Riwan
J'avais quelque chose de coincés dans ma bouche, entre mes dents. Je saisis donc mon couteau pour essayer de faire partir ce bout de poulet.
Je dérape.
Mon coude part je ne sais où et fait gicler la sauce. Mon beau costume est fichu. Le couteau part et il s'en faut de peu, très peu, pour que je sois marqués à vie de ce triste incident. Cela m'aurait obligé à déclencher une guerre pour pouvoir faire passer la cicatrice pour une blessure de guerre.
Aristote est sans conteste intervenu.
Courroucés, principalement après moi, je hurle:
Servaaaaaaaan !
Le pauvre serviteur entre, un courrier à la main. Habitués à mes accès, ou mes excès ca dépend du point de vue, de colère, il répond:
-Oui votre Altesse ?
-Et bien je... je ne sais pas. Nettoie tout ca, pour commencer.
-Bien sûr.
-Et que tient-tu là ?
-Ca ?
-What else ?
-Oh, Votre Altesse s'entraîne à l'anglais, c'est bien.
-J'ai fait des progrès, tu a vu. Et donc ?
-Ah oui. Il s'agit d'une lettre que Votre Altesse vient de recevoir.
-Montre.
Et les doigts plein de graisses et de sauces, je me met à lire.
Je dérape.
Mon coude part je ne sais où et fait gicler la sauce. Mon beau costume est fichu. Le couteau part et il s'en faut de peu, très peu, pour que je sois marqués à vie de ce triste incident. Cela m'aurait obligé à déclencher une guerre pour pouvoir faire passer la cicatrice pour une blessure de guerre.
Aristote est sans conteste intervenu.
Courroucés, principalement après moi, je hurle:
Servaaaaaaaan !
Le pauvre serviteur entre, un courrier à la main. Habitués à mes accès, ou mes excès ca dépend du point de vue, de colère, il répond:
-Oui votre Altesse ?
-Et bien je... je ne sais pas. Nettoie tout ca, pour commencer.
-Bien sûr.
-Et que tient-tu là ?
-Ca ?
-What else ?
-Oh, Votre Altesse s'entraîne à l'anglais, c'est bien.
-J'ai fait des progrès, tu a vu. Et donc ?
-Ah oui. Il s'agit d'une lettre que Votre Altesse vient de recevoir.
-Montre.
Et les doigts plein de graisses et de sauces, je me met à lire.
Citation:
Au Dug Breizh, Sa Grâce Riwan Nathan de Brocéliande,
De moi, Arnaut de Malemort, salut et respect.
Monseigneur,
Vous ne me connaissez point et, bien que vous soyez vous seul à la tête de la plus grande puissance de l'Ouest, je ne vous connais guère non plus. Aussi me pardonnerez-vous l'incongruité de la présente missive, et l'audace de la requête qu'elle transporte. Mais icelle revêt pour moi une telle importance que je me dois de faire fi des us et du décorum, afin de me montrer économe de mon temps comme du vôtre, en allant droit au but. Ma naissance ne m'a pas enseigné la patience, mon jeune âge ne m'a guère permis d'y être rompu par l'éducation. C'est pourquoi j'écarte sans reproches les intermédiaires qui sont le lot des voyageurs habituels pour m'adresser directement à vous, Duc de Bretagne.
Je suis Arnaut de Malemort, bâtard de la Maison Malemort, enfançon de Nebisa de Malemort et de Feu Bralic Fauconnier.
Si le nom illustre de mon père doit vous être inconnu, celui non-moins illustre de ma matriarche vous sera familier, j'en suis sûr.
Vous saurez dès-lors qu'elle compte parmi les plus grands feudataires du Royaume de France, et qu'elle est un très estimé officier de sa Couronne.
Et vous saurez également que malgré mon jeune âge, à l'instar de vous et de vos semblables en Bretagne, je compte de par ma naissance parmi les grands de France, prédestiné que je suis à un avenir pareil à celui de ma mère et de mon défunt père.
C'est pourquoi j'ai pris la plume pour vous causer à vous et non à un fonctionnaire de votre administration tentaculaire, et c'est ce qui nous mène au vif du sujet.
J'ai atteint il y a quelques semaines mes 10 ans, âge chez les Malemort d'une certaine maturité. De ce fait, j'ai pu entreprendre depuis Paris un voyage initiatique qui devrait me mener où ma curiosité du monde me pousserait, au gré de mes envies de découverte, et ce afin de parfaire ma connaissance de l'Europe et de ses richesses, culturelles comme économiques.
