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[RP]Chronique de la vie quotidienne au Quartier des bleuets

Robinus70
Il s’était glissé vers elle, doucement sans un mot, et pendant que d’autres songeaient à trouver des réponses, à comprendre les mystères, à l’aider à sortir de sa coquille ou a en colmater les brèches.
Lui, il lui dit simplement quelques mots d’amours…


Citation:
J'suis content d'te r'voir Robinne...


Sa main s’enfouit dans la tignasse du jeune homme, et un sourire éclaira son visage.

Moi aussi… Sa main s’agita dans sa chevelure, ébouriffant sa coiffure d’un geste de tendresse.

Puis s’écartant un peu du groupe, ou seuls quelques sons feutrés lui parvenaient, elle interrogea Céraphin.

Dis-moi-toi, c’est en mangeant mes noisettes que tu as grandi ainsi ? Parce que j’ai eu beau en faire des cures et des cures j’ai pas pris un pouce !

Face à face, leurs trésors chacun en poche, leurs épreuves de disparitions chacun en bandoulières, ils se souriaient.
Elle avait envie de lui dire le départ de Gawin, avant que ne vienne la question qui lui serait douloureuse. Elle avait envie de lui demander si lui aussi avait senti cette solitude, cette culpabilité lorsque Diane avait disparut.

Silence… Sa tête se penche dans une observation taquine du garçon, ses fossettes se creusent.

Elle n’a plus envie de savoir, invitant l’enfant à raconter, à l’imprégner de sa fraicheur de sa candeur. Abandonnant la pudeur de son histoire, déposant un peu son fardeau, pour laisser place à la vie… Déjà un chatouillis de bonheur et de rire monte en elle, plus sain et plus digeste que toutes les tisanes que lui fait ingurgiter Grand’pa.


Céraphin ? Racontote moi … Pis n’oublie rien hein ! Je veux tout savoir ! De la bouteille de lait à la tenue de sommeil de Mordock en passant par ton voyage…
Ecumedesmers
Ecume arriva devant la maison de la femme du disparu une certaine Robinus.

Elle ne la connaissait pas du tout.


Il fallait des réponses à ses questions, pour pouvoir assouvir sa curiosité.

Elle s'avança vers la porte d'entrée et y toqua.


TOC ! TOC ! TOC !

Elle regarda autour d'elle attendant qu'on lui ouvre, le paysage qui s'offrait à ses yeux étaient désolant.

Après quelques minutes elle regarda par la fenêtre et ne vit pas âme qui vive.

Bon, ben je repasserais !

hummmm qui pourrais me renseigner ?

Ah oui Mordock !


Pressant le pas elle allait bon train vers la demeure de Mordock
--Narrateur
GrandPapa a écrit:
Ici on respecte les anciens et on salue avant de réveiller le quartier d’un chant de coq enraillé !!

Maître Passenmoye pris la décharge en pleine poire et le crapaud ventripotent se transforma comme par magie en gâteau de riz démoulé trop chaud. La mine défaite et la bouche pincée, il esquissa un battement d’épaule énervé, bafouilla une vague invective à l’égard de l’assemblée, puis disparu sous sa tente dans un ballet gracieux d’amples bourrelets.

Beren suivit la scène avec délectation et remercia le vieillard d’un sourire entendu.


GrandPapa a écrit:
Le boubot n’a pas besoin de gnôle mais Mordock et moi-même ne vous disons pas non !


Oh bien sur, quel idiot je fais ! Voyez comme je connais bien les enfants!

Un voile sombre passa sur son visage et son œil scintilla, une fraction de seconde. Il se détourna vivement pour aller chercher une bouteilles et quelques verres, mais le vieil homme s’était déjà rapproché de lui en saisissant son bâton.

