Cerridween
Elle est là bas au fond dans la pénombre la rouquine...
Son élément... qui s'est imposé doucement comme lorsque la nuit tombe à la surface de la terre, éclipsant petit à petit la lumière quand l'impétueux soleil décide de se cacher. Elle l'entoure, la prend, la dessèche, la glace dans cette nuit sans fin. Peu à peu elle s'efface la brillante rouquine dont la seule lumière reste les cheveux de feu. Elle lui rappelle, cette compagne obscure, les souvenirs, sa place, ses dernières années, où elle l'a petit à petit envahie, enserrée. Compagne de ses pas... peut-être de ses actions... toujours de ses pensées. Jusqu'à l'habiller des pieds à la tête. Pourquoi l'avoir trahie dans cette robe rouge ? Pourquoi...
L'amante opaque s'est vengé, de la traitrise, d'avoir été trompée. Elle n'a récolté, la rousse pourpre, rien de plus qu'un retour aux origines, violent, destructeur. Ainsi soit fait. Plus de couleur. Plus de vie. Le glas a fini de sonné. Demain elle redeviendrai la forme noir qui arpente la forteresse, l'ombre, sable jusqu'au cur. Le passé chatoyant est enterré. Maintenant.
Le rouge t'allait si bien Pivoine avant que de noir tu te pares.
Pour toujours et à jamais...
Ombre parmi l'ombre...
Ton sur ton parfait...
Mais c'est une compagne qui a ses bons côtés, malgré tout. On peut se dissimuler à loisir entre ses bras opaques. Elle vous cache, toujours, sans rechigner, sans remontrance. Elle vous accueille simplement. On peut y fuir le monde, ses attaques. On peut s'y retrouver seule, seule, sans autre juge que le silence et sa cape pour vous couvrir. On peut y penser ses blessures. Sans regard. Sans pitié. Et surtout, on y peut pleurer sans honte. Sans témoin.
Et c'est bien des larmes qui coulent sur les joues de la rouquine, retranchée contre ce mur qui la soutient. Des larmes. Qui ne brilleront pas puisque lumière il n'y a plus, dans l'ombre où elle se trouve. Une rousse dévastée se vide, avatar du sang qui pourrait couler des blessures infligées si elle étaient visibles, de longues trainées d'eau et de sel sur ses joues glacées. Et pourtant ce sang elle le sent couler aussi. Longs sillons d'un rouge absent, imaginaire, qui s'épandent lentement. Le combat a été trop âpre, les coups trop violents, l'émotion et la culpabilité trop vives. Elle se vide, la rousse, blême et avachie. Crucifiée contre les pierres aussi froides que sa peau, les bras ballants, elle agonise. Les gouttes allégoriques, se déversant de partout, de ses bras, de ses membres, de sa poitrine ouverte, de sa peau écorchée, transpercée. Elles arrivent au bout de ses doigts sans vie, pour attendre un instant, hésitantes, avant de tomber sans bruit ni tâche pour mêler son chagrin à la boue et la nuit.
Elle attend... les yeux fermés. René va s'avancer. René va le détruire. De cette pogne immense qui est bien capable de lui briser un à un les os. Elle lui a demandé. Elle est aussi bourreau. Comme victime. Double, bicéphale. Et cependant si froide. Aussi froide que le granit, le coeur glacé et pourtant fumant, palpitant, vicié de sang et de pue. Humain. A en hurler. A en hurler son mal. De ne pouvoir avoir accès, maudite de ce coeur qui ne sait qu'aimer ce qui n'est pas pour elle, au plus infime bonheur. Au plus simple repos. A la plus mince des accalmie. A en crier sa douleur. Son impuissance. Ses fautes. Toute la noirceur qui pourtant la protége.
Elle attend... l'impact. Celui des mains du géant sur la carcasse du cavalier. Les cliquetis des chaines lui annonce le début de la lutte. Les paupières ne s'ouvrent pas malgré les flots qui en sortent. Elle ne veut pas voir. Pas cela. Pas encore. Plus de poings qui meurtrissent de chair. Plus de lame, plus de sang. Il suffit. Elle subit derrière les portes clauses de ses yeux, les bruits de la bataille livrée, les grincements de dents, les gémissements du prisonnier, le bruit des impacts.
