Ilargia
L'on dit parfois que lorsqu'une femme est contrariée, elle soulage ses nerfs en se lançant dans l'achat de fanfreluches et de colifichets. Adoptant cette judicieuse règle de conduite, la blonde Harlegnan avait donc effectué quelques achats. Enfin, un seul en fait, mais conséquent: elle avait acheté... un hôtel ! Il faut dire qu'elle était réellement *très* contrariée, et que le lapin que le Von Frayner lui avait posé à Notre Dame y était pour une grande part.
A la décharge de l'impulsive blondinette, précisons tout de même que l'achat en question était envisagé depuis plusieurs mois. Maître Luntz, le notaire de feue sa mère, s'était chargé des négociations avec son confrère local. Tout à fait au courant des affaires de la défunte, passablement compliquées, l'homme de loi s'était révélé d'une aide précieuse dans l'acquisition de l'hostel Barbette, qui avait été au début du siècle le lieu des frasques _ réelles ou supposées _ de la dévergognée reine Isabeau. Et la blondinette riait encore de la façon retorse dont, arguant de cette mauvaise réputation, son notaire avait fait baisser d'un bon quart le prix exigé pour la bâtisse. Prix qui restait encore démesurément au-dessus des moyens, modestes, de la damoiselle de Beaulieu. Aussi bien n'avait-elle pas réalisé l'achat pour son compte mais pour celui de ses pupilles. Ponctionnant avec une parfaite équité les revenus tant de Lesparre et Bellesme que de Confolens et Beaumont, elle avait fait établir l'acte au nom d'Elianor et de Faran. Et profitait sans vergogne de sa qualité de tutrice pour prendre possession des lieux en attendant que les marmousets y viennent à leur tour.
Elle avait volontairement écarté les demeures trop spacieuses qu'on avait pu lui vanter pour préférer cet hôtel, de taille somme toute modeste mais largement suffisante, vu que les membres de la famille ne résidaient qu'occasionnellement en la capitale. La répartition intérieure de la demeure avait peu changé depuis l'époque de la reine Isabeau, si ce n'est qu'un des précédents propriétaires avait transformé les deux chapelles en salles à vivre. Changement qui n'allait certes pas chagriner la peu dévote Harlegnan.
Décidément calmée par cette acquisition, la peste jugea qu'il était temps d'apaiser également la brouille qui l'opposait à son oncle depuis le Grand Festival de la Couronne et entreprit de lui écrire.
A la décharge de l'impulsive blondinette, précisons tout de même que l'achat en question était envisagé depuis plusieurs mois. Maître Luntz, le notaire de feue sa mère, s'était chargé des négociations avec son confrère local. Tout à fait au courant des affaires de la défunte, passablement compliquées, l'homme de loi s'était révélé d'une aide précieuse dans l'acquisition de l'hostel Barbette, qui avait été au début du siècle le lieu des frasques _ réelles ou supposées _ de la dévergognée reine Isabeau. Et la blondinette riait encore de la façon retorse dont, arguant de cette mauvaise réputation, son notaire avait fait baisser d'un bon quart le prix exigé pour la bâtisse. Prix qui restait encore démesurément au-dessus des moyens, modestes, de la damoiselle de Beaulieu. Aussi bien n'avait-elle pas réalisé l'achat pour son compte mais pour celui de ses pupilles. Ponctionnant avec une parfaite équité les revenus tant de Lesparre et Bellesme que de Confolens et Beaumont, elle avait fait établir l'acte au nom d'Elianor et de Faran. Et profitait sans vergogne de sa qualité de tutrice pour prendre possession des lieux en attendant que les marmousets y viennent à leur tour.
Elle avait volontairement écarté les demeures trop spacieuses qu'on avait pu lui vanter pour préférer cet hôtel, de taille somme toute modeste mais largement suffisante, vu que les membres de la famille ne résidaient qu'occasionnellement en la capitale. La répartition intérieure de la demeure avait peu changé depuis l'époque de la reine Isabeau, si ce n'est qu'un des précédents propriétaires avait transformé les deux chapelles en salles à vivre. Changement qui n'allait certes pas chagriner la peu dévote Harlegnan.
Décidément calmée par cette acquisition, la peste jugea qu'il était temps d'apaiser également la brouille qui l'opposait à son oncle depuis le Grand Festival de la Couronne et entreprit de lui écrire.
Citation:
A mon très cher et très aimé cousin-oncle Phillau d'Harlegnan,
Je sais que vos charges guyennoises vous tiennent fort occupé. Mais peut-être parviendrez-vous à leur voler quelques jours pour vous rendre à Paris? J'aimerai beaucoup y recueillir votre avis sur une surprise que je destine à Elianor et Faran.
J'espère donc vous voir bientôt en la capitale.
Affectueusement
Votre nièce Aélis
Je sais que vos charges guyennoises vous tiennent fort occupé. Mais peut-être parviendrez-vous à leur voler quelques jours pour vous rendre à Paris? J'aimerai beaucoup y recueillir votre avis sur une surprise que je destine à Elianor et Faran.
J'espère donc vous voir bientôt en la capitale.
Affectueusement
Votre nièce Aélis
La blondinette relut sa missive, plutôt satisfaite. Bien évidemment pas un mot d'excuse, il ne fallait pas trop en demander, mais enfin son oncle la connaissait assez pour voir dans ces quelques lignes une proposition de trêve. Restait à voir s'il l'accepterait.