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[RP]Chronique de la vie quotidienne au Quartier des bleuets

--Griselda


Griselda venait de partir de chez Dragones et Seamus…
S’occuper des enfants la remplissait de joie et lui permettait de se sentir utile et de servir à quelque chose de plus que de s’occuper de sa maison et de ses propres enfants…
Sortant de sa rêverie elle regarde mieux où elle se trouve…
Griselda s’assoie non loin d’un pressoir et des souvenirs de sa jeunesse lui revinrent…
Comme elle s’était amusée avec ses amies à piétiner le raisin de leur pied sous le regard de certains gars qui les reluquaient…
Elle en avait à l’époque de belles gambettes…La jupe était relevée jusqu’aux genoux, le rire sortait de le gorge…Plein d’insouciance…
C’est là qu’elle avait rencontré l’André…Leger sourire sur ses lèvres…
La vielle dame reprit le chemin pour rentrer chez elle…
Robinus70
Robinne rentrait de réunion électorale, elle était passée par la taverne ou son homme écoutait Nabeille et Gaudali raconter leurs aventures.
Elle serait bien restée mais voilà ….

Popotine avait commencé le travail en soirée.

Rappelons-nous :
C’était à Orthez, dans un verger que la Noble Bovine avait rencontré Vaca un taureau des rues.
Malgrés les mises en garde de Robinne, la pure race Montbéliarde s’était fait séduire.
Kahhlan avait bien annoncé, un jour de 1er avril, que des poules étaient nées de l’accouplement entre la Péri Fran comtoise et un Gascon voyou. Mais la Noble bête avait pris son temps.
Le temps de voir Gawin et Robinne se diviser en campagne …
Au moins elle était sure ainsi d’un avoir un à Droite et l’autre à Gauche, et d’expulser au centre…
Robinne accourait donc pour tirer le veau, et mettre au monde le croisement incertain du dernier voyage.

Elle retroussa ses manches, et enfila son bras dans l’arrière train de la bête avec une main sure de connaisseuse.
Les pattes arrivaient…
Robinus70
La petite dame, prit une petite corde et pendant que Popotine dansait d’un sabot sur l’autre, signe que le veau allait venir, Robinne attacha les pattes avant prit du recul et commença à tirer de toutes ses forces.
Bientôt le museau arriva.
Puis le veau sorti, tout gluant et tout chaud…
Robinne se précipita vers lui pendant que Popotine se couchait pour la délivrance.
Elle le frotta au sel, pour stimuler sa Montbéliarde à le lécher.
Lui apporta de l’eau tiède à boire pour ne pas qu’elle se refroidisse.
Quand les deux bovins furent ensemble et que Robinne se sentit rassurée pour l’un comme pour l’autre, elle prit du recul et regarda le veau.


Ben ça alors !

Il était blanc et tacheté de noir.

Elle n’avait jamais vu ça. Ici les vaches étaient toutes couleurs de robe crème, sauf sa Montbéliarde qui était rouge et blanche.

Elle regarda rapidement le sexe du veau.


Ben tu m’as fait un jolie femelle, faut voir si c’est viable une couleur pareille…
Pis comment on va l’appeler hein ? D’habitude c’est le Gawin qui baptise mais là ….


Soudain des pas sur le chemin la firent se retourner.

Son homme rentrait, après la bataille naturellement, enfin elle économisait une lessive de braies, tant elle ne doutait pas qu’il se serait mouillé de détresse dans la panique …

Yeux noirs, bouche tordue elle le regardait pleine de reproches.

Il avançait les yeux plein d’histoires de l’océan, les pieds glissant sur la vague des légendes…

Il avait dans les yeux une part de rêve transmis de la ……..


J’ai trouvé ! Normande qu’on va l’appeler ! et puisse t’elle se venger de votre absence au moment de sa naissance à chaque traite !

Robinne tourna les talons, le laissant pantois dans l’incompréhension de la démarche de pensée de sa maitresse ….
Robinus70
[Quartier des bleuets : les beignets des foins.]


