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[RP]Chronique de la vie quotidienne au Quartier des bleuets

Robinus70
Le temps était passé et Robinne avait couru derrière Gawin sans jamais le retrouver.

[Retour aux bleuets. Retour sur la quinzaine écoulée.]

Sur la route qui la menait à Rohan, elle avait fait halte dans un couvent.
La ville de Sainte…. Etrange nom pour une étrange destinée.

Dans le noir de la maisonnée Robinne songeait aux jours qui venaient de s’écouler.
Elle était partie dans une fuite, ou la peur lui tenaillait les tripes, ou un cri la poursuivait dans le vent comme l’écho d’un danger, fragilisant l’équilibre construit en ces terres.
Une ombre au tableau bleu d’une vie reconstruite sur les fumeroles d’une maison, d’un passé en ruine.
Elle avait rejoint Bordeaux, puis Sainte et s’apprêtait à prendre le nord en longeant la cote, lorsqu’il l’avait surprise dans sa marche nocturne.
Tel un rapace fondant sur sa proie, il l’avait saisie dans la nuit, s’était abreuvé de son corps, introduit en elle avec force et délectation cruelle.
Raillant et riant de voler, le jardin le plus intime et le plus secret de Gawin.

Elle s’était débattue de toutes ses forces, de toute son âme mais la vengeance de l’homme au doigt coupé c’était faite plus puissante et machiavélique, que sa pauvre résistance.
Lorsqu’il l’abandonna enfin, torturée moralement physiquement, lorsqu’elle ne fut plus qu’une pauvre chose couverte de plaies et de honte il se pencha à son oreille et lui murmura :


Dis lui quel plaisir tu m’as offert, je veux qu’il sache, je veux qu’il souffre, DIS LUI !!!…

La silhouette sans nom s’était alors éloignée dans l’obscurité auréolée d’un rire sadique et froid.
Dans la noirceur des ténèbres un battement d’aile de hibou blanc la ramena aux réalités.

Elle trouva refuge dans le couvent de Sainte ou les sœurs avec patience et dévotion lui guérirent les plaies physiques.
Mais lorsque Robinne repartit sur Castillon, dans son regard, une lueur de haine brillait, un éclat vif comme la pierre précieuse et tranchante comme le couperet.


JAMAIS IL NE SAURAIT….
JAMAIS….


L’homme sans nom lui avait offert souffrance et rage, mais jamais il ne pourrait offrir pareille torture à Gawin, tant qu’elle serait de ce monde…
Elle garderait le secret de cette nuit, et l’emporterait dans sa tombe…

Seule dans le noir de la maison des bleuets, Robinne aiguisa lentement son épée, et sur ses lèvres un sourire froid et cruel préparait demain…
--Pantoufle_le_hiboux
Jour 1, peu avant à l’aube

On devinait d’abord un petit point au loin, pas plus gros qu’une tête d’épingle, volant lentement en ligne molle au dessus de la forêt ceignant Castillon au nord est. Le point en s’approchant des faubourgs devint roussette, battant paresseusement des ailes, puis passereau à la verticale des premières chaumières. Un bruit sourd et hoquetant monta au dessus de la parcelle occupée par Robinne, rumeur de plumes brassant l’air frais du matin dans le silence du sommeil des hommes. C’était Pantoufle, le hibou messager de Gawin.

Le plumage sale et détrempé, les pattes boueuses, le ventre maigre, le volatile avait plus l’allure d’une pelote de laine oubliée dans un caniveau que d’un fier rapace nocturne. A peine arrivé, il disparu sous le faîtage du toit où depuis longtemps son maître lui avait aménagé un abri, ne regarda même pas l’écuelle encore emplie de perles de maïs, se roula en boule et s’endormit aussitôt, en tremblant.

On dit souvent que le rire est le propre de l’homme. Qu’en est-il du chagrin?

Et du cauchemar?


--Narrateur
Jour 1, fin d’après-midi

Suivant les indications des gardes de la porte principale, le convoi des Tastevin longea la muraille nord-est de Castillon et, en arrivant au pont de pierre enjambant la Dordogne, bifurqua vers le stade de soule.

