Subcal
Dans un chemin montant, sablonneux, malaisé,
Et de tous les côtés au soleil exposé (*)
...SubCal marche.
Comme un Pèlerin qui trottinerait seul afin de rejoindre lentement le Soleil, il marche.
Il marche, et son bâton aussi.
Cest un fier bout de bois dans du Chêne taillé
Pour seule main glissante dun marcheur éclairé.
Ah ! Le chemin parlons-en !
Il monte, la belle affaire.
Et il vit ! Oui Monsieur ! Ce chemin vit !
Car il bouge, ce chemin.
Donc, il vit. Car ce qui bouge, bien souvent vit.
Cest un chemin serpent : il coule dans la montagne.
Il se tourne aux bosquets, serpente entre deux eaux, rétrécit par endroits, sélague, puis se relance en un « i » moins étroit.
Cest un chemin de terre.
De terre et de rocailles.
Cest un ruisseau de pierre
Qui, né sur ses entrailles
Linonde par-devers
Du fruit de ses semailles.
Cest un chemin de feu : exposé au soleil il rend toute chaleur.
Cest un chemin qui luit.
Le chemin dune union. Le chemin qui unit.
Or ça, voila SubCal qui marche en pensant.
Sur son cur, sous sa bure : deux lettres. Lune renferme un « oui » crié par tous les Vents, lautre est jolie et fière, emplie de parfums et de mots sans pareils.
Ce sont lettres de Vie, ce sont des lettres dElle.
Il marche, évitant les bosquets où trottent les vipères, contournant les troupeaux de lézards endiablés qui, sous le soleil naissant dune folle journée, paressent déjà, le voici qui sapproche dun gouffre sans merci.
Là, il sarrête un instant, reprend le souffle quil na pas perdu, regarde le fond des souvenirs de Reine, lève la tête, et sent sur ses cheveux la douceur de la brise.
Lors, se baissant, il recueille de leau dans une fiole de verre.
Puis il reprend sa course, sa course de la Vie.
Une Vie qui, au bout de ce chemin, là-bas, près de la tache noire que figure la Grotte, va sunir à jamais à celle dune Femme.
La Grotte du Mas dAzil, calme, tranquille comme les corps des Cathares enterrés qui dorment sous le Ciel, lattend, Vénus béante.
Elle est devant.
Alors, il frémit un instant de cet instant de calme, et se tient là, debout sous le Vent, empli dune douce et calme chaleur, les pieds presque nus et de Terre arrosés, et lEau tremblotant, folle dans sa fiole de verre.
Derrière lui, le suivant en volant sur ce chemin qui vit, il y a un Père, il y a une Mère.
SubCal sourit en repensant à ces visages dAnges, à ces Auras dAmour qui, toujours laccompagnent, nuées de souvenirs jusquà la Fin des Temps.
Il tient de son Père, Almerius de Franchimont, philosophe assassiné par des Moines Maudits, sa religion Cathare.
Longtemps, ils se sont cachés. Même de trop. Ce nest plus le moment.
Et il tient de sa Mère, Marija Kapitanovic, Dame dOsijek, belle Orientale occidentalisée par amour dun jeune Fou, une gentillesse non-feinte. Une ardeur à comprendre lautre.
Ils sont là. Il les sent et les voit.
Alors, il leur sourit. Puis détournant la tête, il regarde à nouveau la Vie devant lui.
Et sa Vie, à présent, cest Celle qui lattend, Celle quil attendait depuis la Nuit des Temps.
Il reprend sa marche, derniers instants de « seul ».
Il se revoit, un beau soir dAoût mais il y a longtemps- la découvrant jolie, et belle de partout. Et, ce soir-là, sa décision fut prise : il ny aurait plus quElle.
Il se revoit attendre. Il revit ces moments de froid, de chaud, dombres et de lumière.
De grincements de cur et de souffles despoir.
Son cur bat. Plus fort encore.
On arrive.
Vénus béante est là maintenant devant lui, cerclée dherbe et de pierres, reluisant de flambeaux, blessée dun ruisseau qui emporte les peines.
Le parcours arrive à son terme. Un autre naitra bientôt : une route à deux.
Il sourit, puis jette le bois qui laidait à monter, sans un dernier regard pour le Chêne coupé, car on marche sans bâton quand lAutre vous épaule.
Il se répète une dernière fois les phrases quil doit dire, semmêle, les détricote, prend peur et puis se calme. Les redit à nouveau.
On nest jamais quun Homme...
Alors, puisquil nest donc quun Homme,
Il se dit quaprès tout
Un verre dArmagnac lui ferait bien du bien !
(*) "Le coche et la mouche", La Fontaine.
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