Avant que
Les paroles du géant qui résonnent dans la cellule. Au milieu des bruits de fers entrechoqués.
Tu as peut être pris le dessus, mais Enguerrand existe toujours. Tu ne peux l'empêcher d'avoir accès à tout. Tu ne peux pas, parce que tu sais comme moi qu'il ne le veut pas. Tu n'es pas là par hasard, tu es là parce qu'il l'a voulu.
Tu m'entends, Enguerrand? Personne ne l'A créé. Ni Cerridween. Ni moi. Ni toi. Il n'est qu'une création de Dieu, ou du Sans-Nom, qui va, et vient, à la recherche d'un corps qui l'accueille. Pourquoi tu l'as accueilli, je ne sais. Mais tu l'as fais. Et il est là. Désormais que le mal est fait, il n'est plus temps de le changer. Tu as eu besoin de lui, un jour. Mais il pourrait causer ta perte.
Lentement les mots imprègnent la pièce, les pierres, l'humidité et le froid. Lentement ils arrivent pour surprendre une rousse pantelante qui tressaille lorsqu'ils essaient de la transpercer à leur tour. Mais ils percent un corps déjà blessé. Déjà meurtri. Aucun réconfort dans ces mots, tant elle se sent coupable, tant la douleur lui obstrue plus la vue que ses propres paupières serrées. Elle refuse toujours de voir, derrière son voile de souffrance la vérité. La culpabilité reste encrée, attachée à elle. Elle se débat avec elle même dans cette glue indéfectible. Les paroles se font lointaines pendant qu'elle ressombre sous une lame de fond de douleur et de peine...
Regarde-moi. REGARDE-MOI!
Les mots comme des béliers frappent contre ses paupières qui se relèvent sur la cellule. Il n'y a plus de bruit après le cri du tavernier. Les chaines se sont tues. Les cris d'Enguerrand également. Elle reste là, les yeux maintenant ouverts, regardant dans la faible lueur de la torche, le duo, proches, si proches l'un de l'autre qu'elle ne distingue presque pas le corps de cavalier derrière la grande masse du tavernier. Pas de coups, pas de violence, juste les deux hommes qui se regardent dans le blanc des prunelles.
Là sous ses yeux... un grain du sablier du temps est resté en suspend. Ils sont immobiles. Comme si un sort avait envouté la pièce la laissant la seule épargnée. Elle regarde sans comprendre les deux combattants, figés. Seule sa respiration haletante trouble le silence oppressant de la geôle assoupie. La rousse cherche, cherche une explication au silence, au regard, aux corps endormis. Rien pas un indice. Elle n'ose même pas avancer. Elle n'ose pas bouger. Elle reste là le dos contre les pierres à regarder la peur toujours au ventre.... jusqu'à ce que...
Le grain de sable retombe... René semble projeté en arrière et se recule en titubant. Lentement il recule... la rousse cherche toujours de ses yeux regardant successivement le tavernier et le cavalier une explication, quelque chose. Pardieu... que s'est-il passé dans cet échange de regard....
Je...suis là...Laissez moi maintenant, vous...en avez assez fait...Je suis revenu de...la...mort et je dois...l'affronter...seul!
Le cur de la rousse rate un battement dans la cellule froide. Il a tressailli déjà au son de la voix. C'est la sienne. Même caverneuse, fatiguée, éreintée. C'est celle qu'elle connait. Mais on ne sort pas indemne d'un combat acharné. Elle ne se jettera pas dans les bras d'Enguerrand. Elle ne sautera pas de joie, non. Elle ne criera pas victoire, non plus. Elle reste toujours accrochée à son mur comme à une bouée. Le sang s'égoutte toujours malgré les pleurs qui se sont taris. Le venin coule toujours dans ses veines, comme résonnent encore les mots prononcés, les injures, les accusations qui volent autour d'elle comme un essaim d'harpies qui l'harcèlent.
Et René qui recule encore.
