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[RP] Au bout de la route ... à droite.

Alycianne
[Post vite-fait, l'Alycianne laisse la troupe poursuivre son voyage... Bonnes fêtes, et merci à vous tous pour ce RP ! ]

Hop hop, et à la compagnie d'entrer -de se serrer- dans la roulotte. La fillette sourit et se réjouit de pouvoir bientôt mettre un terme aux gargouillis de son estomac.
On parle dans tous les sens, elle clame à tout va :


J'ai cinq doigts de printemps, mais bientôt six, et je pourrais boire la bière comme une grande ! Eh oui, c'est Maman qui dit que à six doigts de printemps, on peut, et Maman, je va la retrouver dans ces murs qui est pas loin dans la Bourgogne.


Elle attrape un bol, adresse un grand sourire au blond accompagné d'un :
Oui oui, j'aime la soupe, j'en veux !
Et, un peu après : S'il vous plait. Parce que c'est une sage, elle, et elle est polie, d'abord ! Maman est fière.

Soupe versée, soupe engloutie.


C'était très bon ! Même mieux que la soupe de Maman.

Besoin de préciser que la Maman en question n'avait pas une once de goût culinaire ? Hum, sans doute pas.
Elle s'essuie la bouche, repose le bol sur la table.


Bon, moi j'ai le voyage à faire. C'était vraiment un Très Haut plaisir que vous me rencontrez. On se revoit un jour, je pense, parce que je serai chevalière et j'irai dans tous les endroits.


Un petit signe de la main à la troupe, et, elle disparaîtra, promettant de faire attention sur la route (à ne pas faire trop de mal aux brigands, elle pense) et de leur envoyer missives, plus tard.
Direction Sémur !

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Carmeen
Carmeen entre dans la roulotte, après le couple blond. Un regard et un petit signe de la tête à la rouquine, une sorte de bonjour sans son, puis elle s'avance dans le véhicule, suivie par la troupe affamée. Et plus les gens rentrent, plus elle s'enfonce à l'intérieur. L'impression de grandeur du premier pas se transforme vite en un espace réduit, étouffant et comprimé.
Pourtant, les yeux de la gitane sont plus émerveillés qu'autre chose. Les affaires du marché jetées dans un coin, ses doigts se baladent maintenant sur les matériaux de cuisine et autres bagatelles posées sur des étagères de fortune. Elle scrute chaque détail qui constitue ce logis roulant. Babioles et bibelots, casseroles qui pendent ci et là, des malles, des coussins.
Un murmure s'échappe de ses lèvres : c'est la maison de mes rêves.

Sortie de sa transe ou rêverie -appelez ça comme vous voulez- à cause des voix haut perchées, la brune se retourne brusquement, un peu trop d'ailleurs, car elle se cogne contre le géant. Menton qui se lève, elle lui adresse un léger sourire. Pourquoi l'est aussi grand lui ? D'où lui vient sa carrure ? Et... comment est ce qu'il s'appelle ?
Elle hausse les épaules. Bof, on aura le temps pour les questions. Là, c'est l'heure d'apaiser un peu les grognements de son estomac.


Un peu d'soupe pour moi, également.

Le potage versé dans le bol, Carmeen en prend une gorgée, sans se précipiter. Contrairement à la fillette aux cailloux qui s'empresse d'engloutir tout.


T'as pas mangé d'puis combien de jours toi ? lui lance-t-elle avec une œillade amusée.
Mais, c'est vraiment à se demander si elle n'a pas dit ça dans le vent, car la cape rouge d'Alycianne avait déjà disparu. Bon voyage !

Une seconde gorgée, le bol reposé.


Alors, faisons connaissance. Pupilles qui se baladent sur chacun de ses futurs compagnons de voyage. Vous venez d'où ? Que faites vous ? Pourquoi êtes vous là ? Et blablabla... car moi, je ne voyage pas avec n'importe qui.
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Pluie

Bonne chance, bout d’chou, pense t-il en observant la petiote qui s’éloigne à pas menus. Puisses-tu être épargnée de toute malveillance sur les routes qui t’emmènent vers ton destin. Puisse chaque caillou contenu au fond de tes poches se transformer en or, ou, mieux encore, en décennie de bonheur.