GrandPapa a écrit:
Ce soir au coucher du soleil devant la maison de Robinne…


Beren se raidit. La voix du vieillard s’était faite mystérieuse, complice, dans un contraste saisissant avec son entrée en scène. Ils ne se connaissaient que depuis une demi-heure à peine et voilà qu’il lui parlait comme un compagnon !. Hypothèses et conjectures déferlèrent dans sa tête, tournoyant en tout sens, alternant l’image d’une main tendue et d’un croc en jambe, d’une tape dans le dos et d’un poing dans la gueule. Etait ce parce qu’il avait menti tout à l’heure, et l’homme voulait le prendre entre quatre yeux à l’abri des regards pour bien l’asticoter à loisir ? Ou s’apitoyait il de son sort fasse à son beau-père et voulait simplement le sortir du carcan familial ? Mais que risquait il après tout, de toute façon il n’irait pas seul. Claudine viendrait également, jamais il n’était sortit sans elle, et il en serait encore ainsi, bien sur. Enfin, jusqu’à ce que…

Le mot ne sortit pas naturellement de sa bouche mais un hochement de tête discret entérina sa décision. Il regarda encore le vieil homme droit dans le yeux, mais sans morgue ni défi.
Avec simplement ce profond respect que tous les jeunes comtois vouent à leur aînés.

Et tandis que Robinne s’approchait de Céraphin, il couru sous sa tente.


Mordock45
Le renard était arrivé sans trop d'encombres devant le terrier et il comptait bien en profiter pour y rentrer.....

"C'est pas le tout mais il fait soif... c'est quand meme incroyable, la chasse aux mures avec céraphin, ça a le don de t'assecher la tuyauterie..... et puis comme j'ai pas l'habitude de me trimballer avec une gourde à portée de main...........Bon ben, on va le boire ce verre ?"

Mordock regardait robinne et céraphin....

"Ce gamin a le donc pour attendrir la gente féminine !!! Et les quelques poils qui sont apparus sur son menton n'ont pas l'air d'y changer quelques choses ...." pensa t -il amusé.

Il s'attarda sur grand papa...

"Et bien celui là, il n'est pas encore pret pour sucrer les mures malgré son age... il est encore vif du ciboulot et assez finaud pour comprendre que la robinne, elle a besoin d'aide .... " se dit il.

Mordock commença a se diriger vers la maison de robinne...

"Robinne, tu as assez de chaises ? Au pire, tu prendras ceraphin sur tes genoux...."
_________________
--Narrateur
Attendez attendez s'exclama Beren en débaroulant de sous sa tente, une bouteille de grès sous le bras et six verres serrés entre ses doigts.

Venez gouter ça, c 'est de l'alcool de gentiane bien de chez nous! Et celle là n'a pas été coupée*, on sent encore plus le goût de la plante!

Et joignant le geste à la parole, il posa les verres sur un large tabouret et y versa quelques centilitres d'un liquide jaune-ambré assez proche d'un sirop de mirabelle.

Derrière lui, alors qu'on ne l'attendait plus et que seul le glouglou monotone de l'alcool s'écoulant du goulot semblait servir de fond sonore, apparut Claudine, sortant lentement de la tente avec des gestes las. Elle était habillée d'une belle robe verte foncée, sans bourgeoisie ni fioriture, mais élégante et bien taillée. Une robe de travail, à la fois prude et séduisante, comme ce large décolleté voilé par un fin chemisier piqué de dentelles. Mais son visage tranchait par une chevelure en bataille et des traits tirés témoignant d'une mauvaise nuit. Le sourire timide qu'elle arborait n'effaçait pas la rougeur de ses yeux ni la pâleur de son teint.


Bonjour à tous articula t'elle poliment sur un ton engourdi.

Beren se retourna vers elle et resta quelques secondes à l'observer, un sourire mi-figue mi-raisin aux lèvres, à la fois embarrassé et attendri. Puis comme sortit d'une parenthèse il lança à l'assistance.

Je vous présente Claudine, mon épouse!





*hrp : 65°...amis rpéïste, amusez vous
Ceraphin
Parenthèse.
Parce que tout ne se raconte pas... ou alors pas à tous.
Parce qu'il y a des exceptions.
Des moments d'exception, des gens d'exception, des cas d'exception... et parfois, exceptionnellement toute une vie d'exception.

