Avec la première neige, Robinne arriva au quartier avec le vieux cheval de Grandpapa et sa vache Popotine.
Elle commença par décharger les attelages.
En passant les portes de Castillon, elle avait confié son Fillot Amaniu aux bons soins de Kahhlan voulant rapidement aller embrasser son tendre, et remettre le four à pain en chauffe.
Une fois sa Montbéliarde à létable, aux côtés de Raoul et Bérengère, Robinne tapant ses bottes, entra dans la petite demeure.
Son élan fut stoppé par la froidure quil y régnait.
Point de feu dans lâtre, point dodeurs des soupes de Gawin.
La maisonnée était vide.
Sur le mur où ils avaient lhabitude daccrocher leurs armes, lépée et le bouclier de son tendre étaient absents.
Un énorme nud se noua dans la gorge de la tavernière.
Sur la table de bois à côté de la pochette de cuir ou Gawin rangeait précieusement ses plus chers souvenirs, était un parchemin.
Ecrit de sa main, il annonçait son départ pour larmée, pour la guerre, regrettant de ne pouvoir laccueillir.
Un énorme soupir séchappa de ses lèvres.
Elle se dirigea vers le pétrin, caressant le bois, elle se ressaisit et y jeta 12 sacs de farine.
Elle sabsorba ainsi à la tache, pétrissant avec énergie.
Puis pendant que le pain levait, que le four chauffait, elle sortit et dirigea ses pas vers le moulin de Puzz.
Le parchemin envoyé à Oba était toujours sur la porte.
Comme si elle touchait le visage Puzz, Robinne passa son index sur chaque ligne et courbe des écritures.
Puis elle posa au sol un bouquet de fleurs bleues, et lui souffla adieux dans une larme.
La vie continuait, il fallait juste remplir ces vides qui apparaissaient en elle.
Mais elle avait confiance, et déjà par la présence de son fillot, celle de Bestiole, souvenir de son meunier préféré, les trous se comblaient doucement.
Et puis ce soir à nuit tombée cest en rampant quelle irait au camp militaire, pour y retrouver son bien aimé, elle était prête à braver tous les interdits pour lui donner un baiser.