Zherk
Musique
********
[Quartier de la porte rouge]
Deux jours venaient de s'écouter depuis l'incendie qui avait ravagé le passage au brigand. La pluie automnale tombée drue cette nuit là avaient aidé les villageois à le circonscrire avant qu'il ne ravage tout le quartier. Le soulagement ressenti alors laissa cependant place à la désolation lorsqu'au levé du jour tous purent se rendre compte de l'ampleur des dégâts. Une épaisse couche de cendres noires et mouillées avait pris possession des lieux, les senteurs si envoutantes du lupanar avaient laissé place à une odeur acre de bois vaincu par les flammes. La porte rouge n'était plus qu'un champs de ruines, pire encore.... un cimetière.
[A la lisère des bois]
A l'autre bout de la ville, à la lisière de la forêt, un autre tableau tout aussi tragique se dessinait. Le soleil pourtant berçait le lieu de ses rayons, les feuilles jaunies par l'automne tapissait le sol de leurs couleurs rougeoyantes, et seul le froid piquant venant rappeler que l'on avait, depuis plusieurs mois déjà, quitté la douceur de l'été.
Là, au pied d'un grand chêne, devant un petit monticule de terre richement fleurie, un homme posait un regard vague sur l'écriteau de bois portant le nom de son amie. Aucune expression ne marquait son visage. Seule, une lueur dans ses azurs rendait compte du tourment qui agitait son esprit. Il resta ainsi un long moment sans que son corps ne fasse le moindre mouvement. Puis dans un geste lent, il finit par s'asseoir dans l'herbe mouillée, une chopine encore à la main, il la leva en direction de la tombe et se contenta de dire : " à ta santé, hima!" avant d'en boire une gorgée.
Pour la première fois de leur relation c'est un lourd silence qui lui répondit. Pourtant Quentin esquissa un sourire en imaginant sans peine la réaction de la jeune femme devant un tel tableau. "pathétique" dit il alors pour lui-même avant de poursuivre :
Tu as bien raison hima, tout ceci est pathétique. Pourtant je ne sais pas ce qui l'est le plus, toi en train de dormir ou moi encore entrain de picoler. Quoi que c'est la première depuis une bonne semaine... si si je te jure pourquoi je te mentirais.... et arrête de me traiter de menteur ou je te déterre pour t'en coller une!
Tu me croiras pas mais je ne vais même plus en taverne... je sais même plus trop pourquoi je reste là.* le jeune homme émit un long soupire avant de boire une nouvelle gorgée de son breuvage et de reprendre*. C'est assez ironique tu trouves pas, tu m'as hurlé dessus pendant des mois, notre dernière conversation à été une horrible dispute parce que tu me reprochais de t'abandonner et finalement c'est toi qui l'a fait. Faut croire que j'avais raison quand je t'ai dit en juin que tu abandonnerais la première. *un sourire las se dessina sur son visage alors qui plongeait son regard dans l'alcool*
Tu me manques hima... si tu savais comme tu me manques. J'aimerais tant que ces cauchemars s'arrêtent, que tu reviennes... te dire ce que j'étais venu te dire ce soir là...
Elle me manque aussi tu sais... oh oui je sais bien que tu la détestes, pas la peine de me le répéter.. mais j'aurais tant besoin qu'elle soit à mes côtés en ce moment. Comment vais je trouver la force d'affronter tout cela seul hima? sans toi, sans eux? Pourquoi m'as tu abandonné? Pourquoi tu t'es pas battu?
N'as tu donc jamais compris combien je t'aimais? oh biensur ce n'était pas l'amour que tu attendais de moi mais n'était il pas finalement plus fort celui que je t'offrais? Te souviens tu de notre conversation à Millau ou encore de celle qu'on a eu après que cotis m'ai défoncé la tête? N'étais ce pas çà quelque part ce que tu recherchais vraiment ?
Le jeune homme serra la mâchoire tout à coup alors que son regard se porta sur ce morceau de cuir à son avant bras gauche. Morceau de cuir qui dissimulait aux yeux des autres cette immonde brulure, qui lui permettait à lui même d'oublier qu'il n'avait pas pu la sauver. Avait il seulement essayé comme le lui reprochait si souvent Ophyde?
