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Info:
La confrontation d'une entité scindée qui se cherche... Entre Diane et Biche...

[RP] De la Démence

Eithne
Un vent froid soufflait depuis le matin. Aucun râle, aucune flambée ne semblait pouvoir rivaliser avec lui. Ces rafales emportaient en écho le moindre bruissement, jusqu’aux murmures psalmodiés par la nature. L’air entêtant donnait à la main invisible, une baguette de maitre. Branches et feuillages chahutaient, s’embrasant follement après quelques notes de musique sur une partition. Les tourbillons s’amplifiaient, les cordes déformaient, décrivaient une portée, les percussions prenaient en ampleur, grondant en symphonie. Tenait la clef suspendue. Anicroche dans la composition, un cri semblable à celui d’un animal à l’agonie, déchira la page créée par Eole. De ses entrailles mugissaient l’oraison. Et tout se figea soudain. Le rythme devint moins agité, jusqu’à mourir sur la pointe des pieds.
Alangui dans le moelleux d’un nuage, l’astre lunaire somnolait. Son oreille se prêtait, distraite, à la musique en mouvement des vents d’automne. Disque opalescent à la robe longue et fluide, donnait à ses courbes girondes, cette douceur et cette fragilité toute féminine. Femme personnifiée à la pâleur exacerbée, Séléné car c’est ainsi qu’elle se nommait lorsqu’elle était pleine, rabattait ses rayons tels des pans de robes volumineux, de la tempête qui faisait rage. Le concerto aux notes flirtant parfois avec des tonalités ensorcelantes, battait son plein, et bientôt, elle devrait mener son char dans le firmament, éclairer de sa faible lueur le ciel obscur.
Une complainte en dissonance la fit sursauter. Elle, qui, quelques instants plutôt était sereine, se dégagea de l’étreinte du douillet, interrompant le récital. Aliénation.

Cette nuit là, la froideur s’installa. Le vent continua sa course bien plus loin. La musique étouffée pour laisser en tête à tête deux entités.


D’un rêve à l’autre… le bûcher de l’esprit.

Petit chose recroquevillée dans une position fœtale à même le sol. La force l’avait quitté, seul son cou était tendu, expectorait l’air disgracieux d’un souffle bloqué.
Feulement rauque d’une plaie béante en son sein. Le félin, blessé, hurlait à gorge déployée, sans jamais pouvoir l’arrêter.
La vie à rebours… De petits sons étouffés comparable à des cris, les mains sur son cœur, les émotions se succédaient… La peur, l’effarement, la résignation… Le diaphragme bloqué, elle s’effondra dans un petit coin, dans l'obscurité la plus complète. La poitrine comprimée, elle tentait d’inspirer, exulter l’enfoui…rien. Le souffle coupé, prisonnière de sa dualité. Trop longtemps retenu dans sa cage, trop longtemps la pression avait été atténuée. Elle avait essayé de rester maitresse de son destin, Eithne la peste…Diane à l’arc, flèches et carquois… Déesse première et implacable, dont les tempêtes s’agitaient à la moindre contrariété… L’agitation dans ses membres qu’elle n’avait pas voulu voir, ne prêtant plus aucune attention aux prémices de la souffrance. La respiration de plus en plus lente…rogue. Les joues rosies, troublée, elle pénétra dans sa demeure pour la dernière fois.

Un pas après l’autre, elle s’approchait de ce qui avait été sa demeure depuis…
s’éloignant de la taverne d’une démarche qu’elle voulait assurer. Quitter l’établissement sans une ombre d’émotion… fantôme…ombre…
Elle s’était levée en inclinant la tête. Perdu ce sourire narquois qui la caractérisait. Plus un son ne s’était échappé d’entre ses lèvres... Aurore…la biche qu’elle avait enterrée… refusait de s’aliéner…elle ne voulait pas…elle ne… Un frisson la glaça. Ses pupilles s’étaient dilatées. Aucune promesse échangée…. Elle était la peste menant le jeu avec sa chipie, les deux pestes animatrices jouant de leurs charmes et de leurs mots. Ses regards complices, ses sourires entendus. Eithne tentait d’ignorer cet azur caressant sa peau. La soirée battait son plein, les convives agréables.

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Eithne
Le temps et l’espace en distorsion. Un voile lunaire pour seule protection, sur son corps repliée, la confidente improbable, berçait de son rayon la jeune écorchée.
Autrefois, alors qu’elle n’était encore qu’une enfant en ballotage, Aurore avait collée son visage contre la vitre de sa chambre, ses grands yeux noirs brillants inhabituellement en apercevant pour la première fois la lune. Babillage enfantin emplissant la pièce sous le regard amusé de ses nourrices. Déjà curieuse alors, elle avait cent fois fait répéter à icelles les histoires qui la concernait. Persuadée de la véracité de leurs dires, la petite fille en conclu que toutes deux deviendraient amies. Fol espoir pour celle qui n’ayant pas encore l’âge de raison, se mit à parler à l’astre chaque nuit. Elle connaissait le manque maternel, souffrait de l’absence du père, les substituait à celle qui sous forme différente, venait dans sa chambre la border. Lorsque le soir était blême, que l’astre disparaissait, une sourde angoisse la gagnait.

Les parents de cette délicate enfant, avaient-ils une seule fois songés à quel point le prénom était significatif dans la destinée de leurs fruits ? Un rêve et une lueur en progéniture…Songe la douce et réservée, Aurore l’exaltée…un an les différenciait, longtemps un abime pour les séparer. Et lorsqu’elle fut en âge de comprendre la douleur, elle fit de son géniteur l’objet de son désir et de sa mère sa rivale. Elle était "Eithne" pour lui, sa Déesse, son enfant chéri… mais… dévoré par la passion du voyage, elle ne connaissait de son père que les histoires dont sa mère l’abreuver. Elle était enfant choyée par un père absent, niée par une mère trop occupée à être femme…du moins dans son esprit de gamine altéré.

Les paupières closes, des frissons parcourant son corps, Eithne, assistait impuissante à ces scènes enfantines. Elle aurait aimé pouvoir se blottir dans les bras d’une personne aimée… Sanglots étouffés. Il y avait si longtemps qu’elle s’était promis de ne plus jamais rien ressentir pour quiconque, le jurant sur la tombe de celui qui sans le savoir avait scindé son esprit en deux… Tempêtes s’agitant, écoulant les flots par leurs interstices, inondant ses joues, s’écoulant jusque dans son cou.

Elle voulait ignorer Aurore, rendre responsable le seul parent encore vivant, lui rendant la vie impossible, elle n’avait que quatorze ans. Puinée, elle devint Eithne, pris le nom de son père, défiant avec la violence des mots celle qui la mit au monde.

