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[RP]Le crime est leur affaire (et quel crime ! my favourite)

Ibanetchegorri
[Ceci est un RP privé sponsorisé gracieusement par les Avoks Haillons et le Comité Régional Béarnais pour la Défense de la Veuve et de l'Orphelin. Toutefois: L'abus de brigandage est dangereux, à consommer avec modération ]

Il devait bien être onze heure du soir lorsque le Lynx quitta l'auberge dans laquelle il avait élu domicile le temps de régler son affaire. C'était une de ces auberges crasseuses et laides comme il en fleurit tant dans les bas-fonds des capitales renommées. Une de ces cours sordides qui rivalisent avec celle des Miracles. Hâtivement, Iban traversa les quelques artères mal famées de ce cœur putride et dangereux de Pau qui le séparaient de la grand'place. Celle-ci était quasiment vide. Les marchands avaient plié leurs étals depuis longtemps déjà. Seuls quelques soudards éméchés s'en retournaient chez eux soutenus par quelque ribaude ou vomissaient sur la chaussée, le cœur grisé d'alcool et de paillardises, l'œil terne et la panse pleine encore des mets nauséabonds de leurs ripailles. Assis sur les marches de la Cathédrale, Bordebaste était là qui l'attendait.

« Te voilà enfin, bougre de félin »
s'exclama le gamin dont la tignasse rousse et hirsute luisait à la lumière du flambeau qu'il tenait dans la main. Il se redressa du haut de ses douze ans pour toiser de son regard insolent et brillant de malice son compagnon et mentor d'infortune.

« Allons viens, sottard, il nous faut faire vite. » répondit le Lynx en poursuivant sa route à grand pas. « Je vais m'en aller régler l'affaire au château...pendant ce temps je compte sur toi pour me trouver deux cavales. Il nous faudra décamper prestement. »

« Comme toujours, c'est Borde qui joue les pisseux et qui reste à l'arrière. . Moi aussi je sais détrousser les nobliaux. J'suis pas une pucelle, Messire le greffier-minet. » s'insurgea le petit voleur.

« Tu m 'échauffes, marmousset. » gronda Iban en saisissant le gamin par l'oreille, « Tu feras comme je t'ai dit, ou je te rosserai. Tu fais le grand seigneur alors que tu n'as pas même l'âge de courir la gueuse. »

« Bon, bon...J'irai...ne grogne pas comme ça...tiens, regarde plutôt combien les affaires ont été bonnes aujourd'hui »

Et tandis que les deux compères se dirigeaient vers le château, l'enfant montra au Lynx ses rapines du jour et lui conta ses frasques en mimant à grand renfort de gestes les mines déconfites des malheureux bourgeois qu'il avait pris pour victimes.

« Nous y voilà, Bordebaste » lui dit enfin Iban lorsqu'ils eurent atteint les grilles de l'imposant castel. « File donc remplir ta besogne à présent ».

Et le gamin disparut à toute allure dans une ruelle voisine tandis que le Basque s'approchait du corps de garde.


Balise mise par Miss_Marple censeur du Béarn
_________________
Leslou_1


[chez les Avok Haillons]

A son bureau, Leslou passe sa journée à préparer les courriers pour les futurs contacts. Toujours recopier, encore et toujours. Entre son poste de secrétaire des Avok Haillons et ses fonctions de porte parole, ses pauvres doigts commencent à être douloureux.

Elle décide donc de se poser un peu et se rend à la salle de repos du cabinet d’avocats. Heureuse nouvelle, il n’y a personne. Elle s’installe tranquille dans un fauteuil et profite de l’instant pour boire discrétement une petite chope, les jambes levées.

Elle soupire d’allégresse, enfin un peu de repos, dommage que son promis ne soit pas à ses côtés. Les moments entre amoureux se font rares en ce moment, mais elle sait qu’elle se rattrapera plus tard.

C’est alors qu’elle entend la porte s’ouvrir.

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--Bordebaste


Bordebaste, jeune garçon d'une douzaine d'année à l'œil vif et à la tignasse rousse constamment en bataille, était un énergumène à la malignité étonnante. Il était né quelques années avant que le Béarn eut été unifié en un comté du Royaume. En ce temps là, les seigneur béarnais, n'ayant encore fait allégeance au Roy, se livraient une guerre perpétuelle pour la domination des contreforts des Pyrénées. Sa mère avait été une femme aimable et simple, qui habitait à l'écart de son village, à distance des prêtres comme des mauvais garçons, travaillant honnêtement et vivant selon les saisons. Son père était un régiment. Un régiment d'une de ces armées qui, sans doute frustrée d'avoir subi quelque échec devant les murs d'un château voisin, s'en était rentrée chez elle sans pouvoir résister à la tentation de prendre le mesquin plaisir d'humilier à son tour.

Quoiqu'il en soit, cela n'importait guère à Bordebaste qui n'avait connu ni père ni mère et n'avait eu d'autre foyer que l'hospice puis la rue. La mendicité et le vol lui avait permis de subsister jusque là. Il avait parcouru à loisir les méandres de Pau. Les nécessités et les déconvenues dégradantes de son début d'existence lui avaient bien vite appris à maîtriser les lois de cette jungle perverse. Son astuce et sa hargne, aiguisées par les maux, l'avaient mené à la tête des autres pouilleux de son âge et il était à présent bien connu du peuple peu fréquentable de la capitale béarnaise, surtout depuis qu'il œuvrait aux côtés du Lynx. Insolent écuyer de ce chevalier sans foi ni loi : c'était désormais le triste rôle de ce singulier gamin. S'il apparaissait quelque part, avec ses guenilles vermoulues, son chapeau rongé et terne, mâchonnant comme a son habitude un épi de froment, l'on pouvait être certain que l'impitoyable félin rôdait aux alentours.

