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[RP] Les remparts de Montpensier

Elais
[Une journée, une nuit de garde... En matinée, après le départ de l'armée "le cadre Noir"]

Le jour faisait lentement son apparition, chassant d’un ciel se parant d’une aube rose pâle, la lune et sa trainée d’étoiles vers un sommeil bien mérité. La ville encore endormie se teintait de la douce lumière que venait lui dispenser les premières lueurs, tandis que les premiers oiseaux chantaient déjà sur leur branche et accueillaient un soleil salvateur qui semblait renaitre chaque matin dans un même cérémonial. Sur les remparts l’effervescence de la veille s’était enfin apaisée. Le calme avait repris ses droits sur la haute muraille, ce qui rasséréna Elais qui poussa un soupir de soulagement dans l’air vif de cette matinée de novembre avant de resserrer le châle sur ses épaules.

L’armée « Le cadre Noir » avait fait son apparition aux portes de Montpensier un jour et une nuit plus tôt, mettant en alerte chaque villageois. Le déroulement de cette journée s’était fait de façon étrange aux yeux de la jeune Tisserande : Alors qu’aux aurores, elle se trouvait à l’entrée près des gardes pour son rapport quotidien, une jeune femme, toute affolée, s’était mise à crier de sonner le tocsin. La stupeur avait été de taille pour la jeune douanière ainsi que pour ceux qui l’accompagnaient, jusqu’à ce qu’ils comprennent qu’elle venait d’apercevoir un petit groupe d’hommes qui s’étaient installés aux abords de la ville et qui portaient les couleurs du Berry. Là, les choses s’étaient accélérées. Les cloches de l’église s’étaient mises à sonner pendant que les maréchaux et défenseurs mobilisés avaient pris les armes et s’étaient placés tout au long des remparts dans l’attente d’une éventuelle menace.

Mais rien n’était venu, les hommes qui s’étaient terrés près des bois de Montpensier n’avaient bougé durant cette journée, ni même durant cette nuit qui s’était avérée des plus calme. Enfin calme…disons-le approximativement : Le renforcement au niveau des gardes avait amené un bon nombre de gens sur les remparts afin de veiller à la sécurité de la ville, ce qui avait engendré quelques bavardages, échanges de rires ou plaisanteries entre collègues. Chose peu commune à la jeune femme qui elle, silencieuse, avait écouté distraitement les discussions, tout en parcourant le chemin de ronde, le regard attentif sur le petit campement à l’orée du bois. Seule son attention avait été attirée, en soirée, par une silhouette qu’elle avait immédiatement reconnue. Sa curiosité lui avait fait cesser le pas et contempler l’espace d’un instant le jeune vagabond jusqu'à ce qu'il s’agenouille devant une autre silhouette. Ses sourcils s’étaient alors relevés dans un mélange d’embarras et d’interrogations… que faisait-il donc ? Haussant les épaules et se trouvant bien indiscrète, elle avait fait demi-tour et continué sa ronde sans autre préoccupation…

Puis le moment était arrivé où elle avait vu les quelques hommes de l’armée Berrichonne lever le camp et enfourcher leur monture avant de disparaitre en direction du Nord. L’apaisement s’était alors senti sur la muraille et les premiers défenseurs, encore engourdis par une longue nuit de garde, avaient commencé à quitter cette dernière.

Scrutant à présent le paysage automnal, elle se tenait là, seule, ses pensées tournoyant sur cette journée et cette nuit. Elle espérait que la prochaine ville que l'armée ennemie approcherait -Montluçon probablement- se tiendrait également sur ses gardes, mais cela elle en était confiante ; le Bourbonnais-Auvergne avait subi bien des dommages à Bourbon et il n'était pas près de laisser cela se réitérer.


...
*atalante
Montpensier, nuitée de dimanche au lundi:

Les groupes de gardes avaient été formé en l'attente d'événements non moins sur.......Ne commençant pas les rondes en premier, je me dirige vers le baraquement sis au pied de la muraille, je dépose mes affaires sur un lit, l'épée non loin de la main, on ne sait...

Je m'endors rapidement, faut savoir se reposer quand on peu............le temps passe, la nuit aussi, enfin, je me réveille, quelle heure est il? Ont ils attaqué......je me lève pour voir, est ce mon tour de garde ou pas........je sort, gasp!!!!, il fait jour, on ne m'a point réveillé, ha bin bravo, tout ça pour ça.....

Bon, bin, si c'est comme ça, moi, je vais aller faire un tour tiens, et pis, bin, qu'ils se débrouillent sans moi, na!

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Tridant
[Un soir au bord de nuit]

Tridant décida d’aller sur les remparts, le ciel est orangé, c’est signe de mauvais temps, la fraicheur commence a peine a tombé. Après être passé au bureau de la maréchaussée pour vérifier que cela n’a pas bougé durant sa semaine d’absence, a peine de retour, les soucis recommence, ou plutôt…commence à déborder. Tridant était peut, même très peu présent ces dernier temps, du coup ses collègues devaient faire toute les gardes, il avais déjà dû décliner une semaine de garde a contre cœur, puis les fin de semaine ou a chaque fois sa pose problème et du coup un des ses collègue doit le faire a sa place, le faite qu’il se doit autant redevable de ses collègue le rendais mal, il osait a peine aller les voir a présent, il ne voulais qu’ne chose faire ses preuves, seulement la chance était pas avec lui, enfin la chance…les événements plutôt, entre cette grille des salaires, ou du coup plus de travaille, mais des offres d’emplois inacceptable, mais pourtant il y pouvais rien. Cette armée aussi ou Tridant n’a même pas été capable de prendre un autre groupe….

Du coup, il décida d’aller faire un tour sur les remparts, peut être cela allé lui changer les idées, ou les lui remuer encore plus…il avait passé une semaine entier, il y a plus d’un mois moi sur les remparts depuis il ne pouvait par non présence, ou très peu de présence.
L’épée a la main Tridant arriva sur un des coins des remparts, la nuit étais pratiquement tombé, on ne pouvait, du haut des remparts apercevoir des silhouette, il décida de s’asseoir, la nuit portera peut être conseil, il pointa son épée vers le ciel, la lune reflétait sur la lame aiguisée, puis au bout de quelque minute il l’a rangea.
Après avoir vérifié que personne n’étais aux alentours, personne, tridant sorti de sa poche une chaine, c’était la chaine de son père, mort dans le feu devant lui durant une fête de son village natal, celle la était à l’origine de sa venu ici, peut être trouvera-t-il un jour la chose pour laquelle il est venu ? Seulement il n’est plus ici que pour sa, son cœur a pris les devants, et l’amitié a pris les dessus.

