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[RP] Le dolmen de Bagneux Saumur

Abraxes
L'anneau n'avait lui qu'un instant. Il avait maintenant repris son aspect normal, si l'on peut dire, car déjà peu banal. Abraxes aurait presque pu croire à une hallucination.

Qu’est ce qui se passe ? Vous êtes tout pâle.

Décidément elle allait le prendre pour une petite nature, lui le terrible Boucher ! Mais comment lui décrire ce qui s'était produit ?

Et ça, rétorqua-t-il, c'est normal ?

Il désignait l'oiseau dont le plumage à présent exhalait une terreur panique. Beau et effrayant n'ont rien d'incompatible. La bête semblait plus diabolique encore.

Inoffensif, votre ami ? Il est hérissé comme ça, d'habitude ?

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Le plus pimpant éleveur de cochons de toute la côte ouest, et un vrai Saumurois s'il en est.
(la petite Reyne de l'Anjou, le 21 avril 1457 à Bourges lors du 5e GFC)
Lluwella
Comme Abraxes lui disait :
Inoffensif, votre ami ? Il est hérissé comme ça, d'habitude ?
Lulu se tourna vers Blanc bec.

Effectivement l'oiseau avait presque doublé de volume tellement il avait gonflé son plumage. Comme il ne faisait pas assez froid pour expliquer ça, elle en déduisit qu'il avait peur et essayait d'impressionner un adversaire.


Qu'est ce qui a bien pu se passer? Il n'était pas comme ça tout à l'heure.

La chouette regardait fixement le boucher. Lulu se demanda si c'était lui qui lui faisait cet effet là.
Abraxes ne faisait quand même pas partie des gens qui cloue les rapaces nocturnes sur les portes. Non, ça, ça n'était pas possible. Elle s'en serait rendue compte avant.

En tout cas, elle qui espérait qu'ils deviendraient amis, ça semblait plutôt compromis.

Elle n'avait vraiment pas la moindre idée de se qui avait pu se passer.
Elle se tourna vers Abraxes et le regarda d'un air perplexe.
Abraxes
Mais la bague non plus n'était pas comme ça tout à l'heure…

Il hésita à poursuivre. Comment pourrait-elle le croire ? Quelque chose s'était produit un court instant, qui dépassait l'entendement, qui faisait vaciller la raison, qui suggérait que la terre n'était pas fixe au centre de l'univers et que le soleil ne tournait pas autour. Un truc à faire se dresser les plumes sur la tête.

Abraxes était avant tout un paysan, un petit gars solidement enraciné dans le réel, les pieds dans le crottin, facilement trouillard peut-être, mais pas du genre à ce que les plumes se dressent sur sa tête. Et là…

L'oiseau et lui étaient liés par la même réaction, finalement. Peur primitive de l'inconnu. Instinct de survie. Il se sentit un début de proximité avec le rapace à la face blafarde.

Il eut une inspiration subite. Il venait d'inventer la démarche expérimentale. Il tenta le coup : ce qui est reproductible peut faire l'objet d'une investigation scientifique. Il approcha la bague de l'écorchure sur le bras de Lulu.

Regardez.

Mêmes causes, mêmes effets. Quand le chaton de la bague fut au contact, la luminescence réapparut, faisant pulser la calligraphie gravée, semblable à… un sceau ?

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Le plus pimpant éleveur de cochons de toute la côte ouest, et un vrai Saumurois s'il en est.
(la petite Reyne de l'Anjou, le 21 avril 1457 à Bourges lors du 5e GFC)
Lluwella
Lulu fixa d’un air incrédule la bague qui se mettait à luire au contact du sang.

Qu’est ce que…

Elle sentit ses cheveux se dresser sur sa tête. Elle comprenait mieux la réaction de Blanc bec. Et celle d’Abraxes.
Elle regarda le boucher. Une multitude de pensées tournaient dans sa tête.


Sorcellerie. Magie noire. Danger…

Tout à coup elle réalisa que c’était son sang, SON sang à ELLE qui avait touché la bague et l’avait fait briller.
Seigneur !!! Elle devait être maudite pour provoquer une chose pareille.
Elle sentit une vague de panique la saisir. Elle se mit à courir droit devant elle pour échapper à cette chose.

