Breiz24
... Y'a des nouilleuh, mais ça n'se voit pas!
Joinville, 27 octobre 1457
Dans quoi elle s'engageait, elle ne le savait pas. Pas la moindre idée. Pourtant, des soldats, mercenaires, militaires, quel que soit le nom qu'on leur donnait, elle en avait croisé, dans sa vie. Elle avait vécu avec eux. Elle en avait aimé un.
La pire tête brulée du royaume. Sans aucun doute. Sinon, il serait toujours là, à ses cotés. Sa main se serait refermée sur la sienne, lors des cris enroués de la foule bourguignonne, sur le grand place de Dijon.
Elle était trop jeune pour être seule. On le lui avait dit et répété, elle s'en moquait. Plus personne ne saurait l'aimer comme elle l'avait été.
La nuit tombait. Gauvain pleurait. La taverne dans laquelle elle se trouvait allait perdre de son calme au fur et à mesure que les mineurs et paysans locaux arriveraient.
Sans attendre plus avant, elle sortit. Épées battant ses flancs. Sombrelance, aux écuries, se mit à piaffer dès qu'il la vit. Elle lui flatta l'encolure et ouvrit le boxe. Le cheval aussi avait besoin de se dégourdir les jambes. Elle se hissa sur son dos, à cru. Pas de temps à perdre. Seulement celui de vérifier que le bébé, fatigué, était correctement lié à elle, blottit dans son écharpe soyeuse.
Nouer la longe autour du cou du palefroi, et se mettre en route, d'une légère pression des cuisses.
Les portes de la ville ne seraient fermées que plus tard. Elle avait le temps de sortir, encore un peu.
Lentement, elle prit la direction de la forêt. Plusieurs personnes, dans la journée, lui en avaient dit du bien. Et elle avait besoin de calme.
Le calme, enfin. Le cheval, au pas, prenait la direction qu'il souhaitait, entre les arbres. Gauvain, contre elle, avait fini par céder à l'épuisement et dormait profondément.
Elle, elle était enfin seule avec ses pensées.
Dans quoi elle s'engageait, elle ne savait pas. Mais elle s'était engagée. Il y avait eu cette discussion, avec un Duc. Cette promesse échangée.
Elle irait. Elle ne se battrait pas. Mais elle serait là, prête. A soigner tous les bras tranchés qui se présenteraient à elle.
Elle avait promis. Elle ne regretterait pas.
Le voyage s'annonçait presque plaisant. Beaucoup de nouvelles rencontres. De quoi oublier les derniers éclats éparpillés de sa vie d'avant. De quoi se maintenir à flot, de quoi oser espérer. De quoi retenir son souffle, de quoi...
Dans quoi elle s'engageait, elle ne savait pas. Mais elle y allait.
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Joinville, 27 octobre 1457
Dans quoi elle s'engageait, elle ne le savait pas. Pas la moindre idée. Pourtant, des soldats, mercenaires, militaires, quel que soit le nom qu'on leur donnait, elle en avait croisé, dans sa vie. Elle avait vécu avec eux. Elle en avait aimé un.
La pire tête brulée du royaume. Sans aucun doute. Sinon, il serait toujours là, à ses cotés. Sa main se serait refermée sur la sienne, lors des cris enroués de la foule bourguignonne, sur le grand place de Dijon.
Elle était trop jeune pour être seule. On le lui avait dit et répété, elle s'en moquait. Plus personne ne saurait l'aimer comme elle l'avait été.
La nuit tombait. Gauvain pleurait. La taverne dans laquelle elle se trouvait allait perdre de son calme au fur et à mesure que les mineurs et paysans locaux arriveraient.
Sans attendre plus avant, elle sortit. Épées battant ses flancs. Sombrelance, aux écuries, se mit à piaffer dès qu'il la vit. Elle lui flatta l'encolure et ouvrit le boxe. Le cheval aussi avait besoin de se dégourdir les jambes. Elle se hissa sur son dos, à cru. Pas de temps à perdre. Seulement celui de vérifier que le bébé, fatigué, était correctement lié à elle, blottit dans son écharpe soyeuse.
Nouer la longe autour du cou du palefroi, et se mettre en route, d'une légère pression des cuisses.
Les portes de la ville ne seraient fermées que plus tard. Elle avait le temps de sortir, encore un peu.
Lentement, elle prit la direction de la forêt. Plusieurs personnes, dans la journée, lui en avaient dit du bien. Et elle avait besoin de calme.
Le calme, enfin. Le cheval, au pas, prenait la direction qu'il souhaitait, entre les arbres. Gauvain, contre elle, avait fini par céder à l'épuisement et dormait profondément.
Elle, elle était enfin seule avec ses pensées.
Dans quoi elle s'engageait, elle ne savait pas. Mais elle s'était engagée. Il y avait eu cette discussion, avec un Duc. Cette promesse échangée.
Elle irait. Elle ne se battrait pas. Mais elle serait là, prête. A soigner tous les bras tranchés qui se présenteraient à elle.
Elle avait promis. Elle ne regretterait pas.
Le voyage s'annonçait presque plaisant. Beaucoup de nouvelles rencontres. De quoi oublier les derniers éclats éparpillés de sa vie d'avant. De quoi se maintenir à flot, de quoi oser espérer. De quoi retenir son souffle, de quoi...
Dans quoi elle s'engageait, elle ne savait pas. Mais elle y allait.
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