Il était de tradition à Castillon de s’entraider pour le fourrage. Les premiers foins allaient commencer, et avec eux on cueillait les premières cerises.
Les femmes du village, mêlaient les cerises à une pâte faite de farine d’œufs et de lait et de bière, et faisaient revenir le tout dans de grandes poêles mises à même le feu.
Et quand le soir venait, sur de grands draps blancs tendus entre les gerbes, et les bottes, on se retrouvait pour manger les beignets et boire l’hypocras ou le vin Framboisé.
Alti, et Gawin rentraient les dernières charrettes dans la grange commune aménagée entre leurs fermages respectifs.
Grand-papa déséquipait le percheron de son collier de travail, et Robinne cuisait les derniers beignets.
Tableau champêtre printanier. Les quatre compagnons des bleuets continuaient à partager leur quartier.
Parfois une petite visite venait déranger leurs petites manies et rituels bien instaurés entre eux.
Parfois le cours de la vie laissait le calme s’installer.

Depuis peu, Gawin et Robinne poussés par la curiosité, s’étaient investit dans la vie sociale du duché, sa vie économique surtout, tentant de suivre chacun à leur façon la trace laissée par leur ami de toujours Altiligérien.
Oh ils ne se pensaient pas digne de ses compétences, ni de son grand charisme, mais le forgeron leur avait donné envie de découverte.


Installés côtes à côtes le verre à la main ils devisaient tout trois, Grand-papa apportant parfois sa sagesse et son expérience.
Gawin curieux de tout, interrogeait Alti sur des points de fonctionnement ducaux.
Robinne les écoutait, souriante.
Ils étaient loin des scènes publiques et des débats passionnés. Chacun respectant l’autre dans ses choix et ses orientations, se complétant et s’opposant de façon taquine et ludique entre deux éclats de rire.

A quelques pas de là, un homme attiré par les dernières apparitions publiques de Gawin et Robinne, observait l’œil froid et machiavélique …
--La_vouge
Une main gantée de cuir relâcha la branche pour cacher une paire d'yeux perçants. Dans l'ombre du feuillage, un sourire mauvais se dessina sur le visage buriné de la silhouette encapuchonnée. L'homme drapé de noir s'éloigna en silence, s'enfonçant dans les fourrés en direction de sa monture, laissant les Bleuets à leur précaire insouciance.

Il ne disait rien, mais si quelqu'un avait pu voir son visage il y aurait lu la satisfaction perverse du chasseur ayant retrouvé la trace de sa proie.

C'était dans les environs d'Orthez. Une pluie diluvienne avait brouillé la piste et il avait perdu plusieurs jours de traque dans les méandres des contreforts pyrénéens. Sa haine s'en était trouvée multipliée. Comble de rage, un message du devancier l'avait alors définitivement éloigné de sa chasse, lui ordonnant de repartir vers le nord, aux environs d'Amiens, vers d'autres traces que la rumeur avait colportées.

Plus jamais ces pieds là n'en ferait, des traces, car leur propriétaire se balançait au bout d'une corde, le ventre ouvert à la merci des corbeaux.

A se souvenir délicieux, l'homme accéléra le pas d'allégresse, et disparu bientôt dans les vapeurs d'humus des sous-bois ténébreux.
Robinus70
[ A l’aube, un matin de travail aux champs ]


Dans la brume matinale, au milieu des champs de blé, à l’orée du bois, une tête de biche se lève soudain.
Le poitrail en avant l’oreille droite, l’œil aux aguets. Son image se fige dans un arrêt brusque, un sabot se lève suspendu au dessus du sol.
Ses naseaux ouverts vers une odeur nouvelle.
Elle perçoit un danger, s’élance bondissant entre les épis, aérienne, comme suspendue au dessus de la vague de la brise matinale dans la culture dorée.
Elle rejoint le bois, et va s’y refugier, prise dans une course ou elle est effarouchée.

Un envol de geai, il cajacte plusieurs fois.


Skrrèèik, Skrrèèik, Skrrèèik, Skrrèèik, Skrrèèik.

L’alerte est donnée, la forêt s’agite, et fuit.

Robinne relève le nez, elle connaît la nature et ses alertes, son œil observe, cherche ce qui à délogé la biche, et les oiseaux.
Le silence se fait lourd.
Une étrange sensation, l’habite depuis quelques temps. Elle frissonne, son œil observe en quête d’un signe, d’un indice. Sentiment d’insécurité.
Elle n’ose en parler à Gawin.
Elle chasse ses pressentiments, comme on chasse un insecte gênant, et reprend le chemin du village.
Gawin_derohan
La veille des élections comtales, dans la chaumière de Robinne

Sur la grand table à manger, à côté d’un encrier coiffé d’une plume d’oie, dormait un parchemin à l’écriture soignée et sereine. Une brise légère faisait trembler ses coins et à tout instant il faisait mine de s'envoler.