La nuit était la, et le froid a répondu a son invitation, mais Tridant n’avait pas envi de bouger, la chaine dans sa main gauche et son autre main sur sa cicatrice, il patiente…

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Aiguemarine
Montpensier....enfin...
Son village, sa forêt, ses remparts, ses tavernes, son "chez-soi"...
Aiguemarine était heureuse de revoir le village, même si ce n'était que l'espace de quelques heures...

Le temps de prendre quelques affaires, quelques vivres, quelques écus.
De saluer ses amis, de se reposer chez elle, de passer à la mairie histoire de voir ce que fichait la Bourgmestre, surtout !
Si peu de respect de la part de la première Dame du village avait le don de l'exaspérer.

Bref, un emploi du temps chargé ; d'un côté, ce n'était pas plus mal ; D'humeur maussade ces derniers jours, Aiguemarine ressassait les derniers mots écris de son époux "j'ai tant besoin de toi si loin de chez nous ! tu es mon soutien, ma force, ma raison d'être !"

Lorsqu'elle passa les portes du village, Aiguemarine salua les défenseurs.
Pas facile d'être là, le temps se rafraîchissant de jours en jours...
Un claquement de langue, une légère talonnade dans les flancs d'Altaïr et elle s'enfonça dans les ruelles de Montpensier... D'abord, direction la rue des Lavandières. Prendre quelques heures de repos avant que le pâle soleil ne soit à son zénith...


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Elegance
garde du 3 au 4 novembre.



Elégance arpentait les ruelles du village rapidement,ne cessant de se retourner,apres la nuit agitée d'avant hier dont Elais avait fait mention au bureau,elle redoutait que la nuit ne soit pleine de rebonds.
Le ciel etait clair,les etoiles de la voute celestre eclairée les ruelles sombres,le froid lui fouettait le visage;....Quelques chiens aboyaient sur son passage ,des badeaux qui rentraient chez eux parlaient haut et fort et d'autres se hataient serrant la main de leurs petits emmitouflés.
Elle pressa le pas et s'envellopa dans sa cape,serra plus fort son baton ,sa seule arme de defense.

si on devait m'attaquer pensa-t-elle que ferais je avec ce baton?

arrivée au pied des remparts elle gravit les marches dont certaines etaient usées par le temps.

Tres vite je fus en haut,je remarquais un petit groupe déja installé,dont Arnault leurs tenaient une conversation animée,je m'approchais et les saluais .un peu plus loin Tubuty s'etait dejà assoupie.

"La nuit est calme demandais je?
Oui Elégance me repondit lolo peut etre allons nous passer une nuit sans problémes!!!

Je regardais le village en bas ,la vue etait belle d'içi avec cette foret au loin,ces petites chaumieres qu'eclaireés quelques lanternes ou bougies.

Tiens sir kerbi entre dans la taverne ,me dis je tout bas ,il va encore etre d'humeur bien gaie.
Tout à coup j'entendit un bruit ,je cherchais à me cacher dans un coin sombre tout comme mes compagnons.



"qui va là" personne ne repondit,je brandie alors mon baton ,prete à frapper.

"Je lui brise les os s'il approche ,j'etais toute tremblante.
Apres quelque secondes qui parurent une eternité ,un chat surgit en poussant un miaulement terrible plus appeuré que nous.

"Ouf plus de peur que de mal"
Tous sortir de leurs cachette

"ça va Elégance me demandant Arnault
Oui merçi j'ai eu peur "
la nuit n'est pas finit il faut etre vigilant

Je me remis a scutter l'horizon et mon esprit s'evada ailleurs je pensais a Lock mon amour et je me disais comme je l'aime,il a changé ma vie et cette demande en mariage m'a beaucoup emue je l'avoue,elle sourit et s'enveleppa dans sa caape un peu plus,le vent s'etait levé .
Mais non le moment n'etait pas à la reverie il fallait ne pas baiser sa garde meme si elle n'etait pas seule,tous devaient ne pas quitter des yeux la foret et ses alentours sachant qu'il y a 2 jours des chevaliers de l'armée berrichonne avaient fait escale dans le bois.

Que pouvait etre leurs intentions???
Allaient ils revenir?,
Est ce des eclaireurs ??
Il fallait surveiller et ne pas se laisser divertir.
Tout resta calme.

La nuit prenait fin,le soleil à l'horizon commençait à eclairer le village,les animaux retournaient se tapirent au font des bois pour la journée laissant derrier eux cette nuit froide et mysterieuse,peu à peu les commerçant ambulants reprenaient le chemin du marché.
Je sentais dejà la bonne odeur des marmittes dans lesquelles les villageoises faisaient mijoter le dejeuner de leurs hommes pour le retour de la mine.

"Enfin une autre nuit de passer sans probleme "

Je me hatais de partir la journée ne faisait que commençer et j'avais tant de choses à faire avant de pouvoir me reposer un peu et ce soir une autre nuit viendrait succeder à celle çi avec son lot de mysteres.
Rick
Rick était de nouveau attendu sur les remparts. Il était beaucoup moins animé par son travail à la maréchaussée. Plus le droit de sanctionner les villageois qui n'hésitaient pas à payer les pauvres nouveaux à des prix défiant toute concurrence, juste quelques jours de garde, une fois par mois. Aujourd'hui, il prenait la place de Tia. Son épouse venait de rendre son insigne de Maréchale, après trois années de bons et loyaux services rendus pour son duché.
A l'heure où les villageois rentraient chez lui, le jeune homme avait quitté sa cabane, son épouse, ses quatre enfants pour se diriger vers les remparts de Montpensier. Et c'était parti pour une nuit douce et calme. Enfin il l'espérait.