Quentin se perdit dans ses pensées : comment lui dire aujourd'hui qu'il venant de perdre son ancre, la seule constante de sa vie, sa meilleure amie... sa famille! Pourquoi cette inutile fierté c'était elle toujours mise entre eux? Il aurait pourtant était si simple d'accepter leurs sentiments.
Comment accepter de ne plus la voir, de ne plus l'entendre rire, de ne plus voir ses grand yeux noires se poser sur lui.. comment accepter de ne plus l'entendre lui dire simplement " je t'aime"...
Comment ne pas aujourd'hui laisser cette haine et cette colère qu'il sent monter en lui le consumer? Où donc trouver la force de poursuivre son chemin.
La main tremblante, las de toutes ces interrogations qui ne trouveraient jamais de réponses, l'homme porta la main à sa poche pour en sortir un vieux parchemin froissé en bien mauvais état. Il le parcourra un instant en soupirant avant de rompre à nouveau le silence pour simplement lui dire qu'il savait. Qu'il avait toujours su. Que fitzz, fidèle à lui-même lui avait envoyer la lettre. Cette lettre qui avait tout changé dans le cur du jeune homme qui se trouvait aujourd'hui au pied de la tombe de celle qu'il considérait comme sa famille.
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[Quartier de la porte rouge]
Deux jours venaient de s'écouter depuis l'incendie qui avait ravagé le passage au brigand. La pluie automnale tombée drue cette nuit là avaient aidé les villageois à le circonscrire avant qu'il ne ravage tout le quartier. Le soulagement ressenti alors laissa cependant place à la désolation lorsqu'au levé du jour tous purent se rendre compte de l'ampleur des dégâts. Une épaisse couche de cendres noires et mouillées avait pris possession des lieux, les senteurs si envoutantes du lupanar avaient laissé place à une odeur acre de bois vaincu par les flammes. La porte rouge n'était plus qu'un champs de ruines, pire encore.... un cimetière.
[A la lisère des bois]
A l'autre bout de la ville, à la lisière de la forêt, un autre tableau tout aussi tragique se dessinait. Le soleil pourtant berçait le lieu de ses rayons, les feuilles jaunies par l'automne tapissait le sol de leurs couleurs rougeoyantes, et seul le froid piquant venant rappeler que l'on avait, depuis plusieurs mois déjà, quitté la douceur de l'été.
Là, au pied d'un grand chêne, devant un petit monticule de terre richement fleurie, un homme posait un regard vague sur l'écriteau de bois portant le nom de son amie. Aucune expression ne marquait son visage. Seule, une lueur dans ses azurs rendait compte du tourment qui agitait son esprit. Il resta ainsi un long moment sans que son corps ne fasse le moindre mouvement. Puis dans un geste lent, il finit par s'asseoir dans l'herbe mouillée, une chopine encore à la main, il la leva en direction de la tombe et se contenta de dire : " à ta santé, hima!" avant d'en boire une gorgée.
Pour la première fois de leur relation c'est un lourd silence qui lui répondit. Pourtant Quentin esquissa un sourire en imaginant sans peine la réaction de la jeune femme devant un tel tableau. "pathétique" dit il alors pour lui-même avant de poursuivre :
Tu as bien raison hima, tout ceci est pathétique. Pourtant je ne sais pas ce qui l'est le plus, toi en train de dormir ou moi encore entrain de picoler. Quoi que c'est la première depuis une bonne semaine... si si je te jure pourquoi je te mentirais.... et arrête de me traiter de menteur ou je te déterre pour t'en coller une!
Tu me croiras pas mais je ne vais même plus en taverne... je sais même plus trop pourquoi je reste là.* le jeune homme émit un long soupire avant de boire une nouvelle gorgée de son breuvage et de reprendre*. C'est assez ironique tu trouves pas, tu m'as hurlé dessus pendant des mois, notre dernière conversation à été une horrible dispute parce que tu me reprochais de t'abandonner et finalement c'est toi qui l'a fait. Faut croire que j'avais raison quand je t'ai dit en juin que tu abandonnerais la première. *un sourire las se dessina sur son visage alors qui plongeait son regard dans l'alcool*
Tu me manques hima... si tu savais comme tu me manques. J'aimerais tant que ces cauchemars s'arrêtent, que tu reviennes... te dire ce que j'étais venu te dire ce soir là...
