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[RP] Auberge d'Alençon, bordel à ses heures, venez tous!

--Auguste_le_tavernier




Rez de chaussée


Aaaah l'cur'ton qui était venu y avait pas longtemps avait rendu l'âme... pouah dommage c'était drôle de deviser avec. Il était presque sûr qu'à force il aurait réussi a lui refourguer la blonde. Jamais d'chance. Peut-être qu'il aura trouvé gentille fille là haut! En attendant Auguste regardait l'bonhomme qui avait prit logement dans son auberge avec sa marmaille et sa dame. Moyen d'le plumer lui peut-être... Hemma allant lui servir sa bière, il la choppa au retour et l'attrapa par le bras avant de l'attirer à lui en se tournant, fallait pas qu'le noble entende.

T'as vu l'gus qui est là? C'ui à qui tu viens d'servir sa bière. Essaye voir de t'le faire comme client, après tout, doit y avoir moyen, sa donzelle est pas là.

Entendant du bruit dans les escaliers, le gros bonhomme se retourna et le vit monter. Rhaa! La poisse.

Ouais enfin pas maintenant, mais essaye, on sait jamais, il a l'air d'avoir de la caillasse. Allez va servir les clients la blonde!

Finissant sa réplique avec une magistrale claque aux fesses, il renvoya Hemma à son boulot. Fallait bien qu'elle fasse ça pour payer son logis.
Tsampa
Pas de taverne pendant le service...

Elle le répétait souvent à ses gardes. Et là, en poussant la porte de cette taverne si peu accueillante, elle murmure en souriant

... ou alors pas que ça se voie!


Et puis, elle n'entre pas pour se piquer la ruche, juste pour se réchauffer un peu.
Perce Bedaine garde le poste, elle le relaiera en revenant. Accord tacite et silencieux... Mais accord quand même!
On fait ce qu'on peut entre arpenteurs de remparts...



Elle choisi une table un peu à l'écart des autres, et interpelle la jeune fille au décolleté trop profond pour être honnête.


Une soupe, damoiselle, s'il vous plait. Bien chaude! Et un pichet de vin et du pain aussi pour tremper dedans!


Elle regarde la blonde déambuler entre les tables

Ainsi ce qu'on dit de cette taverne est vrai...
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Colhomban
Dans la chambre de Sorianne et Colhomban



Colhomban regarda la petite brune se démener sous son museau, visiblement très en colère, au lieu de lui prêter un sourire, comme il avait tendance à le faire devant les crises de la demoiselle Col se raidit et sentit affluer en lui une rage sourde. Un an… Un an que Vegoku avait rendu l’âme, qu’il s’était fait remplacer par son frère pour une union des plus machiavéliques. Comment pouvait-elle encore avoir des sentiments aussi forts pour un homme qui l’avait fait souffrir ? Un homme méprisant, sûr de lui, qui l’avait trompé bien plus souvent que faire se pouvait ? Il l’avait mis enceinte sans l’épouser, lui avait offert une existence dure dans des baraques en bois au sein de villages vides et sans âme, jusqu’à Angoulême du moins… Comment… ? Juste « Comment ? ».

Les souvenirs n’étaient pas tous bons à prendre. Certains devaient rester dissimulés, et parfois les petits gestes qu’on surprenait par les portes entrebâillées rappelaient alors qu’ils couvaient quelque part, toujours prêts à bondir, à venir ronger le cœur des gens. Le brun passa une main engourdie dans ses cheveux, son bras couturé pendant le long de son flanc. Il se perdit un instant dans ses pensées pendant que Sorianne redoublait d’efforts dans sa vindicte. Cubitérus… C’était son secret Cubi, là, cachée au fond de sa besace elle était toujours avec lui. Mais pour sûr il ne sortait pas ses cendres en soirée pour y déposer un baiser sonore Lui ! Surtout avec un pareil regard mélancolique et langoureux !

Il serra les poings et se tourna vers sa compagne.


