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Info:
L'Hostel Barbette, possession d'Elianor de Vergy. Icelieu se croisent les membres de la mesnie, leurs proches et ceux qui sont invités à y entrer.

[RP] L'Hostel Barbette

Ilargia
L'on dit parfois que lorsqu'une femme est contrariée, elle soulage ses nerfs en se lançant dans l'achat de fanfreluches et de colifichets. Adoptant cette judicieuse règle de conduite, la blonde Harlegnan avait donc effectué quelques achats. Enfin, un seul en fait, mais conséquent: elle avait acheté... un hôtel ! Il faut dire qu'elle était réellement *très* contrariée, et que le lapin que le Von Frayner lui avait posé à Notre Dame y était pour une grande part.

A la décharge de l'impulsive blondinette, précisons tout de même que l'achat en question était envisagé depuis plusieurs mois. Maître Luntz, le notaire de feue sa mère, s'était chargé des négociations avec son confrère local. Tout à fait au courant des affaires de la défunte, passablement compliquées, l'homme de loi s'était révélé d'une aide précieuse dans l'acquisition de l'hostel Barbette, qui avait été au début du siècle le lieu des frasques _ réelles ou supposées _ de la dévergognée reine Isabeau. Et la blondinette riait encore de la façon retorse dont, arguant de cette mauvaise réputation, son notaire avait fait baisser d'un bon quart le prix exigé pour la bâtisse. Prix qui restait encore démesurément au-dessus des moyens, modestes, de la damoiselle de Beaulieu. Aussi bien n'avait-elle pas réalisé l'achat pour son compte mais pour celui de ses pupilles. Ponctionnant avec une parfaite équité les revenus tant de Lesparre et Bellesme que de Confolens et Beaumont, elle avait fait établir l'acte au nom d'Elianor et de Faran. Et profitait sans vergogne de sa qualité de tutrice pour prendre possession des lieux en attendant que les marmousets y viennent à leur tour.

Elle avait volontairement écarté les demeures trop spacieuses qu'on avait pu lui vanter pour préférer cet hôtel, de taille somme toute modeste mais largement suffisante, vu que les membres de la famille ne résidaient qu'occasionnellement en la capitale. La répartition intérieure de la demeure avait peu changé depuis l'époque de la reine Isabeau, si ce n'est qu'un des précédents propriétaires avait transformé les deux chapelles en salles à vivre. Changement qui n'allait certes pas chagriner la peu dévote Harlegnan.

Décidément calmée par cette acquisition, la peste jugea qu'il était temps d'apaiser également la brouille qui l'opposait à son oncle depuis le Grand Festival de la Couronne et entreprit de lui écrire.


Citation:
A mon très cher et très aimé cousin-oncle Phillau d'Harlegnan,

Je sais que vos charges guyennoises vous tiennent fort occupé. Mais peut-être parviendrez-vous à leur voler quelques jours pour vous rendre à Paris? J'aimerai beaucoup y recueillir votre avis sur une surprise que je destine à Elianor et Faran.

J'espère donc vous voir bientôt en la capitale.

Affectueusement

Votre nièce Aélis



La blondinette relut sa missive, plutôt satisfaite. Bien évidemment pas un mot d'excuse, il ne fallait pas trop en demander, mais enfin son oncle la connaissait assez pour voir dans ces quelques lignes une proposition de trêve. Restait à voir s'il l'accepterait.
Phillau
Quelques jours plus tard


Il était tôt quand un messager d'Harlegnan se fit accompagner dans le bureau du juge de Guyenne, libérant ainsi, durant quelques instants, l'homme exténué à sa charge exténuante. La lettre aurait pu venir de Paris ou d'une quelconque ville paysanne, elle n'en restait pas moins salvatrice vis-à-vis de la fatigue mentale du destinataire.