Le garde n’avait pas menti lança Beren en arrêtant son chariot sur le parvis. C’est l’endroit idéal! Regardez là-bas, je vois des champs de Bleuets à perte de vue, nos bêtes vont être comme des œufs en gelée là dedans! Et voyez la rivière, tout à côté, et ces jardins gorgés de légumes, j’aperçois même des framboisiers! Sur que le dîner sera bon!

Cesse donc de caqueter comme une genelle et active toi donc! grogna maître Gaspard en descendant lourdement de son chariot.Ce n’est pas ta salive qui va monter le camp.

Beren fronça les sourcils mais Claudine posa aussitôt sa main sur le bras de son époux.

Laisse…pas ce soir

Fort de l’expérience acquise depuis Dôle, le campement fût rapidement installé. Les deux chariots mis en accent circonflexe, une tente ronde montée au pied de chacun, et le foyer creusé un peu en retrait. Tandis qu’on emmenait paître les bêtes et qu’Hugolin vérifiait l’état des roues et des essieux, Claudine suspendit la poêle sur son trépied et fit dorer un rösti de raves au lard. Pain et vachelin complétèrent le dîner qui se déroula dans le silence, la fatigue du voyage pesant sur la loquacité de tous. Chacun semblait ruminer dans son coin, au sens propre et figuré du terme d’ailleurs. Seul le garde gardait un air jovial en engloutissant bruyamment son repas.

Il rompit le premier le silence.


Oh l’Hugolin, et si on allait l’goûter c’bon vin d’Castillon qui m’a fait saliver tout l’long d’la route? Avec des murailles pareilles, doit ben y’avoir des tavernes à protéger pas vrai, et p’t’être même des ribaudes dedans!

L’ouvrier acquiesça, sans enthousiasme.

Ne te mets pas la tête à l’envers, tu as du travail demain sermonna Maître Gaspard sur un ton glacial.

Puis sentant sa fille et son gendre hésiter pour y aller aussi, il ajouta, autoritaire.


Je vous conseille de rester ici pour prendre des forces. Demain vous devrez trouver des vendeurs de raisin et négocier âprement les prix. Seuls font fortune les esprits sobres et clairvoyants.

Il laissa à quelques secondes pesantes le soin de bien faire passer le message.

Quant à moi, je vais aller voir un charpentier qu’on m’a indiqué tantôt. Il faut être bien sot pour ne pas voir que nous avons besoin de quelques fûts neufs.

Il se leva et caressa sa lourde panse des deux mains en étouffant un rôt.

Les deux autres s’étaient déjà éloignés, le garde vitupérant sur ses exploits à venir, et Hugolin l’écoutant, maussade.


Et dormez, puisque toute autre chose est inutile… murmura Maître Gaspard avant de leur tourner le dos.

Derrière, le jeune couple resta silencieux, interdit.

Renvoyant l’éclat des braises incandescentes, leurs yeux semblaient lancer des éclairs.

Robinus70
17, quartier des bleuets Jour 1, avant l’aube.

Un imperceptible petit bruit, une serrure bien huilée, deux yeux cernés se penchent sur la clef détenue dans une main légèrement tremblante.
Un vague soupir s’échappe dans le bruit de la brise matinale.
La journée promet encore d’être chaude.
Le jour tarde à se lever, et les bleuets à ouvrir leurs coroles couleur du ciel.
Robinne regarde le chemin de la mine, clenche une dernière fois la porte.
Depuis quelques temps elle se surprend à vérifier tous ses gestes plusieurs fois, de façon presque maniaque obsessionnelle.
Elle lance un regard à la maison, volets fermés, porte close, seule la petite ouverture au faîte du mur semble encore vouloir accueillir un visiteur ailé.
C’était hier encore elle rentrait sur Castillon, apprenait la vente de champs devenus inutiles.
La maison était toujours vide et l’absence de Gawin durait.
Les pensées se succédaient entre crises de rage et de colère contre lui, sentiment d’abandon, de mensonges, ou sa jalousie prenait toute son ampleur, empêchant l’entendement et la raison.
Parfois ses songes la plongeaient dans une profonde mélancolie, que des gros sanglots semblaient calmer.
La nuit était animée d’images, entre réalités et fantasmes redoutés.
La mine….
Se plonger dans la noirceur des galeries, retrouver le ventre de la terre et s’y laisser bercer par le rythme d’un travail épuisant.
Elle allongea le pas en direction de la cavité, une clef serrée fermement dans sa main droite, le regard vide, son épée toujours contre sa cuisse.
Depuis quelques temps elle était devenue sa seule compagne de jour comme de nuit. Aussi froide et droite que ne l’était devenu son cœur.
Robinus70
Jour 1 fin de journée :