Pour l'heure, il s'agissait d'une parenthèse, comme une bulle d'air au milieu d'un océan.
Cette bulle là, Ceraphin la tissa sans vraiment s'en apercevoir et sans vraiment la préméditer.
Au milieu de l'agitation ambiante, des mots criés et chuchotés, des gestes graves et légers, des regards perçants et perfides... et avant que la gentiane dénaturée n'exacerbe le tout, le gamin raconta.
Il raconta à Robinne ce qu'elle voulait entendre.
Une bulle d'air pour qu'elle puisse reprendre son souffle?

L'enfant l'ignorait et de toutes façons n'en calculait ni le prix ni le bénéfice.
Il ne savait pas plus qu'il pouvait, lui, du haut de ses 13 années, avoir parfois le rôle du consolateur des âmes.
Donc il conta et raconta... tout simplement.

Oubliant la bouteille de lait et sa signification cachée, Ceraphin chuchota à Robinne les aventures du Béarn, les escapades de Paris, la chevauchée du Périgord.
Pèle mêle se croisèrent les récits des trésors maternels hérités, de son statu officieux de chouchou de la comtessa, de son arrestation princière à Margency, de son premier combat épique et triomphal au détour des chemins, des couloirs hantés du castel orthézien et de la découverte timorée d'une trop grande famille léguée par feue Maman.
Cela et bien des choses encore.
Autant de secrets racontés dans des murmures ponctués d'intonations contenues et majorés de gestes et mimiques de circonstance... car les secrets se partagent dans la complicité et l'intimité.

Juste de quoi tisser quelques fils suffisamment ténus pour emprisonner un peu d'air, juste de quoi respirer paisiblement avant de repartir revigorée à l'assaut des turbulences de la vie... peut être.

_________________
Robinus70
Il parlait, racontait, illustrant son jeu de scène de masques colorés, jouant des décors, des costumes, des sons.
Robinne voyageait, l’écoutant réagissant, s’éloignant dans le voyage de Céraphin, Laissant son corps vibrer au son de la mélodie de l’enfant.
Lorsqu’il eut terminé son récit, la bouche de Robinne s’immobilisa dans une dernière onomatopée, un « O » ouvert sur l’absorption de l’ultime bulle.
Visage et lèvres figées sur cette ouverture, elle revint doucement aux réalités.
Elle se serra un peu contre l’enfant, comme si son corps par un acte de tendresse, remerciait de la chaleur apportée, de l’éveil donné.
Sa bouche souffla un sourire, ses mots des remerciements. Elle se recula un peu, le toisa des pieds à la tête, le regardant comme on admire une œuvre d’art qui murit et se dévoile sous l’effet du temps. Comme un bon vin ….

Elle laissa sa pensée en suspend....... le lien avec la réalité...... le vin.............ces gens...... une femme qu’elle n’avait pas remarquée.........la bouteille et les verres...........
Elle regardait le groupe présent, comme si soudain sa bulle était envahie par trop de gens, par trop de regards.
Nerveusement elle, noua ses doigts.


C’est gentil à vous pour vot’ breuvage, mais j’ai du travail sur un chemin à terminer…

Céraphin ? Je pense à toi je passerai chez Mordock, te porter du lait et du pain…


Avant que l’œil de Grand’pa et de Mordock ne la couve d’autres inquiétudes, Robinne serra rapidement les mains, embrassa Céraphin avec tendresse, et partit en direction du chemin des vaches ….
Mordock45
[Mordock met le turbo....quand son coeur fait boum]


Mordock se tenait à l'écart depuis un bon moment et observait, sans en perdre une miette, son amie robinne et céraphin...

"J'savais bien que le gamin était bien plus efficace qu'une cure d'huile de foie de morue... en 30 min, il lui a redonné bonne mine à la robinne !!!", pensa t-il ....... heureux et soulagé.


Citation:
C’est gentil à vous pour vot’ breuvage, mais j’ai du travail sur un chemin à terminer…
Céraphin ? Je pense à toi je passerai chez Mordock, te porter du lait et du pain…


Les vaches n'attendaient pas... et leurs pis devaient commencer à les tirailler... Robinne renouait avec ses obligations plus terre à terre. Mordock savait que le processus de guerison venait de commencer... il débutait par une traite comme un retour aux sources ......lactées.... Les taches simples , le travail agricole avaient le mérite d'effacer les troubles et les inquiétudes les plus tenaces..... Robinne et marguerite étaient donc de retour parmi nous et ce retour en couple était de bonne augure !!! Robinne sortait donc de sa prison mentale dans laquelle elle s'était enfermée.... la vache et la prisonnière retrouvaient enfin le chemin de la liberté, ce qui annonçait des jours prochains mouvementés....


