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[RP] à la recherche de la rivière perdue

zephirin
Relevant le pan de sa veste pour y sortir de son fourreau un poignard, l’artilleur désigna à son tour du menton le grouillant amoncellement de couvertures, tendant son arme à l’homme en robe.

Prenez ça et allez chercher nos couvertures. Et s’il est quelques choses…PAN !!! Vous nous ramenez la bestiole et ce sera le dîner. Aristote donne. Aristote prend. C’est pas vous qui prêchez ça dans vos tirades dominicale ?? Après la théorie, vient la pratique…

Fronçant le nez en lui tapotant l’épaule de sa large main ouverte, Zephirin le poussa gentiment à la planche faisant office de passerelle entre le navire et la terre. Se frottant rapidement les mains, l’ancien militaire se retourna et posa l’épaule au mât en désignant du doigt ce qu’il montrait à la femme enroulée à sa couverture.

Comment ça marche ?? Ben justement, ça ne marche pas damoiselle de Dampierre, ça flotte ! Vous avez depuis ce mât et jusqu’à la proue…le pont avant. À vue d’œil, il doit faire…euh..4 toises. Ce mât, 30 pieds de haut. Et…d’ici à la poupe derrière la dunette ben il doit y avoir encore 4 toises…pour environ 50 pieds.

Tapant du pied au pont, il désigna les pieds nus de la femme du doigt.

Juste là…sous votre personne, le maître-bau. L’endroit le plus large du bateau. Donc, de bâbord à tribord il est... je dirais 15 pieds. Enfin…20 des vôtres…

Souriant en coin, il s’agrippa à une corde et se dirigea près des fils d’étai d’où partait quelques cordages.

Au vent ? À la voile. De par la largeur de la rivière il faut avoir le vent dans l’axe arrière ou légèrement de coté. Comme il est un fond plat, oubliez la voilure par vent de coté, c’est la vase assurée. Ici les lignes de cargue, il est 2 de chaque coté. Elles servent à carguer la voile, donc à la faire remonter sur la vergue. Alors…pour larguer les voiles ? Ben…vous laisser filer la corde des cargues aux cabillots. Facile … Ensuite… la ligne d’amure. La corde passe à la poulie qui tend vers le bas le coin inférieur de la voile carrée aux extrémités vous voyez ? Ça permet de gardez l’amure, donc la bordure de la voile bien tendue pour une meilleur prise au vent. Il est une de chaque coté. Ici, les lignes de brasse. Brasser, c’est orienter les vergues au moyen des bras. La vergue, c’est ce bout de bois perpendiculaire au mât et sur lequel est fixée la grande voile. Donc, cette vergue est montée sur une bague qui lui permet de tourner, de glisser et d’être abaissée le long du mat par la drisse qui est fixé à la base, comme pour un drapeau. Donc…si le vent est de travers, vous allez brasser la vergue ou contre-brasser la vergue pour avoir le plus de poussée possible au navire. Pas de vent ? Ben...faut faire au courant de la rivière, au hallage ou à l’aviron par les petits sabords plus bas à la coque.

Se passant le revers de la main sous le nez en regardant ses compagnons de rivière, il fronça légèrement les sourcils avant de sourire discrètement en posant les pouces à son ceinturon.

Bon, maintenant que vous savez tout. Qui sont ceux qui restent au pont et ceux…qui restent à terre ?
Adso
On ne la lui faisait pas, à lui : çà n'avait ni la taille d'une poule d'eau, ni celle d'un lapin. Et vu le bruit, çà ne pouvait être qu'un sanglier. Et encore, pas un marcassin... Adso n'avait aucune idée de la façon dont on pouvait attraper et tuer du petit gibier, mais tout de même... il voulait donc qu'il aille tuer un sanglier rien qu'avec un couteau ? et pourquoi pas avec une petite cuillère ?

Adso se posa exactement où Zephirin l'avait laissé : sur la planche qui reliait le bateau à la terre. Il était hors de question qu'il aille sur la berge risquer sa vie face à une bête sauvage, et il n'avait pas non plus envie qu'on le mêle aux tentatives désespérées visant à faire avancer cette épave. Il croisa donc les bras, fronça les sourcils, le regard froid fixé sur Lothilde et Zéphirin, et il attendit que ces derniers se décident à faire quelque chose au sujet du sanglier et des couvertures.

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zephirin
Tournant la tête au sourire de Lothilde qui observait Adso, Zephirin pivota et roula des yeux en voyant le court homme tapoter du pied les bras croisé à la planche. Rhaa…mais il attendait quoi ? Soupirant en secouant la tête l’artilleur s’approcha de la passerelle et attrapa fermement le père par le coude en lui retirant la lame de la main, le tirant sur le pont.

Comme vous ne souhaitez pas retourner à terre, j’en conclu que vous allez faire avec nous à bord hein ??
Alors…aussi bien récupérer …vos…couvertures.
Bon ! Vous voulez que je vous montre ? Parfait !
D’abord, un petit bout de corde souple...

Attrapant une corde au pont, l’artilleur glissa son arme à une boucle et serrant les dents, en coupa fermement un bout, se penchant rapidement pour prendre une gaffe de bois appuyée à la cambuse. Ouvrant la bouche pour y serrer la corde entre ses dents, il plaqua le manche de son poignard à l’extrémité de la gaffe et serrant cette dernière entre ses genoux, fixa son arme en fer de lance. Relevant la tête en le toisant, plissant les yeux, il entoura soigneusement le manche de la corde, la nouant solidement. Se penchant pour prendre et passer à sa ceinture la hachette de menuiserie, il redressa le dos et bomba un peu le torse.

Voilà comme faire une lance…mon père. Maintenant ? La bestiole…Allez !

Refermant sa large main sous l’aisselle gauche du père, Zéphirin le souleva sur de quelques pas pour le poser à la passerelle en grommelant. Une fois à terre, il lui laissa le bras en désignant le tas de couverture.

Vous la voyez la bestiole là ? Il est là votre sanglier de 400 livres ?? Ah ! Un marcassin ?? Vous n’êtes pas sans savoir que si il est un marcassin, il est maman pas loin !

Lui poussant derrière les genoux avec l’autre bout de sa lance, ils s’avancèrent à la surface boueuse conduisant au monticule …grouillant.

