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Les appartements de "Marche"

Lothaire_de_cassel
Lothaire toujours debout était plus que gêné par L'odeur de la substance projetée par le petit Malemort. Il n'en tenait plus, car en plus d'avoir les narines courroucées par l'odeur il était vexé et mal à l'aise de la situation, il regarda sa tache en faisant une grimace, et dit:

Je ne peut lui en vouloir, mais je doit vous laisser, en effet je n'ai pas vostre talent de parent et n'arrive pas a supporter l'odeur, je me vois donc dans l'obligation de partir afin de me changer, j'en profiterais pour travailler un peu à mon office.

Il fit un signe de la tête en guise d'au revoir et commença a partir ...
Nebisa
Pendant des mois, elle avait pesté contre l'exiguïté des appartements dévolus aux hérauts à Saint Paul, une chambre et un salon, autant dire une cellule monastique ou n'entrent jamais les malles garde-robe, la baignoire en bronze et les divers accessoires d'une Malemort en transit... pourtant, depuis son accession à la charge maréchalesque, et le confortable appartement de cinq pièces qui va avec, elle n'avait pu se résoudre à emménager... Elle avait finit par aimer ces petites pièces dépouillées ou sa solitude devenait moins écrasantes que dans les grandes salles froides ...

Pour l'heure, la Malemort s'en revenait d'une séance d'étude en bibliothèque héraldique, section hérauderie teutonne. Sa démarche chancelante, son regard vide et la poussière maculant ses jupes suffiraient amplement à démontrer l'ardeur de son "étude" du jour... une ardeur allant croissant au fil des jours, comme le seul bâillon pouvant retenir les cris de haine et de dégouts obstruant sa gorge, les seules chaines pouvaient retenir ses mains meurtrières et les empêcher de saisir la première lame pour se trancher les veines, le seul soporifique lui offrant un sommeil sans rêve, à défaut de reposant, chassant les gorgones, les Némésis et les Harpies empoisonnant ses nuits, lui imposant le calvaire de la réminiscence de sa souillure.

Parvenue jusqu'à son appartement, elle appuie un instant son front contre la pierre fraiche du mur, chaque pas de chaque journée est comme la marche trop haute d'un escalier qui n'en finit pas, chaque geste du quotidien est devenu une farce privée d'âme, un automatisme dérisoire destiné à donner le change aux vipères assoiffées de racontars et aux rares qui pourraient s'inquiéter vraiment pour son sort, en existe--il encore de cette sorte du reste ? Un jour, bientôt, elle faillirait, c'était inévitable et ce jour là nombreux seraient les charognards à venir se repaitre de sa dépouille, en attendant elle avancerait, cahin cahant et se battrait avec les pauvres armes encore en sa possession... combattre... toujours combattre... elle qui aspirait tellement à la paix et à la sécurité dans ses rêves d'enfant, qui priait la déesse de lui donner un foyer... elle était devenu une combattante solitaire et décriée... drôle de chemin que le sien...

Fallait-il qu'elle soit sérieusement entamée pour songer à son passé, aux douces nuits de pleine lune, là bas, dans la campagne toscane ou, couchée sous les étoiles, au milieu des autres Nebbie, elle rêvait tout éveillée à ce que serait sa vie quand elle aurait chassé les ombres... Poussant le battant de bois, elle s'avance sans éclairer de bougie dans la pièce qu'elle connait si bien et se guide dans l'obscurité jusqu'au pupitre prés de la fenêtre ou finalement elle attrape une chandelle vite éclairée.

Alors qu'elle ôte sa cape et abandonne les parchemins qu'elle a ramené de la Chapelle pour les étudier dans la nuit, ses insomnies ayant le mérite d'augmenter sa productivité, elle voit son œil attiré par un plis dans le scel la glace d'effroi au point qu'il lui faut bien trois minutes pour s'en saisir d'une main tremblante....



Tithieu a écrit:
Comtesse,

J'ai grand besoin de vous voir, vous savez bien pourquoi. Je vous prie de bien vouloir passer oultre la répugnance que ma personne vous inspire & de consentir à me rencontrer demain, en vos appartements de l'Hostel Sainct-Paul. Je vous y attendrais, à la nuitée tombante.

La Balafre


Elle n'était pas revenue à l'Hostel depuis la veille et le message ne s'y trouvait pas... donc... non... impossible... il allait venir... ici... et sous peu... Le revoir... Endurer sa présence entre ces murs... sans témoin... sans protection et si... Non...

Un sourd gémissement de bête l'agonie lui échappant, elle s'adosse contre le mur du salon, le temps que le sol cesse de se dérober sous ses pas et que sa respiration fonctionne à nouveau... L'hostel de Saint Paul n'était pas la forteresse de Couesmes et même avec des rangs clairsemés, les hérauts n'étaient pas loin, le moindre cri et l'alerte serait donnée... Elle ne craignait rien ici... Peur, colère, souffrance se mélangeant dans ses veines, la Malemort n'aurait pas su dire ce qu'il l'emporter, besoin primaire de se cacher, envie meurtrière de se venger, appel instinctif de sa part humaine pour s'allonger et pleurer enfin... Mais non... rien de tout cela ne lui était permis... Elle devait affronter, faire face, l'emporter ou succomber ....

Il allait venir... elle l'attendrait... Comme pour ce pauvre Figeac, elle ferait face... Et serait sur ses gardes cette fois, il ne devait pas savoir, pas découvrir le secret infâme qu'elle dissimulait, l'outrage ultime qu'il lui avait fait et l'aveu qui scellerait sa ruine et la fin des espoirs ...

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Tithieu
A la tombée de la nuit, alors que le jour décline, de solitaires bruits de pas résonnent en la rue Saint-Antoine, pavée de boulets et de bonnes intentions.
Rien ne vient interrompre ou empêcher ce ressac incessant, répétitif, dont l'écho semble peu à peu s'épaissir, se rapprocher.
A mesure que ce bruit de fond se précise, usant la nuit qui débute de son érosion monotone, la fréquence de la marche se trouble, confuse. Tantôt mesurée, elle se fait rapide, puis hésitante. Le marcheur traine des pieds, avouant son indécision de ces quelques balbutiements et raclements de pavés. Il n'est guère plus à l'aise, ici et à ce jour, qu'un autre le serait en pleine nuit, perdu dans les méandres des ruelles de la Cour Affolante.
La Rue est large et sans dangers, pourtant. Elle est encore fréquentée, à cette heure. Non point de bruyantes et rassurantes échoppes, certes, mais quelques passants et hommes d'armes qui lui assurent sécurité et anonymat.
Que craint-il alors ?...