Mordock attrapa Céraphin par le bras...

"Céraphin... on va rentrer à la maison... je voudrais être là quand robinne viendra toquer avec son pot à lait..... pour qu'elle ne trouve pas porte close et ne pas avoir fait tout ça pour rien !!!
Gamin ....il faut battre le fer pendant qu'il est chaud et je trouve que tu t'es sacrément bien débrouillé pour souffler sur la braise !!!!"


Mordock salua tout le monde.... tout en refléchissant à quels outils choisir pour taper sur l'enclume sans tout casser.....

Céraphin sautait comme un cabri.... surement excité à l'idée de boire du lait tout frais.... le cabri au lait ( ) commençait à rouler des mécaniques , fier d'avoir pousser robinne à redémarrer .......sa vie.
Le présent nous rattrape subitement, tel le temps qui change pour glisser un futur jeu de mot (nécessaire à ma métaphore filée automobile) comme une bourrasque dans la prochaine phrase en espérant qu'il ne soit pas passé inaperçu........
Une brise d'automne s'empare (sans pare brise ? ) alors du chapeau de paille de mordock et c'est donc les cheveux dans le vent qu'ils remontent vers la maison du boucher....
Le vent (de folie) se mit à souffler plus fort, tellement fort que la sortie de piste risquait de devenir inévitable ....

Mordock leva la tête vers le ciel....remerciant Dieu d'avoir accordé à céraphin les mêmes pouvoir que le roi Midas (tout en espérant qu'il est plus de pot que lui) ......... le gamin changeait tout en or et sa vie d'ange (pfffffffff ) éclairait tout castillon.

"Qui pneu le plus pneu le moins finalement !!!!" pensa t-il en regardant l'essieu, tous l'essence en éveil...

Mordock s'approcha de Céraphin et posa sa main sur son "épaule, position" du tuteur qu'il aimait prendre avec son fils adoptif....

"Céraphin... j'ai un creux dans le ventre qu'il va falloir caler... j'ai tellement faim que j'avalerai 2 CV."

Mordock affamé était pressé de rentrer au bercail et la nuit commençait a tomber... il allait devoir prendre le raccourci, le petit chemin qui faisait gagner du temps..... Après le virage, il compta les six troènes plantés sur le bord de la route puis tourna à gauche en s'enfonçant dans les fougères... Tout en marchant dans le sous bois, il aperçut une belle coulemelle... Du pied, il appuya sur le champignon pour vérifier qu'il avait bien l'anneau coulissant et le cueilla pour le mélanger aux oeufs qu'il avait ramassé dans un nid de poule ce matin même...
En arrivant chez lui, il salua sa voisine...une "jante" dame toujours prete à lui rendre des services. Crevé, à plat, il s'assit sur une chaise quelques minutes....il respira profondément, et ce n'est apres que quelques aspirations qu'il se leva pour aller préparer le repas.

_________________
--Narrateur
Soir du jour 2, au coucher du soleil

Ils rentraient côte à côte après une interminable journée passée à arpenter les rues de Castillon, à la rencontre des producteurs de raisins. Les négociations avaient été plus fructueuses que prévu, plusieurs vendeurs leur ayant fait de bons prix, et ils pourraient dès demain faire la tournée des vignobles pour regrouper le raisin à leur campement et commencer à fouler. Mais pour l’heure, alors que le soleil s’endormait mollement à l’horizon, ils semblaient harassés de fatigue et avançaient les épaules basses et le visage fermé.

