il devait s'en protéger... Mais il n'avait plus son épée.
Il regarda autour de lui et se mit à rire comme un dément.
Il arracha une solide branche d'un arbre sans cesser de rire et il commença à en tailler le bout sur une pierre. Son œuvre finie, son rire redoubla.

- Non... Les cadavres ne m'auront pas... Pas si j'ai ma lance... C'est ma lance de vie... Vielance!

Il s'enfuit à nouveau à travers les fourrés en serrant précieusement Vielance comme si sa vie dépendait de ce pitoyable petit bâton taillé...
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Le Fléau d'Automne est très seyant, non?
Guidrion
Ils ne m'ont pas eu... Un jour de plus... J'ai gagné un jour de plus... Cadavres vous restez et cadavre je ne suis pas!

Guidrion ricana tout en serrant fermement Vielance dans ses mains. Il sentait toujours le souffle de la Mort dans son corps. Elle continuait de le suivre... Il devait y avoir des cadavres tout prêt...
Sa jambe, son bras, son tronc et même son visage... Tous douloureux... Les cadavres les lui voulaient... Ils voulaient tout lui voler mais il ne les laisserait pas faire! Le loup ne criait plus... Il était un cadavre aussi désormais... Il en avait la conviction. Tout mourrait à petit feu... Cael l'avait dit! Ses hurlements voulaient dire qu'il était mort... Il n'avait pas couru, lui... Il n'avait pas pris soin de se protéger...
A cette pensée, le fou resserra sa prise sur son minable bâton et se remit en route.

Heureusement, il n'avait plus besoin de se sustenter et son esprit était aussi clair que le lui permettait son actuel état de démence. Il avait trouvé un châtaigner sauvage et s'était mis à en dévorer une bonne quantité encore fraiches jusqu'à ce que les bruits d'un cavalier le fit détaler.

Vanné, il finit par se trouver un coin dans des fourrés où il se pelotonna sous sa cape déchirée et trouva le sommeil en tenant Vielance contre lui comme un enfant tiendrait sa poupée.

Le loup ne viendra pas me chercher... C'est un cadavre devenu maintenant... Je dois dormir ou les cadavres m'auront demain...

Il dormait profondément lorsque le loup hurla quelques heures plus tard...

Ça vient de me sauter aux yeux mais vous ne trouvez pas qu'il commence à faire limite Gollum?

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Le Fléau d'Automne est très seyant, non?
--Ar_lerouquin
Le rouquin était arrivé au grand galop sur le sol helvète, après des jours de chevauchée depuis Angers. Il avait la lourde mission de venir récupérer peut être un enfant, peut être deux... si Dieu avait permis aux deuxième de survivre à la première épreuve de tout être: la délivrance ! Dans le fond de son coeur, il espérait bien ne repartir avec aucun orphelin mais il obéirait à la volonté du Très Haut !

Il avait pénétré la frontière au niveau de la campagne grandsonnaise... Il avait attendu la nuit pour que les vigilances soient moindre. Tout vêtu de noir, sur son fidèle destrier, ils avaient posé pied et sabot en terre helvétique. Quelle désolation ! Une odeur pestilentielle de mort envahissait le moindre village.... Mais il fallait bien qu'il rejoigne Genève... sa mission, il exécuterait. Il coupa à travers la forêt entre Lausanne et Genève.

A la tombée de la nuit, il stoppa son cheval. Il commença à regrouper des morceaux de bois pour se faire un feu. Tirant énergiquement sur une branche, il vit dans le fourré une espèce de tas informe, gisant au sol. La méfiance étant un réflexe instinctif pour lui, il se recula d'un bond agile ! Après quelques instants d'hésitation, il s'approcha lentement et avec le bout d'une branche tapota la masse. Ca ne bougea guère... ça ne grogna pas vraiment ! Il s'agenouilla alors et posant sa main sur cette étrange masse, il la fit rouler d'un demi corps vers lui.


« Bon Dieu, bordel de m.... » hurla t'il. Il observa ce corps pelotonné dans une cape en piteuse état... et cette main tenant une branche si fermement serrée. A la lueur de la lune, il était difficile d'en voir davantage sur le spécimen qui était en boule à ses pieds.