Elle me manque aussi tu sais... oh oui je sais bien que tu la détestes, pas la peine de me le répéter.. mais j'aurais tant besoin qu'elle soit à mes côtés en ce moment. Comment vais je trouver la force d'affronter tout cela seul hima? sans toi, sans eux? Pourquoi m'as tu abandonné? Pourquoi tu t'es pas battu?
N'as tu donc jamais compris combien je t'aimais? oh biensur ce n'était pas l'amour que tu attendais de moi mais n'était il pas finalement plus fort celui que je t'offrais? Te souviens tu de notre conversation à Millau ou encore de celle qu'on a eu après que cotis m'ai défoncé la tête? N'étais ce pas çà quelque part ce que tu recherchais vraiment ?
Le jeune homme serra la mâchoire tout à coup alors que son regard se porta sur ce morceau de cuir à son avant bras gauche. Morceau de cuir qui dissimulait aux yeux des autres cette immonde brulure, qui lui permettait à lui même d'oublier qu'il n'avait pas pu la sauver. Avait il seulement essayé comme le lui reprochait si souvent Ophyde?
Quentin se perdit dans ses pensées : comment lui dire aujourd'hui qu'il venant de perdre son ancre, la seule constante de sa vie, sa meilleure amie... sa famille! Pourquoi cette inutile fierté c'était elle toujours mise entre eux? Il aurait pourtant était si simple d'accepter leurs sentiments.
Comment accepter de ne plus la voir, de ne plus l'entendre rire, de ne plus voir ses grand yeux noires se poser sur lui.. comment accepter de ne plus l'entendre lui dire simplement " je t'aime"...
Comment ne pas aujourd'hui laisser cette haine et cette colère qu'il sent monter en lui le consumer? Où donc trouver la force de poursuivre son chemin.
La main tremblante, las de toutes ces interrogations qui ne trouveraient jamais de réponses, l'homme porta la main à sa poche pour en sortir un vieux parchemin froissé en bien mauvais état. Il le parcourra un instant en soupirant avant de rompre à nouveau le silence pour simplement lui dire qu'il savait. Qu'il avait toujours su. Que fitzz, fidèle à lui-même lui avait envoyer la lettre. Cette lettre qui avait tout changé dans le cur du jeune homme qui se trouvait aujourd'hui au pied de la tombe de celle qu'il considérait comme sa famille.
Citation:
Fitzz,
Vous devez être pour le moins étonné de recevoir un pigeon de moi. Et jimagine que vous vous attendiez en dépliant le parchemin que voici, à des insultes ou bien pis encore
Je laisse ici nos différents, car la raison qui me pousse à vous écrire nest somme toute pas de vous harceler stupidement en vous reprochant ce quil sest passé.
La semaine dernière, je me suis rendu à Millau. Javais dans lidée de rejoindre Zherk et partir avec lui jusqu'à Orthez pour vous rejoindre malgré que je ne veuille plus vous revoir. Mais les choses ne se sont pas passer comme je laurais souhaité. Quand je suis arrivé à Millau, javais le cur serré, je me sentais infiniment perdue et torturé. Revoir Zherk dans un endroit qui métais si étranger me bouleversa, et le revoir dans les bras dune autre femme encore plus. Bien que seule une profonde amitié nous unisse, jai ressenti une extrême jalousie. Cette Maharet nous lenlevait. Je savais pertinemment que si Zherk venait à refaire sa vie avec cette femme, jamais il ne nous reviendrait. Jai été égoïste une fois de plus, je préférais quil souffre à Lodève avec ce dragon de 1000, plutôt quil soit loin de nous, enfin apaisé. Je dois cependant vous dire que le revoir à réalimenté ma haine contre vous. Je nai vu que votre trahison dans le fait quil se soit en aller à Millau. Tout mest remonté à la gorge, et jai dis tant de choses affreuses, brutales et violentes. Vous savez combien je peux être mauvaise quand je le veux. Et le je voulais cette fois-ci. Avant tout pour me protéger dune réalité qui meffraie : celle qui dit que Lodève na plus davenir. Et ensuite pour lui faire mal, pour quil sache combien son départ et le votre mavais anéantie. Jai vécu tout ces moments comme des trahisons, et même si vous les avez pensés pardonnés, mon cur en a gardé une blessure qui ne guérira jamais. Je fais parti intégrante de Lodève, je suis une partie de cette ville. Je lai connu dans tous ces états, je lai connu intimement. Jai souffert pour elle, et jai été heureuse aussi. Chaque ruelles, chaque mur, chaque maisonnée est imprégné de mes souvenirs et de mon passé. Aujourdhui Lodève saigne des départs de ses habitants, et je saigne aussi de voir ma ville se dépeupler. Vous trouverez sans doute cela prétentieux de ma part. Je ne peux plus partir de cet endroit, pour la simple et bonne raison que je suis cet endroit, que jappartiens à cette cité comme le dallage au sol, comme le plus petit des arbrisseaux ou lair quon y respire. Lodève est comme une amante essoufflée, éreintée après un trop dur combat. Elle voit sen aller un par un ceux qui un jour lon fait briller. Je vois partir un à un ceux qui mont marqué, ceux qui mont affecté, ceux que jaime tout simplement. Je nai jamais été aussi fidèle à une personne quà cette ville, jaurais tant voulu quil en soit de même pour vous. Mais jai compris, bien trop tard cependant, que chacun était libre de choisir la vie quil désirait mener. Qui suis-je pour emprisonner à mon tour des gens dans MA geôle ? Car Lodève nest pas seulement mon amante, elle est aussi ma prison, ma cage.
