--Auguste_le_tavernier
Dois-je préciser que ce topic est pour tout le monde?
L'air complètement antipathique de l'homme contrastait décidément beaucoup avec son métier. Un tavernier-aubergiste digne de ce nom devrait avoir l'air attirant, ou au minimum jovial. Mais notre homme n'avait rien de tout ceci. Courtaud, à moitié chauve, calvitie précoce le pauvre, le chef recouvert d'un chapeau pointu d'une couleur passée, il aurait plutôt eu le don de faire fuir le client. Néanmoins, il s'était décidé à ouvrir ses auberges, et il le ferait quitte à embaucher d'agréable créatures femelles qui iraient chercher l'client. Après tout, l'établissement avait pour nom auberge, mais pouvait toujours avoir une discrète partie maison de passe! Les clients les plus vertueux n'étaient pas obligés de le savoir. Mensonge par omission. Et pour se faire il avait trouver la maison adéquat à l'ouverture de son auberge sobre et vertueuse, mais qui, si l'on passait par derrière, pouvait mener à un petit bordel caché au sous sol. Deux en un! Si un des clients présents présentait des signes particuliers, il pouvait toujours le mener vers les futures serveuses qui officieraient dans sa salle. Oui parce que putain ne rapporte pas forcément, donc elle pouvaient bien servir à autre chose dans l'auberge.
Hmm, va falloir que je les prévienne de se tenir à carreau dans la salle...
Auguste était debout derrière le comptoir pas encore utilisé, enfin pas depuis qu'il l'avait racheté au charpentier du coin, et observait la salle principale. La large cheminée trônait le long d'un des murs de pierre, tellement large qu'elle permettrait d'accueillir cochons et autres moutons grillés, sans compter quelques bonnes pièces de buf. Les poutres au plafond semblaient rongées par les mites, mais ça personne ne le verrait! Et puis vu les pierres dans lesquelles la maison était bâtie, peu de doute qu'elle tombe comme un vulgaire château de carte à cause de trois poutres abîmées. Quelques tables disséminées ici et là, permettant à ceux qui le voudraient de se restaurer, de boire, de parler ou de magouiller, d'autres tables, de jeux celles là, dans un coin de la pièce, pour les amateurs de tric trac ou encore de cartes et tarentelle, ou ramponneau. L'aubergiste fraîchement installé s'imaginait déjà les clients, le bruit, les femmes passant dans les allées pour aller servir les hommes qui dépenseraient leurs écus pour quelque boisson ou morceau de viande... Ou morceau de femme. Claquant ses mains avec un sourire satisfait, il se dirigea vers les escaliers qui couraient le long d'un mur au dessus du comptoir. OU allait-il voir en dessous? Non d'abord les chambres, le bordel n'étant pas encore prés.
Les marches craquaient sévèrement sous son poids, faut dire qu'il ressemblait à un de ces moines bien gras que l'on croisait dans les monastères. Craquements sonores et sinistres dans l'établissement sombre et encore dénué de clients. Quelques bruits qui résonnent à l'étages inférieur, il n'y prête pas attention et avance dans le corridor sur lequel s'ouvre multitude de portes, toutes cachant une chambre sobre, pas grande, mais pratique. Chacune ayant le baquet de cuivre permettant les bains, il ne manquait plus que l'eau qui serait chauffée aux cuisines, à l'étage inférieur, et acheminée ici via un petit monte-charge que l'on actionnerait avec une corde. Les femmes allaient se faire les bras!
Bien! Tout semblait prêt à accueillir les premiers clients. Les réserves pleine, le vin prêt, les fûts aussi. Il verrait en temps voulu pour son petit bordel, il fallait dire qu'il n'avait rien d'une mère maquerelle, ni d'un maquereau, mais il laisserait courir le bruit de ce qu'il recherchait. Avec un peu de chance, certaines personnes en mal d'écus se jetteraient sur l'occasion!
De nouveau derrière son comptoir, Auguste s'échinait à rédiger une note sur un panneau qu'il placerait dehors dans la ruelle. Pour les gens sachant lire, ce serait parfait, mais pour ceux qui ne le savait pas, il prit son temps pour dessiner quelques tonneaux. Tirant la langue, comme si cet exercice lui coûtait, il y passa de longues minutes, et ce ne fut qu'une fois qu'il fût pleinement satisfait, qu'il allait au dehors, placarder l'affiche.
Bon, il avait fait baver la plume et n'avait certainement pas écrit trés juste, mais il était tout de même content de lui. Du coup il laissa la porte entre-ouverte derrière lui et alla s'asseoir derrière son comptoir, attendant le client qui franchirait la porte, en affutant une belle lame. Ouh le bel hachoir.