Bon, une fois qu’il aura la lance au corps, il va crier comme un enfant qu’on égorge, il va pisser le sang et se démener pour fuir. Il faudra sauter dessus mon père et le tenir au sol pendant que je viendrai lui couper la veine au cou. Compris ? Pendant votre assaut, je vais surveiller celle de 300 livres au cas où, juste pour vous éviter qu’elle ne vous tue avec ses défenses. Mais bon, n’ayez crainte généralement 1 personne sur 2 survie à une attaque du genre.

Le voyant ralentir à nouveau, le charpentier poussa à l’omoplate de l’homme devant lui du bout des doigts en souriant en coin.

Allez mon père encore un peu et ce sera bon. M’enfin…quand il aura fini de hurler à vous fendre les oreilles, il ne restera qu’à lui ouvrir la cage thoracique avec la hachette, à plonger vos mains aux entrailles fumante pour en préserver le meilleur et à le ramener à bord ! N’est-ce pas là une chouette aventure à mettre à vos manuscrits mon père ? Bah…bien sûr, pas de mal à ce qu’elle fasse au récit 600 livres cette pauvre laie, et que vous l’ayez égorgé avec vos dents, c’est pas moi qui vais vous vendre messire et les gamins vont adorer lire ça.

Plissant les yeux en regardant le tas de couverture, rien ne semblait y bouger. Se passant la main sous le nez, il laissa retomber sa lance de fortune à la hauteur de ses hanches et se gratta la tête sur les derniers pas en chuchottant.

Alors…dites moi messire Adso. Ça va être dur sur l’estomac des couvertures de laine. Bien que...longuement bouillie…

Déposant sa main l'épaule de Adso pour lui intimer l'ordre de stopper son avancée, l'artilleur le contourna lentement et en silence. Farfouillant aux couvertures de la pointe de sa lance de fortune, l’artilleur les releva doucement. Soulevant un sourcil vers le père en voyant sautiller un batracien ayant décidé de passer la nuit au chaud, Zéphirin observa les alentours en écoutant les élucubrations de l’homme d’église. Se penchant en attrapant les couvertures, le lourd Comtois les balança aux bras de l’homme qui pinçait maintenant des lèvres avant de pointer le sol avec l’extrémité de sa gaffe fait lance.

Bon. Ça, c’est bien un pied de marcassin à la boue…mais, dire qu’il n’était pas là…avant. Psfff….enfin...rentrons. Et ne me regardez pas comme ça !!! Je ne vais pas les porter ces couvertures !!!

Le retournant en vitesse en lui empoignant les épaules, Zéphirin grommela en soulevant les chausses au mieux de ce sol vaseux, le poussant à nouveau du bout des doigts à l’omoplate, marchant à sa suite.
Adso
Adso regarda Zephirin s'affairer avec son bâton et son couteau, en haussant les sourcils de consternation. Bien obligé, ensuite, de se laisser pousser par celui qui devait bien mesurer et peser deux fois son poids, il connut un instant d'angoisse quand Zephirin annonça sans ciller qu'une personne sur deux ne survivait pas à l'attaque d'un sanglier... Les descriptions de ce rustaud étaient à frémir, voire à vomir... Qu'est-ce qui l'avait pris de s'associer avec un tel individu ? A oui... c'était Lothilde qui l'avait ramené avec elle...

Lorsque Zephirin souleva les couvertures pour laisser apparaître une grenouille, Adso commença à récriminer. Heureusement, Zephirin reconnu qu'il y avait bien une trace de bête sauvage sur le sol. Même s'il avait tendance à insinuer que la trace était peut-être vieille... Adso avait bien entendu quelque chose, cette nuit. Zephirin avait lui-même entendu des grognements ce matin, et ils avaient bien vu de l'agitation dans les couvertures, impossible à confondre avec les sauts d'une grenouille ! Grenouille, d'ailleurs, qui aurait été bien en peine de soulever comme çà les lourdes couvertures... S'ils n'avaient pas tergiversé comme ils l'avaient fait, on l'aurait vu, la bête ! Même si Adso était en fait bien content de ne pas l'avoir rencontré face à face...

Les couvertures sur les bras, il se laissa de nouveau pousser par Zephirin. Une fois sur le bateau, il laissa les autres se débrouiller avec leur entichement inexplicable pour cette vieille coque de noix. Il se mit à l'écart avec son nécessaire d'écriture, et ajouta dans son journal d'expédition :

Citation:
Neuvième jour d'expédition : Aujourd'hui notre petite troupe a dû faire face à un des plus terribles représentants de la faune sauvage et monstrueuse de ces contrées hostiles. Fort heureusement, nous étions à bord de notre embarcation lorsqu'elle a surgi, et personne n'a été blessé. J'ai été, comme il se doit, le premier à m'approcher. Elle poussait des grondements terribles qui n'avaient rien d'humains. Grâce à mes exhortations, mes compagnons se sont finalement décidé à l'affronter avec moi. Dans notre grande mansuétude, nous ne l'avons pas mise à mort et nous sommes contenté de la mettre en fuite. Le Très-Haut nous a soumis à l'épreuve, et notre Foi nous a donné la victoire, mais nous n'en avons pas fait mauvais usage.

Nous continuons maintenant notre route, de plus en plus conscients des milles et uns dangers qui peuvent se trouver à tout moment sur notre chemin.


Puis Adso releva la tête est regarda le paysage qui bordait la rivière. Après tout, il n'avait fait que dire la vérité, hein... Il avait bien été le premier à être au plus près de la bête, lorsqu'il était sur la passerelle...

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lothilde
Les bras croisés pour maintenir la couverture serrées sur ses épaules, déambulant lentement pour observer de plus près les éléments du bateau qu'il lui montrait, Lothilde écoutait attentivement, approuvant d'un hochement de tête les explications, silencieuse. Oui...comme ça, ça semblait simple..mais de là à prévoir à temps d'où allait venir le vent pour prendre le bon sans escalader la berge ou récupérer la voile dans l'eau..Ouille..Dans sa bouche, oui, ça avait l'air facile, mais quelque chose lui disait qu'elle allait prendre quelques engueulades dans les jours à venir.