Je vi dans mes souvenirs, Fitzz. Zherk nest pas prêt pour revenir à Lodève et se confronter à son passé. Moi, je ne suis pas prête pour ouvrir enfin les yeux et aller de lavant. Nous voilà totalement opposés. Je nai pas su faire le pas que vous avez fais vous et lui. Jen suis tout bonnement incapable, cest au dessus de mes forces, au dessus de ma volonté.
Après notre incartade avec Zherk, je lui ai dis dentreprendre le voyage seul. Je ne voulais pas suivre un homme qui se mentait à lui-même. Mais lequel dentre nous se ment le plus ?
Ce soir là, je me suis réfugié dans une auberge et jai attendu. Le lendemain Zherk avait pris la route, moi je nétais pas rentré à Lodève. Jaurais tant voulu le voir pour lui expliquer que la seule chose que je désirais cétait quil rentre. Seulement javais dis encore des choses horribles, et cela je sais quil men voudra jusqu'à sa mort. Jai perdu trop damis, jai perdu mon seul et unique amour Que puis-je encore perdre à présent ? Sil ne me reste rien mise à part mes souvenirs et ma ville ? Je ne suis pas assez forte comme jai longtemps voulu le faire croire. Tant de fois pourtant jai voulu couper ce lien qui munissait à Lodève, tant de fois je me suis confronter à des obstacles. Je croyais que cétait vous autre, les gens que jappréciais qui me retenaient dans ses murs. Il sest avéré que non, puisque je suis rentré sur Lodève le jour suivant. Cest bel et bien mon passé et mes souvenirs qui me cloue à cette croix de pénitence. Lodève cest mon lot, cest ma tâche, cest ma souffrance. Je ne suis pas bien loin de vostre crucifié de bon Dieu, même si vous me pensez toujours infiniment hérétique. Quoi que là je dois avouer que la comparaison est pour le moins mégalo.
Je ne sais même plus la raison qui me poussait à vous écrire, tant je me perds dans mon récit. Il semble que jécris plus pour moi-même que pour vous. Jai besoin de faire face, de mavouer enfin les réalités. De prendre le recul que je ne peux avoir dans cette ville.
Jai regagné Lodève, plus déterminée que jamais. Puisquil ne voulait pas revenir, alors tant pis. Après tout, est-ce que Lodève avait besoin de lui pour retrouver sa splendeur dantan ? Est-ce que javais besoin de lui réellement ? Avais-je besoin de vous ? Non ! Non bien sûr que non Allons donc, toi mon orgueil tu mauras fais plus de mal que sauver la face ! Je suis retourné chez moi, le cur encore en miette mais fermement résolue. Jai rouvert le bordel, repris mon poste à lanimation. Et dici le mois prochain cest la mairie que je men vais récupérer. Javais besoin dun coup comme celui-là pour retrouver la motivation qui mavait fait défaut. Ces « trahisons » mal vécues mavaient trop longtemps immobilisée. Après que vous soyez parti, je nai fais que de rares apparitions dans les tavernes. Je me montrais odieuse, et tout le monde minsupportait. Cest la remarque de Zherk qui me la fait comprendre quand je suis allé à Millau.
