Cassian_darlezac
RP ouvert à tous bien sûr tant que la cohérence est respectée.
Adossé à un chêne, le gamin faisait jongler une pierre dune main à lautre, regardant lArmançon coulé à ses pieds. En aval de la rivière se trouvait un moulin. Il le savait pour y avoir passé plusieurs heures à regarder la roue tourner, support idéal pour permettre à son esprit de vagabonder en suivant le fil de son imagination fertile. Mais ce jour là il avait décidé de se livré à une autre de ses occupations favorites. Faire des ricochets Et en la matière le petit blond pouvait -et de loin- se targuer dêtre un spécialiste. Un sourire fier affublant sa trogne, il venait une nouvelle fois de faire montre de son art et mettait au défi la nature de faire mieux. Alors, il lorgnait avec dédain les chênes, dont les glands chutaient dans un simple "flop !", se gaussait des hêtres dont les feuilles, bercées par le vent, atterrissait mollement sur la rivière. Puis, lançant un nouveau caillou avec fougue, il le regardait dun air satisfait auréoler leau à plusieurs reprises. Là au moins il avait la maîtrise de la situation. Dans le monde des grands tout était bien plus difficile, telle la feuille, il se laissait passivement entraîner par le courant. Mais bientôt, quand il sera grand, il sera la pierre, ricochant sur la tête de ses ennemis. Bravant tout les dangers, surpassant tout ces adversaires, tel Messire Eusaias ou Maître Snell, il entrera alors dans la légende.
Le petit blond navait pas mis longtemps à shabituer à son nouvel environnement. Arrivé à Sémur il avait dabord découvert la demeure des Alterac et la chambre qui serait à présent sienne. Les yeux pétillants il avait visité le domaine, sextasiant sur tout, sous le regard amusé de ses hôtes. Cependant au fur et à mesure quil avait parcouru les lieux des doutes lassainissaient. Tout étant grand, beaux, élégant. Mais lui si petit, si peu au fait des us et coutumes nobiliaires, ne serait-il pas de trop ? Ne risquait-il pas de les décevoir ? Or la confiance et la gentillesse que lui avait témoigné les Alterac ayant croisé sa route, était à ce jour ce qui comptait le plus à ses yeux. Lanxiété était grandissante, affluait en lui telle une marée venant sabattre sur son estomac pour y créer une boule. Une sensation de "en trop", un peu comme un bloc de granit que des mains malhabiles auraient nichées dans une cathédrale de marbre blanc. Dun bâillement quil avait résolu le problème, prétextant la fatigue pour prendre la poudre descampette. Il sétait réfugié dans sa chambre et cest là quil avait laissé coulé sa première larme. Pas faute davoir voulu la retenir pourtant, mais à la fatigue du voyage sétait ajouté ses craintes. Son petit corps démuni avait alors fait ce quil avait trouver de mieux à faire, extérioriser le tout. Ouvrir les écluses pour que le barrage ne succombe pas à la marrée montante. Et ensuite, dans un reniflement, le sommeil lavait emporté, lui ses craintes et ses imperfections.
Le lendemain et les jours suivants, Cassian avait découvert la ville et ses habitants, appréciant de passer du temps à discuter avec eux en taverne. Il avait notamment fait plus ample connaissance avec le légendaire Messire Eusaias, avant quils ne partent pour la Touraine... Pour la guerre Et une angoisse en avait chassé une autre. A la peur de ne pas se faire pleinement accepté sajoutait celle de ne pas en avoir le temps. Lenfant savait que la mort pouvait frapper à tout moment et ce même quand on sy attendait le moins. Le très haut se réservait le droit de les rappeler à ses côtés quand il le désirait et même lui ne pouvait rien y faire. Malgré tout il aurait aimé être plus grand et plus fort afin de pouvoir être au côté de sa bienfaitrice et la protéger en cas de danger. Au lieu de ça, à cause de sa faiblesse, il avait du rester à Sémur pour protéger Damoiselle Aleanore qui pourtant se défendait très bien toute seule. Alors il se faisait du sang dencre, simaginant les pires scénario et se fustigiant aussitôt. Dame Marie Alice nétait elle pas auprès de Messire Eusaias ? Dès lors que pouvait-il lui arrivé ? Lui qui criait sa bravoure à qui voulait lentendre avait peur, si terrorisé quil était à lidée de se voir une nouvelle fois orphelin.
« Splatch ! » , un caillou tout juste ramassé venait datterrir lourdement dans leau. Un second suivit aussitôt puis un troisième, le gamin ressentait le besoin de se défouler. Chaque « splatch » représentait pour lui un ennemi qu'il venait de pourfendre. Une pluie de terre, feuilles, pierres sabattaient sur la rivière alors que le gamin raclait avec fougue le sol avant de tout jeter dans leau. Tous tombaient raides morts sous ses coups. Dun geste vif lenfant saisit alors son épée en bois, bataillant contre des assaillants imaginaires. Il enchaînait les coups, courant le long de la rive. Le tapi de feuilles mortes et humides était glissant mais le garçon ne sen préoccupait pas, poursuivant dans son combat fictif. Alors quil sapprêtait à parer un coup venant qui provenait de son flan gauche il se tourna dos à la rivière. La chute fut inévitable. Perdant équilibre le môme glissa sétalant sur le dos dans leau glacée. De ricochets il n'en avait pas fait, il s'était juste étaler lamentablement dans un énième « Splatch ! ». La respiration coupé il tentait de se calmé et de regagner la rive. Sétait sans compter sur le fait quil navait pas pied et ne savait nager. Le courant, plutôt fort à cette période de lannée lentraînait inexorablement tentant de lengloutir sous les flots. Il était entre le gland et la feuille, si l'un coulait, lui peinait à garder la tête de l'eau et comme l'autre il se laissait emporté par le courant. Encore une fois la peur lenvahit il bataillait de toute ses forces quand des cris de détresse parvinrent enfin à franchir ses lèvres. D'un rapide signe de croix il pria le très haut dêtre entendu. Lui qui navait eu de cesse de sinquiéter pour les autres venait par maladresse de mettre sa vie en jeu.
*Edit pour ajouter l'encart HRP