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[RP] Le Jour le plus long

Gnia
Haletante, Agnès posa un regard chargé de larmes sur la médicastre qui s'était approchée. Son sourire se voulait rassurant et la vicomtesse espérait en son for intérieur que son approche signifiait qu'elle allait pouvoir faire quelque chose, l'aider à ce que ces instants de souffrance pure partent plus vite qu'ils n'étaient venus.

Elle hocha la tête pour répondre au conseil de Melian. Pousser... Finalement ne pas retenir ce qui lui meurtrissait les entrailles mais au contraire l'aider à forcer son chemin, quitte à y laisser des morceaux de soi-même. Agnès en eut un frisson d'appréhension, la douleur ne pouvait donc qu'aller en empirant...

Voilà, cela recommençait. Le front plissé, tous les muscles du corps tendus à l'extrême, la sueur lui brouillant la vue, elle poussa et l'enfant à venir et un long hululement pour accompagner l'action.
A sa grande déconvenue, cela ne se résolut pas comme à l'ouverture d'une bouteille de Champagne. Il était clair à présent qu'il faudrait pousser longtemps et beaucoup... Cette simple pensée lui arracha un sanglot.

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Melian
Comme elle comprenait... La souffrance, l'épuisement, la détresse, l'impression que ça ne finira jamais ou qu'on va mourir d'épuisement avant la fin... Elle gardait le sourire, professionnelle jusqu'au bout. Mais elle ne savait que trop ce qu'était en train d'endurer la Vicomtesse, pour l'avoir vécu une fois et devoir repasser par là dans quelques mois.

Mais au moins, aucune hémorragie ne s'était déclenchée pour l'instant. Si elle se mettait à saigner dès le départ, il ne resterait ni mère ni enfant... Intérieurement, elle priait continuellement pour que Dieu ne rappelle ni l'une ni l'autre à lui.


C'est très bien Vicomtesse, vous vous en sortez très bien. A chaque douleur, vous pousserez de toutes vos forces. Courage ! Vous allez y arriver !


Un coup d'œil rapide à dame Mélina. Elle aussi avait enfanté d'après ce qu'elle avait dis, et devait donc parfaitement comprendre elle aussi. Puis les yeux noirs de Melian se tournèrent brièvement vers damoiselle Rose, avant de se reporter sur la future mère.

Elle va estre refroidie pour l'éternité la pauvre. se dit-elle.

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Gnia
Pousser. Finalement, hormis la douleur reléguée au second plan, c'était la seule pensée qui accaparait l'esprit d'Agnès.
Pousser. Elle avait fini par trouver un certain rythme, avoir mal, hurler et pousser.
Pousser. Cela semblait si simple et pourtant, à chaque nouvelle contraction, l'impression que l'on allait mourir revenait, toujours plus forte, plus présente, plus palpable.

A présent la souffrance était à son apogée, mais Agnès sentait que la délivrance était proche. L'on ne pouvait décemment pas imposer plus à un corps, essayait-elle de se rassurer. Et le Très Hauct semblait enfin vouloir lui donner raison...

Pousser était devenu une telle idée fixe qu'elle ne réalisa pas qu'il y avait du mouvement autour d'elle. L'enfant avait passé la tête et la médicastre avait prestement aidé le petit corps à se forcer le passage. Aussi lorsque soudainement toute cette pression accumulée depuis des heures se relâcha, Agnès mis quelques instants à le réaliser. Elle se surprit à continuer de pousser alors que plus rien ne l'exigeait.

Lorsque retentit dans la pièce le cri puissant du nourrisson qui venait au monde, elle échappa un bruyant soupir et d'épuisement se laissa tomber sur le dos au milieu de la multitude de coussins.

A partir de là, Melian prendrait tout en main et la vicomtesse ne résistait au sommeil que pour l'entendre prononcer le sexe de l'enfant. Elle pourrait ensuite se laisser sombrer.
Elle ne savait si elle divaguait déjà sur les routes embrumées du sommeil, mais il lui semblait d'une part que le verdict était long à venir et d'autre part que les contractions revenaient, toujours aussi douloureuses. Pourtant elle ne se rappelait pas qu'on lui eut parlé de douleurs qui se prolongeraient une fois le nourrisson né... Si on excluait évidemment celles dont on souffrirai au réveil...

D'une voix faible, elle interpella la médicastre penchée sur l'enfant.