Main tendue dans le vide comme si la jeune femme dans la pièce essayait de saisir quelque chose, quelqu’un…Un nom prononcé… "papa" la gamine en elle hurlait, trépignait. Cette sensation brûlante de le voir s’éloigner, l’abandonner… oui, c’était cela, elle s’était sentie lésé à sa mort…pourquoi était-il partie sans elle…il aurait pu rester…elle avait eu besoin de lui, de sa présence pour appréhender son avenir, mais il était parti sans un mot, sans un bruit…laissant à la place un vide.

Retour au présent, à l’obscurité. Elle avait perdue une sœur, le rêve qu’elle avait souhaité apprivoiser… le couvent l’avait changé, s’affirmant sous les traits de l’enjôleuse Eithne de Liercourt. De noble il ne restait que des gouttes de sang circulant dans ses veines… Et lorsque la forme repliée, esquissa un sourire d’autres souvenirs encore plus douloureux affluèrent. Pensait-elle vraiment s’en sortir ? Fragmentée…affaiblie, rendue instable lorsqu’enfin, les sentiments l’effleurèrent…

L’insolente Pustuleuse avait déposé les armes pour un regard moqueur… la passionnée s’aliénant à elle-même pour un sentiment à peine frôlé… Personne ne lui avait rien demandé et elle encore moins… Une biche avait soudoyé l’âme de Diane… Aurore s’épanouissant à l’insu de celle qui l’enfermait. Oublieuse… de sa force première, ce caractère irascible qui lui donnait tant d’attrait. Devenue quelconque pour complaire… Eithne s’était reniée.
Un long râle la secoua… ses poumons reprenaient vies. Brûlantes morsures de l’air en remplissant sa cage.
Des spasmes secouaient son être, l’obligeant à se redresser complètement. Le corps raidi, plaqué sur le sol, tentaient de rage de la faire se relever. Faiblesse…fatigue…elle voulait rester là et dormir. Pas longtemps…juste pour oublier la douleur…les lancinements de son âme lacérée.
Diane, impérieuse Déesse sévissant sans pitié contre tous ceux provoquant son ressentiment, n’hésitait pas à s’infliger les pires tourments avec la même vigueur qu’elle aurait décochée une flèche à Callisto.
Crispée, la mâchoire serrée, la démente ouvrit de force ses replis de chair. Hagardes, rétrécies, ses pupilles cherchaient un point d’ancrage. Tempête en mouvement… ouragan déchainé, il ne subsistait de l’une où l’autre aucune trace. Pli cruel dessiné sur des lèvres charnues, dont la coloration se mua de pâle à purpurin. La dualité cassée par une entité forte, annihilant la gamine masquée sous des traits charmeurs. A peu de choses près, elle lui ressemblait à elle, sa mère. Si elle la jeune fille ne pouvait faire la paix avec elle-même, si elle refusait d’être femme, alors, il n’y aurait plus de choix…
Impériale, sévère, Diane prit possession non pas de son arc pour se punir de sa propre trahison… mais du poignard dont Eithne ne séparait jamais. La symbolique de cette arme… l’allégorie de son geste… Du deuil devait naitre la vie… du passé il ne devait rester qu’un affluant de souvenirs… Et lorsqu’elle empoigna sa chevelure, elle n’hésita pas un instant à couper…frénétique… chaque mèche tombée une histoire passée…chaque poignée une révélation…chaque cheveu sur le sol racontait une page tournée… Et même si l’adolescente devenait femme…Il faudrait du temps pour l’apprivoiser.

Les adieux se firent en silence et crépitement de l’âtre allumé. Des étincelles sur le bois, léchées par les flammes, cette vie qu’elle s’était fabriquée.
Aurore devait reprendre sa place et Eithne l’accepter… Un surnom ne devait se personnifier… Si la nature avait décidé que l’âme devait être complexe ce n’était pas pour qu’une enfant écorchée l’affaiblisse au point de se désavouer… Cette latence pris fin en même temps que le feu dans la cheminée… Et le corps de s’affaler évanoui.

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Millshakeur
Longtemps...
Trop longtemps qu'il n'avait été à ses côtés.
Depuis peu... depuis... le premier jour de fait, il était tombé amoureux. Mais littéralement. Autant on peut être un Dom Juan, un chaud lapin qui court après tout ce qui bouge... autant on ne peut prévoir quand ça vous tombe dessus, que ça vous prend là, que ça vous gagne le reste du corps...

Bref, il n'avait qu'elle en tête.
Elle devait être rentrée depuis quelques jours. Du moins, si tout s'était bien passé.
Il voulait savoir ou plutôt, la trouver. La retrouver.
Il l'avait cherché partout, tavernes, différentes places dans la ville. Questionnés différents gens, rien.
La nuit était tombée peu à peu. Il faisait nuit tôt ces temps ci, mais cela ne le décourageait pas, il continuerait de chercher jusqu'à ce qu'il sache, qu'il la voit au mieux...
Etrange sentiment qui l'envahissait peu à peu à mesure que la nuit avançait.
Il sentait, il était sûr que quelque chose se passait. Mais quoi ?
Et où était elle ?
L'anxiété le gagnait. Aussi dingue que cela puisse paraitre... lui... il se préoccupait de quelqu'un. Il se préoccupait plus d'elle que de lui même.
Inconsciemment, il s'était retrouvé dans une rue qu'il connaissait bien : le quartier de la Chaussade.
Il était au bout de la rue, face à La Poutre. Taverne où déjà il avait de merveilleux souvenirs, taverne de leur rencontre... de tant d'autres choses.
Millshakeur rêvassait, contemplant l'édifice, quand quelque chose le fit ciller. Une lueur à une fenêtre en haut.
Avait - il rêvé ?
Le propriétaire devait être partit depuis longtemps déjà, et cela l'étonnait qu'il soit revenu ici.
La seule présence qui aurait pu être justifiée serait celle... de justement la femme qu'il cherchait depuis des heures.
Quel sot il faisait.
Il avait cherché partout sauf l'endroit où elle dormait souvent, où elle avait vécu et vivait semble t il toujours.
Crétin, crétin... se répétait il tout en pressant le pas pour pousser la porte d'accès aux étages.
Ouvert.

Il gravit les escaliers quatre à quatre et enfonca toutes les portes qu'il trouvait sur son passage. Il sentait au fond de lui qu'elle serait là, derrière l'une d'elles...

Mais ce à quoi il ne s'attendait pas, c'est la trouver allongée par terre... évanouie, une paire de ciseaux, des cheveux à terre.
Et le voilà, debout, la main sur la porte qu'il venait d'ouvrir, découvrant la jeune femme à la peau pâle... pâleur exacerbée par la lueur de l'astre lunaire qui illuminait la scène de ses macabres rayons.