Robinne le nez au sol rentrait chez elle.
Tel un automate bien articulé, son corps semblait suivre un chemin mille fois parcouru sans plus vraiment y penser.
Elle fut même surprise de se retrouver devant sa porte sans avoir vraiment réalisé l’itinéraire parcouru.
La clef joua dans la serrure, la porte s’entrouvrit pour lui laisser passage et se refermer hermétiquement sitôt passée.
Son corps trouva la paillasse où il s’allongea aussitôt l’emportant dans un monde ou songes et craintes la laisseraient à nouveau apeurée et épuisée.


…..

Au cœur de son sommeil une femme se pencha sur elle, on ne pouvait pas la dire belle à proprement parler, mais toute son image renvoyait au désir à la féminité. Il émanait d’elle un charme magnétique envoutant et sexuel. L’image du visage charmé de Gawin se fondait sur son sourire et se calquait sur son envoutement.
Des voix raisonnaient dans le songe de Robinne et s’entremêlaient.


Kahhlan : IL N’A D’YEUX QUE POUR TOI
Gawin : JAMAIS ? VOUS M’ENTENDEZ ? JAMAIS ! IL N’Y AURA D’AUTRE FEMME QUE VOUS
Anonyme : Un rire charmeur et enjôleur qui sonne dans une taverne sous une plaisanterie de son boucher.

Son corps s’agite dans son sommeil, et la femme la regarde encore plus superbe dans son mépris et son assurance, elle ne sent qu’une petite chose ridicule et insignifiante, elle lutte et tente de retenir son homme qui s’échappe sans un regard pour elle.
Mais il suit la nymphe, disparaît lentement comme une nappe de brouillard qui s’étiole aux premiers rayons du soleil.
Son corps réagit au rêve s’anime, elle tente de rattrapper Gawin et roule sur le coté glacial de la place vacante.
Elle se réveille en sursaut, caresse machinalement l’espace toujours vide.
Le vide …
Elle se lève, la pièce est sombre les volets sont toujours tirés. Entre la mine et la maison, Robinne ne vit plus que dans ce noir qui l’absorbe et l’emporte.
Elle n’a plus aucune notion de temps.
Son corps se traine jusqu'à la table, ses mains une fois encore prennent la dernière lettre de Gawin dans ce précieux petit coffret de bois, et ses yeux parcourent à nouveau les dernières lignes tracées avant son départ ….


Citation:
Ma chère Robinne,

Pardonnez moi de partir ainsi(...) Je n’aurais pas réussi à vous le dire en face, péteux que je suis (…) Je ne sais pas ce que je vais trouver au bout mais il s’offre à moi comme un signe du destin, une main tendue. (…) espère que vous me pardonnerez cette errance (…)
--Pantoufle_le_hiboux
Jour 1, début de nuit

« Abandonné ! Tu l’as abandonné ! »

« Non ! non ! »

Blotti sous le faîtage du toit, le paquet de plume pantelant grelottait d’effroi.

« Tu devais rester et tu as fuit ! »

« Non ! J’ai voulu bien faire ! »

La tête hirsute et sale disparaissait sous les rémiges dépenaillées de ses ailes.

« tu t’es trompé ! »

L’oiseau devint une pelote minuscule et tremblante

« et il est mort !!! »

Un coup de vent ardent réveilla brutalement Pantoufle. La nuit était tombée. Sa tanière était noire comme une tombe mais brûlait encore des chaleurs du jour. Il resta un instant aux aguets. D’où venait cette voix ? Qui parlait dans son crâne? Dans le repos de la chaumière, il entendit des gémissements et se redressa.

« Lui ? »

Un battement de plumes déchira le silence, traversa l’espace de la grand pièce et s’étouffa aux abords de la couche, baignée d’un faible halo de lune.