Ce soir là, il n'avait pas du aller bien loin pour trouver l'objet de sa quête. Il connaissait une riche auberge non loin du château dont les écuries étaient toujours pourvues de quelques cavales. La grand'salle de la taverne respirait une lumière chaleureuse et salée. On pouvait apercevoir par le carreau teinté des larges fenêtres les têtes réjouies et vermeilles des bourgeois qui s'égayaient là. Bordebaste se dirigea vers les stalles de l'écurie avec grande discrétion. Le sottard que l'on avait appointé pour monter la garde, ronflait comme un moulin, une bouteille serrée dans sa main grasse contre cœur comme un talisman protecteur. Le petit voleur repoussa les ténèbres des lieux de sa torche pour mieux les examiner. De mauvaises selles étaient entreposées en pagaille sur un tas de foin humide. Cinq chevaux piaffaient nerveusement, surpris par la lumière vive. Il fallait se hâter avant que quelqu'un n'arrive. Bordebaste distingua deux cavales qui lui semblaient vaillantes et les sella habilement. Il entreprenait de poser leur mors aux bêtes lorsqu'un bruit de pas se fit entendre au dehors. Alerte, le gamin ramassa sa torche et la plongea dans l'abreuvoir. L'obscurité se fit.

“Qui va là ?!” héla une voix au dehors.
Varden
[J'ai été long à répondre ? Normal, je viens d'acquérir la saison 1 des Avok Haillons en Béarn, et le Best Of de leurs meilleurs procès en Béarn ! Faites comme moi, Offrez du plaisir pour petits et grands, offrez vous les AH pour Noël !

Les AH en Champagne, l'histoire originelle : Bientôt disponible !]


Que vous le croyiez ou non ... Le passé nous rattrape à chaque instant. L'on peut bien courir vers l'avant, il va toujours aussi vite que nous ... Voire plus vite ...

On peut aussi courir vers l'arrière et se laisser dépasser par ce passé encombrant ... Mais il a le don de ralentir aussi bien que nous ... Les fileuses ont les doigts taquins, et ne dissocient jamais les fils de notre destin ...

Qu'il serait bon de pouvoir oublier les hantises, l'ombre, le chaos abandonné un soir de printemps pour vivre une nouvelle existence, aseptisée de tous les cauchemars d'un quotidien qu'on ne contrôlait pas ...

Et avoir l'utopique espoir de se dire : "Ce présent n'est pas le mien, il sera mon passé." Mais le contrôle ne vient ni avec l'âge, ni avec l'expérience, et le temps, dont on vante les mérites pour oublier les pires souvenirs, n'a aucune prise ni emprise sur l'esprit tourmenté par les démons qui le hantent ...

Que vous le pensiez ou non, Valère d'Arezac n'est pas un homme froid et distant qui voit tout de loin, ne touche que du bout de doigt le désir qui s'offre à lui, qui ne brûle que lors d'envolées oratoires en place publique ...

L'homme qui se cache derrière tout ça a des raisons d'être ce qu'il cherche à être, l'homme dont le coeur bat depuis l'aube de ses jours a des raisons de vivre en retrait de ce qu'il appelle la tentation, la boîte de Pandore ...

Tourmenté, indécis, passionné, susceptible ... Un passé qui n'appartient qu'à lui, un oubli qu'il voudrait total et faire comme Klem, revivre en ayant oublié ce dont on ne veut pas se souvenir ... Le passé n'est pas un carton que l'on met de côté avec toutes ses vieilles affaires ... Le passé n'a pas que la saveur de ces vieux souvenirs que l'on se rappelle en retrouvant une ancienne connaissance ...

Et dans la vie de Valère, le passé a neuf vies, un style ... félin, des griffes ... mortelles et une allure de Lynx ... rouge plus cruel que le diable à qui il a volé sa tunique pourpre ... Ce passé s'appelle Iban Etxegorry, est basque et lié à lui comme le poison l'est à l'antidote ... Séparez les et vous êtes condamné ... Condamné ? Le serait-il ? Lui qui a embrassé la mort ce jour de Mars où il le prit pour filleul, lorsqu'il a pris sous son aile, la traîtrise et l'hérésie sous le regard bienveillant d'Aristote ...

Tourmente, méandres de cauchemars qui n'en finissent plus ... Où le Lynx arrive, s'en vient de sa tanière chercher sa proie, lui planter un couteau dans le bas ventre, et ce regard de terreur devant ce mi-homme, mi-chat, qui ne semble pas vouloir mourir ... Le passé l'a pourtant vu disparaître tant de fois ... Et revenir au moins autant de fois ...

Qu'il aille au diable ... Mais il serait pire que lui ...

Qu'il meurt !!! Mais il semble immortel ...

Il faudrait sûrement le voir mourir pour y croire ...

Vicomte ou pas, cet homme était de trop dans sa vie ... Pour en finir, avec ce qu'il était, il aurait fallu en finir avec lui ... Mais où le trouver ? Où l'achever ... L'arme, il l'avait,toujours sur lui, le regard posé sur ce fourreau, cette lame offerte par Léah Melani ... Les Melani ... Les "maîtres" d'Iban et dont la haine envers Arezac dépassait désormais l'entendement humain.

Le temps ferait il finalement effet sur la vie de Valère ? Sans doute oui, à croire que le "Votre Grasce" et "Disgrasce" étaient liés ...

Fini de penser, cela pourrait donner mal à la tête à force ... Surtout pour ceux qui tenteraient de percer à jour le Vicomte ...

Un regard qui se relève, la pièce qui l'entoure est son bureau à Pau ... Quelle heure peut il bien être ? N'aurait il pas encore trop trâiné dans les couloirs Comtaux à œuvrer dans l'ombre qu'il commençait à affectionner ?

Il devait bien être aux alentours de Vingt-Trois heures désormais ... Il rentrerait donc chez lui avec Astim, son jeune page ...

A la lueur de la bougie, l'appeler et disparaître, oublier ces noirs desseins et reprendre le chemin du destin, lié mais pas croisé ...

Seuls ses pas résonnent sur le dallage du couloir, pour arriver au petit bureau du jeune garçon.


Astim ? C'est moi. Va préparer nos montures, nous partons mon jeune ami.

Il en avait oublié son mantel dans son bureau ... Cela n'aurait du être qu'un oubli anodin, trois fois rien, ...

Mais une fois rentré, la porte se ferme en claquant violemment et l'on ignore tout alors de ce qui pourrait en ressortir...

Courant d'air ?
Méfie toi Valère
De cette impression si fausse
Déjà le chat, dans l'ombre, se gausse ...