Dame Melian, ça recommence...

Sa voix s'éteignit en un sanglot. Le pire se réalisait, elle en était intimement convaincue. Tout lui revenait à présent si clairement, le ventre trop gros dès les premiers mois de grossesse, les plaisanteries sur le fait qu'elle pouvait très bien porter des jumeaux, ses rires lorsqu'elle jurait "Qu'Aristote m'en préserve"...
Dans son esprit ça ne faisait plus aucun doute, elle était en train de mettre au monde une double descendance.

Elle n'entendait rien. Elle ne sentait plus les larmes couler sur ses joues, se mêlant à la sueur. Elle ne voulait pas se demander si elle avait saigné beaucoup. Elle se concentrait juste pour pousser, encore. Elle voulait que ça cesse et dormir, quitte à ne plus se réveiller.
A l'instant où elle donnait la vie, peu lui importait finalement de mourir, tant l'épuisement avait triomphé d'elle.

A l'instant où un deuxième vagissement se mêla aux pleurs du premier, elle sut que c'était fini. Elle était pour l'heure vivante et sa descendance aussi, et plus rien d'autre n'importait.
Ah si ! Une dernière chose... Y avait-il un héritier mâle dans le lot ?

Les yeux mi-clos, sa respiration s'apaisant peu à peu, Agnès observait le dos de la médicastre s'affairant autour des nourrissons. Dans une instant elle allait se retourner. Il suffisait de tenir jusque là...

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Rosedeplantagenest
Des souvenirs par bribes, la joie de la naissance mais la souffrance de sa mère… Loin en elle, cela lui faisait peur, peur de devoir enfanter un jour…sauf si…sauf si elle se destine au couvent…Elle la seule fille de la tribu, au couvent…sa mère et JJ n’accepteront jamais, cela est une certitude…
Les mirettes émeraude se posent sur sa tante, un sourire pendant qu’elle essaye d’expulsé ce qui la mise dans cet état…

Le rythme s’installe, sa tante contracte ses muscles et poussent en mesme temps que les contractions durcissent son ventre encore si arrondi et tendu à l’extrême.

Un linge mouillée de froid sur le front est passé délicatement, quelques gouttelettes venant perlé à la commissure de ses lèvres. Les cris de sa tante luy font peur, peur de la perdre, peur de la voir souffrir…

Et là…instant ou le temps à l’air de s’arrêter, Melian bouge étrangement, un sourire pouvant se lire sur son visage, un petit prince ou une petite princesse faisait son entrée dans ce monde de brute…

Rose glissa sa main sous la nuque de sa tante alors que le derniers effort arrivait, la soutenant sans rien dire quand elle sentit sa tante se relâcher, soulagée et se laisser tomber sur les coussins, elle retira son bras et luy sourit, le regard émeraude brillant et regardant ce petit estre qui hurlait déjà…

Le sourire se figea en voyant l’état de sa tante et le ventre se contracter de nouveau, la voix faible qui suivit ne fict plus aucun doute…

Beaucoup plus rapidement le second fict son entrée dans ce monde, mais Rose revécu la fragilité de sa mère et se mit à craindre pour sa tante…

Rose glissa ses genoux sur le bord du lit, se forçant à la rehausser légèrement, elle savait que le froid allait la prendre et il fallait la couvrir, au moins le haut pendant que Melian gérait les petits héritiers et se mict à murmurer à sa tante :


« -Deux Agnès ! Vous avez mis au monde deux héritiers ! »
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Melian
Les minutes passèrent, interminables, entre les plaintes de souffrance et le rythme des poussées. Puis, enfin, la tête de l'enfant apparut.

Nous y sommes presque !
s'exclama-t-elle, encourageant comme elle pouvait la Vicomtesse à bout de forces.

Une nouvelle poussée et les épaules passèrent. Puis une dernière et l'enfant était là, poussant son premier cri. Le visage de Melian demeura paisible et imperturbable, mais jamais elle ne sut comment elle y était parvenue. Elle s'en fut nettoyer l'enfant, vite le mettre hors de portée des yeux de la mère, de sa nièce et de sa dame de compagnie.

Près de la bassine, elle prit un linge qu'elle humidifia et nettoya la tête de la petite fille qui venait de voir le jour afin de dégager comme il faut ses voies respiratoires. Elle écarta doucement le linge dans lequel elle avait emmailloté la petite immédiatement après sa naissance. Non, elle n'avait pas eu d'hallucinations, malheureusement. A la place d'une de ses mains, le bébé n'avait qu'un moignon... Comment allait-elle annoncer cela à la Vicomtesse ?