« Elle ? »

Il s’approcha lentement. Dans son sommeil, Robinne étreignait le drap comme pour lui tordre le cou. Les traits de son visage étaient tirés, ses yeux recroquevillés et ses lèvres blanches. D’habitude, le hibou se pelotonnait toujours sur les pieds des occupants du lit, une vieille marotte qui lui avait valu son surnom. Mais ce soir là, par tendresse, par affection, et peut-être par peur, il se lova doucement au creux des bras de Robinne, la tête enfouie sous sa chemise, et sombra dans un sommeil sans rêve.
Robinus70
Jour 2 à l’aube :

Ainsi allait la vie de Robinne depuis l’absence de Gawin : phases de sommeil et phases du deuil de sa présence.

Entre activité, renonciation, éveil et sommeil, colère et même chantage intérieur, le temps égrainait sa course au fil des jours.
De deux jours d’absence prévue, écrite, promise, nous étions arrivés à un demi-cycle de lune, à 15 courses de soleil dans le ciel, sans signes et sans messages.
Laissant le deuil impossible, couvé par une angoisse paroxystique.

L’épuisement l’avait emporté encore une fois, après une dernière lecture ou les larmes avaient absorbé le reste de son énergie et de sa souffrance.
Elle dormait à présent, et les rêves emmenaient avec eux ses peurs, ses doutes, et ses dévalorisations.

Une sensation tactile est douce l’éveilla à l’aube.
Légère, un effleurement qui fit monter en elle un rire, qui gomma spontanément ses angoisses et ses pensées.
Il monta dans sa gorge comme le miel coule en cascade sur les parois des muqueuses.
Imprégnant de ses sucs les papilles, épanouissant le visage de bien être.
Elle riait, et son corps s’anima de soubresauts et de contorsions qui ne faisaient qu’accentuer le mécanisme mis en route.
Dans sa chemise, un forme s’agitait, se débattait, une envolée de plumettes se confondait avec l’envolée des draps de chanvre blancs.
La lutte entre Pantoufle coincé dans la chemise de Robinne et l’agitation produise par le chatouillis prenait de l’ampleur, et la paillasse était devenue la lice du rire où l’on ignorait lequel des deux protagonistes sortirait vainqueur.

Tel un plumeau agité par une journée de travail dans un lieu abandonné depuis des années, Pantoufle réussit à extraire sa tête du décolleté de Robinne, puis passa l’articulation de l’aile gauche.

Tel un enfant extrait du ventre de sa mère il apparaissait peu à peu, tout échevelé de la nativité dans laquelle il venait de lutter.

Ainsi commença la renaissance ….


(À suivre …)
Robinus70
Jour 2 à l’aube : (suite)


Pantoufle fut expulsé dans une dernière contraction ventrale de rire, du nid dans lequel il s’était lové.
Le silence se fit, laissant Robinne et le Hibou dans une stupéfaction commune.
Robinne regardait le volatil, tout en reprenant lentement conscience.
Elle se dirigea vers lui doucement, il s’était attablé juste à coté du petit coffret de bois.


Pantoufle ? Gawin ?

Son cœur se mit à battre avec plus de rapidité, et le rouge lui monta aux joues.
Elle se dirigea vers les volets qu’elle ouvrit. La lueur pourtant pâle de l’aube la força à protéger ses yeux restés trop longtemps dans l’obscurité et gonflés par le manque de sommeil et le trop plein de larmes.
Son regard fit le tour de la pièce, puis son pas se précipita vers les écuries où Bérengère et Popotine en compagnie de Raoul terminaient leurs nuits.

Mais le silence perdura, aucune trace, ni signe de vie.
Elle revint auprès de Pantoufle, cherchant à sa patte un signe, un message…

Elle caressait mécaniquement la tête du rapace, et le voile du déni dans lequel la jalousie l’avait absorbée se déchirait lentement, laissant place à une nouvelle forme de doute de crainte et de douleur.
L’oiseau par sa maigreur, par son aspect réveilla en elle une réflexion nouvelle, une pensée encore floue masquée par une émotion intense.

Un cri raisonna dans la pièce :


IL EST OU ??????

