[En attendant la valse du couperet...]
La veille ..
Cela faisait maintenant deux longs jours que la brune belle avait reçu la missive de son ami Chu. Deux longs jours d'angoisse à se demander la raison de ce courrier, elle tentait de se remémorer ses ses mots ... "Au cas où il m'arriverait quelque chose .."
Que pouvait-il lui arriver de si dramatique ? Certes son mandat de Comte n'avait pas été des plus faste, mais elle, qui venait d'autres terre, avait connu bien pire que cela ... Oh oui, bien pire ... Elle réprima un frisson pour ne pas une fois de plus, replonger dans son passé.
Le lendemain de ce fameux courrier, elle eut vent que Chu avait été jeté en prison par le nouveau Comté régnant ... Comment cela était-ce possible ? Mais surtout pour quelle raison ?! On ne ne jette pas un noble en prison sans raison !
Et puis après tout ... Ce ne sont que des rumeurs ...Et que sont les rumeurs ... Du vent ... Ni plus ni moins que du vent ... Des dires qui virevoltent de bouches en bouches, prenant différentes tournures selon les interprétations qui sont faites de l'original ... Puis des dire modifiés et qui au final, à l'arrivée n'ont souvent plus rien à voir avec la soit-disant "vérité", que des pies et autres mauvaises langues croient détenir ...
Rumeurs ... Fichues rumeurs qui vous gâchent la vie et qui font bien plus de mal qu'elles ne font de bien. Elle ne pouvait croire que lui, oui lui, Chu puisse avoir été jeté comme un malpropre dans un cachot malodorant, peuplé de rats et de cafards.
C'est alors le coeur serré, qu'elle entama sa journée comme toute autre journée banale.
Les heures passèrent, s'égrainant lentement ... Une journée fade sans saveur ... Elle arpentait le marché, flânant sans but, interceptant de-ci, de-là des bribes de conversations jusqu'au mot qui la fit tressaillir ... "Exécution" ...
Comment çà une exécution ?! De qui ? Pourquoi ? Où ? Elle resta pétrifiée sur place ... Non ! Non! Ce n'était pas possible ! Elle fit volte face et s'adressa à la commerçante qui disait venir de Poitiers, la haranguant plus rudement qu'elle ne l'aurait voulu.
Qu'est ce que c'est que cette histoire d'exécution ? Qui vous a parlé de çà ? Qui, pourquoi et où ? Dites le moi !!
Ola ma p'tite dame ! On s'calme hein !
Z'avez donc pas vu l'nnonce eud'Comte, il 'nnonce une exécution pour Trahison qui dit ! Oué C'est çà m'dame pour Trahison envers eul'Poitou ! Parait même qu'veut en faire un exemple !
N'attendant même le reste des billevesées de cette femme à la gouaille hors norme, la brune belle tourna les talons pour rentrer chez elle.
Elle ne pouvait pas rester là et attendre, elle devait voir par elle même ce qu'il se passait réellement. Ni une ni deux, elle sella son fidèle hanovrien Ukase et pris la direction de Poitiers.
Le jour fatidique ...
On se bousculait ce jour là à Poitiers, la foule des badauds était dense, bien plus dense qu'à l'habitude ... Elle en avait aussi croisé du monde qui convergeait vers la capitale pictave et cela ne présageait rien de bon ...
La foule se massait lentement vers la grande place, des tribunes y avaient été dressées et au loin non loin, l'échafaud ... Elle frémit à l'idée qu'aujourd'hui un homme ou une femme allait sans doute perdre la vie ... Elle rabattit sur son visage la capuche de sa cape et avança lentement vers ce lieu de mort. Plus ses pas la rapprochaient, plus son visage blêmissait, les réminiscences des horreurs qu'elle avaient vécu revenaient à elle ... Elle pouvait déjà sentir l'odeur du sang chaud, ce goût immonde dans la bouche, lui donnant déjà presque des hauts-le-coeur.
Elle se frayait un chemin dans la foule qui s'épaississait, relevant le regard vers cette tribune qui dominait la place, voyant les nobles et autres personnalités peu à peu y prendre place.
De-ci, de-là quelques spectacles de rues pour divertir les plus impatients, ivres de sang et de sensations ... Elle naviguait entre les badauds, se rapprochant encore. Elle espérait au moins que le Comte, décideur de ce spectacle de mort aurait le courage et la décence de faire un discours expliquant cette volonté pour le moins impromptue.
La foule des plus impatients attendait déjà le bourreau, scandant en coeur leur soif de morbidité.
A MORT !!!!!!!!!! A MORT !!!!!! A MORT !!!!!!!!!
Fais ton boulot l'bourreau ! Fais nous tomber c'te tête en une seule fois !
A MORT !!! A MORT !!!!
La brune belle était au bord de la nausée, tant de hargne, de haine ... Il fallait que ces êtres soient des bêtes plus que des hommes pour demander ainsi la mort de l'un des leurs. C'était un homme comme eux qui allait être froidement tué, oui comme eux qu'il soit noble ou non, c'était un homme qui allait mourir ce matin devant des milliers de personne.
Et elle, elle qui avait décidé de ne plus croire en rien ... Elle priait Aristote pour que cet homme ne fut pas celui auquel elle pensait ...