Le matin, après le départ des Castillonais, maître Passenmoye avait repris le contrôle des opérations et son statut de chef suprême, temporairement conquis par le vieillard à la houlette. Les ordres avaient claqué comme le fouet. Beren et Claudine à la prospection des marchands de raisins, Hugolin à l’entretien du matériel, à l’alimentation des bêtes, au ferrage d’Azufeld, au rata du soir. Lui même se chargeait personnellement d’acheter des tonneaux neuf et d’écouler son vin d’Arbois. Il s’attendaient à d’âpres discussions et ne rentrerait sans doute pas le soir pour dîner. Seul Ropartz, comme le prévoyait son contrat, avait quartier libre pour la journée. Son rôle de protecteur s’arrêtait aux portes de la ville car intra-muros sa solde n’entrait plus dans le maigre budget que Passenmoye tolérait d’y consacrer.

Le couple marchait lentement dans un silence épuisé, hermétique. Ils marchaient bizarrement à un mètre l’un de l’autre, et tandis que Beren avançait en contemplant distraitement les alentours, s’arrêtant pour cueillir quelques mûres ou attrapant un chapelets de noisettes au passage, Claudine marchait d’un pas monotone et imperturbable, le tronc, les bras et la tête parfaitement immobile, murée dans un mutisme absolu.


Ils auraient pu accepter ma gentiane quand même tu ne crois pas ? finit par questionner Beren à l’approche des Bleuets, rompant ainsi un silence qui durait depuis la place du marché.

Silence


Quand même, un voyageur qui vous offre un breuvage de chez lui, ça ne se refuse pas non ?

Silence

Ou alors c’était trop fort à leur goût. Il faudra que j’en coupe un peu à l’eau pour les prochains visiteurs. Ca les rebutera moins.

Silence, plus pesant que jamais. Beren commençait à se mordiller l’intérieur des joues en tricotant des doigts.

Tu as vu ce jeune garçon avec Robinne? C’était vraiment touchant. Je me demande si c’est son fils… A voir ces gestes de tendresses et ces regards pleins d’affection, ça ne me surprendrait pas. En plus ils ont la même couleur de cheveux et le même sourire. Tu as vu comme ils se sont enlacés, c’était tellement beau à voir que j’en été tout tourneboulé. Profond soupir Aristote est bien ingrat de nous refuser ce …

Tais toi Beren, par pitié.

La voix était glaciale et suppliante à la fois, le timbre chargé de tristesse et de colère. Elle accéléra le pas, distançant rapidement Beren qui sembla s’ensabler jusqu’aux genoux, les sourcils hauts et la bouche béante. Il resta ainsi planté jusqu’à ce que la silhouette de Claudine disparaisse derrière un rideau d’épais noisetiers. Estomaqué et en même temps résigné, fataliste, comme un homme voyant la situation lui glisser entre les doigts comme du sable fin, tout en sachant que c’est lui et lui seul qui a renversé le seau. L’idée de rentrer maintenant au campement lui paru soudain au delà de ses forces physique et mentale. Affronter le beau-père qui s’inquiéterait, non, s’offusquerait de voir sa fille dans cet état. Braver le regard de Claudine et son visage de pierre. Faire comme si de rien n’était, et continuer à mentir.

Au loin se dessinait sur l’azur orangé la maison de Robinne que le vieillard lui avait indiquée. Trouverait il là le réconfort ? Ces gens ne connaissaient rien de leur histoire, et ne seraient pas prompt à le juger, au moins l’écouteraient ils un instant avant d’esquisser leur sentence. Et pourtant, l’invitation était tellement mystérieuse et secrète. On racontait que les voyageurs étaient parfois enlevés pour être rendus seulement contre rançon, et le beau-père avait d’assez belles toilettes pour susciter la convoitise. C’était difficile à concevoir pourtant, mais en bon Comtois il avait appris que les imprudents meurent toujours en premier. Non, ce n’était pas sage d’y aller seul. Mieux valait attendre que la crise passe et que Claudine l’accompagne.

Tout en réfléchissant, il tournait la tête de gauche à droite et c’est un reflet scintillant qui reteint finalement son attention. S’écoulant lentement dans un clapotis bien-faisant, la Dordogne s’offrait à lui comme un long bras apaisant. Elle lui rappelait soudain le Doubs et ses rives couvertes d’herbes hautes, qui avaient vu tous leur jeux d’enfants, entendu leurs secrets et leur inquiétudes d’adolescents, assisté à leurs premiers ébats dissimulés. La rivière l’attirait comme une mère protectrice et conseillère et Beren y vit le meilleur refuge qu’il puisse trouver ce soir. Il rentrerait au campement plus tard, lorsque tout le monde serait endormi.

