Sancte
[Aux sombreros de ta mère ...]
Et voilà. Alors ça. Ça mon petit père, il le voyait s'le profiter mahousse sur la ligne d'horizon. C'est toujours le problème quand on traite avec des compagnies qui n'ont pas le courage d'avoir pris fait et cause pour une hiérarchie et qui préfèrent vous taper la logorrhée faisandée de la sacro-sainte liberté et de la fraternisation naïve et dégoulinante de bons sentiments à la sauce "On n'obéit à rien on fay keskon veut, youhou". Allez dégager une ligne idéaliste claire de leur côté quand le ciment des effectifs ne reposait que sur de bons élans de confiance et de sympathie.
Autant dire que côté pavillon de Guyenne, ça bouillonnait méchamment en dedans. C'était déjà assez compliqué de se mettre d'accord à quatre. Mais possible. Seulement il fallait aussi compter sur la présence des sous-fifres. Voilà qui rendait déjà la tisane plus corsée. Mais quand en plus les rangs des dits sous-fifres sont majoritairement composés de chiards et de gonzesses semblant sortir tout droit de chez leur visagiste, il se demandait bien s'il n'allait pas plutôt sortir ses plaquettes de Bingo et jouer une cuisine Mobalpa avec les michetons d'la Mariette.
L'Amiral était un gros rustre embourgeoisé par l'âge, qui avait appris les bonnes manières. Mais il n'avait jamais été un parfait idiot et voyait bien dans ce regroupement de forces inopinées et hétéroclites la volonté de chaque camp d'imprimer l'ampleur de sa force sur les débats. Qu'importe, cette partie, il la jouerait seul contre tous. Il a l'habitude faut dire. Et c'est sans doute ce qui le pousse à s'imposer comme meneur indiscutable parmi les siens. Cela dit, la discussion suivit son cours, et Eikorc sans doute piqué par ses quelques bons mots voilés en reproches patinés à son endroit, se mit à aboyer et se décida, bon gré mal gré, à jalonner le terrain pour le marquer de sa patte indélébile. Sancte Iohannes n'était pas dupe. Le colosse ne se laisserait pas submerger par une faconde quelconque de la part d'un jeune loup. Alors l'Amiral se plia sans fausse note à ses bonnes volontés dictées par un égo criard. Lorsque le colosse planta son regard dans le sien, le Guyennois détourna ses pupilles avec finesse et une certaine humilité, avant d'écouter la suite amorçant sur l'heure un intérêt à l'étonnement affecté, ce que le Cerbère bouffé par la vanité ne manquera sans doute pas de prendre pour de la considération.
Tes paroles ont au moins le mérite de clarifier les choses, Eikorc.
Il n'en pensait pas un traître mot. Mais tenant à sa vie, il conserva son air hiératique de statue pour réfréner impitoyablement les remous moqueurs qui lui secouaient le diaphragme. Il préféra donc enchaîner immédiatement pour ne pas risquer l'incident diplomatique. Le colosse pouvait en dire ce qu'il voulait, le bras armé des mercenaires n'étaient que le prolongement de la Politique, et d'ailleurs, dans la vie, il s'était rendu à la conclusion amère que tout, absolument tout ce qui émanait des hommes et de leurs intentions, était politique.
Cela dit, la question n'est pas de savoir si nous pouvons nous battre ensemble, côte à côte. Il me semble que nous savons tous très bien, ici-lieu, qu'en tant que braves gentilshommes de fortune, nous aurions l'occasion de nous battre aux côtés du propre assassin de notre mère sur le champ de bataille, que nous ne dirions pas non, à compter que les circonstances l'exigent et que cela serve ... Il s'interrompt, comme s'il allait lâcher un mot dégueulasse particulièrement difficile à entendre pour son public. ... notre "cause".
Léger sourire vorace de la part de l'huguenot, qui s'estompe rapidement pour se déporter sur Suleyman, qui se révéla être de meilleure compagnie que ses envolées lyriques un peu efféminées ne l'auraient laissé présager.
Les causes.
Le Maure a lâché le bon mot.
Quelles sont les vôtres ?
L'or ?
Regard rogue vers Eikorc.
Les femmes ?
Regard oblique vers Namay, où perçait une lueur sournoise qu'il peinait à écraser sous le sérieux du propos.
L'aventure ?
Regard torve sur le Maure.
Et tant qu'à faire, revenant à tous, si vous pouviez m'éclairer sur vos considérations spirituelles ... Que je sache si je traite avec de simples mécréants ou d'infâmes papistes.
Simple cas de conscience.
Ne vous inquiétez pas.
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"Entrer en Guyenne, c'est sortir de la civilisation."