Les pas finissent par s'interrompre, stoppés nets dans leur course qui se faisait folle. Ils laissent place à une atmosphère lourde d'une gravité tacite, résultat d'un mal latent, d'une angoisse irrésistible.
Le marcheur, richement vêtu, s'affale contre la façade d'une imposante bâtisse de cette artère importante de Paris. Il a chancelé, hésité, manqué de tourner les talons pour s'évanouir dans la nature et quitter cette ville maudite. Mais il ne peut rien en faire, sa responsabilité et son honneur d'homme sont impliqués...
Alors il doit reprendre son souffle, qui s'est fait court et haletant à mesure qu'il approchait de son but, et avec ce dernier retrouver un peu de courage.

Il aspire, soupire. Son menton se redresse, son oeil unique cherche dans le ciel une aide quelconque, une réponse aux questions qui se bousculent à la porte de son esprit tourmenté, qui a bien du mal à demeurer close. Mais des Cieux ne vinrent aucune réponse, aucune assistance Divine. Dieu, qui semblait l'avoir abandonné il y a bien longtemps... Pourquoi s'obstinait-il à s'en remettre à lui, ce Tout-Puissant invisible ?
D'un geste ample des mains pour abaisser le capuchon de sa cape, il dévoile son visage, balafré. Son regard reste un instant encore rivé vers les Cieux qui se parsèment d'étoiles.
Puis il finit par s'en détacher, un élan de courage le sortant de sa torpeur méditative, angoissée. Tel un malmené qui se libère de la position foetus dans laquelle il était prostré et se lève pour affronter son bourreau, il reprend le marche vers cet Hostel où l'attend certainement celle qu'il désire voir à tout pris, mais que l'instinct lui dicte de fuir comme le plus grand des périls.

Quelques pas, encore, dans cette Rue 100 fois empruntée lorsqu'il officiait en la chapelle Saint-Antoine. La terreur s'empare de lui, à nouveau, mais il est trop tard pour reculer.
Alors dame Terreur fait place à sa cousine Adrénaline, et son regard étincelle de courage et de détermination. L'ivresse des quelques verres ingurgités juste avant ce rendez-vous obscur aidant, cet état second atteindra rapidement son paroxysme.
Tant mieux, pour entendre ce qu'elle voudra bien lui dire, pour formuler ses excuses pitoyables, mieux vaut être à peine conscient.

Son statut de Hérault n'a changé que depuis peu, alors on lui ouvre encore grandes les portes de l'Hostel, comme s'il était encore l'un des locataires des lieux. Il n'en est rien, mais il reste quelques huissiers qui l'ignorent.
Les caducées qu'il ne porte plus lui permettent d'ailleurs d'accéder aux parties les plus privées et confidentielles de l'Hostel, malgré le désaveux héraldique qui porte sur lui.
Le désormais simple Vicomte accède ainsi à l'étage des appartements, souriant d'amertume lorsqu'il aperçoit la porte fermée de celui qui fut le sien. Son appartement à Elle ne peut plus être très loin. Ses jambes se font plus lourdes, son visage se ferme, il ralentit, tâtonne presque. Devrait-il s'étonner que son coeur batte la chamade, à cet instant crucial, lui qui fut longtemps sans peur et sans reproche ?

Il n'en fait rien. Trop à sa lutte contre ces sentiments, ces sensations oppressantes. Il ne peut plus réfléchir.
La porte, close. Aucune lumière ne filtre de l'intérieur, mais il y devine une présence, dans cette obscurité qu'il affectionne tant pour la sécurité et le réconfort qu'elle lui apporte. Peut-être ont-ils au moins cela en commun...


Bonsoir, Nebisa...

Il a poussé la porte, au bout de quelques pesantes secondes d'hésitation. Toute indécision, toute terreur, toute angoisse a laissé place à l'adrénaline, à la détermination, à sa fierté et à la confiance inébranlable qu'il a en lui-même, et qui le pousse à être d'emblée sur la défensive, sans être agressif. Il est venu s'expliquer, point se faire humilier.
Et c'est ce qu'il veut faire entendre à ces deux prunelles étincelantes qui se sont rivées sur lui, à l'autre bout de la pièce. Carte sur table, et d'entrée de jeu.


Il faut que nous parlions.
Nebisa
Elle attendait, avec patience, avec constance, dans la pénombre et le recueillement presque, la résignation sous doute du condamné qui entend le cliquetis des clés de son bourreau dans le couloir... Son bourreau a elle, elle le connait, elle l'a connu et aimé comme un ami, avec indulgence,avec sévérité tour à tour, mais jamais dans la crainte... Pourtant, son jugement s'est révélé erroné une fois de plus... Non pas qu'elle songe à se plaindre, à qui du reste ? Non pas qu'elle veuille se dédouaner du montant de l'addition, elle a trop souvent composé elle même le menu pour cela...

Alors que la porte se referme, elle sent courir le long de son échine un frisson glacé, apeuré et son poing se referme laissant ses ongles meurtrir la fine peau de sa paume pour imposer à son visage de demeurer le masque impassible qu'il est devenu en cet instant...

Cette voix... combien de fois s'est-elle éveillée en croyant l'entendre à son oreille répéter les mêmes mots... Cette voix maudite... ce visage qu'elle ne peut affronter... et ces mains à présent inoffensives, trop loin pour blesser, pour ne serait-ce que l'effleurer...

Parler ? Elle ne le peut... sa bouche asséchée, ses lèvres comme scellées et sa gorge oppressées... tout en elle refuse de parler... Elle n'a rien à lui dire, toute tournée vers l'horreur du souvenir et l'impérieuse nécessité du secret à préserver... Et que peut-il vouloir dire ? Que lui veut-il à présent qu'il lui a pris jusqu'à sa dignité et son honneur alors qu'il s'emparait de son corps en imposant contre sa gorge la lame acérée de son coutal... Que n'aurait-elle donné pour qu'il n'achève sa besogne en suite... Elle y avait même pensé en suite... ne pouvant cependant se résoudre à mettre un terme à ses souffrances tant elle estimait les avoir mériter, comme elle savait mériter, pour une raison ou une autre, les trahisons et les crachats qui s'abattaient sur sa personne au quotidien...