Sur un morceau de papier, il rédigea à la hâte un mot d’excuse pour Robinne et profita du passage opportun d’un jeune berger pour le faire porter sans s’exposer. Quelques écus lui offrait une conscience à peu près tranquille, à défaut d’être transparente. Et lui faisait oublier sa pathétique lâcheté.

Les épaules serrés entres ses bras croisés, il regarda le jeune garçon s’éloigner, soupira, puis se dirigea lentement vers les berges.
--Narrateur
Jour 2, aux environs de minuit

Le croissant de lune dormait dans un ciel d’encre éclaboussé d’étoiles. Sa lumière blafarde éclairait les berges de la Dordogne d’une maigre lueur laiteuse, donnant aux peupliers bercés par le vent des allures de spectres endormis. Au murmure continu de leur feuillage se mêlait le chant inlassable des grillons et le clapotis de l’eau heurtant les piliers du ponton.

La silhouette se tenait là, assise à même les planches humides, recroquevillée, immobile, les mains serrées entres les cuisses et les jambes suspendues au dessus des eaux.
Absorbés par quelques rêveries, terrassée de chagrin ou harassée de fatigue, impossible à dire, mais son regard semblait perdu dans le vide, hors du temps, figé dans une attente interminable.

Elle n’entendit pas le grincement étouffé juste derrière elle. Un éclat d’acier déchira l’obscurité et disparu aussitôt dans un froissement sourd, perforant l’étoffe, frôlant l’omoplate, transperçant le cœur de part en part. Dans un hoquet avorté, la silhouette se raidit et bascula lentement sur le côté.

Les grillons, imperturbables, redoublèrent d’énergie, dans une marche funèbre improbable.




ps : le corps n'est plus là au matin...

Robinus70
Au petit matin du Jour 3 :

Robinne se lève, elle a cette sensation surprenante d’avoir bien dormi.
Elle s'étonne de cet état de fait comme si celà ne lui était jamais arrivé.
La douleur dans tout ce qu’elle a d’immuable et de mélancolique, fait perdre la notion de temps solaire et du rythme de la « normalité ».
Comme si le mal avait redimensionné les journées en perceptions permanentes perdues dans un espace temps personnel.
Elle s’était constituée une bulle de souffrances ou seuls quelques êtres avaient depuis hier réussi à pénétrer à pas feutrés.
Ses rares apparitions en taverne étaient faites de ritualisations de sa douleur, de négociations internes.

*Si je compte toutes les chopes, si elles sont bien alignées, si j’efface chaque grain de poussière, il me reviendra… Je serai alors digne de lui, mieux que ma concurrente…*

Entre choc, déni, négociations et chantages internes, colères, la tristesse l’avait emporté lentement dans la folie, dans la perception que chaque être de Castillon, était complice d’un secret sur la disparition de Gawin.
Sourde à tout argument autre que son esprit était capable d’entendre, de comprendre.
Comment faire le deuil face à un néant ?
Comment envisager, penser, et ouvrir son esprit quand la jalousie et la douleur de l’absence vous étouffe insidieusement vous rongeant l’entendement ?

Petit matin… son corps se déplace dans la maison si hermétiquement fermée, un rai de lumière filtre sous la porte d’entrée…
Sur le sol un parchemin ou des mots tracés d’une main maladroite, filtrent le brouillard de sa confusion…
Robinne lit, relit, pâlit…
Elle a besoin d’air, déverrouille nerveusement la porte et ouvre en grand :

Il est devant elle, la regarde …
--Grandpapa


Il a attendu la veille au soir le jeune Beren, il est inquiet, il a perçu le mensonge, il pressent un danger.
Alors le vieil homme a veillé il est resté là à observer la maisonnée, dans l’attente …
Tout juste si il avait perçu un petit bruit au moment de la traite la veille, mais son oreille n’était plus très fine.
Au petit matin, la porte de Robinne s’ouvre, il se dresse là devant elle.