Elle avait parcouru quelques dizaines de mètres quand Blanc bec surgit devant elle. Elle changea de direction pour l’éviter. Mais l’oiseau se dressa à nouveau sur sa route. Elle l’évita encore et encore. Et soudain elle se retrouva devant Abraxes. Elle pila net. Elle l’avait complètement oublié. Elle tenta de se calmer.


Qu’est ce que je fais, là ? Il a dû me prendre pour une folle hystérique à courir comme ça.

Elle fut saisie d’une brusque bouffée de honte pour l’avoir abandonné avec la bague.

C’est moi qui lui ai mis ce truc entre les mains. Manquerait plus qu’il soit maudit lui aussi à cause de moi.

La chouette se posa devant elle.
Lulu se pencha devant l’oiseau.


Merci mon ami. Heureusement que tu as plus de bon sens que moi.

Puis elle se tourna vers Abraxes

Je suis désolée. J’ai vraiment honte d’avoir failli vous laisser vous débrouiller tout seul avec ça. Je fais vraiment une bien piètre amie.

Elle désigna l’anneau.

Vous devriez quand même l’enlever. On sait jamais. C’est peut être dangereux de la garder au doigt. Je suis peut être maudite, mais c’est pas la peine que ça vous contamine aussi.
Abraxes
Quand la terreur sacrée reprend le pas sur la démarche scientifique, il est difficile de penser droit. Ces émotions sont contagieuses : médusé de voir la damoiselle détaler d'un trait comme un lapin chassé par un rapace, Abraxes faillit replonger dans cette vague d'éprouvante épouvante. D'autant plus que la malheureuse était vraiment poursuivie par un rapace, qui se déplaçait encore plus vite qu'elle !

Mais il réalisa que l'oiseau ne cherchait pas à la blesser, mais à la canaliser. Habilement, tel un chien de berger, par à-coups il la ramenait vers son point de départ.

Abraxes était resté pétrifié sur place. L'anneau avait cessé de luire.

Haletante, Lulu réserva ses premiers mots compréhensibles à la chouette, en qui elle semblait avoir grande confiance et vif attachement. Puis elle se confondit en excuses à l'égard d'Abraxes, lequel n'en comprenait pas trop la raison : avoir peur est humain, lui-même était plutôt bien placé pour le savoir. Et il n'avait pas eu vraiment le temps de se sentir abandonné.

Mais elle le pressait d'ôter l'anneau de son doigt.


Je suis peut être maudite, mais c’est pas la peine que ça vous contamine aussi.

Maudite ? Quelle fable allait-elle se conter là ? Il n'y avait pas d'ombre en elle, il l'aurait juré.

Mais peut-être l'objet était-il maléfique… Par précaution, il le retira. Puis une idée lui vint. Il voulait en avoir le cœur net. Maintenant que la Raison s'était saisie de lui, il n'aurait de cesse qu'il n'ait, par un enchaînement d'expériences et déductions, méthodiquement déterminé les tenants et aboutissements du Mystère de l'Annel des Géants.


Nous allons sérier les questions.

Il tira de sa manche le petit coutelas qui ne le quittait pas, faute de pouvoir trimbaler partout son grand couteau de boucher.

N'ayez crainte, c'est juste pour vérifier.

Du bout de la lame, il se piqua délicatement la pulpe d'un doigt, pour y faire perler une goutte de sang. Ensuite, tenant la bague à peine pincée entre pouce et index de l'autre main, il l'approcha lentement de la gouttelette vermeille.

Rien ne se passait. Et rien ne se passa même lorsque le fluide fut au contact du chaton gravé.


Bon, dit Abraxes. Au moins nous savons cela.

Il hocha la tête, ce qui l'aidait à réfléchir.

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Lluwella
Ayant repris son souffle et une petite partie de son sang froid, Lluwella vit qu’Abraxes tenait compte de sa remarque et ôtait l’objet de son doigt. Elle respira un peu mieux.

Puis elle le vit sortir un couteau, s’entailler le doigt et toucher la bague avec son sang à lui.
Et ce sang là ne faisait pas réagir l’anneau, contrairement au sien.


Elle regarda le boucher d’un air horrifié tandis qu'il disait très calmement: Au moins nous savons cela.