Jusqu'au petit matin, il n'y eut aucun soucis. Partagé entre les rondes de la nuit dans le village, les retours sur les remparts et les discussions avec ses quatre collègues d'un soir, Rick avait veillé sur le sommeil de Montpensier. Et soudain, au petit matin, un groupe de quatre cavaliers. Comme à son habitude, le jeune homme descendit vers les portes pour vérifier l'identité des nouveaux entrées. Et là son sourire s'aggrandit en les reconnaissant. Sa soeur Kory et son beau-frère, le Grand Prévôt, Al étaient là, accompagnés de leurs vassaux Nictail et Aiguemarine. Le jeune homme les accueillit chaleureusement. Ils étaient enfin de retour, les valeureux nobles qui avaient passé de longues semaines, sur le front Berrichon, à Bourbon. Et enfin, ils étaient démobilisés. Il en connaissaient des petites têtes blondes, qui allaient avoir une belle surprise dans quelques jours ou quelques heures, selon le cas.
Le jeune maréchal annota dans son carnet de garde, le nom des visiteurs.

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Elegance
Nuit du 24 au 25 novembre.

Elégance attacha Libellule à un anneau en bas des remparts et son panier sous le bras pleins de ripailles pour son amour et ses collegues,gravie les marches deformées par le temps.

son coeur battait tres vite,enveloppée dans sa cape ,elle montait en pensant à l'etre pour qui ,depuis quelques jours,voyait grandir ses sentiments sans meme le vouloir.
Elle qui se croyait forte,sur et surtout persuadée de ne plus pouvoir aimer,elle se consacrait à son travail et toujours prete pour defendre le village,oubliant sa propre vie et pourquoi elle existait vraiment.
Et cet homme etait venu troubler son coeur et son ame depuis elle savait que sa vie avait pris un sens .

Arrivée en haut du rempart, elle se fit discrete pour ne pas effrayer les guetteurs, elle chercha Gus du regard ; personne!!!
Silencieusement elle se hasarda et entendit un bruit.

"Vite je dois me cacher ".......des ombres defilaient la faisant trembler de tous ses os ,on aurait pu les entendre tant elle avait peur, elle etait prise de panique et se collée a la parrois froide du mur comme pour si confondre,elle ferma les yeux et pensa à Gus .

Mon tendre amour comme vous me manquez,vous avez changé ma vie et si j'osais je vous dirais "je t'aime" car mon coeur vous appartiens à jamais.

Tout à coup elle r'ouvrit les yeux,des rires ,des blagues des hommes passérent devant elle sans la voir.
Tout de suite elle reconnue Gus ,plus beau dans la lumiere de la nuit, elle sortie timidement de sa cachette.

"Bonsoir messirs,je suis Dame Elégance et je vous améne de quoi vous rechauffer un peu et du pain".

Gus se tourna vers moi et sans un mot se dirigea rapidement dans ma direction,avant meme que je realise ,j'etais dans ses bras .

"Elégance vous prenez trop de risques" me dit il en m'embrassant sans cesse du bout des levres glacées."

"La nuit etait claire et etoilée et vous me manquiez tellement mon amour" il me serra contre lui ,je sentais nos coeurs en harmonie.on aurait pu rester des heures ainsi ,seuls au monde.

Gus!!!Gus!!! allez viens manger la soupe c'est un delice crierent les autres nous tirant de notre beatitude amoureuse.

"vous devez partir ma douce lui dit il les rues ne sont pas tres sur et je serez plus tranquille vous sachant à la chaumiere."
Il deposa un baiser tendre et d'un geste doux la couvrit de sa cape.

"reviens vite je t'attends " dit elle.

Elégance redescendit tranquillement ,le coeur leger et silencieusement comme elle etait venue.Elle savait desormais que la vie etait un magnifique ecrin et que le cadeau qui se trouvait dedans etait l'amour de Gus.

Elle remonta sur Libellule et disparue dans les rues .
Anseis
[fin d'un premier voyage]



avec une pointe de regret, Anseis laissa sa main quitter l’encolure du compagnon qui l’avait porté durant leur visite des villes au sud du duché. L’animal, un fier étalon couleur neige, se rapprocha de la jument baie d’Elais. D’un mouvement mutuel, leurs têtes se caressèrent avant qu’ils ne les tournassent vers leurs cavaliers.

Le lien qui avait uni Anseis à Elais durant ce voyage s’était étendu à leurs montures et bien qu’ayant retrouvé les écuries qu’ils avaient quittées il y a quelques jours, les deux nobles animaux semblaient trouver sécurité - ou plaisir – en la proximité l’un de l’autre.

Caressant des doigts la main de son aimée, le vagabond ne put qu’approuver d’un mouvement de tête, comprenant ce qu’ils pouvaient ressentir. Pivotant légèrement pour parler à sa compagne, il marqua une pause, ainsi qu’il le faisait chaque fois que son regard se posait sur les traits gracieux de son visage.


Ils attendent probablement que nous leur laissions plus d’intimité.

La tisserande y répondit par un sourire, un de ceux qui faisait battre le cœur de l’homme un peu plus fort, un peu plus vite. Le sourire, communicatif, se dessina alors sur ses lèvres et d’humeur bien plus joyeuse que n’était le ciel, il l’accompagna sur le chemin qui menait à la porte qui leur permettrait de passer les remparts de la ville.

Humeur joyeuse et volontairement insouciante, tentant d’ignorer qu’ils ne partageraient même auberge le soir, ni trajet, pendant un temps. La douanière retrouverait ses habitudes, son échoppe et sa maison. Lui continuerait de loger dans cette petite chambre louée au mois. Peut-être en profiterait-il pour se rendre au cadastre et se chercher demeure …

Mais ces pensées pouvaient attendre. Pour l’instant seul comptait les moments qu’il passait en sa présence. Moments de si grand bonheur que, repensant aux derniers jours, il ne pouvait s’empêcher de se demander si tout ceci n’était que rêve.

Lorsqu’ils ne furent plus qu’à quelques toises des remparts, Anseis releva son regard. Son sourire jusque là chargé d’une légère mélancolie, se fit plus joyeux. Qu’il serait bon de retrouver les remparts pour quelques jours…et de l’y retrouver.

Il n’avait besoin de la regarder de nouveau pour savoir qu’elle avait elle aussi tourné son attention vers les grandes murailles ceignant la ville, partageant probablement les mêmes désirs.