Les lourds volets de bois furent ouvert laissant pénétrer les premières pointes de cette aube qui déchirait maintenant la bibliothèque sombre où se mourait la bougie. Elle avait fait son oeuvre, donné sa vie de cire pour permettre de prolonger un temps de travail qui n'était malheureusement pas extensible.

Le messager qui avait vaillament patienté durant cette procession se rapprocha du maitre des lieux et lui tendit une courte lettre venant de sa nièce. Ils ne s'étaient pas revu depuis ces mots tragiques au festival de la couronne et Phillau brûlait d'envie de revoir Aélis, mais son impatience n'égalait que de peu sa volonté de ne pas céder à sa nièce. Même s'il devait en sortir une grave crise familial, il n'était pas prêt à baisser pantalon et perdre son honneur dans ce bras de fer. Alactar qui avait vu la provenance de la lettre et qui, maintenant qu'il avait remplacé Nestor, était au courant des envois de marchandise, s'approcha de Phillau.


Monseigneur, nous avons une cargaison qui part pour la foire d'été de Paris. Vous pourriez vous y joindre et revoir votre nièce.

Le serviteur avait suggéré ce que Phillau s'obstinait à refouler. Si même sa mesnie lui suggerait, il savait qu'il devait capituler.

Tu as raison Alactar. Je vais faire le nécessaire, nous irons. Il pointe du doigt le messager. Toi, vient ici, tu vas repartir avec ce message. Tu as intérêt à arriver avant nous.

Citation:

A ma nièce Aélis d'Harlegnan,


Si cet idiot de messager a bien fait son travail, lorsque vous recevrez cette lettre, nous serons en route et à environ deux jours de Paris.

Avant de venir vous trouver, nous devons nous arrêter à la foire Saint-Germain. Attendez nous au soir du deuxième jour après l'arrivée de votre gredin.


Affectueusement,

Phillau d'Harlegnan
Ilargia
Encore quelques jours de plus...

Et le messager avait fait diligence. Il faut dire qu'entre la dextérité de l'acariâtre seigneur d'Ypres dans le maniement de la canne et le talent héréditaire de la demoiselle de Beaulieu à se servir du fouet, s'attarder en chemin entre les cuisses de quelque ribaude eût été bien trop risqué. Il avait donc regagné la capitale avec une vélocité digne d'un Philippidès, ou presque, et tendu fièrement la missive avunculaire à une blondinette avare de remerciement.Il n'avait même pas récolté la moindre piécette en récompense de son dévouement, et c'est en maugréant _ encore qu'à distance raisonnable de l'ouïe fine de la demoiselle _ qu'il s'en était allé.

Bien loin de se soucier des humeurs de son vas-y-dire, la blondinette avait pris connaissance de la lettre et lâché un discret soupir de contentement. Au moins, l'oncle acceptait l'invitation. Allons, elle aurait bientôt de la compagnie! Deux jours... Elle était sans nouvelle de Guilhem, ce qui n'était guère étonnant. Plus surprenant en revanche était le silence du Cassel. Elle aurait cru qu'il s'empresserait de lui écrire une lettre dans laquelle, jubilant d'avoir eu raison, il lui peindrait sa famille sous les traits les plus noirs avant de se gausser graveleusement de leur future union. Mais rien, pas même une ligne...Deux jours encore à se ronger les sangs avec des questions sans réponse...

Non que son oncle puisse lui apporter quelque apaisement que ce soit au sujet de ce mariage qu'on projetait de lui imposer, mais au moins pourrait-elle justement s'entretenir avec lui de choses fort éloignées de ses actuelles préoccupations. Les affaires de leur pupille commun par exemple. Tiens. Etrange d'ailleurs que Phillau n'ait pas glissé le moindre mot sur Elianor et Faran qu'elle avait laissé derrière elle à Lesparre. Bah! Sans doute n'en avait-il pas eu le temps. Elle le questionnerait sur l'état de santé de ses cadets lorsqu'il serait là.
Phillau
Deux jours plus tard


Phillau et sa troupe étaient maintenant entrés dans la ville. L'étape de la foire Saint-Germain fut rapide, ils n'avaient pas tant de marchandise qu'à l'accoutumée et les contrats signés sur le long terme favorisaient les échanges rapides.