Plusieurs fois elle tourna la tête, les yeux plissés sur la silhouette du sénéchal, un peu intriguée par l'espèce de passion qu'elle entendait dans sa voix, à sa façon de prononcer ces mots de marins.. comme des caresses. Il avait été sur une caraque, ça, elle le savait...étrange qu'au cours de toutes les longues conversations qu'ils avaient eues, il l'ait à peine évoqué. Est-ce qu'il n'avait été qu'un simple...homme de pont, comme il disait ? Quel drôle d'oiseau que celui-là...à se prétendre rustique..Par instinct ou discrétion, elle s'était toujours empêchée de lui poser des questions sur sa vie d'avant, sur la mer...ni pourquoi il l'avait quittée, surtout.

Sursautant à sa question qui la ramenait à des considérations plus terre à terre, elle se mordilla les lèvres en haussant à peine les épaules, sans oser répondre...Trois. Trois hommes de pont, dont deux qui n'avaient jamais vogué que sur des barques... Parce que le curé, lui, en dehors de développer une incroyable force d'inertie...Même à la cambuse il serait capable de provoquer des catastrophes..

Elle se détourna pour regarder à la passerelle et sourit...Non, il ne fallait pas compter sur lui, même pour la soupe. Le Bénédicité, peut être...les derniers sacrements, éventuellement. Et même prendre le halage avec les chevaux à la longe derrière sa mule promettait quelques frayeurs inoubliables.... Regardant l'artilleur, elle sourit en coin. Il avait marqué un point sur elle. Il n'avait peut-être pas bougé d'un pouce, le vaillant petit chasseur de poules d'eau, mais il n'avait pas non plus couiné comme une souris pour essayer de l'amadouer, lui, comme il l'aurait fait avec elle. Très intéressée par cette petite leçon d'éducation tardive du mâle dominant au petit monseigneur pâlichon, elle se posta en retrait en affichant ouvertement la plus parfaite indifférence, détournant la tête pour masquer son amusement à voir la mine du curé s'allonger. La lance de fabrication maison lui avait été fatale, et l'usage qu'il devrait en faire avait retiré le peu de couleurs qu'il avait aux joues, mais elle était prête à parier qu'il allait y aller. Pas moyen de se défiler et en dehors d'elle, qui se gardait bien d'intervenir, il ne pouvait attendre le secours de personne. Non, monseigneur, même Aristote ne semblait pas décidé à volleter sur le pont de la gabare...fallait croire que le livre des Vertus était incomplet et qu'il manquait le chapitre consacré à l'éducation du chasseur-cueilleur de sexe masculin ! Tiens, il faudrait qu'elle lui en parle à l'occasion...de ce regrettable oubli...

Lothilde jubilait intérieurement. Les suivant à quelques pas, elle vint s'appuyer au bastingage pour suivre la scène de chasse qui se déroulait sur la berge en pleurant de rire et laissant sa main filer le long de la rambarde pour accueillir les grands aventuriers à leur remontée à bord, elle tapota l'épaule de monseigneur au passage, riant ouvertement qu'il ne lui décoche pas le moindre regard et se contente de pointer son nez de musaraigne vers le firmament sans répondre


His-to-rique, monseigneur !
Rome devrait être averti de vos exploits...vous faire Chevalier de l'Ordre du nénuphar, par exemple

Le regardant s'affairer à son petit matériel d'écriture et gratter la plume d'oie à son journal de bord, le dos appuyé à la cloison de la dunette, lothilde respira un bon coup et pivota sur elle même, en fourrageant dans ses cheveux avant de regarder le sénéchal en souriant


Bon...ce marcassin, vous allez le récupérer ?? ou vous préférez que je fasse la soupe...

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zephirin
L’artilleur avait glissé le pied sur l’arête d’un morceau de bois à la base de la passerelle pour s’en débarrasser de cette boue à ses chausses. Remontant lentement à la planche en défaisant le nœud retenant son poignard à la perche, il esquissa un léger sourire aux propos de Lothilde sur l’aumônier de l’expédition et secoua la tête à sa question.

Disons qu’il faudra oublier le marcassin. Il est parti et..euh..je..

Fourrant son poignard à sa ceinture, il croisa à peine l’oreille de la femme en murmurant faisant mine de s’appuyer à la rambarde et recula aussitôt en relevant la tête à la mature…

Sais pas trop faire à l’arc..et..à vrai dire, j’ai toujours préféré la soupe. Mais..vaut mieux que ça attende un peu...

Gesticulant en allant vers l’avant du navire, Zephirin donna quelques consignes en à son équipage en se faufilant entre les cordages, mettant son poids sur certain s’assurant de leur fiabilité.

Messire Adso ! Il est l’heure de poser pied à terre et d’enfourcher votre …euh..enfin..ce.cette..c’est quoi ça ? Un âne ? Ouais...votre âne de...hallage. Nous allons lever l’ancre .

Compagnon Brennus ! Vous allez faire vigie devant ! Pas envie de me prendre un haut font ou un rocher dans la coque. Faudra être attentif !

Arrivé à la proue, celui qui avait fait gabier et quartier maître posa le pied sur un tonneau d’eau douce et tourna la tête en déposant la main sur sa cuisse.

BRENNUS !! VOUS DORMEZ ?? DEBOUT !!!

Grommelant en se penchant sur l’un des points d’attaches avant, Zéphirin allait mollir l’amarre. Se retournant en revenant vers le mât, il fixa Lothilde en passant sous les haubans bâbord.

Lothilde ! Vous allez prendre la barre ! Montez sur la dunette et mettez nous dans le courant. Dès que messire Adso nous aura détaché de la rive, je vais nous pousser de la longue perche au quart avant du bateau. Nous allons donc mettre le nez en travers à contre courant, Dès que vous allez sentir la coque avant vouloir descendre au courrant vous allez pousser la barre vers la rive pour nous permettre de tourner et vous allez ensuite redresser dans l’axe de la rivière. Compris ?

La regardant avec les yeux grand ouvert en souriant légèrement, il fronça le nez et attrapa une gaffe faisant près de 15 pieds et remonta au pont s’arrêtant devant la planche passerelle en déposant sa perche. Tirant fermement dès le dernier pas de Adso à la planche, il la hissa à bord avant d’aller rejoindre son poste au quart avant.