L'homme mit un temps à réagir, accusant le coup.
Que faire ?
Au bout d'un moment, il revint un peu sur terre et s'avança près d'elle.
Il se pencha, dans le silence pesant de la pièce il écouta.
Respiration régulière.
L'homme souffla, quelque peu rassuré, mais néanmoins inquiet.
La première chose qui lui vint à l'esprit et qui lui sauta aux yeux, ce furent les cheveux.
Qu'avait elle fait ?
Trop de questions...
Et ce lieu...
Mills chercha autour de lui, une couverture, quelque chose pour la couvrir. Elle frissonnait dans sa torpeur.
Il prit ce qui lui tombait sous la main, le déposa sur elle... se penchant de nouveau, il frôla ses lèvres, son visage contre le sien...
Il passa un bras sous la nuque d'Eithne, et l'autre sous sa taille puis la souleva comme un fétu de paille. Elle était légère comme le vent et pouvait bien lui filer tout autant entre les doigts.

Aussi vite que l'on peut aller avec quelqu'un dans les bras, il sortit de la maisonnée, laissant là cheveux et ciseaux, passé et ambiance lourde.
Il avait élu domicile au 4, 2 maisons à côté.
Rapidement, il fit les quelques mètres qui séparait La Poutre de sa boulangerie.
D'un pas assuré, il ouvrit sa porte à la volée et pénétra chez lui où régnait une bonne odeur de pain cuit et une douce chaleur grâce à son four.
Vite, il la déposa délicatement sur son lit. La recouvrant.

Bien... et maintenant, qu'allait il faire ?
Il alla refermer la porte et se contenta de retourner ensuite s'asseoir près d'elle, lui tenant la main...
Il fallait qu'il se calme... mais la voir ainsi... des pensées le submergèrent... pensées qu'il aurait voulu oublier...
D'un geste, il chassa ses sombres songes et se concentra sur elle... murmurant tout bas...



Je t'en supplie... reste avec moi...


Il continuait de lui tenir la main, prostré vers elle, désemparé...
Il l'aiderait, il saurait quoi faire... mais pas tout de suite... pas maintenant... pas comme ça... dire que toute la journée, il avait sentit que quelque chose se passait...
Valendra
Le soleil a une fois de plus perdu son combat contre son opposé, la lune. Lentement elle reprend possession du ciel l'éclairant de ses rayons argentés. Ses jades la contemple, ses lèvres se mordillent entre elles, sa tête repose contre la vitre tandis que dans ses bras se reposent le fruit d'un amour passé, passionné, douloureux.
Poussant un énième soupire, ses yeux quittent une nouvelle fois l'astre lunaire pour se poser de nouveau sur la porte qui ne s'est toujours pas ouverte. Pourtant, elle le lui avait promis
'' Ne t'en fais pas je reviendrais avant le coucher du soleil. '' Nouveau soupire. Elle l'avait attendu mais rien n'y faisait, Eithne n'était toujours pas revenu. Certes sa peste avait une vie et elle était assez grande pour la mener seule c'est d'ailleurs pour cela qu'elle avait évité de s'inquiéter, s'occupant de son fils à la place. Elle avait également songer à son passé, son présent et son avenir, à une décision qu'elle n'a pas encore réussi à prendre.

Un dilemme: l'incluera-t-elle? L'entraînant de par ce fait dans un long voyage qui l'obligerait à tont abandonner? Serait-elle devenue égoïste à ce point?
Mais au fond, qui est-elle vraiment?
Une actrice jouant de son rire, son sourire, son corps, son esprit, ses paroles afin de tromper. Tromper les autres, se cachant derrière un masque. Car qui la connaît vraiment? Qui est capable de savoir qui elle était et ce qu'elle est devenue?


[ Passé rime avec Mélancolie ]

Elle, elle le sait.
Jeune femme autrefois voyageuse, exploratrice à la silhouette élancée mise en valeur par des étoffes dissimulant tout aussi bien son tatouage la marquant à vie, à la chevelure aux couleurs de l'automne encadrant un visage fin à la peau laiteuse ayant pour fierté des framboises mûres, juteuses, des joyaux verts pétillants de vie.
Voilà ce qu'elle était avant, une femme se laissant dicter sa conduite par ses envies. Elle allait où bon lui semblait et faisait ce qu'elle désirait simplement.
Libre comme l'air qu'elle aimait dire.
Cela, c'était avant. Toute femme est prisonnière de ses sentiments et elle n'a pas échappé à la règle. Enfouissant son ''Elle exploratrice'' au plus profond d'elle-même elle devint juste ''Elle''. Flottant sur un nuage, vivant dans une bulle elle s'était laissée à aimer, passant de célibataire à épouse, d'épouse à mère. Elle avait sentie pendant 9 mois grandir un petit être en elle puis elle lui avait donné la vie.
Oui, elle y avait cru.

Mais peut-on renier qui l'on est vraiment? Accepter de rester bien sagement à la maison et attendre le retour de l'époux alors que l'être hurle intérieurement?

Le nuage se dissipa et la bulle éclata laissant la place à une abysse sombre et profonde.

Un deuxième rayon de soleil vint s'ajouter au premier éclairant sa vie, repoussant son puits sans fond. Rayons de soleil comblant le vide abyssal dans sa poitrine, son esprit. Une amie devenue sœur.
Et oser lui demander de tout quitter pour l'accompagner n'est pas permis, elle ne peut s'y résoudre.

Essuyant les traîtresses traçant des sillons humides sur ses joues de revers de sa main, serrant fils un peu plus fort contre elle, Valendra mit sa cape, enfermant sa progéniture à l'intérieur et quitta sa maison pour retrouver sa sœur.

Marchant dans les rues sombres du Puy, elle l'avait cherché partout en vain. Ses pas la conduire finalement à la Poutre, sa dernière chance. Elle poussa la porte et traversa la salle plongée dans l'obscurité afin d'accéder à l'escalier pour monter à l'étage. Sur le palier Val se stoppa. La quasi totalité des chambres avaient été ouvertes. Quelqu'un était donc venu. Mais qui? Sa peste? Un étranger? Les ronflements de Raymond la rassurèrent quelque peu et elle avança lentement dans le couloir, jetant des regards dans chacune des chambres devant lesquelles elle passait. S'arrêtant sur le seuil de l'une d'entre elles, elle resta comme figé un long moment la scène lugubre se dessinant sous ses yeux, la frappant de pleins fouet. Elle parvint tout de même à retrouver le contrôle de ses jambes, assez pour avancer sans tomber. Elle se baissa afin de ramasser un poignard et une mèche de cheveux brun qu'elle reconnut. Ses entrailles se tordirent, ses traîtresses coulèrent de nouveau. La cherchant du regard dans la pièce, elle se releva brusquement, serrant contre elle son fils, lorsqu'elle comprit que sa peste n'était plus là. Dévalant l'escalier, Valendra quitta la taverne pour se retrouver dans la rue. La panique la submergea, tenant de la contrôler elle fit quelques pas et s'arrêtant un peu plus loin. Là elle prit une grande inspiration avant de …


EITHNE!!!!!!!!!!!! … EITHNE!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

Elle reprit sa marche, continuant d'appeller sa soeur avant que sa voix ne se casse et que l'abysse s'ouvrit sous ses pieds.
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~Marraine de Mireka/Yogin/Athlea _ Adjointe à l'animation _ Tavernière de La Poutre_Chipie née~
Millshakeur
Vide... tout n'était que vide autour de lui.
Il la regardait, hagard, ne sachant que faire.
Elle était si pâle... et ses cheveux...