Tu ne comprends rien Sorianne ! Je ne te reproche pas une grossesse éventuelle, mais juste le fait d’en avoir une dans le pêché. Je suis un homme qui croit en Aristote malgré le fait que je ne sois pas baptisé. J’ai des valeurs, des croyances, ne t’en déplaise ! Et je ne souffrirai pas de vivre avec toi, et un ventre plein, sans être sûr qu’en cas de problème vous ne soyez protégés par mon nom et ma qualité de noble ! Tu le comprends ça ? Tu veux offrir à un enfant les mêmes choses qu’à Tiveg et Lysithee ? Des bâtards sans père, sans nom, sans terre, sans argent ? Moi vivant tu peux être persuadée que tu seras toujours sous un bon toit, avec les meilleures choses à disposition et que nos enfants auront la meilleure éducation possible ! Et quand je dis « nos » je ne parle pas que de mes futurs « bâtards », mais bien de Tiveg et Lysi.

Il haussa le menton se drapant de fierté, la mettant presque au défit de riposter.

Je suis ton compagnon Sorianne, ton amant, et je l’espère un peu ton aimé. Il serait grand temps que tu t’en rendes compte : je partage ta vie, et je suis prêt à la partager un loooong moment. Il insista sur le mot, se penchant un peu vers elle les yeux plissés de colère. Est-ce que tu en as conscience ? Je ne vais pas partir, je ne vais pas te quitter, te tromper, ou bien mourir. En tout cas ce n’est pas dans mes projets immédiats…

Il se radoucit un peu, bras croisés dans une attitude désinvolte.

Nous avons vécu des années chargées il y a peu. Mais il serait bon de ne pas se les brandir sous le nez et d’oublier un peu. Pas totalement. Pas subitement. Mais de laisser reposer cela…

Sa voix changea et devint plus douce. Il fit quelques pas dans la pièce, et s’adossa à un mur, regardant par la fenêtre la nuit qui tombait.

Je… Je pense que tu as besoin de réfléchir sincèrement à tes sentiments Sorianne. A ce que tu attends de moi, de nous. Il tritura au fond de sa poche la petite boîte carré qu’il y avait glissé quelques instants plus tôt. J’ai besoin de savoir où je vais. Sois tout à fait honnête avec moi, n’aies pas peur de me blesser, ou de me voir souffrir. Irrémédiablement ça finira par arriver de toute façon…

Le nobliau avait vraiment l’impression qu’elle lui dissimulait quelque chose. Peut-être en avait-elle assez de cette vie de voyage ? Elle avait peut-être envie d’autre chose ? De calme, d’être seule avec ses enfants ? Elle était parfois distante, parfois très aimante, d’autres fois légère et amusante, comme grave et sévère. Sur quels pieds devait-il danser pauvre bougre ? Une valse ou bien la gigue ?

Il mourait d’envie de l’épouser, de fonder une famille, de s’aventurer sur le chemin conjugal qui lui avait fait si peur, et tout cela il n’avait commencé à le vouloir qu’avec Elle.

Sa mie de pain.

Sa plus merveilleuse des conquêtes.

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Sorianne
Les yeux fixés sur Col, elle l'écoutait. Que faire d'autre, si ce n'est serrer mâchoires pour ne pas répondre... Ou lever le menton dans un air bravache pour garder un semblant de dignité malgré les larmes qui menaçaient d'arriver sous les mots qu'il employait... Croyait-il qu'elle n'en n'avait pas de ces valeurs dont il parlait? Sans compter le fait qu'il lui renvoyait presque à la figure sa condition de roturière... Simple petite bergère qui aimait passer ses journées dans la prairie et profiter des choses simples... Pensait-il donc qu'elle ne savait s'occuper de ses enfants? Qu'ils seraient tellement mieux élevés s'ils devenaient aussi ceux de Col? Ils seraient pourtant les mêmes... So détourna le regard, ne saisissant pas le reproche qu'il lui faisait.

