Armand.
[Dijon, duché de Bourgogne, le 9 novembre 1457]
Béatrice de Castelmaure .Duchesse de Nevers, Comtesse du Lauragais, Vicomtesse de Chastellux et Baronne de Chablis & de Laignes . Voila un nom qui raisonnait à merveille aux oreilles dArmand.
Arrivé à Dijon la veille en début daprès-midi, le jeune homme avait rejoint sa demeure avec une certaine hâte. La journée avait ensuite passé sans que personne ne le revit jusquà ce que, le soir venu, la porte de son atelier souvrit enfin sur le jeune homme étrangement accoutré qui disparut presquaussitôt dans les ruelles avoisinantes déjà gorgées dobscurité.
Ce nest que plus tard, à lautre bout de la ville, dans lun des quartiers les plus huppés de Dijon que le jeune homme refit surface, sapprêtant à entrer dans lune des auberges les plus cossues des environs, lieu étape sil en existait de toutes les bonnes fortunes du royaume nayant pas le privilège de posséder un hôtel particulier dans la capitale bourguignonne. Un mensonge plus tard, Armand se mêla à une troupe de domestiques venus en toute hâte décharger puis monter aux étages les affaires dun quelconque fortuné client et se glissa dans létablissement. Laccoutrement duquel il sétait affublé prit alors tout son sens et, prenant quelques bagages en mains, le jeune voleur se fondit dans le décor animé de lauberge à la recherche de sa future victime. Courbant léchine à chaque passage dun nobliau, le blond déambula dans les couloirs repérant les lieux, identifiant les différents résidents sur le critère de leur richesse estimée. Bientôt, au détour dun escalier, choix fut fait sur un jeune coq dune vingtaine dannée, plus occupé à compter fleurette aux servantes quà soccuper de ce qui lentourait. Un sourire satisfait au coin des lèvres, Armand entreprit de suivre le jeune noble alors que celui-ci remonta de toute évidence à sa chambre. Il était encore relativement tôt, pas plus tard que l'angélus du soir, il nétait donc guère difficile dimaginer que le bien né ne tarderait pas à sortir en vue de se restaurer ou de se livrer à une quelconque sortie nocturne. Trouvant à soccuper Armand patienta, guetta, épia jusquà ce que le gentillâtre daigne enfin sortir comme présagé plus tôt.
Il ne fallut pas plus dune minute au jeune voleur pour se débarrasser de son encombrant déguisement et se faufiler avec aisance dans lantre de sa proie. Refermant la porte avec soir, Armand sattarda un instant à la contemplation du mobilier avant de faire les quelques pas qui le menèrent à son objectif, la garde robe du sieur. Ouvrant les portes de larmoire en grand, le blond caressa les différents habits de ses azurs. A défaut dautre chose, le noblaillon avait au moins du gout. Les étoffes semblaient au voleur toutes plus belles les unes que les autres si bien quil eut grand mal à choisir lhabit quil comptait emprunter. Il ne fallait cependant point trop trainer aussi Armand se décida enfin sur un ensemble qui selon lui serait du meilleur effet.
Il serait tout en finesse, tout en nuance de noir. Le noir, cette teinture rare qui ne paye pas de mine face aux pourpres saturés et aux jaunes vifs mais si chère. La dernière mode cependant ; Venue de la cour de Bourgogne. La chemise et les braies nen étaient que le commencement. Elles ne se voyaient pas cela ne l'intéressa pas. Mais il prit un soin tout particulier à choisir le doublet de laine le mieux taillé, des chausses parfaitement à sa taille. Le sombre ferait ressortir sa stature mince. Une robe longue viendrait ensuite le vêtir plus chaudement. Faite de laine fine, manches ouvertes pendant négligemment le long de son corps... de la même couleur que l'ensemble, le ton sur ton se voulant faussement modeste. Seules les bottes de cuir, trancheraient de leur couleur claire. La cape elle ne ferait que confirmer la tendance du costume, simple mais rehaussée de fourrure sur le col hermine... parfait. (*)
Plus que satisfait, Armand prit le temps de ranger les effets dans la petite valise quil avait emprunté en arrivant, prit garde de ne rien froisser et la referma ensuite. Traces de sa venue effacée, le blond quitta la chambre à pas de loup, descendit lescalier et cest par la porte dérobé dévolue aux serviteurs que le voleur, son méfait accomplit, sévanouit dans une nuit aussi sombre que les vêtements quil venait de « soffrir » quil disparut de nouveau.