Allez mon brave ! Que la force d’Aristote gagne vos bras et nous largue l’amarre avant !
Ouiii!!! Un effort !! J’entends déjà résonner aux murs des cathédrales : Et au dixième jour, l’homme de mille réalisations et à la force divine se reposa en regardant le monde qu’il venait de créer !!!


Se retenant bien de rire outre mesure, l’artilleur hocha de la tête en le remerciant et poussa fortement à sa perche en haussant le ton.

GOUVERNEURE !!! METTEZ NOUS CE VAISSEAU DANS LE COURRANT !!!
McANEYTH !!! OUVREZ-VOUS LES YEUX !!! FINI LA SIESTE !!! C’EST PARTIE !!!


Poussant à quelques reprises en reprenant toujours sa perche au fond de la rivière, Zephirin la remonta vite à bord et se dirigea à la base du mât en observant tout en haut des 30 pieds, le bout de tissus qui flottait au vent. Ça ne serait pas bon pour le moment, mais..dès un changement de direction au cours de la rivière, la voilure pourrait accélérer les choses. C'était aussi bien y voir maintenant.

Tournant la tête pour regarder Lothilde s’accrocher à l’énorme barre, il laissa aller un sourire avant de ramener vite la tête aux cordes qui pendaient aux cabillots, de choquer quelques lignes et d’en mollir d’autres. Se glissant le nez à l’épaule, il s’activa aussitôt en lançant certains cordages au sol tout en hurlant sans vraiment désigner personne.

RAPPORT DE MANŒUVRES !!!
lothilde
va pour la soupe, sénéchal !

Lothilde sourit. Le moment n'était pas aux nombreuses plaisanteries qui hantaient la soupe et ses vertus..ou ses méfaits. Et à le voir arpenter le pont avec énergie, ça sentait le commandement imminent et sans réplique.
Lothilde se débarrassa rapidement de sa couverture pour la secouer et la replier grossièrement, et courut jusqu'à la cabine de poupe, baissant la tête en lâchant un juron après s'être cognée au montant de la petite porte de bois. Balançant la courtepointe sur la couchette, elle secoua l'épaule de Brennus sans ménagement et hésitant un instant en regardant ses pieds nus, elle haussa les épaules...non, finalement, elle était plus à l'aise comme ça et tant pis...surtout si...il serait bien capable de la faire grimper pour...rabanter, c'est ça ? ...mieux valait écarter cette idée là de sa tête. Accroupie, elle roula ses braies sous ses genoux et se redressa en sortant sa chemise de sa ceinture...peut être pas très aristocratique comme tenue mais plus confortable et personne ne la verrait. Sursautant en entendant hurler le sénéchal sur le pont, elle se pencha et agrippa l'épaule de McAneyth une nouvelle fois, secouant un peu plus fort


ça hurle ! Debout, moussaillon ! ne m'abandonne pas, Mac...par pitié, ne m'abandonne pas...

Faisant volte-face, elle se baissa prudemment à la porte en quittant le quartier, et marcha à grandes enjambées vers le mât, les deux mains dans les poches à la recherche d'un lien de chanvre qu'elle mit entre ses dents, le temps de ramasser sa crinière à pleines mains et de la torsader derrière sa nuque avant de la nouer solidement en souriant machinalement. Oui, elle aussi, elle savait faire. Elle aurait du...peut être un foulard, elle en avait un dans ses fonte. Pour ressembler à Derdekan...l'idée lui parut plaisante et elle amorça un retour vers la cabine

Arrêtée dans son élan, elle fit machine arrière, pour lever les yeux sur le capitaine du vaisseau avant de les reporter sur la dunette en grommelant entre ses dents


la barre, oui.La barre.. et comment je grimpe là-dessus, moi...vous en avez de bonnes !! ah ! par là ! trop haut ! me faut une prise ! une échelle, quoi...même une petite ! toute petite !

Elle allait manifester mais se retint juste à temps. Elle connaissait la réponse..."Débrouillez-vous !"..pour rester poli... alors inutile de se l'entendre aboyer. Contournant rapidement le petit édifice à la recherche d'une échelle inexistante, elle sourit. La caisse en bois... Arque boutée, elle la tira à l'aplomb de la lucarne, y grimpa et prit appui des deux mains à la rive de la toiture, passa le pied gauche dans l'ouverture de la petite fenêtre en poussant sur la jambe droite et se hissa sur la dunette où elle se remit debout, frottant ses deux mains l'une contre l'autre, satisfaite d'elle même et de la terre entière qu'elle dominait en fronçant le nez au petit vent qui lui frôlait le museau. Sauf que le timon, l'espèce de gros manche à balai..Il avait dit quoi déjà..Misère...Pousser la barre vers la rive. Quelle rive !! il y en a DEUX, de rives ! et il s'en foutait ! mais elle rit tout de même de ses commentaires au petit Padre l'espace d'un instant, juste celui d'apercevoir l'éclair outragé dans les yeux de monseigneur avant de se cramponner à la barre qui s'était mise à vibrer sous ses mains.. elle sentait le pont bouger sous ses pieds... Nom d'Aristote ! on...on quittait le bord ! elle avait vaguement la trouille,mais c'était grisant tout de même. Les yeux plissés et se mordant furieusement la lèvre dans son effort de concentration, elle agrippa de toutes ses forces le manche pour le tirer en arrivant au centre de la rivière et...et il ne virait pas dans le bon sens...il fallait..de l'autre côté...gardant une main agrippée à la barre en se contorsionnant pour passer de l'autre côté, la tête penchée dans l'effort, elle poussa de toutes ses forces et soupira de soulagement en voyant le nez du bateau revenir dans l'axe du courant...et vers le nord...ouf...Risquant un rapide coup d'oeil au chemin de hallage où le petit curé trottait bravement, elle sursauta au commandement hurlé depuis le pont

ET... COMMENT JE FAIS, MOI, CAPITAINE ?? JE LÂCHE TOUT POUR VENIR AU RAPPORT DE MANŒUVRE ??

Sans oser bouger un orteil, les sourcils froncés par l'attention, elle toussota et reprit plus poliment

On est dans le courant, capitaine...jusqu'à preuve du contraire, on flotte! et on avance vers le nord, ne m'en demandez pas plus...Ce truc est terriblement difficile à tourner et pour tout vous dire, capitaine, j'ai ... j'ai un peu tiré le manche au lieu de le pousser en direction de la berge, vous...ne m'aviez pas dit si je devais être à droite de la barre ou à gauche alors...mais c'est bon, maintenant. Enfin je crois...

