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[RP] Quand le destin bascule....

Lylla


[Troyes...]

C'est complètement effondrée que Lylla quitta les terres de Petit Mesnil. Le décès de son ami et mentor, la laissé telle une orpheline dans ce monde où elle avait l'impression de se noyer. Tant de choses changées si brusquement ces derniers temps...

Repensant au dernier courrier que lui avait laissé Onagre, la jeune femme releva le menton, fière comme il aurait aimé qu'elle le soit et planta son regard sur l'horizon. D'un côté, Troyes de l'autre Reims... Les deux villes l'appelaient, chaque pour des raisons différentes. Remettant de l'ordre dans ses pensées, elle flatta doucement l'encolure de sa jument, avant de prendre la direction de la ville qui l'avait naitre. Les remparts de Troyes se profilaient au loin, l'esprit de la cavalière fonctionnait à vive allure, il lui fallait mettre de l'ordre dans ses affaires, aller embrasser son petit garçon et le serrer dans ses bras, fermer sa maison, préparer ses bagages... Elle avait du pain sur la planche avant de repartir vers Reims où un homme et une mairie l'attendait.

La journée fila à la vitesse de l'éclair, le bonheur de retrouver son fils surpassant la peine qui l'affligeait. Le simple sourire de l'enfant et son constant babillage suffisant à faire fuir toutes ses idées noires. Quand la nuit tomba sur la ville, tout était près, et Kylian regardait sa maman d'un œil triste, déçu de devoir encore la laisser partir. Seule la promesse qu'il viendrait bientôt la rejoindre, le temps qu'elle leur trouve une jolie petite maisonnette ramena un franc sourire sur la frimousse enfantine.
L'heure du départ avait sonné, dehors Rackman, son filleul et les membres de sa lance l'attendaient pour prendre la route. Lylla fit ses dernières recommandations à la nourrice de l'enfant qui peu à peu était devenu la gouvernante du logis, avant d'embrasser Kylian à plusieurs reprises, lui rappelant d'être sage et que bientôt ils seraient de nouveau ensemble.
Le cœur de la jeune femme était étrangement serré, ce n'était pourtant pas la première fois que mère et fils se trouvaient séparé... Lylla cacha ce sentiment de malaise sous un sourire, enfourcha sa monture et prit la route avec son escorte sur un dernier signe de la main.

Le groupe avançait au pas, la future bourgmestre de Reims était perdue dans ses pensées, bercé par le pas de la jument, elle laissait son esprit vagabonder vers celui qui l'attendait au bout du chemin, celui qui avait pris son cœur en même temps que ses lèvres... Elle souriait tel un ange quand le martellement des sabots d'un cheval, se fit entendre dans l'obscurité. Stoppant sa monture Lylla vit en se retournant une lumière orangée s'élever dans le ciel troyen, et un cavalier arrivant sur eux à bride abattue...

Dame Lylla !!! Dame Lylla !!!! Son sang ne fit qu'un tour identifiant cette voix, Jehan, son palefrenier... Que faisait il là ? Et cette lumière, cette fumée... Le feu, il y avait le feu !!! Le jeune homme les avait rejoint, son cheval percutant presque celui de sa maîtresse.
Parle Jehan que ce passe t il ? Parle !
Le jeune homme reprenait difficilement son souffle, sa voix était basse et rauque quand le front couvert de sueurs enfin il s'expliqua.
La maison Dame, des hommes en noirs, ils ont tout saccagé et mis le feu... On a rien peu faire Dame... A cet instant Lylla vit les yeux du palefrenier s'humidifier, Nanny, Kylian... il leur était arrivé quelque chose.
Ne me dit pas …. Nanny.... Kylian... il va bien dit, il va bien !
La tête masculine oscilla de droite à gauche alors que des larmes coulaient sur ses joues juvéniles.
Non Dame... Pas Nanny... Kylian... Il est blessé Dame venez vite...
Lylla vascilla dangereusement sur sa selle. Son teint devenant aussi pale que de la craie, ses mains se crispèrent sur les rênes pour l'empêcher de tomber. Kylian, non ce n'était pas possible... Pas Kylian !
Son fils, la prunelle de ses yeux, le ciel ne pouvait pas lui arracher son enfant !

Lylla jetta un regard emplit de souffrance à son filleul.

Fonce à Reims ! Ton devoir t'y attends je reste ici, je dois rejoindre mon fils.

Et sans un mot de plus, elle talonna sa monture en direction de sa maison en flamme, toute ses pensées tournaient vers son fils, se jurant de le sauver coûte que coûte... priant et maudissant le Très Haut au fil de sa folle chevauchée.

Sans même chercher à comprendre, telle une furie Lylla fonçait droit vers l'enfer qui s'ouvrait sous ses pas. Plus elle approchait de son logis plus l'odeur acre du feu lui irrité la gorge. Une chaleur étouffante se faisait ressentir à proximité du foyer, une chaine humaine s'était formé tentant d'éteindre le brasier quand un peu à l'écart elle reconnu la silhouette de Nanny. Sa monture ne s''était pas encore arrêté que déjà la jeune femme sautait à terre et courait vers le petit groupe. Nanny était là, noire de suie agenouillée à côté d'un petit corps inerte. Lylla se jeta à genoux Kylian !!!!! Seul le nom de son fils parvint à franchir ses lèvres alors qu'elle serré contre elle son fils inanimé. Sa respiration lente, rassura quelques peu la jeune mère, mais ses paupières closes qui semblaient refuser de s'ouvrir ne pouvait calmer l'angoisse qui lui étreignait la gorge. Un médicastre... Vite faite venir un médicastre...



[RP ouvert à tous, en dehors des personnages cités, merci de m'envoyer un MP par souci de cohérence
Lylla


[Vers la fin de la nuit...]

Kylian reposait paisiblement dans le grand lit tendu de drap blanc fraichement lavé. Plus aucune trace de suie ne souillait son petit visage, le personnel de l'hospice où l'enfant avait était transporté sur les conseils du médiscatre, ayant fait disparaître les traces du drame de la nuit. Par bonheur Kylian ne souffrait d'aucune blessure apparente, mais malgré tout les efforts de ceux qui l'entouraient, le petit garçon refusait de s'éveiller. On lui avait parlé de choc, dis qu'il lui faudrait de la patience, qu'il faudrait l'entourait de beaucoup d'amour et d'une présence constante.

Une vaste chambre avait été mise à leur disposition. Sobrement meublé d'un grand lit, une table qui faisait actuellement office de bureau, un coffre et un grand fauteuil qui plaçait près du lit offrait une vaste vue sur le parc actuellement plongé dans l'obscurité, qui entourait le bâtiment.

Quelques peu rassuré sur l'état de Kylian, après s'être elle même débarrassé de la crasse incendiaire, Lylla ne quittant pas le chevet de son fils, s'était fait porté de quoi écrire, installé sur la grande table amoureusement ciré, une chandelle à ses côtés éclairant le parchemin elle rédigea une première lettre à l'homme qu'elle aimait. Trempant sa plume dans l'encre, elle la laissa ensuite courir sur le vélin...
Mon ange... à peine avait elle écrit ses premiers mots, que pour la première fois depuis des heures un sourire vint étirer ses lèvres, au souvenir de la remarque de son fantôme la première fois qu'elle avait employé ces termes...
La plume griffait le parchemin, expliquant la situation dans laquelle elle se trouver, sa douleur, sa peur de perdre son enfant, les conclusions du corps médical et sa décision de rester auprès de son fils. Lylla connaissait le sens du devoir de ce fantôme cher à son cœur, mais elle savait aussi la place qu'ils avaient pris l'un pour l'autre dans leur vie mutuelle et dans leurs cœurs. Sa d'être séparé de lui, de perdre son enfant, au fur et à mesure qui le feuillet se noircissait, la blondinette essuyait ses joues du revers de la main. Signant la missive, elle ne peut se retenir d'y ajouter ce petit surnom dont il l'avait affublé et qui l'avait tant fait rire.... Elle sabla le courrier pour en faire sécher l'encre en réalisant que depuis des jours, les rires avaient déserté sa vie, elle qui n'était qu'éclats de rire, avait désormais la sensation de se noyer dans ses larmes.

Sa conscience professionnelle reprenant le dessus, elle rédigea ensuite une courte lettre adressait aux Reimois, que Ghost pourrait leur transmettre afin de leur présenter ses excuses pour son absence.

Ses courriers en mains, elle quitta la chambre un court instant afin de les porter au responsable du pigeonnier. En revenant, Lylla souffla la bougie et alla s'étendre sur le lit tout à côté de son fils, prenant sa petite main dans la sienne, la portant à ses lèvres.

Deux hommes emplissaient sa vie et son cœur, et c'est en pensant si fort à eux que Lylla sombra doucement dans le sommeil.
--Le_miroir





[Deux jours plus tard à l'hospice...]



L'état de santé de Kylian ne s'était ni amélioré ni dégradé non plus. Le petit garçon restait là, comme s'il dormait sereinement. Il respirait paisiblement et son corps était détendu, même ses joues avaient repris une petite teinte rosée... Lylla ne rêvait que d'une chose, le voir enfin ouvrir ses paupières sur son regard espiègle.

Les journées étaient d'une longueur infinie... La jeune passait son temps à écrire, la table était couverte de divers parchemins, certains encore vierge mais la plupart déjà noircit de son écriture, les courbes et les déliés s'enchaînant intimement. Des lettres à envoyer, le brouillons de celle déjà partie, des esquisses de poèmes inachevés, d'autres en cours, ses réflexions, ses questions, ses doutes, ses espoirs... Tout cela juchait la table. Quelques livres de contes pris dans la bibliothèque de l'hospice, trainaient là aussi, lui permettant plusieurs fois par jour de faire la lecture à Kylian, quand ce n'était pas les mémoires d'Onagre qu'elle égrenait d'une voix mélodieuse.

A l'heure des repas, en mère attentionné, elle s'asseyait sur le lit, installait son fils dos contre sa poitrine et doucement, cuillère après cuillère, glissait un peu de consommé entre les lèvres de l'enfant pour éviter qu'il ne s'affaiblisse de trop, même si la moitié du potage finissait sur le torchon posait sous son menton, le peu qu'il absorbait était toujours ça de pris.