C'est alors qu'elle cherchait une façon de le faire que les sanglots de la jeune mère la firent se retourner, abandonnant un instant le nourrisson bien calé et emmailloté. Deux enfants. Melian pria pour qu'au moins cet enfant corresponde aux attentes de sa mère, à savoir un mâle en parfaite santé et disposition physique.

Un nouveau cri d'enfant nouvellement né retentit dans la chambre. La Ventoux accueillit contre elle une seconde petite fille. Elle s'empressa d'aller la nettoyer, puis termina la précédente que la rapidité des évènements n'avait pas permis à la médicastre de terminer de laver. Puis, elle prit un enfant dans chacun de ses bras et se tourna vers la Vicomtesse.


Voici vos filles Vicomtesse.
lui dit-elle, souriante, approchant d'elle les bébés pour qu'elle puisse les voir un peu, mais ayant pris soin de cacher le moignon de l'aînée pour lui éviter trop d'émotions d'un seul coup.

Elle ne savait pas du tout quelle serait la réaction de la mère, et pour cause. Non seulement il est du devoir d'une femme que de donner un héritier à son époux, mais en plus la première née était mutilée... Elle resta calme, prête cependant à écarter les petites de l'éventuel courroux de leur mère. Car bien qu'épuisée, l'ire pourrait bien lui rendre des forces. Elle reprit ensuite.

C'est presque terminé, n'ayez crainte. D'ici quelques minutes, vous expulserez naturellement les poches qui contenaient les enfants. Vous ne saignez pas plus qu'il n'aurait du, ne vous inquiétez pas.

Mais l'accouchée allait-elle seulement l'entendre après la nouvelle qu'elle lui avait annoncé ?

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Erel
Angoissé, paniqué, anxieux, stressé, inquiet, impatient...

Voilà les principaux adjectifs définissant le Dénéré futur père à ce moment-là.

Cela faisait plusieurs heures lui semblait-il que sa femme, sa nièce, sa dame de compagnie et la médicastre étaient à l'intérieur de la chambrée. Et peut-être cela faisait-il réellement quelques heures ?
Erel ne savait point. Du moment où il s'était habillé et où la médicastre était arrivée jusqu'à maintenant, il n'avait rien retenu du Temps.

La présence même du Maure lui était devenue indifférente. Il restait juste là, dans le couloir, le parcourant de fond en comble, d'un pas rapide et stressé, ou d'un pas calme et pensif.
Souvent, l'envie lui prenait d'ouvrir cette fichue porte et d'estre aux cotés de son épouse, qui malgré la froideur de leur relation actuelle, était, est, et resterai son Amour et son Âme Soeur. Tous deux étaient deux caractères opposés. L'un glace et l'autre lave. Cela avait été toujours ainsi depuis le début, et le serait encore. À toute situation souvent, chacun avait un avis complètement différent, à toute émotion, chacun agissait différemment... Bref, ils étaient un peu comme la matière ou l'anti-matière, ou pour estre un peu plus d'époque, comme la nuit et le jour, l'ombre et la lumière. Si opposés, mais pourtant si complémentaires. L'Un ne pouvait exister si l'Autre n'était pas.
Le seul lien qui les lié ? L'Amour, parfois la Haine, mais toujours et encore liés, imprégnés de l'autre.

À chaque cri de sa femme, son coeur semblait s'arrester de battre. Et cette terrible envie, ce terrible besoin d'estre auprès d'elle, de lui faire sentir sa présence, qu'elle ne sente pas seule dans cette épreuve...
Et pourtant, le Vicomte trouvait son raisonnement ô combien stupide, puisqu'elle était entourée de trois femmes qui à n'en point douter, l'aideraient tant que possible.

Mais... Et... Mais si cela ne se passait pas bien? Après tout, la naissance était quelque peu prématurée, et Agnès n'était pas au mieux de sa forme ces derniers temps... Et si cela ne se passait pas bien pour elle ? Ou pour leur futur enfant ?
Après tout, le Loup s'en fichait un peu que cela soit un garçon ou une fille, il souhaictait juste que cela se passe bien pour elle comme pour leur descendance, que toutes les deux aillent bien et soient en bonne santé.