Dans la tête de Robinne une valse d’images se succédait à une cadence folle, visages de femmes, rires, plaisirs, furent masqués par une autre, une représentation qu’elle avait enfoui tout aux tréfonds de ses souvenirs, une image qui appartenait à un autre déni, puis vinrent à nouveau ces images de femmes.
Son âme hésitait, cherchait le chemin de la raison, la folie l’avait rongée pendant des jours et des nuits ne lui donnant qu’une déraison à l’absence de Gawin...

Mais si … Si ….

Elle aurait voulu être dans ces histoires ésotériques que Honhon racontait à la veillée, celles qui auraient fait parler Pantoufle, mais le jour se levait en même temps que ses facultés de raisonnement reprenaient vie.

Elle donna à manger au hibou, le couvant d’un bras chaleureux, son regard se porta encore une fois sur le bas de la lettre :


Citation:
Post-scriptum : si vous en avez l’énergie, il faudrait renforcer la clôture au fond de la prairie. Il semble qu’un malotru l’ait piétinée cette nuit sans laisser d’autres traces que celle de ses bottes.


Son énergie et sa hargne, démises de ses fantasmes elle pouvait à présent quitter sa torpeur et agir.
Elle empoigna sa hache, prit un morceau de pain et se dirigea vers la forêt.
Le travail de la clôture ......
Robinus70
Une angoisse en chasse une autre…

Robinne marchait en prise à de nouvelles anxiétés, de nouveaux songes, lorsque ressurgit la pensée d’un rituel inachevé. Comme un manque, comme une défaillance à un rythme déjà bien ancré.
Et le doute se mit à grandir, puis devint crainte, anxiété, tourment pour finir comme un supplice.
Sa main se mit à trembler cherchant un objet parmi la besace.
A 10 enjambées de la maison, la hache tomba sur le chemin, la musette fut vidée de son contenu à même le sol, le pain roula dans la poussière.
Une main nerveuse et fébrile ramassa un objet.


Tu es là ! J’ai eu si peur…

Robinne rebroussa chemin laissant pèle mêle ses affaires et revint à la porte. La main se posa sur la clenche.
Le battant était bien verrouillé.
Mais son trouble ne faiblissait pas, elle fit le tour de toutes les fermetures de la maison.
La fenêtre de la grande salle était ouverte.
Une vague de terreur monta en elle, la laissant dans un état figé.
Sa respiration s’accélérait et elle percevait des pieux rigidifier son cou et enserrer sa mâchoire.

Sur le rebord de la fenêtre, imprimés dans la poussière se trouvaient des empreintes de doigts.

Les pensées se bousculaient dans sa tête, cherchant l’erreur qu’elle aurait commise, cherchant la raison qui l’aurait fait oublié, négligé la fermeture.
La fatigue, l’épuisement, comment avait elle pu ?


*Non Je n’ai pas pu ! IMPOSSIBLE !
Si pourtant !!! La mine, mon affaiblissement, le travail, le manque de sommeil.
Pantoufle … LUI ?
Non il serait venu me le dire ! ME PARLER ! IL SERAIT VENU !

L’AUTRE !

NON ! Je tombais d’épuisement hier soir !*



Lentement son corps s’approcha, ses yeux scrutaient cherchaient.

Elle fit volte face, chercha du regard une réponse pour fuir ces réflexions qui la submergeaient l’envahissaient.
Et elle vit !

Un campement …

Lentement tel un automate elle se mit en mouvement vers le lieu que l’œil avait visé.
--Narrateur
Bien plus tôt dans la nuit du jour 1 au jour 2, alors que Robinne affronte encore ses cauchemars…


Des heures qu’il attendait, tapis dans l’herbe haute, le ventre brûlé par la terre chauffée à blanc d’un côté, l’échine endormie par le froid de la nuit de l’autre, et voilà que la proie sortait, enfin. Méfiante, sublimement appétissante, à sa portée. Sa toison soyeuse brillait sous la lune, lui offrant la pureté de l’hermine. Il salivait. Un délicieux parfum de chair fraîche tournoyait à ses narines, excitant ses papilles, bandant le moindre de ses muscles, animant de lents battements l’extrémité de sa queue.

Toute griffe dehors, le chat s’apprêtait à bondir sur la souris.


Tu n’as pas le droit, je te l’interdis!

Faisant voler le silence en éclats, la voix impérieuse sonna comme une sentence. Le chasseur et la proie s’aplatirent au sol, tous leurs sens en alerte. Un prédateur plus puissant venait de tonner.