De la même façon, toute les après midi, une douce jeune femme venait prendre sa place auprès du petit malade afin que sa mère puisse aller s'oxygéner un peu. Le soleil d'automne tentait de percer la couche nuageuse quand celle ci se présenta dans la chambre. Aucun mot ne fut échangé, juste un sourire, empreint de compréhension d'un côté et de remerciement de l'autre.

Après avoir posé sa cape de laine sur ses épaules, Lylla quitta la pièce. Cette petite heure lui permettait de pensait un peu à elle, d'élargir un petit moment son horizon. Et comme chaque jour la première chose qu'elle fit fut de se rendre au pigeonnier. Voilà deux longs jours qu'elle attendait des nouvelles de Reims. Quand il la vit arriver le colombophile, lui adressa un petit sourire contrit en oscillant sa tête de droite à gauche. Désolée ma bonne Dame, aucun pigeon n'est arrivé...
Lylla tenta de cacher sa déception derrière un sourire Ce n'est pas grave... Demain peut être...
Tournant le dos au pigeonnier, elle se dirigea vers les jardins. Elle avait du mal à comprendre les raisons d'un tel silence. Certes elle connaissait les lourdes charges qui pesaient sur ses épaules mais elle ne pouvait s'empêcher de s'interroger. Était ce la seule raison ?... Ses yeux s'embuèrent un instant mais elle refoula fièrement les larmes qui avaient un peu trop tendance à jaillir spontanément de ses mirettes dernièrement. Non ne plus pleurer, qui se soucier de ses pleurs, de ses souffrances, elle pouvait compter sur les doigts de ses mains les personnes à lui avoir manifesté leur soutien en ses jours difficiles et encore moins avait eu la délicatesse de prendre des nouvelles de son fils.

Alors qu'elle traversait les jardins dont le sol se couvrait de dégradé allant de l'orange au brun en passant par le rouge des feuilles mortes qui jonchaient les allées, elle repensa au dernier échange épistolaire avec son cousin, le baron de St Sauveur, ce pouvait il que ce cher Sacraï ai raison ? Devait elle suivre ses précieux conseils. Décidément le temps des réflexions étaient loin d'être révolu et celui des décisions semblait à peine commencer.
Soupirant profondément alors qu'une légère brise venait faire voltiger quelques mèches blondes autour son visage et rougir ses joues de sa vivifiante fraicheur. Lylla se décida à regagner la chambre de son fils.

--Le_miroir





[Un nouveau matin...]

Une longue nuit venait de s'écouler. Le sommeil de Kylian avait été agité sans cesse il avait remuer sa petite frimousse d'un côté à l'autre, marmonnant quelques sons incompréhensibles avant de replonger dans l'inertie qui l'enveloppait. Longtemps Lylla avait bassiné son front, essuyant à l'aide d'un linge humidifier à l'eau fraîche, les petites perles de sueur qui venaient le recouvrir.
Une larme perla à ses cils, que sa mère essuya du bout des doigts, inquiète de ne pas savoir ce qui pouvait à ce point tourmenter son fils, le plongeant dans ce si long silence.
Tendrement, pour tenter de l'apaiser, elle fredonner tout doucement la même berceuse qu'elle lui chantait depuis sa naissance. Et lentement l'enfant se calma...

Il y avait longtemps que la bougie avait finie de se consumer, seul l'âtre où rougeoyaient encore les braises qui réchauffaient la pièce et les rayons de lune pénétrant par la croisée apporté une pale lueur blanchâtre à la chambre désormais silencieuse. L'inquiétude qui avait gagné la jeune mère avait fait fuir le sommeil qui avait déjà tendance à déserter ces nuits dernièrement. Aussi abandonnant la couche de l'enfant pour ne pas le déranger, Lylla s'enveloppa dans une grosse couverture de laine, tira le fauteuil au plus près du lit et s'y installa, allongeant ses jambes sur la paillasse et calant son dos avec un coussin. Le coude appuyé sur le bras du siège supportait sa tête qu'elle avait posé dans sa main.

Dans le calme revenu et la solitude de l'instant, son esprit remonta le temps... Les circonstances d'une rencontre renaissaient sous ses paupières closes. Tout revenait à sa mémoire, les moments de partage, la douce tendresse dont il avait si bien su l'entourait, les échanges d'opinions concernant leur travail, les émotions qui se faisaient jour lentement, l'émoi qui avait été le sien à l'évocation d'un futur commun, les joies intimement partager comme les tristesses qu'ils s'étaient mutuellement confier, les sourires, les rires, cette complicité faite de petits mots connus d'eux seuls, la chaleur de deux mains qui se frôlent et du premier baiser échangé... Tout ces instants partageaient tournés sans fin dans sa tête, son rire raisonnait à son oreille, tout comme les mises en garde et les mots d'amour.
Celui qui pouvait être un démon avait su lui faire découvrir des trésors de tendresse et elle se refusait à croire que cet homme là est pu disparaître du jour au lendemain.
Elle savait qu'une relation durable devait être construite sur des sentiments profonds et solides, jamais elle ne pourrait mettre en doute la véracité et la sincérité de ces moments là.
Alors qu'elle sentait un profond sentiment de solitude venir enserrer son cœur de ses mâchoires acérées, un souvenir encore plus ancien remonta à la surface.
Une ravissante jeune femme posait son index sous son menton et relevait son visage en lui souriant.

Ne baisse jamais la tête Lylla, reste fière d'être toi même...[i]

Sans même s'en rendre compte, alors que l'aube commençait à se lever sur une plaine voilée d'une ombre d'humide rosée, la blondinette se redressa légèrement, releva la tête dans un geste emplie de cette fierté qu'elle avait en grande partie abandonnée. Non ne pas baisser la tête !
L'épouse de son filleul avait raison. N'était elle pas aujourd'hui marié à l'homme qu'elle aimait profondément et n'allait elle pas mettre au monde le fruit de cet amour, la preuve vivante de l'union de leurs cœurs et de leurs âmes...

Y aurait il au monde une chose plus belle que la naissance d'un enfant exceptionnel, porteur de la douceur de l'une et du savoir de l'autre...

Abandonnant son cocon de chaleur, Lylla se leva et dans la lumière matinale s'empara de tout les parchemin qu'elle lui destinait, se dirigeant vers le foyer de la cheminée, elle prit le fer, atisa les braises et remis une belle belle dans l'âtre. Le feu reparti aussitôt, ses langues brulantes apportant leurs baisers mortel au bois sec qui s'enflammait. Elle resta un moment immobile à regarder se ballets ondulant puis un à un alimenta la flambée de ses écrits. Lentement tout partait en fumée...

Il savait où elle était, quelle peine l'affligeait, inutile de se morfondre à présent, elle avait une vie à vivre, un enfant à sauver... Maintes fois elle lui avait donné preuves et signes des sentiments qui l'animaient, si comme elle le pressentait cet amour était partagé, il trouverait le moyen de lui faire savoir qu'elle était dans ses pensées. Elle lui ferait confiance, elle aurait foi en la vie qu'elle allait devoir dérouler devant elle. Au cœur de cette nuit, une femme venait de retrouver sa fierté, ce serait désormais à lui de venir à elle s'il l'aimait.

Trois coups frappés à la porte et l'arrivée de la petite servante portant un plateau plaisamment garni, vint chassé ses dernières réflexions.[i]

Bonjour Ninon.[i]
Un nouveau sourire illuminait son visage, révélant un air de madone malgré les cernes des nuits sans sommeil qui soulignaient ses yeux et ses joues qui s'étaient légèrement creusées. Son fils plus que jamais avait besoin d'elle.



--Lylla





[Dans la nuit du 6 au 7 novembre... ]

Forte de la décision prise tantôt concernant sa vie sentimentale, Lylla ne s'en laissait plus conter. Il est des moments dans la vie où il faut savoir faire des choix, le silence ne faisait pas partie des siens. Au moment de l'accident survenu à son fils, malheureuse, blessée, elle avait demandé que réflexion soit faite et décision prise.
Quelque fois le meilleur choix n'est guère loin de soi, mais a vouloir toujours avoir plus on finit par s'égarer.
Donc puisqu'elle ne semblait avoir que des défauts à ses yeux, Lylla ne voyait pas quel intérêt elle avait à se laisser traiter ainsi, passant pour une idiote aux yeux de ceux qui la connaissait fort bien. Cette situation n'avait que trop duré !

Puisque même ses écrits ne trouvaient aucune grâce aux yeux de l'être aimé autant qu'il reçoive le dernier.
C'est donc aux heures les plus noires de la nuit, quand les honnêtes gens ce devraient d'être dans les bras de Morphée, que la Belle prit plume, encre et parchemin. Une bougie à ses côtés, jetait des leurs fantomatiques sur le vélin, alors que les mots s'ordonnaient touts seuls. Si on lui avait dit quelques trente jours plus tôt, qu'elle rédigerait presque un mois jour pour jour après leur premier baiser, une lettre de rupture envers celui pour qui elle avait rompu une promesse, elle en aurait bien rit !
Mais les choses étant ce qu'elles étaient, il ne lui laissait d'autre choix. La guidant presque par son absence de réaction, à agir là où il se taisait.
Elle connaissait parfaitement la valeur et la signification du silence qu'il lui imposait et désormais plus aucun doute n'était permis. C'était sa façon à lui de rejeter l'amour qu'elle lui portait... Et qu'elle risquait de lui porter encore longtemps malgré tout...

Cette missive fut finalement la plus rapide qu'elle n'ai jamais eu à composer. Quelques mots choisis, des phrases brèves, résumant au mieux une situation inextricable.
Un ultimatum était levé, une liberté rendue, et sa propre fierté retrouvée !
Elle avait courbée l'échine, prêté le flanc, et offert encore bien plus, le tout simplement par amour, elle s'était plié mais ne briserai pas !
Le bois mort et sec peut casser par la force, l'arbre le plus grand et le plus fort être déraciné par la tempête, mais tel un roseau pourtant frêle et fragile qui pouvait plier mais jamais se rompre, Lylla a son image se relevait aujourd'hui encore plus droite et digne qu'hier. Sa douceur loin d'être une faiblesse était sa force, une alliance subtile entre patience et féminité.