« Qu'est ce qu'il fout là, celui là ? Nan mais, espèce de cucu la praline... je passe des jours à éviter cette défection de puanteur maladive... et je tombe sur un moribond en forêt... C'est quoi ce bordel ? »

Il continua d'observer l'inconnu. Il ne put s'empêcher de souffrir pour ce pauvre homme... qui ne respirait pas la pleine santé. Qui avait bien pu l'abandonner ici ? Quel sort affreux ? Il reprit alors : « Va... tu as de la chance que Dieu guide mon âme, mon coeur et mes pas... Je ne vais pas te laisser claquer là. Je te ramènerai demain en terre civilisée ! »

Après avoir soigneusement vérifier le bon état de ses gants de cuir, (il n'allait quand même pas le toucher à main nue !) il attrapa la cape de l'inconnu et le tira jusqu'à l'emplacement prévu pour le feu. Il s'activa à faire un feu de camp qui par ses crépitements réchaufferaient un peu l'air froid de la nuit et éviteraient aux bêtes sauvages de trop s'approcher d'eux. Il attrapa une seconde couverture et la posa soigneusement sur l'homme. Il chercha dans son sac un gobelet d'étain, sa gourde, un quignon de pain et une pomme. Quand l'homme émergerait, il lui donnerait à boire et à manger... Il fallait qu'il prenne d'abord un peu de force après ils parleraient et décideraient ensemble de ce qu'il ferait.

Le rouquin, assis en tailleur, se mit à marmonner quelques prières. Il s'apprêtait à passer une longue nuit à veiller sur un inconnu...telle avait été la volonté du Très Haut.
Guidrion
Le fou rêva cette nuit-là. Des cadavres... Des cadavres partout...
Des cadavres...
...
Un gentil cadavre aux cheveux noirs qui jaunirent...
...
Un cadavre agressif qui lui hurlait sa haine...
...
Des cadavres, un flot de cadavres mené par deux autres cadavres - l'un d'une femme ailée, l'autre d'un homme encapuchonné et porteur d'une croix forgée avec un poisson - , qui partaient, le laissant complètement seul...
...
Un cadavre nu au corps dissimulé par une cascade sauvage de cheveux bouclés...
...
Un cadavre au blanc manteau frappé d'une épée rouge et tâché de sang qui portait une bannière à la croix noire...
...
Un cadavre qui portait d'autres cadavres en son ventre...
...

Il n'en reconnaissait aucun. Il ne lui étaient même pas familiers. Il ne savait qu'une chose: il mourrait s'il en rejoignait un seul.
Il se sentait bougé...
La mort l'avait attrapée! Il n'avait pas été assez rapide! Elle le trainait vers son antre, vers l'enfer en lui murmurant des sophismes doucereux. Il sentait son souffle, son souffle qui brulait chaque parcelle de son corps. Il ne pouvait pas bouger. Vielance... Elle n'était plus là...
Il allait mourir... Il ne voulait pas mourir!

Il se réveilla en hurlant et serra dans sa paume la branche taillée. Elle était là... Vielance était revenue. Il pouvait combattre la mort...
Il se releva d'un bond et vit devant lui un homme. Il le regarda avec son visage purulent dont la joue portait la marque de pus écoulé d'une pustule qui avait rompu. Il ne s'y reflétait que la démence la plus pure, la terreur la plus profonde et la haine la plus intense.
Son corps le brulait. La douleur était atroce. Ce cadavre aux cheveux de feu... C'était la mort... Il sentait son souffle... Ses cheveux... Ses cheveux puaient l'enfer dont il venait...

Il se mit en garde et pointa le baton vers l'homme...

- La mort... La mort... CADAVRE! TU NE M'AURAS PAS! JE NE VAIS PAS MOURIR! TU NE ME TUERAS PAS!

Il semblait sur le point de se jeter sur lui...

Un biscuit à quiconque trouve le nom de tous les cadavres

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Le Fléau d'Automne est très seyant, non?
--Ar_lerouquin
Citation:
- La mort... La mort... CADAVRE! TU NE M'AURAS PAS! JE NE VAIS PAS MOURIR! TU NE ME TUERAS PAS!


Le rouquin avait laissé l'hystérique se débattre tout seul. Il avait immédiatement compris que l'homme délirait... sans doute, l'excès de fièvre additionné d'un manque de nourriture. S'il continuait comme ça, le rouquin ne donnait pas cher de sa peau. Il allait le voir s'écrouler à ses pieds.

Le rouquin posait sur lui un étrange regard rempli de perplexité, d'inquiétude et de compassion . Sans bouger d'un pouce sous la menace de l'homme, le Rouquin lui dit d'une voix très calme :


Sieur... vous tenez à peine sur vos jambes... et vous espérez me tuer ? Voyons, soyez un peu raisonnable... et acceptez la main que je vous tends. Dieu a conduit mes pas près de vous, dans son immense bonté, pour que je ramène la brebis égarée (Il faillit dire et galeuse... mais il préféra s'abstenir) dans sa demeure.