Quand il s'approcha, se dressant de toute sa taille au dessus d'elle, la brune leva le nez, croisant le regard enflammé de colère que Col lui lançait. "Il serait grand temps que tu t'en rendes compte"... Croyait-il vraiment qu'elle ne savait pas? La jeune femme le laissa finir, les yeux portés sur l'anneau doré qu'elle tournait doucement autour de son doigt. Quand il eut fini, elle ne leva pas la tête, ne dit rien... Que répondre après tout... Il semblait sûr de savoir ce qu'elle pensait, alors que ce n'était pas ça... Elle était heureuse qu'il lui laisse du temps, qu'il ne la presse pas... Et voilà qu'il lui demandait de se dévoiler, de dire ce qu'elle pensait, ce qu'elle ressentait. Sorianne ouvrit la bouche pour commencer à parler, mais aucun son ne sortit. les paroles semblaient coincées dans sa gorge, ne voulant s'échapper...

Honteuse... Oui, elle était honteuse, mais qu'y pouvait-elle? Tout l'honneur qu'il lui restait après être devenue fille mère, était parti dans les mensonges sur sa vie de couple et s'était épuisé à cause de la traîtrise d'une femme qu'elle pensait être son amie et qui l'avait fait passer pour une voleuse afin de se protéger... Une larme tomba sur la main qu'elle regardait, puis une autre, triturant toujours la petite bague. Le silence se faisait pesant, et elle se sentait vraiment très très petite à cet instant. So savait ce qu'il attendait d'elle, mais arriverait-elle seulement à le dire, même si elle le pensait? Prenant une légère inspiration et laissant apparaître un léger sourire un peu forcé sur son visage toujours baissé, la brunette finit par parler...

On faisait croire que l'on était marié...Parce que je le lui avais demandé... Parce que je ne voulais pas le forcer... Juste faire croire... Parce qu'une fille qui a des enfants mais qui n'est pas mariée ne peut qu'être une fille facile... Une catin... J'ai des valeurs et des croyances également... Sûrement les mêmes que les tiennes.


So leva le nez, pour regarder Colhomban. Croyait-il vraiment qu'elle n'avait pas de sentiments pour lui? Un petit blanc passa...


Je pense à lui, et il me manque...

Les yeux fixés dans ceux de son compagnon, elle le laissa intégrer un peu la nouvelle. Ne lui avait-il pas demandé d'être honnête? Détournant de nouveau le regard, elle contempla le feu dans la cheminée. Dieu qu'elle n'aimait pas ces discussions... Pourquoi tout ne pouvait-il pas être facile?

Mais c'est n'est plus de la même façon qu'avant... Il n'est plus là, moi si... Et tu es là maintenant...

So retira doucement l'anneau qu'elle portait. Elle voulait repartir sur une nouvelle vie et pourtant elle s'accrochait encore à l'ancienne, même si elle tendait à vouloir l'effacer petit à petit, même si Col occupait de plus en plus ses pensées, prenant le pas sur celui avec qui elle avait passé des années entières. La petite brune s'approcha en silence, de Colhomban et, lui prenant la main, lui glissa la petite bague au creux.

C'est tout ce qu'il me reste de lui, avec les enfants, la cape et l'épée... Et ça...

Paumes des mains vers le haut, elle lui présentait les marques aux poignets qu'il connaissait bien maintenant, avant de serrer les bras contre elle, comme si elle essayait de se réchauffer.

Il y a des choses dont je ne pourrais pas me séparer... Et si tu penses que je peux me donner à quelqu'un sans rien ressentir pour lui... Je ne suis pas comme Méli... Je ne cours pas les hommes... Vous êtes trois à avoir eu droit à ça... Dont un qui ne m'a pas laissé le choix... Depuis des années qu'elle cherchait à oublier ce passage, mais si c'était l'heure de vérité, autant qu'il sache... S'il fallait ça pour qu'il le comprenne, elle qui n'arrivait pas à formuler une simple et courte phrase... C'est déjà bien trop... Mais si tu crois que je fais ça uniquement par reconnaissance c'est que tu ne me connais pas... Et que tu as une bien piètre opinion de moi... Comment peux-tu penser que je ferai une chose pareille si je ne t'aimais pas...?