Il y avait des choix de vie, hors la luxure n'était pas la sienne, et si des habitudes s'étaient forgeaient au fil des temps, il fallait avoir un jour le courage de les rompre pour retrouver le bonheur. Les chemins d'une vie étaient multiples, tout n'était qu'une simple question de choix. Ainsi donc changer de vie n'était pas chose facile, il fallait de la volonté pour cela et beaucoup d'amour. Lylla l'apprenait encore une fois cette nuit. Nous ne serons jamais autre chose, que les simples héritiers de nos actes, et celui qui a un jour semait du vent ne récoltera jamais qu'une tempête, ne dit on pas ?
Il allait maintenant lui falloir appliquer le même conseil que celui qu'elle avait elle même offert un jour pas si lointain « Donner le temps au temps »... Oublier les mauvais souvenirs, pour ne garder que le meilleur... Alors peut être....

Ce n'est pas parce que l'on sait que l'on prend la décision la plus sage, que cela est plus facile pour autant. La blessure était là, bien plus profonde qu'elle ne l'aurait cru de prime abord. Un seul homme l'avait fait souffrir ainsi, mais c'est son décès qui avait provoqué cette douleur, et non une volonté primaire. Roulant le parchemin le plus finement possible, elle alla à la fenêtre et prit la cage que l'employé du pigeonnier lui avait finalement confier. Deux beaux pigeons y reposaient, la jeune femme s'empara du premier. Le volatile, semblable à un ange noir avait l'œil perçant, le poitrail emplit d'une certaine fierté, un port de tête arrogant et semblait même en cet instant avoir un air plus que déterminé, pas le moindre gloussement ne sortit de la gorge animale alors qu'elle attachait le message à sa patte. Seul le silence de la nuit se remplissait de l'écho de son murmure quand la blondinette, l'approchant de ses lèvres, lui souffla le nom de son destinataire et l'envoya dans la ciel en direction de la capitale. L'obscurité le fit immédiatement disparaître à sa vue, et elle se demanda au vue de son départ plus que précipitait si elle le reverrait même un jour !

Voilà, elle venait d'accomplir ce qu'elle se refusait à faire depuis des jours, se raccrochant alors au moindre espoir, à la moindre lueur... Un long soupir lui échappa chargé de détresse et d'espoir à jamais déçu. Elle allait refermer la croisée quand le pigeon blanc comme la neige émis un petit roucoulement. Lylla le regarda et s'en savoir pourquoi sa pensée partie vers celle à qui par respect et affection, elle devait une explication la plus courte et la plus simple fut elle. Retournant à sa table, elle s'empressa de rédiger un nouveau courrier, couchant avec franchise sur le papier, son présent, son devenir et sa loyauté. A nouveau le message fut promptement roulé et attaché à la patte du volatile, un autre murmure à son oreille, et l'animal s'éleva gracieusement dans le ciel nocturne avant de disparaître à son tour. La belle du regard fouilla l'obscurité sans lune de la voute stellaire, se fondit un instant dans cette noirceur implacablement froide et silencieuse, croisant autour de sa poitrine ses bras en un réflexe protecteur. Les mains soudain glacées, elle referma la croisée quand elle entendit son fils gémir dans le grand lit.

Tout ses sens aux aguets, elle gagna rapidement la couche. Le lien si fort unissant la mère et l'enfant aurait il permis à se dernier de ressentir la douleur et la violence des émotions qui étreignait le cœur de sa mère... Ou bien était ce seulement l'air glacial de la nuit pénétrant dans la chambre qui l'avait indisposé ? Quoiqu'il en soit, Lylla s'en prendre la peine de se dévêtir, souffla rapidement la bougie et alla rejoindre l'enfant. S'allongeant tout contre lui, elle se cala contre un oreiller et passant son bras derrière les frêles épaules attira son fils tout contre elle. La tête de ce dernier vint se blottir entre les seins maternels, tandis que tout doucement Lylla en mère aimante le berçait contre son cœur, chuchotant rien que pour lui...

Chut mon amour.... Je suis là .... Ne t'en fait pas mon petit ange, je ne te laisserai jamais... Pour rien au monde !

Lentement Kylian se calma et la chaleur qui émanait du corps enfantin entraina à son tour sa maman dans un sommeil sans rêve.



--Lylla




[Dans le froid de novembre....]

Chaudement emmitouflée dans sa cape de laine, la capuche venant couvrir ses cheveux blonds, Lylla revenait du petit bois qui bordait l'hospice. Depuis qu'elle avait rompu avait celui qui était resté totalement en retrait des événements qui avaient bouleversé sa vie, elle se sentait comme apaisée, reprenant lentement goût aux moindres petites choses de la vie. Tout ses sens en éveil, elle ré apprivoisait la nature environnante. Les couleurs des feuilles automnales avaient lentement cédé leurs places aux branches dégarnies de leurs ramages. Le chant même des oiseaux en ces jours où un soleil frileux tentait de darder vers le sol gelé ses pales rayons, était totalement différents des vrilles printanières. Le vent qui rougissait ses joues en ce début d'après midi, était désormais plus mordant et laissait présager un hiver qui se montrerait très certainement plus rude que les précédents.

Alors qu'elle avançait d'un pas serein, elle repensait au mois qui venait de s'écouler et qui avait connus une incroyable apothéose durant les premiers jours de novembre. Suivant le sentier forestier, la jeune femme qui se sentait le cœur bien plus léger et l'esprit enfin au repos, avait retrouvé sa priorité : son fils !
Malgré le combat acharné qu'elle avait toujours mené pour préserver sa vie de famille, elle avait pourtant finit par commettre la pire des fautes... Celle de s'oublier et d'oublier Kylian pour l'amour d'un homme...

Aveuglée par le charme qu'il savait si bien déployait quand il le voulait, elle lui avait aliéné sa liberté, satisfaisant à ses attentes, présente dès qu'il avait besoin d'elle et restant en retrait afin de me pas l'étouffer le reste du temps, supportant les lourdes discussions dont elle se serait bien passé et d'où découlaient reproches et critiques. Il avait ainsi pris tout son temps pour la pousser insidieusement mais surement à la rupture. Lylla lui accordait au moins cette victoire là, la technique était au point et parfaitement rodée.
O certes, tout comme lui, elle n'était point parfaite, mais le mensonge ne faisait et ne ferait jamais partie de sa vie. Ayant pris du recul, elle se rendait compte à présent que s'il l'avait réellement éprouvé pour elle le moindre sentiment, un simple dialogue constructif aurait suffit à aplanir les difficultés rencontrées. Mais tel n'était pas le cas, elle avait acquis depuis la certitude de n'avoir été qu'un mouchoir jetable dans la vie d'un homme dont le « coeur » battait déjà ailleurs.

Décidément Lylla était d'une naïveté extrême et jamais plus elle ne permettrait à un homme de l'asservir. Aujourd'hui encore, elle se demandait comment elle avait pu se laisser aller à aimer un être qui prenait sans rien donner en retour ? Elle n'arriverait pas à comprendre quel plaisir il trouvait à faire ainsi souffrir les gens...
Malgré ses interrogations qui n'auraient jamais de réponses, Lylla était aujourd'hui en paix avec elle même, finit les crises qu'il se plaisait à provoquer.
Elle se sentait bien loin désormais de cette sordide histoire, laissant d'autres protagonistes se croire aussi blanc que la neige qui viendrait bientôt recouvrir leurs vies de son manteau silencieux et si les lauriers qu'ils pensaient tirer de cette victoire ne seraient jamais qu'éphémères, sa propre conscience, sa mémoire et son cœur détenait une vérité que nul ne pourrait jamais lui soustraire.

Si cette la leçon de vie là, avait été chèrement payé, elle était en tout cas, parfaitement assimilée à présent. Fière, elle pouvait marcher la tête haute car si la vérité avait été blessante, elle n'en était aujourd'hui que plus salutoire.

Lylla se prit même à sourire en songeant qu'il lui faudrait presque remercier une certaine brunette de lui avoir éviter l'erreur de se fourvoyer plus longtemps. Devait elle regretter un homme qui ne l'a voyait que comme un obstacle, un poids, qui l'avait abusé ? Cette réponse là au moins lui avait été offerte.
Si la jeune femme n'était pas une grande croyante, cela ne l'empêchait nullement de s'instruire en approchant la théologie. La lumière se fit dans son esprit lors d'une lecture du dogme Aristotélicien sur lequel elle travaillait, L'éclipse... Ne venait elle pas à son tour de vaincre le premier de ses démons... Asmodée, prince de la luxure qui se complaisait dans les abus de la chair et le nihilisme, dont l'opposé n'était autre que Raphaëlle, l'archange de la conviction... Rafaella... C'était aussi le prénom de la fille de la Duchesse de Brienne, et cette dernière lui avait fait l'honneur de lui demander de veiller sur elle en tant que gouvernante.
Lylla voyait là pour la première fois un signe du ciel. Comme un clin d'oeil de celle dont elle suivait humblement les pas ici bas.

Ses dernières réflexions furent rapidement chassées quand elle évita adroitement une racine de chêne qui traitreusement cherchait à lui faire un croche patte. La blondinette resserra sa main sur le petit panier d'osier contenant sa récolte du jour et que l'ample vêtement dissimulait.
Elle avait pris grand plaisir à ramasser les coques brunes qui s'éparpillaient sur le sol du sous bois. Alors qu'elle arrivait à l'orée des arbres centenaires, son regard accrocha la façade du bâtiment qui s'élevait au bout du jardin et machinalement ses yeux se portèrent sur la fenêtre de leur chambre. Un doux sourire vint se poser sur ses traits qui du fait de l'accident et de ces semaines de solitude accusaient certains changements. Elle imaginait le petit garçon perdu dans la vaste couche, son teint avait enfin retrouvé une teinte légèrement rosée, le feu de la fièvre qui lui avait tenaillé le corps ces derniers jours ayant finit par céder devant l'arsenal de plantes dont avait usé le médicastre.
Pressée de retrouver son petit ange, elle passa tout de même par les cuisines de l'hospice et fit don de sa récolte de châtaignes au marmiton, qui sommeillant près de l'âtre sursauta à son arrivée.