[Le début des choses sérieuses ]
Et le voilà de bon matin aux abords de lHôtel Chambellan, construit par Charles de Castelmaure et véritable joyau dartisanat de par la finesse de ses sculptures sur les poteaux et autres sablières lui avait-on dit. Armand avait, en effet, pris soit de se renseigner sur lhistoire de cet édifice autant que sur celle de ses occupants. Talonnant les flans de léquidé quil sétait octroyé pour loccasion Armand pénétra enfin dans le long corridor voûté d'ogives qui reliait la rue à la cour intérieure de lhôtel où se trouvait une galerie en bois à deux étages, aux baies ajourées et à clefs pendantes qui reliait les corps de bâtiment. Un escalier d'angle à la fine rampe à lancettes extrêmement ouvragée semblait permettre laccès aux étages. Lensemble avait une facture qui était loin de déplaire au blond qui laissa un long moment son regard caresser les murs, sculptures et autres beautés du lieu.
Enfin arrivée dans la cour, Armand stoppa sa monture de laquelle il descendit avec souplesse avant de se retourner vers un valet qui savançait déjà vers lui sous lil inquisiteur des deux gardes en faction à lentrée. Le jeune voleur lui adressa un sourire poli et dune voix aussi claire quintransigeante il se contenta dénoncer :
- Mon brave, pourriez vous annoncer à la duchesse quArmand dAldhalt est arrivé ?
Il détailla lhomme du regard, parcourant ses traits de ses azurs. La veille, il avait envoyé une missive à la Duchesse en réponse à son courrier la prévenant de son passage à Dijon et demandant audience. Le petit présomptueux navait à présent plus quà attendre de connaitre la réaction de la Jeune femme face à son audacieuse présence en ces lieux.
_________________
juste un jeune con prétentieux...
Béatrice de Castelmaure .Duchesse de Nevers, Comtesse du Lauragais, Vicomtesse de Chastellux et Baronne de Chablis & de Laignes . Voila un nom qui raisonnait à merveille aux oreilles dArmand.
Arrivé à Dijon la veille en début daprès-midi, le jeune homme avait rejoint sa demeure avec une certaine hâte. La journée avait ensuite passé sans que personne ne le revit jusquà ce que, le soir venu, la porte de son atelier souvrit enfin sur le jeune homme étrangement accoutré qui disparut presquaussitôt dans les ruelles avoisinantes déjà gorgées dobscurité.
Ce nest que plus tard, à lautre bout de la ville, dans lun des quartiers les plus huppés de Dijon que le jeune homme refit surface, sapprêtant à entrer dans lune des auberges les plus cossues des environs, lieu étape sil en existait de toutes les bonnes fortunes du royaume nayant pas le privilège de posséder un hôtel particulier dans la capitale bourguignonne. Un mensonge plus tard, Armand se mêla à une troupe de domestiques venus en toute hâte décharger puis monter aux étages les affaires dun quelconque fortuné client et se glissa dans létablissement. Laccoutrement duquel il sétait affublé prit alors tout son sens et, prenant quelques bagages en mains, le jeune voleur se fondit dans le décor animé de lauberge à la recherche de sa future victime. Courbant léchine à chaque passage dun nobliau, le blond déambula dans les couloirs repérant les lieux, identifiant les différents résidents sur le critère de leur richesse estimée. Bientôt, au détour dun escalier, choix fut fait sur un jeune coq dune vingtaine dannée, plus occupé à compter fleurette aux servantes quà soccuper de ce qui lentourait. Un sourire satisfait au coin des lèvres, Armand entreprit de suivre le jeune noble alors que celui-ci remonta de toute évidence à sa chambre. Il était encore relativement tôt, pas plus tard que l'angélus du soir, il nétait donc guère difficile dimaginer que le bien né ne tarderait pas à sortir en vue de se restaurer ou de se livrer à une quelconque sortie nocturne. Trouvant à soccuper Armand patienta, guetta, épia jusquà ce que le gentillâtre daigne enfin sortir comme présagé plus tôt.