Il allait essayer quelque chose, une baffe, un seau d'eau... lorsqu'un cri strident se fit entendre. Juste devant sa porte.
Un frisson le parcourut. Millshakeur ne reconnut pas tout de suite la voix puis, son esprit reprit sa place. Il se donna une claque intérieure, histoire de se remettre les idées en place et courut ouvrir la porte.

Il vit à quelques mètres une silhouette qu'il connaissait bien.
Valendra.
Il partit d'un grand soupir de soulagement et l'interpella.


Val !
Par ici ! Viens vite !


Sa voix était rauque... il dût s'éclaircir la gorge pour être entendu.



Val ? Vaaaal !
Valendra
Son fils s'était réveillé, il faut dire que les cris que poussaient sa mère ont dû l'affoler. Mais elle ne cessait de crier, d'appeler, berçant contre elle son enfant, se stoppant simplement pour le rassurer quelque peu. Les larmes de son fils se joignirent aux siennes.
Alors qu'elle s'apprêtait à l'appeler, un autre appel l'interrompit.


Val ? Vaaaal !

Se retournant, elle aperçut la personne qui avait crié son nom. Elle la rejoignit manquant de perdre le contrôle de ses nerfs.

Mills! Oh je suis tellement soulagée de te voir! Il faut que tu m'aides. Eithne elle... Elle a disparu. Tu l'as vu? Tu peux m'aider à la retrouver?...

Interrompant sa vague de paroles, de questions mêlées à la panique, Mills lui révéla qu'Eithne était chez lui, comment il l'avait retrouvé et dans quel état. Un nouveau flot de larmes coulèrent sur ses joues tandis qu'elle le suivait jusqu'à sa chambre où sa peste reposait.

Elle s'était imaginée tant de choses toutes plus horribles les unes que les autres mais elle avait été loin d'imaginer que son délire ne rejoindrait la réalité qui fut comme une gifle. Ses jades se posèrent son sur corps, son visage si pâle et que les rayons de la lune ne le rendait que plus... Comme si toute vie avait quitté son être. Ils finirent par se poser sur ses cheveux, enfin ce qu'il en restait. Horrifiée, elle s'approcha du lit, s'y assit, restant un long moment sans rien dire, sans rien faire. Son cerveau ne voulait plus fonctionner, elle était comme anesthésiée.
Puis son corps s'allongea près du sien, son fils entre elles, les traîtresses coulant encore et toujours rythmées par le silence. Ses doigts caressant son visage pâle, elle murmura tout bas.


Tu n'as pas le droit de m'abandonner, tu as promis. Reviens Eithne. J'ai besoin de toi. J'ai besoin de ma soeur. On a besoin de toi.

Elle se redressa, déposa un baiser sur son front et se leva. Elle fit signe à Mills de la suivre, dans la pièce voisine elle lui fit face et essayant de parler sans trembler elle posa ses questions:

Quand est-ce que tu l'as trouvé et que faisais-tu à La Poutre? A-t-elle été... agressée? Elle était comme ça quand tu l'as trouvé? Et, et bon sang tu as une idée de ce qu'il faut faire?
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~Marraine de Mireka/Yogin/Athlea _ Adjointe à l'animation _ Tavernière de La Poutre_Chipie née~
Eithne
Ce corps, son corps gisait, là, épuisé. Elle qui avait su garder un semblant d’équilibre face au monde en donnant le change, s’était écroulée. Toutes ses certitudes ancrées dans son conscient… Cette assurance…cette désinvolture… Eithne à la superbe…volées en éclat. Tout ce qui était…tout, n’était qu’imposture et mensonge. Vouloir se protéger à son insu. L’idéal dans l’onirique ne pouvait survivre bien longtemps, pourtant, elle y était presqu’arrivée. Aurore s’était endormie sans un mot, laissant la place à une partie d’elle, qui n’était ni fragile ni malléable. Qui d’ailleurs se souciait d’Aurore ? La lueur du jour croisant sans cesse l’astre lunaire sans jamais pouvoir s’y accrocher alors que dans son rêve, elles étaient à tout jamais liées. L’enfant avait peu à peu effacées ses traces. L’adolescente sous les traits d’Eithne s’était éveillée, bouton aux formes gracieuses, symbole de la féminité, de la fougue et de la passion, avait nourri ses fantasmes dans les œuvres païennes. De sa liberté retranchée… était arrivée Diane. Cuirasse cousue de maux, d’extravagances comme une prière caressée. Couche après couche, offrant son corps à l’abandon pour se prouver qu’elle était immunisée. Maniant les mots comme le bretteur son épée, Eithne devint effrontée.

La jeune femme sentit comme une douce caresse lui étreindre le corps.
Dehors, un homme la serrait tout contre son cœur, la maintenait avec délicatesse et désespoir.
L’enfant paisible et secrète, assise les genoux repliés sous ses fesses reposant sur un fauteuil dont l’accoudoir donnait sur l’immense porte fenêtre, le menton posé dans ses paumes, rêvassait en observant la lune. Personne pour troubler sa réflexion.


Ainsi tu te caches ici… Ombre sarcastique et hautaine.

L’enfant ne répondait pas, cela faisait si longtemps qu’elle était dans cette pièce, que le temps l’avait inchangé. Son regard toujours fixé, était nimbée d’un halo protecteur.


Nous ne pouvons être deux… continuait l’autre. Tu m’affaiblies !

Tempêtes se détournant à peine, ne cherchant à affronter de face celle qui, debout devant elle, ne cherchait que la confrontation.


Il m’était destiné. Je ne pouvais te laisser le corrompre, si tu m’avais écouté, nous n’en serions pas là…

Un rire déchira la pièce.

Comme ton père tu veux dire ? Elle avait besoin de lui faire mal, son oxygène en dépendait. Cet homme que tu adulais… Il n’était pas sur les routes, il courait le giron…

TAIS-TOI, coupa la voix stridente de la gamine. JE t’interdis de parler de lui comme ça !