On pouvait y lire ces quelques lignes.


Citation:

Ma chère Robinne,

Pardonnez moi de partir ainsi quelques jours comme un voleur et de laisser à ces quelques lignes le soin de vous annoncer mon départ . Je n’aurais pas réussi à vous le dire en face, péteux que je suis, et vous seriez bien parvenu à me dissuader.

Robinne, je crois que j’ai fais un erreur en m’engageant dans cette campagne comtale. Ce n’était pas fait pour moi. Ce déferlement de critique, de coups bas, d’accusation, ça me désespère, et le seul petit doigt que j’ai mis dans l’engrenage me brûle affreusement. Je vois bien avec tristesse ce regard qui a changé - même dans vos yeux, parfois - depuis que j’ai rallié la liste du comte Flex.. On dit tellement de mal de lui, et je le connais si peu finalement. Une autre erreur sans doute, ce n’est pourtant pas faute d’avoir été prévenu. Etait-ce un tort pourtant de vouloir juger par moi-même, même s’il était – que c’est limpide avec le recul – très présomptueux de croire que j’en avais la capacité? Mon silence, Robinne, n’était pas celui du sage, mais celui du trouble, et de la gêne. Le silence d’un apprenti incrédule et repentant.

A la veille d’aller voter, je regarde ces quatre listes rivales où sont éparpillés tant d’amis et de gens que je respecte. J’en oublierais trop en voulant les citer tous, d’autant que je ne crois pas avoir un seul ennemi ici bas. Voter pour l’une serait choisir les uns au détriment des autres, et je m’y refuse, viscéralement. Alors, par lâcheté sans doute, par facilité en tout cas, j’ai décidé de m’éloigner le temps du scrutin, et de cacher cette abstention derrière le masque précaire d’une absence inopinée.

Il se trouve que Bérengère et Popotine ont dégagé, à force de ripaille végétale, un ancien chemin forestier oublié de tous, au-delà des champs de Bleuets. Il semble s’enfoncer vers le nord-est, à travers bois, loin de la route de Bergerac et de notre mine de fer. Je ne sais pas ce que je vais trouver au bout mais il s’offre à moi comme un signe du destin, une main tendue.

J’emporte avec moi de quoi passer deux jours et deux nuits. J’ai tapé dans votre stock de pain et mis quelques épis dans ma besace. Une bouteille de vieille liqueur, une couverture de laine et un livre de recette franc-comtoise, de quoi passer de bonnes soirées, paisibles et studieuses. Grignotine vient avec moi, et il semble bien que Bestiole ait aussi envie de se dégourdir les pattes. Pantoufle reste invisible. Soit il dort, soit il fait la gueule, soit les deux à la fois. Je laisse Raoul et Bérengère à vos bons soins. La mangeoire de ce dernier est pleine à ras bord, de quoi tenir un siège.

Voilà mon amie, au moment de partir je réalise que je vous mets bien honteusement devant le fait accompli, et espère que vous me pardonnerez cette errance un peu brutale. Voyez le bon côté des choses : un peu plus de place dans le pétrin et mes ronflements ponctuellement épargnés! Je serais bientôt de retour, une fois cette page sombre définitivement tournée.

Prenez soin de vous

Gawin


Post-scritum : si vous en avez l’énergie, il faudrait renforcer la clôture au fond de la prairie. Il semble qu’un malotru l’ai piétinée cette nuit sans laisser d’autres traces que celle de ses bottes.


La brise enfla soudain, faisant claquer la porte, et tomber la plume.
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"Si tout travail mérite salaire, il faut une prime à l'accouchement" (anonyme)

"La vieillesse, c'est encore le meilleur moyen de ne pas mourir jeune" (extrait de la Fée Carabine, D.Pennac)
Robinus70
Retour aux bleuets…

La porte semble fermée, Robinne fronce les sourcils, Gawin et elle, ont l’habitude de toujours laisser leur porte ouverte, aux amis, aux voisins, et au soleil.
Parfois une poule entre faire le nettoyage, et picorer autour du four à pain les quelques miettes oubliées et abandonnées, par le balais de genêts.
Parfois c’est Raoul, qui attiré par les odeurs du rata de Gawin, vient le groin au vent surveiller la cuisson.
La porte semble fermée….