Hop, une nouvelle tournée de soupe bouillante dans les bols tendus vers lui, et ensuite le blondinet pose son popotin près de Cori, tout contre, vraiment tout contre, écoutant en souriant les questions de Carmeen. Vu que chacun a le nez plongé dans les vermicelles, il se met à retracer brièvement leur parcours, omettant volontairement les frasques peu glorieuses de son adolescence, de ses longs mois d’errance à la cour des miracles, de cette époque si confuse qu’il nomme « l’avant-doudou ».

Notre histoire est simple, en vérité, Carmeen. Après avoir beaucoup travaillé dans notre auberge de Montargis, Cori et moi nous avons décidé de tourner une page. On pourrait sans doute appeler ça « l’appel de l’aventure ». La fuite du train-train quotidien. Nous projetions depuis longtemps d’aller voir la mer, là-bas, en Provence, et nous avons tout quitté en emmenant Azhanna dans nos bagages. Bien entendu, nous savons très bien qu’il nous faudra gagner notre vie. A part la cuisine, je ne pense pas que nous ayons de talents particuliers, mais nous sommes ouverts à toute suggestion. Enfin, y’a pas le feu, nous comptons d’abord profiter un brin du voyage.

Main tendue vers un pichet de rosé aux courbes sympathiques. Sourcils dressés en points d’interrogation. Qui qu’en veut ? Puis il reprend …

Et toi, Carmeen, quels sont tes projets ?

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Carmeen
Tout en se battant avec les vermicelles qui ne veulent pas rentrer dans sa bouche, Carmeen écoutait Pluie, hochant de temps en temps la tête, acquiesçant à la fin de chacune de ses phrases. Lorsqu'il parle de leurs talents particuliers inexistants, un maigre sourire apparait sur son visage.
Entre deux gorgées de soupe, elle répond du tac au tac :


On a tous un talent. Dès la naissance, il est en nous. Même minime. Il suffit de le découvrir... et de le développer ensuite.

Le pichet dans la main du blond dégage une délicieuse odeur. Un petit regard vers lui pour lui faire comprendre qu'elle en veut, et seulement une fois servie, elle démarre sa petite causerie, dans l'improvisation la plus totale.

Mes projets ? Vague question... continuer d'travailler, un peu partout, dans des endroits plus... elle réfléchit, cherchant le bon mot, propres ? Les tavernes nauséabondes m'écœurent de plus en plus maintenant, j'aimerais essayer autre chose. Et trouver des musiciens compétents. Et des jolies robes aussi. Bien sûr, voyager vers des endroits plus chauds qu'ici m'intéresse. Parce que mes costumes sont légers, et un simple feu n'suffit pas toujours.

Elle regarde la tablée, petits, grands, et très grands.

Ah oui, je danse. Pas n'importe comment hein, j'danse même très bien. En général, ça plait. A tout le monde...et surtout aux hommes.
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Azhanna
Azhanna ne dit mot depuis l'arrivée de toute cette foule. Elle n'est jamais très à l'aise quand il y a trop de monde qu'elle ne connaît pas, elle a l'impression de ne rien pouvoir maîtriser. Elle fait un petit salut de la tête à celle que Pluie nomme Carmeen, celle qu'il voulait rencontrer, c'est beau le hasard !
Azhanna prend son bol de soupe et le boit tranquillement en écoutant d'une oreille attentive toutes les discussions.
Elle tend son verre à Pluie pour un peu de vinasse et le laisse expliquer leur venue. Elle réfléchit à ce qu'elle pourrait bien raconter et aux talents qu'elle pourrait bien avoir. Elle prend une gorgée de vin et se redresse un peu.

Moi c'est Azhanna, j'viens de ci de là et j'ai rencontré les blondinets il y a fort longtemps dans ma ville d'adoption Embrun. J'suis partie faire l'tour du Royaume pendant qu'eux rentrés chez eux. J'suis final'ment arrivée à Montargis comme j'l'avais promis, et m'voilà dans cette roulotte.

Azhanna reprit une gorgée de vin et repartit dans sa tirade.

Si vous dansez, j'peux vous donner un peu d'musique, j'me débrouille pas mal au flûtiau et à la flute, c'pas un orchestre mais ça dépanne^^. Après, j'dessine, j'suis pas très bonne mais j'adore ça ! Ah oui, j'ai une autre corde à mon arc, j'connais parfait'ment la flore et les usages qu'on peut en faire. La nature a été mon habitat de prédilection pendant longtemps, en fait depuis toujours sauf quand j'suis dans cette roulotte !