La petite Reine à son père ne veut pas entendre la vérité ? N’est ce pas pour te retrancher que tu m’as créé ? N’est ce pas pour te protéger que j’existe ? Crois-tu qu’aujourd’hui tu peux te débarrasser de moi ? Non, bien sur que non…tu as été bien trop lâche… J’ai fait ce que tu n’espérais faire. Je t’ai donné une chance d’être autre chose qu’une poupée de salon… Tu m’as nourri de tes larmes… de ta haine… Tu la détestes parce qu’elle était là, ELLE. Tu la méprises parce qu’elle n’a pas su te le retenir. Tu t’es servie de ta mère comme tu te sers de moi…mais c’est fini ! Tu m’entends…tu m’affaiblies par tes caprices…

La gamine secouait la tête frénétiquement, les mains sur ses tympans, chaque vérité lui infligeait une bien trop grande douleur pour qu’elle puisse rétorquer.
Dans la chambre, sur le lit, la peste s’agitait. Après la douceur d’une présence, le réconfort d’une main, d’un corps tout contre elle…le froid hivernal. Les voix si familières, aimées dont l’âme comprenait chaque mot prononcé mais dont l’esprit torturé, se refusait à transmettre.


Tu dois disparaitre Aurore… Tu dois me céder ta place…pour de bon cette fois.

Je…je ne peux pas…je ne veux pas…Je veux rester Séléné…Je veux le voir… Je veux vivre Eithne…Je veux vivre…

Nouveaux spasmes dans la pièce, plus fort, emportant l’enveloppe dans la tourmente. L’agitation soulevant ses poumons en des râles sourds. Des cris bloqués dans la gorge.
Aurore ne voulait plus être enfermée, n’était ce point pour cela qu’elle avait décidé de rejoindre Paris, faire la paix avec sa mère ? Ne s’était-elle mise sous la coupe de la Princesse pour devenir femme ? Elle n’avait plus besoin d’Eithne, elle comprenait aujourd’hui qu’elle s’infligeait plus en se cachant.


Il est trop tard pour toi… Il ne reviendra pas, tu l’as fait fuir… meurs Aurore…meurs et laisses-moi vivre comme avant.

Vivre comme avant…vivre comme avant… VIVRE COMME AVANT ! Tu appelles ça vivre… ?

L’enfant quitta son siège pour s’éloigner de celle devenue trop importante. Elle devait sortir d’ici et l’y enfermer…Elle devait reprendre le dessus… Touchant les murs formés par son inconscient, elle tapait pour qu’on la délivre…grattait ces parois pour se libérer. Trouver la volonté pour se retrouver.

Par mimétisme, les yeux clos, le visage blême, le corps raidi, désorientée, frappant mollement des poings le mur de la chambre de Mills, la jeune fille poussait des gémissements plaintifs comparables à des sons muets, avant de se recroqueviller sanglotant dans un coin de la pièce.

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Millshakeur
Mills allait répondre à Val lorsque des bruits de l'autre pièce leur parvinrent.
Il avait suivi sans broncher la chipie, avait vu sa mine toute aussi déconfite que lui... et en un sens... cela lui avait permis de se calmer.
L'effet miroir sans doute.
Toujours est-il que son esprit filait à vive allure. Aux sons de la pièce contigüe, il s'apprêta, suivit de près par Val.
Et là, ils la virent, délirant complètement.

Mais que pouvait il bien lui arriver à leur peste ? Avait elle été empoisonnée ?

L'homme vint vers elle, tentant de la calmer, il se prit moult coups mais ne broncha pas. Elle pourrait tout aussi bien lui arracher un bras qu'il n'aurait bouger.

Au bout d'un moment, il se tourna vers Val.


... Je crains qu'il n'y est rien à faire pour l'instant. M'est avis que c'est contre elle même qu'elle va devoir se battre. Il n'y avait personne dans la pièce, je l'ai trouvée poignard et cheveux en main...


Il laissa échapper un soupir. Quelle déception, quelle frustration que de se sentir impuissant... Il regarda Eithne, le front fiévreux... L'homme eût alors une idée... après tout, ils n'avaient rien à perdre. Il se tourna de nouveau vers la chipie.

J'ai peut-être une idée... veux tu bien m'apporter un peu d'eau froide avec un chiffon... et cette flasque là... oui... du miel...

Il sourit en coin. Le miel... peut-être que cela la ramènerait à la réalité... à sa réalité... à cette nuit qu'ils avaient passé...
Mais bien vite, son sourire s'effaça... un nouveau cri venait de percer le silence de la pièce...
Il observa Val faire, un peu paniquée... et lui désigna une bouteille du menton.


Et la bouteille aussi... on risque d'en voir besoin tous deux...
Et j'espère que tu auras de meilleures idées que moi...


Il soupira de plus belle, se penchant à l'oreille d'Eithne, lui caressant le front.


Chuuuut ma belle... reprends toi doucement... je suis là... nous sommes là...


De toute son âme il aurait voulu croire qu'elle s'en sortirait indemne, que tout irait bien dans le meilleur des mondes... mais il savait au fond de lui... il sentait que quelque chose changeait. Et,... sentiment qu'il avait oublié... la peur s'empara de lui. La crainte de ne jamais revoir son regard, de ne jamais pouvoir de nouveau la toucher, la serrer contre lui...
Eithne
>> ambiance

Ses petits poings martelaient le mur sans relâche, comme si, à force, une brèche allait s’ouvrir, comme si, parce qu’elle le désirait, tout allait s’arranger. Aurore avait juste oublié, qu’en se cachant derrière Eithne pour garder ses rêves enfantin, elle l’avait laissé devenir femme. Tout chez son autre transpirait les fantasmes nourris des Dieux anciens. De sa physionomie à son caractère, désir de l’une au détriment de l’autre.
Le rictus d’Eithne était froid, ne souffrant d’aucun état d’âmes, sa créature si palpable avait sévi lorsqu’elle s’était ensommeillée volontairement… la métaphore de sa faiblesse, de sa fuite et aujourd’hui, alors qu’elles étaient toutes deux prisonnière de son inconscient, l’enfant voulait devenir femme.
A travers ses yeux, elle avait apprivoisé sa crainte, touché du doigt l’interdit, et alors que la pustuleuse clignait des paupières, en charmeuse vénéneuse, l’enfant s’était éveillée. Non, elle ne voulait pas mourir parce qu’elle voulait découvrir tout ce qu’elle avait raté pendant son sommeil. Non elle ne voulait pas lui laisser la place parce que c’était sa vie. Non elle…


Loin de la tourmente, de ses ténèbres, dans cette chambre se jouait une autre scène. Le teint pâle, la pustuleuse fiévreuse, reposée dans des bras protecteurs. Sourde à la douleur qu’elle provoquait, agitait sa carcasse dans un combat intérieur. Comment ouvrir les yeux au monde, à eux, à Valendra sa chipie alors qu’elle ne pouvait même pas régler un problème latent depuis tant et tant… Son esprit malmené ne ressentait pas le besoin de Mills… Quand bien même aurait-elle voulu s’excuser du chamboulement provoqué, elle était bien trop occupée à vouloir tuer une partie d’elle-même.
Du miel sur ses lèvres, elle entrouvrit des yeux aveugles, pourlécha ses lèvres craquelées du bout de la langue pour les refermer.


