Jontas
Lair frais entrant de la fenêtre ouverte bâtant ses joues, le Comte de Beaufort sentait pour la première fois depuis quelques 70 jours le vent contre sa peau. Un vent quil navait point rencontré durant toute la durée quil lui fallut pour récupérer de ce tragique mal quil pensait pouvoir fuir. Un mal tellement fort que personne ne pouvait le combattre, personne dhumain tout du moins. Ce mal le traquait depuis trop longtemps et pour la première fois, il lavait blessé au plus profond de lui-même, en plein cur et le fait même dêtre dhabitude si détestable auprès de la populace, ne faisait quaccentuer létonnement que lon pouvait ressentir à voir ce personnage tant touché. Ce mal, cest la mort.
Comme il le fut par le passé, cétait aujourdhui au tour de son fils daffronter cette terrible diseuse de mauvaise aventure, ce pourfendeur de la vie, destructeur de toute chose et de tout être. Aujourdhui, alors que le Comte était passé trop de temps cloîtré et replié sur lui-même, il fallait quil prenne sur lui pour annoncer une terrible nouvelle quil cachait depuis un long moment. La nouvelle qui changerait sûrement la vie de son fils. Un changement du type de celui opéré sur le Comte ? Lavenir nous le dira. Mais une chose est certaine, le bâtard de Valfrey ne sortira pas de son entrevue avec le Comte dans le même état quil y sera entré.
Le Comte était resté vague dans lordre donné à son serviteur, un « Allez me chercher mon fils » tellement banal quil était étonnant sortant de la bouche de lhomme dhabitude si crû dans le choix de ses mots. Mais il nétait pas dhumeur à agresser verbalement les personnes le côtoyant ou même celles ne le côtoyant pas
Mais en fait, ce qui semblait troubler le plus le Comte était en fait le choix des mots quil allait devoir faire lorsque son fils se trouverait devant lui. Il savait intérieurement que cela serait trop brusque pour son fils, mais il ne pouvait le garder sous silence plus longtemps, il était temps que Leandre connaisse la vérité.
Cest donc cherchant vainement des mots quil avait dhabitude tant de facilité à manier, que le Comte restait assis sur un des fauteuils quil avait dans ses appartements de son château de Beaufort, les yeux fixés sur le sol, attendant larrivée tant redoutée de son fils, futur détenteur dune vérité funeste, une vérité terriblement morbide, cachée par la détresse dun homme détesté et apprécié par tant de personnes quil ne souhaitait plus apprécier la détestable et pourtant délectable idée que tant de fureur puisse être utilisée à autre chose quà faire comprendre aux autres ce qui pouvait être ressenti lorsque la main noire dune fidèle alliée de la vie se saisissait de vous ou dun de vos proches, attendant la seule et unique occasion de vous faire apparaître la vérité.
Tel était létat dun Comte attendant son fils dans son château, au cur de la Franche Comté, alors même que lhiver attaquait son besogneux ouvrage de tuerie annuel.
Modification du lieu parce que... Euh... Ca vous regarde pas d'ailleurs pourquoi je change le lieu... Tsss...
_________________