Appuyé contre le mur, résigné à cette interminable et insupportable attente, il se vidait l'esprit, les yeux clos. Et soudain... Un nouveau cri. Mais ce n'était point le cri de sa femme causé par la douleur, mais celui d'un enfant, d'un bébé, qui venait de naistre. Cette fois-ci, son coeur fit un véritable bon dans sa poitrine, et il ne put rester là plus longtemps.
Le Dénéré entra dans la pièce, décidé à voir son enfant, et son épouse par la mesme occasion.

À peine entrer, il s'arresta. Deux choses le pétrifièrent.
La première, sa femme ressentait toujours les douleurs de l'enfantement, car apparemment, cela n'était pas terminé. Cela voulait donc dire qu'un deuxième héritier, ou héritière, allait venir au monde. Il blêmit. Non pas parce que cela ne le réjouissait pas, mais bien parce que peu de femmes survivait à l'enfantement de jumeaux.
La deuxième, lorsque Melian s'occupait du premier enfant, le Vicomte vit que ça n'allait pas... Leur enfant n'avait pas de main droite. Seulement la gauche, celle que certains appelaient la main du Sans Nom.

Il lui sembla que toutes ses entrailles fondirent et s'alourdirent. Leur enfant... Leur enfant n'avait pas de main droite. La nouvelle le choqua tellement qu'il ne fit pas attention au sexe de l'enfant, seules les larmes lui venant aux yeux.

Mais finalement, les cris d'un deuxième nourrisson lui vinrent aux oreilles.

Deux enfants. Ils ont eu deux enfants. Instinctivement, son regard se porta sur les bras et main du deuxième né. Tout semblait normal.

Et tandis que la Ventoux s'occupait de leur deux bébés, Erel s'approcha de son épouse, en face de Rose qui apparemment était restée auprès de son épouse durant tout l'accouchement. Un signe de tête en guise de remerciements à sa nièce qu'il chérissait tant, puis il se pencha sur le front d'Agnès et l'y embrassa doucement, se saisissant d'une de ses mains.
Malgré lui, les larmes lui venaient aux yeux. De joie oui, mais de tristesse aussi, à la pensée de l'avenir sans doute difficile et maudit de leur ainée.

Mélian s'approcha d'Agnès, et prit la parole.


Voici vos filles Vicomtesse.

Deux petites filles ! Elle avait donné naissance à deux parfaites jumelles !
Petit sourire du désormais nouveau père. Certes, il n'avait point eu de descendance masculine cette fois, mais il avait une certaine satisfaction d'avoir eu deux petites filles jumelles.
Un regard attristé cependant vint se poser sur son visage en voyant que la médicastre avait tenté de cacher l'handicap de la petite première. Le bonheur n'était pas parfait. Et surtout, il était inquiet de la réaction de Gnia. Il connaissait sa femme mieux que quiconque, et il savait qu'elle n'aurait pas du tout la même réaction que lui qui l'acceptait malgré tout. D'autant plus qu'elle avait toujours eu une sorte de répulsion envers les enfants.

Erel tenta de se reprendre, jetant quand mesme un regard inquiet à la Donà de Beost, puis après s'estre essuyé le visage d'un revers de bras, parla doucement à son épouse.


-Deux petites et adorables filles, tu entends !

Le sourire qui s'esquissa sur son visage encore marqué par les traits de l'inquiétude était sincère toutefois. Le Vicomte reprit la parole, s'adressant à Melian.

-Melian, puis-je prendre l'ainée...? La demande était claire, et insistante, appuyée par son regard bleu clair. Si Agnès devait prendre une petite dans l'immédiat, ce serait la seconde.

-Si cela avait été un petit homme, cela aurait dû estre moi qui décidait du prénom... Mais vu qu'il n'y a point de petit héritier dans le lot, je nommerai l'ainée.

Il est vrai qu'au niveau des prénoms, ils n'avaient pas prévu cela, mais il ne lui fallut pas longtemps pour trouver. Erel s'adressa à la petite qu'il avait désormais dans ses bras, son propre coeur battant à tout rompre, mais un regard aimant et paternel porté sur elle.

-Bienvenue à toi... Laetitia-Isabelle Arielle de Dénéré.