Son rire léger déclenchait par la chute du jeune homme au son de sa voix, raisonnait encore doucement dans le couloir menant aux chambres. Sans même sans rendre compte, Lylla retrouvait doucement la bonne humeur qui la caractérisait et au fil des jours ses yeux retrouvaient ces petites étoiles qu'un homme y avaient éteintes une à unes.
Poussant la porte de la chambre de son fils, elle fut agréablement accueillit par la douce chaleur qui y régnait. Lylla ôta son pardessus et le posa près de l'âtre afin que d'en faire disparaître l'humidité dont il s'était chargé. Posant un genoux sur le lit, elle embrassa doucement le front de son fils, rassurait de ne point le trouver chaud, puis gagna la table où elle s'installa plume en main, afin de rédiger une missive pour celui qui même de loin, avait su l'entourer de son soutien et l'assurer de son affection. Lylla le tenait chaque matin informé de la santé de Kylian, mais elle le savait profondément inquiet de sa propre souffrance et de sa vulnérabilité, aussi lui ouvrant son cœur elle laissa courir la plume et les premiers mots se formèrent...

Un rêve sans amour est un rêve oublié... Soit rassuré je me suis enfin réveiller

Multipliant les allers retours entre le vélin et l'encrier, elle continua à coucher ses maux et ses espoirs en une nouvelle vie.



--Lylla




None sonnait au clocher de la chapelle, quand chaudement vêtue la jeune femme passa lourde porte de chêne qui conduisait vers les jardins. Kylian reposait paisiblement dans la chambre qui avait été mise à leur disposition et Lylla fidèle à ses récentes habitudes se hâtait vers sa promenade journalière. Il faut dire qu'après des jours d'une pluie qui lui avait gâchait son bol d'air quotidien, c'est d'un pas léger qu'elle avait suivit le couloir la conduisant vers Dame Nature.

Arrivée sur le seuil, elle prit une profonde inspiration, emplissant ses poumons de l'air frais de cette fin d'automne, l'odeur de l'humus venant titiller ses narines, lui rappelant que suivant le cycle immuable des saisons, le monde continuait à tourner bringuebalant les hommes dans ses bras universels. Si la jeune femme n'aurait laissé à personne sa place auprès de son enfant, ses petites sorties en solitaire lui permettaient de ne pas perdre espoir en voyant que Kylian ne sortait toujours pas des brumes qui l'enveloppaient. Avançant d'abord prudemment sur le sol rendu glissant par la pluie dont il s'était gorgé, la Belle prit après quelques pas plus d'assurance et délaissant le bois par trop humide, pris la direction des jardins. Elle dépassa le carré de simples, remarquant le soin particulier pris à son entretien, remerciant d'une pensée les végétaux qui proliféraient ici, pour les bienfaits apportaient à son fils chaque jour. Les mains sous la laine de son vêtement, pour ne pas avoir froid, Lylla continua sa promenade, arpentant les allées sans autre but véritable, que celui d'apprécier ses moments qui lui rendait toujours un peu plus de force et d'espoir.

Elle arrivait à l'extrémité du jardin, là où de haut murs en clôturaient l'enceinte, quand un bassin semblant sortir de terre se dressa devant elle. Curieuse, la blondinette s'en approcha et son regard fut captivé par les chatoyantes couleurs des poissons qui s'ébattaient dans l'eau claire. N'ayant pas de connaissances approfondies en pisciculture, elle reconnue malgré tout quelques belles carpes, qui ondoyaient entre des poissons plus petits dont la palette oscillait du blanc perle à l'orange flamboyant. Avisant un petit banc de pierre à proximité, Lylla en ôta les feuilles mortes qui le tapissaient du plat de la main, afin de pouvoir s'y installer et profiter ainsi au mieux de la sérénité du lieu.

La Belle se laissait aller à rêvasser quand un croassement rauque l'a tira de ses pensées. Fouillant le lieu du regard, la jeune femme finit par en trouver l'auteur.

Au pied du rempart de pierre s'était formé sous le torrent liquide, une mare qui avait rapidement prit une vilaine couleur verdâtre peu ragoutante. Une douzaine de pierres plus ou moins grosses, certaines plus lisses, d'autres aux aspérités plus saillantes en émergeaient. La peau lâche et verruqueuse, de gros yeux globuleux et la tête plus grosse que le ventre, un gros crapaud semblait trôner sur un aussi gros cailloux, tel un empereur sur son territoire.
Seul au milieu de sa pataugeoire croupissante, telle une crécelle, il poussait son cri d'amour. Passant d'une pierre à l'autre dans un saut aussi bien lourd que centré, laissant sur chacune l'empreinte de ses pattes toujours humides.
L'attention du petit amphibien fut soudain attiré par une potée de fragiles violettes, sans doute oubliait là par un jardinier tête en l'air. L'air intriguait par l'inconnu qui se tenait devant lui, l'animal s'en approcha prudemment, se gonflant de son importance pour chercher à impressionner l'intrus. Passant d'une pierre à l'autre il finit par venir flairer l'objet de sa curiosité.
Dans la vasque, les petites fleurs d'un mauve sombre, se balançaient gracieusement au gré du moindre courant d'air qui venait les effleurer dans une sensuelle caresse. Lylla spectatrice de cet instant bucolique, s'amusait à voir le manège de la bestiole.
Celui ci se heurtant au pot de grès, et pas assez intelligent pour lever la tête et admirer la couronne de fragiles pétales qui le couronnait, n'y vit très certainement qu'un danger pour sa mare et faisant sortir de sa peau une humeur dégoûtante, cracha son venin sur la face stoïque du pot de terre. Seul et pauvre moyen de défense que lui avait donné la nature que ce crachat bien inoffensif.
Un rire cristallin échappa à Lylla en voyant la réaction de l'animal.
Celui ci recula d'un malgracieux saut avant de recommencer son cirque, geste qui se voulait téméraire mais laissait apercevoir toute sa peur de l'inconnu.
Soudain sortie dont ne sait pas où, un peu comme si elle avait entendu dans le lointain le cri lançait par l'énamouré, une grosse crapaude fit son apparition, bondissant habilement de lieu en lieu pour rejoindre son crapaud charmant.
La jeune femme s'amusait de voir leurs évolutions, sautant l'un derrière l'autre, faisant volte face pour se retrouver face à face, avant de recommencer encore et encore, les distance les séparant se faisant de plus en plus courtes, arriva le moment où la blondinette ne sut plus si le crapaud vint se coller sur le dos de la crapaude ou si ce fut la donzelle qui se cala entres la pattes lourdaudes de celui ci mais un fait était certain, à voir leurs attitudes, des tétards coloniseraient bientôt la mare saumâtre dans laquelle les deux batraciens finirent par plonger corps et biens.

Le rideau venait ainsi de tomber sur le petit spectacle bucolique, Lylla se leva en souriant et s'approcha du pot de violette qui avait affronté impassible la colère du gros crapaud. Sortant les mains de sa cape, la Belle souleva la petite vasque et pris plaisir à en humer les senteurs délicates que dégageaient les violettes. Tournant le dos à la mare croupissante, elle alla déposer la potée sur la margelle du bassin aux carpes. A ce moment précis, un rayon de soleil vint se poser à la surface de l'eau qui renvoya vers les gracieuses pétales de minuscules éclats de diamants dont elles se parèrent l'espace d'un instant, magnifiant leurs délicatesses et le velouté de leurs corolles.

Ragaillardie par son escapade et le spectacle insolite que le crapaud et sa femelle lui avait involontairement offert, Lylla remonta le col de sa cape et après avoir délicatement caresser les pétales odorantes du bout des doigts, repris tranquillement le chemin de l'hospice.

Alors qu'elle approchait de l'entrée, son estomac se mit à gargouiller fortement, déclenchant un éclat de rire spontanée chez la Belle. Voilà que tout cela lui avait ouvert l'appétit. Obliquant vers les cuisine, elle passa voir la matrone qui gouvernait ce lieu sacro saint avec la l'idée de lui demander si elle ne pourrait pas accommoder une belle poêlée de cuisses de grenouilles avec de l'ail et du persil.

C'est donc l'eau à la bouche et sa main reposant sur son ventre sous sa cape que Lylla regagna son asile.



--Nanny.




[En route pour l'hospice...]

Ça faisait un sacré bail que la gouvernante du Clos des Charmilles n'avait pas revue sa patronne. Ben en fait depuis le soir de cette terrible attaque ! Rien qu'à y repenser Nanny en avait encore la chair de poule ! C'est pas demain qu'elle oublierait cette vision de cauchemar !

Jehan avait attaché son poney à la carriole, tenant celle ci prête à partir et était allé fermer l'enclos à l'arrière de la maison, tandis que la solide paysanne fermait les volets des pièces du haut quand elle avait entendue un grand vacarme venant du bas de la maison. Elle imaginait trop bien Kylian en train de mettre la pagaille dans le fournil de sa mère, cherchant la boîte de biscuit que cette dernière cachait toujours à son intention, avant chacune de ses absences. Toutefois, un petit cri et un raffut encore plus grand l'alertèrent et c'est au pas de charge qu'elle emprunta le couloir. C'est la lueur orangée des flamme léchant les premiers meubles et une forte odeur de brulé qui finit de lui faire tourner les sens quand elle atteignit l'escalier. La suite demeurait très vague dans l'esprit de la servante. Elle ne se rappelait que le petit corps de Kylian étendu sur le sol et de silhouettes encapuchonnées de noir qui prenaient la fuite, son propre cri peut être et Jehan qui lui avait fait quitter le brasier.

A genoux dans la rue, complètement désorientée, elle avait bercé cet enfant qu'elle couvait affectueusement depuis sa naissance. Très vite les villageois c'étaient armés de seaux formant une chaine de la Seine au lieu du drame, afin d'éviter que l'incendie ne se propagea aux demeures adjacentes. Jehan, gardant tout son sang froid, était déjà loin sur les traces de la mère du petit. Elle le sentait respirer contre sa poitrine, lui parlait pour qu'il ouvre les yeux.
Kylian didiou !!! Réveille toi mon grand ! Sont partis les méchants ! La nourrice le secouait un peu plus vivement. Allez Kylian !!! Y'a encore des dragons à chasser, revient vite !

Assise dans la même charrette qui l'emmenait aujourd'hui rejoindre sa maîtresse, elle revoyait la scène comme si c'était hier... Les sons, les odeurs, la peur, tout était là, bien ancré en elle.