La rousse lève la tête vers la grande masse noire qui rejoint la pénombre à côté d'elle. Est-ce une larme qui a brillé là à l'instant au coin de l'oeil du géant ? Le doute n'est pas permis même si elle s'évapore... Il est donc victime lui aussi. Mais pourquoi ? Elle reste tournée un instant vers le grand tavernier. Qu'a-t-elle fait en le permettant de la suivre... On a toujours le choix Pivoine noire tu as fait le mauvais. La fatigue et la peur n'étaient pas une excuse. Tu aurais du lui dire de rester là haut. Que même sa taille ne serait pas assez. Qu'as-tu fait ? Qu'a-t-il dit ?
Un mot un seul...
Sortons...
Elle se détache difficilement de son empreinte sur le mur.... regagnant la porte et ne la fermant que lorsque René la bien suivie. Il sort le tavernier. Le dos courbé à pas lourds.
Elle reste un instant à la faveur de la pénombre... encore quelques mots à moitié audible, tellement il lui est difficile de parler.
Quoi que j'ai puis faire... pardon... j'aurai dû vous dire non... j'aurai du vous imposer de rester en taverne... malgré vos remontrances et vos ordres... j'ai failli...
Léger mouvement pour reprendre le mantel qui git encore sur le banc qui a accueilli son cour repos.
J'avais promis l'Enfer... voyez j'ai menti... il y avait dans ces bas fonds bien plus de mal et de douleur que chez le Sans nom...
La lourde étoffe se pose sans grâce sur les épaules fatiguées de l'Errante... les yeux quand à eux ne quittent pas René.
Il vous faut dormir...
Elle n'a pas d'autre mots à lui offrir... la reconnaissance elle voudrait. Ses yeux parlent pour elle si jamais il les voyaient. Rien n'est fini. A l'intérieur, il a juste gagné. Une bataille contre l'autre, mais pas la guerre contre lui même ni contre le poison. Et elle ne sait que dire au tavernier qui lui a rendu un peu plus d'espoir en se sacrifiant lui même.
René....
Elle se sent petite la rousse épuisée. Devant la grande masse, mais aussi devant sa bonté. Devant son dévouement, devant son aide. Elle n'a rien à offrir à cet instant. Rien d'autre qu'un mot. Déjà offert auparavant lorsque sa joue rencontrait sa paume.
Un instant de silence...
Merci...
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Cerridween de Vergy
"Pourquoi faire simple, quand on peut faire chier le monde" (Cerrid by Bralic)
Son élément... qui s'est imposé doucement comme lorsque la nuit tombe à la surface de la terre, éclipsant petit à petit la lumière quand l'impétueux soleil décide de se cacher. Elle l'entoure, la prend, la dessèche, la glace dans cette nuit sans fin. Peu à peu elle s'efface la brillante rouquine dont la seule lumière reste les cheveux de feu. Elle lui rappelle, cette compagne obscure, les souvenirs, sa place, ses dernières années, où elle l'a petit à petit envahie, enserrée. Compagne de ses pas... peut-être de ses actions... toujours de ses pensées. Jusqu'à l'habiller des pieds à la tête. Pourquoi l'avoir trahie dans cette robe rouge ? Pourquoi...
L'amante opaque s'est vengé, de la traitrise, d'avoir été trompée. Elle n'a récolté, la rousse pourpre, rien de plus qu'un retour aux origines, violent, destructeur. Ainsi soit fait. Plus de couleur. Plus de vie. Le glas a fini de sonné. Demain elle redeviendrai la forme noir qui arpente la forteresse, l'ombre, sable jusqu'au cur. Le passé chatoyant est enterré. Maintenant.
Le rouge t'allait si bien Pivoine avant que de noir tu te pares.
Pour toujours et à jamais...
Ombre parmi l'ombre...
Ton sur ton parfait...
Mais c'est une compagne qui a ses bons côtés, malgré tout. On peut se dissimuler à loisir entre ses bras opaques. Elle vous cache, toujours, sans rechigner, sans remontrance. Elle vous accueille simplement. On peut y fuir le monde, ses attaques. On peut s'y retrouver seule, seule, sans autre juge que le silence et sa cape pour vous couvrir. On peut y penser ses blessures. Sans regard. Sans pitié. Et surtout, on y peut pleurer sans honte. Sans témoin.