Que voulait-il à présent ? S'il pensait pouvoir réitérer son... non... pas cette fois... Pour calmer la vague d'angoisse qui l'étreint, elle effleure de sa main la dague qu'elle dissimule sur son avant bras... Elle frapperait si nécessaire, s'il faisait un pas, esquissait un geste... Elle châtierait son autre forme de procès et sans regrets... Qu'il parle puisqu'il voulait parler... Qu'il parle et qu'il s'en aille... Qu'il la laisse à son agonie terrestre et qu'elle puisse étouffer en suite sa peine dans l'alcool et l'abrutissement total...

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Tithieu
Seul l'écho répondit aux mots du Penthièvre, avec la lourdeur tragique d'un appel au secours muet qu'aurait esquissé la Malemort, et qui blessa le Vicomte aussi sûrement que l'aurait fait une dague plantée, non pas en plein coeur, mais au creux de l'estomac.
Ses muscles se tendirent, une goutte de sueur naquit de son front, pour bientôt rouler jusqu'à sa joue, et finir par mourir dans les plis du col de sa chemise. Une brique pesait désormais dans son ventre, le paralysant de tous ses membres, de tout son être, comme si la dague imaginaire qui l'avait poignardé puis traversé quelques instants plus tôt avait été trempée dans un mortel poison.

Quelques secondes d'un silence de plomb s'écoulèrent. Quelques nouvelles gouttes de sueur, d'une sueur froide, les accompagnèrent. Les minutes s'égrènent et les gouttes s'écrasent...

Le silence, la trêve, fut rompue par le pas en avant qu'il finit par faire inconsciemment, et qui fit craquer sous lui le plancher de bois.
Ce fut alors comme si le chasseur qu'il n'était plus avait de son pied fait craquer une branche, et que toute la forêt s'était alertée de sa présence.
Douche froide d'être pris sur le fait. Douche froide qui soigne les sueurs, et qui ramène brutalement l'esprit à la réalité de l'Instant.

Puisqu'un pas avait été fait, il en fit un de plus, puis un autre. Parvenu à distance respectable de la Comtesse de Ségur, il se planta net, prêt à bondir hors de portée s'il le fallait, mais déterminé à camper sur ses positions.
Mais il n'avait toujours pour vis-à-vis que l'obscurité, percée par deux étoiles étincelant dans la nuit de ce spartiate logis. Il s'y accrocha, laissant se perdre son regard dans la blancheur captivante de cette apparition, tel l'astronome ou l'illuminé admirant ses étoiles.
Sans voix, encore quelques instants. D'abord l'émotion de retrouver ce regard chéri et redouté, puis l'oubli, l'hésitation, la panique -un court instant-. Que dire ? Ou plutôt, par quoi commencer, et comment le formuler ?

Finalement, comme le corps malade crachant de ses poumons quelque glaire ambré, l'esprit malade cracha de ses lèvres les mots qu'il avait trop longtemps espérés dire sans pour autant les trouver, sans pouvoir les peser.


Je ne suis pas en quête de Pardon. Je viens juste vous offrir d'obtenir réparation... de la manière... de la manière que vous jugerez adéquate.
Et je suis venu m'enquérir de vous, de vostre état.


Son unique oeil vrilla vers le plancher, l'espace d'une seconde, tandis qu'il se sentait à nouveau submergé par une culpabilité panique.
Il chassa ce sentiment coupable, cette émotion oppressante, d'un raclement de gorge, avant de reprendre d'un ton qui peinait à rester digne et serein :


Mettez-moy à mort, battez-moy, engesolez-moy si cela est vostre bon plaisir... Mais de grasce, laissez moy réparer cela, libérez-moy du poids de ma culpabilité.
Nebisa
Toujours immobile, statufiée, elle voudrait pouvoir s'élancer hors de cette piéce dont il lui semble que les murs se rapprochent d'elle jusqu'à l'étouffer, la broyer, la réduire à néant.

Et face à elle, ce fantôme, cette figure qu'elle voudrait chasser de ses cauchemars, de sa mémoire, de sa vie et qui pourtant est là, cette fois pour de bon, et qui parle... qui parle... faisant entendre sa voix alors qu'elle ne cesse d'ouir ces fatales paroles " ce qu'un Penthiévre veut, il le prend", cette menace glaçée qu'il avait mis à éxécution et dont il réclamait à présent l'absolution...

Ce constat s'imposant alors à elle, elle sent la peur balayée pour un temps par la colére salvatrice et si elle tremble encore, elle peut au moins à présent parler ...


L'idée même de vous toucher me révulte presque autant que de vous entendre... Vostre présence... que vous osiez encore paraitre devant moi aprés... aprés çà... Rien, jamais, ne pourra réparer... Jamais... Je suis condamnée à vie... marquée aussi suremment que si vous m'aviez imprimer vostre scel chauffé à blanc sur le front... Je... je ne pourrais jamais laver cette souillure qui me condamne et me voue au dégout de moi même...

Et son état... son état... s'il savait... s'il savait à quel point cette nuit d'horreur la hantera et quelles conséquences eut cet instant ... S'il savait ce qu'elle sait, à présent de maniére absolue, il ne penserait pas à réparer... Egarée, les mots lui viennent soudain sans qu'elle puisse les réprimer...

Vous avez réussit là ou tous ont échoué... Vous pouvez être fier d'être celui qui soumit la Malemort à son bon vouloir. Vous pouvez être fier et même aller répendre la nouvelle... la trainée est restée fidéle à sa réputation, elle trompé ses voeux matrimoniaux pour se vautrer dans le stupre auquel la voue sa nature ! J'entends déjà les rires gras des ivrognes et les plaisanteries salaces ! Vous pourrez leur dire comment elle crié en vain, combien elle a suplié pour tenter d'infléchir son boureau et comment elle s'est laissé prendre sur le sol comme une roulure de taverne que l'on trousse pour quelques piéces de bronze !

Sans le vouloir sa voix allant crescendo s'égare dans les aigus alors que les larmes, retenues au fil des mois malgré la force de la souffrance et de l'égarement, inondent son regard pour finir par glisser sur ses joues livides, sans qu'elle les sentent, sans qu'elle tentent de les essuyer, impuissante à retenir, impuissante à se contenir...