Elle s'arrêta enfin et reprit un peu de soupe.

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Corisande
Zisla, blonde poupée, lavée, soignée, les pieds entourés de bandelettes propres, la bouche encore tachée de traces de confiture, dort à présent, épuisée, près de Béébéé au fond de la roulotte. Après l’avoir bordée, Cori distribue les assiettes de soupe, d’abord aux enfants, au bruyant petit bonhomme, et à Alycianne qui, vite rassasiée, veut déjà repartir sur les chemins.
Le cœur serré Cori la regarde s’éloigner, se demandant ce qui allait bien lui arriver sur ces routes parcourues par des armées détruisant tout sur leur passage et par des bandits qui grouillent comme des moustiques au bord d’une mare.
Enfin ! Que ses petits cailloux lui portent bonheur ! Et qu’Aristote la protège.

Elle rejoint Azhanna, la solitaire et prudente rouquine, Pluie et la piquante brunette, tous installés à l’avant de la roulotte. Les présentations se font naturellement, sans chichis. Elle s’assied sur une pile de couvertures, dégustant elle aussi le bouillon chaud.

La discussion va bon train et la jolie Carmeen retient l’attention de tous, bavarde comme une pie, faisant tintinnabuler les bijoux qu’elle porte aux poignets, se lançant dans de grandes explications sur la vie qu’elle mène et la passion qui la dévore, la Danse !

Tout d’abord attentive, Cori sent l’excitation monter en elle. Elle qui en a assez de jouer les marmitons, ce serait parfait de changer un peu de vie. Elle claque plusieurs fois des doigts pour qu’on l’écoute enfin.

Carmeen ! Tu veux m’apprendre à Danser ? Je ne sais pas, mais je suis souple, et je t’écouterai bien.

La blondinette insiste en souriant.
Oh ! Oui Carmeen, apprends moi s’il te plait, on dansera toutes les deux, la blonde et la brune, je crois que ça pourra faire un joli spectacle.
Pluie mon cœur , il me semble que tu joues du flûtiau et de la viole, et avec Azhanna ce serait parfait !


Avec un plaisir non déguisé, les yeux brillants comme une enfant heureuse, Cori passe la main dans les tissus chatoyant que la danseuse a ramenés.

Mmmmmm ! Elle aussi désire porter ces voiles légers, ces bijoux clinquants, ces petites sandales dorées.


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Pluie

Prunelles amusées du blondinet, en adoration devant sa doudou d’amour qui saute de joie et bat des mains comme une petite fille à l’idée d’accompagner Carmeen dans ses farandoles effrénées et ses balades sensuelles. Et voici la coquine qui implore leur nouvelle amie de lui apprendre les pas. Ahh, elle est rusée, la fine mouche. Et c’est couru d’avance. Ce qu’elle veut, elle l’obtient toujours. Et d’ailleurs pourquoi Carmeen refuserait-elle, d’autant plus que Poil de Carotte propose ses services comme joueuse de flûte ? C’est précieux, ça, non ?

Et lui dans tout ça ? Il se ferait volontiers oublier, mais sapristi voilà que sa princesse se rappelle soudain qu’il parvient de temps en temps à tirer quelques sons harmonieux d’un vieux flûtiau râpé et fatigué, découvert lorsqu’ils aménageaient le premier étage de l’auberge. Il l’a d’ailleurs emmené avec eux, le glissant en dernière minute au fond du coffre contenant les boucliers et les épées, avec l’intention de massacrer quelques ritournelles de son enfance, certains soirs, autour du feu de camp, en attendant que grillent les saucisses et les cuisses de poulet. Pluie, mon ami, tu es fait comme un rat, tu ne peux plus te dérober. Le duo bientôt célèbre sur toutes les routes de France, les gracieuses et aériennes Carmeen et Corisande, a besoin de toi.

Pluie se met à rire. Fillettes, préparez les tutus et les bijoux en toc, ceux qui scintillent de mille feux ! La gloire nous appelle. La fortune nous tend les bras. Demain nous nous trouverons un coin isolé pour préparer tout ça, d’accord ? Et Ananas et moi on vous montrera que nous sommes de brillants musiciens, n’est-ce pas, Poil de Carotte ? Faudra juste nous laisser le temps de répéter un peu, hein !

