Terwagne_mericourt
Paris, un des nombreux couloirs de la Cour d'Appel :
Une main tremblante qui se tend pour accepter la missive, un visage qui devient subitement aussi blanc que la neige encore vierge de toute trace de pas, c'est ainsi que la Dame de Thauvenay allait renouer avec son passé... Ce passé qu'elle avait fui depuis si longtemps, et tu depuis toujours, ce passé dont personne ne savait rien, pas même ce nom qui venait de franchir les lèvres du messager.
Méricourt...
C'était bien elle, oui... Terwagne Méricourt...
On peut dire qu'j'ai eu du mal à vous trouver, en tous cas, avec pour seule indication le fait que vous travailliez dans cet endroit.
Pi un nom que personne dans ces couloirs ne semble connaître.
Encore heureux qu'vous avez un prénom aussi peu commun.
Des Terwagne, j'en avais jamais rencontré avant, moi.
Des paroles que l'homme prononça ensuite, elle n'en entendit pas une seule, le regard perdu dans les courbes tracées de façon grossière sur le parchemin qu'elle tenait dans les mains, l'esprit perturbé par le choc qu'elle venait de recevoir de plein fouet, les jambes chancelantes sous l'émotion, la gorge nouée.
Oubliant tout, même de remercier le porteur de missive par quelque pièce de monnaie, elle prit la direction de son bureau, presque au pas de course, ne voyant rien ni personne malgré l'agitation qui régnait continuellement à la Cour d'Appel.
Une fois la porte refermée, elle se laissa tomber dans son fauteuil, celui où elle étudiait habituellement au calme les dossiers de demande de révision de procès, et commença enfin la lecture de ce qui ressemblait plus à un torchon qu'à une lettre. Il faut dire qu'en plus de n'avoir reçu aucune instruction, ou presque, l'expéditeur était sous l'emprise de l'alcool du matin au soir, et du soir au matin, depuis toujours.
Une main tremblante qui se tend pour accepter la missive, un visage qui devient subitement aussi blanc que la neige encore vierge de toute trace de pas, c'est ainsi que la Dame de Thauvenay allait renouer avec son passé... Ce passé qu'elle avait fui depuis si longtemps, et tu depuis toujours, ce passé dont personne ne savait rien, pas même ce nom qui venait de franchir les lèvres du messager.
Méricourt...
C'était bien elle, oui... Terwagne Méricourt...
On peut dire qu'j'ai eu du mal à vous trouver, en tous cas, avec pour seule indication le fait que vous travailliez dans cet endroit.
Pi un nom que personne dans ces couloirs ne semble connaître.
Encore heureux qu'vous avez un prénom aussi peu commun.
Des Terwagne, j'en avais jamais rencontré avant, moi.
Des paroles que l'homme prononça ensuite, elle n'en entendit pas une seule, le regard perdu dans les courbes tracées de façon grossière sur le parchemin qu'elle tenait dans les mains, l'esprit perturbé par le choc qu'elle venait de recevoir de plein fouet, les jambes chancelantes sous l'émotion, la gorge nouée.
Oubliant tout, même de remercier le porteur de missive par quelque pièce de monnaie, elle prit la direction de son bureau, presque au pas de course, ne voyant rien ni personne malgré l'agitation qui régnait continuellement à la Cour d'Appel.
Une fois la porte refermée, elle se laissa tomber dans son fauteuil, celui où elle étudiait habituellement au calme les dossiers de demande de révision de procès, et commença enfin la lecture de ce qui ressemblait plus à un torchon qu'à une lettre. Il faut dire qu'en plus de n'avoir reçu aucune instruction, ou presque, l'expéditeur était sous l'emprise de l'alcool du matin au soir, et du soir au matin, depuis toujours.
Citation:
Fille indigne!
A cause de toi et de ton mauvais exemple, Milyena vient de faire comme toi y a des années. Elle est partie de la maison, en laissant un mot sur la table!
Le tien disait que tu partais pour Cahors, rejoindre ton oncle Samgrat, j'm'en souviens bien, et elle aussi faut croire, puisqu'elle a juste dit qu'elle partait te retrouver là-bas.
Si tu la vois avant que je ne la retrouve, renvois-la à la maison sans traîner. Ca vaut mieux pour elle! Si elle ne revient pas d'elle-même, crois-moi bien que j'viendrais t'la rechercher par la peau des fesses, et qu'elle regrettera d'avoir fait ça.
Je ne te demande pas de revenir avec elle, tu nous a déjà fait bien trop de peine à ta pauv' mère et moi, mais pense à lui régler la note que tu nous dois pour t'avoir nourrie et blanchie pendant 14 ans, ingrate que tu es.