Il n'avait eu le droit qu'à une vague description des lieux par le messager de sa nièce, il était donc heureux de découvrir facilement au détour d'une rue le nouvel hôtel d'Aélis. La bâtisse était grande et prenait une bonne place dans la rue avec une cour interne permettant les plus grandes folies, les lourdes grilles de fer en fermaient l'accès aux badaud et Phillau dut se présenter avant d'obtenir le droit d'entrer lui et sa garde.
Il faut dire, à la décharge du malandrin qui n'avait pas reconnu les armes du seigneur d'Ypres, qu'une petite troupe avec chariot, bibliothèque et garde ne passe pas inaperçu et ne laisse pas indifférent quand la mission est de défendre.

Phillau mit pied à terre entouré de ses gens, avisant le garde qu'il souhaitait voir sa cousine au plus tôt et indiquant à ses hommes de porter ses affaires là où la maitresse des lieux le voudrait bien. Il était quelque peu stressé de revoir sa nièce après les différents évènements qui avaient chamboulés leur relation, il hésitait encore pour savoir si, sous les conseils d'Alactar, il avait prit la bonne décision
Ilargia
- Damoiselle, messire votre oncle est arrivé

- Et toi bougre d'âne, tu le laisses à la porte? Dépêche-toi de l'avertir que je me trouve ici. On n'a pas idée de laisser mon oncle battre la semelle sur le pavé de la cour !


Un observateur, même très inattentif, aurait conclu de cet échange que la blondinette n'était guère moins anxieuse que son oncle à l'idée de leurs retrouvailles. A ceci près que quant à elle, elle déchargeait ce trop plein d'inquiétude sur ses serviteurs...

Le garde ainsi réexpédié vers la cour, elle prit place dans une cathèdre et s'efforça d'afficher un air serein. Pour se donner meilleure contenance, elle plaqua ses paumes sur les accoudoirs du siège, dans un geste qu'elle avait vu faire mille fois à sa mère. Droite à s'en faire mal au dos, vêtue de la couleur rouge si chère à la défunte, elle lui ressemblait d'une façon saisissante en cet instant. Mais n'en avait pas conscience, tant elle se voyait, elle-même, ni plus ni moins que comme une gamine qui s'efforce de jouer les grandes.
Phillau
Phillau n'avait pas eu à attendre longtemps avant de voir un homme de sa nièce venir vers lui pour lui indiquer que celle-ci l'attendait. Laissant là ses gens qui avaient commencé à décharger ses nombreuses affaires, il monte les escaliers afin de retrouver Aélis à l'étage. Les marches semblaient infinies tellement la tension parcourait le corps du seigneur, comment la rencontre allait-elle se dérouler, comment sa nièce allait, comment allaient-ils se comporter après les récents évènements. Tant de question, si peu de réponse...

Lorsqu'il ouvrit la porte, Phillau ne pu s'empêcher de lâcher un petit cri. Durant un petit instant, il avait bien cru voir sa cousine défunte dans cette cathèdre. Le rouge aux vêtements et la stature d'Izarra, décidément Aélis tenait vraiment d'elle, même si une fois l'impression passée, la jeunesse et le visage de la nièce rompaient le tableau. Cet instant passé, Phillau pu reprendre le dessus sur ses émotions, même si la vision de sa cousine, celle qu'il avait tant désiré, ne fit qu'augmenter le désir sexuel qu'il avait envers sa nièce.


J'ai bien cru voir votre mère dans cette cathèdre durant quelques instants

Ces mots étaient lourds de sens. Premièrement il explicitait l'impression réelle de Phillau lors de son entrée, mais surtout, il signait la capitulation totale de l'oncle face à sa nièce dans le conflit qui les opposait depuis le tournoi royal.