Cela ne le retint pourtant de tourner la tête, lui donnant de nouveau l’occasion de ressentir le frisson qui le parcourait lorsqu'il prenait le temps d'admirer le profil de la jeune femme.

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Elais
[Promenade]

Le regard posé sur l'horizon, la promeneuse franchit la dernière marche qui menait au chemin de ronde et entama une lente progression vers la tour Ouest. Elle n'avait eu aucun mal à accéder à la montée égoïstement gardée par deux cerbères humains. Même si elle n'avait aucune raison fonctionnelle d'être là, ces derniers, qu'elle s'amusait à nommer gentiment '' les gargouilles'' , avaient pris l'habitude de la voir errer sur les hauteurs et n'y prêtait plus attention, comme si au demeurant, elle eut été devenue un composant naturel de cette muraille, tout comme eux. Ce qui plaisait grandement à celle qui n'aspirait qu'à rester discrète et retrouver ses remparts, en toute quiétude.

Entre l'invitation à un mariage, les employés de ses champs, son échoppe trop longtemps désertée, la caserne -sa nouvelle lubie- et les aller-retour au château, elle n'avait eu l'opportunité de venir s'attarder sur les remparts qui l'accueillaient à cet instant. La douane aux bonnes mains de sa collègue et préférant depuis quelques temps la culture ou la mine aux rondes nocturnes des sentinelles, elle avait délaissé ces lieux qu'elle considérait comme son havre de paix. Pourtant combien de fois avait-elle songé retrouver cette indéfectible ceinture de vieilles pierres pour y puiser un peu de sa sagesse, de sa force mêlée à la douceur qui l''aurait aidée à continuer à se lever chaque matin et affronter les « tribulations » plus ou moins incertaines de son existence ?

De retour chez elle depuis quelques jours, le quotidien -ou presque- s'était à nouveau installé dans la vie de la jeune femme. Montpensier, animée par les activités et amusements que le tribun mettait en place avec énergie, continuait à accueillir nouveaux et vagabonds qui, par leur présence, égayaient parfois les tavernes ou la halle. Le Duché, lui, se préparait à de nouvelles élections ; les estrades en gargote commençaient à s'élever pendant que les premiers badauds se regroupaient et devisaient sur la nouvelle lois sur les salaires, sur la fréquentation des mines et autres sujets qui préoccupaient et sortaient de la monotonie les moins aguerris...

Dans l'ensemble, l'on pouvait juger que tout était normal et calme pour elle, même lorsqu'elle songeait à sa brève participation à un sujet qui avait éveillé sa curiosité à la prévôté, et qu'elle avait fini par laisser de côté en constatant que les avis n'étaient pas aussi partagés qu'elle le croyait et se répétaient.

En définitive, le refrain s'enchainait inexorablement sur une vieille et éternelle musique dont elle avait appris à écouter, sans y être indifférente, mais sans y apporter de jugement également.

Cependant, il y avait un « presque » dans ce quotidien qui faisait sa vie.

Alors qu'elle se trouvait en voyage, les maréchaux de Montpensier avaient méticuleusement relevé le liste des villageois et rapporté cela au château, lui permettant de faire ses rapports journaliers et vérifier les entrées et sorties. Un matin, surgit de son passé, le nom d'un vagabond avait sensiblement attiré son attention évoquant des souvenirs qu'elle tentait d'ignorer depuis qu'elle avait trouvé un certain équilibre dans cette nouvelle existence. Elle avait tout d'abord songé à une coïncidence comme elle l'avait fait avec celui qui portait le nom de son père, puis les jours défilants, ses pensées n'avaient cessé de la ramener vers ce nom qui la troublait.
Elle avait attendu d'être à nouveau à Montpensier -que l'homme ne se décidait à quitter, pour chercher de plus amples informations sur ce vagabond. Mais elle n'avait rien vu ou entendu le concernant... Ne fréquentant ni les tavernes, ni le marché, l'inconnu semblait s'être évanoui dans la nature, ne laissant subsister que ce nom qui restait un mystère pour la douanière. Malgré tout cela, elle espérait que leurs routes se croiseraient un jour...

Voilà où en était sa vie aujourd'hui. Du moins, en partie...

Les sourcils légèrement levés, le regard perdu au loin, elle resserra un bras autour d'elle alors qu'une de ses mains encerclait la petite médaille nichée au creux de son cou et qu'un doux sourire glissait sur ses lèvres lorsque ses pensées dessinèrent le visage réconfortant de son défunt père. Il avait toujours été de bon conseil pour elle, elle aurait aimé lui parler de cette autre partie si fragile, où se mêlaient de nombreux sentiments et questions, qui semblait amener joie, exubérance et satisfaction chez les autres, mais qui s'évertuait à être une énigme douloureuse pour elle. Tout cela la dépassait et elle ne voulait y songer... Se préserver était la seule chose à laquelle elle devait se soucier.

Le dernier sujet vite oublié pour éviter de réveiller les angoisses qui sommeillaient en elle, son attention se porta sur la douce compagne de ses nuits. Le jour n'était encore couché que le disque lunaire faisait son apparition, apaisant les pensées de la jeune femme. Un sourire illumina son visage. La nuit allait enfin tomber et le ballet nocturne allait commencer...


...
Atheus
[ Halo parfumé ]


Athéus avait quitté l'Orléanais depuis plusieurs jours déjà, avec l'intention de gagner les terres méridionales dont il avait gardé le souvenir d'hivers particulièrement doux. Cependant, il avait surestimé ses forces. Un vieil homme comme lui ne peut parcourir allègrement des dizaines de lieues chaque jour, tout particulièrement seul, et à pieds, avec un vent glacé fouettant les visages jusqu'au sang... Ainsi, il s'était résolu à passer quelques jours dans la cité de Montpensier, le temps de reprendre des forces, espérant la clémence de quelques douces journées de fin d'automne pour repartir sur les chemins.


Ce soir-là le vieux empoigna le fidèle bâton qui lui servait de canne et quitta la masure dans laquelle il avait trouvé refuge en échange de quelques écus. C'était la première fois depuis son arrivée qu'il s'aventurait dans les rues de Montpensier. Il aimait cette sensation étrange d'être perdu, de tout découvrir à chaque angle de rue.
Loin d'être un mystique, il se surprenait à rester parfois immobile, en pleine contemplation ici d'une fontaine, là d'une devanture d'échoppe...