Et c'est bien des larmes qui coulent sur les joues de la rouquine, retranchée contre ce mur qui la soutient. Des larmes. Qui ne brilleront pas puisque lumière il n'y a plus, dans l'ombre où elle se trouve. Une rousse dévastée se vide, avatar du sang qui pourrait couler des blessures infligées si elle étaient visibles, de longues trainées d'eau et de sel sur ses joues glacées. Et pourtant ce sang elle le sent couler aussi. Longs sillons d'un rouge absent, imaginaire, qui s'épandent lentement. Le combat a été trop âpre, les coups trop violents, l'émotion et la culpabilité trop vives. Elle se vide, la rousse, blême et avachie. Crucifiée contre les pierres aussi froides que sa peau, les bras ballants, elle agonise. Les gouttes allégoriques, se déversant de partout, de ses bras, de ses membres, de sa poitrine ouverte, de sa peau écorchée, transpercée. Elles arrivent au bout de ses doigts sans vie, pour attendre un instant, hésitantes, avant de tomber sans bruit ni tâche pour mêler son chagrin à la boue et la nuit.
Elle attend... les yeux fermés. René va s'avancer. René va le détruire. De cette pogne immense qui est bien capable de lui briser un à un les os. Elle lui a demandé. Elle est aussi bourreau. Comme victime. Double, bicéphale. Et cependant si froide. Aussi froide que le granit, le coeur glacé et pourtant fumant, palpitant, vicié de sang et de pue. Humain. A en hurler. A en hurler son mal. De ne pouvoir avoir accès, maudite de ce coeur qui ne sait qu'aimer ce qui n'est pas pour elle, au plus infime bonheur. Au plus simple repos. A la plus mince des accalmie. A en crier sa douleur. Son impuissance. Ses fautes. Toute la noirceur qui pourtant la protége.
Elle attend... l'impact. Celui des mains du géant sur la carcasse du cavalier. Les cliquetis des chaines lui annonce le début de la lutte. Les paupières ne s'ouvrent pas malgré les flots qui en sortent. Elle ne veut pas voir. Pas cela. Pas encore. Plus de poings qui meurtrissent de chair. Plus de lame, plus de sang. Il suffit. Elle subit derrière les portes clauses de ses yeux, les bruits de la bataille livrée, les grincements de dents, les gémissements du prisonnier, le bruit des impacts.
Avant que
Les paroles du géant qui résonnent dans la cellule. Au milieu des bruits de fers entrechoqués.
Tu as peut être pris le dessus, mais Enguerrand existe toujours. Tu ne peux l'empêcher d'avoir accès à tout. Tu ne peux pas, parce que tu sais comme moi qu'il ne le veut pas. Tu n'es pas là par hasard, tu es là parce qu'il l'a voulu.
Tu m'entends, Enguerrand? Personne ne l'A créé. Ni Cerridween. Ni moi. Ni toi. Il n'est qu'une création de Dieu, ou du Sans-Nom, qui va, et vient, à la recherche d'un corps qui l'accueille. Pourquoi tu l'as accueilli, je ne sais. Mais tu l'as fais. Et il est là. Désormais que le mal est fait, il n'est plus temps de le changer. Tu as eu besoin de lui, un jour. Mais il pourrait causer ta perte.
Lentement les mots imprègnent la pièce, les pierres, l'humidité et le froid. Lentement ils arrivent pour surprendre une rousse pantelante qui tressaille lorsqu'ils essaient de la transpercer à leur tour. Mais ils percent un corps déjà blessé. Déjà meurtri. Aucun réconfort dans ces mots, tant elle se sent coupable, tant la douleur lui obstrue plus la vue que ses propres paupières serrées. Elle refuse toujours de voir, derrière son voile de souffrance la vérité. La culpabilité reste encrée, attachée à elle. Elle se débat avec elle même dans cette glue indéfectible. Les paroles se font lointaines pendant qu'elle ressombre sous une lame de fond de douleur et de peine...
Regarde-moi. REGARDE-MOI!
Les mots comme des béliers frappent contre ses paupières qui se relèvent sur la cellule. Il n'y a plus de bruit après le cri du tavernier. Les chaines se sont tues. Les cris d'Enguerrand également. Elle reste là, les yeux maintenant ouverts, regardant dans la faible lueur de la torche, le duo, proches, si proches l'un de l'autre qu'elle ne distingue presque pas le corps de cavalier derrière la grande masse du tavernier. Pas de coups, pas de violence, juste les deux hommes qui se regardent dans le blanc des prunelles.