Je me souviens encore de manière forte de votre mère dans cette posture, mais votre jeunesse renforce l'aspect désirable que tout cela a pour moi.

Tout comme sa cousine, une capitulation n'allait pas sans flatterie. Sorte de forme ancestrale de tribu.
Ilargia
La réaction de son oncle surprit la blondinette. Du moins l'aveu de sa ressemblance frappante avec sa mère. Elle coula un regard en coin à Phillau, se demandant s'il n'était pas en train de se moquer d'elle. Mais non, sa surprise n'était pas feinte, et cette constatation fit faire la moue à la blonde. Ressembler à la matriarche défunte était certes flatteur par bien des côtés, mais risquait à la longue de se révéler lourd à porter.


Pour le reste, la jeunette avait compris depuis leur dernière entrevue, à Paris justement, l'effet qu'elle faisait sur son oncle. Levier fort commode pour manoeuvrer le tonton, à condition de pouvoir le contenir dans des bornes raisonnables. La blondinette avait bien assez d'un inceste sur le conscience pour ne pas désirer doubler les motifs de pénitence. Affichant un petit sourire qui désamorçait, partiellement, l'ironie de ses paroles, elle rebondit sur l'un des propos de l'oncle.


Serait-il donc vrai, mon oncle, que les jeunettes attirent les vieux messieurs? Je ne vous rangeais pas encore dans cette catégorie pourtant,je la réservais à mon futur époux.

Paf. Mettre sur le même plan l'oncle très aimé et le Cassel détesté était osé. Feignant de ne pas s'attarder davantage sur le sujet, la blondinette détourna la conversation sans même se donner la peine de déguiser ce coq à l'âne.

Eh bien mon oncle, comment trouvez-vous mon acquisition? Ai-je hérité de votre sens des affaires?
Phillau
Vieux monsieur ? La trentaine passée de Phillau se voyait-elle déjà sur son visage ?

Il passa une main sur son visage constatant les premières rides qui commencaient à déformer ses traits. Les pattes d'oie aux bords des yeux, les petites marques d'expressions sur le front, elle n'allait tout de même pas le faire complexer la jeunette dans son fauteuil.

Non, Phillau n'était pas vieux. Et si le cassel l'était aux yeux de sa nièce, cela ne devait pas avoir d'influence sur son statut à lui.


Oui, votre oncle éprouve une légère attirance pour votre beauté et la jeunesse qui coule dans vos veines. Mais j'ai éprouvé la même attirance pour votre mère, femme d'une beauté incroyable et hypnotisante.

Détournement de la discussion par Aélis, assez salvatrice vu la malaise et la gêne éprouvée par le tonton.

Je dois avouer que la bâtisse est impressionante et bien située dans les murs de Paris. Je suis étonné que vous ayez pu l'acquérir à ce prix. Sans doute avez-vous usé des mêmes charmes que votre mère sur le vendeur...
Ilargia
La blondinette partit d'un rire joyeux lorsque son oncle évoqua l'idée qu'elle devait cette bonne affaire immobilière à sa prestance.

Nenni mon oncle, vous surestimez mes charmes! Le mérite de cette affaire ne me revient nullement, il appartient entièrement au notaire de mère, Maître Luntz. L'habile homme a tant et si bien insisté sur la réputation sulfureuse de la demeure qu'il a réussi à en faire baisser significativement le prix. Il est vrai qu'à en croire la chronique populaire, ce n'est ni plus ni moins qu'un ancien lupanar royal que j'ai acquis. Mais baste! La demeure est belle, commodément sise et en fort bon état, et j'imagine bien mal notre Boucles d'Or reprendre à son compte les frasques de la feue reine Isabeau. Faran en revanche, s'il tient de son père...

Nouveau rire avant de poursuivre.

A ce propos, comment allaient-ils nos deux pupilles, à votre départ? Elianor? A-t-elle toujours cette humeur craintive et maussade qu'elle affiche depuis son réveil? Refuse-t-elle toujours de parler?
Eloin
Paris...