Elle sentit la panique revenir.
Elle se força à respirer profondément pour essayer de la juguler, sans y parvenir tout à fait.


Je suis réellement maudite. C’est moi seule qui enclenche la magie. Seigneur qu’est ce que j’ai bien pu faire pour qu’on m’ensorcelle ou qu’on me punisse ainsi.

Elle avait beau chercher, elle ne voyait pas.
Elle avait toujours essayé de bien agir comme son père le lui avait appris, elle payait ses impôts quand il fallait, elle traitait bien les gens qu’elle embauchait, elle essayait d’être gentille avec ceux qu’elle rencontrait (bon d’accord, pas avec Letiti, mais y aurait qu’une sainte qui aurait pu et elle en était pas une).

Bien sûr, depuis qu’elle était à Saumur, elle n’allait plus à la messe mais c’est parce qu’il n’y avait pas de curé. Elle aurait peut être dû aller à Angers tous les dimanches pour assister à l’office.


Elle sentit qu’elle n’allait pas tarder à fondre en larmes et elle tourna le dos à Abraxes pour essayer de garder une contenance. Déjà qu’il l’avait vu se comporter comme une hystérique elle ne voulait pas qu’il la voit s’effondrer complètement.
Abraxes
Bon, d'un autre côté, la validation statistique des résultats aurait réclamé une vérification au moins sur une tierce personne… Mais un coup d'œil vers Blanc bec suffit à Abraxes pour comprendre que l'oiseau de proie n'était pas disposé à faire don de son sang à la science. Il faudrait attendre d'autres présences à mettre à contribution, dans le style voyageurs à détrousser ou Mgr Payns en méditation sous les arbres… Ou retourner à Saumur saigner quelques villageois ?

Le chemin est rude dans la quête du Vrai, et le chercheur doit être patient.

Lulu, maintenant, tournait le dos. Boudait-elle ? Lui en voulait-elle de s'être, lui, pauvre petit paysan de rien du tout, cru autorisé à vérifier sur sa misérable personne s'il disposait du même pouvoir sur l'anneau que celle qui en avait fait la déconcertante découverte dans la tanière de roches ?


Ne m'en veuillez pas si j'ai osé m'y essayer, ce n'était que pour confirmer mon intuition. Je crois bien que c'est à vous seule que l'anneau veut appartenir. Je vous le rends.

À demi prosterné, il lui tendait la bague, mais elle ne regardait pas.

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Lluwella
Lluwella était complètement terrorisée. Et voilà qu’Abraxes énonçait des évidences. Bien entendu que c’était elle qui était concernée par l’anneau. Elle l’avait déjà compris ça.

Et il en parlait comme si ce truc était vivant et qu’il l’avait choisie. Mais ce n’était qu’une chose un peu moins inerte qu’elle le devrait. Ce qui l’inquiétait le plus, c’est l’individu qui était derrière tout ça.

Elle se retourna. Il s’était à moitié incliné et lui tendait l’objet.
Elle le saisit. Après tout, c’était sa responsabilité.
Mais il avait l’air tellement calme qu’elle avait envie de le frapper. Ca devait être l’effet de ce bijou diabolique. Il la rendait mauvaise.

Mais peut être qu’elle avait tout imaginé après tout. Elle avait toujours eu beaucoup d’imagination. Et quand le bijou ne sera plus là tout rentrera dans l’ordre. Il fallait qu’elle s’en débarrasse. Le remettre où elle l’avait trouvé. Oui, ça c’était une idée. Et tout oublier. Et ne plus jamais remettre les pieds ici. Ca valait mieux, même si elle aimait bien se balader par là.
Abraxes
Comme elle restait obstinément muette, il finit par s'apercevoir (la qualité principale d'Abraxes n'étant pas la rapidité, on l'aura deviné) qu'elle était toujours sous l'emprise de la terreur.

Il tenta timidement de la raisonner, sans la brusquer surtout ! Il pouvait d'autant mieux comprendre qu'il venait de passer par là.


Il vous fait peur ? Vous le croyez maléfique ? Mais s'il ne l'était pas, si au contraire c'était un support de magie blanche ?

Il désigna Blanc bec qui maintenant se tenait bien sage.