Après tout était allé très vite, Dame Lylla qui était à ses côtés, la souffrance qui se lisait dans ses yeux en prenant son fils dans ses bras, le médicastre, les premiers soins et puis le départ, rapide, trop rapide vers l'hospice. Et Nanny était resté là, planté au milieu de la place, perdue, comme si le monde s'était soudain écroulé. C'est ce pauvre Jehan qui l'avait aidé à se relever et n'avait pas hésité à lui coller deux bonnes baffes pour la ramener sur terre. Quoiqu'il avait eu une bonne idée le bougre vu qu'il s'était manger une copieuse mandale en retour ! A pour sur ça lui avait fouetter les sangs à la Nanny ! On avait du l'entendre râler à des lieux à la ronde !
Brigand de mes deux ! Espèces de marauds va !! S'en prendre à un enfant, faut qu'ils n'aient rien entre les jambes ceux là !!

C'est la joue portant encore la trace rougeâtre de la main féminine que le malheureux palefrenier avait finit par la convaincre de monter sur son poney et de gagner la petite demeure que possédait leur maîtresse à la sortie de la ville.
Dieu que la maisonnée lui avait paru vide sans la mère et l'enfant ! Et ce diable de cousin où était il passé !
Pfff ces hommes tous les mêmes jamais là quand on a besoin d'eux ! Il aurait pas pu empêcher cette folie, qu'elle idée avait il eu de la laisser partir à Reims !!! Il aurait du la retenir oui ! L'attacher à lui s'il le fallait... A ces messires ils pouvaient faire les beaux avec leurs grandes épées, mais quand fallait réfléchir deux secondes ben y'avait plus personne ! Je t'en foutrais moi des promesses !! Jamais croire un bonhomme, elle lui avait dit et répété la mère !

Des jours entiers qu'elle avait passé à rouspéter dans les oreilles du puceau qui lui servait de réceptacle à sa mauvaise humeur. Certes il la connaissait et savait que ses chamailleries n'étaient que le reflet de son inquiètude mais bon si elle était un peu honnête, elle remarquait bien qu'il devait lui aussi en avoir ras la patate de l'entendre sans cesse ronchonner.

Trois semaines.... Nanny n'en revenait pas... Elle avait réussie à tenir trois semaines.... Les pigeons faisaient des allers et venues, mais bon, ce matin elle avait carrément décidé que l'attente avait par trop duré ! Aussi dès que la maisonnée fut en ordre, ce qui alla fort vite vu que depuis que Madame était avec le petit à l'hospice personne n'y avait pointé son nez... Elle avait beuglé de la porte de la cuisine

Jehan attelle la carriole ! Y'en a marre on va voir Madame et le petiot !

Hé hé, comme un lapin qu'il avait détalé, jamais il avait travaillé aussi vite le bougre.
Dans la charrette, bien au chaud dans une cape de lapin que sa patronne lui avait ramené de Reims en lui disant qu'une très grande Dame lui en faisait présent, Nanny regardait en souriant le jeune gars à côté d'elle. Derrière le siège qui les accueillaient un panier bien remplit et posait sur le dessus, l'épée et le bouclier de bois du petit chevalier de la maison.

La gouvernante poussa un soupir à fendre l'âme et quand les murs de l'hospice se dressèrent devant ce couple hétéroclite, les pensées de la paysanne étaient tournées vers le Très Haut.
Écoute moi bien toi là haut, c'est par parce que t'es sur le soleil que tu dois avoir la tête dans les nuages ! Garde plutôt les pieds sur Terre et pense un peu à ceux d'ici !
T'as intérêt à te bouger pour remettre de l'ordre dans cette belle pagaille parce que ça va plus là ! Allez ouste bouge toi un peu ou foi de Nanny on aura des comptes à régler tout les deux !



Lylla


[Au matin du même jour...]

Le médicastre était encore venu ce matin et après avoir consciencieusement auscultait le petit garçon, c'est un sourire encourageant qu'il avait adressé à sa mère.

Dame Lylla, je sais et le lis sur votre visage, l'angoisse et l'inquiétude concernant votre fils. Je ne peux vous dire quand, mais votre fils est solide et ses fonctions vitales montrent qu'il va bien.

L'homme d'un certain âge, aux cheveux blanchis qui lui donnaient les airs d'un sage, lui prit la main et la tapota affectueusement comme l'aurait fait un père.

Il va se réveiller Dame, j'en mettrai ma barbe à couper. Il émit alors un petit rire qui fit tressauter sa taille replète.

Allez faite moi donc plaisir, pensez un peu à vous ! Je vous prescrit une promenade hors de nos murs. Nous prendrons le plus grand soin de notre petit malade, mais il a besoin d'une maman en bonne forme. Prenez donc du temps pour vous, je suis sur que vous manquez à beaucoup de monde...

Un sourire discret fit son apparition sur les lèvres de la jeune femme, des visages passèrent rapidement devant ses yeux, il lui semblait soudain que cela faisait un siècle, qu'elle vivait ici, coupée du monde, n'ayant que les allers et venues des pigeons pour ne pas se sentir totalement isolée.
La belle se permit de poser un baiser sur la joue parcheminée du médecin, il avait tant fait pour eux, qu'un lien fait d'affection et de respect avait commencer à se tisser entre eux.

Je vais donc vous écouter Messire. Un coup d'œil à l'enfant qui reposer paisiblement dans les draps blancs, lui confirma les dires du vieil homme. Je vous le confie... Encore une fois... Et m'en vais de ce pas suivre vos recommandations.

Évitant de trop réfléchir car cela aurait sans doute fait s'envoler cette belle résolution, Lylla s'enveloppa dans sa cape et gagna les écuries. Un jeune homme s'empressa de sceller une monture avant de l'aider à se mettre en selle. Les rennes en mains, le dos bien droit, le menton fièrement relevait dans l'air frais de ce milieu de matinée, ses cheveux flottant librement dans son dos, la cavalière, d'un coup de talon, lança l'animal sur la route de Troyes.

Les quelques lieux qui séparaient l'hospice de la ville furent vite franchies par l'animal qui ne demandait qu'a galoper sur le chemin terreux. L'esprit pour une fois vide de toutes préoccupation, la jeune femme n'en savourait que plus pleinement ce moment de liberté, qui s'emplissait soudain d'un sentiment de joie sauvage... Elle avait oublié combien cela pouvait être agréable, n'avoir de compte à rendre à personne, avancer droit devant sans regarder dans son dos.... Bientôt les murs de Troyes se dressèrent devant son regard réjouit.

[Quelques heures plus tard...]

C'est le cœur léger qu'en milieu d'après midi, la blondinette prit le chemin du retour. Le médicastre avait eu grandement raison de l'envoyer retrouver les êtres qui lui étaient cher. Que de bonheur que cette journée de retrouvailles.
La tête lui tournait un peu, après toutes les chopes soulevé pour fêter son retour et espérer le prompt rétablissement de son fils. Les marques d'amitiés et les propos chaleureux, c'étaient succédés au fil des heures qui s'écoulaient pourtant si vite.
A peine était elle arrivée, que sa belle sœur avait eut tôt fait de la prendre par le bras et de l'emmener dans une des salles de la mairie où se tenait un concours d'écriture.

Ma belle, vient avec moi. Je comptais te l'envoyer mais comme tu es là autant en profiter. Tu sais ton frère ne parle pas beaucoup, mais je crois que ce qu'il vient d'écrire te comblera...

Sur ses propos mystérieux Lylla souriante, lui avait emboité le pas et qu'elle ne fut pas sa surprise et son émotion, quand après avoir franchit la porte, sa main dans celle de Love, elle découvrit le poème que Drengin avait afficher à son intention. Les mots se coulaient sur son cœur meurtri comme un baume bienfaisant....

Citation:
Pour ma sœur....

Tu as un joli nom celui d'une fleur,
Mais aujourd'hui tes pétales ont fanées.
Je sais à quel point saigne ton cœur,
C'est avec le temps que je vais te soigner.

J'ai décidé de te prendre par la main
Et de panser toutes ces blessures
Qui sont le fruit de tes mésaventures
En attendant de meilleur lendemain.

Je sais qu'au Printemps tu vas refleurir,
En t'abreuvant des premiers rayons de soleil,
Tu redeviendras doucement Merveille.
Je reverrais ainsi sur ton visage, ton sourire.

Ton frère qui t'adore, Dreng

Une larme vint caresser le velouté de sa joue quand l'émotion lui noua la gorge. D'une main tremblante, la Belle décrocha le parchemin et après l'avoir soigneusement roulé le glissa dans la douce vallée qui courait entre ses seins.

Témoin de son émotion, celle qui après avoir été sa belle sœur était devenue sa sœur de cœur, l'embrassa affectueusement avant de glisser à son oreille

N'oublie jamais que quelque soit les blessures que t'infligera la vie, il y aura toujours ici des gens qui t'aiment et attendent avec impatience, votre retour. Sur ce elle essuya la perle saline du bout des doigts et la saisissant par la taille, la poussa doucement vers une table.

Allez pose toi là cinq minutes et écris moi un truc qui me fasse rire, je te connais assez pour savoir de quoi tu es capable ! Un rire franc s'échappa de la gorge de Lylla, quand elle s'empara d'une plume présente sur la table et la trempa dans l'encrier. Elle posa un regard malicieux sur le parchemin qui n'attendait que sa main et adressa un clin d'oeil à Love avant de se lancer dans l'écriture. Tu n'as vraiment peur de rien toi !

En peu de temps, le vélin se couvrit des mots qui s'enchainaient sous la main délicate qui tenait la plume. Le regard brillant, un sourire épanouit aux lèvres, Lylla se livrait à un exercice qu'elle aimait particulièrement. En quelques minutes, le ton fut donné, et le texte rédigé. Quand Lylla voulut le tendre à Love celle ci refusa d'un signe et lui désigna le bureau. Vas donc le déposer, et qu'il concoure avec les autres. Tout le monde pourra ainsi profiter de ta verve ma belle !

La chose fut vite réglée et c'est bras dessus, bras dessous que les deux jeunes femmes regagnèrent la taverne où un copieux déjeuner les attendait, repas encore plus délicieux qu'il fut partager avec ses amis les plus proches. Même le maire, lui fit l'honneur et l'amitié de venir se joindre à eux.

Alors que sur le chemin du retour Lylla repensait à toute cette joie et ses éclats de rire, un sourire heureux, tel qu'elle n'en avait plus arboré depuis plusieurs semaines flottait sur ses lèvres.
Ses pensées allèrent au vieil homme que le matin même, l'avait presque mis dehors, l'incitant à reprendre pieds dans sa vie, et elle se promit dès son retour d'aller le remercier pour ce bonheur retrouvé !