On aura tout vu. Le destin est capricieux. Voici donc Pluie, chenapan tout juste repenti, glandouilleur par excellence, qui s’emballe à l’idée de s’attirer les bravos de la foule en délire …

Inattendu, non ?

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Gisla
Ah, z'étais chouette de les avoir rencontrés. Parce qu'ils ont soigné mes pieds ! Et maintenant, z'ai plus mal. Comme si mes pieds ils étaient tout neufs. Sauf que maintenant y'a plein de bandelettes qui les entourent mes doigts. C'est pas grave. J'm'en fiche ! Maintenant, j'ai plus mal.
J'ai même le ventre rempli de tartine à la confiture. Mmmmh, z'me réjouis d'en manger demain. J'espère qu'on en mangera parce que c'est trop bon, et peut-être que quand je serais à Toulon, et ben y'en aura plus !
Je suis quand même allée me coucher. Pour une fois que ze dors sur quelque chose de confortable, je dois en profiter pour faire un gros dodo ! Avec mon doudou !
Mais il est où mon doudou ?
Z'me réveille en sursaut et pis je commence à crier.

«  Eh ! Ho ! Il est 'Où mon doudou ? »

On me répond pas ? Ils sont plus là ? Ils m'ont laissée toute seul et ont prit mon doudou. Je pars vite de mon lit et je vais là où il y a de la lumière et où qu'on parle.
Je m'arrête et pis je regarde. Les deux z'amoureux qui m'ont trouvé, il parle. Alors z'm'approche d'eux et pis je chuchote.


« Je trouve pas mon doudou ! »


Ben oui que c'est grave, c'est même extrêmement grave. Parce que sans mon doudou, c'est hors de question que je dorme ! Mon doudou, c'est un lapin. Il est un peu abîmé. Mais moi, je l'aime comme ça ! Et je veux pas aller à Toulon sans mon doudou, si je le perd, j'oublierais maman. Et je veux pas oublier maman. Je veux retrouver maman.
Mais quand je serais grande, comme la dame avec la jolie robe que j'ai vue sur le marché. Quand j'aurais une robe comme elle, je partirais voir Line et pis après maman.
Faudrait peut-être que j'arrive à Toulon avant. Et si j'y arrive pas ?

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Carmeen
La rouquine parle, sous les pupilles songeuses de Carmeen, dont le cerveau était complétement ailleurs, dans un monde de voiles soyeux, de bracelets aux cliquetis sonores et de musique envoûtante.
Elle voit déjà Azhanna, assise sur un coussin pourpre aux bordures dorées, flute au bec, soufflant des notes mélodieuses, tandis qu'elle, la gitane brune, se déhanche gracieusement sur la pointe de ses pieds, les cheveux au vent.

Mais, la blonde attire l'attention sur elle et exclame joyeusement son envie d'apprendre à danser. Faire des spectacles. Faire un duo.
Et là, c'est le drame.

Enfin, pas vraiment le temps de répondre, car le couple parle déjà premières répétitions, des costumes à préparer. Alors, lentement, très lentement, Carmeen essaie de transformer sa moue quelque peu dubitative en un sourire, un poil, mais alors vraiment un poil forcé.
Elle hausse les épaules pour elle-même, tandis que dans sa tête, une petite voix arrogante commençait déjà à l'engueuler.

Dommage, la fière, dommage. Tu cries tes exploits, tu as ta foule en délire, maintenant débrouille-toi pour la calmer. Non, t'as pas envie ? Pas que ça à faire ? Pauvre égoïste ! Partager ne serait-ce qu'un peu de gloire avec quelqu'un, ça t'arracherait une jambe ? Oui ? Tant pis, tu seras une danseuse unijambiste. Tu as là l'occasion de t'occuper de quelqu'un d'autre que de ta petite personne ! Ouais, c'est ça, boude, de toute façon c'est trop tard. Regarde-les, ils batifolent déjà !

Arf, pire que sa mère la p'tite voix! Enfin, encore faut-il la connaitre. La mère, évidemment.
Donc, c'est sur un ton bien plus sec que voulu qu'elle rétorque :


On commence demain. Corisande, il faudra t'accrocher, ce n'est pas une danse très facile. Tu prendras un des voiles là-bas pour commencer
, dit-elle en pointant son doigt vers les affaires achetées...