C'estoit à chaque visite la mesme chose, le mesme émerveillement, la mesme attirance du regard vers l'extérieur du coche, vers ces rues animées et ces échoppes colorées.

Bien sur, lors de l'arrivée, elle avoit du porter à son nez un mouchoir pour éviter de respirer la pestillence des faubourgs, mais, une fois passés les quartiers "sales", la beauté et la richesse de l'ancienne Lutèce sautoient aux yeux des visiteurs.

Pour sa part, elle estoit habituée à parcourir les rues de la capitale lorsqu'elle devoit se rendre au Palais de la Royale Académie, lieu ou elle travailloit sur un projet qui luy tenoit à coeur et qui seroit, si tout se passoit bien, achevé dans quelques temps. Mais, d'ordinaire, elle s'y rendoit à cheval, utilisant sa fidèle jument Noisette, don de la feue duchesse Izarra, présent dont elle prenoit grand soin en souvenir de cette grande dame qui luy avoit tant appris.

Mais cette fois, elle avoit choisi de se rendre à Paris en coche, d'autant plus qu'elle avoit prévu de passer quelques temps chez son hoste. Il luy avoit donc fallu prévoir quelques affaires, qui se regroupoient en deux coffres, l'un pour ses vestements, et l'autre pour ses livres et manuscrits d'estudes.
Le voyage fut donc fort long, mais plus agréable qu'à dos d'équidé, luy permettant de ne point arriver trop fourbue, les coches de la mesnie de Vergy-Harlegnan estant confortables à souhait !

Une heure plus tard, l'attelage franchit la dernière distance le séparant de l'hostel Barbette, s'arrestant dans la cour, la porte du coche devant la porte d'entrée de la demeure. Prestement le cocher descendit et vint luy ouvrir la porte, l'aidant à quitter la litère en luy proposant son bras pour aide, et, la laissant monter seule les quelques marches menant à l'entrée, il 's'en alla garer l'attelage aux écuries.

Eloin n'eut point le temps de sonner la lourde cloche jouxtant la double porte de bois massif que l'huis s'ouvrit sur une petite femme ronde, qui l'accueillit avec un léger sourire lorsqu'elle la vit. Avertie de son arrivée prochaine, la damoiselle de Beaulieu avoit certainement laissé son signalement aux domestiques.
La femme l'introduisit dans la demeure en la débarassant de son léger mantel et la mena dans un petit salon dont la table basse estoit garnie d'un plateau de victuailles et d'une pinte de vin. La remerciant, la jeune mère la laissa retourner à ses occupations originelles, et prit place dans un des faudesteuils, attendant en grignotant quelques mises en bouches l'arrivée d'Aélis...

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Héraldique
Phillau
Phillau avait du retourner quelques jours en Guyenne, lui qui avait apprit très tardivement les frasques du procureur Lorca. Sa nièce était venue avec lui, étant directement liée au problème car faisant partit des personalité mise en procès.

Le voyage du retour vers Paris fut plus calme, Phillau en avait profitté pour reprendre quelques tonneaux de son vin afin des les vendre à Saint-Germain. Sa nièce était partie avant lui et il la retrouva donc dans l'hosterl Barbette. Les domestiques le connaissaient déjà et il pouvait pénétrer dans le bâtiment sans avoir à se faire annoncer ni avoir besoin de laisser son arme à l'entrée.

Pénétrant dans la pièce où ils s'étaient vu la première fois, Phillau s'exclama.


Ma nièce, n'ayez plus de soucis pour votre affaire, je viens d'arrêter les frasques de ce bénêt.