Baissant les yeux sur le capitaine debout au pied du mât, elle lui décocha un large sourire

on se sent le maître du monde, et pour une fois, capitaine, c'est moi qui vous regarde de haut !

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Adso
- Messire Adso ! Il est l’heure de poser pied à terre et d’enfourcher votre …euh..enfin..ce.cette..c’est quoi ça ? Un âne ? Ouais...votre âne de...hallage. Nous allons lever l’ancre .

Adso avait bien envie répondre à Zephirin: "Une mule ! bougre d'âne ! une mule !" Non mais, vraiment, même pas savoir distinguer un âne d'une mule... Il haussa les épaules et préféra ne pas trop titiller le mastodonte.
Par contre, lorsqu'il lui demanda de descendre, il lui répondit du tac-o-tac, ne pouvant s'empêcher d'essayer de reprendre une peu de contenance :

- Après tout le foin que vous avez fait pour me faire monter à bord de cette coque de noix, maintenant, vous voulez que je redescende ? Et bien soit. Puisqu'il faut quelqu'un pour guider le navire, je serai ce quelqu'un. Je pense que je suis le plus à même de le faire, de toute façon...

- Allez mon brave ! Que la force d’Aristote gagne vos bras et nous largue l’amarre avant !

Adso ne comprenait rien à son charabia... Mais bon, un peu avant, il avait parlé à Lothilde de ce qu'"Adso" devait les "détacher de la rive". Plein de bon sens, Adso montra une des cordes qui reliaient le bateau à la rive.

- Ouiii!!! Un effort !!

Parfait, il était sur la bonne voie, donc... Il s'empressa de défaire le noeud, puis alla détacher l'autre noeud, de l'autre côté du bateau. Mais Zephirin ne le regardait plus... Et juste à ce moment-là, un cavalier fit irruption sur la route qui venait du bois. Adso tourna la tête : le cavalier sembla satisfait de trouver le bateau, et demanda auprès d'un dénommé Adso. Adso lui répondit d'un ton légèrement irrité :

- Oui, c'est moi. Qu'est-ce que vous voulez ? Vous ne voyez pas que je suis au milieu d'une manoeuvre très importante ?

- C'est que je dois vous transmettre un courrier. Cà à l'air très important.

Levant les yeux au ciel :

- C'est toujours très important, si vous écoutez les gens... Cà vient de qui ? l'archevêché ? Ils ont encore perdu l'exemplaire de Pastorale que j'ai précautionneusement placé dans la bibliothèque ?

- Non, non, çà vient du Prince de Mayence.

Adso lacha la corde : enfin, une réponse de Mayence ! et du Prince en personne ! Ils allaient avoir des informations primordiales pour leur mission ! Il s'empara sans ménagement du parchemin roulé que le messager tenait à la main, décolla avec milles précaution la cire rouge, et lut :

Citation:
Dear Adso,
your request has reached me yestaerday and now I´m able to answer your questions :

- Could you, please, describe me the configuration of the waterways around your own town [screenshot of the IG map] ?
I´m sorry, but I cannot provide any maps of our rivers yet, because they are not posted in my material,but we are connected to the Rhine and the Donau towards the Reich.

- Do you know if you are connected by water to Holland ?
Yes we are - that´s for sure. We´re not only connected by the waterway, but also we have made contact to the international hanseatic league. So, this shipping way will be provided.

- Are you connected to another German harbor ?
Yes, we are. Despite of the fact that we are the first harbour to the atlantic, we can travel furtheron into the german Reich as we like.

- Does your duchy plan to upgrade it ? When do you think it will be possible for boats to land without damage [level 2] ?
Yes, I´m not planning it but already building up the harbour, but I don´t know exactly when it will be finished. If we continue like the last few days I suppose a comfort time of two weeks until the Level2 harbour is finished.

If you like to know some more or if you like to make purposes to Mainz, please connect me. I´m in charge of the whole theme "Harbour, Hanse, Trading and so on^^"

Sincerely
Heretic von Gareth
Prince of Mainz


Il releva la tête et appela Lothilde pour lui annoncer la bonne nouvelle. Un petit bruit de cloche se mit à retentir dans sa tête, comme dans les jours qui avaient précédé les fuites des maires Slicer et Dida... Quelque chose ne tournait pas rond... Tout en fermant à demi les yeux sous le coup d'une intense réflexion, il regardait le bateau s'éloigner de la rive, puis demanda :

Dites... Le principe du halage, c'est bien que la mule tire le bateau, non ? On fait comment, s'il n'y a plus de corde pour la relier au bateau ? Cà me semble poser un sacré défi aux lois de la physique, votre histoire...

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lothilde
Rassurée, Lothilde retira alternativement ses mains de la barre pour faire jouer ses doigts raidis par la tension sur le timon. S'assurant du regard qu'elle disposait d'un long ruban bien droit de rivière devant elle avant la prochaine courbe, elle soupira...D'une main, elle arrivait à maintenir l'espèce de manche à balai dans l'axe de la gabare. Restait à prier pour que McAneyth la prévienne assez tôt si un pêcheur s'avisait à traverser la rivière en barque...Un téméraire qui découvrirait trop tard qu'il n'avait pas appliqué le concept de la Conservation décrit dans le livre des Vertus. Un de plus...
C'est vrai, ça, il ne lui avait même pas dit comment on arrêtait l'engin...Restaient les Ave et les Pater pour que l'âme de ce pauvre mortel soit projetée directement dans les bras d'Aristote par le nez du bateau. Elle se mordit l'intérieur de la joue, honteuse d'avoir souri bêtement en imaginant l'envolée fulgurante d'une âme dans les airs et tordit le cou en fronçant les sourcils pour regarder Monseigneur sur le halage...Sapristi...Mais il recommençait...Qu'est ce qu'il foutait à lire ses parchemins...La conservation, hein ! Ahhh il avait bon dos avec ses sermons...