Elle n'osait même pas le regarder, déçue qu'il pense qu'elle ne l'aimait pas vraiment, déçue qu'il ne voit pas les efforts qu'elle faisait pour lui faire comprendre même si elle n'arrivait pas à le lui dire. Elle mourrait d'envie de se serrer contre Col, qu'il la serre contre lui, dans sa chaleur et qu'il ne la lâche plus. Mais tout ça l'avait refroidie et elle hésitait. So avait aussi comprit qu'il attendait bien plus d'elle que ce qu'elle pensait. Le fait d'être protégé par son nom et par son rang signifiait qu'il fallait qu'ils soient mariés, sinon elle n'était rien de moins que sa maitresse. Rien d'autre... Ce qu'elle était... Et être maitresse d'un noble ne signifiait aucunement avoir son honneur sauf... Bien au contraire.

Je ne veux plus d'enfant hors mariage. Je ne veux plus. Je ne veux pas être une trainée, du moins plus que ce que je ne suis déjà... Mais je n'y avais même pas pensé... Elle eut un sourire, se sentant royalement stupide. Mais tu m'as dit une fois avoir fuit alors que ta femme était devant l'autel... Par deux fois j'aurai dû me marier... Deux fois ça n'a pas été le cas... Je suis maudite en fait... Qui me dit qu'il ne t'arrivera rien le jour de ton mariage, qui me dit que tu ne fuiras pas...

Les mauvaises expériences ne lui avaient pas réussi, il fallait bien l'avouer... Et elle se rendait bien compte qu'elle avait maintenant peur du mariage... Se retrouver abandonnée une nouvelle fois? Elle ne le supporterait pas... Et avec un sourire forcé et ironique, So continua sur sa lancée.

Et que crois tu que vont dire tes cousines d'un tel mariage? Tu seras le mouton noir de ta famille, te marier avec une roturière, et en plus, moi! ah! Tes cousines vont apprécier j'en suis sûre...


Elle laissa filer un grand silence... Et finit par aller se serrer contre Col, en larmes. Confier ses craintes et ce qui la retenait de se plonger plus avant dans une relation pourtant simple avait du bon, permettait de remettre les choses à plat et d'en réaliser d'autres.

Pardon, pardon Col, je t'aime mais ne me force pas à l'oublier entièrement, le temps passe et il se fait de moins en moins présent, mais ne me force pas à tout ranger d'un seul coup, laisses faire le temps, s'il te plait... Je veux rester avec toi aussi longtemps que tu le dis... Tous les deux... Je ne veux pas que tu partes, je n'en n'ai pas envie, j'ai... J'ai peur que tu te rendes compte que tu ne veux pas de moi, et si je me retrouve seule devant l'autel, encore une fois? Je ne veux pas... Et si tes cousines s'en mêlent, je ne veux pas avoir à me justifier d'une chose que je n'ai jamais faite, et si ta famille te rejette parce que tu n'épouses pas une baronne ou je ne sais quoi?... Je ne veux pas être une source de conflit entre toi et ta famille.

So se serra davantage contre lui avant de reculer lentement, essuyant ses joues mouillées d'un revers de main, reniflant doucement. Gênée, peu fière de l'état dans lequel il la voyait là, honteuse même! La brunette se promis de ne plus se retrouver dans des états pareils, non, s'en était fini. Elle avait fini par craquer et tout était parti... Elle se sentait beaucoup plus légère maintenant, et ferait bien plus attention à ce qu'elle ferait ou dirait. Jamais plus elle ne voulait blesser Col, il ne le méritait pas et elle s'en voulait de l'avoir fait...Et elle s'était rendu compte d'une chose... Elle aimait Col, oui, même si c'était différent, elle l'aimait et ne voulait pas se retrouver loin de lui.

Pardon si je t'ai fait du mal...