Regardez, tout à l'heure, moi, j'ai été épouvanté par cette apparition, là… Bien plus que par l'anneau. Parce que la créature a un bec et des serres en plus de son étrange masque. Je ne lui faisais pas confiance. Pourtant vous dites qu'elle est votre amie, et maintenant je veux bien vous croire.

Enfin, du moins cherchait-il sincèrement à s'en convaincre. Et il est vrai que le comportement de l'oiseau n'avait pas justifié ses craintes.

Tous nous redoutons l'inconnu. Mais qui vous dit que la lumière est mauvaise ? Que cette bague ne pourrait pas être une bénédiction, en fin de compte ?

D'accord, c'était pas sûr non plus… Mais pourquoi ne pas chercher le bon côté de la chose ?

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Lluwella
Lulu regardait Abra pendant qu’il lui débitait son discours.
Elle comprenait ce qu’il faisait quand il utilisait la chouette pour étayer son raisonnement.

C'est vrai que Blanc bec peut être effrayant. Ce n’est pas pour rien que les gens ont appelé ces chouettes « effraie ».

Il y a une faille dans ce que vous dites.

La différence entre mon ami et cette chose, c’est que moi je sais ce que sont les qualités de mon oiseau, je sais d’où il vient.

Mais comme vous dites : QUI dit que la lumière est mauvaise? Mais aussi qui dit qu'elle est bonne?
Personne ici ne sait si l’anneau est maléfique ou non (à moins que vous ne m’ayez caché quelque chose).

Suppose qu’il puisse faire du mal, qu’il te tue toi ou Blanc bec. Comment je pourrais vivre avec ça après ?

C’est un trop grand risque à courir et je refuse.

Je vais le remettre la où je l’ai trouvé. C’est ce qu’il y a de mieux à faire.
Lluwella
Lulu s’apprêtait à retourner vers le dolmen pour remettre l’anneau là où elle l’avait trouvé quand elle entendit une voix grave derrière elle.

Mouche

Elle devint encore plus blanche qu’elle n’était déjà. Elle eut l’impression que le temps se figeait. Il lui sembla que son cœur manquait un, dix ou mille battements. Elle se retourna très lentement ou peut être très vite, elle ne savait plus trop.

Il se tenait là à quatre ou cinq mètres d’elle et pourtant il ne pouvait pas être là. Ca ne pouvait pas être lui, et malgré tout c’était bien son sourire toujours un peu triste et ses yeux bleus qui pouvaient parfois être si perçants et même glaçants, et qui pour l’instant la regardait avec tendresse.

Il était totalement tel qu’elle s’en souvenait, à part qu’il n’était pas vêtu de son habituelle tenue de forestier, mais de riches atours de velours entièrement noirs, brodés d’argent. Il portait une épée au côté, alors que ses armes habituelles étaient un arc et une hache.

Elle enregistra tout ça en une fraction de secondes. Elle recula d’un pas ou deux, sans le quitter des yeux, jusqu’à ce que son dos se retrouve appuyé contre Abraxes. Elle lui prit la main et la serra sur son cœur. Il lui semblait que c’était le seul point fixe dans un monde qui ne tournait plus rond du tout, la seule chose qui l’empêchait de sombrer tout à fait.

Elle aurait voulu dire de s’en aller au fantôme debout devant elle, mais elle était incapable de parler. De toute façon, si elle était terrifiée, elle était également tellement heureuse de le revoir.

Il s’avança d’un pas.

Ma petite fille. Il faut que tu gardes l’anneau. Ton ami a raison, il t’appartient. C’est mon sceau personnel et votre héritage à tes frères et à toi. Il vous permettra de vous faire reconnaître si un jour vous décidez de rentrer en Lorraine.
Il n’est pas maléfique et tu n’es pas maudite. C’est juste un objet inerte, qui a de la valeur bien sûr mais…
C’est moi qui l’ai fait briller. Je voulais que tu comprennes qu’il était à toi. Je voulais éviter d’avoir à me montrer. J’aurais dû savoir que ça ne suffirait pas à te convaincre.


Il sourit plus franchement.

Tu es toujours aussi têtue. Et toujours aussi agitée, ma petite mouche.
Mais tu t’es bien débrouillée depuis ma mort. Je suis fier de toi.
Je t’ai bien observée tu sais.


