Milo
[Blois, quelques jours avant la délivrance]
On ne peut plus perplexe. Qui ne le serait pas, face à la demande ? Mais, avant toute chose, revenons à ce qu'il l'a amené ici.
Une autre rencontre pour le moins étonnante en taverne. Nulle question de sentiment ici, juste ce genre de rencontre que l'on fait parfois, au détour d'un chemin, d'une ruelle. De celle auxquelles on ne s'attend pas, qui restent gravées quelque-part. Pas de sentiments ici. Non. Juste la rencontre entre un gamin paumé et un géant désabusé par la vie.
Blois, encore et toujours. Au Vieux Forban, pour ne pas changer les bonnes vieilles habitudes. Une envie de voir la brune, si elle le veut, et peut-être aussi, de faire chier le monde comme il sait si bien le faire. Allez savoir pourquoi il est ainsi, lui-même s'en doute sans jamais se l'avouer. La porte du bouge est poussée, après une journée de plus passée à la mine. Un travail peu harassant pour le convalescent qu'il était, celui de distribuer pioches et pelles aux mineurs.
Et là, parmi les faibles lueurs des torches, il a vu un visage trop creusé, les yeux espiègles, curieux comme pas possible, et surtout, aussi bavard qu'une pie. Un peu comme lui, en quelque sorte. Ho certes, ils n'ont que ça en commun. Leur blondeur, leur curiosité, leur bavardage incessant. Mais ça, ça fait sourire le géant, et ça lui rappelle sa propre enfance. Alors il s'est assis, écoutant d'un air distrait la conversation entre lui et Alix. Souriant en coin quand la fameuse question franchit ses lèvres « Mais tu es qui, toi ? ».
Grande question, celle là. Qui est-il ? Un blond paumé. Désabusé et railleur, amusé de voir ses pairs chercher toujours à rentrer les gens dans des cases. Qui est-il ? Juste une âme égarée comme tant d'autres, cherchant la rédemption et à fuir ses propres démons. Pourtant... « Un blond... Ou Milo, c'toi qui vois ».
Et la conversation a ainsi dérivé, entre curiosité enfantine et amusement d'un adulte las. Comme toujours, sa senestre gantée attire l'attention, questions posées silencieusement dans les regards furtifs qu'il peut deviner parfois. Mais, par dessus tout, c'est ce compromis qui le laisse perplexe. En échange d'apprendre à nager, il doit lui apprendre à se battre. Situation ironique, pour lui qui n'aime pas se battre et qui n'a appris à manier l'épée que quelques mois plus tôt, sans avoir aucun rappel derrière.
Sa dextre vient masser sa senestre, alors que les Azurs observent l'enfant d'un air circonspect, et détaillent un peu plus l'endroit. La journée reste belle, bien que fraîche en ce milieu d'automne. Le soleil, bien que timide, ajout au rouge d'une feuille ou au vert de l'herbe une légère teinte dorée, scintillante lorsqu'elle accroche les gouttes tremblotantes, vestiges de la rosée du matin.
Une clairière comme il les aime, aux arbres bandant leurs ramifications haut vers le ciel, abandonnant les retardataires encore collées à leurs branches, feuilles qui, fatiguées par une trop longue route, abandonnent la partie sans demander leur reste. Pas de ruisseau pour une fois, mais une herbe que l'on devine grasse et abondante au printemps.
- T'es sûr qu'tu veux ça ? J'suis vraiment mauvais br'tteur. A peine si j'sais t'nir une lame.
Fait parfaitement acquis. Lui qui est gaucher, il a vite oublié l'apprentissage effectué avec une brune, un jour plus chaud que celui-ci. Et l'état de sa main gantée n'est pas fait pour l'aider. Mais le môme a voulu, alors il est bien obligé. La lame battant son côté droit lui semble soudain excessivement lourde, alors qu'il déglutit.
- T'veux pas plutôt m'dire c'qu'un gamin comme toi fout ici, tout seul ?
Ou comment détourner l'attention sur autre chose, priant pour que cette lubie s'efface aussi vite arrivée.