Maintenant, c'est fini. Profitez de vostre victoire et cessez... cessez de me tourmenter puisque vous avez obtenu ce que vous convoitiez.

Bien décider à finir sa nuit au Louvre, la Malemort se dirige vers la porte, pour planter là le Vicomte.
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Nebisa
Pardon mon bébé... pardon... Tout ira bien maintenant... Tout ira bien pour toi... Je suis là... Je ne te laisserais plus... Dors mon chéri, reposes toi... tu l'as bien mérité...

Dégageant une méche rebelle venue s'écraser sur le front de son fils, la Malemort pose une derniére fois ses lévres carmines sur la tempe de Barahir.

A le voir si serein, détendu, apaisé, il partait tellement jeune et inoffensif... fragile être évanescent... Sa peau si pale, l'angle délicat de sa bouche, comme un sourrire mort avant de s'épanouir... Si seulement elle avait su... si elle avait été plus attentive... elle aurait pu comprendre... deviner... que les blessures reçues en Berry n'avaient guérrie qu'à l'extérieur, que l'organisme de son fils peinait à se remettre, que le sang s'épuisait et que jour aprés jour, Barahir s'éteignait en silence... Combien de jour avait-il passé à Saint Paul, sans se lever de sa couche, dormant des heures entiéres... Et elle... elle n'avait rien fait... elle avait pensé à une banale fatigue...

Parti... disparru... à jamais... son bébé, son ainé, son fils qu'elle défendait bec et ongles, contre tout, contre tous, et qu'elle avait laissé mourrir... Trop tard pour les larmes, trop tard pour les regrets... une fois de plus, elle avait échoué à sauver ceux qu'elle avait le devoir de préserver et n'avait pu que le veiller dans sa mortifére agonie...

Trop tard elle s'était rendu compte de son erreur, trop tard pour un dernier adieux, trop tard pour entendre une derniére fois le son de la voix de son enfant... Elle l'avait veillé la nuit durant, une fois seulement il avait ouvert les yeux... l'avait-il reconnu ? Rien n'était moins sur... il avait serrer briévement sa main, par réflexe peut être, puis était retombé dans son apathie funeste...

Pas de larmes, pas de sang, pas de cris... il s'était éteint dans le calme et le silence, destin brisé d'une vie si prometteuse...châtiment d'un crime inconnu... malédiction d'un sang et d'un nom faisant fuir le bonheur destiné au commun...

Aprés un dernier regard, une caresse esquissée, la Malemort se léve, engourdie par le froid de la chambrette. Le feu éteint dans la nuit, elle n'avait pensé à le ranimer, si son fils ne pouvait plus sentir sa chaleur, à quoi bon qu'il brule... Prévenir... annoncer... organiser des funérailles... Admettre...


Barahir n'est plus... mon ... fils... est mort... mon fils... est mort... mon fils est mort... mort... mon fils... Barahir... mort... m... mort... il est mort...

La voix est enrouée, les mots sont comme du verre dans sa gorge mais les yeux demeurrent secs... Les Malemort pleurent des larmes de sang à l'intérieur mais n'ont pas le soulagement des larmes qui roulent, de la souffrance qui s'écoulent... Lui aurait-on ouvert la poitrine pour en arracher son coeur palpitant, elle n'aurais pas souffert d'avantage qu'en cet instant, pourtant, pour ceux qui viendraient à la croiser à présent, l'étonnement d'un tel détachement apparent serait grand... Pâle, froide, seul le léger écarquillement de ses pupilles dilatées et ses réactions comme anesthésiées pouvaient donner une idée imprécise de l'étendue de son dévastement...

Plus tard, suremment, elle s'effondrerait, donnerait libre cours à sa douleur, mais pour l'instant... elle devait faire front, admettre sa culpabilité, la perte totale et absolu de son fils chéri et lui rendre le dernier hommage qu'il aurait voulu... prévenir ceux qui l'avait connu et peut être estimé... prévenir ses fréres et soeurs...

Machinalement, elle dresse dans son esprit la liste des choses à faire, tandis qu'elle baigne le corps de son fils, comme elle le fit jadis durant sa prime enfance, pour le revêtir de ses plus beaux habits d'apparat... une veillée... en attendant les funérailles...


Tu dois être bien habillé, chéri... les gens de bonne condition ne peuvent.... se vestir comme des gueux... Cousin Nico t'as enseigné l'art subtil de la parrure... Tiens, ce pourpoint vert émeraude te vas si bien... Il s'accorde magnifiquement avec tes yeux... tes yeux... quelle idiote... ils ne s'ouvriront plus à présent... mon chéri... mon bébé...

Un sanglot vient obstruer sa gorge, la Malemort vacille, la Malemort chancelle et choit finalement, entourant de ses bras le corps de son fils, comme pour ne plus s'en défaire, comme pour partager son sort pour être délivrer du poid que portent ceux qui restent... ceux qui survivent... Point de larmes toujours, juste cette souffrance, pure, absolue, qui déferle, la broit, l'emporte aux confins de la follie...

Quelques minutes... une poignée d'heures... impossible de le dire... le soleil semble briller à l'extérieur... une journée, la premiére de celles que sn fils ne vivra pas...


Omnes vulnerat... ultima necat... adieux mon chéri... Pardonnes moi... Je reviens vite... je ne te laisserai pas longtemps...

Il fallait qu'elle se léve, qu'elle se change et qu'elle se rende à la Chapelle, pour prévenir, pour en suite écrire à ses enfants, à Nico aussi... Il fallait qu'elle trouve la force de ne pas s'écrouler... pas tout de suite... pas tant que son devoir exigerait qu'elle tienne bon...

Quelques instants plus tard, vétue d'une houpelande sobre, dénuée de tout ornement, de toile basique, les cheveux emprissonés sous un voile noir et le visage fermé à la vie, elle indique à un page de stationner devant la porte de son apartement et de veiller sur Alençon... que si son fils demeurre seul, sans personne pour le veiller jusqu'à son retour, il ne serait pas seul à traverser le Styx à la prochaine lune, menace pour le moins enjolivée mais qui semble porter ses fruits sur l'imaginaire du page.