Et voilà. Dans le prénom composé, le nom de sa mère, Isabelle, et en second prénom, celui de sa demi-soeur, Arielle. Et cependant qu'il disait ça, Laetitia-Isabelle bougea légèrement dans le cocon des bras paternels, et dévoila son bras mutilé aux yeux de Rose, de Mélina, mais surtout de sa femme.
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~ RIP ~
Melian
La jeune médicastre était si préoccupée qu'elle n'avait même pas remarqué l'entrée du Vicomte. Elle s'en aperçut alors qu'elle présentait les bébés à son épouse, et qu'il lui offrait un regard inquiet. Lui aussi redoutait donc la réaction de la Vicomtesse...

A sa demande, elle lui donna le plus délicatement du monde la première petite fille. Quelque part au fond de la Ventoux, un léger soulagement pointa. Lui au moins ne la rejettera pas dirait-on. Berçant doucement la seconde des petites filles, attendant de savoir si sa mère souhaiterait l'avoir auprès d'elle, elle sourit au prénom que donna le jeune père à sa fille. Puis son sourire se figea lorsque le linge dévoila le moignon dans un mouvement de la nouvelle-née...

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Gnia
« -Deux Agnès ! Vous avez mis au monde deux héritiers ! »

Deux garçons ? Non. Rose, de là où elle était, ne pouvait pas voir. Elle savait juste qu'il y avait deux enfants, vivants. Tout comme elle. Agnès lui adressa un faible sourire tandis que la jeune femme, si courageuse durant ses longues heures de souffrance, lui mettait quelques coussins derrière le dos pour la rehausser. Elle lui glissa un regard reconnaissant quand elle sentit la chaleur de la courtepointe que Rose venait de poser sur elle.
Elle attendait impatiemment que Melian finisse la toilette des enfants. A présent qu'elle se savait libre des douleurs des contractions et des poussées, elle tâchait d'ouvrir les yeux et de détailler ce qu'il y avait autour d'elle.

Elle eut un faible sourire en réalisant que son époux n'avait pas pu attendre et été entré, faisant fi des traditions et coutumes. Etait-ce parce qu'il voulait savoir lui aussi si elle lui avait donné un héritier mâle ? Non pas seulement, il s'était inquiété d'elle... Le baiser qu'il déposa sur son front puis sa main qui entoura la sienne le lui confirma. Ainsi, il semblait l'aimer toujours malgré l'enfer qu'ils avaient vécu ces derniers mois... Etait-il si ému qu'elle croyait deviner des larmes dans ces yeux ? Par Aristote qu'elle avait été dure et indifférente avec cet homme qui semblait la chérir plus que tout, alors qu'elle croyait que leur amour s'en était allé, disparaissant à mesure que leur mariage se dissolvait dans le néant.



Voici vos filles Vicomtesse.

La douce voix de la médicastre s'approchant d'elle pour lui présenter les nouveaux nés la tira de ses pensées. Deux filles... Quel gâchis. Agnès avait envie d'en pleurer. Se donner tant de mal pour deux filles... Et d'ailleurs, la frustration était telle qu'elle pleura. Cela passa inaperçu tant elle avait sué et versé de larmes, mais au fond d'elle, elle maudissait la mauvaise fortune, qui lui avait donné deux enfants et deux filles de surcroit, comme si un seul ne pouvait suffire, comme si dès le premier coup l'on ne pouvait espérer avoir un mâle et ne plus jamais entendre parler d'enfantement, de grossesse...


-Deux petites et adorables filles, tu entends !

Erel, lui, semblait s'en contenter et même s'en réjouir. Agnès lisait de l'anxiété sur ses traits et elle l'imputait aux inquiétudes qui avaient dû le ronger tandis qu'il attendait la conclusion de cette longue journée. Malgré tout, il souriait, comme elle ne l'avait pas vu sourire depuis longtemps.
Il demanda aussitôt à prendre l'ainée dans ses bras et annonça d'une voix fière qu'il lui donnerai un nom, comme il l'aurait fait si elle avait été un héritier mâle.

Agnès regardait la scène le coeur serré, ne faisant aucun geste pour réclamer auprès d'elle l'une ou l'autre de ses filles. Elle n'en avait aucune envie. Garçon ou fille, elle n'en aurait eu de toute façon aucune envie. L'instinct maternel n'était pas une seconde nature chez la Saint Just et elle louait le Très Hauct d'avoir permis aux nourrices d'exister, ainsi les fillettes seraient prises en charge dès leur naissance, nourries par quelqu'un d'autre qu'elle.