Il espérait un quelconque remerciement même s'il savait que sa nièce, tenant sûrement cela de sa mère, aurait très bien pu se défendre seul. Il avait engagé la conversation sur un sujet à son avantage car sa nièce avait la force de toujours trouver le sujet qui le mettait dans l'embarras.
Ilargia
La blondinette fulminait de rage depuis plusieurs jours. On l'y reprendrait tiens, à assumer les devoirs de noblesse. Elle y avait récolté quoi? Un procès en haute trahison. Grotesque, du début à la fin. Prévisible ceci dit, quand on connaissait le décérébré enragé qui servait de procureur dans ce Duché...

Au prix d'un aller-retour éreintant avec la Guyenne, la môme avait crânement fait face à l'ensoutanné, résistant même à la tentation de lui coller le harpon dans le fondement. N'empêche qu'au fond, elle n'était tout de même pas si sûre que ça de pouvoir se justifier. Raison pour laquelle elle accueillit les paroles de son oncle avec un immense sourire. Impétueuse, comme toujours, elle se leva d'un bond et vint se pendre au cou du tonton en question, toute à sa joie.


Quelle bonne nouvelle mon oncle! Je suis bien contente que vous ayez renvoyé cette tanche à ses congénères poiscailles! Me voilà avec une dette envers vous mais n'ayez crainte, je m'en acquitterai.

A vrai dire, l'audacieuse blondinette avait déjà une idée assez précise de la meilleure façon de remercier son oncle. Idée qui offrait le triple avantage de prouver au tonton sa reconnaissance, de se venger du promis qui avait l'audace de la négliger, et de lui permettre de se laisser aller à une tentation qu'il n'était guère dans sa nature de réprimer. Toutefois, le lieu et le moment étaient mal choisis pour les démonstrations de gratitude.

Se détachant du cou de Phillau, elle conclut donc, provisoirement, en souriant.


Mais, nous en reparlerons voulez-vous? On m'annonce également l'arrivée d'Eloin, voulez-vous l'accueillir avec moi?
Phillau
Pourquoi devait-elle se détacher de son cou ?

Enfin, Eloin n'allait pas attendre indéfiniment seule dans le salon. Mais Phillau l'aurait volontiers laissé attendre une ou deux heures de plus histoire de profiter pour une fois des bonnes faveurs de sa nièce.

Mais au diable, certes Phillau était intéressé mais de là à laisser seule une invité ? Le désir tuerait-il en lui toute forme de savoir vivre ?


Oui, allons la trouver avant qu'elle ne s'endorme dans le salon, son voyage a dû l'exténuer.

Non, Phillau ne serait pas qu'un objet même si l'envie et la tentation étaient grande.
Ilargia
la blondinette hocha la tête et quitta la pièce dans un bruissement de soieries, suivie de son oncle. Elle se réjouissait de revoir Eloin. Depuis l'installation en Guyenne de cette dernière et jusqu'à son propre départ pour Paris, elle s'était fort rapprochée de la jeune femme. Veillant ensemble sur une Elianor malade, partageant _ autant qu'elle le pouvait _ le deuil cruel qui avait frappé la mainoise, la blondinette avait créé avec elle des liens que seule leur courte séparation lui avaient pleinement révélé: elle avait été séparée d'une amie, et d'une amie chère.

C'est pourquoi c'est avec une gaieté non dissimulée qu'elle gagna la salle où l'on avait introduit la dame de Chérancé, qui l'attendait patiemment à l'aide de quelques friandises de bouche.


Eloin! Comment s'est passé ton voyage? Point trop fatigant? Et ce mariage? As-tu trouvé le Maine changé? Ne regrettes-tu pas de l'avoir quitté?

La môme s'interrompit en riant. Solide tradition chez les femmes de la famille que la manie de poser plusieurs questions à la fois, sans laisser aux interlocuteurs le temps de répondre!