Robinne marque un temps d’arrêt, une main tremblante sur la clenche.


Gawin ?

Silence.

Alti ? Grandpapa ?

Silence.

Elle pousse le battant, et dans le vent une plume d’oie roule au sol.

Sur la table, un simple mot, comme ceux qu’ils ont pris l’habitude de se laisser, depuis deux années. Mots doux ou tendres, mots à rire ou d’émotions. Mots de partage de leurs individualités, mots de rencontres de deux êtres que le temps réunis sans désunir.

Ses yeux s’habituent doucement à la pénombre de la pièce.
Ses doigts caressent l’écriture, comme ils le feraient sur les courbes de la peau de Gawin, sur la ligne de ses lèvres. Et tout en lisant elle entend la voix de Gawin qui lui parle, lui explique.
Une larme roule sur sa joue, et vient inonder l’encre. Une tache se forme, signe de destin, signe de l’attache, tatouage d’appartenance, comme une ferrade faite à Popotine et Bérengère.
Robinne plie la lettre soigneusement et va la ranger dans le petit coffret de merisier, ou elle range soigneusement toutes les lettres de Gawin.

Un
GRUIKKKKKKK sonore retenti, elle file vers la porcherie.

RAOULLLLLLLLL MAIS TU EN AVAIS POUR DEUX JOURS !!!!!

Un éclat de rire laisse place aux larmes, elle gratouille la croupe du cochon, se refuse à le resservir, et file traire les vaches.
Une pensée pour la clôture dans froncement de sourcils…
Elle irait... Plus tard…
Robinus70
[La clôture….]

Robinne travaillait dur, il faut dire que Raoul ne lui laissait guère de répits.
Une auge à peine terminée, qu’il se remettait à grogner.
Impossible à rassasier…

Alors Robinne repensa au message de Gawin, à la clôture à réparer. Elle se rendit dans son atelier d’ex charpentier en quête de piquets d’acacia quelques outils, et invita Raoul le cochon à une promenade digestive, ou plutôt à une diversion de l’auge.

Groin au sol, le porc semblait heureux d’aller à la découverte de nouvelles senteurs et victuailles potentielles. Pour sûr il s’était bien rattrapé de son régime imposé par la longue marche jusqu'à Orthez, à tel point que Robinne en était inquiète de voir parfois cette masse énorme l’approcher.

Une fois arrivé Raoul vaqua à ses occupations favorites, la fouille en terre, et Robinne observa les dégâts.

La clôture semblait avoir été détruite par une succession de passages.
Des traces de bottes d’une bonne pointure, au talon usé sur l’intérieur du pied, jonchaient le sol, de toute part entre le bois et la pâture.
De cet endroit on pouvait voir leur maisonnée, celle de Alti, et les ruines de la maison de Compotine.

Robinne méditait en travaillant, sa curiosité aiguisée par l’étrangeté des choses. Étaient-ils observés à leur insu ? Alti était-il lui qui était venu ici ? Oui mais il l’aurait averti pour la clôture ….
Soudain alors qu’elle s’apprêtait, à placer un piquet, son œil fut attiré par une forme longue et sinueuse entre les pierres et le thym sauvage.
Une éclaircie mit en évidence, des écailles lisses et brunâtres, se détachants sur la pierre.
Elle n’eut que le temps de voir une tête triangulaire, au bout de laquelle une langue vipérine s’agitait, que la forme ondoyante disparut sous les pierres.

Un craquement imperceptible de bois sec sur lequel on marche, lui fit faire volte face.
Elle se sentait observée.
Son œil allait de l’emplacement du reptile à la profondeur du bois.
Sa main resserra plus fermement le manche de la hache….
Robinus70
Une silhouette apparut entre les arbres. Un homme grand encapuchonné de telle façon qu’il était impossible de distinguer son visage.
Il semblait figé, regardant Robinne, en attente.
La petite dame reconnue pour sa confiance en l’autre son sens de l’accueil, s’était murée dans un silence pesant, pressentant un danger. Son œil examinait l’homme tentant de noter chaque détail qui pouvait la renseigner sur son identité ses intentions.

