--Grandpapa
Lordre était parti naturellement, ferme et sec.
Il se tenait là debout appuyé sur sa houlette.
Gardien des temps et des âges, Grand-papa veillait sur les Bleuets, comme un sphinx immobile et immuable.
Au milieu dun visage ravagé par le temps et les épreuves, deux petits yeux noirs, mobiles et pétillants, tranchaient avec la vieillesse que renvoyait lapparence générale du vieil homme.
Son regard, ne quittait pas le bâton ferré de Beren.
Grand-papa avait suivit Robinne.
Depuis plusieurs jours déjà, cest lui qui venait nourrir Raoul, Popotine et Bérengère, alerté par les cris des animaux enfermés dans létable.
Témoin muet de lhistoire des bleuets, il savait :
La disparition de Gawin, la souffrance lente quelle avait engendrée chez Robinne la menant dans le chemin de la folie, de la réclusion. Il veillait sur elle à distance, la couvant dun regard protecteur et paternel. Respectant la tradition de la solidarité du quartier, respectant le temps dun deuil et de ses maux.
Sans bouger, le corps appuyé sur sa canne il ajouta.
Elle est devenue fol !
Lentement, son corps se mit en mouvement, tel un berger, il sapprocha de la brebis égarée, posa sa vielle main sur lépaule de Robinne et parla doucement.
Relève-toi la fille !
Et sans transitions, il se tourna vers Beren, et désigna les bêtes dun geste du menton.
Belles bêtes que vous avez là ! Et elle sy connaît la fille, dit-il en prenant Robinne par la main.