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Ibanetchegorri
Un rictus dont on n'eut pu dire s'il était de joie ou de mépris s'afficha sur le visage du Lynx. Sa proie se trouvait juste devant lui, seule et vulnérable. Mais cette proie n'était nullement semblable à celles auxquelles il avait eu affaire auparavant. Le fermoir invisible et terrible du baptême les tenait enchainés tous deux et, si le Basque raillait la religion, molestait ses fidèles, profanait ses sanctuaires et insultait ses serviteurs, une crainte qui tenait à la nature divine des sacrements le travaillait pourtant corps et âme. Ainsi, il n'avait jusqu'ici jamais osé lever la main sur celui qui, depuis ce jour d'égarement où il avait eu la faiblesse de se faire baptiser pour les beaux yeux d'une jouvencelle, répondait au nom sacré de “Parrain”.

Mais aujourd'hui, il avait tant chuté dans le crime, le stupre et l'iniquité qu'il ne redoutait plus ni blasphème ni sacrilège, étant d'ors et déja convaincu que s'il existait bel et bien comme on le prétendait un quelconque Rédempteur, son âme était irrémédiablement vouée à l'éternelle damnation. Pire, il prétendait à présent tout faire pour défier le Ciel et sa clique : puisqu'il était à présent destiné aux flammes de l'enfer, il fallait s'en montrer tout à fait digne. Il avait donc proposé ses services de mercenaire à de riches nobles peu scrupuleux. Sa fortune était fondée presque intégralement sur les récompenses de ses sanguinolents et criminels services. Son dernier employeur était soucié par l'influence que Valère d'Arezac prenait en Béarn : d'abord hésitant, Iban avait fini par décider que ce soir-là il défierait Dieu-même et assassinerait son parrain.

Sans un bruit, il retira le gant écarlate qui couvrait sa main gauche. L'index et le majeur de cette main, mutilés lors d'une malheureuse intrusion au château de l'Epine, avait été remplacés par deux longues griffes de métal dont le Lynx se servait pour signer ses crimes.


“Il est bien téméraire de votre part de vaquer ainsi dans les couloirs du château à cette heure tardive, Messire mon Parrain” finit-il par prononcer avec sarcasme.

Et sans laisser au conseiller le temps de répondre, il se jeta sur lui toutes griffes dehors.

Les deux hommes luttèrent avec une violence qui égalait la haine qu'ils se vouaient réciproquement. Chandeliers et rouleaux de paperasse furent renversés et détruits. Une houle brassant fureur et acharnement agitait les deux êtres. L'exaspération contenue jusqu'alors par ce parrainage contre nature se trouvait tout à coup libérée après tant d'années d' asservissement réciproque et se déversait en un flot de colère sans pareil. Coups, sang et sueur se répandaient en d'abondantes effusions tandis que les adversaires roulaient au sol mus par l'unique désir de détruire. Les figures sereines des chœurs célestes et celles tourmentées des sbires démoniaques qui se trouvaient finement ciselées sur le mobilier de bois sombre et les colonnes de la pièce semblaient seules observer le terrible combat en témoins attentifs et silencieux, et en attendre avec impatience l'ultime verdict.

Fort de ses griffes aiguisées, le Lynx finit par prendre l'avantage dans cette lutte inégale. Il lacéra tant et si bien son parrain que celui-ci peina bientôt à se relever. Enfin, il chancela et s'effondra tout à fait sur le sol. Un lourd silence tomba sur le château. Ruisselant de fatigue et de sang, Iban se releva, tremblant encore de rage et de crainte, l'oeil alerte comme celui d'une bête traquée. Seul le souffle amoindri et douloureux de son parrain agonisant brisait le calme de cette nuit troublée.


“Adieu, Valère d'Arezac” grogna Iban alors qu'il regagnait ses esprits, “Tu me précèderas en enfer.”

Sans rien ajouter, il se saisit de la torche qui éclairait la pièce et la jeta sur la paperasse répandue en bataille sur la lourde table de chêne. Purifier les lieux par le feu : voila qui clorait définitivement le chapitre des tourments et tournerait à jamais la page douloureuse des années marquées du sceau de son parrain.

Les flammes commencèrent à lécher le plateau brun de la table, couronnant d'un cadre flamboyant le Commissaire dont le corps brisé gisait au dessous sur le sol. Dans la cour, on pouvait entendre les cris et l'empressement des gardes qui accouraient, attirés par le vacarme.

Alors, sans plus attendre, le Lynx Rouge diparut dans les ténèbres opaques des couloirs du château.

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Varden
Le passé l'avait rattrapé ... La mort, Valère, cela fait mal ? Il aurait aimé dire non ... Mais il souffrait le martyr, et il la sentait venir ... La mort est-elle l'issue ? Iban avait toujours tout bâclé, comme un désir de faire les choses mais trop précipité, trop ... Vif ... Il ne l'avait même pas achevé de cette arme qui n'en était pas une ... Ses propres doigts ... semblables à des ... griffes ... Répugnant.

Il avait par contre l'art d'apparaître aux moments les plus anodins ... Au cœur de la tourmente, les écueils s'amoncellent ... Il avait lutté, à mains nues, incapable de se saisir de son épée ... De la lui glisser sous le cou et de le voir apeuré, craindre la mort qui le guette ... Au lieu de ce moment si longtemps imaginé, une lutte sourde, un combat de bêtes, un instinct de tueur contre un instinct de proie ... Et la défaite inéluctable de la proie luttant vainement contre la méthodique application de la traque du prédateur qui se sait sûr de sa propre force et de la faiblesse de sa proie ...

Téméraire avait-il dit ? Mais c'était déjà le cas il y a des mois de cela, il avait été fou d'accepter sa requête à elle ... Il avait été fou de négliger la folie de cette brute animale ...

Dédaigneux, négligeant, Valère d'Arezac tu es un idiot, un sombre imbécile ... Et pour en arriver là ? Lutte vaine, défaite ... mortelle ...

Il se sentait partir ... Enfin la douceur de l'éternel voyage ... Mais il ne fallait pas, il ne pouvait pas encore l'entreprendre, pas si tôt ...