Il tendit sa main, paume vers le ciel en direction de l'homme malade et ajouta d'une voix réconfortante, douce et sans aucune hésitation : Laissez moi regarder vos plaies, laissez moi les panser.... je ferai mon possible pour vous ramener sur le chemin du bien être, de la paix intérieure et de la guérison. N'ayez pas peur ! Dieu nous aidera dans cette lourde tâche.

Le rouquin attrapa une miche de pain et la rompit d'un geste vif. Il attrapa dans sa seconde main, une pomme et tendit le tout vers l'homme. Il lui dit : Prenez des forces... si vous devez affronter la mort... vous en aurez largement besoin. Une fois que vous aurez l'estomac plein... nous pourrons parler calmement. La main tendue devant lui et remplie de pain et de pommes, il attendait la réaction de l'homme...
Guidrion
Le fou hésita. Deux voix s'affrontaient en lui.

- C'est un ami...
- Non! C'est la Mort!
- Il t'offre des fruits...
- Du poison!
- Il parle de brebis...
- Parce que c'est le loup! Il veut te ramener et te manger!
- C'est un ami...
- C'est la Mort...
- C'est un ami...
- C'est la Mort...


Il hurla. Il tomba à genoux et se mit à se boucher les oreilles en fermant les yeux... Les voix... Non... Il ne voulait pas les entendre... C'étaient des cadavres! Tous! Ils voulaient le tuer!

- Sileeeence!

Des larmes coulèrent le long de ses joues pendant qu'il continuait de répéter en hurlant.
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Le Fléau d'Automne est très seyant, non?
--Ar_lerouquin
Les yeux clairs du rouquin, visiblement concentrés sur l'homme qui lui faisait face, détaillaient l'homme délirant de la tête au pied. Le Rouqin cherchait à y déceler le moindre détail pouvant lui faire comprendre ce qu'avait cet être de Dieu. Quelle souffrance physique et psychique le possédait ?

Ses yeux se plissèrent doucement lorsqu'il fit appel à sa mémoire. Au monastère, il avait étudié durant des semaines peut être même des années, la vie de Saint Himérius, patron des missionnaires, son guide, son mentor, qui comme lui était originaire d'Angers. Il avait appris l’observation, la méditation et le recueillement.

Tout en se rappelant, cet homme de cœur, le rouquin s'interrogeait sur l’homme qui était là à un ou deux mètres de ses pieds : Qu'est ce qui pouvait bien faire délirer un homme de cette manière ? Quelle était l'ampleur du mal qui le frappait ? Est-ce que seul le Fléau d'Automne était la cause de son égarement ? Dieu avait il décidé de rappeler auprès de lui cet brebis ?

Alors que l'homme hurlait, le rouquin restait à distance suffisante pour éviter tout coup. A aucun moment ses yeux n’avaient cillé. Toute son âme priait Dieu avec ferveur pour que ce pauvre homme retrouve un peu de calme et de sérénité. Le rouquin gardait un calme déconcertant, attendant simplement que le temps passe et que l'homme s'écroule d'épuisement. Il prit une écuelle en étain qu’il remplit d’eau. Il enterra le cul de l’écuelle dans les braises du feu pour que l’eau chauffe et se maintienne au chaud. Il faudrait bien à un moment nettoyer puis désinfecter les plaies de cet homme.



Citation:
Sileeeence.


Le cri du fou transperça le calme des lieux. Le rouquin tourna la tête et le regarda sans rien dire.
Voyant l’homme « fou » s’écrouler à genoux telle une marionnette à laquelle on vient de lâcher les cordes, le rouquin fut pris d’un immense élan de compassion. Il avança de deux pas vers l’homme et s’assit en tailleur. Il tendit le bras et déposa à même le sol, pain et pommes à l’intention de l’homme. D’une voix toujours apaisante, le rouquin s’adressa à l’homme perdu.


« Prenez le temps de manger… Il est important de s’alimenter pour reprendre de l’énergie. Habituez vous à ma présence. Quand vous serez prêt à accepter mon aide, dites le moi… Je reste là… Je vous suis tout ouïe. Nous avons du temps devant nous… »

Le rouquin n’était pas certain d’avoir du temps devant lui mais il ne pouvait se résoudre à laisser le pauvre bougre là. Si Dieu l’avait mis sur sa route… ce n’était sans doute pas pour rien. Il se mit à chantonner : Au Saint Père, veillez sur lui. Protégez votre enfant. Donnez lui la force de lutter dans les ténèbres...