Puis, passant dans une étroite ruelle, il fut subjugué par une rose tardive qu'un bras pâle du halo lunaire caressait en ondulant délicatement.
Sans réfléchir, il sortit une dague de sa besace usée pour prélever le cadeau qui venait de lui être désigné.
Cette rose pourpre qui semblait atteindre aujourd'hui même le paroxysme de sa beauté suave embaumait les narines d'Athéus d'une odeur douce et subtile. Une odeur à en perdre la raison...



Tandis que derrière un carreau sale quelqu'un venait de souffler la dernière bougie, signe qu'il était temps de rejoindre Morphée, Athéus sourit. Cette rose à elle seule suffisait à faire de cette promenade un moment de grâce. Il poursuivit sa marche lente dans le dédale de ruelles. Cependant, alors que son intention première était de conserver cette rose avec lui, l'image d'une rose fanée entre ses mains le fit grimacer... Il n'avait dans ses affaires aucun récipient à même de conserver ce cadeau du ciel. Pouvait-il égoïstement garder cette fleur contre lui au risque que cela ne la tue ? Il se décida donc à trouver un endroit frais et humide qui permettrait à la rose de resplendir encore et encore.
C'est ainsi que lentement, les pavés usés entendirent le claquement régulier de la canne s'écarter du cœur de la ville.

Arrivé au niveau de l'enceinte de la cité, infranchissable à cette heure-ci, Athéus porta son choix sur un bloc de pierre au pied des remparts qui présentait en son milieu une partie creuse constituant une sorte de vasque. Athéus huma une dernière fois ce parfum qu'il se jura de ne jamais oublier, et offrit ainsi à la rose un écrin qui lui siérait.

Était-ce le froid ? Athéus, les yeux vitreux, s'effaça dans la sombre masse indéfinie des murs endormis pour trouver un chemin jusqu'à sa modeste paillasse.
Anseis
[L’angoisse de l’attente]

Aussi douce que pouvait être une journée en décembre, cela ne changeait rien à la froideur qui accompagnait la nuit dès que le pale soleil rejoignait l’horizon pour prendre repos. Accroupi entre deux merlons, le vagabond appréciait pleinement ses sombres habits qui, en plus de lui offrir camouflage décent, conservaient mieux la chaleur.

Fermant les yeux, il tourna de nouveau la tête, humant l’air. Le frisson qui le parcourut lorsqu’il reconnut enfin l’odeur qu’il cherchait, n’était cependant point du à la fraiche température. Avec les sentiments qu’il éprouvait pour Elais étaient nés d’autres sentiments. Telle cette angoisse qui maintenant le prenait.

La jeune tisserande avait dit connaitre l’homme, Atheus. L’homme avait un nom et cela n’était bon signe. Seuls les anciens chefs gagnaient tel privilège. Anseis n’avait jamais trop fait attention aux noms à l’époque, bien trop jeune pour apporter plus d’importance à autre sens que l’odorat. Mais il avait eu tout le temps d’en apprendre plus auprès de son père durant les années monastiques qui avaient suivies.

L’homme avait été chef, des griffes ou plus probablement du corps. Un homme aguerri et entrainé au combat aussi bien avec diverses armes que sans. Et s’il avait un nom c’est qu’il avait gagné respect des nobles. Le frisson remonta de nouveau le long du dos de l’ancien œil. Il pouvait probablement rivaliser en discrétion et agilité mais si l’individu avait quelconque mauvaise intention et se retrouvait au corps à corps – il devait l’admettre au prix de sa fierté – il n’avait aucune chance. Bien entendu, il n’était plus l’enfant de 12 ans et avait gagné en force et vigueur mais … contre un vétéran de la meute ?

L’odeur se précisa au point que l’homme sentit ses muscles se contracter. Comme il le pensait, Atheus devait lui aussi rechercher solitude. Et les remparts étaient les lieux qui leur venaient naturellement à l’esprit. Le vagabond quitta en silence son abri, rejetant la partie de son âme qui lui conseillait de fuir. Il hésita un instant – était-il donc si judicieux d’avoir laissé épée et bouclier dans sa demeure ?

Oui, oui … ses talents étaient dans la discrétion et non la puissance. Et même si sa dague ne faisait le poids contre une arme de plus grande allonge, il n’aurait eu de toute façon l’avantage que lui conférait le silence avec le reste de son armement. Il n’avait plus qu’à espérer que l’homme était bien un corps et que ses talents s’étaient émoussés avec le temps – au moins assez pour lui laisser le temps de l’observer.

Lentement, il remonta le chemin de ronde, ses chausses longeant créneaux et merlons. Il ne devait plus être loin de l’homme maintenant si ….

Anseis s’arrêta

Une autre odeur venait de s’ajouter parmi les rares autres qui flottaient dans la nuit, une odeur qu’il aurait reconnue entre mille sans la moindre hésitation. Elais ! La jeune femme était elle aussi toute proche. Un instant tétanisé, Anseis se força lentement à respirer pour avancer de nouveau, jusqu’à l’escalier de pierre le plus proche. Tendant l’oreille, il perçut un tapement régulier tel…une canne ? sur les pavés. Le bruit continuait de s’approcher. Sur sa droite, il nota la silhouette tant aimée… savait-elle ? Et l’homme ?

Se baissant jusqu’à ce qu’un de ses genoux touchât terre, le vagabond porta lentement sa main vers sa hanche, caressant le manche de la dague qui y résidait proche de la cicatrice lui rappelant quelques douloureux souvenirs.

Les années d’entrainement revenaient naturellement. Il savait qu’il devait faire confiance à Elais et ne point se jeter en avant ni crier. Il le devait car c’était le choix le plus sûr pour elle, car il n’avait aucune assurance que l’homme leur voulait du mal et que toute action précipitée entrainerait un combat, mais aussi car elle n’aurait aimé qu’il la protège de façon inconsidérée.