Si le voyageur rencontré en taverne l'aut' soir a dit vrai, tu travailles donc à Paris, à la Cour d'Appel, et tu dois avoir les moyens de nous rendre ton dû. Si il a dit faux, tu ne recevras même pas cette lettre.
Je compte sur toi pour que Milyena rentre chez nous de son plein gré, à défaut je ferrai usage de la force.
Ton père, à qui tu dois le respect!
A cause de toi et de ton mauvais exemple, Milyena vient de faire comme toi y a des années. Elle est partie de la maison, en laissant un mot sur la table!
Le tien disait que tu partais pour Cahors, rejoindre ton oncle Samgrat, j'm'en souviens bien, et elle aussi faut croire, puisqu'elle a juste dit qu'elle partait te retrouver là-bas.
Si tu la vois avant que je ne la retrouve, renvois-la à la maison sans traîner. Ca vaut mieux pour elle! Si elle ne revient pas d'elle-même, crois-moi bien que j'viendrais t'la rechercher par la peau des fesses, et qu'elle regrettera d'avoir fait ça.
Je ne te demande pas de revenir avec elle, tu nous a déjà fait bien trop de peine à ta pauv' mère et moi, mais pense à lui régler la note que tu nous dois pour t'avoir nourrie et blanchie pendant 14 ans, ingrate que tu es.
Si le voyageur rencontré en taverne l'aut' soir a dit vrai, tu travailles donc à Paris, à la Cour d'Appel, et tu dois avoir les moyens de nous rendre ton dû. Si il a dit faux, tu ne recevras même pas cette lettre.
Je compte sur toi pour que Milyena rentre chez nous de son plein gré, à défaut je ferrai usage de la force.
Ton père, à qui tu dois le respect!
Milyena... Sa soeur!
Quel âge pouvait-elle bien avoir à présent? A quoi ressemblait-elle? Avait-elle toujours ce petit sourire en coin qui était une des nombreuses ressemblances entre elles lorsqu'elles étaient gamines? Avait-elle elle aussi eu à subir durant des nuits et des nuits les insultes et outrages de leur géniteur répugnant? Etait-ce pour cela qu'aujourd'hui elle était partie avec pour but de la rejoindre?
Une foule de questions se mirent à se bousculer dans la tête de la Dame de Thauvenay, mais aussi un sentiment de culpabilité envers cette soeur qu'elle avait abandonnée lors de sa propre fuite, à qui elle n'avait jamais donné de nouvelles de peur de donner une chance à son père de la retrouver.
Mais au milieu de cette déferlante, de ce tourbillon de pensées, il y avait surtout une certitude, une évidence, une urgence... Elle devait retrouver Milyena avant leur monstre de père!
Montargis-Cahors... Cette route elle l'avait faite elle-même, lorsqu'elle était partie du taudis familial, elle s'en souvenait parfaitement. C'est d'ailleurs pendant ce voyage qu'elle avait rencontré Zeltraveller, son fiancé mort sur le bûcher l'avant veille de leur mariage.
Zeltraveller... C'était vraiment tout sauf le moment de penser à lui!
Repoussant ce souvenir bien loin en elle, elle réfléchit... Pour rejoindre Cahors, depuis l'Orléans, il ne fallait traverser que deux Duchés : le Berry, et le Limousin. Milyena était donc forcément dans un des deux, à moins qu'elle ne se trouve déjà à Cahors... ? Non, si c'était le cas, Samgrat lui aurait appris que Terwagne n'y était plus depuis longtemps, qu'elle n'y était restée que quelques jours, et il lui aurait dit où lui écrire.
Dans tous les cas, la première chose à faire était donc de se renseigner pour savoir si la douane ou les registres de ces deux Duché avaient trace d'elle quelque part.
Mais comment faire? Et à qui s'adresser?
Pour le Berry, c'était simple, elle y avait vécu durant des années, et jusqu'à il y avait peu, avant de venir s'installer en Lyonnais-Dauphiné. Elle y connaissait pas mal de monde. Elle écrirait à Ysabeau, en premier lieu, qui était sans doute toujours douanière.
Pour le Limousin, c'était plus compliqué, par contre... Elle ne savait pas si la Duchesse actuelle, Dame Alcyone, se souviendrait encore d'elle à l'époque où toutes deux avaient commercé ensemble, lorsqu'elle était Maire de Sancerre... Et puis cela n'était sans doute pas très convenant, une Duchesse avait bien d'autres chats à fouetter...