Sans trop oser quitter la rivière du regard, elle lançait des coups d'oeil rapides à droite, sur les chevaux à la queue-leu-leu derrière la mule...Que l'un d'eux sente qu'il pouvait prendre la main sur le grand timonier Adso et une autre âme pouvait faire le voyage vers Aristote...Tiens, au fait...Tâtant d'une main la poche arrière de ses braies en soulevant le pan de sa chemise, elle se rassura. Ceux là, de dessins, il n'allait pas les étudier, elle avait oublié de lui donner....le petit port de Strumpfausbeimitnachseitvonzu ou un nom de ce genre, il était mignon aussi...elle s'était demandée comment on allait y accoster, d'ailleurs...il les aurait plus tard...

Spoiler:
 

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Un nouveau regard en coulisse lui fit à nouveau froncer les yeux et grommeler


un sacré défi aux lois de la physique...pffff...et lancer une corde, Padre, c'est vous lancer un sacré défi, aussi ! Celui de ne pas vous la prendre sur le nez ! Non mais...Houlàààà...


Prise de panique, elle avala sa salive en lançant un regard de détresse sur l'artilleur qui démêlait les cordages sous le mât, hésitant à l'appeler au secours. De quel côté il fallait pousser la barre pour aller à droite...Elle ne se souvenait déjà plus...la pousser, mais où ?? .... Et plus loin, la rivière faisait une courbe et...Tant pis, elle essaierait les deux, si jamais il ne relevait pas le nez...Mais c'était lui, le capitaine, à la fin ! Les dents aussi serrées que les mains sur la barre, elle sentait son coeur s'affoler

Merdaille de merdaille...je le déteste...je le déteste..
.Capitaine !....obstacle à babord !...si vous préférez, je voudrais éviter de grimper sur la rive gauche dans la courbe qui arrive... sinon on se fait des stères de bois avec une rangée d'arbres... pour mettre le maudit nez de cette maudite barcasse à droite, je pousse de quel côté ??

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zephirin
Relevant la tête pour tendre l’oreille au rapport en provenance de la dunette, Zéphirin pinça un sourire en évitant de se retourner lovant la corde qui, justement, servirait à rejoindre la rive pour halage. Bon, ce n’était pas encore tout à fait au point que la façon de livrer l’information, mais...ça viendrait. Levant les yeux sur la proue, il fronça un peu les sourcils. Où était la vigie ? Bon...pour l’heure, la rivière ne semblait pas poser de problème, et à cette allure, les dommages ne seraient pas bien important, mais il faillait pouvoir compter sur chacun pour assurer le bien de l’expédition. Terminant son nœud de touline en bout de corde, il posa la main au sol pour se hisser du genou sur lequel il reposait et gagna le bastingage en jetant un œil à l’eau avant de relever le menton vers le père Adso en haussant un peu le ton pour être entendu de la rive.

Vous voyez cette corde mon père ? Dans le cas où le hallage serait nécessaire, elle vous sera envoyée. À son extrémité, j’ai fais un nœud franciscain. Il ajoute du lest en bout de corde et permettra de vous rejoindre à bonne distance. Une fois que vous aurez cette corde, je vais l’attacher à une autre de plus fort diamètre et c’est celle là qui prise à la proue permettra à votre truc sur pattes de faire voir de quoi elle est capable. Si elle décide de faire à sa tête, ben faudra vous passer la corde à l’épaule et tirer mon père. C’est très propice à la réflexion que cet exercice…vous aimeriez.

Revenant vers la cambuse en accrochant son cordage à un cabillot, l’artilleur retira sa veste et la balança à son hamac avant de se happer la tête au portique aux cris soudain de Lothilde. Se passant vite la main à la tête en grimaçant il releva la tête et se dirigea vite à bâbord y enjambant quelques sacs pour s’y pencher au plat bord en scrutant l’eau en grommelant de savoir ce que foutait Brennus au devant !

La barre à bâbord Lothilde !!! La barre à bâbord !!! À fond !!!

Se poussant des bras pour traverser tribord et saisir la longue perche longeant la rambarde, l’artilleur pilonna lourdement le pont de ses pas en baissant la tête pour parer les cordages et couper bâbord devant le mât en espérant pouvoir toucher le fond pour aider à pousser le nez de la gabare.

McAneyth !?! Vous dormez ??? Observations !! C’est bon à tribord ?? BRENNUS !?

Piquant sa gaffe au fond, Zéphirin referma les doigts à la perche et y laissa choir de coté tout son poids serrant la mâchoire. Rendu à bout de gaffe, il se redressa rapidement en repiquant et s’y laissa choir à nouveau en grognant, le visage rougit par l’effort. Rentrant sa gaffe haletant, il se déplaça vite à la proue pour s’y pencher et observer à l’eau. S’y retournant devant elle qui se trouvait 50 pieds plus loin, il lui désigna la rive tribord de la main.

Beau travail barreur ! Bien que ce soit tentant de coller cette rive maintenant, ramenez lentement la barre tribord …c’est ça...ce qui enverra le nez vers bâbord. En rivière, vous devez suivre le courant. Regardez. En happant la rive pour tourner, l’eau creuse le lit de la rivière car l’eau s’y concentre et gruge lentement la berge. Donc...si la rivière tourne à droite, la rive droite sera toujours moins profonde et vice versa. N’ayez crainte, il faut suivre le courant et surtout…

Scrutant le pont à la recherche de Brennus, il haussa le ton en posant le pied au tonneau d’eau douce.

…AVOIR UNE VIGIE FIABLE !!!
Adso
Adso fit semblant de n'avoir pas entendu les remarques désobligeantes de Zephirin. Très bien. S'ils avaient tout organisé pour faire avancer ce rafiot, qu'ils se débrouillent... Mais dans ce cas, quelle était la raison de ce tintement de cloche dans sa tête ? Jusqu'à présent, çà avait toujours été pour le prévenir de quelque chose, même si çà avait rarement pu éviter la catastrophe : soit il était trop occupé pour y faire attention, soit on ne l'avait pas écouté quand il avait prévenu, par exemple qu'un maire allait prendre des vacances aux frais du contribuable... Qu'est-ce qui allait donc leur tomber dessus, encore ? Décidément, c'était bien joli ces histoires de connexion avec les monde des Idées par l'entremise de l'Ether, mais çà manquait un peu de précision...