Elle tient dans sa main un parchemin, sans un mot il le prend, le parcourt du regard :


Citation:
Madame Robinne,

J’étais bien autour de chez vous la nuit dernière, et je n’y faisais rien de mal, croyez moi. Mais voilà, il y avait quelqu’un d’autre qui rôdait autour de votre maison. Il faisait encore sombre mais j’ai bien vu sa silhouette qui s’approchait discrètement de la porte. Au début j’ai pas pensé à mal, un ivrogne ou un mari pas fier, mais quand vous m’avez demandé ce matin, vous aviez l’air tellement soupçonneuse que je me suis dis qu’il avait dû commettre un truc pas bien joli et que ça pouvait me retomber dessus. Je pourrais vous faire une description de la personne si vous voulez, peut-être que ça vous dira quelque chose.

Me demandez pas pourquoi je traînais mes chausses dehors à cette heure tardive, ce serait trop long à vous expliquer. Je suis désolé de vous avoir menti.

En espérant que ces quelques lignes vous convaincront de mon innocence.

Amitiés

Beren Tastevin

Post-scriptum : Excusez-moi auprès de votre Grand-père, il m’avait demandé de venir ce soir mais ni moi ni mon épouse n’en avons la force après la journée épuisante que nous avons passée. Castillon est une jolie ville mais terriblement fatigante pour les acheteurs de raisin. Pardonnez-moi encore.
Robinus70
Lorsque Robinne et Grand-papa se retrouvent...




Il était l’heure, l’heure de retracer l’histoire, l’heure de parler à Robinne qui ouvrait son esprit.
Le temps était venu pour Grand_papa de l’écouter et de la faire avancer...

Alors le vieil homme lui prit la main et l’invita à rentrer dans la demeure, il fit entrer la clarté, ouvrit portes et volets, parce que l’instant était venu, l’instant de la lumière…

Et ils parlèrent retraçant les évènements, déroulant le fils du temps sans affects trompeurs et déroutants...

L’histoire prenait ses racines dans le départ de Gawin, ce départ sans retour que Robinne avait rationnalisé par sa jalousie, refusant d’imaginer autre situation qui serait apparue alors plus terrible pour elle.
Masquant toute autre solution pour se protéger d’une douleur encore plus difficile que la tromperie.
Ils relurent ensemble sa lettre, avec objectivité.
Il n’avait pas fui le couple mais les regards, les jugements moraux portés à son encontre dans un temps politique. Fui cette pression sociale faite de procès aléatoires dans le non respects d’opinions divergentes.
Il avait fui ses propres choix, ses erreurs.
Mais il ne l’avait pas quittée ELLE…
Mais pourquoi ce non retour ?
Ensemble ils fouillaient les derniers évènements, l’apparition de cet homme qui semblait les pister.
Cette peur sourde est incontrôlable qu’il incarnait, cette notion de danger imminent.
Cette sensation réelle qu’on observait rodait autour de la maison.
Et cette lettre … Ces quelques mots tracés maladroitement qui invitent à faire des liens à comprendre.


Citation:
Il faisait encore sombre mais j’ai bien vu sa silhouette qui s’approchait discrètement de la porte. Au début j’ai pas pensé à mal, un ivrogne ou un mari pas fier, mais quand vous m’avez demandé ce matin, vous aviez l’air tellement soupçonneuse que je me suis dis qu’il avait dû commettre un truc pas bien joli et que ça pouvait me retomber dessus. Je pourrais vous faire une description de la personne si vous voulez, peut-être que ça vous dira quelque chose.


Le cœur de la petite dame c’était remis à battre, sa curiosité et son désir de savoir, de comprendre, reprenait le dessus.
Ses forces de combat lui revenaient peu à peu dans cette certitude que lui insufflait Grand_pa’ : que son couple, si il était en danger, ne l’était pas de manque d’amour, mais d’un tout autre mystère que elle devait découvrir, éclaircir…
Robinus70
Jour 3 petit matin :



Le silence c’était emparé d’eux, face à face ils méditaient.