Reprendre ses esprits, l'entendre grogner sa prophétie ... Méfie toi Iban Etxegorry, Valère n'est pas mort, pas encore ... Mais le feu a des allures de jugement divin ... Purificateur ... Il aura aussi l'avantage de masquer de quelconques preuves oubliées ici et là. Idéal pour un crime parfait. Mais la victime, elle, n'aime pas trop le rôle qu'elle s'est vue attribuer ... Délicat dilemme, laisser le Lynx gagner, quitter cette enveloppe charnelle et ses futilités humaines, ou résister jusqu'au dernier souffle ?

Résister, il le fallait ... Au moins jusqu'à ce que la fumée respirée le fasse suffoquer puis étouffer peu à peu ... Tenter de se relever, à genoux toussant et tout ce sang toujours ... Puis un cri, davantage un râle qui se veut hurlement mais qui reste là coincé au fond de la gorge ...


Misérable ... Je te maudis Iban Etxegorry ! Foi d'Arezac, je te maudis !

La phrase se termine par un soubresaut de douleur, lui faisant cracher le sang qui couvre déjà le sol de la pièce ... L'effort est plus impressionnant que vous ne pourriez l'imaginer ... Et il est inutile, autant que celui d'essayer de ramper vers la sortie, s'échapper du piège habile dressé par le félin ... Pourtant Valère essaye. N'est ce pas incroyable, une telle envie de vivre ou bien plutôt de ne pas mourir de sa main ... Pas la sienne ... Cruel destin qui les lie toujours aux mauvais moments ... Toujours pour le pire et le pire ... Il n'y a pas de meilleur dans la vie d'Iban Etxegorry.

Ce n'est plus de la volonté qui traîne Valère, c'est l'envie de survivre, de ne pas périr, de fuir la mort qui lui tend les bras ... Il a rencontré bien pire ... Et il le retrouverait ... Que la malédiction prenne effet sur le Lynx !

Mais pour l'heure ses pensées s'enflamment un peu à l'image de la pièce qui ne va pas tarder à devenir un brasier dont il sera combustible, les cris résonnent, mais ils paraissent encore si loin, ou bien perd-il enfin conscience ? Oui c'est ça il perd vie ... Elle l'attire ! La mort est là ...

Mais ? La voilà qui s'éloigne et lui qui se sent tiré vers la lumière de la vie ... Deux bras vigoureux qui l'entraînent hors de la pièce viennent de le sauver ... Blessé, en sang, les yeux mi clos, il le reconnaît. Celui là aussi est lié à lui, le destin est farceur mais de rire il n'est pas l'heure ...

Un rictus de douleur et un murmure pour rassurer l'archange salvateur ...


Tu as été long ...

Un silence s'ensuit, et un rire spontané emplit le couloir où Valère git dans un piètre état. Mais il est conscient, rien n'importe davantage ... Il faut qu'il le capture, et lui seul peut encore l'arrêter ... Ces gardes balourds ne sont bons qu'à constater les dégâts ...

Va maintenant ... Et ... ramène le moi ... vivant.

Il détache la boucle de son ceinturon et lui laisse l'épée ... Décidément l'agonie n'est plus ce qu'elle était ... Mais la haine le motive et guide ses moindres gestes ... Il le verra mis à mort ... Il s'en est fait la promesse ce soir ...
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--Astim


Il n'a pas que l'allure d'un ange, le visage souriant et la simplicité qui sied à sa condition de page, non, Astim est plus que ça. Il est l'archange de la vie de Valère, un ange "supérieur", un ange "gardien" ... Mais l'instinct d'Astim lui joue aisément des tours. Trop méfiant, trop suspicieux le jeune page, pour ne pas faire lever au ciel les yeux de son tout aussi jeune Maître. Combien de fois furent ils sur ce sujet confrontés l'un à l'autre : Le premier, insouciant du danger qui entoure sa vie, le second soucieux de préserver le Vicomte des dangers quotidiens qui le guettent.

Alors certes pour une fois, l'instinct aura été de bon aloi.
Alors certes, Valère en sang, rampant dans une pièce qui prend feu a quelque chose d'effrayant mais le calme et réfléchi Astim a besoin de davantage pour être déstabilisé ...

Traîner le Vicomte à l'abri du brasier naissant. Les gardes auront à cœur de sauver ce qui est à sauver ... Pour l'heure, le Vicomte fait de l'humour et spontanément, Astim rit, de ce rire cristallin qui vous touche au plus profond de vous ... Mais sombre est l'avenir ... Rattraper un coupable dont on ne connait rien a des allures d'épopée chevaleresque, et Astim n'a pas l'âme chevaleresque. Sobriété et efficacité ... Après tout ce n'est qu'un nouveau travail, il l'exécuterait comme les précédents.

L'épée est lourde, il accroche le ceinturon autour de sa taille, pose un regard compatissant sur Valère qui semble délirer depuis qu'il est entré dans un état second dû à ses multiples blessures sans doute ...

Hésitation ... Rester auprès de lui et désobéir ou l'abandonner mais obéir ? Le choix est cornélien. Dépêche toi Astim, le temps court vite, très vite, trop vite, plus vite qu'il n'y parait ... Il faut choisir ou assumer les conséquences d'un non choix qui ne profite qu'au Lynx.

Réfléchis Astim, pèse le pour, le contre, l'idéal de ces deux choix qui présentent tant d'inconvénients apparents ... Valère avait un don pour les plans bancals, c'était indéniable ...

A défaut de trancher Iban, il lui fallait trancher sur la question. Il pose la paume de sa main sur l'épée et se sent empreint de cette assurance trompeuse mais tellement nécessaire que tout sera simple et aisé à réaliser ...

Astim s'agenouille auprès de Valère, le recouvre de sa cape pour le préserver du froid de la mort ... Puis dépose un baiser, signe de l'affection pour son maître,sur le front du jeune homme ...

Dans un soupir, il prononce alors ces mots de sa voix si suave et posée ...


N'ayez crainte mon Maître, je le vaincrai.

Puis à l'instar du Lynx, Astim, d'un pas alerte, sombre dans les couloirs nébuleux du Castel sur les talons du Lynx ...
Ibanetchegorri
Lorsqu'Iban sortit du château, Bordebaste était là qui venait à peine d'arriver en grand fracas avec deux chevaux, poursuivi par une horde de bourgeois et d'ivrognes en colère dont on entendait la clameur se rapprocher.

