Gorborenne
[Une nuit de fin d'été comme tant d'autres,.... enfin, pas tout à fait....]
Sur les Terres d'Arquian règne le calme nocturne. La voûte étoilée étend son manteau d'un horizon à l'autre, se drapant ça et la de voiles cotonneux, annonçant la venue des pluies d'automne dans les prochaines semaines. Le vent fait frisonner les cimes de futaies s'étendant au pied des collines, arpentant les vallons de leurs colliers d'émeraude.
Castel Arquian, à demi-dissimulé entre les arbres, surplombant la chênaie à l'Est, les vignobles au Sud-Ouest, dressant son enceinte comme un bouclier isolant du monde. Le long de la muraille, le logis des Dragons, fiers combattants au service du Baron. Dans les alcôves du dortoir, le sommeil règne en maître à cette heure tardive de la nuit. Hommes et femmes profitent des quelques heures de repose que leur train de vie leur accordent......
Enfin, pas tous. Au fond du dortoir, dans la dernière alcôve, un homme n'arrive pas à trouver le sommeil. Le brasier qui s'agite devant ses yeux à chaque fois qu'il les ferme lui refuse de s'endormir tant que son corps exténué ne rends pas les armes. Chaque nuit, il passe des heures et des heures à se retourner sur sa couche, en proie à ses tourments, pour ne s'effondrer que peu de temps avant le lever du Soleil....
Mais pas cette nuit-là...
Répondant à un appel silencieux, le Chauve se lève de sa couche et chausse ses bottes et ses braies. D'un geste mécanique, il se drape dans sa couverture et sort de son alcôve. Directement sur sa gauche, une petite porte au lourd battant en chêne ouvre sur le rempart. En suivant le chemin de ronde, après avoir contourné les bâtisses des écuries, on atteint l'endroit où passé et présent se rencontrent. Là où la muraille du château se fond avec l'ancienne enceinte. Celle-ci remonte à flanc de colline, disparaissant de temps à autre quand la roche naturelle suffit à faire rempart. Gorborenne n'est encore jamais venu jusqu'ici, c'est la première fois qu'il escalade le promontoire auquel vient s'adosser le château. Passé la ligne de crête, le mur redescend un peu pour se dissoudre dans un aplomb rocheux d'une demi-douzaine de toises de haut.
Devant lui, une masse imposante jette un écran de noirceur, dessinant une ombre effrayante sur le ciel parsemé d'étoiles. L'antique Donjon des temps les plus reculés d'Arquian. Celui-que l'on ne peut manquer quand on entre sur les terres par les cols du nord, mais qui une fois sous le couvert des arbres, disparaît de l'horizon, redevenant souvenir parmi les histoires qu'il renferme.
La porte massive qui en barre l'entrée semble sceller quelque lourd secret qu'il ne serait pas judicieux de remuer.... Pourtant..... Elle n'est pas fermée. Une lourde poussée de l'épaule et le Chauve arrive à la faire pivoter sur ses gonds, dans un grincement d'outre-tombe. D'ailleurs, l'odeur d'humidité et de renfermé qui s'échappent de l'intérieur, aspirées par un courant d'air filant comme un fantôme ont tout pour rappeler les parfums de morts des catacombes.
À pas lents, comme si craint de troubler quelque repos, Gorborenne pénètre au bas de la tour. Si dehors il fait sombre, à l'intérieur, l'obscurité à quelque chose de dévorante, et le Chauve arrive à peine à distinguer le bout de son bras tendu dans la pénombre. Posant la main sur le mur, il avance doucement, à l'aveugle, jusqu'à ce que son pied vienne buter sur quelque chose de dur, qui ne remue pas. À tâtons, il finit par comprendre que ce qu'il a heurté est la première marche de l'escalier montant au sommet du Donjon.
Suivant comme un murmure, un pied puis l'autre, avec d'infinies précautions, il gravit lentement les volées de pierre, sous se doigts, il à l'impression de sentir comme une respiration émanant de l'épaisse muraille, comme un souffle insidieux et insistant, mais il continue à monter......
Durant ce qui semble une éternité, il grimpe peu à peu l'escalier au allures interminables, puis brusquement, sans prévenir, son poing tendu devant lui vient heurter violemment un obstacle invisible, qui sous le choc s'effondre pour laisser place à une large embrasure de porte dont il vient de défoncer le battant dans un grand fracas de bois qui éclate......
Étrange sensation que d'être ébloui par un ciel nocturne........
Il lui faut quelques instants pour que sa vue s'adapte à l'assaut de la clarté stellaire, pourtant si faible, mais Gorborenne a déjà compris qu'il vient de mettre pied sur la terrasse au sommet du Donjon.
Il reste là un moment, à contempler l'horizon qui se dessine sous la voûte céleste, les yeux perdus dans l'océan infini des étoiles sans nombres....... Le calme....... Perdu au milieu d'une mer de silence, comme s'il était seul au sommet du monde....... Assis dans l'ouverture d'un créneau, adossé au merlon, il resta longtemps le regard voguant au loin, et finit par s'assoupir,....... serein,......