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Lunedor
Un feu brûlant lui avait consumé les entrailles alors qu'elle luttait pour se maintenir en croupe. Cela seule lui avait permis d'avancer, de partir à l'aube et d'épuiser leurs montures en de longues étapes qui les laissaient recrus de fatigue prendre une poignée d'heures de repos avant de se remettre en selle. Il n'avait pas le droit! Elle martelait cette phrase au rythme des sabots sur la terre durcie des chemins. Il ne pouvait pas. Pas après ce qu'ils avaient vécu. Pas avant ce qu'ils allaient vivre ensemble.

La faible troupe, composée seulement d'une couple de valets et d'elle-même, arriva enfin en vue de la capitale, la vraie, mais c'est à peine si elle le remarqua, prise qu'elle était par ses souvenirs et ses espoirs consumés. Espoir, ce mot avait-il encore un sens maintenant que Barahir n'était plus? Sa vie se résumait désormais à l'instant où elle le retrouverait enfin. Comme dans un cauchemar, les choses se précipitent sans qu'elle ne maîtrise rien. Les voilà bientôt au logis malemorien. On la conduisit jusqu'à la chambre mortuaire. On la laissa seule avec son frère.

Elle a peur. Le prochain geste qu'elle fera scellera son avenir sous une chape de plomb. Elle le sait. Elle le sent. De toutes ses forces elle voudrait retenir cette main qui avance vers son destin. Elle ne veut pas. Elle veut rester dans ce monde où Bara est bien vivant. Dans ce monde où malgré tout elle est heureuse. On ne mesure bien son bonheur qu'au moment de le perdre. Mais peut importe à cette main implacable qui va se poser sur la couche où il repose.

Il est glacé. Elle se souvient encore la dernière fois où elle a tenue cette main, combien celle-ci était chaude, souple, tendre. Aujourd'hui, elle est glacée et rigide.


Tu n'as pas le droit! Tu n'as pas le droit! Tu n'as pas le droit de me laisser! Elle martèle de coups de poing le torse du gisant. Comment puis-je vivre sans toi? Tu n'as pas le droit!

A bout de forces, elle s'affale sur le corps de ce frère tant aimé. Cet éclat l'a vidée. Elle ne peut plus que laisser s'écouler les larmes qui se pressent en une marée qu'elle ne peut contenir. Tout s'effondre autour d'elle. Elle s'accroche à ce corps comme à la seule chose qui compte, comme à la seule main qui la soutient au-dessus de l'abîme.

Ce n'est qu'aujourd'hui qu'elle prenait conscience de combien il comptait pour elle. Elle avait toujours comparé tous les autres hommes à l'aune de ce bienaimé frère. Jamais plus il ne la tiendrait dans ses bras. Jamais plus elle ne désespérerait à la pensée de lui déplaire. Sa main effleura doucement les contours du visage de celui qu'elle aimait tant. Ses lèvres remplacèrent ses doigts. Sans orage, les larmes ruisselaient.
Délicatement, la jeune fille posa ses lèvres sur celles, glacées, du jeune homme.

Pour son premier baiser, elle embrassa la Mort.
Nebisa
La plus cruelle des pertes, la plus intense des souffrances, les cris les plus déchirants, pour autant silencieux qu'ils soient, avaient ceci de paradoxal qu'ils ne faisaient dévier le cour inexorable du temps. Et, si la Malemort se révoltait à l'idée de cesser un jour de souffrir, tant il lui semblait insignifiant de seulement souffrir quand son enfant n'était plus, elle devait cependant tenir, autant que possible, son rôle et son rang, au quotidien.

Passée maitre dans l'art de créer une frontiére invisible mais infranchissable entre elle et le monde, elle parvenait tant bien que mal à afficher un manque insondable, à discuter et à remplir les parchemins, à ordonner et même, quelque fois, à peindre sur ses lévres un sourrire inerte... pourtant, toutes les deux heures, elle posait sa plume, elle cessait son activité et regagnait son alcôve pour se tenir prés du lit funéraire ou Barahir l'attendait...

Tout petit déjà, son fils ainé luttait contre le sommeil alors que ses cadets dormaient déjà depuis des heures, pour avoir le privilége d'un dernier calin, d'une derniére bise, d'une histoire ou d'une anecdote glanée, quand sa mére avait achevait de mettre de l'ordre dans la taverne municipale qui leur servait de foyer ou, plus tard, quand elle rentrait du Castel comtal, ou d'un voyage ou de... mais, à présent, ses beaux yeux fermés, son corps possédés par la mort... elle ne pouvait plus que le contempler, se souvenir et pleurer de l'intérieur... Peut être priait elle aussi, à sa façon... tourmentée, incohérente et douloureuse...

Ayant rejoint Saint Paul, sans avoir vu déffiler les rues et portes, elle monte l'escaleur et rejoint son petit apartement, enfin ainsi que l'on nomme ironiquement les logements affectés aux hérauts et outrageusement étroits et exigus, elle devine la silhouette femminine penchée sur son fils et se mord la lévre...

L'épreuve est déjà atroce, mais comment pourra-t-elle apaiser ses enfants dans leur douleur, quand la sienne la ravage en permanence ? Comment ? Une fois de plus, elle allait devoir agir sans savoir, faire sans être certaine de ne pas commettre d'erreur...


Chérie...

A genoux prés de sa fille, elle passe un bras autour de ses épaules, sans quitter des yeux le visage de gisant de Barahir, les mots, ces mots futiles, dérisoires et si impropres à témoigner de l'exactitude de son désespoir, de sa peine et de son soulagement aussi de l'avoir présente en cet instant... ces mots demeurrent bloqués dans sa gorge...
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Alienaure
Au sortir d'une petite retraite, ils s'étaient retrouvés, dans l'intimité de son bureau, au Pavillon. Tendrement blottis l'un contre l'autre, à se raconter leurs derniers jours, tandis que Sixtine dormait paisiblement.
C'est alors qu'un messager lui avait porté un message. LE message. Elle l'avait lu assise sur ses genoux, et il l'avait vu se décomposer à chaque mot qui défilait sous ses yeux.
La décision avait été vite prise. Quelques affaires jetées dans une malle, le berceau de Sixtine vite déposé dans le carosse, un vague mot expliquant son absence au Conseil, et ils avaient pris la route vers Paris.

Voyage long, silencieux, seulement ponctué d'averses plus ou moins violentes, voire orageuses, et de quelques questions de la part de son compagnon, auxquelles elle répondait par monosyllabes.

