--Narrateur
Jour 3 au matin
Le corps allongé de Claudine frissonna sous la couverture, ondula langoureusement sur le côté et s’arrêta au milieu du lit. Une main blanche et paresseuse émergea de la lourde étoffe de laine, et palpa aveuglément la paillasse nue.
Beren ?
Une voix somnolente, interrogative et incrédule, étouffée par la couverture.
Ravivée, la main blanche s'affola sur la paillasse et la tête de Claudine, cheveux blond en bataille, se dressa brusquement. Ses yeux engourdis et inquiets scrutèrent le lit, puis l’intérieur de la tente puis le raie de ciel bleu qui lui servait de porte.
Beren ??
Le timbre de la voix trahissait une sourde angoisse, une irrépressible alarme, et sans même passer son surcot Claudine sortit pieds nus de la tente. Personne autour des charrettes, ni vers l’enclos des bêtes. A mesure qu’elle courait d’un coin à l’autre du campement, son inquiétude montait, inondant ses veines d’un sang glacial comme de l’encre noire diffusant par capillarité. Il ne pouvait pas être partie sans elle ce matin, il y avait tant de travail à préparer, jamais il ne l’aurait laisser dormir autant! Elle revint près de sa tente au moment où Hugolin sortait de la sienne, l’œil et les chausses de travers, se grattant négligemment le bas du dos.
Hugolin, où est Beren ? cria t’elle sans crier gare.
L’information mit un certain temps à parvenir au cerveau du vigneron engourdi, mais ses traits se recomposèrent au fur et à mesure que les connexions cérébrales se reformaient.
Comment ça où est Beren ? il n’est pas rentré de la nuit ?
Claudine hocha la tête, les yeux humides et le cœur battant.
Elle avait visiblement déjà fait le tour du campement et Hugolin sentit l’impuissance lui chatouiller les nasaux tandis qu’il se grattait de plus belle pour y puiser quelque inspiration. A côté, maître Passenmoye ronflait à faire fendre le joint des murs.
Je ne sais pas si il faut le réveiller pour l’instant, vaudrait mieux attendre que ça se fasse tout seul. Le vieux n’a pas le réveil jovial et si en plus c’est pour lui parler de Beren il va nous en faire une jaunisse, tu ne crois p…
Mais Claudine n’écoutait plus. Au loin, elle venait d’apercevoir une silhouette sortant de cette chaumière dont Beren lui avait tant parlé hier en ville, avec ce vieil homme étrange et la jeune femme qui pouvait être sa petite fille. Ils avaient peut-être vu quelque chose hier soir, ou cette nuit.
Sans décrocher un mot, insensible aux minuscule cailloux qui meurtrissaient ses pieds nus, elle fonça vers la personne qui déjà bifurquait vers Castillon.
Madame ! Madame ! hurla t’elle à bout de souffle.
Le corps allongé de Claudine frissonna sous la couverture, ondula langoureusement sur le côté et s’arrêta au milieu du lit. Une main blanche et paresseuse émergea de la lourde étoffe de laine, et palpa aveuglément la paillasse nue.
Beren ?
Une voix somnolente, interrogative et incrédule, étouffée par la couverture.
Ravivée, la main blanche s'affola sur la paillasse et la tête de Claudine, cheveux blond en bataille, se dressa brusquement. Ses yeux engourdis et inquiets scrutèrent le lit, puis l’intérieur de la tente puis le raie de ciel bleu qui lui servait de porte.
Beren ??
Le timbre de la voix trahissait une sourde angoisse, une irrépressible alarme, et sans même passer son surcot Claudine sortit pieds nus de la tente. Personne autour des charrettes, ni vers l’enclos des bêtes. A mesure qu’elle courait d’un coin à l’autre du campement, son inquiétude montait, inondant ses veines d’un sang glacial comme de l’encre noire diffusant par capillarité. Il ne pouvait pas être partie sans elle ce matin, il y avait tant de travail à préparer, jamais il ne l’aurait laisser dormir autant! Elle revint près de sa tente au moment où Hugolin sortait de la sienne, l’œil et les chausses de travers, se grattant négligemment le bas du dos.
Hugolin, où est Beren ? cria t’elle sans crier gare.
L’information mit un certain temps à parvenir au cerveau du vigneron engourdi, mais ses traits se recomposèrent au fur et à mesure que les connexions cérébrales se reformaient.
Comment ça où est Beren ? il n’est pas rentré de la nuit ?
Claudine hocha la tête, les yeux humides et le cœur battant.
Elle avait visiblement déjà fait le tour du campement et Hugolin sentit l’impuissance lui chatouiller les nasaux tandis qu’il se grattait de plus belle pour y puiser quelque inspiration. A côté, maître Passenmoye ronflait à faire fendre le joint des murs.
Je ne sais pas si il faut le réveiller pour l’instant, vaudrait mieux attendre que ça se fasse tout seul. Le vieux n’a pas le réveil jovial et si en plus c’est pour lui parler de Beren il va nous en faire une jaunisse, tu ne crois p…
Mais Claudine n’écoutait plus. Au loin, elle venait d’apercevoir une silhouette sortant de cette chaumière dont Beren lui avait tant parlé hier en ville, avec ce vieil homme étrange et la jeune femme qui pouvait être sa petite fille. Ils avaient peut-être vu quelque chose hier soir, ou cette nuit.
Sans décrocher un mot, insensible aux minuscule cailloux qui meurtrissaient ses pieds nus, elle fonça vers la personne qui déjà bifurquait vers Castillon.
Madame ! Madame ! hurla t’elle à bout de souffle.