Aurore couru vers la fenêtre, de son doigt, elle traça la forme arrondie de la lune. Elle esquissa un sourire.

Tu vois…je veux être comme elle... toucher sans jamais atteindre…veiller mon Endymion…effleurer…

Non je ne vois pas… je n’appelle pas ça vivre… j’ veux profiter de la vie…gouter chaque instant comme le dernier sans me soucier de ce qu’il pourrait m’arriver… j’veux être libre…

Et que ferais-tu de cette liberté ? Sa voix changeait au fur et à mesure, pas dans le timbre mais dans l’intonation, comme si, quelque chose se passait, comme si, l’enfant muait. Tu es seule Eithne… Tu as toujours été seule dès le moment où nous nous sommes séparées…je croyais qu’en m’effaçant nous vivrions mieux mais j’ai eu tort…

J’ai Valendra, coupa-t-elle. J’ai Mills…j’ai…

Haussant les épaules, le visage obstinément tourné vers la lune, Aurore se laissait porter par les rayons de l’astre.

NOUS, Eithne. NOUS…seule tu aurais fait souffrir Val…seule tu ne l’aurais pas aimé…mais je ne t’en veux pas, tu es Diane… Tu es implacable et désinvolte… incapable d’aimer…ton cœur est aussi froid que la pierre. Elle joignit le geste à la parole en posant sa main contre le mur.

Et toi tu… grogna la peste.

Oui, je fais des erreurs. Nous l’avons perdu, nous le paierons… mais je ne m’effacerai pas… je resterai Séléné…

Des larmes sur le visage poupin, de l’eau dans les yeux de la pustuleuse, du chagrin pour le corps désincarné.

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Valendra
[ Ce n'est que le début ]

L'agitation d'Eithne interrompit Mills dans ses explications, serrant toujours son fils dans ses bras, elle le suivit dans la chambre pour voir sa soeur dans un état proche de la folie. On lui en avait parlé mais jamais elle n'aurait pensé devoir y faire face. Obéissant comme un automate à Mills, elle lui donna ce qu'il voulait et resta plantée là à le regarder s'affairer. Un instant elle cru que son idée marcherait mais ce fut comme un souffle, aussitôt poussé, aussitôt fini.
Maintenant il fallait attendre, attendre qu'elle se réveille, que son combat cesse.

Ses jades posées sur sa soeur, elle n'entendait même plus ce que lui disait Mills, perdue dans ses souvenirs.
Porte de taverne qui s'ouvre, peste apparaissant. Des rires, de longues discussions. Eithne devenue Peste. Connaissance devenue amie. Il avait suffit d'une porte ouverte pour que leurs vies baculent. Petit à petit les liens sont devenues plus forts, jusqu'à se muer en sororité. La Peste et la Chipie naquirent.
De nouvelles traîtresses coulèrent tandis qu'elle rivait son regard sur Mills.


Mills, tu veux bien nous laisser quelques minutes? Pas longtemps.

[ Souviens-toi ]

Elle attendit qu'il daigne bien sortir puis essuyant ses larmes elle prit place aux côtés d'Eithne, posant ses doigts sur son visage afin de chasser les traîtresses. Déposant son ange sur sa peste la tête reposant à la naissance de son cou. Sa tête près de la sienne, elle se met à murmurer:

Ce n'est pas comme ça que c'est censé se passer. Et ils vécurent heureux jusqu'à la fin de temps, c'est ça la fin. Je t'interdis de renoncer. Bats-toi princesse. Bats-toi. Ta vie n'est pas terminée tu as tant de choses à découvrir... Ma peste je t'aime ne me quitte pas. Que ferais-je sans toi? Les deux Pestes du Puy. S'il n'y en a plus qu'une seule cela ne rime à rien.

Posant une main sur son fils de nouveau dans les bras de Morphée, elle carresse le visage de sa peste, dépose un baiser sur sa joue striée de larmes. Insensible au temps qui s'écoule. Insensible au fait que Mills soit de retour. Elle n'existe que pour eux. Un trou béant se creuse dans sa poitrine. Un vide. Une abysse. La peur de la perdre à jamais.

Des souvenirs lui reviennent, de ce jour où elle rejoignit sa peste à l'animation. De ce jour où sa vie changea et où sa peste était présente. De la joie illuminant leurs visages lorsqu'elles se retrouvent. De leurs éclats de rires. De leurs envies e mettre le feu au Puy. De leur voyage. Le vide se creusant un peu plus lorsque l'une partit pour Montpellier, l'autre pour Polignac. Leurs retrouvailles. Leur folie. Leur libération.
Eithne et Valendra. Peste et Chipie. Toujours liées. A jamais.


[ Ce n'est pas fini ]

Un lien qui ne se brisera pas tant qu'elle ne l'aura pas décider. Elle avait entendu dire qu'afin de se protéger on se repliait sur soi-même, plongeant dans une démence et que personne n'y pouvait rien. L'impuissance. Voilà ce qu'elle ressentait. Elle était impuissante.


La taverne était pleine, bondée. Toutes les personnes présentes elle les connaissait. Chacun discutait, riait, plaisantait. La vie reprenant ses droits. Et perchée sur le comptoir à côté d'elle elle était là riant également, taquinant, souriant, lui souriant.
Plus tard en taverne. Le brun aux yeux azurs. Elle était également présente et tous trois redevenaient le trio.
Maison calme, berceau devant elle, son fils la regardant puis regardant une autre personne près d'elle. Une main posée sur la sienne, un sourire complétant le sien. Deux paires d'yeux regardant l'ange endormi.

Vide. Partie.

Taverne pleine mais vide à la fois. Même personnes, même rires, même plaisanteries, même vie pourtant si fade. Seule sur le comptoir.
Quelques heures après dans la même taverne, trio devenu duo.
Dans le calme de la maison, solitude face à l'ange qui s'endort.

Abysse.

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~Marraine de Mireka/Yogin/Athlea _ Adjointe à l'animation _ Tavernière de La Poutre_Chipie née~
Millshakeur
Plus ça allait, pire c'était.
Elle s'agitait, murmurait des paroles incompréhensibles, frappait autour d'elle.
Mills se demandait bien ce qu'il pouvait se passer dans sa tête à cet instant.
Val lui demanda de sortir, les yeux rougis de larmes.
Ce qu'il fit, sans broncher. Il se leva du lit, laissant Val passer, son enfant dans les bras, puis il referma la porte de la chambre, s'adossant à cette dernière.
Perdu ce sourire qui trônait habituellement au milieu de son visage.
Perdu, ce doux sentiment de bien être qui le hantait chaque jour.

Au fond de lui-même, une voix fit écho à tant de douleurs sous son toit. Une voix qui l'avait sorti maintes fois de la tourmente, de l'interrogation... de l'hésitation... cette voix, infime, qui lui disait qu'il fallait se battre, que tout irait. Que ce n'était que passager...