Amiral Sancte Iohannes
Et voilà. Alors ça. Ça mon petit père, il le voyait s'le profiter mahousse sur la ligne d'horizon. C'est toujours le problème quand on traite avec des compagnies qui n'ont pas le courage d'avoir pris fait et cause pour une hiérarchie et qui préfèrent vous taper la logorrhée faisandée de la sacro-sainte liberté et de la fraternisation naïve et dégoulinante de bons sentiments à la sauce "On n'obéit à rien on fay keskon veut, youhou". Allez dégager une ligne idéaliste claire de leur côté quand le ciment des effectifs ne reposait que sur de bons élans de confiance et de sympathie.
Autant dire que côté pavillon de Guyenne, ça bouillonnait méchamment en dedans. C'était déjà assez compliqué de se mettre d'accord à quatre. Mais possible. Seulement il fallait aussi compter sur la présence des sous-fifres. Voilà qui rendait déjà la tisane plus corsée. Mais quand en plus les rangs des dits sous-fifres sont majoritairement composés de chiards et de gonzesses semblant sortir tout droit de chez leur visagiste, il se demandait bien s'il n'allait pas plutôt sortir ses plaquettes de Bingo et jouer une cuisine Mobalpa avec les michetons d'la Mariette.
L'Amiral était un gros rustre embourgeoisé par l'âge, qui avait appris les bonnes manières. Mais il n'avait jamais été un parfait idiot et voyait bien dans ce regroupement de forces inopinées et hétéroclites la volonté de chaque camp d'imprimer l'ampleur de sa force sur les débats. Qu'importe, cette partie, il la jouerait seul contre tous. Il a l'habitude faut dire. Et c'est sans doute ce qui le pousse à s'imposer comme meneur indiscutable parmi les siens. Cela dit, la discussion suivit son cours, et Eikorc sans doute piqué par ses quelques bons mots voilés en reproches patinés à son endroit, se mit à aboyer et se décida, bon gré mal gré, à jalonner le terrain pour le marquer de sa patte indélébile. Sancte Iohannes n'était pas dupe. Le colosse ne se laisserait pas submerger par une faconde quelconque de la part d'un jeune loup. Alors l'Amiral se plia sans fausse note à ses bonnes volontés dictées par un égo criard. Lorsque le colosse planta son regard dans le sien, le Guyennois détourna ses pupilles avec finesse et une certaine humilité, avant d'écouter la suite amorçant sur l'heure un intérêt à l'étonnement affecté, ce que le Cerbère bouffé par la vanité ne manquera sans doute pas de prendre pour de la considération.
Tes paroles ont au moins le mérite de clarifier les choses, Eikorc.
Il n'en pensait pas un traître mot. Mais tenant à sa vie, il conserva son air hiératique de statue pour réfréner impitoyablement les remous moqueurs qui lui secouaient le diaphragme. Il préféra donc enchaîner immédiatement pour ne pas risquer l'incident diplomatique. Le colosse pouvait en dire ce qu'il voulait, le bras armé des mercenaires n'étaient que le prolongement de la Politique, et d'ailleurs, dans la vie, il s'était rendu à la conclusion amère que tout, absolument tout ce qui émanait des hommes et de leurs intentions, était politique.
Cela dit, la question n'est pas de savoir si nous pouvons nous battre ensemble, côte à côte. Il me semble que nous savons tous très bien, ici-lieu, qu'en tant que braves gentilshommes de fortune, nous aurions l'occasion de nous battre aux côtés du propre assassin de notre mère sur le champ de bataille, que nous ne dirions pas non, à compter que les circonstances l'exigent et que cela serve ... Il s'interrompt, comme s'il allait lâcher un mot dégueulasse particulièrement difficile à entendre pour son public. ... notre "cause".
Léger sourire vorace de la part de l'huguenot, qui s'estompe rapidement pour se déporter sur Suleyman, qui se révéla être de meilleure compagnie que ses envolées lyriques un peu efféminées ne l'auraient laissé présager.
Les causes.
Le Maure a lâché le bon mot.
Quelles sont les vôtres ?
L'or ?
Regard rogue vers Eikorc.
Les femmes ?
Regard oblique vers Namay, où perçait une lueur sournoise qu'il peinait à écraser sous le sérieux du propos.
L'aventure ?
Regard torve sur le Maure.
Et tant qu'à faire, revenant à tous, si vous pouviez m'éclairer sur vos considérations spirituelles ... Que je sache si je traite avec de simples mécréants ou d'infâmes papistes.
Simple cas de conscience.
Ne vous inquiétez pas.
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"Entrer en Guyenne, c'est sortir de la civilisation."
Amiral Sancte Iohannes