Les yeux levés vers le brun, So le fixait, attendant de savoir ce qu'il comptait faire maintenant. La laisser? Venir la prendre dans ses bras? Mettre en route un futur petit Col? La porte n'avait pas été refermée, et elle craignait qu'il ne s'en aille, qu'il s'échappe tant qu'il était encore temps pour lui... Qu'il fasse comme... Lui... Col venait de lui ouvrir les yeux...
Repensant à un possible enfant et à ce qu'elle venait de dire, Sorianne contempla le sol et reprit, gênée, se doutant que la nouvelle ne serait sans doutes pas appréciée... Mais elle le fit avec un léger sourire, essayer de faire passer la pilule en douceur...


Je crois qu'il vaut mieux que je dorme avec Lysi et TiVeg maintenant... On sera sûr qu'il n'y aura pas de petit... "Bâtard" à naître comme ça...
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Colhomban
Les premiers mots de la demoiselle qui retentirent dans la pièce furent teintés de tristesse et le plus idiot des hommes aurait pu y deviner les sanglots retenus qui couvaient derrière ce timbre. Colhomban cessa de tourner la petite boîte entre ses doigts lorsque Sorianne parla. Par Aristote, qu'il se sentait stupide à cet instant précis, et une envie forte de se flageller traversa son corps figé dans la honte. Il la faisait pleurer !

Parce qu'une fille qui a des enfants mais qui n'est pas mariée ne peut qu'être une fille facile... Une catin...

A cette phrase le brun se retourna vivement, de la douleur dans le regard. Comment pouvait-elle croire une chose pareille ? Elle avait toujours été une mère formidable, et avoir des enfants hors mariage faisait d'elle une pécheresse, non une catin ! Et un pêché de chair pouvait être vite oublié, alors que le vice et la luxure couraient sur de nombreuses années! Il passa sa main dans ses cheveux, signe d'intense réflexion chez le jeune homme. C'est qu'il en avait des nouvelles à digérer! Mais après tout c'est lui qui avait cherché la discussion, ou disons plutôt la dispute... Il continua d'observer la petit brune ouvrir son cœur, fait rare et perturbant.

Je pense à lui, et il me manque...

Ha! Elle avouait! Elle pensait à lui! Colhomban en avait toujours été persuadé, et le geste surpris ce soir là n'avait fait que confirmer ses craintes. Est-ce qu'elle ne reviendrait pas vers lui si jamais il se représentait un jour à sa porte ? S'il n'était pas mort, pas vraiment, est-ce qu'elle ne se lancerait pas à sa recherche dans tout le royaume ? Le brun déglutit et énonça pour lui même la question qui le taraudait sans cesse : l'aimait-elle plus que lui ? Ho que oui... Mais quelque part cela semblait normal. Différent aussi. C'était dans le cours des choses...

La mie de pain continua son soliloque, se tournant face au feu, pensive.


Mais c'est n'est plus de la même façon qu'avant... Il n'est plus là, moi si... Et tu es là maintenant...

Seconde envie de se flageller jusqu'au sang. Morte couille ce qu'il pouvait être crétin pour un d'Eusébius ! Col leva les yeux au ciel, se mordant la lèvre inférieure à se l'arracher. Avant de remuer le couteau dans la plaie il se promit dorénavant de s'assener une bonne claque.

Mais là... Que faisait-elle...?
Ho non... Pas la bague.
Pas la bague !


Colhomban ouvrait la bouche pour protester, qu'elle n'était pas obligée d'en arriver là, qu'il la comprenait et qu'il prendrait son mal en patience, que ce petit anneau ça avait été de longues années de sa vie, que ce symbole lui appartenait, mais déjà sa paume ouverte accueillait ce fardeau. De nombreuses émotions le submergèrent, tristesse, culpabilité, colère, et incompréhension. Pourquoi faisait-elle cela ? Par là même l'obligeait-elle également à se défaire de son propre passé ? Il avait aimé Kaolis jusqu'à l'autel avant de fuir vers Angoulême, Cleen jusqu'à son départ précipité sans explication avant de se noyer au fond d'un verre d'alcool, Mélisandel jusqu'à sa tromperie avant d'ouvrir les yeux sur cette gourde, Cubitérus jusqu'à ce qu'elle ne meure, avant de... de rien du tout en fait... La culpabilité reprit le dessus et il serra ses doigts autour de l'anneau d'or.