Millshakeur revint donc dans la pièce, il ne devait céder. Il ne pouvait pas se laisser corrompre lui aussi, par cet esprit malin qu'est le doute, la peur...
Mais lorsqu'il vit de nouveau Eithne étendue dans son délire, Val qui désespérait près d'elle... c'est une vision d'apocalypse qu'il eût sous les pieds. Ce sera difficile...
Difficile de se dire que tout allait bien quand tout partait en sucette. Tout le petit monde de Mills s'écroulait. En une nuit.

Démence, folie... quel pouvait être ce mal qui rongeait son amie... non... son aimée... car c'était ainsi qu'il la voyait désormais. Qu'il les voyait toutes deux. Et si l'une allait mal, l'autre sombrait avec elle.
Peu enclin à perdre ce qu'il a de plus cher au monde, il s'avança et vint de l'autre côté du lit. Tous deux encadrant la peste.
Un regard vers Val... Des tempêtes, il n'en avait affronté qu'une seule, et il était encore vivant... alors pas de raison qu'Eithne se perde en chemin.

Il se cala tout contre elle, lui embrassant le cou... La serrant contre lui avec Val. Ne bronchant pas sous les coups, peu importait. Déjà, des bleus se faisaient sentir sur sa peau, mais ce n'était rien, il resterait là, advienne que pourra.
Et, alors qu'il était ainsi, que la lune déclinait peu à peu dans le Ciel étoilé, un mot lui vint à l'esprit... Possédée... oui... sans doute... ça ne changeait rien. Il fallait qu'elle s'en sorte.
L'homme ferma les yeux et, chose qu'il n'avait faite depuis longtemps... se mit à prier...
Eithne
Elles auraient pu passer l’éternité à se faire la guerre, elles auraient pu se lancer dans un combat acharné… Ni aurore, ni Eithne ne voulait céder un morceau de terrain à l’autre. Retranchée… haïssant l’autre pour une vie en commun. Chacune voulait sa liberté… Aurore en maitresse du corps et Eithne de l’esprit. La dépouille en otage, sursaut et hurlement…sanglot et agonie…la violence exacerbée dans une enveloppe torturée. Supplice insoutenable pour ceux qui ne connaissant son tourment vivaient dans la peur de la perdre. Cajolerie du désespoir, d’une chipie et d’un dom juan.
La vie…la vie brûlant la peau. L’innocence dans son sein plus fort que les larmes amères. Trouver vain l’ignominie de l’amputation lorsque la candeur de ses petites mains potelées arrachait, une à une, les toiles installées.

Déstabilisées…par une si petite chose…dérangeant l’une dans ses desseins et ravissait l’autre. Comme une éclipse en plein jour. S’apaiser par on ne sait quel miracle cette tension destructrice et laisser le corps s’enfoncer dans le matelas.


>> Lumières de ses nuits

Que va-t-on faire ?

S’essuyant les yeux d’un revers de la main, Aurore, n’était que murmures. Son petit nez retroussé , visage face contre la vitre, front contre le froid. Elle avait touché du bout des doigts un rêve, un sentiment. Son inexpérience face à la vie, face à l’amour, l’avait fait foncer tête basse dans les courants de la tourmente. Elle avait connu le premier amour dans les bras d’un tressé… les premiers affres… mais pas la concession. Individuelle, solitaire, elle n’avait pu concevoir qu’aimer c’était partager, perdre pieds. Elle devait assumer et avancer.
Nimbée dans la clarté lunaire, éblouissante forme en éclosion, si loin et si près de la pustuleuse, la gamine devint forme longiligne. L’obscur…clair. Tel un bouton s’ouvrant au soleil, la corolle en ombre chinoise sur le mur croquait une femme à la silhouette galbée.
Il était écrit dans les légendes anciennes, que seul le regard amoureux faisait grandir qui voulait se retrouver. Que celui qui s’était perdu, n’avait qu’à attendre que sa famille lui montre le chemin de la maison. Rentrer… croquer la vie comme dans une pomme…laisser le sucre s’épancher à la commissure jusqu’au menton en de petits sillages tracés…

Dans une chambre blottie dans les bras de l’amour.
La douleur nouant l’estomac…salutaire…rendant vivant celle à l’esprit écorché.
Semblant dormir paisiblement, elle se laissait bercer par des lumières en pleine obscurité…Le souffle régulier, les sanglots s’éloignant au rythme de sa respiration. La tempête calmée, le repos mérité, la discussion pouvait commencer.

Une main fine, translucide effleurant la paume d’Eithne, glissant pour entremêler leurs doigts…Aurore en nymphe lunaire, grandie. Elle répéta sa phrase en attendant une réponse.


Que va-t-on faire ?

Je ne sais pas… je veux ma liberté et n’avoir jamais rien à ressentir…

Et moi ?

Eithne secoua la tête, elle était si proche qu’elle l’empêchait de réfléchir correctement. C’était elle sa chaleur rassurante, elle voulait la tuer pour se sentir libre, mais à présent, elle ne pouvait se résoudre à réitérer sa demande.
Une nouvelle douleur terrassa la pustuleuse, venant tout droit du ventre, brûlant sa chair, la peur dans ses entrailles. Elle n’avait jamais réalisé que l’albâtre faisait partie d’elle, que les sentiments refoulés résidaient dans cette main, dans ce regard tempête… une révélation dans le déchirement.

La peste avait voulu protéger Aurore du monde dès l’enfance, elle avait été la présence incarnée pour la préserver… cette haine qu’elle avait nourrie pour le monde avec le temps s’était retournée contre elle. Cette force pour la soutenir s’était éloignée…l’oubli en armure…toutes ses choses en affluents s’immisçant dans chaque pores de sa peau… Elles n’étaient qu’une…pas si opposées juste perdues… Eithne s’était sentie gardienne et abandonnée…
Son bras se referma la main la première autour de la femme-enfant, caressant cette chevelure venant de la prime enfance. Sa bouche contre sa tempe murmurant comme pour la rassurer…dialecte muet pour une entité venant de se retrouver. Il n’y avait eu dualité que parce que l’une s’était endormie, laissant l’autre gérer un trop plein d’émotions. Plus jamais le doute ne viendrait infiltrer la dame, car même endormie, alors que veillée par des étoiles en une caresse amoureuse, elles ne devinrent qu’une
.

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Valendra
Ses jades croisent ses azurs, parler, sourire lui est impossible, laissant alors ses yeux exprimer un ''merci'' muet. Même si elle ne peut le dire à ce moment-là, elle est heureuse qu'il soit près d'eux. Il n'est pas seulement le brun séducteur, il est plus que ça, il fait partie de leur vie désormais. Amant, ami à ses côtés pour la peste.Elle posa une main furtive sur son bras avant de la reposer sur le dos de son fils.
C'est là que le calme la percuta. Seules les respirations régulières le perturbe. Gabriel est parvenu à l'apaiser, fruit d'un amour reposant au sein d'une source d'amour. Fermant ses yeux elle se mit à fredonner un air tout en les laissant dans leurs songes, leurs rêves. Car après tout, quand nous rêvons, nous entrons dans un monde qui n'appartient qu'à nous...