On ne peut plus perplexe. Qui ne le serait pas, face à la demande ? Mais, avant toute chose, revenons à ce qu'il l'a amené ici.
Une autre rencontre pour le moins étonnante en taverne. Nulle question de sentiment ici, juste ce genre de rencontre que l'on fait parfois, au détour d'un chemin, d'une ruelle. De celle auxquelles on ne s'attend pas, qui restent gravées quelque-part. Pas de sentiments ici. Non. Juste la rencontre entre un gamin paumé et un géant désabusé par la vie.
Blois, encore et toujours. Au Vieux Forban, pour ne pas changer les bonnes vieilles habitudes. Une envie de voir la brune, si elle le veut, et peut-être aussi, de faire chier le monde comme il sait si bien le faire. Allez savoir pourquoi il est ainsi, lui-même s'en doute sans jamais se l'avouer. La porte du bouge est poussée, après une journée de plus passée à la mine. Un travail peu harassant pour le convalescent qu'il était, celui de distribuer pioches et pelles aux mineurs.
Et là, parmi les faibles lueurs des torches, il a vu un visage trop creusé, les yeux espiègles, curieux comme pas possible, et surtout, aussi bavard qu'une pie. Un peu comme lui, en quelque sorte. Ho certes, ils n'ont que ça en commun. Leur blondeur, leur curiosité, leur bavardage incessant. Mais ça, ça fait sourire le géant, et ça lui rappelle sa propre enfance. Alors il s'est assis, écoutant d'un air distrait la conversation entre lui et Alix. Souriant en coin quand la fameuse question franchit ses lèvres « Mais tu es qui, toi ? ».
Grande question, celle là. Qui est-il ? Un blond paumé. Désabusé et railleur, amusé de voir ses pairs chercher toujours à rentrer les gens dans des cases. Qui est-il ? Juste une âme égarée comme tant d'autres, cherchant la rédemption et à fuir ses propres démons. Pourtant... « Un blond... Ou Milo, c'toi qui vois ».
Et la conversation a ainsi dérivé, entre curiosité enfantine et amusement d'un adulte las. Comme toujours, sa senestre gantée attire l'attention, questions posées silencieusement dans les regards furtifs qu'il peut deviner parfois. Mais, par dessus tout, c'est ce compromis qui le laisse perplexe. En échange d'apprendre à nager, il doit lui apprendre à se battre. Situation ironique, pour lui qui n'aime pas se battre et qui n'a appris à manier l'épée que quelques mois plus tôt, sans avoir aucun rappel derrière.
Sa dextre vient masser sa senestre, alors que les Azurs observent l'enfant d'un air circonspect, et détaillent un peu plus l'endroit. La journée reste belle, bien que fraîche en ce milieu d'automne. Le soleil, bien que timide, ajout au rouge d'une feuille ou au vert de l'herbe une légère teinte dorée, scintillante lorsqu'elle accroche les gouttes tremblotantes, vestiges de la rosée du matin.
Une clairière comme il les aime, aux arbres bandant leurs ramifications haut vers le ciel, abandonnant les retardataires encore collées à leurs branches, feuilles qui, fatiguées par une trop longue route, abandonnent la partie sans demander leur reste. Pas de ruisseau pour une fois, mais une herbe que l'on devine grasse et abondante au printemps.
- T'es sûr qu'tu veux ça ? J'suis vraiment mauvais br'tteur. A peine si j'sais t'nir une lame.
Fait parfaitement acquis. Lui qui est gaucher, il a vite oublié l'apprentissage effectué avec une brune, un jour plus chaud que celui-ci. Et l'état de sa main gantée n'est pas fait pour l'aider. Mais le môme a voulu, alors il est bien obligé. La lame battant son côté droit lui semble soudain excessivement lourde, alors qu'il déglutit.
- T'veux pas plutôt m'dire c'qu'un gamin comme toi fout ici, tout seul ?
Ou comment détourner l'attention sur autre chose, priant pour que cette lubie s'efface aussi vite arrivée.