Laetitia-Isabelle Arielle de Dénéré, donc. Faible sourire, le prénom était un peu compliqué mais si symbolique pour le Vicomte. Si seulement elle pouvait être aussi émue ou heureuse que son époux. Si seulement elle pouvait feindre ne serait-ce qu'un peu de joie...

L'enfant se tortilla dans son lange, dévoilant son infirmité aux yeux de tous. Agnès pâlit et échappa un cri de stupeur et d'horreur mêlées. Ainsi le Très Hauct la punissait ! Elle avait pêché, c'était certain, en repoussant son époux, en parlant de séparation, en songeant à l'annulation de leurs épousailles. Et ainsi, il lui envoyait le signe de son courroux, l'oeuvre du Sans Nom.

Blême, elle tentait de parler mais aucun son ne parvenait à sortir de sa bouche. La frayeur devait se lire sur son visage car les regards se firent inquiets. Au prix d'un ultime effort, d' une voix sourde, à peine audible, mais qui se voulait sans appel, elle commanda


Sortez ! Otez-les de ma vue ! Faites-en ce que vous voulez mais je ne veux pas la voir et si l'autre est à l'identique, je ne veux pas en entendre parler non plus !
Laissez moi à présent, j'ai besoin de prier...


Tssss... A quoi bon prier, alors que même Aristote semblait l'avoir abandonnée...
Sans s'en rendre compte, son buste s'était dressé, quittant le confort des oreillers, tandis qu'elle avait proféré ces mots. Elle ferma les yeux, espérant que tout cela ne soit qu'un mauvais rêve interminable et se laissa retomber mollement sur le lit. Les traits de son visage émacié s'étaient durcis, un pli amer se forma au coin de ses lèvres.
Elle ne voulait plus voir, plus entendre, plus penser. Elle voulait se réveiller un autre jour, car celui-ci avait été bien trop long.

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Melian
Aie aie aie aie aie.... Le premier réflexe de Melian fut de prendre le Vicomte à part, aussi bien pour l'écarter de la Saint-Just en furie que par réflexe de protection de la nouvelle-née qu'il portait dans ses bras, et pour lui demander d'appeler de l'aide.

Vicomte, si une nourrice a été choisie, vous devriez la faire venir de toute urgence.

Puis elle confia le second bébé à son père, pour le tenir à l'abri du courroux de sa mère lui aussi.


Non Vostre Grandeur, la seconde ne souffre pas de cette infirmité. Et non, je ne puis vous laisser ainsi. Pardonnez-moi, mais vous avez encore besoin de soins. Il faut que la délivrance se fasse pour que tout soit totalement terminé.


La jeune femme avait parlé de sa voix douce sans aucun détour. Elle savait que cette opposition risquait de faire croître l'ire de de l'accouchée, mais elle ne pouvait la laisser ainsi. Car si la délivrance ne se faisait pas, Melian devrait procéder pour la déclencher, faute de quoi il y aurait de grands risques pour la noble dame au cœur et au corps meurtris.

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Gnia
Un silence gêné accompagna sa tirade, et il y avait probablement de quoi. Agnès savait qu'elle présentait là à ses familiers un tout autre visage que celui de la femme qu'il connaissait. Elle en était la première surprise mais ne voulait surtout pas se poser de questions, pas maintenant.
Elle ne voyait pour l'heure que le signe que le Très-Hauct lui avait envoyé et surtout elle tenait ces deux enfants pour responsable de l'échec de son couple. A l'heure où elle avait su qu'elle était enceinte et avait prévenu son époux, leurs relations s'étaient étiolées. Comment en ayant constaté cela pouvait-elle bien n'avoir ne serait-ce qu'une once d'affection pour ces deux petites vies qui ruinaient la sienne ?

La Ventoux parla, de cette voix que seuls ceux qui ont eux des vies entre leurs mains peuvent avoir. De la graine de comtesse, ce bout de femme là. Agnès pouvait sentir ce genre de chose.

Elle soupira et d'un geste las, les yeux toujours clos - elle ne voulait surtout pas croiser le regard de son mari - lui demanda de s'approcher. Une chose était sûre la Bapaume n'avait aucune intention de se laisser mourir.


Faites, Dame Melian, faites... Je gage que s'il est une compagnie que je me dois de subir, c'est bien la vôtre.