Et si mon choix devait initialement se porter sur les Pays-bas Impériaux et sur la Bourgogne, pays exotiques et de ce fait attrayants, ma curiosité finit irrémédiablement par me pousser vers l'Ouest. Curiosité attisée par les récits de mon enfance d'exploits passés de chevalerie, de grandes batailles pour le contrôle de la Bretagne, et de guerres innombrables qui virent finalement triompher la culture et l'indépendance Bretonne.
Je me trouve actuellement en terre Normande, à Avranches. Depuis quelques semaines que je traverse ce Duché, je me meurs d'ennui, attendant l'opportunité de découvrir le Grand-Duché de Bretagne, dans toute sa complexité et sa magnificence, comme il mérite que je le découvre.
Vous êtes mon opportunité.
Car de par ce que je sais de vous et des vôtres, de ce que votre famille ne compte pas de rustres qui ne verront en moi qu'un potentiel ennemi -pourtant bien frêle-, j'espère avec audace que vous serez enclin à me faire découvrir votre pays, à me gratifier de quelques enseignements qui m'aideront à mieux en comprendre la culture et l'essence, ce qui en fait la puissance. Au nom de l'amitié entre nos deux Couronnes, par égard pour ce que je suis et pour l'avenir que ceux de ma génération comme ceux de la votre se doivent de bâtir pour que nos deux pays prospèrent dans la paix, je sais que vous accéderez à la requête d'un fils de France.
Je vous demande par la présente, Vôtre Grâce, de bien vouloir accorder laissez-passer, sauf-conduit et escorte à ma personne et à ma suite, pour la frontière et pour l'intérieur des terres. Et surtout Monseigneur, je sollicite votre bienveillance, vos conseils et votre enseignement, afin de jouir de mon séjours en Bretagne pour élargir mon esprit à de plus larges horizons et complèter mon éducation d'Homme et de noble de France.
Permettez qu'un enfant ivre d'espoirs d'un monde nouveau se fasse l'ambassadeur de son pays au sein du vôtre. Permettez que mon séjours me permette de me faire vôtre ambassadeur auprès des feudataires de Province et de la Cour de Sa Majesté le Roi de France.
Permettez, Monseigneur, que je dépasse les clivages pour m'ouvrir l'esprit à un monde qui me fut longtemps interdit, mais qui ne saurait me rester inconnu.
A Avranches, le 26 Octobre 1457
En mon nom seul
Arnaut de Malemort
Fils de France
De moi, Arnaut de Malemort, salut et respect.
Monseigneur,
Vous ne me connaissez point et, bien que vous soyez vous seul à la tête de la plus grande puissance de l'Ouest, je ne vous connais guère non plus. Aussi me pardonnerez-vous l'incongruité de la présente missive, et l'audace de la requête qu'elle transporte. Mais icelle revêt pour moi une telle importance que je me dois de faire fi des us et du décorum, afin de me montrer économe de mon temps comme du vôtre, en allant droit au but. Ma naissance ne m'a pas enseigné la patience, mon jeune âge ne m'a guère permis d'y être rompu par l'éducation. C'est pourquoi j'écarte sans reproches les intermédiaires qui sont le lot des voyageurs habituels pour m'adresser directement à vous, Duc de Bretagne.
Je suis Arnaut de Malemort, bâtard de la Maison Malemort, enfançon de Nebisa de Malemort et de Feu Bralic Fauconnier.
Si le nom illustre de mon père doit vous être inconnu, celui non-moins illustre de ma matriarche vous sera familier, j'en suis sûr.
Vous saurez dès-lors qu'elle compte parmi les plus grands feudataires du Royaume de France, et qu'elle est un très estimé officier de sa Couronne.
Et vous saurez également que malgré mon jeune âge, à l'instar de vous et de vos semblables en Bretagne, je compte de par ma naissance parmi les grands de France, prédestiné que je suis à un avenir pareil à celui de ma mère et de mon défunt père.
C'est pourquoi j'ai pris la plume pour vous causer à vous et non à un fonctionnaire de votre administration tentaculaire, et c'est ce qui nous mène au vif du sujet.
J'ai atteint il y a quelques semaines mes 10 ans, âge chez les Malemort d'une certaine maturité. De ce fait, j'ai pu entreprendre depuis Paris un voyage initiatique qui devrait me mener où ma curiosité du monde me pousserait, au gré de mes envies de découverte, et ce afin de parfaire ma connaissance de l'Europe et de ses richesses, culturelles comme économiques.