Mais la mini Malemort ne savait que dire d'autre à l'auvergnat. Ni même que penser ou ressentir.

Voila déjà plusieurs mois, voire plus qu'une année, que son frère aisné l'avait reniée. Parce qu'il était persuadé qu'elle était la maitresse de Dragonet...
Il l'avait traitée de catin... Il lui avait dit qu'elle lui faisait tellement honte ... qu'elle déshonorait la famille... Il avait refusé de venir le jour où elle devait se fiancer avec Trokinas... Et lors de leurs rares entrevues, juste avant qu'elle ne finisse par partir pour lui cacher ses larmes, il se plaisait à lui jeter qu'elle ne devait ses postes qu'à son nom de famille ou ses cuisses facilement entrouvertes.

Alors là, maintenant, elle était perdue...

Oh oui, elle l'avait maudit. Et plus d'une fois, elle avait voulu lui faire aussi mal qu'il l'avait faite souffrir avec ses paroles assassines.
Mais elle avait toujours pensé qu'il finirait par revenir à la raison et qu'il viendrait la voir...


On est arrivé, votre Excellence.

Sans vraiment comprendre, Aliénaure sortit la première de la voiture. Les chevaux piaffaient devant l'hostel héraldique. Elle frissonna devant l'imposant bâtiment grisonnant sous la pluie battante. Puis elle se retourna vers Modsognir qui sortait du carrosse, le berceau protégé des intempérie dans les bras.
Un bonhomme, à la mine patibulaire, les conduisit jusqu'aux appartements maternels, présentant presque froidement ses condoléances.

Elle hésita un instant avant d'ouvrir la porte, puis se dirigea lentement vers un des salons d'où s'échappait un faible rai de lumière.

Les rideaux étaient tous tirés. Quelques bougies éclairés la pièce, lançant des couleurs orangées sur les visages pâles de sa mère, et de sa sœur, agenouillées devant le lit.

Et puis il était là, paisible. Aussi calme que quand il était étendu dans l'herbe, à Chabrière, et qu'elle venait lui chatouiller les oreilles du bout d'un brin d'herbe. Et très élégant. Reliquat de son éducation à la Brassac. Leur cousin lui avait transmis le goût des belles choses, et Barahir avait toujours pris plaisir à venir à Paris pour visiter les meilleurs couturiers.

Timidement, Aliénaure s'approcha, fouilla dans sa poche et déposa le chapelet sur les mains jointes de son frère.


Fichu aristotélicien...


Il l'avait maudite, gifflée, rejetée. Et malgré tout, il restait son frère, son grand frère, à qui elle s'était plus d'une fois confiée. Celui avec qui elle avait envisagé de tuer le Dragonet.


Fichu aristotélicien! Tu n'avais pas le droit de partir... Et maudit Aristote de m'avoir enlevé la possibilité de lui rendre sa gifle et de ne pas avoir pu lui présenter sa nièce.
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Modsognir
Belle vie que celle d'être au côté d'une femme qu'on aime. Doux moment passé à ses bras, pendu à ses lèvres, perdu dans son regard. La légèreté d'un moment qui dure comme si le temps s'arrêtait et que tous les soucis s'éloignaient comme par magie.
Les soirées défilent auprès de la mini Malemort et de sa fille. Pourtant un soir fut différent des autres. Une lettre reçue, puis un visage pâle suivi de sueurs froides... Sans dire un mot, le chambellan regarda sa compagne craignant le pire....ce qui ne manqua pas d'arriver. Ne disant mot, elle lui donna la missive qu'il lut avec empressement, la gorge se nouant peu à peu. La lettre terminée, il leva son regard vers celui d'Aliénaure. Le bourbonnais-auvergnat s'avança vers elle posant sa main sur sa joue lui murmurant combien il l'aimait et qu'il sera avec elle pour cette épreuve. Elle lui raconta ce qu'était ce frère pour lui, ce qu'il écouta avec grande attention et avec surprise par la même occasion.

Les affaires préparées, ils prirent la route pour Paris où les obsèques auront lieu. Les discussions se firent rare durant le trajet. Il ne savait quoi faire en telle situation mais il devait être là ce dont il en était convaincu.

Le cocher annonça leur arrivée devant l'hostel héraldique. Le temps n'était pas au beau fixe. Au moins le temps se prête à la situation se dit-il. Faisant attention, il prit le couffin qu'il protégea des gouttes du mieux qu'il pouvait et entra à l'intérieur du batiment.

Suivant Alienaure, il regarda l'endroit par où les amoureux passaient. Ils arrivèrent enfin dans la pièce où siégeait le corps de l'homme de la lettre. Se tenant quelque peu à l'écart, il laissa Alienaure s'avancer vers son frère...sans doute avait-elle des choses à lui dire comme elle lui avait dit plus tôt lorsqu'il lui posa quelques questions sur ce frère perdu. Regardant tour à tour Alienaure et le berceau, il resta muet et berça doucement Sixtine afin qu'elle se sente bien....au moins elle.
Elisa.
Désormais, ses bagages étaient posés... La Lahaye-Malemort avait décidé de cesser de voyager... Quelques temps, peut-être plus, peut-être moins... Saumur l'avait accueillit comme jamais un village n'avait su le faire... Comme jamais elle n'avait trouvé villageois aussi attachant. Quatre murs, un toit, des meubles, d'abord dans une auberge, puis dans une petite maison qu'elle s'offrit avec ses maigres économies. La Malemort commencerait doucement sa nouvelle vie de jeune fille.

Elle avait longtemps voyagé depuis son départ de la Touraine. Rencontrant des personnes effrayantes, d'autres avec qui elle s'était liée d'amitié. Du Nord au Sud, puis à l'Ouest. Elisa s'était baladée, profitant de sa liberté... Les nourrices n'arrivant pas à la contrôler, trop futée..., stratégique. A tour de rôle les nourrices avaient baissé les bras. Laissant l'enfant gagner.
Mais depuis, la jeune Elisa avait bien changé... peut-être à cause de lui ou bien grâce? Dans tous les cas, la jeune Malemort s'était trouvée des faiblesses et surtout n'avait su se tenir à son refus de fréquenter les hommes hormis ses frères... et ceux portant déjà du duvet sur leur visage...