[ Le jour se lève... ]

Le temps semble si long, le ciel se teinte de gris, l'aube est proche. Et pourtant elle ne se réveille pas.

Engourdie elle décide de quitter ce lit, prenant son fils dans ses bras et quitta la chambre, laissant le brun et la peste ensemble. Essuyant son visage striés et asséchés par les larmes, elle pressa Gabriel contre elle et déposa un baiser sur le haut de son crâne tout en le berçant.
Nourrit, ses yeux se ferment couvés par les jades de sa mère, posée sur le perron de la porte. Cessant de contempler son fils, son regard se tourne vers le soleil éclairant le ciel de ses premiers rayons. Ses songes revinrent, la replongeant dans des abysses dans une peur, une peur de la perdre, de ne plus jamais la voir sourire, rire, taquiner, séduire, jouant avec les charmes que la nature lui a donné. Se réveillera-t-elle un jour? Changera-t-elle? Devra-t-elle perdre de nouveau un être qui lui est chère? Y survivre? Oui. Mais en étant vide à l'intérieur.
Le temps qu'elle resta là, appuyée contre le mur, son fils dormant dans ses bras protégé par sa cape, elle ne le sut, en revanche lorsqu'elle se leva, le Puy commençait à s'éveiller. Elle n'avait que trop tarder.
Fermant la porte derrière elle, elle songea à comment la vie avait basculé d'un coup, sans prévenir. Un sentiment l'envahit, celui d'être déjà restée trop éloignée de sa peste alors que le temps leur était peur-être compter, à tous les trois.

La porte de la chambre s'ouvrit sans bruit. Son regard se posa sur lui, serrant toujours Eithne contre lui. Elle ne parvint toujours pas à lui sourire mais elle parvint à parler.


Tu devrais sortir un peu, prendre l'air, je veille sur elle, mais toi ça te ferait du bien, de t'aérer l'esprit.

Elle le laissa décider. S'allongeant de nouveau sur le lit, ses lèvres embrassèrent la joue de sa peste, sa tête reposa contre la sienne, son fils entre elles.

Ma Peste, bats-toi mais reviens-nous. Tu me manques.
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~Marraine de Mireka/Yogin/Athlea _ Adjointe à l'animation _ Tavernière de La Poutre_Chipie née~
Millshakeur
Sortir...

Elle s'agitait encore lorsque tout à coup, tout sembla aller mieux, du moins... pendant un moment...
Il se dit qu'être ainsi près d'elle ne la soignerait pas. Mais au moins avait il la certitude d'être là.

Il se leva, regardant Eithne, puis Val et son enfant...
Un sourire passa sur ses lèvres, furtivement.


Tu as peut-être raison... je ... je vais en profiter pour nous dégotter de quoi manger un bout...

Il prononça ces paroles d'un ton affable... les yeux vers Eithne... le coeur serré.
Se sentir impuissant, que voilà un étrange sentiment.
Les premières lueurs du jour vinrent éclairer la scène qu'il avait devant les yeux... il sut... il savait déjà même, que tout ce qu'il avait de plus cher au monde se tenait là. Sous ses yeux...
Pas un instant, il ne pensa perdre tout cela. Au fond de lui, une voix lui assurait que tout irait bien.
Puis, d'un coup, semblant se souvenir de ce qu'il venait de dire, il sortit à pas feutrés de la chambre, passant dans la pièce d'à côté...
Un peu de bruit, quelques bruissements, un feu qu'on attise... quelques minutes plus tard, une douce odeur se répandit dans toute la maisonnée...
Eithne
Pull me out from inside…


Que faire à présent ?
Elle se laissa tomber mollement dans un fauteuil, les mains cachant son visage. Elle ne voulait pas revenir…enfin pas encore. Elle avait tant à découvrir…à comprendre…Terrée ici qui viendrait l’en sortir… personne n’avait besoin d’elle…elle pouvait disparaitre sans que personne jamais ne s’en rende compte. Elle pouvait fuir ce corps, cette vie…

Aurore donnait le cœur, Eithne la raison.
Faire table rase du passé…alors pourquoi ces larmes…pourquoi ce désarroi…Il suffirait d’un pas à esquisser pour que tout ne soit que lumière. Ouvrir les yeux pour voir que le jour avait balayé la nuit…

Debout dans le centre la pièce, nimbée de filament lunaire, la jeune femme laissa l’eau s’écouler… couler jusqu’à ce que se tarissent les puits… en cascade pour tracer des sillons argentés. Creusant un chemin jusque dans son cou, brouillant sa vue… Tempête à la dérive… Sensation de bien être…de désespoir… Entité de nouveau entière.
Toutes ses certitudes, balayées. Tous ses doutes, réveillés. Elle n’était plus seule… Elle n’avait plus à lutter contre elle-même… le monde se chargerait bien assez tôt de lui faire prendre les armes.
Le vague à l’âme avait déchainé en elle la passion. Trop jeune, trop active et entière pour les enfermer… La peste les avait exercés sur elle-même au détriment des autres.
Il restait encore les désirs sans l’illusion. L’imagination, abondante et merveilleuse pour contraster avec la pauvreté de l’existence…

Corps chaud contre son cœur. Comment rester aveugle…comment concevoir la vie sans elle ? Perdue dans les méandres de sa folie, une voix. Même si la peste voulait rester sourde, elle ne pouvait ignorer celle qui était devenue sa famille. SA famille…mot sonnant étrangement, consonance si juste… Elle avait fui une vie…une situation… s’était jetée la tête première dans une relation qu’elle n’avait pu maitriser…elle n’était pas prête à réagir en femme…pourtant…elle avait failli passer à côté du plus précieux de tous…la pustuleuse pouvait avoir des amants dans son lit…des peines…mais ELLE serait toujours là…

De la bouche de la désincarnée s’échappa un souffle. « Val »

Instinctivement, elle se blottit tout contre Valendra et Gabriel. Elle savait désormais où était sa place, près de sa sœur et de son filleul. Comme la promesse faite…aujourd’hui, c’était une évidence…
Oh, elle aimait, et aimerait encore mais jamais comme cet amour fraternel qui s’était tissé…

Trop faible pour ouvrir les yeux. Son nez chatouillé par l’odeur du pain… Son visage endormi esquissa un sourire. Lui aussi était là…

Bientôt serait l’heure du réveil, bientôt, elle devrait affronter la réalité… La pustuleuse ne savait encore de quoi il serait fait…une seule certitude, Aurore et elle était en paix…

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