Bah, tant pis, on verrait bien... Adso se mit en devoir de rattraper sa mule qui s'était mise en tête de descendre le cours de la rivière sans qu'on ne lui demande rien...

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lothilde
Elle en avait encore les jambes flageolantes, la Dampierre. Dans sa surprise que le coude de la rivière arrive aussi vite alors que le bateau semblait glisser paisiblement comme sur un nuage, elle avait obéi aux ordres lancés par l'artilleur comme une mécanique ...Pas le plus petit soupçon de réflexion, même pour le plaisir de contester..Une veine, elle était du bon côté de la barre pour la pousser, et s'était ruée dessus, courbée sur l'énorme bout de bois tellement bien adapté à la taille de ses mains qu'elle ne pouvait même pas en faire le tour. Ça, pour pousser à fond bâbord, elle avait poussé à bâbord, rouge comme une crête de coq, sous un rideau de cheveux que le vent faisait exprès de lui ramener devant la figure et qu'elle chassait d'un geste de l'épaule, soufflant en même temps la mèche qui lui chatouillait le nez en relevant la lèvre inférieur

Rudement soulagée de voir la barcasse prendre la courbe, elle s'était redressée juste à temps pour apercevoir la rive droite qui se rapprochait...Sapristi, c'était un bateau-boulasse, à zigzaguer comme ça, ou quoi !! ...Brennus, nom d'une pipe !! mon frère Brennus, ne vois-tu rien venir à tribord ?? ...si il y avait eu un banc de sable, on allait s'y emplafonner comme des braves...Mais elle avait compris, ça y était...concentrée, et cette fois sans panique, le regard loin devant, elle avait redressé un peu la barre à tribord pour reprendre le courant au milieu de la rivière, d'accord, capitaine...compris. Sans quitter des yeux la rivière, elle lui avait souri, fière. Et s'attendait au déluge du côté de la vigie mais manifestement...le bon Brennus avait le sommeil lourd de ceux qui n'ont rien à se reprocher...Tout de même, placé tout devant, il était aux premières loges pour s'exploser sur un récif. Elle le trouvait rudement confiant...à sa place, elle aurait hurlé comme une oie qu'on saigne...

Se mordant la lèvre, elle s'attendait à la semonce mais c'était compter sans la béatitude de la vigie que rien ne semblait troubler. Le menton posé sur la poitrine, les bras croisés, la tête qui se balançait au gré des vaguelettes, le vicomte somnolait comme un juste..Après tout, pour l'instant, elle voyait loin devant, au-dessus de lui. Après, si il prenait à Zephirin de hisser la voile et que le mouvement s'accélère, après...Elle sourit et baissa la tête pour regarder le sénéchal qui revenait vers le mât


Après, quand vous aurez mis la voile, je serai la vigie, sénéchal. La figure de proue de ce navire ! Pffff...Moquez-vous donc ! Si...Si c'était un effet de votre bonté, j'aimerais bien que vous me remplaciez à la barre. Oh ! pas longtemps ! Juste le temps de trouver...un système pour faire parvenir un message au père Adso...J'ai une idée...le coup de la sarbacane devrait marcher...vous...vous pouvez reprendre cette barre ?


La tête à peine penchée sur son épaule gauche, elle essaya un sourire vaguement implorant, mais pas trop tout de même. Elle manquait d'une certaine habitude...en général, c'était plutôt elle qui jouait à la vicomtesse...et elle s'était rarement mise dans la situation d'avoir à demander, elle qui savait si bien exiger...l'idée l'amusait. Finalement, c'était confortable, d'attendre des ordres. Après tout, il pourrait attendre, monseigneur. D'ailleurs...mais qu'est ce qu'il fabriquait encore ??...Haussant les sourcils elle tendit le bras en direction du halage, index pointé sur le mulet qui n'en faisait qu'à sa tête

...Si vous voulez mon avis, ça va encore se terminer par une gamelle...dans la rivière, ça pourrait être salutaire.. Il pourra écrire dans son journal...17 novembre 1457 : aujourd'hui j'ai testé une activité réservée à la nonne maigre comme un vendredi saint qui me sert de servante : j'ai fait la lessive annuelle de ma bure, sous l'œil émerveillé de mes compagnons de route, qui découvrent une nouvelle facette de mes immenses talents....etc etc...

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Adso
Adso avait fini par rattraper sa mule. Laquelle avait décidée, on se le rappelle, de son propre chef, qu'il lui fallait suivre le bateau. Fort bien... Et les chevaux et les autres mules, pires que des petites chiens, s'étaient mis à la suivre. Parfait.

Une fois arrivé à sa hauteur, il eut tellement de mal à la faire arrêter qu'il se décida à monter sur elle en marche : cette petite galopade l'avait un peu fatigué. Il appréhendait un peu de se retrouver de nouveau dans un situation embarrassante en chutant, et vérifiait du coin de l'oeil que Lothilde ne l'observait pas...

Après de nombreuses tentatives, il se retrouva enfin sur la mule et , satisfait, étudia le paysage. C'était amusant, cette manie de la rivière de ne pas aller tout droit, mais de faire des tours et des détours dans la plaine... Alors qu'il commençait à être bercé par les mouvements de sa monture, il se demanda si Aristote avait donné une explication à ce comportement. Peut-être... dans son ouvrage... intitulé "Physique"... ? Quelle pouvait... bien être... la cause... efficiente... de... ce... mou... vement... désor...

Adso releva la tête : quelque chose n'allait pas.

Il comprit rapidement ce qui l'avait alerté : la mule n'avançait plus ! Elle s'était mise à brouter tranquillement sur la berge. Adso regarda de tous côtés, et ne vit point le bateau. Allons bon ! Il ne devait pas être loin, c'était probablement là la cause finale de ces maudits méandres : lui couper la vue ! Les autres montures s'étaient elles aussi arrêtées, s'ébattant tout autour. Il sembla à Adso qu'il y avait à peu près le compte. Il donna quelque coup secs dans les flancs de sa mule, et lui fit reprendre la route le long de la rivière.

