Clemence.de.lepine
La demoiselle se remettait à peine de lintervention téméraire et impudente de la Duchesse de Brie, toute à sa crainte de la voir subir le courroux du roi, lorsquon vint la trouver pour lui annoncer que sa présence aux côtés de la Princesse dEtampes, au même titre que les autres damoiselles, ne serait pas malvenue. En guise dassentiment elle hocha brièvement du chef et assortit son geste dun vague « merci », dont la tiédeur sexpliquait davantage par le fait quelle tentait déjà déclaircir les tenants et les aboutissants de cette invitation inattendue, plutôt que par le fait dune quelconque indifférence.
Elle se rendit compte, alors, quelle était seule. Non pas au seul sens abstrait du terme, qui définirait ce sentiment dextrême abandon qui peut nous envahir quand limpression de ne pas être à notre place se fait jour, dans un environnement qui ne nous est pas familier, alors même que nous sommes entourés de gens variés. Non pas uniquement dans ce sens, donc, mais également parce-quau sens littéral du mot, Clémence était seule. Elle aurait dû être accompagnée, mais son chaperon semblait plus occupé quil naurait pu le prévoir lui-même. Ce qui faisait quelle se retrouvait honteusement seule : cétait inconvenant, en pareille situation, et jetant un regard discret vers la Princesse elle ne put sempêcher de penser que cette dernière sétait sans doute fait la même réflexion. Ça nétait pas ce quelle voulait. Oh non. Mais une nouvelle fois, elle se devait dadmettre que tout nétait pas placé sous son propre contrôle, que parfois, les événements senchaînaient malgré elle, sans quelle nait son mot à dire. Cétait affligeant, mais elle finirait à la longue par sy faire. Dailleurs, navait-elle pas fortement progressé à ce sujet ? Si fait ! Ses sourdes et vaines colères semblaient bien sêtre définitivement estompées.
Clémence de lEpine décida alors dagir en ce que son nom impliquait. En premier lieu, elle ne devait pas se montrer sans escorte, pour ce que cela connotait. Un regard rapide à la ronde lui révéla la présence dune personne dont la compagnie lui serait profitable. Elle ne la connaissait pas encore tout à fait, les présentations nayant pas officiellement abouties, mais le lien qui les unissait, aussi ténu et fragile soit-il, existait. Par lintermédiaire dune tierce personne, certes, mais il existait, cétait le principal, et cela rendait la relation entre les deux jeunes femmes logique. Le Comte de Turenne les avait toutes deux présentées au Roy(*) et elles avaient quelques instants pu échanger un regard mais pas davantage, au vu de la précipitation des événements.
Clémence avait eu connaissance de lanimosité qui régnait entre la Comtesse de Laroche-Aymon et le Vicomte de Saint-Germain, lequel lui avait permis de devenir la « pupille » provisoire du Comte de Turenne. Aussi nétait-ce pas sans appréhension quelle venait enfin se présenter à cette même Comtesse.
« Votre Grandeur » commença-t-elle en inclinant respectueusement la tête. « Je nai pas encore eu loccasion de venir engager la conversation avec vous et jespère que vous ne verrez pas dun mauvais il que je le fasse maintenant. » Un sourire crispé tenta de venir dérider les traits de Clémence, dont le regard préoccupé traduisait lappréhension de la discussion. Nul besoin den dire plus. Et avant den dire davantage, justement, il convenait de sonder les réactions pour savoir où elle mettait les pieds. Et pour cela, mieux valait laisser Ewaële parler à son tour.
(*) Les présentations au roy n'ayant malheureusement pas pu être jouées, indépendamment de notre volonté.
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Elle se rendit compte, alors, quelle était seule. Non pas au seul sens abstrait du terme, qui définirait ce sentiment dextrême abandon qui peut nous envahir quand limpression de ne pas être à notre place se fait jour, dans un environnement qui ne nous est pas familier, alors même que nous sommes entourés de gens variés. Non pas uniquement dans ce sens, donc, mais également parce-quau sens littéral du mot, Clémence était seule. Elle aurait dû être accompagnée, mais son chaperon semblait plus occupé quil naurait pu le prévoir lui-même. Ce qui faisait quelle se retrouvait honteusement seule : cétait inconvenant, en pareille situation, et jetant un regard discret vers la Princesse elle ne put sempêcher de penser que cette dernière sétait sans doute fait la même réflexion. Ça nétait pas ce quelle voulait. Oh non. Mais une nouvelle fois, elle se devait dadmettre que tout nétait pas placé sous son propre contrôle, que parfois, les événements senchaînaient malgré elle, sans quelle nait son mot à dire. Cétait affligeant, mais elle finirait à la longue par sy faire. Dailleurs, navait-elle pas fortement progressé à ce sujet ? Si fait ! Ses sourdes et vaines colères semblaient bien sêtre définitivement estompées.
Clémence de lEpine décida alors dagir en ce que son nom impliquait. En premier lieu, elle ne devait pas se montrer sans escorte, pour ce que cela connotait. Un regard rapide à la ronde lui révéla la présence dune personne dont la compagnie lui serait profitable. Elle ne la connaissait pas encore tout à fait, les présentations nayant pas officiellement abouties, mais le lien qui les unissait, aussi ténu et fragile soit-il, existait. Par lintermédiaire dune tierce personne, certes, mais il existait, cétait le principal, et cela rendait la relation entre les deux jeunes femmes logique. Le Comte de Turenne les avait toutes deux présentées au Roy(*) et elles avaient quelques instants pu échanger un regard mais pas davantage, au vu de la précipitation des événements.
Clémence avait eu connaissance de lanimosité qui régnait entre la Comtesse de Laroche-Aymon et le Vicomte de Saint-Germain, lequel lui avait permis de devenir la « pupille » provisoire du Comte de Turenne. Aussi nétait-ce pas sans appréhension quelle venait enfin se présenter à cette même Comtesse.
« Votre Grandeur » commença-t-elle en inclinant respectueusement la tête. « Je nai pas encore eu loccasion de venir engager la conversation avec vous et jespère que vous ne verrez pas dun mauvais il que je le fasse maintenant. » Un sourire crispé tenta de venir dérider les traits de Clémence, dont le regard préoccupé traduisait lappréhension de la discussion. Nul besoin den dire plus. Et avant den dire davantage, justement, il convenait de sonder les réactions pour savoir où elle mettait les pieds. Et pour cela, mieux valait laisser Ewaële parler à son tour.
(*) Les présentations au roy n'ayant malheureusement pas pu être jouées, indépendamment de notre volonté.
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