Des cris, un doudou perdu, la fillette aux doigts de panards bandés revient parmi eux.
Soudain, Carmeen pose ses mains sur ses hanches, sur son ventre, et son regard affolé parcourt en vitesse l'intérieur de la roulotte.
Elle se lève, lance un juron à voix basse, pousse les quelques personnes assises devant la porte.


Moi aussi j'ai perdu mon doudou... je reviens.


Et de nouveaux, les jupons fous disparaissent, se frayant un chemin dans la populace du marché, à la recherche du vieux canasson. Ou plus précisément, sa précieuse valisette aux 7 merveilles de Son monde.
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Pluie

Saperlipopette ! Une véritable tragédie se déroule en cet instant dans la roulotte bondée : la pitchounette a perdu son doudou ! Et pas de doudou, pas de dodo, c’est bien connu ! C’est l’éternelle rengaine. Pluie lève un regard mi-rieur, mi-compatissant, vers Cori, puis il se gratte le cuir chevelu avec une belle énergie, en signe de perplexité profonde. Mais ayez confiance, Pluie c’est le roi de la débrouille, non ? Rassurant, il se penche gentiment vers la petite sardine.

Rhooo, tu l’auras sans doute égaré en te promenant sur le marché, ma petite poulette. Il n’était pas près de la fontaine, on l’aurait remarqué. Assieds toi là, ma chérie, entre Carmeen et Ananas, je vais t’en donner un tout nouveau, un merveilleux doudou comme tu n’en as jamais vu ! Et tu sais quoi ? Il sera à toi pour toujours …

Mouais, c’est du flan, du vent, des promesses. Pluie n’a pas la moindre idée de ce qu’il va refiler à la gamine, mais peut-être va t-il trouver une idée de génie dans tout ce bric-à-brac entassé autour d’eux. C’est presque obligatoire, à présent.

Hop, il déplie sa grande carcasse maigrichonne, se faufile entre ses voisins, après avoir embrassé la petiote au passage.

J’en ai pour trois minutes … ajoute t-il d’un ton persuasif.

L’échalas ouvre au hasard quelques caisses, concentré sur cet épineux dilemme. Oups ! La première, il la referme aussitôt, les joues soudain rosies. Ah ben oui, c’est pas avec les petites culottes de soie et de dentelle de sa princesse blonde qu’il arrivera à fabriquer une poupée, c’est évident. La deuxième boîte, c’est d’un air dégoûté qu’il repose précipitamment le couvercle. Ses chaussettes sales des trois derniers jours. Même les trous sentent le rat crevé. Y’a de quoi tomber à la renverse ! Et dans la suivante ? Des essuies, des éponges, des gants de toilette rose tendre, une vieille paire de ciseaux, du fil à coudre de toutes les couleurs …

Et si … ? Mouais, pourquoi pas ? D’un signe discret, il appelle sa bien-aimée à la rescousse, et lui chuchote quelques mots à l’oreille. Rien de tel que le travail en équipe, non ? Les blondinets se mettent à l’ouvrage avec entrain. Trois coups de ciseaux par là, une éponge pour faire la bedaine, du fil à coudre noir pour la moustache, deux bouts d’essuies coupés en triangles pour les oreilles, et voici … et voici … Super Lapin Rose, l’ami le plus précieux des fillettes !

Avec un sourire jusqu’au-dessus des esgourdes, Pluie tend l’œuvre d’art à la morpionne.

Voilà, c’est pour toi, mon trésor. Un nouveau compagnon pour les siestes et les gros dodos. Qu’est-ce qu’on dit à tata Cori et à tonton Pluie ?

Pas le temps d’analyser la réaction de la crevette, voilà que Carmeen annonce le début des répétitions pour le lendemain. D’un ton bizarre. Ne serait-elle pas enchantée par ces renforts inattendus ? Douterait-elle de leurs capacités ? Elle va voir à qui elle a affaire ! Cori est la plus gracieuse créature sur terre. Quand elle agitera son popotin en cadence, le public entier va ouvrir des yeux ronds comme des assiettes à dessert. Et les deux flûtistes ? C’est pas non plus la mer à boire que de souffler dans un flûtiau. Ils vont se débrouiller comme des chefs avec Poil-de-Carotte. Et les notes de l’un camoufleront les fausses notes de l’autre …

Et soudain voici que Carmeen se lève et disparaît dans la foule des badauds. Où va t-elle ? On va bientôt reprendre la route, non? Faudrait pas qu'elle s'éloigne ! Pluie se redresse d’un bond, trébuche dans la soupière, mais parvient sans encombres sur la place du marché où il distingue la brunette qui se glisse entre deux échoppes. Il crie à tout hasard, sans savoir s’il sera entendu par la donzelle.

