Atl
En bordure de Nopalucan
Vrai, il n'a pas fière allure, le gaillard. Amaigri, le teint terne, la mine renfrognée
Non pas qu'il ait jamais été replet, ni même seulement jovial : c'est même tout le contraire. S'il avait eu une réputation, Atl de Huamantla serait connu pour son empoisonnante froideur et son mutisme à faire crever dennui. Un monstre d'arrogance, vous dis-je, derrière deux yeux gelés, rigide comme un cadavre !
La renommée, tapisserie bancale, force toujours le trait au point de le tordre quoiqu'elle brode sur du vrai.
Quoiqu'il en soit, Atl à cette heure n'est pas précisément à son avantage.
La figure bourrue, un brin d'hostilité sur la lèvre inférieure, il s'est adossé à un arbre et taille un bâton de pêche. Lentement. Excellent prétexte pour reposer son corps éreinté. La faim et la vexation lui tordent le ventre ; lequel des deux avec le plus de force ? et il se mangerait la langue plutôt que de l'avouer.
Car les choses ne se sont pas passées comme prévu.
Atl, au moment de quitter la terre de son clan, ne prévoyait rien de précis ce n'est pas dans sa nature ; mais il n'imaginait pas qu'on lui déroberait ses vivres, qu'il ne pourrait pas se défendre, en somme : que sa chance insolente lui fausserait compagnie.
Amour-propre mis à mal. Davantage que la fatigue qu'il ne sent pas, que la faim dont il se préoccupe peu, c'est cela qui lui mine le corps.
Il s'en relèvera. Bien assez orgueilleux pour cela les dieux en soient remerciés ! Mais pour l'heure, le jeune, trop jeune homme passe les doigts contre son vêtement, là où affleure le souvenir d'un morceau de tortilla ou bien certain message reçu.
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Regard hyalin, silhouette râblée - ordinairement indifférent, résolument moralisateur - très jeune, trop jeune homme, mais il se soigne. Et c'est efficace.
Vrai, il n'a pas fière allure, le gaillard. Amaigri, le teint terne, la mine renfrognée
Non pas qu'il ait jamais été replet, ni même seulement jovial : c'est même tout le contraire. S'il avait eu une réputation, Atl de Huamantla serait connu pour son empoisonnante froideur et son mutisme à faire crever dennui. Un monstre d'arrogance, vous dis-je, derrière deux yeux gelés, rigide comme un cadavre !
La renommée, tapisserie bancale, force toujours le trait au point de le tordre quoiqu'elle brode sur du vrai.
Quoiqu'il en soit, Atl à cette heure n'est pas précisément à son avantage.
La figure bourrue, un brin d'hostilité sur la lèvre inférieure, il s'est adossé à un arbre et taille un bâton de pêche. Lentement. Excellent prétexte pour reposer son corps éreinté. La faim et la vexation lui tordent le ventre ; lequel des deux avec le plus de force ? et il se mangerait la langue plutôt que de l'avouer.
Car les choses ne se sont pas passées comme prévu.
Atl, au moment de quitter la terre de son clan, ne prévoyait rien de précis ce n'est pas dans sa nature ; mais il n'imaginait pas qu'on lui déroberait ses vivres, qu'il ne pourrait pas se défendre, en somme : que sa chance insolente lui fausserait compagnie.
Amour-propre mis à mal. Davantage que la fatigue qu'il ne sent pas, que la faim dont il se préoccupe peu, c'est cela qui lui mine le corps.
Il s'en relèvera. Bien assez orgueilleux pour cela les dieux en soient remerciés ! Mais pour l'heure, le jeune, trop jeune homme passe les doigts contre son vêtement, là où affleure le souvenir d'un morceau de tortilla ou bien certain message reçu.
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Regard hyalin, silhouette râblée - ordinairement indifférent, résolument moralisateur - très jeune, trop jeune homme, mais il se soigne. Et c'est efficace.