La damoiselle de Lahaye s'était fragilisée... autant physiquement que mentalement. Elle avait grandit, et malgré sa taille son gabarit lui n'avait pas évolué... Elisa était mince... voir peut-être même maigre. Ses clavicules se dessinaient nettement à travers sa peau. Vêtements enlevés, ses côtes pouvaient être comptées sans difficultés... Ses bras n'étaient pas plus épais que le poignet d'un bourreau.
La cause... Quelques semaines auparavant, la Malemort de Lahaye avait reçu missive lui attestant la mort de son paternel.
Un père absent de sa vie, mais un père quand même. Elisa s'était réfugiée comme à son habitude dans le couvent le plus proche. Non pas que les larmes et le chagrin étaient absent... Mais ils étaient tellement enfuit au fond elle même... Que les larmes ne pouvaient couler de la perte de son propre père...
Elisa avait eu besoin de quelques semaines pour s'en remettre, son Louis l'avait aidé a affronter cette épreuve. Le cœur encore fragile, elle avait rejoint la chambre que Joffrey lui avait offerte en sa demeure. Elisa avait vécu quelques jours au rythme des Dénéré. Puis était repartie vivre dans sa demeure... Jusqu'à Ce jour.

Matinée bien passée, La damoiselle de Lahaye était partie rejoindre quelques amis dans une taverne, leur du repas annoncé, elle avait décidé de rentrer en son chez sois pour se préparer viande et légumes qu'elle s'était offert. Arrivée tout proche de sa petite demeure, Elisa vit un messager, posté là, attendant le retour de la propriétaire... Ventre qui se tord, souvenir de la dernière missive qu'elle avait reçu dans les mêmes circonstances... Immobile quelques secondes, la Malemort remua sa tête de la gauche vers la droite pour remettre ses esprits en place. Il n'était pas envisage que deux mauvaises nouvelles arrivent si rapprochées...
Et pourtant, si elle avait su... elle serait repartie en courant...

Elisa avait reprit le dessus, le messager s'était rendu jusqu'à elle...


Damoiselle Elisa de Lahaye-Malemort ?

Livide, Elisa hocha de la tête pour répondre positivement à la question. La voix du messager était resté neutre, mais son regard venait de le trahir... Un petit coin qui brille, la damoiselle comprit tout de suite que les futurs secondes ne seraient pas facile à vivre... Mais elle n'avait pas envisagé une vie entière....

Un pli de votre mère, pour vous.

Mains tremblantes, elle attrapa le pli... le messager lui fit une courte révérence puis recula de quelques pas. Elisa le regardait faire... Puis ses iris noires retombèrent sur le vélin qu'elle tenait. L'ouvrant, ses yeux parcouraient les lignes gracieusement rédigeaient par sa maternel...
Ses yeux se bloquent sur des mots "douleur", "trépas"... et surtout... "Barahir".
Ses genoux, pourtant si faible, heurtent violemment le sol. Ses prunelles devenus aussi noires qu'une nuit d'hiver laissent échapper de dures larmes de souffrance.... Et encore le mot était trop faible... Essayant de poursuivre la lecture. Elisa ne capta que quelques mots : "quitté", "blessé", "fatales", " sang", "mort", " jamais", " repose", "Maman"....
Non, elle avait raison, jamais elle ne pourrait se remettre de cette perte.... Dans l'haut-delà, elle porterait encore ce deuil si dur pour elle. Son frère, son Bara... son grand frère...

Des larmes qui ne cessaient de couler sur les maigres joues de la Malemort. Le chagrin n'était rien comparé a ce que ressentait désormais Elisa. Des cris, des poings qui cognent violemment le sol terreux de Saumur.


Non !! Non !!! Je ne veux pas! Tu n'as pas le droit !! Non Bara!! Nonnnn !!!!!

Sa tête vint rejoindre ses mains au sol. Oubliant où elle se trouvait, oubliant tout ce qui l'entourait... Elle venait de perdre son frère, son grand frère, et son cœur étaient désormais brisé... comme des grains de sable... Rien ne pourrait jamais la reconstruire... non jamais...
De longues minutes ainsi assise au sol. Le messager n'avait pas bougé, il la regardait, ne sachant quoi faire... malgré son envie de partir à toute allure. Les villageois s'étaient stoppés autour d'elle. Il la regardait, des chuchotement de tous les côtés, mais Elisa n'était pas...plus dans la capacité de les écouter.

La Malemort de Lahaye se releva enfin, regardant autour d'elle... Son visage n'était plus sien. Ses yeux étaient passé d'un noir terrible à un rouge sang, ses mains tremblaient, son corps aussi.... Elle regarda autour d'elle, constatant enfin les nombreux villageois entrain de la juger. Elle aperçu alors ce qu'y lui fallait... Une monture... Elle n'en avait pas, Louis ne l'avait pas encore jugée prête a galoper seule... Mais l'heure n'était plus à l'apprentissage, elle devait rejoindre Saint-Paul rapidement, et elle n'avait qu'un seul moyen.
Fébrilement, Elisa se mit à courir vers la monture, oubliant sa robe, elle l'enjamba comme un homme... Mettant un de ses plus gros coup de talon sur le flanc de l'animal... Elle se cramponna aux reines... Et l'étalon partie au galop en direction de la sortie du village... Au loin, elle crut entendre des cris... surement le messager.... Mais elle n'en avait que faire...
Quelques secondes plus tard, Saumur n'était plus... les champs l'entouraient... Le vent faisait virevolter ses cheveux... Et ses larmes se perdaient dans son nuage de poussière.

Bien heureusement, l'Anjou n'était pas si loin de Paris... à son plus grand soulagement. Des heures sans s'arrêter, la Malemort ne souhaitait pas perdre de temps. Elle ne s'accorda aucune pause.... La seule fois où elle se stoppa dans un village ce fut pour échanger sa monture... La sienne devenant trop lente pour elle.
Son séant devenait douloureux, ses mains aussi... tout son corps était meurtri par la dureté du voyage... mais surement pas autant que son cœur l'était depuis qu'elle avait apprit la... nouvelle....