Aristote ne le mérite pas!

La voix claquait, rageuse et désespérée à la fois, mais pour le félin et le rongeur, ce n’était qu’une alarme, un danger imminent, qu’il fallait détourner en restant blotti, parfaitement immobile.
A quelques centimètres l’un de l’autre, les deux ennemis se faisaient compagnon d’infortune.


Si tu fais ça je te tuerais de mes mains tu m’entends!!

Des mots, rien que des mots, mêlés de ces sonorités humaines qui regorgent dans les ruelles, cris étouffés, gémissements, sanglots peut-être. Des borborygmes informes qui ne signifiaient rien du tout pour le félin, à part qu’il pouvait faire une croix sur son festin du soir : profitant de la diversion, la petite souris grise s’était sauvée en douce...

Robinus70
J2 : Une régression à la naissance du jour…

Robinne avançait vers l’endroit où de nouveaux venus avaient implanté un campement.
Tenant fermement son objet précieux.
Elle s’approchait sans bruit, inscrivant dans son esprit chaque emplacement, chaque outil, se cachant partiellement derrière les arbres. Réduisant la distance imperceptiblement, sans bruit.
Elle semblait glisser plus que se déplacer.
Dans son esprit un croquis de l’endroit se dessinait avec une infinie précision.
Puis elle vit les bêtes…Deux beaux bœufs solides, mais surtout un cheval qu’elle aurait reconnu entre mille.
Un comtois !
Un bien être la submergea alors, celui qui vous vient de loin des racines, de la source de vos origines.
Au beau milieu de la tempête qu’elle traversait, l’œil dans sa fixité sur les choses, lui apportait un calme originel, faisant remonter à la surface de ces lèvres les doux souvenirs d’un passé heureux.
La réminiscence de son enfance incarnée dans l’animal.

Telle une enfant attirée par un jouet elle sortit alors de sa cachette, et se dirigea vers l’animal, le toucha enfouissant sa tête dans la crinière blonde, plaquant son visage sur la joue du canasson et encerclant ses bras autour de son encolure.
La bête ne semblait pas étonnée de ce contact, et Robinne pouvait sentir le souffle chaud de ses naseaux contre son cou.
Ses yeux prirent le reflet de l’enfance, et ses lèvres la douceur immature de l’appétit gourmand juvénile.
Elle avait l’aspect d’une fillette enlaçant son Ours le plus précieux, perdue dans un espace temps qui appartenait aux saveurs lointaines du passé.
Robinus70
Petit aparté pour un jour exceptionnel.

Peu à peu la douceur et la chaleur de l’animal la réconforta, et les mots jaillirent de sa bouche, comme une confession, comme une libération.
Sa main continuait à caresser la robe du Comtois et les mots se glissaient à son oreille.



Tu vois cela fait aujourd’hui deux années, deux années que le l’ai vu pénétrer un soir dans cette taverne.
Moi j’ai su tout de suite que c’était lui, il avait quelque chose de différent.

Bien sur il ne m’a jamais vraiment dit des mots d’amours, peut être que moi non plus d’ailleurs ….
Mais nos mots se sont mêlés, entremêlés, et noués dans le vœu d’un manuscrit à créer.

Peut être aurait il fallut qu’Aristote nous bénisse, peut être m’a il puni de ces deux années de bonheur.

Tu crois qu’il était heureux ? Mon ventre est resté sec de tout fruit à lui offrir.
Nous n’en avons jamais parlé …

Il m’a peut être oubliée, je l’ai négligé et je me suis négligée aussi.

Il semblait si heureux au contact d’autres personnes ….

Il n’est plus là, et cela fait deux années aujourd’hui ! ….


Un cri déchirant monta dans le silence matinal, l’animal recula effrayé, et les bœufs s’éloignèrent au trot.

Merci mon ami, merci du fond du cœur …
--Narrateur
Une raie de lumière trouble perçant à travers ses paupières entrouvertes, les rumeurs de la ville inondant lentement le creux de ses oreilles, la sensation tiède de la couverture de laine pesant sur ses flancs. Irruption délicieuse du petit jour dans son corps endormi, à la frontière du sommeil et de l’action, entre l’inventivité débridée du monde des rêves et le carcan implacable de la sphère réelle. Hugolin ouvrit définitivement les yeux et, s’étirant de tout son long, resta le regard perdu dans la toile de tente écrue qui lui servait de ciel. A la première inspiration, les évènements de la veille lui revinrent en cascade.