Là sous ses yeux... un grain du sablier du temps est resté en suspend. Ils sont immobiles. Comme si un sort avait envouté la pièce la laissant la seule épargnée. Elle regarde sans comprendre les deux combattants, figés. Seule sa respiration haletante trouble le silence oppressant de la geôle assoupie. La rousse cherche, cherche une explication au silence, au regard, aux corps endormis. Rien pas un indice. Elle n'ose même pas avancer. Elle n'ose pas bouger. Elle reste là le dos contre les pierres à regarder la peur toujours au ventre.... jusqu'à ce que...
Le grain de sable retombe... René semble projeté en arrière et se recule en titubant. Lentement il recule... la rousse cherche toujours de ses yeux regardant successivement le tavernier et le cavalier une explication, quelque chose. Pardieu... que s'est-il passé dans cet échange de regard....
Je...suis là...Laissez moi maintenant, vous...en avez assez fait...Je suis revenu de...la...mort et je dois...l'affronter...seul!
Le cur de la rousse rate un battement dans la cellule froide. Il a tressailli déjà au son de la voix. C'est la sienne. Même caverneuse, fatiguée, éreintée. C'est celle qu'elle connait. Mais on ne sort pas indemne d'un combat acharné. Elle ne se jettera pas dans les bras d'Enguerrand. Elle ne sautera pas de joie, non. Elle ne criera pas victoire, non plus. Elle reste toujours accrochée à son mur comme à une bouée. Le sang s'égoutte toujours malgré les pleurs qui se sont taris. Le venin coule toujours dans ses veines, comme résonnent encore les mots prononcés, les injures, les accusations qui volent autour d'elle comme un essaim d'harpies qui l'harcèlent.
Et René qui recule encore.
La rousse lève la tête vers la grande masse noire qui rejoint la pénombre à côté d'elle. Est-ce une larme qui a brillé là à l'instant au coin de l'oeil du géant ? Le doute n'est pas permis même si elle s'évapore... Il est donc victime lui aussi. Mais pourquoi ? Elle reste tournée un instant vers le grand tavernier. Qu'a-t-elle fait en le permettant de la suivre... On a toujours le choix Pivoine noire tu as fait le mauvais. La fatigue et la peur n'étaient pas une excuse. Tu aurais du lui dire de rester là haut. Que même sa taille ne serait pas assez. Qu'as-tu fait ? Qu'a-t-il dit ?
Un mot un seul...
Sortons...
Elle se détache difficilement de son empreinte sur le mur.... regagnant la porte et ne la fermant que lorsque René la bien suivie. Il sort le tavernier. Le dos courbé à pas lourds.
Elle reste un instant à la faveur de la pénombre... encore quelques mots à moitié audible, tellement il lui est difficile de parler.
Quoi que j'ai puis faire... pardon... j'aurai dû vous dire non... j'aurai du vous imposer de rester en taverne... malgré vos remontrances et vos ordres... j'ai failli...
Léger mouvement pour reprendre le mantel qui git encore sur le banc qui a accueilli son cour repos.
J'avais promis l'Enfer... voyez j'ai menti... il y avait dans ces bas fonds bien plus de mal et de douleur que chez le Sans nom...
La lourde étoffe se pose sans grâce sur les épaules fatiguées de l'Errante... les yeux quand à eux ne quittent pas René.
Il vous faut dormir...
Elle n'a pas d'autre mots à lui offrir... la reconnaissance elle voudrait. Ses yeux parlent pour elle si jamais il les voyaient. Rien n'est fini. A l'intérieur, il a juste gagné. Une bataille contre l'autre, mais pas la guerre contre lui même ni contre le poison. Et elle ne sait que dire au tavernier qui lui a rendu un peu plus d'espoir en se sacrifiant lui même.
René....
Elle se sent petite la rousse épuisée. Devant la grande masse, mais aussi devant sa bonté. Devant son dévouement, devant son aide. Elle n'a rien à offrir à cet instant. Rien d'autre qu'un mot. Déjà offert auparavant lorsque sa joue rencontrait sa paume.
Un instant de silence...
Merci...
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Cerridween de Vergy
"Pourquoi faire simple, quand on peut faire chier le monde" (Cerrid by Bralic)