Son cœur néanmoins se révoltait à cette inaction, au point que l’homme en vint à se mordre la lèvre pour ne point crier. Avec lenteur, il se rapprocha du bord intérieur du chemin de ronde jusqu’à ce que ses pieds se retrouvassent en partie dans le vide. Une main agrippée à la pierre, l’autre toujours au niveau de sa hanche, l’ancien de la meute attendit dans cet équilibre instable : Si les choses empiraient, l’homme devrait normalement lui tourner le dos. Un plongeon suivi d’un cri, même s’il n’avait garantie de l’atteindre, devrait au moins le perturber pour donner avantage décisif à Elais.

De nouveau guidée par ses sens, la bête attendit sans pour autant pouvoir chasser l’horrible inquiétude et culpabilité qui le rongeait alors que son aimée et le vétéran continuaient de s’approcher.

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Atheus
[ La dernière fois ]


Avait-il perdu la tête ? Le parfum enivrant l'avait-il à ce point perturbé qu'il était complètement désorienté à présent ?
L'abri dans lequel il avait trouvé refuge se trouvait tout proche du cimetière, adossé à l'abside de l'Église de Montpensier.
Ainsi, s'il voulait s'épargner une errance nocturne dans les rues de la cité qu'un voile de brouillard commençait à enserrer, il lui fallait vite repérer le clocher qui lui indiquerait la direction à suivre. Ignorant que de là-haut, le moindre de ses mouvements était épié dans le silence feutré de cette nuit engourdie, Athéus songea qu'il pourrait sans risque grimper les marches un peu plus loin là-bas et espérer apercevoir le clocher salvateur depuis la muraille surplombant les toits.

Le souvenir du parfum divin de rose occupait ses pensées telles les brumes naissantes ondulant sur les pavés, si bien qu'il ne prêtait attention ni aux bruits du pas léger qui progressait sur les remparts, ni aux odeurs de ceux avec qui il avait partagé les expériences de combats les plus primaires lors de leur terrible passé. Il évoluait sans précipitation, et, arrivé aux pieds de l'un des escaliers de pierres menant aux cursives des remparts, il ne prit même pas la peine de redresser la tête et poursuivit sur un rythme calme et régulier.

Ayant atteint le chemin de ronde, il plissa les yeux et concentra tous ses efforts pour apercevoir entre les volutes la sombre masse oblongue se détachant de la ligne brisée des toits. En vain. Il lui sembla qu'en poursuivant de quelques toises, il accéderait à une terrasse offrant un meilleur point de vue, mais il n'avait pas fait trois pas qu'il perçut une silhouette, et la forme reconnaissable du fourreau d'une épée indiquant qu'il s'agissait très certainement d'un garde qui devait faire sa ronde. Inutile de rebrousser chemin, il n'aurait qu'à expliquer ce qui l'avait conduit ici, et peut-être même le garde aurait-il l'amabilité de lui indiquer le chemin à suivre pour regagner sa demeure.

Ils avançaient l'un vers l'autre, et, sans savoir lequel de ses sens l'alertait, Athéus éprouva tout à coup une inquiétude indicible qu'il ne comprenait pas. La silhouette se dessinait plus précisément. Il ne s'agissait pas d'un garde, non, mais d'une garde !
L'homme à la canne ne parvenait à identifier l'origine de cette sensation presque angoissante qui semblait l'envahir peu à peu. Il continuait d'avancer, d'un pas lent. Ses yeux gris ne distinguaient pas les traits du visage de la jeune femme qui approchait. Pour autant, les fragrances qu'il percevait ne lui étaient pas inconnues. Il ne l'avait pas identifiée, mais en son for intérieur, il savait.
Il savait, cette silhouette, cette odeur, cette démarche... la meute... non... ce ne pouvait être...
Un pas de plus en sa direction... Elle aussi est inquiète, son pas est lent. Peut-être même l'a-t-elle reconnu malgré la vieille toile le couvrant entièrement et masquant son visage ainsi engoncé dans la pénombre ?...
Mais ce jour-là... son ventre, tout de rouge maculé ?... Comment diable se pourrait-il qu'elle...
Encore un pas, elle est toute proche...
Pourtant elle titubait... un filet de sang, sombre, s'écoulait de ses lèvres blanches...
Peut-être ressent-elle cette angoisse indéfinie elle aussi ?... Un dernier pas, elle est là, face à lui. Elle n'a plus le teint blafard qu'elle arborait lorsqu'il l'a vue la dernière fois...
La dernière fois... Il avait vraiment pensé que ce serait la dernière fois... Sept années déjà...

Elle était devenue une femme, plus belle encore depuis...
Sans même qu'il en ait eu conscience, les lèvres d'Athéus bougèrent, et on put entendre :


Tealhis...
Elais
[Et oui...]

Elle continuait sa marche sur le chemin de ronde, les pensées tournées encore vers ce que serait son futur et ce qu'elle présageait pour lui, partagée entre errance qui ajouterait à sa mélancolie et voyage qui soulagerait ses envies, quand un bruit sec et régulier, semblant frapper le pavé, troubla le concert de silence qui accompagnait la jeune femme. Ses yeux sombres se tournèrent aussitôt vers la source importune. Progressant lentement vers elle à l'aide d'un bâton, une silhouette encapuchonnée, à peine éclairée par la faible lueur d'une lune cachée par les nuages, se mouvait à la faveur des ténèbres. Elle ne distinguait que l'ombre voutée de celui qui se rapprochait, cependant elle ne put empêcher un léger frémissement de parcourir ses membres devant cette apparition.

Etait-ce l'air humide devenu soudainement pesant ou l'étrange pressentiment que ce n'était un simple passant ?

L'un ou l'autre, son pas, d'abord hésitant, s'interrompit cherchant à faire volte-face. La solitude était tout ce à quoi elle aspirait à cet instant. Mais quelque chose la retint. Quelque chose que l'on aurait pu considérer comme de la curiosité. Or il semblait que c'était bien plus que cela. Elle n'en connaissait la raison, mais le sentiment qu'il fallait qu'elle sache qui il était et pourquoi il se trouvait là la titillait irrémédiablement. Il fallait surtout qu'elle apaise cette appréhension qui naissait doucement dans son esprit.