Raoul surpris par le silence s’approcha curieux, se frottant aux jambes de Robinne qui chancela sous la masse et la poussée du porc. Elle tomba brutalement au sol. Le serpent à ses cotés se dressa effrayant Raoul qui partit au trot en grognant comme un confrère qu’on égorge.
Rapidement Robinne se repositionna sur ses coudes, leva la hache vers le serpent lorsqu’un sifflement se fit entendre…
Robinus70
Lenteur du temps, images furtives, sensation de rêve d’étrangeté, qui vire au cauchemar.

L’herbe épaisse et grâce de cette fin de printemps aurait pu être la douceur d’une paillasse sur la laquelle on s’abandonne fourbu et épuisé de sa journée.
Le rêve aurait pu être le sourire de Gawin et ses mots penchés sur visage.
Le soleil au zénith de sa course…

Mais tout arrivait si vite, l’horreur de la cruauté, la perfidie du serpent.

Alors comme le temps suspend son envol, comme la note perdure dans un long pointé, le sifflement rejoint Robinne. Son regard cherche l’origine su son, sa main abandonne la hache et s’offre au serpent.

Un rire monte dans le silence de l’orée du bois.

La biche est au loin, le geai a tu son chant, le serpent cesse de siffler.

Elle le voit le fixe, celui dont elle ignore le nom, celui qui incarne dans tout son faciès, la cruauté jouissante et perverse de l’horreur maléfique.

Robinne d’un geste vif attrape le cou du serpent, et le lance à la face du sans nom.

Un hurlement retentit, elle ne pense plus, ne voit plus, se redresse et court à perdre haleine jusqu’aux bleuets, jusqu’au village, trouver Gawin, lui parler fuir, sortir du tourment.
Un baluchon que l’on fait à la hâte, la boite des lettres de Gawin.
Et partir, partir vers ce couvent où il s’est réfugié.
Sans prévenir sans adieux.
Une fuite pour un refuge …. Le rejoindre et lutter à deux.
--La_vouge
Ce n’était pas la prise attendue mais il prenait plaisir à l’épier. En piétinant la clôture, il espérait bien attirer sa proie ici et lui régler son compte, mais c’était sa belle – ou sa femme peut-être - qui se retrouvait à la corvée. Un joli brin de fille en tout cas, belle chevelure brune, minois souriant et farouche, des formes généreuses et aguichantes, deux petits seins enveloppés sous une chemise de soie que la sueur de l’effort rendait légèrement transparente.

« La vermine a du goût »...s’était il dit. L’occasion était belle de se distraire un peu. Et s’il fallait la tuer elle aussi, ce ne serait après tout qu’un négligeable incident de parcours. Alors il s’était levé, immobile et noir, statue d’obsidienne menaçante au visage enfermé, attendant l’instant jouissif de la surprise, quand il croiserait son regard terrifié.

Comment les choses se déroulèrent ensuite, il ne devait pas vraiment s’en souvenir. Alors qu’il s’esclaffait de voir la fille par terre après avoir trébuché sur un porc, la bougresse lui jeta une vipère à la figure. Tout juste le temps de se protéger du revers de la main, mais le reptile, tous crocs dehors, réussit à mordre. Une douleur fulgurante et un froid glacial lui inondèrent la main.

La peste soit grogna t’il les dents serrées tandis que son jouet s’enfuyait.

Il fallait faire vite, très vite, avant que le venin ne s’insinue jusqu’au coeur. Il étendit sa main douloureuse. Par chance, la morsure était à l’auriculaire. L’homme le regarda froidement comme un morceau qui ne lui appartient déjà plus, un fragment déjà mort. Il se redressa vivement face à un grand hêtre au tronc lisse, étala sa main en isolant fermement l’auriculaire, et sans trembler abattit sa vouge. Coupé net à la première phalange, le petit cylindre de chair sauta comme un bouchon. Tâchée d’un soleil de sang, la lame resta plantée dans le tronc, et tandis qu’il regardait sa main amputée, suant à grosses gouttes, il ne put réprimer un cri de rage pour effacer la douleur.