Ne traîne pas trop, hein, Carmeen ! On ne va pas passer l’hiver ici ! On a du boulot !

Puis il retourne s’asseoir près de Cori. Tout contre. Lui aussi il a une doudou. Sa doudou d’amour …

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Carmeen
Carmeen donne quelques coups d'épaules pour réussir à passer dans la foule, en inspirant l'air frais extérieur avec avidité. Une main sur le front, elle reprend doucement ses esprits. Oui, faut croire que ce "partage" de talent, l'a pas très bien pris, et il est resté en travers de sa gorge. Faut espérer qu'avec le temps, elle s'y habituera, et avec un peu de chance y prendra goût. M'enfin, l'espoir fait vivre, il paraît.

Son cheval est là, n'a pas bougé d'un pouce. Enfin, qui voudrait y toucher ? Il est maigre, puant, sale, ses yeux fatigués sont cernés et ridés. Même un clochard aurait pitié de lui.
Bref, la brunette ne s'en soucie pas, non, ses bras affolés viennent à la rencontre de sa petite malle, accrochée discrètement au flanc de la bête.
Soupir d'aise, lorsqu'elle la sent tout contre elle, sa boîte magique. Tout d'un coup, la vie redevient rose, les papillons volent autour d'elle, les poneys galopent et il y a même un arc-en-ciel. Certains objets ont le pouvoir de vous rendre fou, totalement. Des objets sentimentaux, coûteux, ou encore des babioles sans réelle importance, auxquels on s'est accoutumé avec le temps. Carmeen en est la preuve vivante.

Dernier au revoir au canasson, et c'est donc une gitane reboostée et pleine d'entrain qui retourne sur ses pas. D'ailleurs, est-ce bien le Très Grand homme aux catastrophes, qu'elle voit là-bas, traversant l'allée des fruits et légumes ? Un haussement d'épaules empli de doute, et de nouveau elle rentre dans la roulotte, frissonnant un bon coup sous le changement de température.


Bon, on part oui ou crotte ?
Un léger sourire se dessine sur ses lèvres carmines, mi-amusé, mi-malicieux.
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Pluie

Revoilà l’immense artiste, la danseuse aux pieds ailés, cette fois avec armes et bagages, ou plutôt avec accessoires et costumes, breloques et dentelles. La totale. Bien ! Elle n’a pas traîné sur la place du marché, et elle ne ramène ni une légion de jolis soupirants pendus à ses basques et roulant des yeux énamourés et brillants de convoitise, ni une nichée de gosses affamés et en guenilles. C’est parfait. Et Pluie fait tranquillement l’état des lieux.

Le colosse, qui semblait disposé à les suivre, a subitement retourné sa veste. Sans nul doute n’est-il point intéressé par leurs projets. C’est vrai qu’il est plutôt taillé comme un hercule, et non comme un joueur de flûtiau ou de tambourin.

Carmeen est pressée de partir. Et l’aventure n’a jamais rebuté les blondinets ni effrayé Poil de carotte. Hop, quelques piétinements de leurs bottes de sept lieues pour éparpiller la pellicule de braises et de cendres du foyer, un soupçon de rangement à l’intérieur de la roulotte, une gorgée de pinard pour tasser les vermicelles et les fayots, et ensuite les mioches et les donzelles encaqués sous une couverture de laine ... Voilà. Adieu Chalon, la gloire nous appelle. Un encouragement de l’échalas met en branle le vaillant attelage qui se met à trottiner en cadence.

Sifflotant comme un joyeux pinson, Pluie dirige les chevaux tout droit vers le sud, faisant confiance à son instinct, mais à l’affût d’un emplacement tranquille pour y établir leur campement pour la nuit, et surtout, oui surtout, pour y rassasier ses heureuses compagnes d’un charmant tourbillon de gammes et de notes plus enchanteresses les unes que les autres. Elles ont une sacrée veine, nos jouvencelles, de disposer d’un musicien aussi talentueux pour les escorter. C’est du moins ce que pense l’échalas, toujours aussi lucide et modeste.