Qui me dit qu'il ne t'arrivera rien le jour de ton mariage, qui me dit que tu ne fuiras pas...

Dans un certain sens ses relations précédentes n'avaient pas été plus réussies, se sabordant presque toutes à l'évocation d'une union ou de fiançailles. Il arqua un sourcil regardant sa main fermée. Non cette fois-ci il ne fuirait pas, parce qu'il savait que c'était Elle qu'il avait toujours attendu. Cependant il ne pouvait lui forcer la main pour l'épousailler, ni se contenter de se concubinage qui un jour ou l'autre serait mal vu ! Ils étaient tous les deux assis entre deux chaises !

Sorianne avança d'un pas après un long silence, et vint contre lui. Ouvrant les bras en silence le brun accueillit sa bien aimée en larmes qui finit par battre doucement en retraite regagnant un semblant de calme. Elle s'excusa contrite.

Dernière envie de se flageller jusqu'à la moelle tout en s'arrachant les yeux. Crétin de d'Eusébius !

Mais si tu savais comme je m'en fous de ma famille ! La phrase lui avait échappé, lui d'habitude si maître de ses mots, qui n'usait jamais de verbes semblables, il se laissa submerger. Qu'elles aillent au diable ces bougresses ! Il avança vers Sorianne qui ne disait plus un mot, et s'arrêta net.

Attends ne bouge pas ! Il pointa un doigt vers elle reculant vers l'autre pièce. Ne bouge pas ! Il se retourna et partit en courant pour trifouiller au fond de sa besace. Il espérait juste que sa douce ne le prendrait pas comme une fuite et il revint face à elle au triple galop, un bocal de verre dans une main, l'anneau toujours dans l'autre. La brune n'avait pas bougé, et lui, mortifié, une légère rougeur maculant ses joues tendit le pot vers la demoiselle.

Cubitérus.

Ses yeux se levèrent doucement pour croiser le regard de la brune.

L'anneau contre Cubitérus. Chacun le passé de l'autre.
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Sorianne
Attends, ne bouges pas!

Arquant sourcils, dubitative, So se demandait ce qu'elle devait attendre. il s'en alla précipitamment, ce qui accentua la curiosité de la jeune femme, qui tendait maintenant le cou afin d'essayer de voir ce qu'il mijotait, mais il avait disparu. Elle l'entendait dans la pièce à côté, mais allant bientôt avoir sa réponse, la brunette se contentait d'observer son doigt nu à présent, son petit anneau disparu. N'était-ce pas mieux comme ça? Étrangement elle se sentait en quelques sortes libérée... Et Col revint, lui présentant un pot empli de... "Cubiterus"...

La So ouvrit de grands yeux. Elle se souvenait de Cubiterus, l'amie de Col, ils étaient partis ensemble à la guerre contre la Bretagne, et elle y était morte avec sa cousine. Depuis tout ce temps elle ne le quittait donc pas? "L'anneau contre Cubiterus, chacun le passé de l'autre", c'était ce qu'elle voulait? So secoua la tête, elle ne lui avait confié son anneau que pour qu'il sache qu'elle voulait vraiment ranger son ancienne vie et construire la nouvelle avec lui, Colhomban, et arrêter de vivre dans le passé.


Je ne peux pas, c'est ton amie, à toi, je... Col tu n'es pas obligé, gardes la auprès de toi! Je la connaissais à peine, je...