Il se tourna vers la chouette qui était redevenue totalement calme et qui observait tranquillement l’apparition, perchée sur le dolmen.

En particulier grâce à notre ami ici présent.

Je dois m’en aller maintenant.


Un court instant, il fixa intensément Abraxes.

Veillez sur elle, s’il vous plait.

Il regarda Lluwella une dernière fois.

Adieu ma petite fille. Je t’aime.

Lulu lâcha la main du boucher et fit un pas vers son père mais il avait déjà disparu.
Elle s’arrêta fixant l’endroit où il se trouvait encore l’instant précédent.

Elle se tourna vers Abraxes, lui glissa les bras autour de la taille, enfouit son visage contre sa poitrine et se mit à pleurer à chaudes larmes.
Abraxes
Un instant, Abraxes s'était senti dépité : tuée dans l'œuf, stoppée net, sa carrière à peine ébauchée d'apprenti savant qui réinventerait sans le savoir la démarche déductive de ses lointains parents les grands philosophes grecs (enfin, ceux qui touchaient leur bille, pas ceux qui se contentaient de planer).

Lulu avait argumenté et énoncé son choix avec fermeté.


Je vais le remettre là où je l’ai trouvé. C’est ce qu’il y a de mieux à faire.

Il ne pouvait s'y opposer, n'ayant pas assez de résultats expérimentaux, justement, pour une réponse rationnelle. Il n'avait plus qu'à se laisser tomber sur une vieille souche et à méditer tristement sur le sort des grandes découvertes en un âge de ténèbres…

Mais il n'acheva pas son geste, car elle non plus.

Elle s'était tournée vers un point vide de la forêt, Abraxes vit sa main blanche comme un linge, tout le sang paraissant l'avoir quittée et pourtant la bague ne brillait pas. Dans une immobilité impossible à concevoir, elle restait tournée vers le vide.

À un moment, toutefois, elle recula mécaniquement, vint se heurter à Abraxes, dont elle saisit la main dans la sienne, glaciale, et la pressa sur sa poitrine, où heureusement le cœur battait. Puis de nouveau tout se figea, dans un silence surnaturel.

L'aube s'était levée. Vint le soleil de midi, perçant péniblement les nuages. Le soir tomba, et une nouvelle nuit s'écoula.

Aucun des trois n'avait bougé. Trois, car le rapace était piégé dans la même fantasmagorie.

Enfin, lâchant sa main, elle avança vaguement, regard toujours tendu vers l'invisible. Et d'un coup, qui le prit à l'improviste, voilà t'il pas qu'elle vint fondre en larmes sur lui, en l'agrippant comme s'il était le Sauveur en personne.

Alors là, c'est qu'il ne savait plus où se mettre, le cochonnier ! Une damoiselle qui vient sans crier gare vous sangloter sur le poitrail, après des trucs pas très aristotéliciens, ce coup-ci ça sentait vraiment le sortilège, pour ne pas dire le roussi. Et, en tant que pauvre paysan mal dégrossi, pas trop habitué à consoler les pucelles, comment se tire-t-on de là ?

Il essaya le coup de la grande respiration calme
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Hernaut
Depuis que j'avais ouvert le Scriptorium de Saumur, ma passion pour l'astronomie et les astres ne cessait de grandir. J'avais déjà par le passé lors d'un voyage initié Andaine à l'observation des étoiles par une belle nuit d'été, mais c'est en hiver que l'on voit les plus belles constellations.

Bien sûr mes connaissances étaient fort limitées, aussi la question de savoir s'il valait mieux commencer par s'initier à la théorie avant de lever les yeux vers le ciel ne se posait pas à moi, car si l'observation et la théorie s'enrichissaient mutuellement, j'aurais été bien incapable de formuler la moindre théorie. J'étais tout simplement fasciné par le spectacle du ciel étoilé et les innombrables rêveries qu'il pouvait susciter.

À guère plus d'une demi-lieue de Saumur le dolmen offrait un site d'observation inégalable dans la région, aussi par une nuit froide et un ciel balayé de tous nuages, décidai-je de me rendre au dolmen d'où j'espérai observer la plus belle constellation de l'hiver : Orion.