Et les chemins déserts l’invitent à présent à pousser la rengaine. Il se met à brailler comme un goret qui voit s’approcher le charcutier avec son grand couteau. Mais notre rossignol est multi-tâches. Reprenant son souffle entre deux refrains endiablés, il repère un fenil isolé au centre d’un champ en pente douce, bordé d’un ruisseau. Derrière lui, il entend discutailler les donzelles. Elles vont mourir de soif, c’est sûr. Sans plus attendre, il conduit rapidement l’attelage vers cet abri providentiel.

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Corisande
Les oreilles sérieusement malmenées par les braillements de son doudou, Cori vient passer sa frimousse souriante par l’ouverture laissée entre deux couvertures disposées pour abriter du froid les passagers.
Câline, elle le serre entre ses bras, presse ses petits seins contre son dos, mordille tendrement sa joue.

Cette randonnée vers les rivages de la Méditerranée est une récréation pour elle, après les heures passées derrière les fourneaux de leur auberge. Tout se passe bien, elle apprécie énormément la compagnie d’Ananas, leur amie la plus ancienne, et aussi celle de la nouvelle arrivée la brune et pétillante Carmeen.
Les blondinets sont ainsi faits. Leur établissement a été un succès inespéré, mais il était temps de passer à autre chose, pour éviter l’ennui et la routine. Leurs nouveaux projets les réjouissent.

Entre deux baisers coquins elle chuchote doucement à l’oreille de son nnnamoureux. Mon trésor, tu m’avais caché que tu disposais d’un organe aussi puissant … Euh, je parle de ta voix, mon ange, et de rien d’autre. Ne considère pas ma remarque comme un appel à la bagatelle. Quoique … grand sourire et petit clin d'oeil .
Les tourtereaux échangent un sourire complice, puis, d’un grand geste de la main, Pluie lui indique la grange vers laquelle il dirige leur attelage. Un fenil, pour y passer la nuit.
Le souvenir charmant de leurs premières étreintes la remplit d’émotions, d’une tendre nostalgie. Dix-huit mois déjà. Et c’était hier. Elle se rappelle de leur gêne, et de leurs explications embrouillées, les cheveux pleins de paille, lorsqu'au petit matin le petit Théo les avait retrouvés nus et enlacés …

Cori ferme les yeux, elle pose la joue contre celle de son doudou. Elle s’abandonne au balancement de la roulotte. Elle se laisse bercer. Elle rêve …

Les jappements des chiens la réveillent soudain. Elle a dormi quoi ? Trente secondes ? Les molosses ont débusqué un lièvre et le poursuivent à travers champs. La meute bruyante s’éloigne, mais pas d’inquiétude, ils ne tarderont pas à les rejoindre, tenant fièrement leur prise entre les crocs, quêtant une caresse de remerciement et surtout quelques os restants.

Pluie arrête les chevaux d’un ordre bref. Ils sont arrivés devant la porte du fenil. Cori est impatiente de fouiller dans les dentelles et les bijoux que Carmeen a ramenés du marché et peut-être même d’esquisser quelques pas en sa compagnie, encouragées par un air de flûtiau, après qu’un beau feu de camp soit allumé .

Du moment que Pluie ne se remette pas à chanter ...


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Carmeen
Et les chevaux démarrent, sous le faible soleil et les fins flocons, entrainant avec eux une roulotte remplie à ras bord : des mioches, une rouquine, des amoureux et une danseuse. Un sacré comité, aux mille couleurs : des heureux, des grognons, des timides, des (faux)chanteurs. Il faut de tout pour faire une bonne troupe de voyageurs, il paraît.

Carmeen, enfouie sous une couverture de laine, ne bronche pas. Appuyée contre sa valisette, elle cherche déjà quelques idées pour ses prochains spectacles, tout en essayant d'y incruster parfois Corisande. C'est déjà un effort remarquable de sa part, partager un peu de son rêve avec la blondinette. De temps en temps, elles peuvent faire quelques numéros ensemble, et encore elle doit être en arrière plan. Et puis, faut qu'elle apprenne à danser aussi.

Un regard discret vers la-dite donzelle. Les yeux presque inquisiteurs, elle détaille lentement son visage, délicat et doté de traits doucereux. Une bouche souriante, un nez droit, des yeux profonds. Des cheveux blonds, ondulés, descendant gracieusement en cascade le long de ses épaules. Puis, elle se lève, rejoignant le cocher, à l'avant de la roulotte. Maigre et plutôt grande.
Eh ben, le physique est plutôt favorable, en fait. Et, même si Carmeen ne veut pas veut l'admettre, bah la jeune femme pourrait bien faire une danseuse idéale.