Le Rouquin continuait de veiller sur cet inconnu et de prier pour son âme.
Guidrion
Le fou avait cessé de hurler. Les voix s'étaient tues en lui mais il ne parvenait pas à rassembler ses esprits. Il entendait l'homme en face de lui mais ne comprenait pas ce qu'il disait. Il voulait s'enfuir, s'enfuir de la Mort ou de cet ami... Il voulait retrouver son abri...
Ca non plus, il n'y parvenait pas. Il voulait se lever mais ne se levait pas. Il voulait crier mais il ne criait pas. Il voulait écouter mais il n'écoutait pas.
Il se sentait pris au piège, bloqué.

Mon corps... La douleur... La Mort...

Une larme coula le long de sa joue. Il se sentait être vaincu. La Mort, où qu'elle fut, projetait son souffle chaque instant plus fort et il n'avait pas la force de la repousser... Vielance... Il l'avait perdue...
Il perdait... Il allait mourir...

Il voulait crier une dernière fois mais seul une toux sèche passa les remparts de ses lèvres.
Il avait perdu la bataille et sombra.

Le fou retomba inconscient sur le côté. La croix genèvoise qu'il portait par une chaine sur sa poitrine sortit de ce qu'il restait de sa tunique et reposa sur sa poitrine.

Si tu en profites pour le fouiller il a donc: la croix genèvoise (voir signature), une bourse avec quelques écus, la cape déchirée, ses chausses noires, ses bottes et... Et c'est tout^^
Il a des hématomes sur tout le torse, le bras droit et la jambe gauche. Plus les pustules sur le visage et des traces de saignées.

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Le Fléau d'Automne est très seyant, non?
--Ar_lerouquin
Le Rouquin qui avait observé toute la scène sans rien dire, s'approcha de l'homme inconscient. Il remontant bien ses gants, il l'agrippa par les épaules. Il le tira jusqu'au feu. Il posa sa main devant sa bouche et constata qu'une respiration faible était encore présente dans ce corps inerte. Il ouvrit avec précaution la chemise de l'homme en délire. Il fut surpris de voir autant d'hématome. Il remonta lentement les manches de la chemise et découvrit sans surprise les marques de saignées. Vu le nombre de traces, elles avaient été fréquentes... peut être trop si l'homme n'avait pas eu une nourriture riche en viande. Il avait du s'épuiser.

Le rouquin fouilla dans son sac et en sortit une chemise relativement neuve et son couteau. Il coupa des petites bandes de tissus. Il trempa la bandelettes dans l'écuelle contenant de l'eau tiédit par le feu. Il nettoya soigneusement chacune des pustules du jeune fou avec de les bandelettes imbibées et de la pierre à savon. Il jeta le premier jeu de bandelettes dans le feu. Il reprit un jeu de bandelettes. Il refouilla dans son sac et en sorti une liqueur de mirabelle. Dans un mouvement saccadé de tête, il lança :
« Sacre bouille, ça me fait mal de désinfecter tes plaies avec de la gnôle d'une telle qualité... Mais quand il faut, il faut... Tu vas puer l'alcool mon gars... mais ça va surtout désinfecter tout ça. » Il entama la désinfection de chacune des plaies à la liqueur concentrée de mirabelle, tout en essayant de ne pas finir ivre lui même. Demain, il pourrait cautériser tout ça à la lame rougie.

Le rouquin attrape le pain et émietta finement. Il fit manger de force le fou en alternant miette et eau. Ca lui prit un temps monstrueux. Mais il réalisa sa tâche avec toujours autant d'application. A plusieurs reprisent, l'inconnu malade s'étrangla... mais rien de bien grave. L'essentiel était qu'il s'alimente un minimum pour reprendre des force.

Il regarda l'homme et soupira. Il avait de la fièvre, c'était évident. Lors de son départ, le moine supérieur lui avait bien fourni un peu d'eau de mélisse au cas où les enfants feraient de la fièvre sur le chemin du retour... Pouvait il se permettre de l'utiliser pour cet inconnu ? Huuuum.... Il attrapa le flacon. Il le fit glisser longuement dans ses mains. Puis, il attrapa la timbale et y déposa la dose suffisante pour un adulte. Il pencha la tête du fou et lui fit absorber le breuvage. Oooh le fou allait beaucoup transpirer... mais ça ne lui serait que bénéfique.

Son regard se porta sur la petite croix que le fou avait autour du cou. La croix de Genève, il la reconnaissait... La brunette lui en avait envoyé un croquis avec le reste des documents sur l'église réformée. Ca le fit sourire. Il murmura :
« En route pour Genève alors, mon gars. Toi pour te faire correctement soigné... moi pour voir deux enfants... et j'espère leur mère. »
Le rouquin attrapa sa couverture et la posa sur le dos du cheval. Il fit signe à son destrier de s'abaisser. Il attache comme il peut le malade sur le dos de la bête et ils mirent alors en route pour la bonne ville de Genève.
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