Faebur
Prière de me contacter avant d'intervenir, merci à tous et bonne lecture
Qui saura un jour écrire la douleur que l'on peut ressentir lorsque le fer transperce la chair, qu'il déchire muscles, tissus, tendons, et fait jaillir le sang des plaies ainsi ouvertes ? Et ensuite, le néant, plus de douleur, ou peut-être trop de douleur, l'esprit s'évade, quitte le corps meurtri, ensanglanté, qui gît sur le bord du chemin, se raccrochant au moindre souvenir heureux, à la plus infime sensation agréable qu'il ait pu connaître, dans le simple but de s'amarrer à la vie, de refuser de rejoindre le Très-Haut de suite. Il reste tant à faire...
Faebur ne se rappelait pas distinctement ce qu'il s'était passé, les événements étaient particulièrement flous dans sa mémoire. La défense de la ville, puis la sortie de la ville, et brusquement, l'attaque d'une armée béarnaise, sans qu'il ne comprenne vraiment pourquoi. Et il en était sorti, malgré la maigreur de ses bras, et la fatigue qui envahissait son corps, engourdissant ses muscles. Il lui semblait même avoir blessé quelqu'un dans la mêlée, le frappant aussi fort qu'il pouvait du tranchant de son épée, qui lui avait coûté la majeure partie de ses maigres économies.
Mais le lendemain, Aristote n'avait semble-t-il pas voulu qu'il connaisse la même réussite, la même chance, et sans comprendre vraiment ce qu'il se passait, les lames béarnaises avaient cherché à lui ôter la vie. Par trois fois avait-il pu compter, des tréfonds de la douleur dans laquelle il était désormais plongé. Perdu en pleine campagne, au bord d'un chemin peu fréquenté, en pleine nuit, grièvement blessé, que pouvait-il faire ? Rien, à part ramper, essayer d'oublier la douleur, de composer avec, de s'en nourrir pour trouver la force d'avancer encore, mètre après mètre. Non, le fer ne pouvait venir à bout des idées, et il le prouverait, en survivant.
Au petit matin de cette nuit qui lui avait paru une éternité, il atteignit enfin les abords de la capitale béarnaise, Pau, se réfugiant dans la première grange venue, heureusement désertée depuis moult temps par ses propriétaires, et désormais uniquement habité par araignées, lombric et autres joyeux compagnons du même genre. Le blessé s'affala contre le mur en bois, et observa ses blessures qui rougissaient sa chemise et ses braies. Il avait bien essayé de se faire un garrot, enfin plusieurs même, mais cela n'était visiblement pas suffisant, et le sang qu'il avait perdu l'affaiblissait grandement.
Il lui fallait de l'aide, oui, mais qui ? Il ne connaissait personne ou presque à Pau, et qui accepterait d'aider un homme que l'armée béarnaise venait de laisser pour mort ? Trop affaibli pour réfléchir davantage, Faebur se traîna comme il put jusqu'à un tas de paille et s'endormit, la fatigue prenant le pas sur la douleur, d'un sommeil profond, sans rêves. Rien qu'un sommeil réparateur, peut-être...
_________________
"Ne pas s'élever bien haut, peut-être, mais tout seul..."