Et si mon choix devait initialement se porter sur les Pays-bas Impériaux et sur la Bourgogne, pays exotiques et de ce fait attrayants, ma curiosité finit irrémédiablement par me pousser vers l'Ouest. Curiosité attisée par les récits de mon enfance d'exploits passés de chevalerie, de grandes batailles pour le contrôle de la Bretagne, et de guerres innombrables qui virent finalement triompher la culture et l'indépendance Bretonne.
Je me trouve actuellement en terre Normande, à Avranches. Depuis quelques semaines que je traverse ce Duché, je me meurs d'ennui, attendant l'opportunité de découvrir le Grand-Duché de Bretagne, dans toute sa complexité et sa magnificence, comme il mérite que je le découvre.
Vous êtes mon opportunité.
Car de par ce que je sais de vous et des vôtres, de ce que votre famille ne compte pas de rustres qui ne verront en moi qu'un potentiel ennemi -pourtant bien frêle-, j'espère avec audace que vous serez enclin à me faire découvrir votre pays, à me gratifier de quelques enseignements qui m'aideront à mieux en comprendre la culture et l'essence, ce qui en fait la puissance. Au nom de l'amitié entre nos deux Couronnes, par égard pour ce que je suis et pour l'avenir que ceux de ma génération comme ceux de la votre se doivent de bâtir pour que nos deux pays prospèrent dans la paix, je sais que vous accéderez à la requête d'un fils de France.
Je vous demande par la présente, Vôtre Grâce, de bien vouloir accorder laissez-passer, sauf-conduit et escorte à ma personne et à ma suite, pour la frontière et pour l'intérieur des terres. Et surtout Monseigneur, je sollicite votre bienveillance, vos conseils et votre enseignement, afin de jouir de mon séjours en Bretagne pour élargir mon esprit à de plus larges horizons et complèter mon éducation d'Homme et de noble de France.
Permettez qu'un enfant ivre d'espoirs d'un monde nouveau se fasse l'ambassadeur de son pays au sein du vôtre. Permettez que mon séjours me permette de me faire vôtre ambassadeur auprès des feudataires de Province et de la Cour de Sa Majesté le Roi de France.
Permettez, Monseigneur, que je dépasse les clivages pour m'ouvrir l'esprit à un monde qui me fut longtemps interdit, mais qui ne saurait me rester inconnu.
A Avranches, le 26 Octobre 1457
En mon nom seul
Arnaut de Malemort
Fils de France
Je repose la lettre en souriant.
Il est mignon ce petit. Même si ce n'est qu'un bâtard, j'ai bien envie de lui répondre. Après tout, la Comtesse de Ségur, c'est quand même quelqu'un.
Prend une plume et écrit.
Et Servan d'obéir.
Citation:
Au Sieur Arnaut de Malemort ,
Demat,
Vous avez bien fait d'écarter les intermédiaires. Vous n'êtes pas n'importe qui après tout. Le nom de votre Mère, sa grâce et son prestige, fait de vous un dignitaire du Royaume de France. En conséquence vous ne pouvez vous adresser à des sous fifres.
Soyez sûr que la Bretagne sera prête à vous accueillir. Je vais immédiatement vous faire préparer escorte.
Il va sans dire que vous profiterez de votre séjour pour visiter la Bretagne et en apprendre davantage sur sa culture, ses valeurs et la source de sa puissance. Je m'assurerais en personne que votre séjour chez nous vous soit enrichissant.
Fait au Château de Rennes,
D'ar Meurzh 27 a viz Here 1457
SA Riwan Nathan De Brocéliande,
Duc de Bretagne
Demat,
Vous avez bien fait d'écarter les intermédiaires. Vous n'êtes pas n'importe qui après tout. Le nom de votre Mère, sa grâce et son prestige, fait de vous un dignitaire du Royaume de France. En conséquence vous ne pouvez vous adresser à des sous fifres.
Soyez sûr que la Bretagne sera prête à vous accueillir. Je vais immédiatement vous faire préparer escorte.
Il va sans dire que vous profiterez de votre séjour pour visiter la Bretagne et en apprendre davantage sur sa culture, ses valeurs et la source de sa puissance. Je m'assurerais en personne que votre séjour chez nous vous soit enrichissant.
Fait au Château de Rennes,
D'ar Meurzh 27 a viz Here 1457
SA Riwan Nathan De Brocéliande,
Duc de Bretagne
Une fois terminés, je prend sans un mot le courrier, le relit. Puis j'y fait couler la cire rouge, avant d'y apposer mon sceau.
M'adressant à Servan:
Tu feras partir ce message le plus rapidement possible. Et dis au Capitaine que je veux le voir.
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