Une fois que la mège fut à ses côtés, elle ouvrit enfin les yeux et darda son regard acier dans le sien, elle murmura ensuite

Vous dites que la deuxième est saine ?

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Melian
Elle s'approcha donc, soulagée de la réaction de la Vicomtesse qu'elle craignait d'avoir courroucé d'avantage. Puis Sa Grandeur planta son regard dans le sien, et lui demanda si la seconde était bien saine. Sans ciller ni détourner les yeux, ses billes noires restèrent plongées dans l'acier de la Saint-Just, tandis qu'elle lui répondait.

Oui. La deuxième enfant s'est vue pourvue de tous ses membres, aucun ne manque.

Puis elle lui sourit, et alla s'occuper de la délivrer une bonne fois pour toute de cet accouchement qui allait de toute évidence laisser de sérieuses séquelles psychologiques à la dame. Le geste sûr mais précautionneux, elle finit par enfin retirer la secondine du corps de la Vicomtesse. Elle l'enveloppa dans un linge.

Il faudrait brusler ceci ou l'enterrer, comme vous préférez.

Elle posa le "paquet" dans un coin de la pièce, en attendant qu'on lui dise quelle technique l'on préférait qu'elle emploie. Puis elle donna les quelques consignes de circonstances, se rapprochant à nouveau de la jeune mère, mais parlant à voix haute cette fois afin que toutes et tous puissent entendre, puisqu'autant qu'elle ait pu en juger durant ses tâches, personne n'avait encore quitté la pièce.

Vicomtesse, si vous vous en sentez le courage il vous faudrait boire un verre de vin, et vous rassasier d'une volaille et son bouillon. Vous reprendrez ainsi un peu de forces. Beaucoup de repos sera également nécessaire. Comme vous n'avez eu a subir ni déchirement ni saignement grave, vous récupèrerez assez vite. Mais abstenez-vous de monter à cheval pendant au moins un mois.

Avez-vous choisi une nourrice ?


La Ventoux avait abordé la question très brièvement avec le Vicomte, lui disant de la faire mander si elle avait été choisi, mais entre temps lui était venu à l'esprit que la Vicomtesse avait peut-être fais ce choix sans avoir pu en informer son époux. Aussi préférait-elle demander à l'intéressée.

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Gnia
A la réponse de la médicastre, la pression qui enserrait la poitrine d'Agnès comme un étau se relâcha un peu. Ainsi donc, au moins l'une des filles pourrait porter titres et nom sans souiller la mémoire de ses parents et les couvrir de honte.
Tandis que Melian achevait de mener à bien la fin de cette délivrance, la Saint-Just réfléchissait. Pour dire la vérité, elle songeait à donner un prénom à son héritière. Puisque pour elle, l'ainée n'existait déjà plus, la cadette, si elle survivait serait son unique héritière.

Il faudrait brusler ceci ou l'enterrer, comme vous préférez.

Agnès rouvrit les yeux, se demandant un instant de quoi la Dame de Beost parlait. Ah... La secondine... Elle allait répondre quand Melian reprit la parole lui suggérant de se sustenter puis lui demandant si elle avait choisi nourrice.

Pour la secondine, il est de coutume par chez nous de l'enterrer. Je crois que les matrones de la maison ont déjà prévu l'emplacement à l'instant où il a été su que j'enfanterai aujourd'hui.
Quant à la nourrice, il en va de même, j'ai chargé mon intendant Georges de veiller à cela depuis quelques jours déjà. J'imagine qu'il aura trouvé en ville ou dans les campagnes alentours une brave femme capable d'assumer ce rôle.


Agnès fit une pause. La fatigue se rappelait à son bon souvenir. Manger et boire, en aurait-elle la force malgré l'envie ? La bonne nouvelle était qu'elle n'aurait pas de séquelles physiques graves de cet accouchement, le Très Hauct était moins sévère qu'il n'aurait pu l'être... Etait-ce bon signe ou bien fallait-il s'attendre à ce que son courroux s'abatte sur elle plus tard, lorsqu'elle ne s'y attendrai plus ?
Les forces lui manquaient, heureusement, la médicastre s'était à nouveau approchée à son chevet. D'une voix faible, elle ajouta


Je tenterai comme vous me le conseillez de boire un peu et de manger. Vous pouvez donner des consignes en ce sens... J'aimerai... nommer ma fille... Si la mort devait m'emporter dans son sommeil, je voudrai lui donner un nom et prier avant... Resteriez vous à mes côtés pour prier ?