Anne! Anne saurait sans doute la conseiller sur la façon d'entreprendre ses démarches... Anne connaissait peut-être un ambassadeur là-bas...
Sans attendre, la Dame de Thauvenay prit de quoi écrire, et rédigea deux missives : une à l'attention d'Ysabeau, l'autre à l'attention de sa nièce, Anne de Culan.
Citation:
Chère Ysabeau,
Cette lettre va sans doute te surprendre, après tout ce temps sans nouvelles de ma part, et je n'ai d'autre excuse que celles d'un coeur blessé qui tente d'oublier tout ce qui a fait son histoire avec Hugo, et donc le Berry, pour enfin pouvoir faire le deuil de son amour brisé.
Quoi qu'il en soit, j'espère de tout coeur que cette lettre te trouvera en bonne santé, malgré les évènements actuels dans ce Duché que j'ai tant aimé, et qui m'a tellement brisée avant mon départ pour le Lyonnais-Dauphiné.
Si je t'écris aujourd'hui, c'est pour te demander un service...
Je suis actuellement à la recherche de ma jeune soeur, Milyena (Méricourt) qui a fuit mon père à son tour, avec l'idée de me rejoindre à Cahors. C'est là-bas que j'avais dit me rendre lorsque j'avais moi-même pris la poudre d'escampette, il y a des années. Elle me pense toujours là-bas.
Elle doit donc actuellement se trouver quelque part entre Montargis et Cahors, donc soit en Berry, soit en Limousin...
Pourrais-tu faire des recherches en Berry, pour savoir si elle y est actuellement? Je t'en serai éternellement reconnaissante.
D'avance je te remercie,
Terry.
Cette lettre va sans doute te surprendre, après tout ce temps sans nouvelles de ma part, et je n'ai d'autre excuse que celles d'un coeur blessé qui tente d'oublier tout ce qui a fait son histoire avec Hugo, et donc le Berry, pour enfin pouvoir faire le deuil de son amour brisé.
Quoi qu'il en soit, j'espère de tout coeur que cette lettre te trouvera en bonne santé, malgré les évènements actuels dans ce Duché que j'ai tant aimé, et qui m'a tellement brisée avant mon départ pour le Lyonnais-Dauphiné.
Si je t'écris aujourd'hui, c'est pour te demander un service...
Je suis actuellement à la recherche de ma jeune soeur, Milyena (Méricourt) qui a fuit mon père à son tour, avec l'idée de me rejoindre à Cahors. C'est là-bas que j'avais dit me rendre lorsque j'avais moi-même pris la poudre d'escampette, il y a des années. Elle me pense toujours là-bas.
Elle doit donc actuellement se trouver quelque part entre Montargis et Cahors, donc soit en Berry, soit en Limousin...
Pourrais-tu faire des recherches en Berry, pour savoir si elle y est actuellement? Je t'en serai éternellement reconnaissante.
D'avance je te remercie,
Terry.
Citation:
Ma chère nièce,
Une affaire personnelle qui serait bien trop longue à vous expliquer dans un courrier me force à vous appeler à l'aide.
Pour faire simple, disons que je dois de toute urgence retrouver un membre de ma famille (oui, j'avais une famille, moi aussi, il y a de cela fort longtemps), et qu'il existe une chance que cette personne se trouve actuellement soit en Berry, soit dans le Limousin.
Afin de la retrouver, j'ai écris à quelqu'un en Berry, en lui demandant son aide pour savoir si elle était là-bas, mais ne sais comment faire pour me renseigner en Limousin. Y connaitriez-vous quelqu'un de confiance?
Avec toute mon affection,
Votre tante Terwagne
Une affaire personnelle qui serait bien trop longue à vous expliquer dans un courrier me force à vous appeler à l'aide.
Pour faire simple, disons que je dois de toute urgence retrouver un membre de ma famille (oui, j'avais une famille, moi aussi, il y a de cela fort longtemps), et qu'il existe une chance que cette personne se trouve actuellement soit en Berry, soit dans le Limousin.
Afin de la retrouver, j'ai écris à quelqu'un en Berry, en lui demandant son aide pour savoir si elle était là-bas, mais ne sais comment faire pour me renseigner en Limousin. Y connaitriez-vous quelqu'un de confiance?
Avec toute mon affection,
Votre tante Terwagne
Ces deux lettres n'étaient sans doute pas très soignées, mais dans l'état d'esprit dans lequel elle se trouvait, elle n'aurait pu faire mieux... Aussi les confia-t-elle telles quelles à son messager attitré.
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