[RP] Un cri sous la lune

Guilian

La nuit était bien avancée quand Guilian sortit de son ancien bureau multicolore, un grand sourire aux lèvres. La ravissante Aura était à ses côtés et semblait tout aussi épanouie. Ils partirent chacun de leur côté tous deux ravis du moment qu'ils venaient de vivre.

Le saltimbanque avait une démarche à la fois chavirante mais assurée. Le ciel était clair, la lune resplendissait baignant tout ce qui l'entourait d'une pale lueur. Le fond de l'air était frais et un mince filet de vapeur lui sortait de la bouche à chaque expiration. Tout semblait calme.
Tout ? pas tout à fait !
Au loin le cri d'une bête étrange retentissait à rythme régulier.

Huick...

N'écoutant une fois encore que son courage, le brave saltimbanque s'approcha à tâton.

Huip...

Le bruit étrange se précisait. Il lui semblait que cela venait de derrière la maison de Sakou.

Hips...

Faisant à pas de loup le tour de celle-ci, quelle ne fut pas sa surprise de tomber sur la belle Evène, arrachant les mauvaises herbes du champs de haricots, au beau milieu de la nuit. Elle ne l'avait pas entendu arriver. Aussi en profita-t-il pour s'assoir sur une grosse pierre bordant le champ et la regarda œuvrer.

Hips...
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Evene

Et dire que ça aurait pu être une soirée tout à fait sympathique, il y avait tout eu pourtant, des timbales de pulque... Plus qu'il n'en faudrait d'ailleurs, des compagnons agréables et motivés... Mais qu'est ce qui lui était encore passé par la tête ?

La lune était déjà haute, elle avait l'air bien maligne la jeune Evène les genoux dans la terre sèche d'un champ de haricots, s'écorchant les mains en cherchant à taton ces plantes piquantes qui pullulaient dans ce genre d'exploitation, oui oui elle travaillait, à cette heure !

Enfin travailler, ça tête tournait tellement qu'elle en confondait terre et ciel, devant de temps à autre lâcher brusquement la récolte, surprise par des séries de hoquets, trébuchant dans les failles du terrain déjà en vu de la luminosité réduite, mais surtout en raison de la perte de tout l'équilibre qui lui restait.

Nouvelle série de hoquet, presque pliée en deux, elle pensa bien y passé ce coup-ci, dans sa tête des fragments de la cette phrase type qu'elle se disait souvent "... Plus jamais boire... de ma vie... Jamais !"

Une impression bizarre lui fit pourtant relever la tête, elle se sentait presque invisible, à moitié assise dans ce champ... Pourtant elle avait ressenti qu'on l'observait, alors oui dans son état elle pouvait aussi fabuler mais d'un seul coup elle ne s'était plus vraiment sentie en sécurité.

Réaction naturel et plutôt sauvage, elle s'accroupit et regarda tout autour d'elle, juste le bruit de son souffle comme allier, si il y avait bien quelqu'un elle l'entendrait bien, mais mieux fallait être prudent

Hips...

trahie par elle-même, rien de plus douloureux, réalisant avec peine que son camouflage ne servait plus à rien, elle laissa échappé quelques paroles étouffée

-Qu...Qui est là ?
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Guilian

Assis sur son caillou, les genoux repliés, les bras les entourant et le menton posé sur ceux-ci, le saltimbanque observait en silence.
Quel acharnement semblait-elle mettre la belle Evène, et pourtant l'efficacité était toute relative.

Hips...

Un petit gloussement échappa au jeune homme, mais pas à l'oreille attentive de la délicieuse paysanne d'un soir. Elle adopta immédiatement une position défensive.

-Qu...Qui est là ?

Guilian perçût de suite la pointe d'angoisse dans la voix d'Evène. Ne voulant pas l'effrayer d'avantage il se releva doucement.

