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[RP] Les rumeurs blondes

Gudrun
[Rp ouvert.]

Elle revenait de sa balade, Gudrun, quand elle avait trouvé un parchemin sur le pas de sa baraque. Un parchemin sérieux, et sérieusement gribouillé. Mais elle ne savait pas lire. Elle l'avait ouvert tout de même, avait parcouru d'un œil indifférent les rangées de signes noirs, l'avait refermé et posé dans un coin. Il y prendrait la poussière. Avec le reste.

Les volets de bois mal charpentés laissaient passer la lumière du crépuscule, ça faisait des cercles roses sur le sol terreux. Elle considéra gravement la pièce, hocha la tête et conclut : il allait falloir racheter un champ, à elle. Elle était seule, maintenant. Il allait falloir manger. Mais que cultiveras-tu, Gudrun ? Elle esquissa un geste las de la main ; elle y songerait demain.

Les gestes habituels ne dérangèrent pas le silence : attacher sa blondeur avec une cordelette de chanvre, marier un panais avec un peu de beurre, l'avaler, s'asseoir. Elle alla de nouveau chercher le parchemin. C'était la première lettre qu'elle recevait. Qu'est-ce que cela pouvait bien raconter ? Une farce peut-être ? Une erreur sûrement.

Elle abandonna encore le parchemin, fit quelques pas indécis. Elle était longue, tout de même, cette lettre. Une déclaration d'amour ? Impossible. Quoique. Le fils du boucher ? Elle grimaça. Avec ses petites guiboles tordues et ses joues cramoisies, il avait l'air d'un ogre. Et puis il ne savait que compter – elle le savait, elle l'avait vu, les samedis, remplir les inventaires.

Un peu plus tard, elle revenait du puits, une gamelle propre dans la main et des questions dans le crâne. Elle aurait dû ouvrir sa tête et verser de l'eau dedans, au lieu de s'occuper de la gamelle. Qui sait, l'esprit serait redevenu blanc. Le lendemain, elle apprendrait que le parchemin, il venait du tribun. Elle s'endormit quand même pour la nuit, dans un sommeil fragile.

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Comme du fond de la distance
Une inflexion de voix.
Offensée si pourtant flatteuse
Cette heure est d'un art étrange.
Guedas
En quittant la taverne, le garçon prit par la rue Nostre-Dame.
Il n'avait plus le courage de rentrer dormir chez lui, au nord du village.
Ah quoi bon ? Ici c'est pareil ! Et elle est chouette, cette maison !
Devant la petite maison inhabitée - c'est ce qu'il croyait - il tourna le cou en arrière. Personne, pas de douanier.
D'un coup d'épaule il poussa la porte, entra, et la referma d'un coup de pied.
Dans sa tête ça secouait encore un peu.
Pas tellement !
Si, si, ça secouait un peu; il tomba sur le banc, et posa son front sur la table, comme à l'habitude. Mais le front lui grattait.
C'est comme des miettes.
D'un coup de main, il tenta d'essuyer la table, mais envoya une assiette à terre.
Ah ça ! on a mis des choses sur ma table !
Il examina la table dans l'obscurité.
J'y vois presque rien !
Forcément, Guédas, il fait nuit, c'est l'obscurité.
De ses mains, il attrapa une chose qu'il porta à son nez, puis à ses yeux.
On dirait des racines ! On a mangé sur la table !
Il sursauta d'étonnement, dégringola de son banc et tomba sur le sol.
Je suis pas tombé, c'est pour voir l'assiette.
L'assiette de terre cuite était cassée, mais sous son nez les morceaux sentaient encore comme de la nourriture.
Ah ben ça ! On dirait une sorte de beurre !
Il sortir de sa besace le pain de la journée, en arracha des morceaux dont il essuya les fragments de l'assiette brisée avant de les ingurgiter.
C'est drôlement bon, on dirait une sorte de beurre !
Il s'essuya la figure de sa manche, et s'endormit sur la terre battue d'un sommeil innocent, la bouche ouverte. Un cercle de lumière pâle révélait les trous entre ses rares dents.
Gudrun
Sous le drap de futaine la blonde dormait, comme dorment les blondes. Son souffle lent remuait sa jeune poitrine, gardée au chaud sous une sorte de longue chainse blanchâtre, dernier rempart contre le frimas de novembre... Une mouche volait. L'infortuné diptère tournoyait près de la porte, s'appliquant à faire des boucles régulières, quand ladite porte lui arriva d'un coup sur la tronche. Plus de diptère. Plus de sommeil. Gudrun ouvrit les yeux nets. On venait d'ouvrir sa porte. Elle se cala vivement dans un coin de sa couche, les fesses à moitié dans la ruelle, tout son drap ramené sur elle, en boule. Piteuse armure.

Pas tellement !