L'estomac noué, le souffle court, elle pivota lentement pendant que sa main venait rejoindre instinctivement le pommeau de la fine épée contre sa hanche, redonnant un semblant de sécurité à l'ancienne griffe. Ses yeux, rivés sur l'inconnu, se plissèrent légèrement pour distinguer le visage de l'encapuchonné alors que le disque lunaire en trahissait progressivement les traits, sans trop en dévoiler. L'allure de l'homme indiquait qu'il avait un certain age, quarante ans, ou peut-être plus. Sa démarche lente, quant à elle restait passablement assurée, ce qui fit froncer les sourcils de la jeune femme quelque peu suspicieuse.

L'ombre grandissante n'était plus qu'à quelques pas à peine. Dans l'air vif résonnait le clappement de la canne sur la pierre produisant un bruit suffoquant, bien propre à lui vriller les nerfs. Elle pouvait entendre la tempête sous son crâne tandis que les rouages de son cerveau cherchaient à déterminer si elle n'était pas victime de ses illusions. Osant à peine respirer tant la tension oppressait sa poitrine et épiant toujours le moindre geste hostile de celui qui s'avançait, elle voulut avaler sa salive, mais sa gorge était sèche comme de l'amadou. Elle tenta d'en sortir tout de même un son pour qu'il s'arrête, se présente, ou tout bonnement la rassure sur sa présence, quand le seul mot que prononça l'homme claqua comme un coup de fouet à ses oreilles.


Tealhis...

Par tous les saints, fut la seule réponse qui s'échappa de la bouche de la jeune femme, alors que le visage livide, elle plongeait sa dextre vers sa ceinture et sortait rapidement son épée du fourreau avant de la pointer en direction de l'inconnu. Reculant d'un pas, sa méfiance s'accrut et son regard prit un éclat plus sombre lorsque sous la frange des cils, deux iris argentés, impassibles, glissèrent sur la lame de son arme, puis remontèrent progressivement avant d'effleurer son visage. La capuche de l'homme glissa au même instant dévoilant une chevelure brune couvrant partiellement un large front, au teint halé. De fines rides nichées au coin de ses yeux venaient attester de l'age avancé de ce dernier. Sa mâchoire puissante relevée par des pommettes hautes laissait émaner une certaine autorité, rendant un visage sévère que venait adoucir la note de ses lèvres bien dessinées.

Les deux anciens membres de la meute s'affrontèrent du regard un court moment avant que la jeune femme ne tarde à mettre un nom sur ce visage familier. Atheus...

Froid et inaccessible. Un chef. Celui qui l'avait formée avant de combattre à ses côtés lors de ce jour maudit où les clans s'étaient déclarés la guerre pour les faveurs de quelques haut-placés à l'égo démesuré. Il était là, devant elle. Depuis qu'elle avait découvert qu'il se trouvait à Montpensier, même si un doute subsistait sur son identité, elle avait pressenti que cette rencontre serait inévitable. Les clans qui s'étaient formés à l'époque, avaient séparé deux êtres dont le destin avait été de se retrouver et de s'aimer, mais aussi avaient réuni deux âmes dont le chemin n'avait fait que se frôler avant de s'éloigner. Ils s'étaient quittés sans se retourner. Elle, blessée, lui... Oui, lui ? Comment s'en était-il sorti ce jour là ? Ce jour qui avait laissé une trace indélébile sur le corps de l'ancienne adolescente, mais aussi sur son âme, chassant toute chimères et passion de la candide petite fille fragile qu'elle avait été. Ce jour où condamnée amèrement à l'errance, aux doutes et à l'inexistence, elle ne s'était autorisée plus que la possibilité de rêves éphémères qui pouvaient s'immiscer dans son sommeil lors de ses rares nuits salvatrices. Ce jour qui l'avait... abîmée, détruite...

Elle avait grandi, depuis... et de ce fait était avertie. Et quand bien même avait-elle lié sa vie à un de ses membres, la meute restait son ennemie.

Resserrant la poignée de l'arme dans sa main, elle se campa plus amplement sur ses pieds alors qu'elle dirigeait la pointe de son épée vers le cou de son ancien chef, l'engageant ainsi au combat. Nul temps de prévoir, que la force détrôna l'agilité en quelques secondes. A peine avait-elle bougé son épée qu'un léger sourire apparut sur la commissure des lèvres de l'homme qui, levant vivement sa canne, asséna un puissant coup sur l'objet menaçant, l'envoyant se fracasser contre la muraille des remparts...


...

[Edit pour plus de compréhension ]
Atheus
[Hoo hoo...]

Du haut de son piton rocheux, le grand duc observait la clairière séparant le bois des remparts de Montpensier.
Il était à l'affût de quelque campagnol, rat, corneille ou hérisson qui oserait s'aventurer dans la pénombre. Il savait pouvoir compter sur son ouïe parfaite, sa vision nocturne et son vol silencieux. Aussi, lorsqu'il aperçut un mouvement au pied d'un grand chêne isolé, il desserra ses griffes et dans un mouvement majestueux, déploya ses larges ailes. Tandis qu'il était presque à l'aplomb de sa proie, il fut distrait par le tintamarre que faisaient des humains sur la muraille d'enceinte de la ville.

Par tous les saints...

De toute évidence, Téalhis, dont le visage rivalisait de pâleur avec l'astre diffusant péniblement au travers des brumes sa faible clarté, était interloquée par la rencontre d'Athéus. L'avait-elle reconnu, lui, ou bien sa voix, ou bien ... ? Il ne comprenait pas...
Toujours est-il qu'il constata avec un mélange paradoxal d'effroi et de satisfaction que la guerrière qui avait naguère combattu valeureusement à ses côtés le jour même où il l'avait crue morte, n'avait depuis pas perdu en habileté. En effet c'est avec une grâce et une rapidité remarquables qu'elle sortit son épée de son fourreau et la pointa menaçante sous le visage encapuchonné.
Athéus ne fit absolument aucun mouvement de contre. Il eut été inutile, voire risqué, de tenter quelque parade que ce fût. La manœuvre avait été si soudaine et si précise qu'il n'aurait pu éviter d'être blessé ou même d'y laisser la vie.
Se souvenant des heures passées à l'entraînement avec la jeune enfant d'alors, il avait parié qu'elle stopperait son geste s'il ne cherchait à se défendre.
C'était là sa seule chance.
Ainsi, durant quelques instants, interminables, immobile, il conserva un souffle calme, tentant de maîtriser la situation, ou, de donner l'illusion malgré la proximité de la lame.
Très lentement, ouvrant progressivement les épaules, bombant le torse, il redressait la tête, si bien que sa capuche glissa en arrière. Alors qu'approchait la lame de la jeune femme à l'intense regard noir inquisiteur mais dont les traits fins trahissaient la douceur d'un visage ovale contrastant avec quelques boucles brunes qui caressaient son long cou gracieux, Athéus haussait le menton, ce qui lui conférait un air presque hautain.