Décidément je suis une incorrigible pipelette! Allons, c'est dit, je m'assois et m'accoisse pour que tu puisses me narrer ton voyage depuis ton départ de Guyenne!
Eloin
Elle n'avoit finalement guère eut le temps de déguster plus de trois ou quatres gourmandises, la fatigue se rappelant brusquement à elle.
Somnolant dans le faudesteuil, elle sursauta presque en oyant la porte s'ouvrir peu après avoir ouï deux sortes de pas différents.
Se relevant prestement, Eloin fit face aux deux arrivants en les saluant d'un sourire. Elle ignoroit que le sieur Phillau résidoit en la nouvelle propriété de la famille, d'ailleurs elle ne le croisoit guère, et pourtant ils vivoient tous en le mesme duché, désormais.

Un sourire amusé accueillit la déferlante de questions qui sortit de la bouche de la blondinette, et elle la laissa terminer avant que de prendre la parole.


Bonjour Aélis ! Sire Phillau, heureuse de vous revoir...

Voyant que la demoiselle prenoit place assise, elle l'imita et retrouva donc son siège, posant la main dextre sur l'accoudoir, la main senestre venant triturer une broche héritée de la duchesse et qu'elle portoit en permanence depuys le trépas d'icelle.

Ma foy, ce voyage fut calme à souhait ! Le faict de voir une cavalière seule sur les routes menant au Nord du Royaume n'a point attiré les brigands, et j'ai donc pu rallier le Maine sans encombres. Enfin, si, mais ce fut un ennui mineur : ma jument perdit un fer, il me fallut donc trouver l'échoppe d'un maréchal-ferrant afin qu'il puysse arranger cela.

Je suys donc arrivée quelques heures plus tard que prévu en Maine, et j'ai de faict manqué la messe d'espousailles !


Petit soupir retenu à cette pensée. Elle qui avoit tant voulu se marier rechignoit désormais à assister à ces messes illustrant le bonheur des aultres, quand sa propre union luy donnoit l'impression d'un navire en pleine tempeste, voué au naufrage.
Mais l'ironie de ceste vie, c'est qu'elle adoroit, paradoxalement, célébrer des mariages ! Voir deux personnes s'unir sous les auspices du Très-Hault luy apportoit toujours autant de plaisir qu'auparavant, mesme si parfois elle se demandoit combien de temps les jeunes espoux seraient heureux avant que de déchanter...


Le Vicomte Redshark ne m'a point tenu rigueur de ce retard, et j'ai pu discuter un peu avec luy et sa dame, rencontrant ainsi celle qui réussit à faire battre ce coeur endurci par des années de solitude.

J'ai pu revoir mes amis, et en premier lieu cette chère Lysesl... Saviez-vous qu'elle vient d'estre élue comtesse du Maine ? Je suys très heureuse pour elle, elle a tant faict pour la cité de Montmirail, et plus récemment pour le comté, qu'atteindre cette place de représentante de la province doit la réjouir.


L'une des questions de la jeune fille luy revint en mémoire.

Je ne puys vraiment dire si le Maine a changé ou non, je ne suys point sortie de la cité mancelle. J'ai logé dans une auberge durant mon séjour, j'ai mesme omis de faire un petit détour par mon fief, moy qui voulois y faire halte quelques heures !

Le sieur de Prie-Montpoupon est toujours hérault du Maine, et son caractère n'a point changé, c'est toujours un homme bien trop sur de luy à mon goust !

Regretter ? Mmmmh... Si, parfois, mais je ne m'attardes point sur ce sentiment. J'ai faict un choix, je m'y conformes et je m'investis dans cette nouvelle patrie qu'est pour moy devenue la Guyenne. J'ai toujours dans l'idée de faire de la politique, mesme si les portes du parti dont Constantin m'avoit donné l'adresse me restent obstinément closes...


Elle cesssa de parler, laissant à ses vis-à-vis le temps d'enregistrer ses paroles, et d'y répondre s'ils le souhaitaient.
Au dehors, les bruits de la cité parisienne se faisoient entendre, bien qu'assourdis par les épais murs de la demeure, faisant un singulier contraste avec le calme de la capitale bordelaise, que d'aucuns avoient surnommé "La Belle Endormie". Nom évocateur s'il en estoit...
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Héraldique
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