Soudain, le convoi s'arrête. La brune sursaute, se redresse, enjambe des casseroles, des gosses, et sort de la petite maison à roues. Resserrant un peu plus l'étoffe qu'elle a gardé sur elle, ses billes parcourent vite fait le lieu. Un fenil, super ! Un léger soupir s'échappe de ses lèvres, soupir qui disparait déjà dans une fumée blanche, expirée par ses narines.

Le couple s'aventure déjà dans la grange abandonnée, débutant leurs investigations. Carmeen tourne la tête, direction la roulotte, soulève un bout de couverture -qui fait office de porte d'entrée, apparemment-, et, crie à ceux qui n'en sont pas encore sortis :


Eh, quelqu'un me prend ma malle ?

Aussitôt, elle fait demi-tour, entre dans le fenil.
Sa frimousse s'illumine à la vue de la paille qui regorge à l'intérieur, et elle n'en attend pas moins pour se jeter dessus en gloussant comme une gamine. En même temps, c'en est encore une.

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Pluie

Ce savoureux « quoique », prononcé joyeusement par une doudou au regard plein de malice, est-il la promesse d’une étreinte voluptueuse, l’assurance d’une nuit torride au cœur d’un doux cocon de foin, tiède et desséché, au parfum entêtant d’humus et de sous-bois ? Ou bien n’est-ce qu’une simple boutade susurrée par la coquine ? Méfie toi des blondes, proclamait l’oncle Firmin, avant d’en épouser trois en quelques années, peut-être pour conjurer le sort …

C’est sur ce cruel dilemme que Pluie, comme un automate, l’esprit ailleurs, s’en va délester la roulotte de tout ce qui est nécessaire pour passer la nuit au chaud, une nuit qu’annoncent déjà les premiers hululements de la chouette et du hibou, ainsi qu’une envolée de pipistrelles qui louvoient un moment au-dessus de leurs têtes, à travers un voile diffus de légers flocons de neige.

La ménagerie a déjà pris possession du fenil. Les chiens, revenus essoufflés de leur course dans les champs, s’abandonnent déjà à un de leurs passe-temps préférés, la sieste. Le chat-tigre-panthère s’est perché sur un large croisillon de bois soutenant la charpente, tandis que Bèè-Bèè, le gigot d’agneau ambulant, s’égosille comme une vierge effarouchée à laquelle un voyou mal intentionné présenterait son … heu … oui … passons !

L’échalas dépose au sec coussins douillets et couvertures de laine, prenant bien soin, ce fripon, d’étaler deux d’entre elles à l’écart du passage, juste derrière une vieille charrette qui semble oubliée là depuis des millénaires. Il est content de lui, le rusé compère. Si ses désirs deviennent réalité, si la nuit s’annonce aussi torride qu’il le souhaite, autant prendre discrètement toutes les dispositions nécessaires pour faciliter la chose, non ?

Le blondinet sursaute ! Voilà que Carmeen, descendue de la roulotte, réclame sa malle avant de prendre ses aises et de se rouler dans le foin. Elle est culottée, celle-là ! Elle se prend pour qui ? Une baronne ? Et les autres, ils seraient ses laquais ? Et quoi encore ? Pluie fait mine de ne rien avoir entendu. Si elle veut ses fanfreluches et ses breloques, elle n’a qu’à se débrouiller elle-même !

Voilà. Un coup d’œil circulaire dans la grange. Qu’a t-il oublié ? Ah oui, une bonne flambée, au centre du fenil. Du bois mort, ce n’est pas ça qui manque autour de lui, à l’intérieur de leur abri, et notamment les roues de la charrette, posées contre le mur, qui sont d’ailleurs dans un état de décomposition avancée. Pourquoi se gêner ? Allez, hop, quelques brindilles, et le tour est joué. Il souffle sur quelques flammèches, qui s’allongent et s’élèvent lentement, crépitant ensuite joyeusement et illuminant l’obscurité naissante.

Pluie dévisage les jeunes femmes qui l’entourent, le sourire aux lèvres. Je vous chante encore une petite chanson avant que la nuit tombe ?

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