Soudain, la voix de Robinne s’éleva, claire fraiche, et elle plongea ses yeux noirs dans ceux de Grand_pa’


Pantoufle !
Grand_pa’ Pantoufle est rentré, maigre affaibli,

Sans lui …

Je dois savoir !


Savoir…. Répéta comme en écho Grand_pa’

Je vais aller voir Beren !

N’y va pas seule ! Je pressens de grands dangers !
Mordock ! Lui t’aidera, je n’ai plus l’âge la fille…


L’œil de Grand_pa’ scrutait le visage de Robinne…

Va, Mordock t’aidera je l’ai lu dans son visage, quand à moi je vais aller visiter la petite Kahhlan à l’auberge puis j’irai réparer cette clôture contre le bois…

Robinne resserra ses bras autour de son corps dans un frisson.

Leurs regards s’interrogeaient, s’inspectaient.
Le vieil homme abrégea l’instant tendant un bidon de grès à Robinne.

Portes ça à l’enfant, c’est la traite du matin !
Sa voix était impérieuse sans appel, Robinne prit le lait se leva, déposa sur la vieille joue ridée un baiser, et prit le chemin du village.

Grand_pa’ resta un instant songeur, le regard au loin, les traits marqués d’inquiétude. Il regarda au mur l’épée de Gawin, alla se poser face à elle et dans un mouvement de tête de négation, on l’entendit murmurer:


Ce n’est plus de mon âge, non, mais sinon à quoi bon ….
--Narrateur
Jour 3 au matin

Au même moment, au campement des Tastevin...

Le ronflement nasillard s’invita brutalement dans son rêve au moment où la blonde pulpeuse retirait son chemisier. Comme une aquarelle jetée à l’eau, l’image délicieuse s’évapora, dissoute dans la pâle lueur qui vous traverse les paupières juste avant le réveil. Sur le seuil du sommeil et du rêve, Hugolin grogna en s’étirant, tandis qu’un sang chaud refluait lentement en lui. Son esprit s’accrocha en vain à la silhouette nébuleuse, agrippant mentalement le vide de ses mains invisibles. Dans un dernier sursaut de révolte, Hugolin hurla en silence, sans espoir. Résigné et immobile, il ouvrit finalement les yeux. Fin du voyage, adieu fantasme.

La clarté de la toile de tente lui indiqua que le jour était plus avancé qu’il n’aurait du. Soit le coq du village était aphone, soit les corvées harassantes de la veille avaient eu raison de ses tympans et de son horloge interne. Etrange qu’on ne l’ait pas réveillé ce matin alors même qu’on se préparait à fouler les premières grappes aujourd’hui, promesse d’une longue et rude journée qu’il convenait de commencer au plus tôt si on ne voulait pas finir de nuit.

Etrange aussi ce ronflement, car s’il est une chose dont il se souvenait parfaitement, s’était de s’être endormi seul sous sa tente. Ropartz n’était pas revenu de sa rituelle tournée des tavernes et devait cuver sous quelque porche de la ville avec une migraine de cheval. Le maître n’avait pas dîné au campement non plus, ce qui était prévu, mais n’était pas réapparu ensuite, ce qui l’était nettement moins. Sans doute avait il été retenu par d’âpres mais prometteuses négociations. De fil en aiguille se souvint que Beren non plus n’était pas là, sans que Claudine ne donne la moindre explication. Hugolin avait mangé en tête à tête avec elle dans un silence pesant, elle ne décrochant pas le moindre mot, et lui cherchant désespérément les siens. Une chance inouï de lui parler, de lui dire, mais une occasion manquée, comme mille autres avant. Fichue timidité.

Un triolet nasal proche de l’apnée interrompit soudain son vague à l’âme. Hugolin tourna la tête vers la couche de Ropartz. Vide, même pas défaite. Un coup d’œil vers l’autre lit. Le maître dormait là, emmitouflé sous sa couverture, la bouche entrouverte et le bonnet tiré jusqu’aux oreilles. Abandonnées en routes, ses chausses traînaient au milieu de la tente. Hugolin remarqua aussitôt qu’elles étaient maculées d’une boue encore humide, preuve d’une arrivée nocturne, sinon matinale. Et début d’explication à cette grasse matinée providentielle.

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