Paris était enfin... La jeune Malemort prit directement la route de la Chapelle des Hérauts... L'Hôtel Saint-Paul, où sa mère lui avait demandé de la rejoindre. Il ne lui fallut pas bien longtemps pour rejoindre le lieu... Essuyant nombreuses insultes au passage, par des badauds qu'elle bousculait dans son galop...
Sautant de l'animal, Elisa monta les marches de la bâtisse aussi rapidement que son corps le permettait...
Désormais, elle ne ressemblait plus à rien... à part peut-être un fantôme.... Mais elle n'en avait que faire... Elisa venait de rejoindre l'appartement de sa maternelle.
Poussant la porte avec difficulté, la Malemort entra dans la pièce... Respirant déjà la lourde odeur de chagrin. Son cœur battait si vite et si fort, qu'on pouvait voir sa poitrine se soulever à chaque battement, et ce malgré sa robe.
Ses pas étaient devenu microscopiques... Elle n'avait désormais plus aucune hâte de retrouver sa famille... et son défunt frère...
Mais la petite pièce qui les accueillait, arriva trop rapidement a elle.

Elle aperçu sa mère et ses sœurs agenouillaient devant son.... frère. Un homme debout plus loin, portant un jeune enfant dans ses bras... Mais son regard se reposa rapidement, et difficilement sur la scène familiale.
Elisa était désormais dans la pièce, et c'est à seulement 3 ou 4 pas qu'elle se stoppa ne pouvant aller plus loin...
Ses joues étaient couvertes d'un mélange de terre et d'eau séchée... Mais ses yeux ne mirent pas longtemps à se noyer de ses larmes définitivement trop salées...

La Damoiselle de Lahaye-Malemort, resta figée là, regardant son frère, si blanc, elle devait d'ailleurs lui faire concurrence. Bras qui suivaient son corps...
Elisa tomba à nouveau au sol, mais ses yeux ne pouvaient quitter le corps de son frère... son frère qui n'était plus... Désormais, elle ne pouvait en douter...
Elle avait envie de crier,..., mais ses lèvres ne lui obéissaient plus... plus rien ne lui obéissait d'ailleurs...

Elisa resta donc là, sans bouger, sans parler... Yeux fixés et larmes noyant ses joues.

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Hannibal_de_cassel
Le jeune Hannibal du haut de ses dix longues et belles années avait reçu une lettre de sa "mère" parmi toutes celles qui recouvraient son bureau. Il aimait avoir de ses nouvelles, elles étaient si rares ces derniers temps, revoir la "famille" était pour lui un doux rêve le sortant de derrière l'amoncèlement de courriers de la diplomatie Limousine.

Sa lecture fut courte et intense.... Il n'avait que peu connu ce "frère" qui ne venait trop peu à Ségur. Il froissa le parchemin de déception...

Il prit alors Plume et encrier et commença à écrire...


Citation:
A vous Nebisa de Malemort,
Mère,

Je viens d'apprendre la disparition de votre fils.... de mon frère. Je vous pense dans un état bien pire que le mien sur l'instant mais sachez que tout mon coeur vous accompagne dans cette difficile épreuve.
Je suis bien trop occupé avec les affaires de la diplomatie Limousine pour me permettre de faire un si long voyage jusqu'à Paris mais si je peux faire quoi que se soit, dites le moi je ferai de mon mieux.

Vous avez tout mon soutien,
Hannibal de Malemort Saincte Merveille de Cassel,
Un de vos autres "Fils".


Il hurla au coursier, ce dernier arriva en hâte à deux pas de son bureau, il lui tendit alors le courrier.

Amènes ça à la Comtesse de Ségur à l'Hotel St Paul à Paris, Faits au plus vite, je récompenserai ta célérité.

Hanni ne regarda même pas l'homme partir, il relut plus calmement le courrier, l'émotion était toujours la même... il aurait tant voulu partager avec ce grand frère...

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Nebisa
Bim bam, bim boum... une malle vidée, une autre en attente, un recueil sur une étagére, un coffret sur une autre et les pinceaux dans leur rangement... Remettre un peu d'autre, chasser la poussiére aprés avoir fait aérer le modeste appartement, la Malemort reprend ses marques entre ces murs ou elle fut chez elle longuement...

Aprés être passée par la Salle des Caducées, alors que le soeil se couchait, elle avait fait prévenir le Louvre qu'elle ne rentrerait pas en son appartement du Palais Royal, préférant le calme de Saint Paul ou elle ne pouvait oublier avoir récupéré le corps de Barahir et reçu son dernier soupir...

Mais l'heure n'était pas à la nostalgie, elle avait fait un crochet par la bibliothéque héraldique et la fameuse section "teutonne", pour récupérer quelques flasques à présent rangées sur la table, prés de quelques gobelets d'argent... une petite dégustation, en toute intimité héraldique... parce que Saint Paul n'était pas qu'un logement de fonction, mais un foyer pour une étrange sorte de famille...

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Maltea
Invitation de la Malemort… La Brienne se gratta doucement le haut de sa blonde chevelure en fronçant les sourcils… cela ne lui disait rien qui vaille. Vu leur entente, pas des plus cordiales, il fallait l‘avouer, l’évitement était plutôt de rigueur… que lui arrivait-il? La vieillesse la radoucirait elle?

Bon.. Réfléchissons bien mais vite… si elle n’y allait pas, cela allait être perçu comme une insulte, alors que c’était juste de la prévention. Si elle y allait et que ça s’enflammait, elle voudrait avoir le dernier mot et y passerait sa vie… et passer les nombreuses années qu’il lui restait avant de passer de vie à trépas en la compagnie de la Malemort, ça avait de quoi foutre la trouille même au plus courageux du Royaume voir de l’Empire, tous les deux réunis… que faire pour bien faire?

Réticences, doutes et soupçons furent enfouis dans le petit sac que la duchesse trimballait partout. Elle hésita tout de même d’y fourrer son venin… était-ce si judicieux de se présenter chez la Malemort désarmé? Tant pis, pour une fois la Brienne ne ferait pas sa gracieuse garce et serait cordiale, voir même sympathique, si l’envie la prenait et si l’ambiance s’y prêtait.

Ses pas la menèrent droit vers l’antre de la fauve, et après un signe du genre « Ave César, celle qui va mourir te salue », pénétra dans celle-ci.


Salutations, Marche, désolée pour le retard…. J’ai eu quelques petits soucis mais c’est arrangé et me voilà.

Petit regard circulaire afin de s’imprégner des lieux et l’étonnement put se lire dans le regard émeraude de la duchesse… diantre, ses appartements étaient plus spacieux que les siens….
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