« Ce majordome…comment s’appelait il déjà ?….quelle pipelette….et un art consommé pour vous tirez les vers du nez….Ah ça il n’avait pas été bien prudent, et l‘autre avait pu lire dans son cœur comme dans un livre ouvert…Avait il seulement réussi à articuler au revoir ? Il était tellement gêné…Et l’autre qui jouait avec lui comme un chat torturant une souris….Pourvu qu’il tienne sa langue… »

Hugolin se retourna sur sa couche, face contre la toile, bras en croix.

Mais ce n’était rien, à côté…A peine sorti, à peine remis de son trouble…C’est un miracle qu’il ne l’ai pas vu… Bon sang, jamais il ne s’était autant écrasé contre une porte…Quelle heure était il ?…minuit, bien tassé, oh oui, bien tassé. L’autre était couvert d’une grande cape sombre à capuche mais il ne pouvait s’y tromper. Cette démarche, cette carrure, cette…bedaine…proéminente… Mais que faisait il là dans le quartier des tavernes, à cette heure avancée de la nuit, marchant comme un voleur? Cherchait il à se cacher ou à se protéger du froid…?

Dans le silence de la tente, Hugolin crut soudain qu’il pensait à voix haute. Son cœur partit en trombe, et tout son corps tressaillit d’un frisson glacé. Entre ses doigts serrés la sueur commença à s’accumuler en une moiteur froide et sa respiration s’arrêta. Dans son esprit encore embrouillé par les vapeurs éthérées de ses rêves, il vit un homme encapuchonné s’approcher dans son dos, une lame luisante prête à frapper.

« Non ! »

Il se retourna brutalement, prêt à recevoir le coup en plein coeur. Mais rien. Pas d’agresseur. Pas de lame assassine. Une couche vide – celle de Ropartz, et à côté, celle de Maître Passanmoye. Le vieux dormait profondément, son visage grassouillet enfoui sous un bonnet de nuit en coton, son triple menton caché pour moitié sous une épaisse couverture. Et à côté, alanguie sur un tabouret, une longue cape sombre à la capuche renversée.

--Narrateur
Robinne a écrit:
Un cri déchirant monta dans le silence matinal


Beren sursauta sur sa couche. Dehors on entendait l'affolement des bêtes. Quelqu'un avait pénétré dans leur camps.

Il sauta du lit, enfila ses braies, attrapa son bâton ferré et sortit en trombe de la tente en faisant voler la toile.

Une jeune femme se tenait là, immobile, à côté du comtois qui s'éloignait à reculons en agitant nerveusement sa tête énorme.

Beren voulu apostropher sèchement l'intruse, mais quelque chose dans son attitude l'arrêta net. Ses bras ballants, ses poings serrés, son visage fermé, penché en avant. Elle ne l'avait pas vu et semblait perdue dans quelques sombres pensées. Ses épaules étaient animées d'imperceptibles soubresauts. Elle pleurait.

Beren s'approcha lentement, oubliant qu'il était torse nu.


Mademoiselle?



merci à vous mon amie, merci à vous
Robinus70
Elle ne sursauta même pas, resserrant ses bras sur son ventre, protégeant l’objet, le couvant. Elle se laissa tomber les fesses dans l’herbe, le regard vide, et lentement son corps se mit à se balancer d’avant en arrière.

Elle chantonnait, et sa voix claire et juvénile monta dans le silence de la prairie:


Bonne année reviens
Ramène du pain
Du vin
De tous les biens
Des nezilles (noisette)
Pour les filles
Des échaulons (noix)
Pour les garçons
Des croutes de pain moisi
Pour les vieilles filles
Bonne année revient
Donne galant aux vieilles filles*
Donne Gawin à Robinne…


L’homme s’approchait doucement de Robinne, lorsque surgit des fourrés, une voix ferme et grave retentit

LAISSEZ-LA !

*: vieille chanson Franc-Comtoise d'auteur inconnu (mais on retire Robinne et Gawin )
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