Voix d'homme. Ils étaient plusieurs ? Elle avait un cri d'horreur au fond de la gorge. Mais il sortait pas. L'abruti. Elle fronça les sourcils, tremblante jusqu'aux ongles des orteils, et ouvrit un peu plus la bouche. Rien à faire. Ça sortait pas. Ça devait être bloqué, quelque part entre la langue et la luette. Personne ne répondit. Il n'y avait qu'un seul pas. Il s'approchait lentement, et la Gudrun tétanisée, elle bougeait pas. Elle avait juste un peu plus remonté le drap sur son cuissot car, c'était clair, oh oui c'était bien clair, ce qu'il venait chercher chez elle cet oiseau là ! Mais il n'aurait rien ! Elle garderait son honneur, dût-elle mordre ! Mais d'un coup, elle entendit plus rien. Pourtant c'était encore là, pas loin. Elle le sentait.

C'est comme des miettes.

L'assiette se brisa au sol. Le bruit la raidit davantage, il lui débloqua même un peu le gosier : elle poussa un petit cri de fouine.

Ah ça ! on a mis des choses sur ma table ! J'y vois presque rien !

Et puis, graduellement, elle se mit à douter de la santé mentale de son agresseur. Elle en avait déjà entendu des comme ça, des sortis des petites maisons, qui jaspinaient de rien et s'étonnaient de tout. Elle entendit l'homme dégringoler, une nouvelle vague de panique la cloua sur sa couche. Ça y est, on y était. Sois forte Gudrun, sois forte. Son poing blanc se crispa sur la futaine et ses billes noires fixaient l'obscurité ; autant dire, c'est ridicule, qu'elle y voyait autant que dans le derrière d'une vache, mais elle fixait. Bêtement. Elle attendait. Elle calculait. Elle lui mettrait un coup de talon là où les hommes ont mal, oui, et si ça ne suffisait pas, elle recommencerait. Et puis elle sortirait dans la rue et elle pousserait des cris. On finirait bien par l'entendre.

Je suis pas tombé, c'est pour voir l'assiette. Ah ben ça ! On dirait une sorte de beurre ! C'est drôlement bon, on dirait une sorte de beurre !

Elle ferma son bec. Ses petits sourcils s'arquèrent. Voilà que le maraud léchait les gamelles ? Il y eut des mâchonnements, des ruminations, des déglutitions, des claquements de mandibules puis, à un moment, il n'y eut plus rien. Mais elle avait peur, Gudrun, elle avait encore foutrement peur. Alors elle resta dans son coin de lit, à fixer le sol. Peu à peu le noir se dissipait, la silhouette se définissait. Elle fixa le sol jusqu'à ce que les cloches sonnent, là-bas, chez les frocs. Jusqu'à ce qu'elle soit sûre qu'il dormait bien. Un peu avant l'aube elle se leva enfin, en catimini, les mollets flageolants, en quête d'une bougie. Elle avait trouvé le courage. En silence, elle approcha la lueur du visage endormi.

Alors c'était ça ! Ça avait quel âge ? Ça n'avait presque plus de dents ! C'était ivre enfin ! Elle leva un regard rageur vers Aristote : à une blonde de pas vingt ans, tu lui envoies un minet torché !? Foutrecul ! Je mérite mieux quand même ! Je sais pas moi ! Un mercenaire ! Un grand brigand ! Un vicomte échappé ! Mais ça ? Et pourquoi pas le fils du boucher tant que tu y es ? Mais tu blasphèmes Gudrun, tu blasphèmes. Encore pâle de colère, elle se signa. Quelques minutes plus tard, il y avait une blonde cernée assise sur un banc qui, un tisonnier à la main, attendait patiemment que l'intrus se réveille. La pointe dudit tisonnier était sagement posée dans le cou de l'endormi, le jour lui, il était en train de se lever.

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Comme du fond de la distance
Une inflexion de voix.
Offensée si pourtant flatteuse
Cette heure est d'un art étrange.
Guedas
La nuit s'était passée et l'avait reposé. Seule la gorge lui piquait un peu.
Allez debout ! Faut aller à la mine !
Guédas ouvrit les yeux sur un visage bienveillant qui lui rappela les matins où sa mère le réveillait.
C'est vous qui m'avez réveillé ? Je suis en retard ?
Guédas regarda les cheveux blonds encadrant le visage, et tombant sur l'épaule de la jeune femme, puis poursuivit son exploration du regard vers le bras, le poignet fin, la main aux ongles propres...
Ah, on voit que vous n'allez pas à la mine, vous !
... la main tenant un tisonnier, dont la tige descendait vers son cou...
Ah ! C'est ça qui piquait ! J'avais peur d'avoir attrapé un mal de gorge !
Gudrun
Des plombes plus tard, la blonde réagit - elle était un peu lente parfois. Un fou. C'est un fou. Atteint de logorrhée brute. On dirait que le chapelet de ses pensées se dévide en paroles, cette incontinence l'inquiète, un peu, à Gudrun. Enfin, elle articule un lapidaire :

 « Je cueille des légumes. »

Dans quelques jours ce serait du maïs, mais ça elle n'en sait encore rien. Pourquoi donc qu'elle a avoué ça, au fait, qu'elle cueillait des légumes ? Sa mémoire la travaille. Parce qu'il a dit qu'elle n'allait pas à la mine ! Et ? Je travaille, moi, petit messire ! Par relent de fierté.