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Lylla


A peine était elle rentré que Lylla fonçait droit sur la chambre qu'elle partageait avec son fils. Parcourant à vive allure les couloirs qui la menait vers Kylian, elle défaisait en avançant le fermail qui retenait sa cape après avoir ôté ses gants qu'elle avait glissé sous son bras. Elle repensait au instant de bonheur qui avait égrené ce début de journée.

Ouvrant la porte qui donnait sur la vaste pièce, Lylla posa son regard sur son petit garçon. Un pale rayon de soleil éclairait à cet instant le visage juvénile et la ressemblance avec son père apparut alors une fois encore comme une évidence à la jeune femme. Le même menton volontaire, les pommettes hautes, un front bien dégagé...

Alors qu'elle posait sur une chaise les vêtements qui l'avait protégé du froid mordant de ce début d'hiver, la belle ne put s'empêcher de penser à celui qui partageait avec eux cet air de famille... Demetrio...

Le petit garçon dormait toujours paisiblement, on voyait bien qu'il avait perdu un peu de poids mais rien de bien grave à ce qu'en disait le vieux praticien.

S'avançant vers la flambée qui adoucissait la température de la pièce, Lylla tandis ses mains vers la chaleur de l'âtre, elle ne voulait pas que la fraicheur de ses doigts puissent perturber son fils. Alors que lentement elle sentait comme de multiples petites aiguilles transpercer sa peau au fur et à mesure que ses mains reprenait chaleur, son esprit dérivait lentement. Demetrio...

Elle revoyait son arrivée chez eux durant l'été et les révélations qui s'en était suivit.
Son enfance et celle de Darkf, leur lien de parenté, la tragédie qui s'était abattue sur leur famille, le douloureux chemin de l'exil, la séparation des deux cousins...
Toute l'histoire défilait dans sa mémoire, jusqu'au jour tragique de l'assassinat de celui qui devait devenir son époux...

Que de souffrances, que de peines avaient jalonné leurs vies... Les larmes ne leur avaient été épargné ni aux uns ni aux autres... Et cette longue traque à laquelle c'était livré Demetrio, exécutant un à un les assassins de son cousin, veillant sur la veuve et l'orphelin à distance.
Il n'était venu vers eux que lorsqu'il fut sur que désormais Kylian pourrait vivre sans crainte.

S'éloignant de la cheminée, Lylla alla s'assoir sur le grand lit et soulevant le petit corps inerte, le prit dans ses bras pour le bercer tendrement, le câliner, lui faire sentir toute la force de l'amour de celle qui lui avait donné la vie...

Elle caressait doucement les fins cheveux de son fils, posant par instant ses lèvres en un doux baiser sur son front.

D'autres images venaient se profiler devant ses yeux noisette, l'accueil que Kylian avait réservé à ce cousin sorti du néant, le héros qu'il représentait à ses yeux d'enfant, la douceur que le grand gaillard blond avait finit par manifester au petit moucheron qui s'accrochait à ses basques... Un sourire attendri à ses souvenir fut rapidement chassé par une vague d'inquiétude... Que devenait Dem ?

La blondinette avait eu tant de mal à garder la tête hors du cataclysme qui emportait sa vie ces derniers temps, qu'elle en avait oublié la rassurante présence de celui avec qui des projets avaient été envisagé, avant qu'un sort à l'arrière goût de revenant de vienne tout balayer... Préférant chasser l'image même de celui pour qui elle avait sottement perdu la tête, elle reporta ses pensées vers le blond solitaire...

La belle était en train de songer qu'il faudrait absolument qu'elle tente de savoir ce qu'il était advenu de lui quand un joyeux tintamarre ce fit entendre dans le couloir...

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--Nanny.





Jehan avançait plus lentement derrière la gouvernante, tout empêtré qu'il était par le panier lourdement chargé de victuailles et le gros baluchon que lui avait collé Nanny dans les bras. Cette dernière riant sous cape, ne perdait pas une miette de la longue série de râlements du puceau.

Mais y'a de quoi soutenir un siège là ! Compte peut être plus rentrer la grincheuse ! Grommelait il dans le dos de celle qui d'un pas assuré avançait dans le long couloir menant à la chambre du leur petit maitre.

Faut dire qu'elle s'en laissait pas raconter la bonne femme. D'abord la petite bonne femme qui avait voulu les arrêter à peine franchit le seuil de l'hospice. Comme si un petit bout de femme pas plus haute qu'une enfant et aussi costaud qu'un rameau d'olivier allait arrêter la jivaro !

Je viens en visite à ma maîtresse et son fils, elle seule me dira de repartir si ma présence n'est pas souhaitable en ce lieu, pardonnez mais je n'ai aucun compte à vous rendre Dame.

Ces quelques mots assortis d'un regard belliqueux avait dissuadé la frêle gardienne de stopper Nanny dans ses retrouvailles. C'est donc avec un grand sourire au lèvres qu'elle posa la main sur la poignée de la porte et poussa doucement celle ci. Le spectacle qui s'offrit à la gouvernante n'avait rien de particulier, combien de fois avait elle vu la mère berçant tendrement son fils... Sauf que là y'avait bien un problème, au lieu de rire et taquiner sa maman, Kylian, les yeux clos ne réagissait pas. Masquant l'émotion qui lui serrait le coeur devant ce petit bout de chou que la vie décidément n'épargnait guère, Nanny toussa fortement pour signaler sa présence à sa maîtresse qui comme souvent semblait dans la lune !

Nanny !!!! Le cri de joie de sa patronne, eu raison de la trouille de se faire renvoyer dans ses pénates, décidément, venir ici avait été une excellente décision ! Sans plus hésiter, la gouvernante entra plus avant dans la chambre, révélant dans son dos la présence du jeune palefrenier.

Jehan vous aussi êtes venu ! Sur les traits de la blondinette se lisait le soulagement de se voir entourer des membres de sa maisonnée. Nanny tapa un clin d'œil à Jehan puis de ses index remonta le coin de ses lèvres fines, lui faisant signe ainsi d'afficher un sourire à leur maîtresse qui n'avait pas besoin de voir sa tronche de six pieds de long ! Le jouvenceau ne se fit pas prier avant de s'exécuter connaissant trop bien, la spécialité de la gouvernante à servir la soupe froide et le pain rassi quand elle n'était pas contente.

Boudiou ! Mais vous voulez vous envoler ma parole ! Regardez moi ça, mais c'est que vous flotter dans votre robe là ! On dirait un fantôme endimanché ! Un vrai sac d'os !! Croyez pas que c'est comme ça que vous aller trouver un papa à notre petit ange, je vous le dis moi, ces messieurs aiment la chair fraiche et tendre, avoir les mains pleines oui mais de douceurs pas d'os saillants ! Je vais vous remplumer moi, ça va pas trainer !

Sans plus attendre la solide paysanne repoussa sur un coin du bureau toute la paperasse qui l'encombrait et sur un signe du menton, Jehan vint y déposer son lourd fardeau avec un sourire autant rougeaud que reconnaissant.
Les mains agiles de la gouvernante soulevèrent le torchon et apparurent comme par magie sur la table une petite terrine de pâte de coing, un gros pot de miel, un gâteau à la croute toute doré qui faisait saliver dès le premier regard, un cruchon de lait, un autre d'hydromel et jamais le panier ne semblait se vider, tel un coffre au trésor !

Nanny était heureuse de voir le regard de Lylla s'animait enfin, alors faisant un effort démesuré, agissant comme si tout cela était le plus normal du monde, elle se saisit de l'épée et du bouclier qui avait été posé de côté et s'approcha du lit où reposait Kylian. Un lourd silence s'abattit sur la pièce, contrastant avec les rires qui l'avaient précédé.
D'un geste à la fois bourru et tendre, Nanny alla embrasser les cheveux de celui sur lequel elle veillait avec une affection toute maternelle depuis sa naissance, elle posa la bouclier sur le ventre de l'enfant et glissa l'épée dans sa main avant de lui murmurer en retenant les grosses larmes qui s'évertuaient à vouloir venir jouer à trappe-trappe sur ses joues.

Reviens nous vite mon bonhomme, ta maman a un drôle de dragon à tuer, elle a besoin de son chevalier !

Puis se raclant la gorge pour masquer son émotion, elle se redressa et fit face aux deux figures de poulpes debout comme des statues devant elle.

Ben vous avez pas finit vous deux de me regarder là ? Z'avez rien d'autre à faire ? Allez ouste à table et avaler moi tout ça les moineaux !



Lylla


[12 décembre 1457...]

Flottant dans un demi sommeil qui faisait suite à une nuit agité de rêves étranges, Lylla sentait ses membres engourdis par la nuit passée dans le fauteuil la ramener dans la fraîcheur du petit matin. Dans un coin de la pièce proche de la cheminée, Nanny dormait sur la paillasse qu'on lui avait installé, et dans le grand lit, son ange, son trésor, son fils... Seule une immense douceur se lisait dans le regard de la jeune femme quand ses yeux se posèrent sur le visage de celui qui aujourd'hui avait huit ans ! C'était l'anniversaire de Kylian, les souvenirs la ramenèrent en arrière durant cette froide nuit huit années plutôt, où aidé de sa belle sœur, elle avait donné la vie à ce petit être qui avait pris toute la place dans sa vie, comblant l'absence de son père et remplissant d'amour le cœur de sa mère. Tournant la tête vers la fenêtre, elle vit à travers les carreaux une dernière étoile briller dans le ciel qui s'éclaircissait doucement... Elle espérait sincèrement que Darkf de là haut était fier de leur enfant, l'enfant de l'amour...

Elle était perdu dans ses songes quand un pigeon vint se poser sur le rebord de la fenêtre, tapotant vivement du bec pour se faire repairer. Qui pouvait bien lui écrire ? La pauvre bête arrive t elle de Franche Comté ? Il était encore bien tôt pour cela... Sacraï devait encore être à remplir ses rapports et veiller sur le marché de sa bonne ville... A moins qu'il ne soit sur le port à houspiller les premiers ouvriers. Un sourire aux lèvres à cette idée, Lylla se leva, la couverture qui l'avait protégé du froid de la nuit s'écrasa à ses pieds alors qu'elle étirait longuement ses muscles engourdis. Posant un pieds devant l'autre sans faire de bruit pour ne pas déranger les dormeurs, elle gagna la fenêtre détacha le petit cylindre de la patte du volatile avant de le déposer délicatement dans l'abri accroché à même le mur, où il trouverai chaleur et nourriture après sa course. Refermant le battant vitré, Lylla prit connaissance du message, au fur et à mesure de sa lecture son teint blanchissait. Ainsi donc l'histoire se répétait !