Ce n'est que moi, belle Evène. J'étais sur le point de rentrer dans mon calli quand j'ai entendu un drôle de bruit au loin. J'avoue que cela fait un petit moment que je t'observe, à ce rythme là tu vas en avoir pour toute la nuit !
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Evene

Oubliant un instant sa légère peur et limite ravie d'avoir encore le sens de l'ouïe, Evène sourit dans la direction de la voix, fière de l'avoir trouvé d'elle-même.
Du timbre et des tournures de mots, elle reconnu tout de suite l'homme en question, un plissement des yeux pour voir un tantinet moins flou lui confirma bien la présence de Guilian.

Le fait qu'il 'avait auparavant entendu les relents de son ivresse, de plus de savoir qu'il était sur ce caillou depuis plus de quelques instant, la fit sûrement bien rougir de honte... Heureusement sa compagne la nuit était là pour camoufler un peu cette faiblesse, elle se releva terreuse et frêle et se dirigea vers le saltimbanque bien piteuse.

-Hmmm... j'ai eu quelques ennuis, possible... Autre certitude que mon idée de travailler maintenant n'était pas des plus éclatante, j'aurais peut-être du t'écouter...

Elle passa ses mains dans sa crinière pour enlever un peu de poussière, puis afficha un rictus, rare qu'elle accepte s'être trompé, mais Guilian l'avait prévenu, si elle n'était pas si têtue !

-Heureusement qu'on ne voit pas bien clair, je ne dois pas être belle à voir aussi crasseuse ! Euh... Toi qui es du coin, tu peux me montrer un lieu ou je pourrais *hips* me débarbouiller ?

pour son apparence déjà, et rien de mieux que de l'eau pour y voir plus clair, elle regarda Guilian insistante, espérant qu'il accepte sa requête.
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Guilian

Tandis qu'elle parlait, Guilian se rapprocha de la belle Evène. Un rapide coup d'œil finit de le convaincre qu'elle était bien dans une piètre posture. Mais la faiblesse passagère de l'inconsciente paysanne ajoutait bien à son charme mystérieux.

D'un geste instinctif, il tendit la main afin de retirer une feuille restée coincée dans sa chevelure de jais. Une main qui s'égare, qui effleure une épaule dans la continuité de son geste, un instant suspendu, un échange de regard...

Un ange passe.

Se reprenant, le saltimbanque se fit un devoir de répondre à la requête de la belle Evène.

Bien sûr, bien sûr, il y a toujours possibilité d'aller à la rivière. C'est très simple. Tu contournes le calli, tu prends à droite pendant une vingtaine de pas, puis tout de suite à gauche. Tu continues vers la palissade et tu tournes à droite derrière la taverne. Là tu suis le sentier fleuri pendant environ cinq minutes, et ensuite tu arriveras sur un croisement en forme de T. Tu prends à droite et puis la troisième à droite. Tu avances un peu. Et là sur ta gauche, si tu n'as pas trouvé, et bien, je serai encore là pour te réexpliquer.

Mais honnêtement pas ce froid glacial et cette nuit sombre, je ne suis pas convaincu que cela soit la meilleure idée qui soit. Je ne voudrais pas te retrouver en forme de glaçon demain à l'aube.

Guilian prit le temps de réfléchir. Cela lui donnait un air presque sérieux, c'était bien contrariant, ce n'était pas du tout son genre.

Je crois avoir une outre d'eau dans mon calli. Peut être que cela sera suffisant pour arriver à tes fins ? Qu'en penses tu ?
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Evene

Instant sans parole, la main de Guilian qui s'égare sur une parcelle de son épaule dénudés, naturelle comme le vent qui venait de se lever, pas besoin de dire un mot, les sourires et la complicité faisaient le reste.

Il fallut tout de même quelques bonnes secondes pour reprendre cours à la discussion, enfin c'est vite dit, dès le début et durant toute l'explication de Guilian, Evène décrocha, impossible pour elle de retenir l'amas d'information que lui communiquait le jeune homme, par politesse elle ne le coupa pas, et hochait même de la tête par moment comme si elle suivait toujours. Et puis il avait encore raison (décidément il était bien plus raisonné qu'elle-même), il commençait à faire froid, d'ailleurs c'était une bataille permanente pour empêcher ses genoux de trembler.