So ferma la bouche et observa la verrine un moment, hésitante... Mais elle finit par tendre les mains et la prendre délicatement, ne voulant pas la faire tomber, comme si elle ne voulait pas lui faire de mal. Ce moment lui en rappelait un autre, dans une auberge de Périgueux, sous les alcôves d'une chambre, après qu'il l'eut "enlevée". Les fardeaux dévoilés, la façon dont il lui avait fait part de son plus gros secret... Aujourd'hui, ce soir, les secrets échangés, les voilà qui s'échangeaient leur vie... Elle ne savait pas grands choses de Cubiterus si ce n'est qu'ils avaient été proches... Mais c'est tout...

Elle devait être importante pour toi... Elle restera avec moi, je prendrai soin d'elle. Petite moue en baissant la tête vers le pot de verre, avant de regarder de nouveau Col. Tu n'es pas obligé de faire ça... Tu n'es pas obligé de me la confier. C'était ton amie...

So rejetta la mèche qui lui tombait devant le visage, d'un geste de la main, et fit le pas qui la séparait de son compagnon pour poser la tête contre lui, et passer une main légère sur son bras blessé. Elle aimait cette façon qu'il avait de lui délier la langue, de parler... Veg ne parlait pas... Col oui, il écoutait et ne se moquait pas... Elle était bien là. Un petit moment passa sans qu'elle ne dise rien... Jusqu'à ce que...

Les monstres sont couchés... Et... J'ai faim...

Retenant un rire, elle se recula, rougissant au son de son ventre vide qui réclamait sa pitance! Quand il se fut calmé, elle fit un grand sourire.

Et je dormirai avec eux qu'à compter de demain. On peut tenter le diable une dernière fois!

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Colhomban
Fichtre, où avait-elle pêché l’idée de dormir loin de lui ? Colhomban afficha une petite moue déçue quand elle lui signifia qu’elle ne tergiverserait pas sur cette décision, comme si tout son honneur de bout de femme était en jeu dans cette seule expectative. Le brun s’arrangerait bien à un moment ou à un autre de toute façon pour la faire changer d’avis, quitte à l’enlever encore une fois ! Le couchage allait être froid et l’hiver arrivait… Quelle guigne !

Cubitérus dans les mains de Sorianne le jeune homme se sentit plus léger. Cubi c’était du brut de décoffrage, mais elle aurait aimé le caractère de sa compagne. Il sourit à l’évocation d’une éventuelle rencontre et se marra littéralement tout seul en pensant que son amie d’enfance lui aurait pincé le fessier en sortant deux trois commentaires lubriques pour faire rager So. Ca aurait pu être drôle…

Ca aurait dû être drôle…
Foutue guerre !

Sorianne s’avança vers lui, un pas, puis un autre, avant de venir poser sa tête contre son épaule. Par Aristote ce petit bout de femme le ferait tourner en bourrique, mais cette bourrique il l’aimait plus que tout ! Pour rien au monde il n’aurait changé de mule, pour sûr ! D’un bras maladroit il enlaça la demoiselle, la bague toujours dans la paume de la main. Il faudrait qu’il la range bien à l’abri, qu’il en prenne soin, comme elle allait prendre soin du pot en verre qu’il venait de lui confier.

Un gargouillis sonore vint fendre l’air. Ho elle avait faim ? Colhomban déposa un baiser sur le front de la brune avant de la mener par la main dans la salle attenante à la chambre. Un autre feu flambait dans la cheminée et le pain, fromage, ainsi que la tarte trônaient sur la table de bois. Les petites ne s’étaient pas éveillés, aussi ne devaient-ils pas avoir si faims que cela. Tant mieux il y en aurait plus pour les autres… Pensées égoïstes d’un homme tout aussi affamé que sa compagne !

Neuf heures du soir sonnèrent tandis que le jeune couple se délectait de quelques mets tout en discutant et plaisantant.

Réconciliation autour de la table…

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Sorianne
Quelques jours ont passé...


Une? Deux semaines qu'ils étaient arrivés dans ce village? Fiou! Elle ne s'en rappelait même plus. Tsampa était partie faire le tour du Duché avec le Duc en personne, et du coup eux même allaient en profiter pour aller voir à côté, le temps qu'elle ne revienne. Tout en préparant de quoi voyager convenablement, So blablatait et blablatait...