“Dépêches-toi, fieffé matou” hurla-t-il au Lynx, lâchant la bride de la cavale qu'il avait amené pour son maitre. “Les bonnes gens sont à nos trousses, dans une furie et un débraillement comme jamais on en voit.”

L'assassin s'empressa de monter en selle et tous deux s'en furent avec diligence vers les portes de la ville. Lorsqu'enfin ils furent sortis de la capitale, Iban songea au moyen de se faire oublier pour un temps au moins.

“Mieux vaut nous séparer quelque temps, Bordebaste, car on nous recherchera ensemble. Prend la route de la Gascogne et rejoins-moi au domaine de Vergy-Harlegnan dés que tu le pourras, je connais quelqu'un là-bas qui pourrait peut-être nous venir en aide. Je vais quant à moi prendre dés maintenant la route vers le Nord. Prend garde à toi, marmousset du diable et s'il t'arrivait quelque ennui, avise toi de garder ta langue sur mon compte. Adieu pour lors !”

Et l'ayant instruit de la sorte, il s'en fut au galop vers le Nord tandis que Bordebaste s'en allait vers Dax.

[Fin de l'Acte I ! L'Acte II arrive sous peu...]
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--Astim


Astim avait beau être dévoué à sa mission, le Lynx et son complice lui avaient filer entre les doigts ... Car complice il y avait. On lui avait décrit le vol de deux montures et l'habileté d'un jeune garçon à se défaire de la vigilance d'un homme dont le jugement semblait tout de même altéré par l'alcool qui s'était insinué au sein de ses veines tel le poison détruit l'être humain et l'asservit chaque jour davantage ...

Enfin le témoignage semblait fiable ... Ainsi ils étaient deux, il serait, selon l'homme témoin de la fantastique fuite du jeune gredin, difficile de ne pas reconnaître la tignasse couleur de feu de l'enfant ... Quand au Lynx, il y aurait de quoi le retrouver ...

Revenu sans succès de sa poursuite nocturne, Astim s'était de suite préoccupé de la santé du Vicomte qui se remettait mieux qu'il ne l'aurait espérer des blessures subies bien qu'il continua de garder le lit pour le moment. Il avait recouvré ses esprits et rien ne comptait désormais plus que la capture du félin et de tous ceux ayant participé à de près ou de loin à l'attentat ...

Les informateurs restant pour l'instant muets, Astim avait reçu ordre de ne pas bouger tant il eut fallu un miracle pour retrouver Iban en sondant au hasard la campagne voisine ...

Mais ce matin, après plusieurs jours où l'attente commençait à insupporter le pourtant si imperturbable page, Valère le fit mander ... Il se présenta juste avant le déjeuner en la chambre du Vicomte où il se reposait et échafaudait milles et uns projets pour se venger de l'affront subi.

Ce jour, il choisit précisément chacun de ses mots pour adresser à Astim son message ...


Astim ... Ce soir où ... Ce soir où "il" a frappé et a tenté de me tuer, je t'ai confié une mission, celui de le retrouver, armé de mon épée, que tu sois mon bras vengeur, que tu sois dans la possibilité de lui trancher la gorge et de le voir te supplier ...

Sache que tu n'as pas échoué, sache que ta mission n'a pas pris fin parce que j'ai survécu, parce qu'il a pu fuir lâchement ... A partir d'aujourd'hui, tu n'auras plus de cesse de le traquer jusqu'à ce qu'il se tienne tout en face de toi, comme tu l'es là en face de moi, et que tu le soumettes à ta volonté ... à notre volonté ...

Trouve le Astim, honore ta parole et détruis le ... Détruis le à jamais pour moi !


Un silence pesant prend place puis après avoir respiré lentement et péniblement, le Vicomte reprit de sa voix restée assurée et rassurante.

Je te confie cette lettre, tu la liras une fois parti sur les chemins. Va maintenant, pars vers la Gascogne, on dit qu'un jeune homme aux cheveux roux y est le plus habile détrousseur de bourgeois qu'on connaisse au Nord des Pyrénées ... Il n'y a pas une minute à perdre, le Lynx ne s'attarde jamais trop longtemps près des lieux se ses méfaits ...

Astim saisit alors le parchemin ficelé et scellé par Valère et répondit à son jeune maître ...

J'irai et je ne le manquerai pas une seconde fois mon Maître. je vous l'ai promis ce soir là, je ne faillirai pas ...

Valère émit un soupir, pas dû à ses blessures cette fois, non, dû au danger qu'il savait faire courir à son jeune Page ...

Va alors et que Salamandra soit son bourreau ...

Salamandra, c'était l'épée de Valère. Astim en saisit le pommeau, la sortit de son fourreau et la contempla à la lumière du jour ... La lame était fine et bien équilibrée, une épée d'exception forgée par un des meilleurs artisans forgerons qu'il eut été connu d'exister ... Puis docilement, répondant à un geste de Valère, il la rangea et après une courte révérence disposa ...

La Gascogne l'attendait et peut être là bas la fin de la traque ...

Tel un animal piégé par ceux qui furent sa proie, Iban devrait tôt ou tard baisser les armes et s'avouer vaincu.

Astim passa les portes de la ville à l'heure où un soleil blanc et froid, dénué de toute chaleur en ces temps hivernaux, atteignait son zénith ...

Porté par le Zéphyr, identique à la divination ailée que les grecs en faisaient, Astim s'envole à toute allure vers son destin ... Que lui réserve l'avenir ? Un combat à mort ? Ou un échec humiliant ? Mais non, il n'a pas le droit d'échouer, il n'a le droit de rien si ce n'est de tenir parole. Désormais c'est à la vie à la mort quoiqu'il advienne ...

Le sait-il à l'heure où il chevauche au grand galop vers une destination inconnue même de lui ? Il doit bien en avoir une petite idée au fond de lui ...
Varden
Le regard noir, le corps bandé, soutenu d'une canne, Valère contemple une matinée Béarnaise blanchie par les neiges de la nuit ...

Debout devant la fenêtre de sa chambre, vagabondes idées, furtives pensées ... Tout son esprit tourné vers Dax la Gasconne, vers un seul homme ... Astim ... Et cette horrible sensation de l'avoir envoyé vers le rejeton du diable.