Presque un an jour pour jour après, Reims venait à nouveau de tomber !

En quelques lignes fort bien tournaient les nouvelles s'enchainaient : apparition de nouvelles têtes, pour ne pas dire « langues », retournement de veste, chose hautement prévisible, disparition programmé des anciens membres du conseil qui planifier la reprise en main de la situation, l'embrasement des esprits suffisamment obtus et étroits pour n'avoir rien d'autre à faire en de pareils instant que de mettre encore un peu plus la panique... Ses yeux emplit d'une profonde tristesse se posèrent sur le visage infantile. Que faire ? Devait elle rester ici auprès de lui et laisser les champenois se dépatouiller au milieu de tout ce fourbi, ou rallier la ville et mettre son bras au service de son Duché... Le choix qui s'offrait à elle était des plus délicat. Pouvait elle laisser à nouveau son fils derrière elle ?

Lylla faisait les cent pas dans la chambre, l'ongle de son pouce porté à sa bouche, était devenu entre ses dents le bouc émissaire de ce chaos qui régnait en elle. Les questions s'entrechoquaient les unes aux autres mais une seule persistait à résonner dans sa tête, partir ou rester ?
Quand le premier rayon de soleil vint traverser la croisée et apporter sa lumière salvatrice dans la chambre, ce fut comme si à cet instant la lumière se faisait dans le cœur et l'esprit de la jeune mère.

Depuis huit ans, elle se battait chaque jour pour que son enfant eu la meilleur vie possible dans un duché à la hauteur des espérances de feu son père, Kylian lui même tel un vaillant petit soldat, l'avait toujours encourager « soit la plus forte maman », « maman laisse pas faire les méchants ! », sa petite voix raisonnait à ses oreilles comme pour guider son choix. Au pied du lui de l'enfant, reposaient l'épée et le bouclier, les deux objets auxquels il tenait tant, lui le pourfendeur de dragon.
Un petit sourire en coin vint révéler la profonde tendresse qui unissait la mère et le fils.
Sa réponse était là... sous ses yeux.. depuis toujours !

Le pli nerveusement froissé dans sa main alla finir sa vie dans l'âtre où il se consuma rapidement, se tordant et rétrécissant, tel un résidu famélique, à l'image des marauds qui voulait voir la Champagne à genoux encore une fois.

Les fontes furent rapidement remplies, des vêtements chaud et confortable seraient sont unique besoin, elle trouva dans le panier de Nanny suffisamment de vivre pour tenir plusieurs jours, le tout soigneusement empaqueté alla rejoindre ses affaires. Elle fit une rapide toilette et enfilait une tenue de voyage quand une petite voix se fit entendre.

Dame... Mais.... Mais que se passe t il ?

Nanny les cheveux en bataille et l'œil encore plein de sommeil se tenait à derrière elle à grelotter pieds nus sur le sol glacé. Plaçant son index sur ses lèvres pour lui faire signe de se taire, Lylla contre toute notion d'étiquette alla chercher les chausses de la brave femme, les lui tendit et alors qu'elle les enfilait, alla ouvrir la porte qui donnait sur le couloir, lui faisant signe de la rejoindre.
Une fois les deux femmes réunit dans l'ombre, Lylla prit les mains gelées dans les siennes dans un geste qui se voulait rassurant.

Nanny, j'ai reçu de bien mauvaises nouvelles, des brigands se sont emparés du château de Reims. Ils sont en train de piller notre Duché !

La gouvernante à ces mots sortie complètement de sa torpeur.

Quoi ??? Encore !!! Mais faut il que nous soyons maudit ou bien incompétents !

Elle ferma aussitôt sa bouche devant le regard réprobateur que lui lançait sa maîtresse, si celle ci laissait à ses gens leur liberté d'opinion, elle aimait à les voir se serrer les coudes dans les mauvaises passes et on y était en plein dedans là! Gardant ses pensées pour elle... pour une fois... Nanny reporta toute son attention sur Dame Lylla.

Cette dernière après avoir chasser d'un vague geste de la main ce bref aparté reprit le fil de la conversation.

Comme vous pouvez le voir, je pars sur l'heure Nanny, je compte encore une fois sur vous pour me remplacer auprès de Kylian. Ne laissez personne l'approcher en dehors du médicastre d'ici, lui seul à ma confiance. Si quelque chose ne va pas faite venir Jehan et prévenez moi aussitôt !

La pression de ses mains s'accentuant, Lylla baissa le doux timbre de sa voix de quelques octaves avant de poursuivre.

Nanny, vous êtes comme une seconde mère pour Kylian et vous savez que je n'ai que mon fils au monde... Je vous en prie, encore une fois, veillez sur lui pour moi....

Des larmes de détresse perlaient aux yeux de Lylla quand elle acheva sa phrase.
Trop émue pour cacher la confiance et presque, l'amitié, que lui faisait encore une fois sa maîtresse Nanny serra à son tour ses mains dans les siennes avant de répondre vibrante d'émotion.

Allez Madame, je vous promet sur ma vie de veiller sur notre petit ange, ne vous faite aucun souci, mais revenez nous vite et au mieux de votre forme !

Un léger sourire étira les lèvres carmin de Lylla quand elle serra une dernière fois les mains de sa gouvernante alors qu'un léger Merci se faisait entendre, puis essuyant ses yeux humides, la blondinette revint sur ses pas, s'assit sur le lit et prit son fils endormi dans ses bras...
Il avait maigrit malgré tout les bons soins dont on l'entourait ici, et Lylla craignait chaque jour un peu plus qu'il ne réouvre jamais ses beaux yeux. Mais si l'enfant continuait à se battre contre le mal insidieux qui l'affaiblissait, tout comme lui et à son exemple, elle devait combattre les êtres malsains qui rongeaient la Champagne.
Un long moment elle le berça contre elle, s'imprégnant de son odeur d'enfant, caressant la fine soie de ses cheveux, les mêmes que ceux contenu dans le médaillon qui reposait entre ses seins depuis leur première séparation.

Je t'aime Kylian, je t'aime fort... Nanny va rester avec toi et je te promet de revenir très vite près de toi, mais il faut te réveiller mon ange, il le faut tu entends !
Bon anniversaire mon poussin...

Après l'avoir embrasser tendrement sur le front, Lylla le reposa sur la couche remontant les couvertures sous son menton, derrière elle, Nanny cachant bien mal son émotion se dandinait d'un pieds sur l'autre. La belle attacha sa cape à son cou, releva sa capuche, pendit ses sacoches à son épaule et prit son bâton.
Arrivé à la hauteur de la gouvernante, elle tenta de la rassurer d'un sourire.

Je ne serais pas seule Nanny, des compagnons m'attendent pour prendre la route... Pour Kylian Nanny... Pour la Champagne et pour Kylian !

Sur ces derniers mots, elle passa le seuil et referma la porte derrière elle, peut être par peur de renoncer et de revenir sur sa décision, aussi s'obligea t elle à gagner rapidement les écuries.
Seller sa jument, gagner la taverne, rejoindre ses compagnons de voyage, tous des amis, et prendre la route.
Aller arracher aux mains impies le fruit du labeur champenois, se relever et se battre encore et toujours, voilà ce qu'elle avait à faire !

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Lylla


[Reims...]

Après deux jours de voyage sur les routes gelées de Champagne le petit groupe avait finit par rallier Reims. Trop tard cependant pour apporter leur aide à la reconquête du château. La polémique faisait rage en ces temps de troubles, complot, trahisons étaient les mots qui dominaient toutes conversations en taverne comme sur la place publique.

Lasse d'entendre tout ces gens s'entre critiquer et d'en voir d'autre retourner leur veste aussi vite qu'une catin soulève ses jupes, Lylla avait chercher refuge dans la douce chaleur d'une taverne. Certes elle savait qu'en revenant ici elle finirait fatalement par le voir, mais l'eau avait coulé sous les ponts et la jeune femme que le long sommeil de son fils angoissait au plus haut point, avait commencé à pardonner à celui qui l'avait tant blessé.

C'est donc sans crainte et sans rancune qu'elle se présenta devant lui. Sa promise était là aussi, étrangement elle parut à la blondinette bien fade et effacée.. Où donc était passé la piquante brunette qu'elle avait connu. Eteinte, silencieuse, effacée, Lylla ne la reconnaissait plus.
Etait elle malade ? Il ne semblait pas pourtant...

Si toute la journée se déroula sans le moindre accroc, ce fut au soir que soudain la terre trembla.

Une phrase malheureuse au moment du départ, alors qu'elle venait de réitérer ses félicitations aux futurs mariés, avait mis le feu au poudre...
Après coup Lylla s'en était fortement voulu d'avoir sans le vouloir peiné une jeune femme qui avait été maintenue dans la plus stricte ignorance. Mais après réflexion était ce réellement sa faute ?
Y était elle pour quelque chose si celui qui se qualifiait lui même de grand séducteur, ressortait le même discours et le même baratin mille fois réchauffer aux femmes qui avaient la malchance de croiser sa route ? Aujourd'hui elle savait que non.
Toutefois, elle ne pouvait en fin de compte que remercier le ciel, car suite à cela, le vil flatteur qui admirait encore amicalement son sourire quelques heures plutôt, se dévoila enfin au grand jour.

Enfin il montra son vrai visage, une face déformait par la haine, crachant sa vérité comme si cela pouvait la blesser.

Mais le fait d'apprendre de sa bouche qu'il l'avait choisit dans « sa liste », qu'il l'avait habilement manipuler « sachant dire exactement ce qu'il fallait quand il fallait », que par amour pour lui elle en vienne à rompe une promesse de mariage ne l'avait nullement retenu dans son entreprise, que c'est même dans ce but que sciemment et sans amour à son égard il lui avait parler de faire un enfant, qu'il n'avait eu aucune honte à la pousser odieusement dans ses retranchements afin qu'elle lui écrive enfin cette lettre de rupture qu'il attendait tellement, comme l'ultime signe de son innocence dans toute cette histoire...