CHIENNNNNNNNNNNNNNNNNNNNNNNNNE !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!*

Courbée sur sa main pantelante, il s’éloigna en titubant de la scène, le manche de sa vouge traînant derrière lui. Sa tanière n’était pas toute proche, et s’il arrivait à l’atteindre il faudrait cautériser la plaie au feu. Ensuite, il pousserait jusqu’au vieux pont de pierre pour laver le sang à la rivière. Aristote venait de lui donner une leçon. On ne joue pas en mission. Jamais.



A quelques mètres de là, tandis que les pas de l'inconnu s'étouffaient dans les bois, un hibou resté longtemps silencieux pris lentement son envol.




[Hrp] * désolé Robinne, « vilaine » ou « méchante » n’auraient pas sonné juste
Gawin_derohan
Gawin s’enfonçait dans les sous-bois, suivant depuis quelques heures déjà les traces d’un ancien chemin, sans doute aménagé par des bûcherons aujourd’hui disparus. Sous la mousse renaissante, on devinait encore les pierres et les vieilles tuiles concassées qu’on avait versées ça et là pour combler les ornières. La Nature n’avait pas encore repris totalement ses droits, mais de chaque côté du chemin, elle tendait ses longs doigts de fougères, de ronces et de hêtres vers le fin ruban de terre, comme pour l’engloutir à jamais.



D’un beau vert tendre et neuf, la canopée protégeait le marcheur de la chaleur de l’été. Une atmosphère lourde et moite avait envahie la région, et le vent agité colportait des rumeurs d’orage. Il faisait chanter le feuillage dans un bruissement langoureux, accompagnant le chant inlassable des oiseaux des bois. Bergeronnettes, rossignols, bouvreuil, mésanges et pinsons, tous s’en donnaient à cœur joie, et ne cessaient leur concerto qu’à l’approche du marcheur, lorsque son pied maladroit écrasait une branche morte. Partout des odeurs d’humus et de mousse, des parfums de fleurs sauvages, des senteurs d’écorces, et parfois des effluves animales s’échappant d’une fosse de boue.

La forêt s’ouvrait parfois sur une pâture abandonnée, vastes prairies sans animal mais couvertes de fleurs sauvages aux couleurs fauves. Caressée par le vent orageux, sa surface ondulait comme un tapis de soie. Le ciel bleu se découpait alors sur le noir profond des futaies, dessinant une sorte de bouche immense d’où Gawin émergeait en fermant les yeux, baigné de chaleur, le soleil asséchant la sueur de sa peau, avant de disparaître à nouveau sous le feuillage d’une nouvelle langue de forêt.



Le chuchotement cristallin d’une cascade monta lentement au détour d’un virage. Là, perdu au milieu de fourrés, un vieux ponts de pierre enjambait un ruisseau. Tout habillé de mousse, il semblait dormir depuis la nuit des temps, comme un gisant oublié.



Bestiole courait de gauche à droite à la recherche d’un truc à manger, tombait parfois sur un vieux champignon, hésitait, la truffe frétillante, puis finalement s’en retournait en levant la patte, avant de repartir tête baissée vers quelque autre trésor agréable à son ventre. Gawin regardait en souriant ce drôle de clébard, héritage de Véropuzzle, qui avait lentement pris sa place dans la ménagerie en faisant oublier son poil râpé et sa carcasse anguleuse par une paire d’yeux absolument irrésistible et des sourcils broussailleux étonnamment expressifs. Tout en caressant le crâne minuscule de Grignotine, perchée sur son épaule, Gawin partit d’un long rire clair et nerveux.

Un hurlement retentit

Gawin se retourna vivement, les sourcils froncés, coupé net dans son hilarité. Toute la forêt s’était tut sur l’ordre impérieux de ce mugissement humain. De douleur, de colère, de terreur, impossible à dire, mais il résonnait encore aux oreilles de Gawin malgré le palpitement sonore de ses tempes.

Pris d’une glaciale inquiétude, il hésita à faire demi-tour. Ce cri avait interrompu sa rêverie et emplissait lentement son cœur et son esprit de noirs présages tandis qu’il essayait de mettre un visage sur son malheureux auteur.

"Malheureux…ou monstrueux?"