Valère va mieux, mais il s'en était fallu de peu pour que son avenir parte en fumée avec les documents qui avaient brulés dans le brasier d'Etxegorry. Cette volonté de vengeance, de colère froide qui l'animait depuis lors ne cessait de le hanter ... Se refuser à prier les pires malheurs pour un homme, mais qu'avait encore d'humain ce Lynx Carmin ... Aussi pourpre que le sang qu'il faisait couler sur son passage ... Mais il en serait autrement désormais, le vent d'ouest apportait le renouveau d'Arezac, le vent d'ouest soufflait le pire à venir dans l'avenir du félin.

C'était quitte ou double ... Un pari osé que de chasser le prédateur sur ses propres terres, chemins de traverse, quartiers nauséabonds, tripots et bordels de basses fosses ...

Comment le si poli et fidèle Astim se sortirait des milles traquenards qui se dresseraient face à lui ? Lui qui était si seul, alors que le Lynx profiterait allègrement de l'alléchante relative fortune qu'offrait la mort discrète d'un jeune serviteur, bien propre sur lui, à tous les gredins et misérables qui peuplaient les cours dénuées de miracles des grandes villes du Sud ...

Astim avait des ressources, il était de confiance mais le doute s'insinue, accroche l'esprit du Vicomte, se fait sangsue et tourne toutes ses réflexions vers une seule et unique chose, sa survie ...

Alors certes, jusqu'alors, le page s'était révélé débrouillards et mystérieux sur les origines de ses talents, et il était grand temps de juger du pourquoi de son service ... Bien plus qu'un page à vrai dire mais polyvalence est mère de toute sûreté en ces jours troublés ...

Ainsi Arezac contemple là, de loin et impuissant, l'œuvre de son orgueil et de son esprit de vengeance qui ont pris le pas sur toute raison ... A-t-il fait le bon choix ? A-t-il eu tout simplement le choix ? Pouvait il laisser encore une fois impunément le crime et son artisan frapper sa maison, le frapper lui même ?

La réponse, au soir de l'attaque, avait paru si évidente ... La mort, aussi douloureuse que l'entendement pouvait le laisser espérer, et rien d'autre, la mort par sa main ou celle d'Astim, dénuée de tremblement, l'acte calme et réfléchi.

Mais l'évidence d'un soir manquait ... d'élégance ... A voir ... ou ... Avoir ... le Lynx en face de lui dans un duel d'éloquence à la barre d'un Tribunal sans dés pipés, sans jeu truqué par un tour d'illusion comme le Lynx en avait le don et la manière ...

Illumination ... A ce jeu là encore, Valère avait de quoi convaincre le rouge de rentrer ses griffes et de se laisser porter par sa chance insolente ...

"Elle" ne manquait pas de poids dans leur vie, elle serait l'arbitre de ce dénouement attendu ... Il ne manquait plus que la réussite d'Astim, mais il ne fallait plus douter ... N'était il pas cet archange arrivé une nuit d'été pour ne plus jamais repartir ?

La période était propice aux miracles, la chute du félin en serait un évidemment ...

Ingérable, incontrôlable, inénarrable les multiples facettes d'Iban ... Mais le jugement dernier serait inéluctable, que celui qui s'y soustrait apprenne à en payer le prix ... Le prix du crime ... Mais à qui profite ce crime ? Valère réprima un sourire à l'idée du nom des commanditaires possibles. Décidément l'échec se devait d'être une philosophie ...

Détachant son regard de la campagne Mauléonaise, Valère fit quelques pas jusqu'à son secrétaire, y ouvrit un tiroir et en retira une dague finement ciselée qui brilla lorsqu'il l'éleva au dessus de lui pour la contempler. Puis, dans un geste, il la glissa dans son fourreau et l'attacha à sa ceinture ... Le danger n'était pas que félin, l'ignorer et se focaliser sur le basque serait une erreur qu'il ne commettrait pas.

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--Bordebaste
[En Gascogne, quelques jours plus tard]

Une vapeur lourde de sueur et d'odeurs d'alcool et de cuisine imprégnait la taverne bondée. Des carreaux encrassés ne parvenaient nulle lumière. Le soir venait de tomber comme il le fait si vite par les journée d'hiver. L'humeur à l'Auberge des Deux Portes était aux rires et à la fête. Éclats de voix et bourdonnement des discussions emplissaient la salle étouffante et remplie de clients et de servantes qui allaient et venaient sans cesse des cuisines, dont émanaient les effluves salées des belles pièces de porc qui rôtissaient dans le sein brûlant de vastes cheminées. Ici, un borgne et un gaillard débraillé discutaient avec véhémence de la conduite des affaires du Béarn, là, un groupe de jeunes coqs, excités par l'alcool, aiguisés par le jeu, se livraient à une partie serrée de dés, là-bas encore, des gredins en rut lutinaient les soubrettes qui, si elles n'avaient été rongées par leur vile existence aurait sans doute été jolies. L'on pouvait voir ici un vaste éventail de toute la canaille de Dax : jeunes loups émaciés et fourbes venant oublier les heurs de leur quotidien misérable dans les bras d'une fille de rien, vieillards cherchant à combler leur solitude et leur impuissance par du mauvais alcool, jeunes et vieilles puterelles ayant fui la loi cruelle du bordeau pour venir ici faire commerce, démunis, estropiés, laissez-pour-compte formaient la faune singulière et hétéroclite qui, dés le coucher du soleil, venait profiter du répit nocturne pour s'évader en des débauches de volupté ou de boisson. Tout en ce temple de l'oubli n'était que dénuement tant physique que moral.

Mais l'attraction centrale de cette cour des miracles était ce jeune garçon qui, campé effrontément sur une table et drapé d'une cape à la manière d'un moine, parodiait une grand'messe en psalmodiant un simili-latin obscène :


“In Nomine Pina et Femina et Espatu sancte, Amen” déclamait-il en accompagnant ses irrévérencieuses litanies de gestes tout aussi peu courtois.

Et son public de rire à gorges déployées. Seule l'imposante tavernière accoudée derrière son comptoir regardait d'un œil mauvais ce spectacle qui était à vrai dire fort peu à son goût. Bien qu'elle ne soit guère une sainte elle-même, et n'allant guère à l'office dominical, elle n'en éprouvait pas moins une certaine crainte envers les mystères de la religion et se gardait bien de blasphémer.