La réflexion était visible sur le visage de Guilian, faisant apparaître des traits et expressions qu'elle ne lui avait jamais vu auparavant, surprenant. Et puis après quelques instants, il lui proposa sa réserve d'eau personnelle, instant de perplexité, elle avait parfois l'impression d'être un filet à la patte auprès des gens qui la côtoyaient, mais bon avait-elle réellement le choix ? elle s'exprima alors :

- C'est vraiment gentil de ta part, ça m'étonne pas de toi d'ailleurs elle lui sourit franchement... Ecoute *hips* je ne vais pas refuser, surtout que c'est assez près si mon souvenir est bon ?

Vague souvenir de l'emplacement du calli, vu qu'elle y avait partagé un repas il y a quelques lunes, enjouée, elle avança d'un pas, mais ses jambes la retenait que difficilement. Assez spontanément, sa main s'accrocha au bras de Guilian pour garder l'équilibre, mi amusée et gênée elle leva son regard sombre vers lui

-Tu es vraiment sûr que ça te dérange pas ?
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Guilian

La lune silencieuse contemplait la scène de son oeil froid et indifférent. Les émotions qui virevoltaient entre les deux protagonistes égayaient pleinement l'ambiance glaciale que faisait régner le vent descendant du nord depuis quelques jours maintenant.

Alors que la belle Evène fléchit sous le poids cumulé de la fatigue, du travail réalisé et du pulque, le saltimbanque la reçut dans ses bras le plus naturellement du monde.
Le regard profond de la merveilleuse brune lui pénétra jusqu'au coeur et d'un geste instinctif, il approcha son visage du sien.

Des lèvres qui entrent en contact, un éclair qui parcourt le corps, des bras qui se referment, un baiser langoureux qui semble ne pas avoir d'autre fin que d'assouvir leur faim.

Frissonnant sans identifier pleinement la cause de cet état, sans même avoir l'idée de se poser la question, ils restent un long moment enlacés, blottis l'un contre l'autre, comme si plus rien d'autre n'existait.

Et puis le plus naturellement du monde, ils prirent la direction du calli de Guilian et de sa fameuse cruche, objet de toutes les convoitises.

Tu sais ma belle Evène, tu seras toujours la bienvenue dans mon calli, tu peux considérer que c'est un peu le tien.

Arrivés devant celui-ci, Guilian ouvrit la porte en s'effaçant pour laisser passer le belle Evène, alors qu'au même instant une étrange odeur lui parvenait aux narines.
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Favole

Ce soir là Favole avait quitté précipitement la pulque d'abondance laissant Guilian et Aura à une conversation qui l'avait laissé perplexe. Perplexe car la fillette avait beau se concentrer de toutes ses forces, elle n'arrivait pas à comprendre le moindre mot. Le regard hagard, elle tentait de fixer un point sans y parvenir. Tout tournait autour d'elle, la belle se serait crue dans un tourbillon de folie.

Alors qu'une nouvelle fois elle voulait aligner trois mots, une sensation étrange lui indiqua qu'il était préférable de tourner les talons au plus vite si elle ne voulait pas se ridiculiser davantage. Sans explication, elle sortit de la taverne... Sortir n'était pas vraiment le terme exact, elle avait fui et à peine était-elle à l'exterieur que les tortillas que Guilian avait préparé avec amour finissaient sur ses sandales. Un rapport avec la quantité de pulque absorbée durant la soirée?

La pauvre fille, bien en peine, se traîna du mieux qu'elle put jusqu'au calli du Ciwakli. L'idée de rejoindre sa cahutte ne l'effleura même pas tant marcher lui paraissait être une épreuve insurmontable. Par on ne sait quel miracle, la "belle" parvint à se faufiler dans la hutte de l'oiseau coloré, bien malgré elle elle semait quelques traces de son passage ici et là et tel un sac de farine s'effondra sur la couche...

Quelques ronflements ne tardèrent pas à se faire entendre, mêlés à des relans de pulque.
Un bruit étouffé, quelques chuchotements, des petits rires...la blonde gromela dans son demi sommeil...se tenant la tête.

Meuuuuh...moins de bruit... Je dors...blurps!

