Melar
Un court instant - deux heures, à peine - se sera écoulé entre le moment où Melar la revit et celui où il se rendit à la lice pour demander au maître liceur de planifier un combat.
- Votre adversaire, messire ... ?
- Je suis Melar, et je défie Donà Lisbelle.
Voilà, c'est fait. Un sourire éclaira le visage du jeune homme en regardant l'homme écrire l'acte de combat. Cela faisait bien longtemps qu'il avait envie de tâter du fer avec cette jeune donzelle qui ne cessait de lui faire du zèle à tour de bras. Bien sûr, il savait que la violence ne résoudrait rien, aussi essayerait-il d'être doux le plus possible. Le duel qu'il venait de lui lancer était purement amical et il n'y aurait ni de sang de coulé ni de bras cassé. Seulement quelques bleus épars, sans doute.
Mel revenait de l'espace sablonneux, l'air rêveur. Il songeait à toutes ces après-midi, d'automne comme aujourd'hui où le crachin lynchait des gouttelettes par milliers, passée aux côtés de Lisbelle à rire, à pleurer, à chanter et à rire. Ses pas le menèrent en tripot, là où il avait revu la jeune fille... déjà femme. A sa vue, son coeur avait encore battu à tout rompre. Comme il aimerait lui tordre le cou à cet organe impétueux et fougueux. Mais qu'il aimait cette sensation... malgré tout. Malgré tout ce qu'il avait enduré, ce masochiste en redemandait.
Ce duel à la lice était l'opportunité de vengeance qu'avait inconsciemment rechercher Mélou.
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Melar
La nuit passée ne l'avait pas requinqué, au contraire. Il avait fait des cauchemars dont il ne se souvenait pas la teneur, à part le fait qu'une certaine blondinette et lui étaient sur un terre-plein en hauteur, ceint de 4 cordelettes. Le dénouement de leur combat épique n'aura pas fait partie de ses songes, il se sera éveillé avant. En nage.
Lorsque Soleil pointa timidement son museau à travers ses volets clos, Melar sauta sur ses pieds et s'habilla aussi rapidement que faire se peut. Il avait faim, et souhaitait rendre visite à Mestre Rhône pour se laver de toute sa crasse et se rendre présentable devant sa blonde. Mais avant, manger.
Il prit une ruelle au pif, autant en profiter pour visiter cette ville qui l'accueillait si souvent et qu'il ne connaissait pas, pour donner de l'exercice à ses gambettes qui se rouillaient. Malheureusement, ses pas le menèrent trop rapidement au marché où il avait l'intention de se payer un casse-croûte et soulager son estomac qui criait famine. Faut dire qu'il n'avait rien avalé depuis l'arrivée de Lisette à Lyon. Il n'avait pas sa tête à ça.
Alors qu'il était devant un stand de frouezh et bavait devant une poire et une banane, il entendit crier derrière lui. Rectification faite : on lui criait dessus. Il sursauta et reconnut sa blonde. Il plaqua un sourire sur son visage et tâcha de cacher son embarras qui s'en venait croissant.
Et voilà, le face à face tant redouté... pensa t-il.
Il croqua dans la poire qu'il venait d'acheter avant de lui répondre. Ainsi trouverait-il le temps de trouver ses mots.
- Tu es devenu fou?! Pourquoi ce duel?!
Il resta la regarder un bon moment, n'ayant pas encore trouvé quoi lui répondre. Ses raisons de la veille n'étaient plus si évidentes à ses yeux.
- Hé bin, je... Il déglutit, et retrouva une certaine décontraction. Ce ne sera pas un combat en bonne et due forme, j'ai l'intention de te laisser une chance. Quant à la raison du duel... je me sentais rouiller, j'avais envie d'un peu d'exercice. Tu m'en veux pas, hein ?
Il lui fit son plus beau sourire, en espérant que sa raison (ô combien risible) passerait comme une lettre à la poste. Faisant mine de s'en ficher de sa réponse, il se tourna vers Croktou et sortit un pot de miel... un peu déjà beaucoup vide... qu'il tendit au toutou en souriant. Celui-ci, évidemment se jeta dessus et il ne resta bientôt plus grand chose du miel. Le bocal était maintenant étincelant.
Mel leva le regard vers Lisbelle, et d'un murmure lui demanda, tout en montrant d'un signe du menton l'étal de fruits et de légumes.
...Et toi, tu veux quelque chose Lisette ?
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Maximien
Maximien était présent dans les tribune de la lice, il observait le combat...
Il se demanda si le Sieur Zorin n'avait pas payer l'arbitre pour évité que Dame Lisbelle ne se fasse mal en voyant le cou qu'elle porta à son ami...
Il regarda quand même la fin et applaudit la vainqueur
Melar
Le défi lancé, il n'aurait pas cru sans le voir qu'elle serait si déterminée à se battre. Ou plutôt à essayer de lutter pour qu'il ne la bleuisse pas trop. Son excuse pathétique n'aura pas vraiment été crédibilisé et c'est d'un oeil sceptique qu'elle repartit aussi vite qu'elle n'est venue, laissant Melar sur sa fin.
Le lendemain, les yeux encore plus engourdis de sommeil que la veille, il rejoignit Lisbelle dans l'arène. Lorsqu'il la vit accoutrée ainsi, de loin, il ne put s'empêcher de sourire.
Bonjour mignonne ! Je vois que tu t'es mise en tenue de combat...
Lui-même n'avait quasiment rien changé dans sa tenue, si ce n'est qu'il s'était mis un foulard autour du crâne pour tenir ses quelques mèches rebelles.
Il sourit et allait faire quelques pas de plus vers elle pour la rassurer encore davantage quand il entendit une voix caverneuse :
- A voooos maaaarques !
L'arbitre était semble t-il déjà arrivé... Le bougre était trop rapide et demandait déjà à Melar et à Lisbelle de se mettre en joue, le jeune homme lança un regard désolé vers la blondinette.
Le combat allait maintenant débuter d'un instant à l'autre et Melar aurait aimé rire un peu avec Lisbelle pour dérider l'atmosphère. Il sentait bien que la jeune fille ne prenait pas ce défi à la rigolade, mais sérieusement. Il aurait aimé la rassurer, et même se rassurer en se disant qu'il était totalement anodin et n'aurait aucune conséquence. Mais lançait-on un combat comme celui-ci tous les jours ? Mel était donc définitivement détraqué et il était maintenant publiquement connu qu'il avait un pet au casque. Se vengeait-on d'un amour par la violence, même amicale ?
Combattez !
Il força un peu son visage à prendre un air décontracté et à sourire, lorsqu'il s'avança vers Lisbelle, les bras tendus. Il ne savait pas exactement comment faire sans épée. Il n'avait combattu au pugilat que dans les rues de Narbonne il y a des années de ça... mais jamais contre une fille, ni sans vouloir lui faire de mal.
Il rabaissa ses bras comme un pantin dégingandé, et resta la regarder, sans savoir s'y prendre... et ne vit pas ce premier coup l'atteindre au visage.
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