Malgré son lourd silence depuis qu'elle avait réagi devant l'infirmité de cette chose qu'elle avait mis au monde, elle savait que son époux n'était pas sorti. Rose et Melina non plus. Leur silence en devenait palpable tant la gêne épaississait l'atmosphère. Agnès puisa dans ses dernières forces pour parler à voix haute

Ma fille portera le nom de Niria Hélène de Dénéré.

Ma fille. Comme c'était étrange de s'entendre dire ces mots. Ainsi donc elle semblait accepter cette maternité, reconnaître l'existence de cet être qui sortait de sa chair...


Et je veux la voir...
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Melina
Mélina qui n'osa point contredire la nouvelle mère, décida de sortir doucement. C'est le cœur serré qu'elle avait décidé de lui obéir. Mélina avait connue l'enfantement 3 fois dans sa vie, et celle ci fut des plus émouvante. Voir ainsi sa dame, lui brisait le cœur. Cu fut l'annonce de la comtesse qui la fit posé à la porte.
Ma fille portera le nom de Niria Hélène de Dénéré.


Et je veux la voir...


Elle se retourna, en tenant la porte. Puis se tourna vers Erel pour ne pas qu'il avance avec les deux enfants.


- Je vous la fait portez dame Gnia!


Puis elle alla voir Erel pour lui prendre la première fille et poussez celui ci à lui apporter. Avec un sourire, elle le félicita et l'encouragea à aller vers sa femme avec l'enfant. Une fois la petite Laetitia-Isabelle dasn ses main, elle se tourna.

- Je vous laisse un instant, et ferai apporter de la nourriture.

Son but était bien sure de ne point aggraver la mère. Elle chercha George pour la nourrice. Elle s'occuperait de l'enfant jusqu'à ce qu'elle arrive, si ce n'était déjà le cas. C'est ainsi qu'elle sortie plus rapidement avec une mission à accomplir.

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Mélina Avis-Bragança
Melian
Bien, je vais donc leur confier la secondine pour qu'elles s'en occupent selon les traditions qui sont vostres. lui répondit-elle.

Puis elle se rapprocha pour l'entendre alors qu'elle murmurait. Elle eut un grand sourire.

Bien sur je resterais à vos costés pour prier, et aussi longtemps que vous jugerez avoir besoin de ma présence.


Elle demanda ensuite à voir sa seconde enfant. Dame Melina enleva de sa vue la première, laissant à l'époux le soin de présenter la deuxième jumelle à sa mère. Elle précisa qu'elle donnerait ordres pour la nourriture. Melian retint un soupir. Elle pourrait se concentrer sur sa patiente tranquillement. Heureusement que les gens de la Vicomtesse étaient efficaces !
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Erel
Tout cela lui laissa un goût âpre dans la bouche... Il n'est même pas étonné par le comportement de son épouse, dégoûté, oui, étonné, non.

Pourquoi agissait-elle ainsi ? Pourquoi avait-elle tant changé ? Pourquoi... ne l'aimait-elle plus, alors que lui, l'aimait encore ? Pourquoi reporter cette haine sur leur enfant ?
Telles furent ces questions lorsqu'elle dit à tout le monde de sortir en apprenant l'infirmité de Laetitia-Isabelle Arielle de Dénéré.

Il resta là, figer, alors que tout autour de lui, semblait flou et indécis, mis à part les deux héritières dans ses bras, innocentes et fragiles, et pourtant déjà au coeur de tant de choses, de tant de sentiments... Tout cela parce que l'une d'elle n'était pas la bienvenue...

Le Dénéré et père porte un regard attristé et à la fois sur les deux belles et jumelles Niria et Laetitia-Isabelle. L'amour que sa femme refuserait de lui, ce serait autant d'amour qu'il offrira à ses filles. Après tout, il n'avait que ça à leur offrir.

Sans s'en rendre compte ou à peine, Melina prit l'ainée dans ses bras, et on l'incita à présenter la seconde à Gnia.
Pourtant, il ne le fit pas. Il se tourna vers Melian, et lui tendit l'enfant.

Sans un mot, après lui avoir confié, il regarda son épouse d'un air vague. Seule la tristesse et le vide perçait dans son regard azur dont il ne savait si elle l'avait décelé ou pas... Et il quitta la pièce, pour s'isoler dans sa chambre, et écrire...

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