La nuit étant glaciale, je m'étais bien couvert, emportant avec moi quelques cartes du ciel, un peu de nourriture et une gourde remplie de vin dans ma besace. C'est hardiment que je m'engageai dans les broussailles en suivant le sentier menant à la clairière dominée par le dolmen. Le gel faisait briller l'herbe éparse de mille et un éclats comme des lames acérées dressées vers le ciel.

Bientôt la pénombre s'estompa, la clairière ne devait plus être loin. Je me réjouissais déjà à l'idée de profiter du spectacle juché au sommet du dolmen, lorsque j'aperçus des ombres et un bruit qui ressemblait à des sanglots. Voilà qui était bien étrange à cette heure tardive ! Ce contre-temps altéra mon enthousiasme et je ralentis le pas afin de me préparer à toutes éventualités, l'endroit étant retiré.

La main sur le pommeau de mon épée, j'avançai prudemment, lorsque j'aperçus une silhouette qui me parue familière. Je pris le parti de m'annoncer.


Holà qui va là, je suis Hernaut ! dis-je assez fort pour être entendu. N'obtenant pas de réponse je m'approchai encore un peu, et reconnu mon ami Abraxes tenant dans ses bras une damoiselle sanglotante que j'avais déjà croisée dans les jardins de Lysandral. Assez embarrassé par la situation, je ne pus que dire.

Dites-moi tout va bien ? Je suis venu au dolmen pour observer le ciel, mais vous que faites-vous ici ?
Abraxes
Plusieurs grandes inspirations plus tard, qui se voulaient calmes, Abraxes n'avait toujours pas recouvré sa sérénité, et damoiselle Lulu qu'il tenait gauchement dans ses bras était loin d'être consolée, sans qu'il puisse comprendre ce qui s'était réellement passé pour elle de si bouleversant au cours de cet étrange intermède temporel qui le laissait tétanisé, avec l'impression d'être resté debout depuis des jours.

Dans la nuit redevenue normale, parmi des craquements de branches cassées un brouhaha se fit entendre, qui se changea en une voix connue tandis qu'apparaissait la silhouette bonhomme du charpentier de marine, amateur de champignons ou d'étoiles selon les moments.


Dites-moi tout va bien ?… que faites-vous ici ?

Ah, voilà deux excellentes questions… À la seconde, Abraxes aurait bien répondu qu'ils venaient de regarder passer le temps, mais cela n'aurait pas eu grand sens pour Hernaut.

D'ailleurs cela n'avait pas de sens du tout.

Mieux valait tenter de répondre à la première.

Euh, ça va moyennement, je dirais…

Mais là, il se rendit compte qu'il allait falloir aussi plus ou moins apporter des éléments d'explication qui équivalaient à répondre à la seconde question, en fait.

Bon, ce qu'on faisait ? Au début, une sorte d'exploration. La cahute des Géants, là.

Lâchant la damoiselle d'un bras, il esquissa un geste vers le dolmen.

Alors, après, Lulu trouve la drôle de bague. Puis, tu vois ce zoziau, là, c'est un copain à elle, n'empêche qu'il la blesse et après,… Alors là, mieux vaut que je ne te raconte pas, tu ne vas pas me croire. Un truc très très bizarre. Et je voulais expérimenter, peut-être même qu'avec ton sang à toi… Non ? Et bref, maintenant elle pleure, et ça fait un bout de temps.

Il tapotait timidement l'épaule de la jeune fille comme si cela pouvait être d'un quelconque secours.

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Lluwella
Lulu n’arrivait plus à s’arrêter de pleurer. Elle était en train de tremper la chemise d'Abraxes de larmes et d'un peu de sang sûrement aussi, vu qu’elle sentait vaguement de l’humidité au niveau de sa blessure. Elle se rendait bien compte qu’elle aurait dû lâcher le boucher. Mais elle avait peur de s’effondrer tout à fait si elle faisait ça.

Elle se rendit compte qu’ils n’étaient plus tout seuls, entendit qu’Abraxes se lançait dans des explications qui lui semblaient bien confuses, mais de toute façon l’univers tout entier était confus.
Il allait quand même falloir qu’elle se ressaisisse. Mais pas tout de suite. Tout de suite, elle ne pouvait pas.
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