Tu crois qu'il y aura du monde? J'ai caché mes économies sous une des lattes du plancher, chut faut pas le dire, je n'avais pas envie de tenter les brigands, sur les routes... Elle fit un grand sourire avant de penser à autre chose Et tu n'as pas encore parlé avec Tsampa! Il faudra le faire un jour ou l'autre, à mon avis tu te sentirais bien plus soulagé! Pourquoi tu n'as pas encore parlé avec elle, alors que moi tu m'as forcé!? Vilain!

Un oreiller vola à travers la pièce pour atterrir sur la tête brune de Col, défaisant le catogan si bien fait et siiii souvent retendu par le jeune noble. La So éclata de rire avant de chercher à se sauver, qui sait s'il voulait se venger.
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Colhomban
Sorianne, volubile comme à l’accoutumé, reprochait sur un ton détaché à Colhomban les relations avec sa sœur. Il savait pertinemment qu’une discussion s’imposerait tôt ou tard, et il n’avait que trop remarqué certains regards en biais chargés de reproches que sa benjamine lui avait adressés. Œillades qu’elle voulait discrètes mais qui laissaient transparaître le mal être de la jeune femme sur leur fraternité.

Tandis que les sacoches de selle se remplissaient rapidement, étant donné qu’ils laissaient beaucoup d’affaires derrière eux en prévision d’un retour proche, le brun se laissa distraire par une foule de pensées et finit par mélanger ses braies avec ses chemises, chose qu’il détestait par-dessus tout. Méthodique, un brin maniaque et surtout très apprêté, Col ne supportait pas que ses effets soient froissés, perdus ou brisés. C’était bien là la raison évidente de son refus à prêter à qui que ce soit, même à Sorianne, le plus petit des objets lui appartenant. Si jamais l’esprit lui échappait et qu’il venait à céder à la demoiselle une capeline chaude pour une nuitée un peu fraîche il la couvait du regard toute la soirée pour s’assurer qu’aucun liquide, met, ou encore braise chaude ne venait abîmer son bien précieux. Il faut dire que notre homme partageait sa vie avec une maladroite née, et que les occasions de s’inquiéter pour ses affaires étaient nombreuses. Ce n’est pas sans appréhension qu’il lui avait confié Cubitérus, mais la froideur de l’anneau autour de son cou lui rappela qu’elle aussi avait remis au brun quelque chose de cher à ses yeux.

Un coussin vint s’écraser contre son visage. Ho ça elle le paierait !

Il sauta par-dessus le tas de jupons et autres fanfreluches qui recouvraient le lit et s’enquit de la brune essayant de la chatouiller jusqu’à ce qu’épuisement s’en suive. Une fois que cette dernière réclama la paix, secouant des bas blancs au dessus de sa tête, Col, bon prince, accepta de laisser aller la demoiselle échevelée. Les petits, jamais loin, pointèrent le bout de leurs nez quand ils entendirent les grands se prendre d’un fou rire.

Faites quoi ? Lysi s’enquérit de Colhomban vers qui elle vint frotter sa frimousse. Col je pourrai monter avec toi à cheval ?

Le brun jamais très à l’aise quand la petite essayait de l’embobiner pour arriver à ses fins acquiesça de la tête, heureux de se débarrasser pour une fois d’une question de la gamine si rapidement. Ce geste là lui valut un grommèlement de la part de Tyveg qui sortit de sa poche maussade une pièce de un écu, la tendant à sa sœur de mauvaise grâce. Cette dernière lui tira la langue et alla se cacher dans les jupes de sa mère.

Halalala les enfants…

Quand les sacs furent tous bouclés, les chambres rangées avec leur bas de laine dissimulés dans les planchers de l’auberge, Col et Sorianne menèrent la petite troupe sur la route de Mortagne.

En avant toute !

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