Pour la première fois depuis longtemps.....
Sur les Terres d'Arquian règne le calme nocturne. La voûte étoilée étend son manteau d'un horizon à l'autre, se drapant ça et la de voiles cotonneux, annonçant la venue des pluies d'automne dans les prochaines semaines. Le vent fait frisonner les cimes de futaies s'étendant au pied des collines, arpentant les vallons de leurs colliers d'émeraude.
Castel Arquian, à demi-dissimulé entre les arbres, surplombant la chênaie à l'Est, les vignobles au Sud-Ouest, dressant son enceinte comme un bouclier isolant du monde. Le long de la muraille, le logis des Dragons, fiers combattants au service du Baron. Dans les alcôves du dortoir, le sommeil règne en maître à cette heure tardive de la nuit. Hommes et femmes profitent des quelques heures de repose que leur train de vie leur accordent......
Enfin, pas tous. Au fond du dortoir, dans la dernière alcôve, un homme n'arrive pas à trouver le sommeil. Le brasier qui s'agite devant ses yeux à chaque fois qu'il les ferme lui refuse de s'endormir tant que son corps exténué ne rends pas les armes. Chaque nuit, il passe des heures et des heures à se retourner sur sa couche, en proie à ses tourments, pour ne s'effondrer que peu de temps avant le lever du Soleil....
Mais pas cette nuit-là...
Répondant à un appel silencieux, le Chauve se lève de sa couche et chausse ses bottes et ses braies. D'un geste mécanique, il se drape dans sa couverture et sort de son alcôve. Directement sur sa gauche, une petite porte au lourd battant en chêne ouvre sur le rempart. En suivant le chemin de ronde, après avoir contourné les bâtisses des écuries, on atteint l'endroit où passé et présent se rencontrent. Là où la muraille du château se fond avec l'ancienne enceinte. Celle-ci remonte à flanc de colline, disparaissant de temps à autre quand la roche naturelle suffit à faire rempart. Gorborenne n'est encore jamais venu jusqu'ici, c'est la première fois qu'il escalade le promontoire auquel vient s'adosser le château. Passé la ligne de crête, le mur redescend un peu pour se dissoudre dans un aplomb rocheux d'une demi-douzaine de toises de haut.
Devant lui, une masse imposante jette un écran de noirceur, dessinant une ombre effrayante sur le ciel parsemé d'étoiles. L'antique Donjon des temps les plus reculés d'Arquian. Celui-que l'on ne peut manquer quand on entre sur les terres par les cols du nord, mais qui une fois sous le couvert des arbres, disparaît de l'horizon, redevenant souvenir parmi les histoires qu'il renferme.
La porte massive qui en barre l'entrée semble sceller quelque lourd secret qu'il ne serait pas judicieux de remuer.... Pourtant..... Elle n'est pas fermée. Une lourde poussée de l'épaule et le Chauve arrive à la faire pivoter sur ses gonds, dans un grincement d'outre-tombe. D'ailleurs, l'odeur d'humidité et de renfermé qui s'échappent de l'intérieur, aspirées par un courant d'air filant comme un fantôme ont tout pour rappeler les parfums de morts des catacombes.
À pas lents, comme si craint de troubler quelque repos, Gorborenne pénètre au bas de la tour. Si dehors il fait sombre, à l'intérieur, l'obscurité à quelque chose de dévorante, et le Chauve arrive à peine à distinguer le bout de son bras tendu dans la pénombre. Posant la main sur le mur, il avance doucement, à l'aveugle, jusqu'à ce que son pied vienne buter sur quelque chose de dur, qui ne remue pas. À tâtons, il finit par comprendre que ce qu'il a heurté est la première marche de l'escalier montant au sommet du Donjon.
Suivant comme un murmure, un pied puis l'autre, avec d'infinies précautions, il gravit lentement les volées de pierre, sous se doigts, il à l'impression de sentir comme une respiration émanant de l'épaisse muraille, comme un souffle insidieux et insistant, mais il continue à monter......
Durant ce qui semble une éternité, il grimpe peu à peu l'escalier au allures interminables, puis brusquement, sans prévenir, son poing tendu devant lui vient heurter violemment un obstacle invisible, qui sous le choc s'effondre pour laisser place à une large embrasure de porte dont il vient de défoncer le battant dans un grand fracas de bois qui éclate......
Étrange sensation que d'être ébloui par un ciel nocturne........
Il lui faut quelques instants pour que sa vue s'adapte à l'assaut de la clarté stellaire, pourtant si faible, mais Gorborenne a déjà compris qu'il vient de mettre pied sur la terrasse au sommet du Donjon.
Il reste là un moment, à contempler l'horizon qui se dessine sous la voûte céleste, les yeux perdus dans l'océan infini des étoiles sans nombres....... Le calme....... Perdu au milieu d'une mer de silence, comme s'il était seul au sommet du monde....... Assis dans l'ouverture d'un créneau, adossé au merlon, il resta longtemps le regard voguant au loin, et finit par s'assoupir,....... serein,......
Pour la première fois depuis longtemps.....