Au bout de quelques minutes, une pensée lui vint : il lui semblait bien que la rivière aurait dû s'écouler dans l'autre sens. Oui, tout à l'heure, le bateau n'avait pas de voile, et d'après ce qu'il avait compris, sans voile, le bateau se contentait de suivre le cours de la rivière. Or là... Nouveau jeu de pieds dans les flancs de la bête pour lui faire-faire demi-tour. Cà tombait bien, apparemment, deux des chevaux avaient apparemment décidé de rester en arrière tout à l'heure ! En repassant devant eux, il leur fit de grands gestes qui, on ne sait comment, réussir à faire comprendre aux équidés qu'il fallait désormais le suivre.

Fier de ces nouvelles victoires de l'esprit sur la nature, il reprit sa position "de croisière" sur la mule. Bien, bien... tout était de nouveau en ordre : toutes les montures suivaient, la rivière coulait dans le bon sens, réalisant ainsi sa cause formelle, et....

Il manquait toutefois le bateau.


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lothilde
Un peu soufflée de voir l'artilleur tourner les talons sans même lui répondre et s'engouffrer à la cambuse en se pliant en deux, Lothilde marmonna en souhaitant secrètement qu'il s'emplafonne le front , lui aussi, contre le montant trop bas de la porte battante et fut prise de remords aussitôt...Il n'avait peut être simplement pas entendu. Bah après tout, ça devait être un jour marqué du sceau d'Aristote où il était écrit que personne n'entendait personne, pas plus la vigie que l'artilleur.

Haussant les épaules, elle reposa les deux mains à la barre, submergée soudain par la nostalgie du paysage qui défilait lentement sous ses yeux dans le silence à peine troublé par le clapotis des vaguelettes qui se brisaient contre la coque. Le soleil allait bientôt disparaître derrière la végétation luxuriante qui plongeait par endroits jusque dans l'eau et dessinait ses dernières arabesques cuivrées à la surface de la rivière. Comme dans un rêve...C'était le moment qu'elle aimait et redoutait à la fois, celui qui mettait sa sensibilité à fleur de peau et laissait son imagination partir à la dérive...et laissait surtout remonter à la surface cette espèce de mélancolie qu'elle traînait comme un fardeau. Un courlis lança un appel invisible au-delà de la courbe de la rivière et ramena un sourire fugitif sur ses lèvres. D'un geste brusque, elle passa sa manche de chemise sur ses yeux et son nez en reniflant, et respira profondément, contente de s'être évité l'espèce d'étincelle railleuse ou de secrète moquerie qui brillait parfois dans le regard du capitaine. Celle qu'il ne lui aurait sans doute pas épargnée...étrange bonhomme dont la vie lui semblait une perpétuelle évasion...Elle aussi, elle aurait aimé vivre comme une fugitive, pour s'épargner la monotonie et la lassitude..Mais elle n'était pas un homme.

Le grincement de la porte battante la fit se redresser instantanément et reprendre son attitude de conquérante. Le menton haut, les yeux plissés sur la rivière qui s'obscurcissait, elle lança un regard à la dérobée au sénéchal qui s'activait sur le pont. Elle n'allait pas lui faire le plaisir de lui envoyer une pique. Tendant le cou au-dessus de la barre, elle lui adressa son sourire le plus suave en le voyant approcher


J'ai faim, capitaine !...et mal aux bras, aussi...Si par un effet de votre soudaine mais trèèès improbable bonté, vous pouviez reprendre cette maudite barre, et essayer de trouver un refuge pour amarrer ce navire, vous auriez l'immense satisfaction très imméritée de goûter à la soupe que je mitonnerai...avec d'autant plus d'amour que je serai condamnée à la manger...Dites- donc, Monseigneur, où est-ce qu'il s'est encore enlisé ?? Je..je ne le vois plus sur la berge ! Disparu, Monseigneur..pas que je craigne pour sa vie, mais pour nos chevaux...Lui enverrai une volaille, j'ai pris la précaution d'embarquer une cage de ces affreux volatiles...il faut croire que je m'attendais à perdre ce doux représentant d'Aristote sur terre...

Le regardant, soupçonneuse et finalement souriant malicieusement

Ou alors que je manigançais de le semer en route, allez savoir...Ne vous avisez pas à les bouffer, je vous connais ! Grimpez sur cette foutue dunette, capitaine ! sinon je lâche tout !

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Adso
Sans se démonter, Adso poursuivait sa route. Après tout, il ne pouvait pas aller plus vite. C'était aux autres de faire en sorte qu'il puisse les retrouver.

Il en profita pour sortir une belle feuille de parchemin qu'il avait pu mettre de côté sans que Lothilde s'en rendre compte, ainsi qu'une plume et un petit encrier. Toujours sur le dos de sa mule, il entreprit de continuer son journal de bord. Au moins, en s'occupant l'esprit, il éviterait de s'assoupir...


Citation:
Au dixième jour de notre expédition, nous sommes arrivés dans la ville de Rottweil, qui, il s'est avéré, comprenait un port en construction. Une voie navigable y prend son départ, et s'étire jusqu'à Heillbronn, en passant par Zollern et Stuttgart, qui sont aussi des ports, mais pas encore en construction. Sans doute qu'ils préfèrent en priorité finir celui qui est le plus éloigné à l'intérieur des terres.

Nous avons été les premiers à faire mention de ces ports et voie navigable au sein de la communauté internationale : cette expédition est donc, une fois de plus, un vrai succès.

Il semblerait que cette voie navigable suit la rivière Neckar, et qu'elle rejoint le Rhin quelque part entre Luxeuil et Mainz. Parce que sinon, elle devrait s'arrêter en cours de route pour finir en queue de poisson. Or si l'on en croit le Petit Traité de la Théorie des Ecoulements Aqueux, une rivière doit toujours aller se jeter quelque part, dans une autre rivière, ou bien la mer, et ce, en suivant la loi d'Aristote qui dit que l'eau doit retourner à son origine, à savoir, la mer. C'est donc pour çà que l'eau s'efforce d'aller des sommets vers les basses altitudes. En ce basant sur ces écrits savants, on peut donc en conclure qu'elle doit croiser le Rhin quelque part, et donc qu'elle est connectée à la voie navigable qui part de Luxeuil.


Adso releva la tête, satisfait de son exposé scientifique. Il avait bien digéré le "petit traité" en cinq cents feuillets, autant le montrer...

Mais toujours pas de bateau en vue... Comment avaient-ils pu aller si vite ?

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