« Tu es la seule personne quil me reste à Lodève, sauf que tu nes jamais là » Comment ai-je pu délaisser ceux qui croyaient en moi et pour qui je comptais.
Je pense quil ma fallut un prétexte pour vous en vouloir à vie. Vous me lavez fournis sur un plateau dargent, et jai pu vous rendre responsable vous et Zherk des malheurs dont je subissais les assauts. Chaque jour une nouvelle déception, une nouvelle contrariété. Cela dit, lorsque vous mavez avouez quune autre serait vostre marraine, jai à nouveau ressenti cet abandon. Puisque vous changiez de ville, de duché, dendroit Il vous fallait de nouveaux amis, une nouvelle marraine. Celle-là est à la hauteur de vos ambition, elle peut vous offrir ce que vous désirer, et ce que je nai pas. Alors vous avez dans doute fais le bon choix.
Je crois que jen ai finis dans cette lettre, jai dis le fond de mes pensées. Je commence à manqué de papier et dencre. La fatigue me gagne aussi le poignet.
Bonne journée,
Hima.
Vous devez être pour le moins étonné de recevoir un pigeon de moi. Et jimagine que vous vous attendiez en dépliant le parchemin que voici, à des insultes ou bien pis encore
Je laisse ici nos différents, car la raison qui me pousse à vous écrire nest somme toute pas de vous harceler stupidement en vous reprochant ce quil sest passé.
La semaine dernière, je me suis rendu à Millau. Javais dans lidée de rejoindre Zherk et partir avec lui jusqu'à Orthez pour vous rejoindre malgré que je ne veuille plus vous revoir. Mais les choses ne se sont pas passer comme je laurais souhaité. Quand je suis arrivé à Millau, javais le cur serré, je me sentais infiniment perdue et torturé. Revoir Zherk dans un endroit qui métais si étranger me bouleversa, et le revoir dans les bras dune autre femme encore plus. Bien que seule une profonde amitié nous unisse, jai ressenti une extrême jalousie. Cette Maharet nous lenlevait. Je savais pertinemment que si Zherk venait à refaire sa vie avec cette femme, jamais il ne nous reviendrait. Jai été égoïste une fois de plus, je préférais quil souffre à Lodève avec ce dragon de 1000, plutôt quil soit loin de nous, enfin apaisé. Je dois cependant vous dire que le revoir à réalimenté ma haine contre vous. Je nai vu que votre trahison dans le fait quil se soit en aller à Millau. Tout mest remonté à la gorge, et jai dis tant de choses affreuses, brutales et violentes. Vous savez combien je peux être mauvaise quand je le veux. Et le je voulais cette fois-ci. Avant tout pour me protéger dune réalité qui meffraie : celle qui dit que Lodève na plus davenir. Et ensuite pour lui faire mal, pour quil sache combien son départ et le votre mavais anéantie. Jai vécu tout ces moments comme des trahisons, et même si vous les avez pensés pardonnés, mon cur en a gardé une blessure qui ne guérira jamais. Je fais parti intégrante de Lodève, je suis une partie de cette ville. Je lai connu dans tous ces états, je lai connu intimement. Jai souffert pour elle, et jai été heureuse aussi. Chaque ruelles, chaque mur, chaque maisonnée est imprégné de mes souvenirs et de mon passé. Aujourdhui Lodève saigne des départs de ses habitants, et je saigne aussi de voir ma ville se dépeupler. Vous trouverez sans doute cela prétentieux de ma part. Je ne peux plus partir de cet endroit, pour la simple et bonne raison que je suis cet endroit, que jappartiens à cette cité comme le dallage au sol, comme le plus petit des arbrisseaux ou lair quon y respire. Lodève est comme une amante essoufflée, éreintée après un trop dur combat. Elle voit sen aller un par un ceux qui un jour lon fait briller. Je vois partir un à un ceux qui mont marqué, ceux qui mont affecté, ceux que jaime tout simplement. Je nai jamais été aussi fidèle à une personne quà cette ville, jaurais tant voulu quil en soit de même pour vous. Mais jai compris, bien trop tard cependant, que chacun était libre de choisir la vie quil désirait mener. Qui suis-je pour emprisonner à mon tour des gens dans MA geôle ? Car Lodève nest pas seulement mon amante, elle est aussi ma prison, ma cage.