Elle se souvint brusquement que le tisonnier était toujours dans le cou. A quoi bon ? Elle l'ôta et se leva, gardant en main tisonnier – car jamais sait-on, que le doux dingue blondin se transforma en brute sanguinaire à la baisse de garde. Méfiante Gudrun, qui le toise à nouveau.


 «Vous ne saviez pas ? Personne ne va plus à la mine... Il s'y cache un dragon... Un dragon énorme, un dragon splendide, avec des ailes rouges qui s'étendent dans les airs ! Un grand dragon. Il mange les enfants, les carottes et les blonds. Avec du beurre.»
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Comme du fond de la distance
Une inflexion de voix.
Offensée si pourtant flatteuse
Cette heure est d'un art étrange.
Guedas
Les légumes, moi j'aime pas trop bien ça.
Le garçon se massait le cou endolori par le tisonnier.
Un dragon ? ah ah, je vous aime bien, vous, vous êtes rigolote. Alors je vais pas aller à la mine aujourd'hui !
Guédas, qui avait entrepris de se relever, était maintenant à quatre pattes.
Vous plantez des légumes vous dîtes ? Vous inquiétez pas, vous pourrez vous en sortir. Moi aussi j'ai commencé avec les légumes.
Déjà il était à genoux et s'appuyait d'une main à la table.
Je m'appelle Guédas ! Vous avez sûrement entendu parler de moi !
Debout, les jambes écartées pour assurer sa stabilité, il cracha dans une main et la frotta à l'autre, avant de lisser ses cheveux. Il fit du regard le tour de la petite pièce, s'attardant davantage sur la table à la recherche d'une carafe que sur son hôtesse à la recherche d'un regard.
Il se dirigea finalement vers la porte, qu'il ouvrit avec difficulté.
Je sais jamais s'il faut tirer ou s'il faut pousser.
Sur le seuil, il s'attarda le nez en l'air. Il aimait ces petits matins froids qui promettent une belle journée où tout apparaît possible.
Peut-être que j'irai à la taverne, ou alors je commencerai par le marché...
Il s'éloigna d'un pas, et se planta face au mur.
Ben oui, je vais quand même pas pisser sur la porte.
Tout occupé qu'il était, il cria par dessus son épaule :
Et vous, c'est comment ? Vous savez, pour l'assiette, j'ai pas fait exprès.
Gudrun
Rigolote ? C'est un rigolo, un dragon ? Elle imaginait des petits corps de marmousets coincés entre les mâchoires du monstre, tripailles pendouillantes. Et les marmousets se marraient bien. Ah oui, c'était drôle un dragon. Un bref instant, elle eut envie de rire avec eux – mais se retint. Gudrun pensait que les sourires, c'était fait pour les femmes de mauvaise vie.

Je m'appelle Guédas ! Vous avez sûrement entendu parler de moi !

Petit hochement de tête, oui, oui, Guédas, le mineur qui passe ses nuits sur le sol des blondes. Bien sûr. Heureusement qu'il fixait la table, maintenant qu'il était debout, parce qu'elle avait des navajas qui lui trouaient les mirettes. Ça l'aurait tué sur le coup. Ou rasé. Mais l'homme était déjà parti vers des contrées extérieures et...

… Gudrun ferma les yeux, se berçant au bruit lancinant du flot diluvien qui se répandait sur son petit mur, elle aussi, après une nuit passée en boule, à trembler, à guetter, elle aussi eut aimé se délester de son céleste pissat. Périphrastique paysanne, qui cherche vivement, du coin de l'œil, quelque chose... mais quoi ? Un seau ?


Et vous, c'est comment ? Vous savez, pour l'assiette, j'ai pas fait exprès.

Le tisonnier est posé sans délicatesse sur la table, la nerveuse blonde, cuisses serrées, attend que le supplice prenne fin, imagine, qui sait, bientôt, une dive déliv...

 « ...rance. Heu... Gudrun ! »
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Comme du fond de la distance
Une inflexion de voix.
Offensée si pourtant flatteuse
Cette heure est d'un art étrange.
Guedas
Bravo Guédas, je crois que tu l'as impressionnée.
C'est un peu normal. Je plais souvent aux dames.
Remontant la rue, il peuplait son désoeuvrement en donnant des coups de pied dans les cailloux, qu'il envoyait frapper les portes.
Blang ! Ah ah ah !
Le vide de sa vie y faisait résonner les événements les plus insignifiants.
J'ai plein de choses à faire. Mais je sais pas par où commencer.
Rohan maintenant s'éveille. Les premiers marchands rejoignent le marché. L'heure des laudes est passée mais elle n'a pas sonné.
Je pourrais faire sonneur de cloches...
Il s'assoit sur les marches de la chapelle Nostre Dame.
Ce n'est pas facile...
Guédas jette un oeil en arrière.
Gudrun... Drôle de nom... Evel un taol kurun... Em c'halon.
Il pousse un très long soupir.
Elle a l'air un peu perturbée cette fille. Je vais essayer de l'aider.
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