Il ne fallut pas plus dune minute au jeune voleur pour se débarrasser de son encombrant déguisement et se faufiler avec aisance dans lantre de sa proie. Refermant la porte avec soir, Armand sattarda un instant à la contemplation du mobilier avant de faire les quelques pas qui le menèrent à son objectif, la garde robe du sieur. Ouvrant les portes de larmoire en grand, le blond caressa les différents habits de ses azurs. A défaut dautre chose, le noblaillon avait au moins du gout. Les étoffes semblaient au voleur toutes plus belles les unes que les autres si bien quil eut grand mal à choisir lhabit quil comptait emprunter. Il ne fallait cependant point trop trainer aussi Armand se décida enfin sur un ensemble qui selon lui serait du meilleur effet.
Il serait tout en finesse, tout en nuance de noir. Le noir, cette teinture rare qui ne paye pas de mine face aux pourpres saturés et aux jaunes vifs mais si chère. La dernière mode cependant ; Venue de la cour de Bourgogne. La chemise et les braies nen étaient que le commencement. Elles ne se voyaient pas cela ne l'intéressa pas. Mais il prit un soin tout particulier à choisir le doublet de laine le mieux taillé, des chausses parfaitement à sa taille. Le sombre ferait ressortir sa stature mince. Une robe longue viendrait ensuite le vêtir plus chaudement. Faite de laine fine, manches ouvertes pendant négligemment le long de son corps... de la même couleur que l'ensemble, le ton sur ton se voulant faussement modeste. Seules les bottes de cuir, trancheraient de leur couleur claire. La cape elle ne ferait que confirmer la tendance du costume, simple mais rehaussée de fourrure sur le col hermine... parfait. (*)
Plus que satisfait, Armand prit le temps de ranger les effets dans la petite valise quil avait emprunté en arrivant, prit garde de ne rien froisser et la referma ensuite. Traces de sa venue effacée, le blond quitta la chambre à pas de loup, descendit lescalier et cest par la porte dérobé dévolue aux serviteurs que le voleur, son méfait accomplit, sévanouit dans une nuit aussi sombre que les vêtements quil venait de « soffrir » quil disparut de nouveau.
[Le début des choses sérieuses ]
Et le voilà de bon matin aux abords de lHôtel Chambellan, construit par Charles de Castelmaure et véritable joyau dartisanat de par la finesse de ses sculptures sur les poteaux et autres sablières lui avait-on dit. Armand avait, en effet, pris soit de se renseigner sur lhistoire de cet édifice autant que sur celle de ses occupants. Talonnant les flans de léquidé quil sétait octroyé pour loccasion Armand pénétra enfin dans le long corridor voûté d'ogives qui reliait la rue à la cour intérieure de lhôtel où se trouvait une galerie en bois à deux étages, aux baies ajourées et à clefs pendantes qui reliait les corps de bâtiment. Un escalier d'angle à la fine rampe à lancettes extrêmement ouvragée semblait permettre laccès aux étages. Lensemble avait une facture qui était loin de déplaire au blond qui laissa un long moment son regard caresser les murs, sculptures et autres beautés du lieu.
Enfin arrivée dans la cour, Armand stoppa sa monture de laquelle il descendit avec souplesse avant de se retourner vers un valet qui savançait déjà vers lui sous lil inquisiteur des deux gardes en faction à lentrée. Le jeune voleur lui adressa un sourire poli et dune voix aussi claire quintransigeante il se contenta dénoncer :
- Mon brave, pourriez vous annoncer à la duchesse quArmand dAldhalt est arrivé ?
Il détailla lhomme du regard, parcourant ses traits de ses azurs. La veille, il avait envoyé une missive à la Duchesse en réponse à son courrier la prévenant de son passage à Dijon et demandant audience. Le petit présomptueux navait à présent plus quà attendre de connaitre la réaction de la Jeune femme face à son audacieuse présence en ces lieux.
_________________
juste un jeune con prétentieux...