Il tournait la tête, d’avant en arrière, espérant trouver quelque indice dans l’insondable épaisseur des sous-bois. Ca semblait venir de là-bas, à la perpendiculaire du chemin, derrière les rangées de troncs noirs. Avec tous ces zig-zags, Gawin n’était plus très sur de son orientation, et il ne se douta pas un instant que le cri put provenir des faubourgs de Castillon.

Inconsciemment rassuré par le chant pacifique des oiseaux qui reprenait, son inquiétude s’apaisa doucement mais pour mieux laisser la place à une curiosité anxieuse, irrépressible. Lentement, le regard fixe et la respiration presque coupée, le corps de Gawin se mit silencieusement en mouvement.


Vient Bestiole…chuchota t’il doucement en enjambant la bordure du chemin.


Pendant ce temps, suspendue à son clou, son épée dormait paisiblement aux Bleuets, délicatement lovée dans son fourreau.



(photos prises en vallée de Chevreuse, près de Chateaufort)



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"Si tout travail mérite salaire, il faut une prime à l'accouchement" (anonyme)

"La vieillesse, c'est encore le meilleur moyen de ne pas mourir jeune" (extrait de la Fée Carabine, D.Pennac)
--Pantoufle_le_hiboux

Ce n’était certes pas banal pour un hiboux de voler en plein jour. D’habitude, la plupart de ses congénères roupille à serres fermés pour mieux chasser la musaraigne une fois la nuit venue. Et de fait, Pantoufle avez la tête dans le seau, des yeux de mérou et une vieille migraine à s’arracher les plumes.

Mais voilà, il voulait veiller sur cet inquiétant personnage et le cuistre était surtout actif la journée. Voilà plusieurs jours qu’il rôdait autour de la maison de Robinne où son maître avait élu domicile et son attitude n’était pas celle d’un garçon vacher ou d’un garde territorial. Sa robe de bure noire faisait penser à ces curetons du monastère, mais l’espèce de coupe-chou n’avait rien d’Aristocélicien... Pourquoi avait il piétiné ainsi la clôture, c’était déjà curieux, mais qu’il passe des jours assis au fond d’un bosquet à dévisager son forfait…La bêtise humaine est insondable, mais quand même…

Alors il avait élu domicile dans un hêtre, observant l’individu sans relâche, jour après jour, le suivant de loin dans chacun de ses déplacements. Jusqu’à l’arrivée de Robinne sur les lieux, armés de piquets et de fil de fer, suivi de près par un Raoul plus gras que jamais. Après des heures d’une absolue monotonie, tout alla très vite. Terriblement vite. Raoul qui la fait trébucher, le serpent qui s’envole, l’homme qui hurle et se tranche un doigt tandis que Robinne s’enfuit. De quoi réveiller le plus somnolant des grands ducs. A peine la silhouette disparue dans les sous-bois, Pantoufle se lança à sa poursuite, volant d’arbre en arbre à plusieurs mètres de hauteur. En dessous, la robe noire se traînait, pliée en deux, au milieu des fougères.

Pantoufle ne connaissait pas le nom de celui qui s’en enveloppait mais sa conviction était faite. Il l’avait déjà vu, presque un an auparavant, sortant de la maison de Compotine en flammes.

Robinus70
[Dans la fuite…]


Un passage en taverne recherche d’indices, de signes.

Quelques missives laissées sur le comptoir, une lettre de Gawin…
Son front se plisse son regard s’assombrit.
Et puis la venue de Dragones, représentante de la caserne.


Robinne où est Gawin ?

Silence…

Il ne s’est pas présenté à l’appel.

Bikko fronce les sourcils, lui murmure qu’il ne l’a jamais vu ainsi, qu’elle n’est plus la Bibine qu’il a connu…

Robinne se mure dans le silence.

Dragones la regarde cherchant aussi dans son regard des indices de désertion.

La lettre se froisse dans sa main, dissimulée aux regards inquisiteurs de Dragones.
Robinne les salue, et quitte la taverne en bafouillant quelques mots classiques, automatismes de tavernière.


A demain prenez soins de vous….

Les portes de Castillon sont en vues, à l’est se trouve Thiers au nord se trouve Rohan. Elle hésite, mais sa détermination prend toute sa force dans l’horizon.
Plus d’amis, plus de village, plus de racines.
Son épée, en main elle prend la route, devient chienne errante, enragée et résolue.
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