Lorsqu'il entendit le léger frottement des chausses de celle qui était devenue sans qu'il sache pourquoi son adversaire, il eut un rictus... Quelle piètre position a-t-elle choisie là ! Avec une garde si proche, elle n'avait plus ni l'élan ni la possibilité de le surprendre. Il n'avait à cet instant plus rien à craindre d'elle, alors que celui d'avant, elle aurait pu lui ôter la vie.
A l'époque, le jeune Athéus n'aurait pas hésité et aurait achevé son adversaire sans même réfléchir à ce qu'il faisait, par instinct. C'est ce à quoi il avait été formé. A l'époque... Plus maintenant...
Maintenant, il commençait seulement à comprendre Téalhis dont les débuts de guerrière avaient été laborieux. Il se souvenait qu'elle avait dans le regard cette étincelle, hésitation fugace, au moment où il fallait qu'elle prenne le dernier souffle d'une victime. Elle excellait au combat, mais jamais cette étincelle n'avait disparu, jusquà ce jour encore où elle n'avait conclu son geste.
Lentement, elle approchait encore la lame sous le cou d'Athéus qui, d'un geste prompt, glissa son pouce le long de l'écorce usée de son bâton pour l'empoigner fermement tandis qu'il le leva violemment dans un mouvement circulaire, assénant ainsi un puissant coup à la base de l'épée de la jeune garde, projetant dans un grand fracas le métal contre la pierre.

Un petit campagnol affolé se réfugia dans un terrier tapi au cœur des racines du grand chêne, au grand dam du hibou qui voyait là son repas disparaître.

Athéus, désormais dans une moins fâcheuse posture, abandonna toute attitude de combat, faisant de nouveau une canne de son bâton, et tenta, maladroitement, une tirade (se voulant) rassurante pour la garde désemparée :


Parfois, la vie tient à un instant. Instant de force, instant de faiblesse... Instant de clairvoyance, instant de trouble... Je constate que tu...

Il s'interrompit, fronça les sourcils tandis que, Téalhis levant les yeux au-dessus de lui, il entendit fondre sur lui le froissement soudain d'une masse drapée...
Anseis
[Dans le feu de l'action]

Il regardait sans bouger, oubliant même de respirer. La lueur d’une des torches se reflétait sur la lame pointée en direction de l’homme. La capuche de ce dernier avait glissé et, malgré la menace, son attitude restait étonnamment calme. Un calme qui contrastait avec la nervosité d’Elais, visible malgré la distance. N’aurait-il vu l’épée fermement campée dans la dextre de son aimée, le jeune homme aurait pensé les rôles inversés. Chaque instant écoulé semblait maintenant jouer en faveur de l’ancien chef.

Il faut dire que le vétéran en imposait. Large d’épaules, malgré l’appui de son bâton, il avait gardé grâce et souplesse dans ses déplacements ainsi que le vagabond avait pu le constater. Mais au-delà de l’apparence venait l’odeur et, avec elle, les souvenirs. Ceux d’ un homme déjà mûr, avare de paroles mais dont le seul regard suffisait à comprendre les pensées. Un homme devant lequel même les fiers et puissants nouveaux chefs courbaient genou. L’ancien muet se rappelait de ce regard, posé sur lui durant les entrainements. Si différent de celui d’Elais, qu’il en ressentit de nouveau la froideur et la force. Une trainée de sueur tout aussi glaciale se forma dans son dos, coulant le long de sa colonne au point de le faire frissonner.

A juger par la taille, il devait le dominer d’une bonne tête, et la douce Elais faisait figure d’enfant face à lui. Elle devait le ressentir aussi car elle rapprocha la fine lame de son arme de la gorge de l’intrus, pivotant légèrement son pied.

Elle n’eut le temps de finir son geste que, d’un mouvement si rapide qu'il en fut à peine perceptible, son adversaire envoya valser l’épée, qui atterrit en un bruit métallique aux pieds de la muraille de pierre.

La suite des événements ? Anseis n’aurait pu la décrire : un voile brumeux, né du danger qui menaçait son amour était venu instantanément obstruer sa vision. Ses instincts, pour une fois en accord avec son cœur, l’avaient propulsé au même moment de son observatoire.




Au contact du sol, il laissa ses jambes plier afin de rouler sur lui-même et atténuer l’impact. Se retrouvant accroupi, gardant les yeux mi-clos, il profita de l’élan qui lui restait pour se projeter en direction de la voix


Parfois, la vie tient à un instant. Instant de force, instant de faiblesse... Instant de clairvoyance, instant de trouble... Je constate que tu...

Le reste de la phrase se perdit alors qu’Anseis s’accrochait au corps qu’il venait de percuter, l’emportant avec lui dans une nouvelle roulade.
Il avait l'avantage de la surprise, la jeunesse et la rapidité. Mais il ne faisait aucun doute que si les puissantes mains dont il connaissait la force retrouvaient contrôle, la situation pouvait rapidement changer.


stop

Leur course se finit brutalement contre les remparts. Le jeune homme mit une fraction de seconde trop tard avant de réagir, suffisant pour celui qui se trouvait en dessous de lui de resserrer l’étau de ses mains sur son poignet droit. Malgré la douleur, Anseis ne put s’empêcher de sourire levant son bras gauche qui tenait encore fermement la dague. Une curiosité qu’on lui avait appris à cultiver à la meute et qui souvent lui avait offert avantage. Il eut juste le temps de noter le regard d’acier du vétéran qui venait de réaliser bien trop tard et, par la même occasion le reconnaitre quand un cri les arrêta.


Pour l’amour de Christos ! Arrêtez !

Figés dans leur posture, les deux hommes tournèrent deux regards surpris vers la jeune femme dont les deux perles brunes reflétaient une aussi grande surprise d’avoir pu crier ainsi.
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