“Descend de suite de cette table, garcelet du Sans-Nom, ou je viens te couper les coillons tout rasibus du cul !” hurla t-elle alors que le gamin se préparait, à la demande insistante de ses spectateurs, à célébrer le Requiem des morpions.
“Encore faudrait il que tes mains envinassées puissent tenir un coutel, la mère !” répondit Bordebaste en tournant son regard espiègle vers la maîtresse des lieux dont le visage était devenu pourpre de colère.
L'assistance s'esclaffa. Mais l'hilarité générale ne fut que de courte durée, car bientôt la porte s'ouvrit et laissa entrevoir au dehors l'uniforme de maréchaux.
--Astim


[A Dax, ne vous en déplaise ...]

Astim avait rencontré l'exotisme Gascon assez rapidement ... Et en vérité, cela ressemblait au Béarn. Les mêmes quartiers abandonnés à la misère et à ceux qui les peuplent ...

Faire leur description n'aurait d'importance que de celles dont ils jouissent ... Soit aucune ! En ces lieux putrides, ils sont comme une épine dans le sein de la ville prospère de Dax, comme des erreurs que l'on chercherait à oublier en les ignorant ...

Astim s'aventurait donc au milieu de l'épine Gasconne d'un pas assuré et alerte ... Seul ? Non point, car nul n'ignorait qu'en ces lieux, la commune mesure n'avait de place que pour le partage des biens dérobés sur les jeunes bourgeois fraîchement occis alors qu'ils osaient, enfin, s'avancer le cœur vaillant des ces rues où la durée de vie dépassait rarement le temps de devenir riche.

Deux maréchaux l'accompagnaient donc, assez rustres et illettrés pour ignorer qu'en ces ruelles nauséabondes, une lame n'avait d'intérêt que sortie de son fourreau et habilement maniée ...

Et devant l'auberge des Deux Portes donc de toujours prendre leur air sérieux de représentants de la Loi, puis d'entrer ... Les premiers ...

Avez vous déjà vu quel effet pouvait faire l'entrée de deux maréchaux en une auberge peuplée d'infâmes gredins et autres pouilleux de la pire espèce tous sous le coup d'un procès non lancé pour de quelconques crimes de bas étages ?

Cela crée la stupeur d'une part, puis l'alcool aidant, les représentants de la Loi Municipale et Ducale finissent souvent en cibles malgré elles, rossées et renvoyées à leurs leçons de police ...

Ceci dit, Astim n'était pas du genre à se laisser aller à songer aux états d'âmes des uns et des autres se souvenant de leurs crimes ou de leurs enquêtes en cours et s'en alla au but ... But assez fortement visible, puisqu'il dominait tel un souverain la taverne de sa petite taille et de sa chevelure rousse.

Alors que les deux maréchaux semblaient enfin prendre conscience que si l'habit ne fait pas le moine, il en est quelques uns qu'on ne montre pas en certains lieux, il leur glissa ...


Sur la table, le rouquin ! Il est à moi !

Trop heureux ... Trop peureux ... De le laisser prendre en main les choses qui semblaient mal s'annoncer, ils reculèrent pour voir si dehors l'air n'était pas plus frais qu'à l'intérieur où l'atmosphère s'était alourdie ...

Astim, lui, passa outre les menaces qu'incarnaient les miséreux attablés en la taverne et se dirigea vers Bordebaste ... Saisissant son épée, il se rua sur lui, mais le gamin était agile et prompt à la fuite ... Aidé par l'assistance hostile à cette sorte de page armé et accompagné par la maréchaussée qui tentait de lui donner forts coups au passage, l'enfant eut pu fuir si l'auberge eut bien porter son nom mais de deux portes il n'y avait point et pour seule issue, la vieille tenancière qui s'elle n'aimait guère la maréchaussée, n'appréciait que peu l'enfant insolent qui tournait en ridicule ses pires croyances ...

Piégé Bordebaste ? Rien n'était moins sûr, entre un Astim qui le rejoignait au centre de la taverne, et une assistance acquise à sa cause, tant qu'elle n'était pas perdue, l'affrontement de ces deux gamins tous deux dévoués à leur propre cause promettait d'être épique ... Du bout de son épée, Astim le menaça directement ...


Rends toi misérable ou ta tête roulera sous peu sous une de ces tables ! Il n'y a pas d'heures pour voir mourir les héros, souhaites tu tant que ça entrer dans la légende de ceux qui sont morts pour rien ?

Rends toi et ta vie sera sauve, je te le promets !


Astim n'était pas venu pour tuer, mais il était sans doute trop tard pour regretter des paroles aussi importantes ... Et après tout, il était le complice de cet attentat, il méritait pareil sort ...
--Bordebaste


L'escapade s'arrêterait là, Bordebaste en était conscient. Même nombreux, ses compères de brigands ne tenteraient point de s'attirer des ennuis avec la maréchaussée, la plupart ayant déja goûté aux joies terribles des cachots et des interrogatoires peu amènes. S'il fallait donc se rendre, il s'agissait de faire honneur à sa réputation et de se rendre tête haute. Toujours juché sur sa table, le gamin dévisagea le page, un sourire goguenard au coin des lèvres.


"Foutre du Sans-Nom, la maréchaussée ! Qui refuserait une invitation si aimable au château de Pau ? Mais avant que de vous suivre, mon brave, permettez que je vous salue bien bas..."

Et il tourna le dos au page et descendit ses braies pour mieux se courber en révérence et honorer, arrière-train à l'air, l'arrivée de la gente qui venait là pour se saisir de lui et qu'il méprisait fort. On se gaussa grassement à travers la taverne. Puis remontant sa culotte de toile grossière et sautant de la table au sol, il se tourna vers le page, l'air plus insolent que jamais.


"Je suis votre obligé mon bon Messire, menez moi donc au château. Et dites à vos fot-en-cul de gardes d'arrêter de peurpisser au dehors, qu'ils viennent donc boire avec nos joyeux drilles."
Varden
Le temps était passé, s'était écoulé ... Bordebaste était son prisonnier ... Iban en était informé, c'était une certitude ... Qu'attendait il ? Sacrifierait il l'enfant à la Justice de Valère ?