Un oeil torve s'ouvrit, un bras se leva, un doigt voulut pointer en direction des intrus qui venaient déranger sa létargie, le tout se termina en un geste peu élégant. Le beau parleur avait encore frappé, le bougre ne rentrait pas seul.. Nul doute que quand la toute délicate Favole rira de cette situation...un jour...lorsqu'elle sera en état de réaliser et surtout lorsque sa honte se sera dissipée...

Evene

La tournure des événements ne la surpris qu'à moitié, en même temps grâce au pulque tout était fluide, elle ne contrôlait pas forcément ses actions, se laissant bercer par les mouvements tendres de Guilian, mais réalisait tout de même ce qui se passait, malgré le voile de l'ivresse.

Entraînée par les pas de l'homme elle le suivit prudemment jusqu'à son habitation

les paroles de Guilian lui arrivèrent aux oreilles, combien de fois avait-elle entendu cette phrase ? Trop cela en était sûr, si elle continuait ainsi la majorité des callis de la province lui seront ouvert, mais elle ne dit pas ce détail à Guilian, au risque de geler un peu l'ambiance. Un sourire suffis comme réponse, de toute manière le couple d'un soir arrivaient déjà devant l'entrée de la hutte.
par politesse on laissa passé la jeune femme, de sa démarche chaloupante elle entra dans le calli avant de buter sur ce qui semblait être un sac de farine, riant comme une pintade de sa maladresse, elle se retourna vers Guilian... Lui-même narine en l'air avait remarqué que quelque chose clochait, soudain attentive, le doux fumet lui percuta le nez. Immense effort qu'elle du fournir pour ne pas rendre son estomac par mimétisme.

-Guilian... Se passe quoi ?

Du grognement sourd qui sortait de dessus la couche, une réponse était donnée, une petite forme y gisait, un doigt accusateur posé sur eux.

Evène en était presque tétanisée, elle ne reconnu pas directement Favole, mais aurait eu bien honte si elle avait su que c'était elle, décidément les deux femmes avaient bien des callis en commun...

Elle leva finalement le nez vers Guilian, le regardant innocemment, trouvant presque la situation comique, le pauvre allait vite fait de se retrouver avec les deux soûlardes du clan...

-Je sens... que... je vais devoir partager la cruche... Non ? Elle cligna des yeux plusieurs fois, avec cette moue naïve qui s'affichait toujours quant elle était ivre morte.
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Guilian

Entendant le borborygme qui sortit de sa couche, Guilian comprit immédiatement qu'il venait de faire une erreur. Une erreur magistrale.
Non bien entendu il ne s'était pas trompé de calli, mais il aurait sans doute mieux fait.

Toutes les pièces du puzzle s'assemblèrent d'un coup dans sa tête. La forme dans la couche ? la discrète Favole en train de ronfler encore un instant plus tôt. Le grognement sourd ? un cri de dépit d'une ivrogne d'un soir. Quant à l'odeur... Il ne vaut sans doute mieux pas s'étendre la dessus.

Dire qu'il était quelque peu gêné serait été un bel euphémisme. Le pauvre saltimbanque avait envie de se cacher trois pieds sous terre plutôt que d'imposer cette vision à la belle Evène.

Il se tourna vers elle, se demandant bien quelle réaction elle pourrait avoir. La petite moue naïve acheva de faire fondre le coeur du pauvre saltimbanque bien dépassé par les Evène-ments.
-Je sens... que... je vais devoir partager la cruche... Non ?

N'y tenant plus, Guilian pouffa doucement et chuchota :
Je ne suis pas certain que cela soit complètement nécessaire, celle qui est dans mon lit à l'air d'être bien pleine... Reste là, je vais attraper l'eau et on file. Chuuuut....

Il entreprit alors de rechercher la fameuse cruche qu'il avait entreposé quelque part, et étourdi comme il est il ne savait plus trop où elle pouvait bien être. Avec la discrétion d'un troupeau de pécaris, il renversa un tabouret, trébuchant, se cogna sur la table, fit tomber les timbales entreposées sur celle-ci...
Malgré tout le ramdam, il se retourna vers la belle Evène toujours immobile et le doigt sur les lèvres dit sans doute bien trop fort :
Chuuuut....
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Un cri sous la lune

Guilian

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