Et encore, Lylla avait été tellement stupéfaite par ce qu'elle entendait que certaine chose avait du lui sortir de la tête. Entre autre pourquoi était il allé si rapidement parler de leur "histoire" à celle dont elle était Dame de compagnie, ou encore son attitude faussement amoureuse à son égard envers son cousin et chef de famille alors Comte de Franche Comté...


Mais désormais cela lui importait peu, car oui, le fait de l'entendre énoncer cela à haute et intelligible voix, de voir ses yeux brillant de la haine qui l'animait, n'avait fait qu'agir à l'inverse, libérant définitivement son ex conquête du poids qu'était devenu leur ancienne relation.

Ayant enfin compris que cet homme qui se vantait de pouvoir manipuler qui il voulait quand il voulait, n'avait absolument aucune conscience, c'est libérer d'un énorme boulet que Lylla pouvait désormais quitter Reims, l'esprit enfin libre de son ignoble emprise.

Les affaires du duché qui suivaient leurs cours ne nécessitaient plus leur présence, et avec l'autorisation de la Duchesse, Lylla et Zeff son fidèle ami, décidèrent de laisser la capitale derrière eux.

Les fêtes de la Saint Noël approchaient à grand pas et Lylla souhaitait visiter la fille de sa défunte marraine. De plus elle avait appris par le plus grand des hasards, qu'une personne rencontrait durant l'été y résidait à présent, et l'idée de la revoir ne pouvait que l'enchanter.

Après avoir reçu les nouvelles journalières sur l'état de santé de son fils, et que Nanny lui ai encore une fois spécifié que sa présence n'apporterait pour l'heure aucune amélioration à l'état de Kylian c'est donc le cœur léger que la Belle se remit en route, direction Varennes !

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Lylla


[ De Reims à Varennes et de Varennes à Reims ]

Bravant le froid qui recouvrait la Champagne de son manteau givre, c'est de bon matin que Zeff et Lylla avait rallié la bonne ville de Varennes. Alors que son ami allait prendre un repos bien mérité, c'est en taverne que la blondinette décida d'aller chercher un peu de chaleur pour récupérer du voyage nocturne.
Si la première rencontre de la jeune femme fut de taille, elle ne pouvait augurer que de bonnes surprises. C'est en effet une homme rencontré plusieurs mois auparavant à Troyes qui l'accueillit avec un grand sourire.

Lylla était ravie de revoir une personne qui l'avait marqué par son enthousiasme et sa gaieté contagieuse. Il ne fallut à la jeune femme que quelques heures pour se rendre compte que l'attirance ressentie au premier abord pour Mandra se confirmait et ne demander qu'à s'épanouir en une amitié qu'elle espérait durable et sincère.
Un lien étrange fait d'affection et de respect, se tissait petit à petit entre eux.

Les retrouvailles avec Astrid, la fille de sa défunte marraine avaient été à la hauteur de ce que Lylla en avait espéré.
Aussi drôle qu'attachante, la fillette était le vivant portrait de sa défunte maman, peut être même un peu trop au goût de certain. Mais quoiqu'il en soit, elle était avant tout pour Lylla une enfant qui éloignée de ce père qui omettait sans cesse de lui donner des nouvelles et pire encore d'en prendre, avait un besoin immense d'amour et d'attention.
C'est avec une joie sans borne, qu'elle pu constater que la fillette, aussi bavarde qu'attendrissante avait su trouver sa place à Varennes et qu'entre Amaurie, le chasseur de dragon qui chaque jour lui rappeler un peu plus Kylian et lui rendait espoir et Arcane qui s'occupait des deux enfants avec une tendresse et une bonne humeur inégalée, et bien Astrid avait réussit à se faire sa petite place et si sa famille de sang l'avait petit à petit oublié, elle avait su s'entourer de l'essentiel, une famille de cœur !

Lentement Lylla apprenait à connaître cette ville dont la douceur de vivre, la gentillesse et la jovialité des habitants la charmer un peu plus chaque jour.
Et puis Il était entré dans sa vie... Tranquillement, à pas de loups, ils s'étaient découvert, au cours de longues nuits passaient à discuter ils s'étaient doucement apprivoisé, laissant croitre ces sentiments qui évoluaient entre eux sans même qu'ils y prêtent réellement attention.
Elle qui sortait de la pire des histoires, qui refusait de croire les paroles doucereuses d'un homme, avait laisser le tendre charmeur, l'approcher, découvrant les souffrances qui avaient aussi jalonné la vie de cet être qui savait pourtant lui prouver par son attention et sa tendresse combien la vie pouvait valoir la peine d'être vécut...
Scola... Près de lui son cœur s'était remis à battre, sans qu'ils s'en rendent vraiment compte, chaque jour il effaçait un peu plus, les blessures causaient par le méprisant menteur, son amour étant le baume le plus puissant qu'il pouvait lui offrir.

Toutefois les nouvelles qui lui parvenaient de Troyes n'avaient rien qui puissent égayer son cœur. Si l'état de santé de Kylian restait stable, là bas dans sa ville natale, les trahisons se faisaient légions et chacune lacéraient son cœur.
Une fois encore elle avait donné sa confiance sans faux semblant, ouvert sa porte et tendue sa main à celui qui aujourd'hui lui mentait et agissait dans son dos... Et dire qu'elle avait cru en son amitié... Une fois encore sa naïveté la rattrapait et c'est bien grâce à l'aide de ces quelques proches qu'elle résista à cette nouvelle tempête qui s'abattait sur sa vie.
La décision de quitter Troyes s'imposa alors comme une évidence !
Il était temps de se remettre en route pour aller chercher ses biens. Si le but de ce voyage n'avait au fond rien d'agréable c'est malgré tout bien entouré que Lylla devait parcourir le chemin en sens inverse, espérant que le bonheur serait au bout du voyage !

Cependant le soir même de leur mise en route, un fait imprévu vint quelque peu accélérer le cours des choses. L'arrivée intempestive d'un enfant, suivi de près par celle d'un prêtre...
Si l'ambiguïté de la situation amena l'enfant à poser nombre de questions, le prêtre avec une maîtrise absolue renseigna le jeune curieux mais ne manqua point de rappeler aux deux amoureux le chemin de son église en vu d'un futur entretien.

Si le rouge de la gêne finit par quitter le front de blondinette, nombreuses furent les questions que cet épisode amena Scola et Lylla a se poser.
Aussi, si le départ vers Reims fut très bavard, le silence se fit petit à petit et finalement leur arrivée se fit dans le silence, chacun étant plongé dans ses propres réflexions.

C'est bercé par le pas de sa jument que cheminaient les pensées de Lylla. Pleinement rassurée par la présence de Zeff et de Scola à ses côtés, elle laissait son esprit vagabonder, explorant les tréfonds de son âme, à la recherche des réponses dont elle avait besoin.
Le temps passé à Varennes avait vu éclore une femme nouvelle, ni tout à fait différente mais pourtant pas vraiment la même de celle qu'elle était encore peu de temps auparavant.
Dans son âme tourmentée, rodaient encore bien des fantômes, mais n'était il pas temps de les laisser s'envoler de d'ouvrir sa vie à la lumière ? Certes elle était prise de panique à l'idée de Scola puisse lui mentir à son tour, certes elle avait quelque fois envie de prendre ses jambes à son cou de peur de souffrir encore une fois d'avoir cru un beau parleur... Mais les faits étaient là... Cet homme si tendre si doux, avait su lui redonner confiance en elle, il avait su trouver le chemin de son cœur, se livrant à elle avec une grande honnêteté... Sa présence lui était devenue bien plus chère qu'elle ne l'aurait jamais cru... Et plus important que tout, même si elle n'arrivait pas encore à nommer, ces sentiments qui assaillaient son être, ils étaient là bien vivants, qui s'enracinaient fermement...

Alors qu'ils chevauchaient côte à côte, leur jambes se frôlèrent. Scola rejeta la capuche qui protégeait sa tête de l'humidité ambiante et lui adressa un sourire si doux, si tendre, qu'à cet instant précis, là sur le chemin, à la seule lumière blanchâtre de la lune qui éclairait leur route, Lylla sut enfin ce que son cœur taisait envers et contre tout.

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Scola
Voici quelques années ... de passage à Cambrai

La vie est peut sembler cruelle. Scola s'en était rendu compte plus d'une fois. Mais il a toujours essayé de vivre les événements en cherchant l'angle le meilleur. Cela l'a souvent aidé. Pourtant il a vécu des moments de désespoir ...

Né en Belgique, Scola atterrit voici quelques années à Cambrai, un peu ... par hasard ...

Il vécut de taverne en taverne des moments d'une grande intensité. La vie était enivrante ... et c'est un moindre mot ...
Il retrouvait des amis venus de son plat pays et avec eux il chantait jusqu'à plus soif. Les Cambraisiens ne donnaient pas leur part aux chiens à ces petits jeux...

Mais voilà madame le Maire lui fit ressentir une certaine chaleur dans chaque partie de son corps...
Les jours poursuivirent leur bonhomme de chemin en toute quiétude et dans un amour heureux... Mais Scola avait un autre amour ... le voyage.
Il partait sur les routes et errait là où ses pieds le portait mais ... seul.
Il revenait dans sa ville d'adoption où il retrouvait sa belle qui un jour lasse de le voir user ses chaussures sur les routes ... le quitta et en aima un autre.

Scola accepta et ... la vie à Cambrai n'eut plus la même saveur. Il avait le goût de l'amertume. Une amertume qui le décida à partir pour ... ailleurs simplement. Loin de son insouciance... Loin de Cambrai ...
Il erra de taverne en taverne. Il ne trouvait l'ambiance si agréable, la vie si séduisante.

Scola sans qu'il s'en rendent compte, enfin si peut-être, changea aussi. Il n'accepta plus l'ordre établi, il traverser des zones fermées, était en procès et s'attaquait à qui l'accusait. Sa "cavale" de quelques mois se termina en Bretagne dans un cachot humide et sombre comme son coeur. Il décida à sa sortie de faire pénitence, enfin, plutôt de quitter ce monde qui l'avait rejeté. Il fit une retraite qui dura, dura, dura ...
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