Astim avait fait son travail et il avait ramené le jeune insolent qui avait débarqué empli de son impétuosité ... La marque du Lynx se lisait en Bordebaste et c'était un affront qu'il représentait pour le jeune Vicomte ...

Il n'en tirait rien depuis des jours et le gamin était malin, sans doute comptait il sur sa chance pour se tirer de la demeure d'Arezac à la moindre opportunité.

Valère faisait les cent pas, une chose était sûre, Iban connaissait Mauléon et saurait le trouver. Que ferait il alors ? Le rouge était excellent bretteur ... Et l'issue d'un combat seul, ou à deux même avec Astim, restait incertain ...

Une idée ... Un parchemin, une plume, l'habituel outillage d'Arezac, refermerait le piège sur le Lynx. Cette fois encore il tenterait de le défaire, cette fois, il ne lui échapperait plus ...

Son ouvrage terminé, il fit fondre un peu de cire sur le parchemin et de sa bague apposa son scel. Il fit ensuite mander son jeune serviteur et lui indiqua sans un mot d'aller transmettre la lettre à qui de droit. Astim disparut sans un bruit ...

Il se rendait droit chez l'ami du Vicomte, Faster du Clos du Chesne où il put déposer missive portant l'écriture de Valère ...


Citation:
A toi mon ami, Faster du Clos du Chesne,

Si je prends la plume pour t'écrire ce jour, c'est que l'heure est grave. Tu as connu, autant que moi, Iban Etxegorry, discret argonaute, fin orateur et machiavélique Lynx ...

Il rôde aujourd'hui en Béarn, et a tenté il y a quelques semaines déjà, d'attenter à ma vie, sans succès bien heureusement. Je suis, par le biais de ma propre maison, parvenu à retrouver la trace de son jeune complice que je garde captif dans le but d'appâter le félin en ma demeure et le châtier comme il se doit !

Mais il est habile tant à l'épée qu'à mains nues, et j'aimerai solliciter ton aide pour assurer sa capture, vif de préférence.

Rends moi prompte réponse, j'attends sa venue chaque jour, chaque instant ...

Ton ami,





Les certitudes étaient vaines en ces jours sombres mais l'espoir brillait en les yeux du Vicomte. D'un geste las, il rangea sa plume, et se dirigea vers la pièce où était gardé prisonnier Bordebaste, captif bien soigné ceci étant ... Il mangeait, c'était plus que beaucoup en demandait ... Valère resta, comme à son habitude, dans l'embrasure de la porte ...

Bien le bonjour Seigneur des Basses Fosses !

Une bien belle journée se lève encore et nulle sentinelle n'annonce de félin dans les environs ...

Quel malheur d'abandonner ainsi un enfant si princier au triste sort que lui réserve un Vicomte en quête de vengeance ...


Un sourire narquois, un silence ... Un instant, partager le regard du gamin. Non il n'avait pas l'ignorance des fils de paysans voués à labourer la terre toute leur vie.

Mais tu le sais toi n'est ce pas ? Qu'il passera toutes les sentinelles sans se faire voir, qu'il viendra à moi ... Non, à nous ...

Et alors quel sera ton sort gamin ? Te réservera-t-il ses griffes pour te faire payer d'avoir été moins malin que moi ? Sera-t-il plus cruel que moi ? T'épargnera-t-il seulement ?

Le Lynx n'a plus de cœur, on dit qu'il se l'est arraché ...


Le regard de Valère était dénué de sympathie, privé de la chaleur qui parfois se lisait en lui. S'il le fallait, Bordebaste serait laissé pour compte et peut être tué ... A l'évidence, le jeu de chasse prenait des allures morbides ... Soucieux, Valère referma la porte après avoir déposé le repas sommaire du garçon.

Nul ne pouvait l'ignorer, Iban avait plus de vies que lui ... L'art d'être félin et criminel ...

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Faster83


[Un peu avant que le serviteur n'arrive chez Faster]

Cela aurait put être un lendemain de retour de mission comme les autres.
Comme d’habitude, cela aurait dut être, joie des retrouvailles, moments privilégiés en famille, beuveries en taverne. Malheureusement, une mauvaise nouvelle avait été annoncée.
Faster n’était pas rentré chez lui avant le petit matin. Le soldat, fier comme toujours, ne voulait pas montrer ses pleurs à sa famille. Il avait marché un peu, avant de se rendre aux écuries de la garnison pour y seller un cheval. Il s’était promenais une bonne partie de la nuit, se perdant dans ses pensées, lâchant souvent des larmes. A l’aube, il décida de rentrer chez lui. L’homme déambule dans les ruelles. Il passe devant le marché. Les étales commencent à peine à se remplir. De part et d’autre, les paysans, artisans et marchands en tout genre s’activent pour tout mettre en place avant l’arrivée des badauds.
Un étalage de Tisserant attire l’œil du lieutenant. Faster s’en approche, tâte les vêtements de couleurs noires. Le tissu à l’air résistant, le cuir confortable. Il détache sa bourse qui est accrochée à sa ceinture, et donne au marchand les écus demandé, sans même à chercher à en discuter le prix. Les affaires sous le bras, il prend le chemin de sa demeure. Une fine lumière s’échappe au travers de la fenêtre de chez lui.
Doucement, il tourne la poignée de la porte et ouvre. Mikiss est la, assise sur un fauteuil. Elle a les yeux rougit par la fatigue. Quand elle aperçoit Faster, elle se jette sur lui, pour se pendre à son cou.Elle le garde un bref instant contre elle, avant de le regarder durement. D’un coup elle lui assène une gifle en lui disant…


Roooooooo, espèce de sale gosse. Je vais t’apprendre moi à ……


Puis elle se met à pleurer et à embrasser son homme comme si il revenait d’entre les morts.
Faster l’enlace, prêt à de nouveau lâcher des larmes, mais rien ne sort.
Le silence règne dans la maison. Seuls les reniflements de Mikiss et de Faster troublent cette semblant tranquillité. Soudain quelqu’un frappe à la porte.
Le lieutenant regarde son épouse, se demandant qui peut bien venir chez lui à une heure aussi matinale


je précise que j'ai fais agir Mikiss, en concertation avec la joueuse

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