Ceraphin
RP ouvert dans la mesure du respect des évènements, du récit et du bon esprit.
Si vous avez un doute quelconque, envoyez-moi un MP.
Si vous avez un doute quelconque, envoyez-moi un MP.
Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage,
Ou comme cestuy-là qui conquit la toison,
Et puis est retourné, plein d'usage et raison,
Vivre entre ses parents le reste de son âge !
Quand reverrai-je, hélas, de mon petit village
Fumer la cheminée, et en quelle saison
Reverrai-je le clos de ma pauvre maison,
Qui m'est une province, et beaucoup davantage ? (Joachim Du Bellay)
Fredonnant à demie voix cette fragile complainte, l'enfant cheminait résolu, déterminé... mais presque absent.
Du Béarn au Berry en passant par le Périgord, tant de lieues parcourues pour s'en revenir au point de départ.
Ceraphin du haut de ses 13 ans, redécouvrait un paysage presque oublié.
En presque deux ans, tant de choses avaient meublé ses souvenirs, occultant presque le vécu antérieur, passant d'une vie enfantine, sédentaire, innocente et naïve, réglée par les cycles des travaux agraires, à une vie de plumes, de voyages et de châteaux, réglée par les seuls cycles aléatoires d'une vie de bohème.
Un rien fatigué et amaigri, fruit amer d'une mauvaise rencontre l'ayant laissé blessé et délesté de tous vivres en lisière de bosquet... le malandrin, un jour, goutera plus longuement au nom de Ceraphin... il chemine bouclier d'Azayes en dos et épée maternelle au flanc, en point de mire les remparts d'une cité qu'il reconnaitrait entre toutes.
Jetant un il de gauche et de droite, histoire de s'assurer d'une totale impunité, Ceraphin se pose et s'impose une pause.
Qu'on le prenne pour un fol serait du plus mauvais effet pour lui le fils prodigue porteur d'espoir d'une famille modeste et ignorée... leur fierté n'a pas de prix.
Donc assuré de sa solitude, ses deux genoux tombent lourdement à terre et dans un geste moins mystique que poétique, l'enfant approche son visage du sol berrichon.
Dire qu'il l'embrasse serait excessif mais du moins il le hume et s'imprègne au plus près de son essence et de sa saveur.
Ses doigts caressent et farfouillent la terre noire.
Là, il ramasse deux, trois cailloux qui tapisseront ses poches, ici un brin d'ivraie arraché pour occuper ses dents et tromper sa faim... il est temps de se remettre en chemin, demain il foulera les pavés de sa cité natale.
Une famille à retrouver.
Une mère à rasséréner.
Une fratrie à épater.
Chemin faisant de lourds nuages prémonitoires s'épaississent au dessus de la tête chapeautée de l'adopté d'Azayes.
Mais qu'importe, pour lui le soleil brille haut et fort, rien n'entravera sa marche conquérante.
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