Je vi dans mes souvenirs, Fitzz. Zherk nest pas prêt pour revenir à Lodève et se confronter à son passé. Moi, je ne suis pas prête pour ouvrir enfin les yeux et aller de lavant. Nous voilà totalement opposés. Je nai pas su faire le pas que vous avez fais vous et lui. Jen suis tout bonnement incapable, cest au dessus de mes forces, au dessus de ma volonté.
Après notre incartade avec Zherk, je lui ai dis dentreprendre le voyage seul. Je ne voulais pas suivre un homme qui se mentait à lui-même. Mais lequel dentre nous se ment le plus ?
Ce soir là, je me suis réfugié dans une auberge et jai attendu. Le lendemain Zherk avait pris la route, moi je nétais pas rentré à Lodève. Jaurais tant voulu le voir pour lui expliquer que la seule chose que je désirais cétait quil rentre. Seulement javais dis encore des choses horribles, et cela je sais quil men voudra jusqu'à sa mort. Jai perdu trop damis, jai perdu mon seul et unique amour Que puis-je encore perdre à présent ? Sil ne me reste rien mise à part mes souvenirs et ma ville ? Je ne suis pas assez forte comme jai longtemps voulu le faire croire. Tant de fois pourtant jai voulu couper ce lien qui munissait à Lodève, tant de fois je me suis confronter à des obstacles. Je croyais que cétait vous autre, les gens que jappréciais qui me retenaient dans ses murs. Il sest avéré que non, puisque je suis rentré sur Lodève le jour suivant. Cest bel et bien mon passé et mes souvenirs qui me cloue à cette croix de pénitence. Lodève cest mon lot, cest ma tâche, cest ma souffrance. Je ne suis pas bien loin de vostre crucifié de bon Dieu, même si vous me pensez toujours infiniment hérétique. Quoi que là je dois avouer que la comparaison est pour le moins mégalo.
Je ne sais même plus la raison qui me poussait à vous écrire, tant je me perds dans mon récit. Il semble que jécris plus pour moi-même que pour vous. Jai besoin de faire face, de mavouer enfin les réalités. De prendre le recul que je ne peux avoir dans cette ville.
Jai regagné Lodève, plus déterminée que jamais. Puisquil ne voulait pas revenir, alors tant pis. Après tout, est-ce que Lodève avait besoin de lui pour retrouver sa splendeur dantan ? Est-ce que javais besoin de lui réellement ? Avais-je besoin de vous ? Non ! Non bien sûr que non Allons donc, toi mon orgueil tu mauras fais plus de mal que sauver la face ! Je suis retourné chez moi, le cur encore en miette mais fermement résolue. Jai rouvert le bordel, repris mon poste à lanimation. Et dici le mois prochain cest la mairie que je men vais récupérer. Javais besoin dun coup comme celui-là pour retrouver la motivation qui mavait fait défaut. Ces « trahisons » mal vécues mavaient trop longtemps immobilisée. Après que vous soyez parti, je nai fais que de rares apparitions dans les tavernes. Je me montrais odieuse, et tout le monde minsupportait. Cest la remarque de Zherk qui me la fait comprendre quand je suis allé à Millau.
« Tu es la seule personne quil me reste à Lodève, sauf que tu nes jamais là » Comment ai-je pu délaisser ceux qui croyaient en moi et pour qui je comptais.
Je pense quil ma fallut un prétexte pour vous en vouloir à vie. Vous me lavez fournis sur un plateau dargent, et jai pu vous rendre responsable vous et Zherk des malheurs dont je subissais les assauts. Chaque jour une nouvelle déception, une nouvelle contrariété. Cela dit, lorsque vous mavez avouez quune autre serait vostre marraine, jai à nouveau ressenti cet abandon. Puisque vous changiez de ville, de duché, dendroit Il vous fallait de nouveaux amis, une nouvelle marraine. Celle-là est à la hauteur de vos ambition, elle peut vous offrir ce que vous désirer, et ce que je nai pas. Alors vous avez dans doute fais le bon choix.
Je crois que jen ai finis dans cette lettre, jai dis le fond de mes pensées. Je commence à manqué de papier et dencre. La fatigue me gagne aussi le poignet.
Bonne journée,
Hima.